Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

(29 OCTOBRE.)

La Mission romande au Transvaal. Après quarante ans d'existence.


Cantiques : N° 144 et 143.


La Mission romande, comme la plupart des sociétés de Missions, a eu des commencements extrêmement modestes ; c'est petit à petit et grâce à la bénédiction de Dieu qu'elle s'est développée, étendant sa sphère d'influence du nord du Transvaal à la province portugaise de Mozambique où se trouve le gros de la tribu thonga que les missionnaires romands évangélisent.

Au cours de l'année 1915, les Églises suisses (1) du Transvaal ont en l'occasion de jeter un coup d'oeil en arrière sur cette première étape parcourue, alors que réunies à Valdézia au mois de juillet, elles ont célébré le souvenir de l'arrivée aux Spelonken, quarante ans auparavant, de MM. Ernest Creux et Paul Berthoud. En constatant les progrès réalisés, les chrétiens thonga ont reçu un puissant encouragement et il doit en être de même en Suisse pour tous les amis des Missions, car ces progrès, - reconnaissons le à la gloire de Dieu, - sont une preuve évidente de la puissance de relèvement et de transformation qu'apporte partout avec lui l'Évangile de Jésus-Christ.

Déjà au point de vue purement matériel et extérieur que de changements pendant ces quarante années ! M. Paul Berthoud, qui depuis trente ans n'était pas retourné au nord du Transvaal, en a été très frappé tout dernièrement. Voici ce qu'il écrivait en février 1916 :

« Dans le courant de l'après-midi, M. Jaques nous conduisit à Valdézia. Je reconnus de loin « les trois arbres » signal de Valdézia, ainsi que tous les profils des collines et des vallons, tant et si bien que pour un moment, il me sembla ne les avoir jamais quittés. Mais les choses changées sont nombreuses : elles me ramenèrent à la réalité ! Mes yeux cherchèrent en vain la forteresse d'Albasini et ses maisons, où, dans mon voyage avec les Mabille, nous avions reçu l'hospitalité en 1873 : on n'en voit plus aucune trace.

Valdézia est devenu une fort belle station, avec des fleurs, des jardins, des bosquets, une vaste pelouse gazonnée que traversent plusieurs avenues bien tenues, des parcs qui s'étendent au loin, une belle église là où le terrain est surélevé, et derrière elle un village indigène qui comprend plusieurs rues, dont les chaumières serrées sont bâties en briques. Au haut du village, on voit la maison d'école avec ses salles très claires et gaies....

Mon vieux Valdézia, qu'on voyait là-bas à trois cents pas d'ici, celui de nos cabanes où mon ami Creux et moi avions demeuré et travaillé les premières années, au milieu des souffrances et aussi de nombreux bonheurs, mon vieux Valdézia est entièrement disparu ! »

À Elim les transformations sont encore peut-être plus manifestes, car au nord de la station missionnaire on voit s'élever les bâtiments de la Mission médicale qui a été fondée en 1899 par le Dr Liengme. L'année dernière 114 malades européens et plus de 400 indigènes y ont été hospitalisés.

Et si nous insistons sur les changements extérieurs, c'est pour relever, en passant, le fait que la maison du missionnaire d'Elim, grande et confortable, a été construite toute entière par des chrétiens indigènes sous la direction d'un blanc ; le fait en dit long sur l'influence exercée, indirectement, par les missionnaires dans le domaine social.

Mais tout cela est secondaire ; le but de la Mission chrétienne, c'est, on l'a dit, « l'avancement du règne de Dieu par la constitution d'Églises chrétiennes capables, au double point de vue spirituel et matériel, de vivre de leur vie propre, de se propager et de transformer la vie sociale du pays. » Eh bien, la preuve que la Mission romande au Transvaal est en voie de réaliser ce but, c'est le fait que deux des six stations du nord de ce pays étaient, en 1915, dirigées par des pasteurs indigènes : Samuel Malalé à Mhinga, et Jonas Mapopé à Youamitwa.

Ces deux pasteurs noirs étaient de petits bergers païens et ignorants, au moment où MM. Berthoud et Creux arrivaient aux Spelonken, et maintenant ils sont des pasteurs dignes de ce nom, capables d'exercer un ministère évangélique, utile et bienfaisant, au milieu de leurs compatriotes : Quel contraste entre l'expression ouverte, joyeuse, qui rayonne sur le visage de ces hommes, et celle que l'on contemple fréquemment sur la figure des chefs païens, dont les traits trahissent trop souvent la sensualité. La présence de ces pasteurs au Jubilé et au Synode des Églises thonga de 1915 était un sujet de profonde reconnaissance pour les missionnaires à l'oeuvre là-bas.

Certes, ces pasteurs dépassent de beaucoup, au point de vue spirituel et intellectuel aussi, la plupart des chrétiens de nos Églises indigènes : trop nombreux, hélas ! sont encore dans nos jeunes congrégations des catéchumènes, des baptisés ou mêmes des évangélistes dont les missionnaires ont à déplorer le recul ou la chute. S'il y a lieu de s'en affliger, on ne saurait s'en étonner outre mesure, car il ne faut jamais oublier le milieu d'où ils sont sortis. Voici, à cet égard, un passage de la conclusion du rapport de M. N. Jaques, le missionnaire d'Elim, sur l'année 1915 :

« Plus on vit au milieu des indigènes, plus on sera indulgent envers eux. Ne les mesurons pas à notre propre mesure. À notre arrivée dans ce monde nous héritons un patrimoine chrétien, puis nous grandissons dans une atmosphère de piété. Eux, au contraire, héritent l'habitudes et de préjugés séculaires en opposition avec la morale chrétienne et que quarante années de contact avec le christianisme n'ont pas encore pu détruire. Nos chrétiens aiment Dieu et répètent en toute sincérité la parole de Josué : « Moi et ma maison » nous servirons l'Éternel ». Mais la vieille nature est encore terriblement puissante chez ces enfants nés d'hier à la vie nouvelle. Ainsi s'expliquent les inconséquences qui nous font tant de peine dans la conduite des meilleurs d'entre eux.

« C'est dans la fournaise que se révèle le pur métal. Nous avons vu mourir, il y a quelques semaines, deux jeunes gens dans la fleur de l'âge. Atteints, tous deux, de tuberculose, et se sachant condamnés, ils ont contemplé la mort avec une sérénité édifiante. Pendant plusieurs jours, alors que le corps luttait contre la maladie, l'âme goûtait à l'avance le repos de la vie d'en haut. « Ne me touche pas, disait l'un à son père qui essayait de le soutenir pendant un accès de toux, ne me touche pas, tu es impur. » Et le second disait aux visiteurs qui l'approchaient : « Retirez-vous, laissez-moi seul avec mon Dieu. »
« Mourir une telle mort, quel triomphe de l'esprit sur la chair, de la vie sur la mort. »

Non moins encourageant est l'exemple suivant tiré du rapport du missionnaire de Valdézia, M. Rosset.
« En février, nous avions la grande douleur de perdre, après deux mois de maladie, le plus capable et le plus spirituel de nos maîtres d'école, Gaïus Mandlati. Sans être parfait, il était en exemple à tous, et si Dieu ne l'avait pas rappelé, certainement il serait devenu plus tard l'un de nos meilleurs pasteurs. Il réunissait les caractères du véritable indigène et ceux d'un vrai chrétien, toujours étonné et réjoui à la vue d'horizons nouveaux. Ce départ a fait une impression profonde sur ses collègues restés à la brèche et aussi sur les élèves qui depuis lors ont mieux suivi les cultes. »

Ce Gaïus était sorti, il y a deux ans à peine, de l'École normale de Lemana ; il est temps de mentionner cette Institution dans ce tableau que nous cherchons à esquisser de l'oeuvre poursuivie actuellement au Transvaal par la Mission romande. Cette école est fréquentée aujourd'hui par 48 élèves, dont la moitié environ nous vient d'autres Missions ; elle est la pépinière d'où sortent les instituteurs évangélistes nécessaires au développement de nos écoles, qui comptent maintenant plus de 800 élèves. Ici aussi, que de progrès réalisés depuis le jour où M. Creux, en 1875, réunissait dans un hangar quelques enfants pour leur enseigner, avec les rudiments de la lecture et de l'écriture, les récits de la Bible.
Et si nous nous transportons au centre du Transvaal, nous pourrons constater là aussi un développement réjouissant de la Mission. Il y a quarante ans, Prétoria était une toute petite bourgade, et Johannesburg n'existait pas ; or, la capitale de l'Union sud-africaine compte actuellement 50 000 habitants, dont 20 000 sont des indigènes, et Johannesburg représente aujourd'hui une grande agglomération renfermant 120 000 européens et autant d'indigènes, sans compter tous les faubourgs de la vaste cité minière.

La Mission romande a entrepris une oeuvre d'évangélisation parmi les milliers de Thonga qui viennent travailler dans les villes et dans les mines pour y gagner leur vie. Johannesburg a été appelée une université du crime ; il était du devoir des Églises chrétiennes de chercher à contrebalancer l'influence délétère qu'exerce trop souvent sur les noirs la civilisation européenne ; pour cela, pour réaliser cette oeuvre de réparation, il faut jeter à pleines mains la semence de cet Évangile qui seul est un antidote assez puissant pour triompher du paganisme.
Et c'est à Prétoria que nous retrouvons M. Creux, toujours actif après quarante années de travail, poursuivant dans cette ville sa belle oeuvre de miséricorde et d'amour parmi les plus déshérités parmi les indigènes : les lépreux, les prisonniers, les condamnés à mort et les aliénés. Une des dernières lettres de notre vétéran nous apporte les échos de son travail parmi les lépreux.

« J'ai eu, le jour de Pâques, des baptêmes aux lépreux et des réceptions de catéchumènes baptisés dans leur enfance et venus d'Eglise de plusieurs dénominations. J'ai baptisé et reçu 31 lépreux et lépreuses, ce qui nous donne une Église d'environ 240 communiants. Pendant plusieurs semaines je passais mes mercredis à les interroger, à les instruire, ce qui instruisait aussi bien mes anciens que mes catéchumènes. C'est un travail long et difficile avec des gens, pour la plupart, très ignorants et très timides. Et malgré tout, on peut sentir le travail de l'Esprit de Dieu et admirer chez ceux dont le corps est souvent affreux à voir, la nouvelle naissance par l'Esprit qui fait admirer la nouvelle nature régénérée.

La cérémonie, extrêmement simple, a été suivie comme toujours d'une explosion de joie de l'Eglise qui, à la sortie, accompagne les néophytes dans les « compounds » avec des cantiques. C'est une scène qu'on voudrait pouvoir photographier que ces félicitations, poignées de mains, embrassades à la sortie du culte, ce bruit de la multitude en fête qui entoure ces femmes et jeunes filles coiffées d'un mouchoir blanc ou même vêtues de robes blanches. Dans ces moments-là, qui témoignent de l'amour qu'ils ont pour l'oeuvre de Dieu au milieu d'eux, on sent vibrer son coeur d'une émotion intense à la pensée de la joie qui doit répondre à cette joie parmi les anges de Dieu. Quels contrastes entre ce que le monde considère comme la maladie la plus affreuse et la joie qui remplit les coeurs de ces bannis de la civilisation et de la société. Beaucoup de ceux et de celles qui partent en chantant ont les pieds entourés de bandages et boitent bien bas, beaucoup de voix sont déjà enrouées, la gorge étant atteinte, mais la joie domine tout. Ils sont enfants de Dieu et se sentent anoblis par la réception dans l'assemblée universelle des enfants de Dieu. Et tout cela est spontané et se renouvelle chaque fois que nous avons ce que nous pouvons bien appeler « une fête de baptême ». Dieu me donne d'en voir encore beaucoup. »

Oui, certes, l'Évangile du Christ a toujours la même puissance, sous tous les cieux et sous tous les climats, puissance de consolation, de relèvement et de vie. Bénissons en Dieu et puisons dans cette constatation une raison nouvelle de travailler avec persévérance à cette oeuvre entreprise au nom et à la gloire de celui dans lequel nous saluons notre Roi, de celui qui nous a dit : « Allez ».

A. DE M.




Pour les petits.

Récapituler leçon du 22 octobre. - Les Israélites abandonnaient sans cesse le vrai Dieu pour adorer des idoles. Après la découverte du livre de la loi dans le temple, ils promirent de ne plus adorer que lui. Il dit en effet dans sa Parole : Je sais Dieu, et il n'y en a point d'autre. Il n'y a point d'autre Dieu que nous devions adorer, c'est-à-dire :

1. Prier. Ce sont les païens qui prient le soleil, la lune, les étoiles, des animaux et des statues représentant des animaux ou des hommes. La Bible nous apprend qu'il y a un seul Dieu tout-puissant, créateur et conservateur de toutes choses, petites et grandes. Par sa volonté la terre tourne autour du soleil qui nous envoie sa lumière et sa chaleur, les fleuves vont à la mer, les nuages parcourent l'espace, la pluie et la neige tombent sur la terre, les plantes grandissent, les prés et les bois se couvrent de verdure au printemps. Par sa volonté nous vivons ou nous mourons, nous sommes en santé ou malades, le sang circule dans notre corps. Il ne tombe pas un passereau en terre sans sa volonté. Il est présent partout et connaît toutes les pensées de notre coeur (Ps. 139 : 1-4, 11, 12).

2. Aimer. Il est notre Père céleste et nous aime comme un père aime ses enfants, nous conserve la vie, nous donne toutes choses abondamment pour en jouir. Il a tant d'amour pour nous qu'il a donné son Fils unique, afin que par lui nous puissions être délivrés de nos péchés, qui sont les pires ennemis de notre bonheur. Il nous prépare des demeures dans le ciel, où il nous recevra quand nous aurons quitté cette terre. Vous devez aimer vos parents qui vous aiment, vous soignent, vous nourrissent et travaillent pour vous. Combien plus devez-vous aimer Dieu qui vous a donné vos parents et leur a mis au coeur leur affection pour vous ! C' est pourquoi la Bible nous dit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta pensée.

3. Servir. Il est notre maître suprême, nous sommes ses serviteurs. Tout ce que nous avons est à lui, tout doit donc être employé à son service en observant ses lois. Il nous a donné ses commandements pour notre bonheur ; quand il dit : « Ne mentez pas les uns aux autres, tu ne déroberas point », c'est comme s'il vous disait : « Mon enfant, ne te fais pas du mal ; » car le péché fait toujours du mal. Quand il dit : « Honore ton père et ta mère, » il sait qu'ainsi seulement vous pouvez être heureux. Si vous ne comprenez pas maintenant l'utilité de tel ou tel ordre que Dieu vous ne, c'est parce que vous êtes ignorants de ce qui vous arrivera dans l'avenir, mais Dieu le sait, et comme il veut votre bonheur, vous devez donc avoir confiance et faire toujours sa volonté. Il est sage et juste que vous obéissiez à vos parents ; combien, à plus forte raison, est-il sage et juste d'obéir à celui qui vous a donné vos parents et auquel eux-mêmes doivent obéir !

L. N.


Partie de l'élève.

SUJET : Mission romande.
Versets à apprendre :
Jésus a dit : J'ai encore d'autres brebis ; qui ne sont pas de cette bergerie, et il faut que je les amène. (Jean 10 : 16.)
Tournez-vous vers moi, dit l'Éternel, et vous serez sauvés, vous tous qui êtes aux extrémités de la terre. (Esaïe 45:22.)
Je suis Dieu, et il n'y en a point d'autres. (Esaïe 45 : 22.)



1 Au sud de l'Afrique, la Mission romande est connue partout sous le nom de Mission suisse.

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