Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

(12 NOVEMBRE.)

Le prophète Jérémie. Persécuté pour la justice.

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Jérémie 1 : 1-10 ; 37 : 11-21 ; 38 : 1-13.

Cantiques N° 42 et 3.


Introduction historique. - Le prophète Jérémie était originaire d'Anathoth (1: 1) et fils d'un sacrificateur. C'est une des grandes figures de l'ancienne alliance ; grande par son : courage, son énergie, sa persévérance et, surtout, par sa foi.

Jérémie a connu la douleur de n'être pas écouté ; il fut même insulté et persécuté, - nous le verrons, - à cause de ses convictions et de ses appels à l'humiliation, de ses paroles de menace au nom de l'Éternel, son Dieu. Il eut la douleur, plus grande encore, d'assister à la réalisation des menaces que l'Éternel mettait dans sa bouche. Jérémie est un témoin, qui voit clair et voudrait épargner à son peuple le châtiment prêt à tomber sur lui. Mais tout fut en vain. C'est ainsi que le prophète a vécu et souffert les années d'agonie du royaume de Juda. Il était prisonnier des chefs de son peuple, quand les armées de Nébucadnetzar, roi de Babylone, pénétrèrent à travers les murailles renversées de Jérusalem ; il fut lié de chaînes étrangères, après avoir connu celles de sa nation. (39 : 15 ; 40 : 1.)

La vie de Jérémie s'est écoulée sous le règne de sept rois, les derniers du royaume de Juda. Il a connu dans son enfance, les égarements de Manassé, qui installa les cultes païens jusque dans le temple de Jérusalem. Il assista à la réforme de Josias, dont nous avons parlé il n'y a pas longtemps, sans qu'on puisse dire s'il y prit une part quelconque.

Après le long règne de Manassé, le roi infidèle, l'histoire de la royauté en Juda n'est plus qu'une série d'événements douloureux ou tragiques. Amon est assassiné après un court passage sur le trône ; le fidèle Josias est tué en 608 à la bataille de Megiddo qu'il livra au pharaon Néco Il. Joachaz, à peine sur le trône, est fait prisonnier par Néco, qui met à sa place Jojakim (Eliakim).
Mais la victoire de l'Égypte devait être courte. Néco est vaincu à Karkémisch. L'empire d'Assyrie, alors la puissance dominante en Orient, mais fortement atteinte déjà par l'invasion des Scythes, succombe sous les coups des Mèdes et des Babyloniens. Babylone reprend la première place.

Jojakim était mort ; Jojakin, son fils lui avait succédé. Sous son règne une armée babylonienne s'empara de Jérusalem, en 597, et emmena captifs dix mille Judéens. Nébucadnetzar, le vainqueur babylonien, plaça sur le trône un fils de Josias, sous le nom de Sédécias. C'est lui qui fut le dernier roi de Juda et sous lequel nous verrons Jérusalem succomber une seconde et dernière fois.

Voilà ce que furent les événements, pendant lesquels se déroulèrent la vie et l'activité prophétique de Jérémie. Ajoutons à cela les indécisions du peuple, se tournant d'un côté ou de l'autre pour chercher du secours et croyant toujours pouvoir secouer le joug étranger ; rappelons, surtout, ses fautes morales, sa décadence religieuse et nous comprendrons les difficultés du ministère de Jérémie, la tragique grandeur de sa vie, la force et la beauté de sa foi, dont la catastrophe n'a point diminué le rayonnement. Cette foi rayonne jusqu'à nous, claire et lumineuse.

L'appel. - Jérémie entendit l'appel de son Dieu sous le règne du roi Josias : Il précise même la date : la treizième année de ce règne (1 : 2). Comme pour Esaïe, cet appel s'est produit sous la forme d'une vision. L'Éternel se tient devant Jérémie, dans sa grandeur et sa majesté souveraines. Souvenons-nous de la description saisissante qu'en donne Esaïe, dans le récit de sa vocation (Esaïe 6).

Jérémie aussi, sans doute, a tremblé, devant la majesté divine ; il a tremblé, comme Esaïe, à la pensée de son infirmité morale. Mais il sent surtout son impuissance à devenir, selon le voeu de l'Éternel un « prophète des nations » (1 : 5).
Son premier geste est un refus « Hélas ! Seigneur, Éternel, je ne sais point parler, car je ne suis qu'un enfant » (1 : 6). Mais l'Éternel ne s'arrête pas à cette protestation ; il a lu dans le coeur de ce jeune homme ; il connaît sa valeur ; il sait ce qu'il deviendra, avec l'appui de son Dieu. L'ordre est impérieux ; il ne permet aucune hésitation. Les ordres que Dieu nous donne ne sont-ils pas aussi catégoriques que cet appel ; n'est-ce pas nous qui hésitons et reculons si souvent ?

Dieu dit donc à Jérémie : « Tu iras trouver tous ceux auprès de qui Je t'enverrai ; tu diras tout ce que je t'ordonnerai de leur dire ; ne les crains pas, car je suis avec toi pour te délivrer » (1 : 7-8).

Rapprochez encore de la vision d'Esaïe le passage qui sait : « L'Éternel étendit la main et toucha ma bouche » (1 : 9). Ici, c'est l'Éternel lui-même qui touche la bouche de Jérémie pour la purifier et la fortifier ; un séraphin avait fait de même pour Esaïe, avec un charbon ardent (Esaïe 6:6) ; cette dernière scène fait le sujet d'un des beaux vitraux du peintre Rivier dans le temple de Châtillens.

Toute hésitation a cessé chez Jérémie ; il n'a qu'à se soumettre à la volonté d'en haut. Alors, seulement, Dieu lu fait connaître l'oeuvre qu'il aura à accomplir : « Je te donne aujourd'hui tout pouvoir sur les nations et sur les royaumes, pour arracher et pour démolir, pour abattre et pour détruire, pour bâtir et pour planter » (1 : 10).

L'oeuvre de Jérémie. - Le prophète ne fait aucune remarque, après avoir entendu le redoutable message qui lui est confié. Il en accepte le poids écrasant avec énergie, car son Dieu sera avec lui pour le soutenir et le délivrer. Il l'a promis et le prophète le croit. Et c'est avec cette foi qu'il a marché à l'appel du devoir, qu'il a proclamé la vérité si dure soit-elle ; ne devait-il pas surtout « démolir, arracher, abattre et détruire » ?

C'est assez dire que le mal était grand. Il se dressait partout autour de lui. Il le connaissait déjà ; mais, maintenant, au service de Dieu et guidé par lui, il en voit mieux encore la laideur et le danger. Les yeux du pécheur sont souvent fermés ; les yeux de celui qui marche avec Dieu s'ouvrent à mesure que sa fidélité s'accroît, et il découvre ses infidélités et celles qui se commettent au milieu de son peuple.

Israël avait succombé lors de la prise de Samarie en 722. Amos avait prédit ce châtiment au peuple infidèle. Il semble que la leçon aurait du profiter au royaume de Juda qui avait été épargné. Il n'en a rien été. Il y eut bien les réformes d'Ézéchias et de Josias, deux rois désireux de faire, de tous leurs sujets, des serviteurs zélés de l'Éternel. Mais si, pour un temps, les coutumes païennes établies jusque dans le culte solennel du temple de Jérusalem furent écartées, si les cérémonies des religions étrangères furent combattues, tout cela était encore trop enraciné dans le coeur de la masse pour disparaître ainsi. Et Jérémie s'élève énergiquement contre ces égarements.

On avait placé une idole jusque dans le temple de l'Éternel (7 : 30) ; les habitants de Juda font brûler leurs fils et leurs filles à la façon des idolâtres (7 : 31). Le Dieu, qui avait fait sortir les pères du pays de servitude, est oublié. On se détourne de lui pour servir les idoles, et même, quand on lui rend un culte, on ignore que ce qu'il demande, c'est un coeur pur, une volonté docile, un service qui se manifeste moins par des cérémonies rituelles que par la consécration de toute une vie.

Les persécutions. - Jérémie s'élève donc, puisque Dieu l'a ordonné, contre ces égarements. Il parle haut et ferme, à la foule, aux chefs religieux et politiques, au roi lui-même.
Mais il se heurte à l'endurcissement des uns et à l'indifférence des autres, Le peuple n'écoute pas ; les chefs lui préfèrent les faux prophètes, qui annoncent que tout ira bien, garantissant le succès aux entreprises du roi ; et qui se taisent sur les infidélités, sur les péchés de la nation.

L'hostilité s'est manifestée non seulement par une opposition latente ; elle a pris parti ouvertement ; la haine a porté ses mains froides et cruelles sur Jérémie. Et le prophète, qui savait qu'il était dans la vérité et partait au nom du Dieu de son peuple, a passé par la souffrance. Il a été persécuté pour la justice, comme le rappelle le sous-titre de cette leçon. Et, parmi d'autres faits, nous avons à en relever deux qui se placent peu avant la chute de Jérusalem, au moment du dernier siège. Ils viennent s'ajouter à d'autres persécutions que subit le prophète au cours de sa longue carrière.

Nous laissons aux moniteurs et monitrices le soin de les exposer, avec quelques détails, aux enfants. Ils se prêtent fort bien à une description colorée et vivante.

Les Chaldéens viennent de lever le siège de Jérusalem, momentanément seulement, pour marcher contre le pharaon Hophra qui s'avance avec une armée. Les habitants de Jérusalem croient déjà à la délivrance. Mais Jérémie proteste contre cette folle espérance, fondée sur les armes humaines et non sur Dieu. Même s'il ne restait que des blessés de l'armée des Chaldéens, ceux-ci se lèveraient et « mettraient le feu à cette ville » (37 : 5-10).

Parler ainsi, c'était, aux yeux des chauvins, parler en ennemi du peuple, en partisan des Chaldéens, en renégat. Comme Jérémie tente de sortir de Jérusalem pour se rendre sans doute à son village natal (37 : 12) on l'arrête comme un traître, sous prétexte qu'il passe du côté des Chaldéens et on le jette en prison (37 : 11-16). Le roi Sédécias était très faible, mais il reconnaissait la sincérité et l'autorité morale de Jérémie. Il le fait amener vers lui en secret pour l'interroger. Il n'obtient aucune réponse conforme à ses désirs. « Tu seras livré entre les mains du roi de Babylone » dit le prophète ; et nous entendons encore gronder la voix puissante du serviteur de Dieu ! (37 : 17). Le roi, sur sa demande, le traite cependant avec quelque douceur et le fait garder dans la cour de la prison.

Mais rien ne fera taire le prophète. Dieu l'avait appelé il remplira sa mission. « Si je dis ; je ne ferai plus mention de lui (Dieu) ... Il y a dans mon coeur comme un feu dévorant. - Je m'efforce de le contenir et je ne puis. » (20 : 9). Pour lui il n'y a de salut que dans la soumission aux Chaldéens ; ainsi seulement on pourra épargner à la ville les horreurs de la conquête et du pillage (38 : 2). Comme aujourd'hui, il s'agit de tenir jusqu'au bout, de « faire le moral » du peuple. Jérémie doit se taire. Les chefs obtiennent alors de la faiblesse du roi qu'il leur livre Jérémie et ils le font jeter dans une citerne, à sec en ce moment. Mais, tandis que les patriotes aveugles traitent ainsi celui qui est le vrai patriote, - fidèle au souverain de son peuple, l'Éternel, -un étranger, Ebed-Mélek l'Éthiopien viendra charitablement le tirer de sa terrible position (38 : 7-13).

Fidèle. - Ni hostilité, ni persécution, ni mauvais traitement ; rien ne modifiera l'attitude de Jérémie. Nous le retrouverons encore toujours le même à l'heure solennelle où s'accompliront les menaces de l'Éternel et où l'ennemi entrera dans Jérusalem,

L'Éternel lui avait ordonné : Tu seras « prophète des Nations », Il a accepté cette mission. L'Éternel avait dit : « Ne les crains pas, car le suis avec toi pour te délivrer. » Il a mis donc toute sa confiance dans l'Éternel. Jérémie a connu pourtant des heures de découragement, de solitude, de détresse amère. Lisez, par exemple, ses plaintes (15: 10-21 ; 20 : 14-18). Mais il se relève bientôt, courageux, heureux même : « Tes paroles sont la joie et l'allégresse de mon coeur » (15 : 16). « L'Éternel est avec moi, comme un héros puissant » (20 : 11). Une conviction a soutenu Jérémie, c'est celle de la présence de son Dieu. Il a souffert ; oui, mais pour la Justice. Il est resté fort, et sa force s'est transmise à d'autres, jusqu'à nos temps. Le mal, bien souvent dans l'histoire, s'est dressé contre des justes. Même celui qui est le Saint et le Juste, - Jésus, - a dû souffrir et mourir à son tour. Regardons à ces grands exemples ; demandons l'esprit de Jésus, afin d'être soutenus dans nos luttes ; et nous comprendrons que Pierre a raison à dire : « Il vaut mieux souffrir, si telle est la volonté de Dieu, en faisant le bien qu'en faisant le mal. Si vous avez à souffrir pour la justice, vous êtes heureux » (1 Pierre 3 : 17).

RG. B.




Pour les petits.

Récapituler leçon du 22 octobre. - Il y eut un prophète qui commença à prophétiser quand le roi Josias avait vingt ans, mais qui lui survécut et continua, pendant le règne de quatre autres rois, à donner ses avertissements aux Israélites. C'était Jérémie. Il eut de grands malheurs. Cela vous intéressera d'entendre comment Dieu fit de lui son prophète et aussi de savoir ce qu'il eut à souffrir.

1. Jér. 1 : 1-12. - Ce ne fut pas en lui faisant voir un buisson embrasé, comme à Moïse, que Dieu appela Jérémie. Peut-être était-il dans le temple, peut-être dans sa maison ou dans les champs, mais probablement il réfléchissait et priait. Alors Dieu parla à son coeur. Il vous parle souvent ainsi. Vous vous dites : « J'ai eu tort de mentir, de me mettre en colère, je dois demander pardon.... Maman est si bonne pour moi ! je veux l'aimer de tout mon coeur.... Je ferai bien d'aller consoler mon petit ami, ma petite amie malade.... Il y a tant de païens ne connaissant pas Jésus ; je veux prier Dieu qu'il leur envoie des missionnaires..., » alors c'est Dieu qui vous parle en mettant ces bonnes pensées dans votre coeur ; il faut obéir et faire ce qu'il vous dit. - Voyez Jérémie : Dieu lui donna une tâche redoutable ; il devait reprocher aux Israélites leurs péchés et les menacer de terribles châtiments, ce qui l'exposait à la haine, aux insultes, aux coups, à la prison, à la mort. Il fut d'abord effrayé, car il était encore jeune ; cependant il obéit, se confiant en l'Éternel, et supporta pendant quarante ans les mauvais traitements de ceux auxquels il parlait de la part de Dieu.

2. Jér. 37 : 1-21. - Sous Sédécias, dernier roi de Juda, Jérusalem fut assiégée par les Chaldéens, peuple nombreux qui venait du pays où longtemps auparavant avait vécu Abraham avant de s'établir en Canaan. Alors Jérémie fut mis en prison, parce qu'il disait de la part de Dieu que Jérusalem serait prise et brûlée. Il y resta longtemps. Le roi Sédécias le lit un jour amener devant lui et lui demanda de lui annoncer l'avenir, espérant entendre de bonnes nouvelles. Si Jérémie avait été un faux prophète, il aurait prédit au roi la victoire, pour le flatter et obtenir ses bonnes grâces ; mais il était un vrai serviteur de l'Éternel et prophétisa que le roi serait livré entre les mains du roi de Babylone et de ses Chaldéens. Il fut renvoyé et laissé seul dans la cour de la prison. - N'eût-il pas mieux valu pour lui de mentir ? Alors il aurait pu sortir de prison ? Oui ; mais Dieu n'aurait plus pris plaisir en lui, et voilà le plus grand malheur.

3. Jér. 38 : 1-13. - Les chefs du peuple vinrent demander au roi de faire mourir Jérémie, parce qu'il prophétisait la ruine de Jérusalem et du royaume à cause de leurs péchés. Sédécias le leur livra. Ils le descendirent dans une citerne où il n'y avait que peu d'eau, mais beaucoup de boue dans laquelle il enfonçait. Cependant Dieu veillait sur lui ; écoutez comment il le délivra. - Raconter les faits ; relever la belle conduite de l'Éthiopien, qui demande la délivrance du prophète, au risque de s'attirer la haine des chefs, et qui prend des précautions minutieuses pour ne pas le blesser en le tirant de la citerne - Ainsi s'accomplit à cette occasion à l'égard de Jérémie une promesse de Dieu que vous apprendrez soigneusement et dont il faut vous souvenir toujours afin de ne jamais craindre et perdre votre confiance en lui, quoi qu'il arrive ; la voici : Tu n'abandonnes pas ceux qui le cherchent, ô Éternel !

L. N.

Partie de l'élève.

SUJET : Le prophète Jérémie. Persécuté pour la justice.
(Jérémie 1 : 1-10 ; 37 : 11-21 ; 38 : 1-13.)
Versets à apprendre :
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux ! (Mat. 5 : 10.) Prenez toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir résister dans le mauvais jour, et rester debout après avoir tout surmonté. (Ephés. 6 :13.)
Tu n'abandonnes pas ceux qui te cherchent, ô Éternel ! (Ps. 9: 11.)

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