Cantiques N° 80 et 88.
Introduction. - Trois ans de
repos
pour le prophète Elie, dans un
ministère intime et bienfaisant,
auprès de la veuve de Sarepta. Le serviteur
de l'Éternel n'a pas seulement
« payé sa pension », il
a rendu la vie au fils de la veuve, il les a
évangélisés et aimés,
mais il s'est préparé aussi dans le
recueillement aux événements. L'ordre
est venu de se présenter à Achab.
C'est en quelque sorte aller dans la gueule du
loup. Elie est prêt à tout ce que Dieu
voudra ; il va sans trembler, sans broncher.
Et au roi qui l'accueille par de puérils
reproches, le prophète répond en
demandant la convocation du peuple entier sur le
Carmel : il va tenter une épreuve
décisive pour bien montrer à tous que
Baal n'est pas Dieu.
La convocation. - Ah !
qu'elle
est belle cette croupe du Carmel, toujours verte,
grâce à ses bois de chênes,
alors que toute la contrée a pris la teinte
roussâtre d'un pays
desséché ! Quels merveilleux
horizons du haut de cet éperon palestinien,
qui plonge dans la mer ! Là le
prophète a convoqué son peuple, et je
vois les pèlerins qui se dirigent vers le
lieu du rendez-vous... tous, venus de loin ;
tous, sauf Jésabel, qui boude sans doute.
Achab vient aussi, sans enthousiasme ; sa
conscience doit lui faire bien des reproches ;
son Baal ne l'a pas protégé et
délivré du désastre, et c'est
une chose très difficile d'obtenir d'un roi,
et d'un enfant, qu'il convienne d'avoir eu tort.
Les prêtres de Baal et d'Astarté sont
venus en grand nombre, légers de coeur et
d'esprit. Ne sont-ils pas les plus nombreux ?
N'ont-ils pas toute la cour à leur
dévotion ? Que leur peut faire ce
solitaire, cet original, aux principes si
absolus ? Quand ou est du
« côté du
manche », cela va être une partie
de plaisir, qui tournera à la confusion de
ces utopistes, empêcheurs de danser en rond,
professeurs de morale ; l'un d'eux petit bien
avoir dit : « Vous verrez que ce
sera drôle ! » Le peuple aussi
est venu, mais triste, inquiet ; les
récoltes sont détruites, la famine
est là. Le peuple, qui obéit en
mouton, qui a de la force pour les jours de bonheur
et s'effondre aux jours douloureux, le peuple,
ignorant, superstitieux, pressuré,
malheureux, incapable de se tirer de peine !
Si l'on ne craignait de manquer de charité,
combien d'allusions n'y aurait-il pas à
faire aux temps actuels, à la guerre, aux
jours difficiles ?... Passons.
Elie aussi est venu, attristé mais
calme, sans paroles vaines, sans forfanterie. Et ce
qu'il a à dire à son peuple est
très simple : votre vie n'est pas
droite, vous clochez des deux
côtés ; à ce
compte-là aucun progrès n'est
possible. Choisissez entre Dieu et Baal. Le peuple
a compris : il est fait
appel à son énergie morale ; ce
qu'il répond ?... rien du tout !
Un enfant qui, après avoir entendu cet
appel, ne répondrait rien - dans son coeur
en tous cas - n'est pas loin de la
dégringolade ; il sait ce qu'il a
à faire, il sait qu'une décision est
nécessaire ; oui, mais il a peur des
sourires, des moqueries ou des colères
d'Achab, des meneurs de l'opinion publique. Il ne
répond rien le pauvre peuple d'Israël,
et il est triste (comparez Josué
24 : 16-24. Marc
10 22), comme nous le sommes,
et comme nous le serons toujours plus,
jusqu'à ce qu'une décision soit
prise. Étonnez-vous encore que, pour vouloir
s'asseoir entre deux chaises, il y ait tant de gens
qui fassent la culbute !
La scène du Carmel est grandiose dans sa
simplicité. Les deux autels sont
élevés ; celui de Baal est
quelconque ; celui de l'Éternel,
réédifie par Elie, a douze pierres,
rappel à l'union des douze tribus. Le
fondement de l'autel du sacrifice ne doit pas
être celui du schisme, mais celui de la
concorde. Et voici, les adorateurs de Baal,
dès le matin, offrent leur sacrifice ;
d'abord la prière, ensuite
l'inquiétude, l'agitation, celle-ci arrivant
à son paroxysme dans
l'après-midi ; cris, danses, incisions
sanglantes, rien ne manque... que la réponse
de Baal. Et ce qui doit les exciter, ces
prêtres, c'est la présence d'Elle,
d'abord recueilli sans doute, puis dont le regard
perçant est comme un vivant reproche. Elie
va manier une arme dangereuse, l'ironie ; nous
devons sans hésiter la déconseiller
à nos enfants, qui connaissent le Sauveur,
qu'Elie devança de plusieurs siècles,
et le Sauveur ne s'est jamais moqué de
personne. Mais Elie, exaspéré de
cette manière d'adorer, ne sait pas dire
autre chose. Quels arguments sérieux
voulez-vous que l'on emploie envers des gens au
comble de l'exaltation, en passe de devenir fous
furieux ?
L'ironie d'Elie devait atteindre le coeur du
peuple, et non celui des prêtres, en lui
faisant constater l'inanité d'une semblable
religion, et le péché du peuple qui
s'y est laissé entraîner.
À ce moment, un des spectateurs non
prévenus aurait remarqué qu'un
silence sinistre avait fait place à
l'agitation, et que cette torpeur était une
faillite morale, un aveu !
Combien y a-t-il d'âmes autour
desquelles et au-dedans desquelles tout
s'écroule, quand elles ont dû avouer
qu'a tous leurs pourquoi, à leurs
aspirations, à leurs cris et même
à leurs sacrifices, il n'y avait ni voix ni
réponse.
Ce jour-là, Baal a fait
faillite ; pourquoi a-t-il encore tant de
partisans ?
C'est au tour d'Elie maintenant :
à l'heure de l'offrande du soir (4 h.
environ) - comme pour rappeler au peuple l'heure
oubliée de la prière. L'autel est
rétabli ; le sacrifice est fait ;
toute supercherie, toute superstition doit
être écartée. Et au lieu
d'adresser au peuple de sanglants reproches, le
prophète s'adresse à Dieu ; il
sait qu'aux heures angoissantes parler aux hommes
ne va pas sans amertume, tandis que parler à
Dieu donne la force et la paix.
« L'Éternel
exauce. » C'est ce que notre
expérience doit apprendre à nos
enfants. Ne cherchons pas à expliquer ce que
fut ce feu qui consuma l'holocauste, nous
risquerions de dire ce que nous ne savons
pas ; contentons-nous de constater le fait par
ses effets. La réponse de Dieu ne s'est pas
fait attendre ; elle est complète et ne
peut prêter à aucune
équivoque.
Le peuple l'a bien compris, et, pris pour
Juge, il s'est écrié :
« C'est l'Éternel qui est
Dieu ! » Il y a là une heure
d'enthousiasme indescriptible, en même temps
que de malaise profond. Le peuple, tout de surface,
dont les habitudes sont déplorables mais
dont la conscience n'est pas morte, se lève et
crie qu'il
reconnaît Jéhovah pour son Dieu. Au
feu du ciel répond comme un roulement de
tonnerre, les cris des hommes ! Mais quel
secret malaise chez ceux qui dirigent, chez ceux
qui pensent ! Nous déplorons qu'ils ne
se soient pas repentis et rendus à
l'évidence, ce qui probablement aurait
épargné leur vie ; mais
gardons-nous de leur jeter la pierre, car s'ils ont
vu la puissance de l'Éternel, ils ne
connaissaient pas comme nous son amour.
Elles sont belles et bienfaisantes, les
heures où tout un peuple se réunit et
reconnaît ce qu'il doit à son Dieu. Il
passe sur les âmes comme un grand frisson,
tour à tour patriotique et religieux. Mais
gardons-nous de croire qu'un peuple soit
régénéré, parce qu'il a
vibré d'enthousiasme.... ou d'indignation,
dans une heure solennelle. Les lendemains de
fêtes sont souvent bien tristes... Notre
sujet s'arrête là, et nous n'avons pas
à parler à nos enfants du meurtre des
faux prophètes. Ne cherchons pas à
justifier Elie, pas plus qu'à
l'accuser ; disons simplement, en courbant le
front - « Elie était un homme de
la même nature que nous... »
(Jacques
5: 17) et si avec nos
aînés nous abordons le sujet, ne
manquons pas de leur rappeler que si Elie a pu,
avec les lumières de son temps, croire
être dans le vrai, l'heure du massacre de ses
adversaires jette une ombre sur sa vie, comme la
condamnation et la mort de Michel Servet sont
malheureusement imputables au grand
réformateur Calvin. En une heure on peut
compromettre une vie, ternir une oeuvre ;
donc, prenons bien garde.
Mais, diront quelques aînés,
à quoi sert de déclarer que
l'Éternel est Dieu, si la pluie ne tombe
pas ? Que Baal soit mort, cela se peut, mais
que Dieu vive... c'est encore à
prouver.
Combien de temps a duré la
prière d'Elie jusqu'à ce que l'exaucement soit
venu ?
Elie avait prié à l'heure du
sacrifice : Dieu a répondu. S'il tarde
à répondre cette fois, est-ce que ce
serait parce que le prophète a les mains
rouges ? N'oublions pas que beaucoup de
« non exaucements » n'ont pas
d'autre origine... Seul, sur la montagne, longtemps
le prophète est resté
prosterné : nous ignorons ce qu'il a
dit mais, longtemps après, Elie est
redescendit joyeux, parce que la pluie allait
désaltérer la terre, et que la
grâce - pluie divine - avait
transformé son coeur.
Applications pratiques. - Un
temps de
repos n'est pas, un temps d'oisiveté - nous
devons nous préparer aux luttes possibles. -
N'avons pas peur de faire réfléchir
le peuple et ceux qui le dirigent ; pas
d'amertumes, pas de moqueries, mais une foi vivante
et fidèle : c'est encore ce qui
impressionne plus les indifférents que tous
les exercices d'acrobatie morale ou religieuse. Pas
d'émotions, mais des résolutions, une
décision. Choisissez : il en va de
notre vie, comme de celle (tu peuple
d'Israël : le salut ou la ruine.
M.
Récapituler
leçon du 3
septembre. - Vous souvenez-vous de
Caïn et d'Abel ? L'un et l'autre
offrirent un sacrifice à
l'Éternel. Il accepta celui d'Abel,
mais non celui de Caïn.
Pourquoi ? Parce qu'Abel était
bon, et Caïn méchant.
Aujourd'hui je vous raconterai une
histoire semblable ; mais
c'était au temps du prophète
Elie, que Vous connaissez
déjà.
(1 Rois 18: 20-39)
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