Cantiques N° 78 et 79.
Peut-on faire sortir de la fleur de
farine d'un sac de charbon ? Non, disent les
hommes ; oui, dit la Bible, qui voit plus
profond et juge plus justement que nous. La
preuve ? Ézéchias, le roi de
Juda dont nous devons nous occuper
aujourd'hui.
Son père Achaz avait
été un monarque déplorable qui
fit « ce qui est mal aux yeux de
l'Éternel » ; pour se faire
bien voir du peuple et se rendre populaire, il
avait à peu près détruit
l'autel de l'Éternel pour le remplacer par
un autel païen. La Bible nomme simplement la
mère d'Ézéchias, Abija, fille
de Zacharie. Est-ce à sa mère que le
jeune roi, qui monte sur le trône à
l'âge de vingt-cinq ans, doit son
éducation pieuse ? Nous ne pouvons que
le supposer. Le fait est que dans des temps
troublés, une tâche
particulièrement difficile s'imposait au
jeune roi. Que va-t-il faire ?
Il faut, de son temps comme du
nôtre, préparer des temps
nouveaux ; il faut du courage moral pour
renverser le paganisme conquérant et
restaurer le service du vrai Dieu ; il faut
remonter le courant, affirmer et pratiquer sa foi,
et non pas l'afficher seulement. C'est une vraie
réformation qui devient nécessaire...
et qu'Ézéchias va entreprendre.
Comment commencer ?
1. Dieu d'abord. - Il n'y a pas d'autre
moyen sérieux que de remettre Dieu à
la première place, et c'est ce qu'il faut
expliquer à nos enfants, dans un temps
où les compromis de conscience deviennent
chaque jour plus nombreux. Mettre sa confiance
en lui
(v.
5) et s'attacher à,
lui
(v.
6) c'est le secret d'une vie
utile, et surtout d'une vie bénie.
Ézéchias avait besoin de
se cramponner à son Dieu, car entouré
d'ennemis de sa patrie, d'ennemis insidieux autant
que puissants, il était de toute importance
d'avoir des principes, un principe : la
fidélité à son Dieu, à
sa cause, à sa gloire.
Pour cela, non pas diminuer le mal, mais le briser,
le faire disparaître, rompre avec des
traditions que les hommes croient pieuses et qui ne
sont que d'informes superstitions (destruction du
serpent d'airain). Et après ce premier
effort, mettre de l'ordre, nettoyer le dedans pour
ne pas être pris au dépourvu quand les
attaques viendront du dehors.
Un trait capital du caractère du
jeune roi est son humilité : il
sait reconnaître qu'il a eu tort et s'expose
à de dures conséquences pour
épargner son peuple et sa capitale.
Sanchérib, roi d'Assyrie, avait
déjà pris une grande partie des
villes fortes de Juda. C'est la guerre, la
dévastation, la ruine en perspective ;
et pour sauver son peuple, Ézéchias
accepte de payer de nouveau un tribut au potentat
assyrien. Quel impôt ! 7 1/2 millions de
notre argent ! pour cela, que de durs
sacrifices à s'imposer ! tout l'argent
du trésor y passa, y compris les montants
des portés du temple, recouverts d'argent.
Et comme si cette humiliation ne suffisait pas, les
chefs du roi d'Assyrie, pour mieux faire sentir la
faiblesse d'Ézéchias
« saigné à
blanc », lui conseillent de ne pas
compter sur le roi d'Égypte dont une
armée arrivait au secours de
Jérusalem, et de ne pas compter davantage
sur le Dieu qui, jusqu'alors, avait
été le protecteur et le gardien de
son peuple. Sanchérib affirme ce que nous
avons entendu ces dernières
années : c'est que la force prime le
droit. Grossièrement, il provoque
Israël ; se rit de sa foi, et
prétend ne faire qu'une bouchée de
cette petite capitale, Jérusalem.
Dans un cas semblable,
Ézéchias aurait pu répondre du
tac au tac ; cela s'appelle de nos jours des
représailles ; au contraire, il ne
répond rien ; son silence est celui du
recueillement ; il sait que Dieu n'admet pas
qu'on envenime la situation par des paroles, et
qu'avant de parler et d'agir, il faut d'abord
prier. Qu'est-ce que prier, sinon se cramponner au
Dieu fort ?
L'ennemi cherche ensuite à
dissocier la cause d'Ézéchias de
celle de son peuple ; il veut semer la
division, tantôt par des menaces, par des
moqueries, tantôt par des offres alléchantes.
Réfléchissez à tout ce qu'a
dû supporter et souffrir
Ézéchias dans ces heures sombres,
à toutes les vilenies qui lui ont
été faites ; il ne connaissait
pas pourtant Celui qui a tout supporté de la
part des hommes pour les sauver ; et nous qui
connaissons Jésus, nous sommes souvent bien
loin de lui par notre manière de vivre, de
répondre et d'agir.
Dieu leur a dit :
« Tais-toi, ne réponds
rien.... » Ézéchias s'est
tu. Si nous n'avons pas cette force-là,
est-ce que la. cause première ne serait pas
qu'à de certaines, heures nous mettons Dieu
de côté, pour nous confier en notre
propre sagesse ; et nous cherchons à
nous sauver à force d'arguments
« frappants » qui ne laissent
après eux qu'amertume et
défaite ?
2. L'arme du croyant. - On se demande
souvent à quoi peut servir d'enseigner
à nos enfants la piété, - la
vraie, - celle qui est faite de confiance et
d'amour : la réponse en est bien
simple. Quand on a pris l'habitude de tout remettre
à Dieu, on est fort aux jours d'angoisse et
de détresse ; les autres s'agitent,
perdent la tête, s'arment pour
détruire et souvent courent ainsi à
leur propre ruine. Ézéchias a une
force morale de tout autre origine ; et
toujours calme et confiant, il va parler à
son Dieu, lui confier ses peines ; dans la
maison de son Dieu, il ouvrira la lettre d'insulte
qu'il a reçue de ses adversaires, et lui
dira : « Réponds
toi-même, réponds pour
moi. »
Prenons bien garde à une chose
cependant ; la prière n'est pas l'arme
des poltrons qui s'abritent derrière un plus
puissant, c'est l'arme des forts, de ceux qui ne se
sentent forts que quand ils se cramponnent aux
promesses de leur Dieu... et sont
décidés à le laisser
agir ; c'est l'arme de ceux dont la conscience
est tranquille, et qui n'appellent pas Dieu
seulement dans leur désarroi, comme on
placerait un paratonnerre sur une maison pour en
détourner la foudre. Je suis persuadé
que l'horrible guerre actuelle aurait
été beaucoup moins longue et
meurtrière, si les Églises et leurs
fidèles avaient prié pour la paix et
la délivrance avant la guerre, et non
pas par peur, une fois que celle-ci a
été déchaînée.
3. L'exaucement. - Exaucer, c'est
répondre, et Dieu répond toujours,
autrement que nous le désirons si nous avons
demandé quelque chose de mauvais, mais il
répond toujours, et toujours il accorde plus
et surtout mieux que nous n'avons demandé.
C'est par le ministère du prophète
Esaïe que Dieu répond à l'humble
requête d'Ézéchias :
à la prière d'un roi, il
répond par l'envoi d'un prophète. Et
ce sont des paroles de courage, de foi, de
confiance qui vont prouver au roi qu'il est bon de
s'assurer en l'Éternel, et que sa main n'est
pas trop courte pour délivrer. Et cependant,
la délivrance ne paraît pas venir au
premier moment ; il y a là
l'épreuve de la foi ; mais quelle
délivrance ! hier c'était la
ville assiégée, l'insulte des
ennemis, le désespoir au point de vue
humain, et voilà, aujourd'hui, les cadavres
des ennemis jonchent le sol, et tous ceux qui
vivent fuient éperdus. Quelle leçon
pour le peuple apeuré, pour les âmes
veules et craintives, que ce roi si
merveilleusement exaucé ! Ah ! si
nos enfants priaient de tout leur coeur, s'ils
faisaient passer dans leurs prières toutes
leurs préoccupations, s'ils chargeaient le
Seigneur de les délivrer du
péché et de leurs ennemis, il y
aurait chaque fois de ces merveilleuses
délivrances que nous ne connaissons plus
guère.
Ne craignons pas de presser nos enfants
de mettre Dieu à l'épreuve, ce qui ne
veut pas dire de prier « pour voir s'il
répondra », mais de prier de tout
leur coeur ; ils seront les premiers à
jouir de l'exaucement et à faire
l'expérience que Celui que Jésus nous
a appris à prier comme notre Père,
mérite bien ce titre par tout son amour et
toute sa sagesse.
Applications.
1. Sans Dieu, rien de solide, de
durable, rien de bon.
2. Nous ne devons jamais
désespérer d'une âme sortie
d'un mauvais milieu ; Dieu n'attend pas notre
prière, à nous monitrices et
moniteurs, pour transformer cette
âme.
3. Au service de Dieu, pas de
demi-moyens, ni de compromissions ;
il y a
beaucoup à détruire ; le
Seigneur aura beaucoup à
édifier.
4. Pour être forts aux heures
difficiles, il faut s'y être
préparé ; un grand nombre de nos
anciens catéchumènes n'ont fait
naufrage dans leur foi, que parce qu'ils n'ont pas
su résister aux tentations du dehors, sur
lesquelles ils n'avaient pas été
habitués à dominer.
5. L'humilité
précède la gloire, mais l'orgueil
précède la ruine.
6. Le secret d'un grand nombre de
défaites réside dans le fait que nous
n'avons pas prié et que nous avons
compté sur nous plus que sur Dieu pour
vaincre.
7. Jamais - non jamais - la
prière sincère, fervente, n'est
restée sans réponse, et les
délivrances de l'Éternel sont
quotidiennes et merveilleuses.
M.
Récapituler
leçon du 8
octobre. - Les Israélites furent
malheureux, leur royaume fut
détruit, parce qu'ils n'avaient pas
cru à la parole de Dieu, que le
prophète Amos leur faisait
entendre. Il faut écouter les
conseils, avertissements et promesses
qu'elle donne, car elle dit toujours la
vérité. Je vais vous le
montrer par trois nouveaux
exemples.
(2 Rois 18 : 1-8, 13-25 ; 19 : 14-20.)
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