Cantiques N° 108 et 110.
Introduction. - Plusieurs années
ont passé depuis qu'Elie est revenu de
l'Horeb ; il a vécu sans doute
retiré, donnant tout son temps et ses soins
aux écoles de prophètes et surtout
à son successeur Élisée. De
son côté Achab guerroyait contre le
roi de Syrie Ben-Haddad ; il remporta sur lui
deux victoires. Achab, une fois la paix
signée, va se reposer, jouir de ses
succès. De Samarie, sa capitale, il va
à Jizréel où il se fait
construire une maison de campagne. Était-ce
bien nécessaire ? Samarie était
une ville remise à neuf par Omri, le
père d'Achab, qui en avait fait sa capitale.
Il n'y avait que 50, ans qu'elle existait à
ce titre. Jizréel est une localité
à quelques lieues au nord, dans la plaine de
ce même nom, ville entourée de
murailles mais dans une situation bien moins
favorable que celle de Samarie, bâtie sur une
colline.
Achab savait déjà
« se créer des besoins »
expression très usuelle de notre
temps ; méfions-nous toujours des gens
qui, pour eux-mêmes, ont toujours un besoin
nouveau à satisfaire.
I. Projets d'Achab. - Achab avait donc
un palais à Jizréel, mais il voulait
encore agrandir le domaine adjacent ; pensez
donc : Achab n'a point ou pas assez de
légumes : il lui faut un jardin
potager ! Et la vigne que possède
Naboth irait à la perfection dans ce but. Ce
terrain n'est-il pas voisin du sien ? Et puis,
les rois n'aiment pas qu'on les voie se promener
dans les jardins de leurs palais. Qui sait aussi
s'il ne sort pas des caves de Naboth des effluves
campagnardes qui indisposent la muqueuse nasale du
roi et de la reine ? Ne
sera-ce pas une amélioration pour le pays,
ce que nous appelons un progrès - d'aucuns
mettent un « p »
majuscule ? - Naboth doit se trouver
très flatté d'avoir un terrain de
valeur que son roi va lui payer en beaux deniers
comptants, ou qu'il échangerait au besoin
contre un autre terrain, excellent sans doute mais
là-bas, tout là-bas, où il
voudra, pourvu que le roi ait ce qu'il entend et
que Naboth cède la place.
À toutes les propositions
alléchantes qui lui sont faites, Naboth
répond par un refus formel. C'est un
imbécile, ont dit les courtisans, en le
voyant refuser l'aubaine. C'est un
entêté, a dit Achab, qui est d'une
humeur massacrante à l'idée que
quelqu'un ose lui tenir tête en face. C'est
un vieux conservateur, diront quelques uns, avec un
sourire indulgent ; c'est mieux : Naboth
est un Israélite fidèle, sans
ambition, sans reproche, qui obéit à
la lettre de l'ordonnance mosaïque - Nombres
36 : 7 à
9.
Mais n'est-il pas avec le ciel des
accommodements ? Naboth ne veut rien savoir,
rien entendre ; il a dit non ; c'est non.
Faisons remarquer aux enfants qu'il ne s'agit pas
ici d'entêtement, ce qui est odieux, mais de
fermeté et de fidélité aux
principes, ce qui est aussi rare qu'admirable. Par
un tableau, montrons Naboth en présence
d'Achab : qui est le roi ? où est
le Maître de la situation ? qui est
l'enfant gâté ?
II. L'intervention de Jésabel. -
Il y a, là encore, un tableau à
brosser : c'est une scène de famille.
Jésabel s'agite :
« Alors ! qui est ce qui commande
dans ce pays ? » un flot d'arguments
sort de sa bouche, et voyant son mari
ébranlé, mais incapable d'arriver
à chef, elle lui dit : Laisse-moi
faire, on arrivera bien à ses fins ;
puis elle passe la porte et laisse son grand enfant
gâté un peu plus calme, presque
souriant.
- Elle s'y connaît, ma
femme ; il n'y a qu'à la laisser
faire.
Les gens de l'espèce de
Jésabel - car elle a ses imitateurs modernes
- tiennent à
« simplifier » les situations
qui sont embrouillées. Mais simplifier, pour
eux, c'est supprimer tout ce qui les gêne,
peu importe par quels moyens, pourvu qu'on soit
d'accord avec le Code, et le Code est si
large ! La méthode ? soudoyer
quelqu'un pour qu'il sache parler et faire vite.
Les raisons ? politiques ou religieuses -, la
raison d'État souvent. En arriver à
ses fins, voilà tout ; si tous les
chemins mènent à Rome, pourquoi tous
ces chemins ne seraient-ils pas bons ?
Naboth est un homme pieux : c'est
sur ce terrain qu'on lui tendra un
piège : la proclamation d'un
jeûne auquel Naboth aura une place en
vue ; deux fripons - Jésabel
reconnaît elle-même qu'il faut
être un
« méchant » homme
(v. 10)
pour un semblable
métier - iront affirmer qu'ils ont entendu
Naboth « maudire Dieu et le
roi ». Ils auront toutes les apparences
pour eux, car en entendant parler d'un jeûne,
Naboth n'aura pas manqué de dire :
Encore une idée d'Achab ! qu'est-ce
qu'il peut bien préparer pour mêler le
bon Dieu à ce jeûne ? Ce cri de
surprise - plus que légitime - sera
dénaturé,
interprété.... c'est la condamnation
à mort. Mais il y a des fils, des
héritiers ; on les fait
disparaître
(2
Rois 9 : 26). Et la besogne
finie, Jésabel revient vers son royal mari,
toute fière de son habileté, la
tête haute, en poussant un soupir de
soulagement : n'est-ce pas que je suis une
crâne femme ?
III. L'intervention d'Elie. - Les biens
des condamnés à mort faisaient retour
à la couronne ; Naboth disparu - et
Achab n'est pas curieux de demander comment - il va
prendre possession de son bien ; n'est-ce pas
sa propriété en « tout bien
tout honneur ? » Et le voici qui
descend dans ce futur jardin
pour le visiter ; peut-être est-il
accompagné d'un jardinier ? Tout d'un
coup, comme une apparition du plus mauvais augure,
il voit venir à sa rencontre un homme dont
il se croyait débarrassé, pour n'en
avoir plus entendu parler depuis longtemps. Cet
homme vivait dans le voisinage sans doute
(v. 18) ;
il n'a pas perdu un
détail du meurtre de Naboth, et ce n'est pas
la « version officielle » qu'on
en a donnée au palais qui satisfait sa
conscience.
Au premier moment, Achab peut avoir
pâli, mais la colère s'est
emparée de lui. Achab va apostropher Elie,
comme un homme contre lequel la déveine
s'acharne. Mais Elie a pris les devants ; il
n'y a plus de ménagement à avoir
envers Achab, et celui-ci entend deux mots
cinglants à sa conscience :
« Assassin et voleur ! »
Voilà ce que Dieu pense d'Achab.
Ce sont de bien gros mots, diront les
enfants auxquels nous tachons d'inculquer de bons
principes et un vocabulaire choisi !
Rappelons-leur que ce que nous appelons ruse
habileté, savoir faire, Dieu l'appelle
péché ! C'est un mot que nous
avons en horreur.
Oui, assassin. Achab l'est, parce qu'il
a laissé faire le mal, ce qui est aussi
grave que de le faire soi-même. Et voleur, il
l'est encore, puisqu'il s'approprie
« sans autre forme de
procès » un bien qu'il sait
n'avoir pas le droit de posséder. Si le Code
peut-être tourné et retourné de
mille manières, la conscience ne peut pas
l'être. Décorez le crime comme vous le
voudrez, et revêtez-le de tous ses oripeaux,
il n'en demeure pas moins le crime devant Dieu
sinon devant les hommes. Et le crime appelle le
châtiment.
Un vieil incrédule disait un
jour : Quand votre Dieu s'en mêle,
alors il est terrible !
C'est très vrai ; avouons
aussi que c'est très juste. Oui, il va
être terrible, ce châtiment, puisque
c'est la mort. l'anéantissement d'Achab,
de Jésabel, de toute la famille, et que tous
les crimes commis par ces misérables seront
punis - mais ni lavés, ni expiés dans
des flots de sang. « Le malheur
vient : je le balayerai. » Achab, un
moment repentant,
(v. 27
à 29) n'a pas
assisté à toutes ces scènes
d'horreur, il est mort à la guerre. Quant
à ses enfants et surtout à
Jésabel, cette reine monstrueuse, ils virent
s'accomplir le châtiment annoncé par
Elie.
Applications pratiques.
1° En tout temps, mais surtout au
temps où nous vivons, apprenons à
revenir à la vie simple, aux goûts
plus simples, et opposons à la convoitise la
parole de saint Paul : J'ai appris à
être content de l'état où je me
trouve
(Philip.
4 ;11-13).
2° Respectons les convictions
d'autrui ; pour partisans du progrès
que nous devions être, il vaut mieux qu'il
vienne moins vite, si c'est au prix
d'indélicatesses, de sentiments mauvais, et
même de meurtres.
3° Celui qui laisse faire le mal
est aussi coupable que celui qui le fait. Disons
à nos enfants d'exercer leur
curiosité légitime sur leurs propres
sentiments, et évitons tout bonheur qui
s'édifierait sur des ruines.
4° Prenons bien garde de ne pas
mériter l'apostrophe terrible d'Elie
abordant Achab. Il ne suffit pas d'être en
règle avec le code ou la morale des hommes,
il faut être en règle avec sa
conscience, et certaines questions ne se tranchent
qu'au tribunal de l'histoire et surtout, en dernier
appel, à celui de Dieu.
5° Le bien mal acquis ne profite
jamais... ou jamais longtemps.
6° Dieu dont les compassions sont
infinies. ne permet pas cependant qu'on se joue de
lui. Rappelons ce passage : C'est une chose
terrible
que de
tomber entre les mains du Dieu vivant (Hebr.
10 : 31).
7° Comme Naboth, soyons humbles et
fidèles, quoi qu'il puisse advenir. Et pour
pouvoir dire non au monde, un
« non » énergique et
sincère, apprenons à dire
« oui » au Seigneur : l'un
ne va pas sans l'autre.
M.
Récapituler
leçon du 17
septembre. - Le 8e commandement est : Tu ne
déroberas point. Celui
qui dérobe, qui prend ce qui ne lui
appartient pas, est un voleur. L'enfant
qui maraude sur l'arbre ou dans la vigne,
qui prend pour les garder les jouets d'un
autre enfant ou la pièce de monnaie
déposée par maman dans
l'armoire, ou quelque chose dans un
magasin sans payer est un voleur, ce qui
est honteux. Je vous raconterai une
histoire de la Bible qui nous apprend
comment l'homme devient voleur et
même meurtrier, et à quels
châtiments il s'expose.
( 1 Rois 21 : 1-24.)
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