Cantiques N° 9 et 12.
Introduction. - C'est le temps
des
luttes terribles entre Damas et Samarie, qui ne se
termineront que par la destruction de cette
dernière ville ; c'est le temps des
incursions barbares, des razzias, où le
vainqueur, après avoir pillé les
campagnes, emmène en captivité la
jeunesse qui le servira. Et Naaman est le
général de cette armée
syrienne, général heureux, donc
considéré, qui a rapporté
à sa femme, d'une de ses
incursions en Samarie, une fillette
israélite, dont elle fera son esclave. Mais
Naaman rapporte aussi le germe d'une atroce
maladie, lente et douloureuse, incurable, la
lèpre. Cet homme, qui a tout pour être
heureux, a un de ces « maux »
douloureux qui n'ont d'explication ici-bas que par
la foi. Serait-il hors de propos, même dans
une introduction, de recommander à nos
enfants de ne pas porter envie à ceux qui
leur paraissent les heureux d'ici-bas et dont
quelques-uns sont
« rongés » de
préoccupations et de soucis que les pauvres
ont le privilège d'ignorer ?
Ce qu'il y a d'important, c'est de bien
montrer à nos enfants que nous avons tous
une lèpre morale, le péché,
qui s'attache à nous et nous perd. Nous
pouvons être grands,
considérés, bienveillants, mais pécheurs. Qui donnera à
notre pauvre humanité le remède
contre cette affreuse maladie, contagieuse,
épidémique et toujours mortelle,
à plus ou moins brève
échéance ?
1. L'influence d'une enfant. - Il
est
probable que la fillette emmenée comme
esclave a dû être traitée avec
bienveillance par sa nouvelle maîtresse, et
qu'ainsi il s'est établi des rapports plus
cordiaux que d'habitude entre la grande dame et son
humble petite esclave. Mais je connais d'excellents
chrétiens de nos jours qui ne manqueront pas
de dire, en hochant, sentencieusement la
tête : « Si Naaman est
lépreux, tant pis pour lui, c'est un
châtiment de Dieu. N'a-t-il pas fait beaucoup
de mal au peuple d'Israël ? Chacun son
tour ici-bas ! » Réprimons
bien vite de tels sentiments, qui ne
réjouissent que les démons ;
laissons à Dieu le soin du châtiment,
où, quand et comment il le juge à
propos. Disons : « C'est un appel de
Dieu pour que nos coeurs, ouverts à la
compassion, passent à l'action et fassent du
bien. »
Naaman a sans doute tout essayé pour
se guérir de son affreuse maladie ; il
a dépensé des sommes folles, a couru
tous les
« guérisseurs », - nous
n'osons dire les médecins, - les plus
fameux ; et tout a été
vain : la maladie semble inexorable. Tout est
perdu, disent les hommes ; et c'est à
ce moment que retentissent ces vers :
- À qui perd tout, Dieu reste encore,
- Dieu là-haut, l'espoir ici-bas.
Hélas ! il faut dire que Naaman,
comme païen, n'avait pas cette suprême
ressource. Et c'est dans des heures de confidences
ou d'épanchements affectueux que l'humble
fillette aura parlé à sa
maîtresse, non pas tant de son pays, car
Damas est une ville beaucoup plus belle que ne
l'est Samarie, - mais de son Dieu, de ses
serviteurs les prophètes, de sa foi. Je ne
sais, chers moniteurs et monitrices, ce qu'il faut
le plus admirer : de la grande dame
païenne qui a sa gagner le coeur et la
confiance de son humble servante, ou de la fillette
qui a su ouvrir son coeur pour montrer à sa
maîtresse ce qu'il contenait de plus
précieux. Nos enfants sont légers,
inattentifs, volages, tout ce que vous voudrez.
Est-ce que cela ne viendrait pas de ce que nous
avons demandé de la discipline avant de
faire appel à leur affection ? Que peut
une pauvre enfant ? Elle peut être la
cause de beaucoup de soucis, de tracas, si sa
conduite et son caractère laissent à
désirer, Elle peut être la fée
bienfaisante qui transforme tout, qui
éclaire tout, par ses chants, son sourire,
son affabilité. Elle peut être la
cause première des plus riches
bénédictions, puisqu'elle ouvre des
horizons nouveaux, ceux de la guérison et du
salut. Parlons du ministère de
l'enfance.
Il. Vers la guérison. -
Timidement peut-être, la femme de Naaman
s'est ouverte à son mari des confidences de
la fillette : il pourrait être
guéri... seulement... et c'est ce premier
mot qui est terrible... il faudrait demander la
guérison au prophète
d'Israël ! il faudrait aller chez les
vaincus d'hier qui doivent détester leur
vainqueur, s'exposer à des humiliations,
courir le risque de représailles ;
seriez-vous surpris qu'au premier moment, des
Naamans d'autrefois, - et d'aujourd'hui, -
répondent par un : « Non,
jamais ! » aussi catégorique
que définitif ? Après cela,
Naaman a été furieux ; sa femme
a pleuré ; la Bible ne le dit pas, mais
je ne puis m'empêcher de le penser : la
fillette a prié. Et le lendemain, sans rien
dire chez lui, Naaman, qui a réfléchi et qui a besoin
de
guérison, en a « touché un
mot » à son roi. Comment, sans
déroger à sa dignité, demander
une faveur au roi de Samarie que l'on a
pillé peu auparavant ? Et ce sentiment
explique le ton de la lettre que le puissant prince
de Damas va écrire à son voisin le
roi de Samarie ; une lettre comminatoire. Pour
lui, tout prophète ou guérisseur,
comme tout autre homme du reste, ne pourrait
être qu'aux ordres et à la
dévotion de son roi.
Et là encore la situation
s'embrouille : le roi de Samarie croit qu'on
lui cherche chicane ; Naaman, arrivé
avec de magnifiques présents, craint d'avoir
à retourner à Damas sans sa
guérison, bien plus, humilié de sa
démarche.
Un bon conseil : quand tout
s'embrouille dans la vie, ne clamez pas vos ennuis
ou vos difficultés ; les hommes peuvent
parfois détourner le fléau ou
retarder l'échéance ; mais toute
notre diplomatie humaine fait faillite.
Adressez-vous à l'homme de Dieu, au
prophète Élisée, bien mieux,
au Fils de Dieu, à Jésus, notre
adorable Sauveur. La réponse, comme la
guérison, de même que le salut, ne
peut venir que de lui.
III. Encore un pas. -
Élisée est intervenu : il a
calmé l'appréhension de son roi en
lui rappelant l'existence de son Dieu et de son
serviteur ; et il a fait dire à Naaman
d'aller se tremper sept fois dans le Jourdain.
Cette fois, Naaman se fâche. Ce n'est
pas un remède, c'est une moquerie ! Si
les eaux du Jourdain avaient une vertu curative, il
n'y aurait pas tant de lépreux dans ce pays
d'Israël ! Il a un autre argument :
quand ou a de belles sources et une eau
fraîche et abondante à Damas
même, - en effet le Barada est la gloire des
Damascains qui appellent leur ville
« leur paradis », - pourquoi
s'en aller jusqu'au Jourdain ? Enfin, est-ce
une manière de recevoir les gens qui
arrivent les mains pleines de riches
présents ? Est-ce poli envers un des
grands d'ici-bas que de lui envoyer dire par un
domestique « d'aller se
baigner ? » Là encore, ce
sont des serviteurs, des humbles, qui ont
ramené leur maître
à la raison, au calme ; ils auraient
pu, pour flatter leur puissant seigneur, abonder
dans ses vues et le pousser à la
résistance.
Il y a dans ce domaine une belle tâche
à proposer aux chrétiens de nos
jours ; au lieu de semer la discorde et
d'attiser le Brasier, il faudrait chercher ce qui
unit et non ce qui divise et faire entendre des
paroles de paix, des paroles de foi.
Naaman, en impulsif, a commenté par
gronder ; puis il s'est rendu aux conseils de
sagesse de ses gens. Il est allé au
Jourdain ; oui, il a obéi, tout
simplement, sans demander pourquoi, et il est
revenu guéri. C'est une expérience
que nous devons tous faire - le remède du
péché, c'est l'obéissance
à la loi divine. Se cabrer, se
révolter, gronder, tout cela n'a jamais
guéri personne. « Ruer dans les
brancards est une perte de temps et de forces
surtout, absolument inutile ; c'est plus
facile d'obéir. »
Et le voilà qui revient tout
joyeux ; il va chercher à payer sa
dette au prophète : riches
présents, dons merveilleux ...
Élisée refuse tout ; il n'y a
chez lui ni mépris, ni
indifférence ; au fond, est-ce à
lui que Naaman doit de la reconnaissance ?
Élisée, qui n'a rien fait, ne veut
rien accepter : il dirige les pensées
de Naaman vers Celui auquel il doit tout et lui
apprend à aimer le Dieu que servait l'humble
esclave qu'il avait amenée à son
foyer lointain.
Ne voudriez-vous pas vous affilier à la ligue des bonnes volontés, de ceux qui surmontent le mal par le bien ? voici les statuts de cette ligue :
- 1° Avant tout, Dieu, à la première place, pour le servir même dans la plus humble condition ;
- 2° Ne pas avoir honte de sa foi devant les hommes, surtout devant les puissants ;
- 3° Ne s'adresser qu'à Dieu, par Jésus-Christ, et tout attendre de lui seul ; mais attention de ne pas se tromper d'adresse !
- 4° Apprendre à obéir aux ordres d'on haut, sans discuter, et se rappeler que l'obéissance à la voix d'en haut est mille fois plus facile que la résistance.
Cette ligue n'a pas de comité ; son chef est Jésus ; elle reçoit les petits, les humbles, tous ceux qui ont besoin d'être pardonnés, guéris, sauvés. Il n'y a pas de finance d'inscription, mais chacun, même le plus pauvre, doit apporter son coeur et traduire sa reconnaissance par les actes de sa vie ; point n'est besoin d'un uniforme : les robes sont lavées dans le sang de l'Agneau, qui ôte le péché du monde. Qui veut en être ? S'il y avait plus d'enfants chrétiens et d'humbles serviteurs, il y aurait beaucoup moins de lèpre morale et surtout infiniment plus de bonheur.
M.
Récapituler
leçon du 24
septembre. - Quand Elie eut quitté
la terre, un laboureur, nommé
Élisée, devint
prophète à sa place
(1
Rois 19 : 19-21), et
Dieu se servit de lui pour accomplir de
grandes choses en Israël.
(2 Rois 5 : 1-19.)
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