Cantiques N° 89 et 104.
Qui est-il ? D'où vient-il,
le prophète dont nous allons entretenir nos
enfants pendant quatre dimanches ? La Bible
nous répond en une ligne : nous ne
pouvons en savoir davantage... « Elie, le
Thisbite, l'un des habitants de
Galaad... » Contrairement à
l'opinion courante, qui fait de Thisbé une
localité de la Galilée, nous pensons
qu'Elie [nommé « Eliiahou
atichbi » dans le texte hébreu],
vient d'un petit hameau d'au delà du
Jourdain, dans le pays de Galaad, où les
traditions juive et musulmane s'accordent à
en faire le berceau du prophète. Quelques
pauvres masures, parfois désertes dans la
saison des récoltes lointaines.
Mais nous savons l'essentiel :
Elle
porte bien son nom : « Dieu est mon
Dieu » et le prophète s'en
déclare le serviteur. Pendant un quart de
siècle, il sera le champion de la sainte cause, le
protestant
par
excellence en face du roi Achab, si païen, de
sa cour si servile, et de son peuple si
hésitant. Il sera le patriote ardent,
éclairé, qui a le courage de remonter
le courant au péril de ses jours. La
tâche est écrasante : il
n'hésite pas à l'accomplir. C'est une
des grandes figures de l'Ancien Testament, et son
souvenir est demeuré vivant au sein de son
peuple. (Voir Malachie
4 : 5 ; Luc
1 : 17 ; Matth.
17 : 10-12.)
1. Le message d'Elie. - Depuis
longtemps, sans doute, le prophète souffre
de voir le peuple d'Israël tomber dans un
grossier paganisme, et son roi Achab, et sa reine
Jésabel, favoriser cette
déchéance morale, Dieu est mort, pour
ce mauvais roi ; c'est Baal qui le remplace,
tant il est vrai que l'on ne quitte la religion que
pour la superstition. Baal, c'est la
divinité créatrice,
représentée par le soleil, le
principe de la fécondation de la terre. Mais
si le soleil féconde la terre, il la
brûle, la dessèche, et Dieu, qui veut
montrer à Achab que sa fausse
divinité dessèche les coeurs et
détruit toute vie, va envoyer son
prophète, son serviteur, dire au roi
infidèle : « Ces
années-ci, ni rosée, ni pluie, sinon
à ma parole ! Tu veux adorer Baal,
soit : apprends à le connaître.
Ce solennel appel a-t-il été
compris ? Nous l'ignorons. Il est probable que
Jésabel aura ri, qu'Achab aura froncé
les sourcils en disant, sceptique :
« On verra bien. » Sa mission
remplie, le prophète s'en est
allé.
Ne serait-il pas bon de rappeler
à nos enfants ce message d'Elie, dans sa sobriété ? Quand
nous
avons quelque chose de désagréable
à dire, nous cherchons des
périphrases, nous essayons d'arranger,
d'estomper, de corriger. Ici, rien de
semblable : ce n'est pas un sermon qu'Elie a
à faire, mais un ordre qu'il a à
transmettre ; nous devrions bien apprendre,
dans le cas où Dieu nous charge d'un
message, ne rien dire de moins. Et rien de plus.
... Et le prophète va se retirer
dans son pays, au delà du Jourdain ; il
se tiendra à proximité du chemin des
caravanes, dans ces gorges du Kerith, torrent au
printemps, desséché le reste de
l'année ; ce n'est pas le séjour
de son choix, mais c'est sur l'ordre de
l'Éternel.
II. Au bord du Kerith. - Pourquoi au
Kerith ? demanderont des enfants. Essayons de
le comprendre. Si Elie était resté
dans le voisinage d'Achab, il aurait couru un grand
danger à partir du moment où celui-ci
s'est rendu compte de la vérité du
message d'Elie. Le Dieu qui prend soin de ses
enfants dit au prophète - Cache-toi. Mais il
y a plus : Dieu, pour pouvoir utiliser ses
enfants, les envoie à l'école... du
recueillement. Jacob y a passé pour devenir
Israël ; Moïse aussi, en
Horeb ; plus tard, Jean-Baptiste vivra dans
les déserts, et Jésus lui-même,
notre parfait et divin modèle, avait besoin
de ces longues heures de recueillement pour se
retremper plus complètement dans la
communion de son Père.
Pauvre menu, direz-vous, que celui du
prophète ! Serait-ce le moment de
rappeler à nos enfants, en passant, que dans
l'année où nous sommes, où la
vie renchérit atrocement, nous devons
apprendre à devenir plus sobres, et à
rester reconnaissants ?
Celui qui trace ces lignes a eu le grand
privilège de voir comment le grand
prophète put être nourri par des
oiseaux. Dans une anfractuosité de rocher,
en Galilée, il a trouvé mi vrai
magasin de provisions, amassées par des
corbeaux. Sur le chemin des caravanes, les
voyageurs s'arrêtent près d'une source
ou d'un torrent, pour prendre leur repas. Les
oiseaux en emportent les reliefs, car l'oriental
oublie moins de jeter de la pâture aux
oiseaux que nos enfants n'oublient de nourrir les
passereaux
pendant les hivers rigoureux. Et là, jour
après jour, le Dieu d'Elle, le vivant, prend
soin de son serviteur. Il lui accorde
l'indispensable. Quelle école pas de
superflu, chaque jour le nécessaire ;
n'est-ce pas avant la lettre, la prière de
Jésus : Père, donne-nous,
aujourd'hui, notre pain quotidien ?
Une saison s'écoule : le
ciel reste immuablement bleu l'époque des
caravanes est passée, et le torrent est
à sec. Elle va-t-il se tourmenter,
maugréer contre la dureté des temps
on l'abandon de son Dieu ? Il attend l'ordre
d'en haut. Celui qui l'a envoyé au bord du
Kerith ne l'a pas oublié, à l'heure
de la disette ; mais le prophète ne
fera pas un pas sans une indication divine ;
il serait du reste bien embarrassé de
choisir une retraite - partout c'est la disette, la
famine. Lit encore, Dieu intervient :
« Va à Sarepta, dans le pays de
Sidon ; j'ai ordonné à une veuve
de te nourrir. » Que d'objections
seraient montées au coeur des
chrétiens modernes ! Dieu ne se
trompe-t-il pas ? Le pays de Sidon est
gouverné par le père de
Jésabel ; c'est se mettre à
portée de la gueule du loup. Chez une
femme ! Que vont dire les mauvaises
langues ? Et une veuve encore !
c'est-à-dire chez une pauvresse qui, plus
que d'autres encore, doit manquer du
nécessaire. N'est-ce pas de la folle ?
Ai-je bien entendu ? Elie va, tout simplement.
Il sait bien que son Dieu l'aime, qu'Il ne se
trompe pas : il va. Et si nous n'avons plus,
au temps où nous vivons, de grands
héros de la foi, c'est que nous n'en
trouvons plus qui sachent obéir comme Elle,
sans demander ni comment ni pourquoi.
III.. À Sarepta. - C'est une
modeste bourgade, célèbre par ses
forges, un petit port. À l'entrée de
la ville, voici une pauvre femme qui ramasse du
bois mort. Le prophète leur adresse la
parole : elle ne parle que d'elle et de son
fils : donc, elle est veuve ; et cette
pauvresse a été mûrie par l'épreuve ; si
elle est païenne, elle a reconnu sans doute un
Hébreu dans la personne de son visiteur, car
elle lui dit : « L'Éternel,
ton Dieu, est vivant. » Elle a dû
chercher une réponse à ses angoisses
ailleurs que dans ses rites païens. Dieu a
préparé la pauvre veuve par
l'épreuve. Elle ne s'est pas trompée.
Il demande un verre d'eau - elle devait être
très rare pendant cette sécheresse -
et l'eau lui est donnée (lire, Matth.
10 : 42). Elie demande
à manger... ici la pauvre veuve
hésite ; elle avoue son complet
dénuement ; mais elle croit, donc elle
obéit. Folie ! diront quelques-uns, qui
souriront à l'idée d'un miracle.
Certes pas. Ceux qui sont appelés à
faire des collectes savent très bien qu'ils
ont souvent reçu beaucoup plus des pauvres
à la porte desquels ils hésitaient
à frapper que dans bien des maisons cossues.
où l'on disait : « C'est tout
ce que puis donner ! » C'est ce que
le monde appelle un pieux mensonge !
Non, elle n'a pas à regretter,
l'humble veuve de Sarepta, d'avoir obéi au
prophète, alors même que sa demande a
pli lui paraître exagérée ou
tyrannique (voir Matth. 10 : 41). Et ce
qu'elle a l'ait pour le serviteur de
l'Éternel, ne sommes-nous pas appelés
à le faire maintenant pour toutes les
victimes de cette épouvantable guerre ?
Heureux, maintenant comme jadis, comme toujours,
ceux qui disent : pour Dieu d'abord, pour
son service ; pas un de ceux-là
n'est jamais mort de faim.
Une fois encore, admirons la
Providence : Dieu a pris soin de son
serviteur, qui pourra désormais, sans
scrupule, accepter l'hospitalité d'une
veuve : l'un et l'autre ont l'ait cette
expérience bénie, que l'on ne manque
de rien quand ou obéit à son Dieu. Et
pendant deux ans, trois peut-être Elle aura
un champ d'action au foyer qui l'a reçu.
« Petit groupe », dira un
moniteur en pensant aux deux élèves
du prophète !
puissions-nous, dans le milieu où Dieu nous
place, travailler comme Elie.
Est-il besoin de relever les principales applications pratiques ? Elles tiennent dans un seul mot : obéis. Dans la mesure de notre obéissance, nous serons les serviteurs du Très haut, qui ne peut pas laisser dans le besoin ceux qui lui consacrent leur vie. Nous agissons souvent par altruisme, mais comme si notre Dieu était mort. S'il est vivant, soyons vivants. Bien n'est plus grand ni plus beau que de lui dire : À toi ma vie ; à moi ta grâce ! Pour le reste, comme pour tout, tu pourvoiras, je suis tranquille.
M.
Récapituler
leçon du 27
août. - Les Israélites des
dix tribus devenus idolâtres ne
furent pas abandonnés de Dieu,
quoiqu'ils l'eussent abandonné pour
adorer des veaux d'or. Il leur envoya des
prophètes leur rappeler qu'il est,
lui seul, maître de l'Univers, et
leur annoncer ses commandements, ses
châtiments, ses promesses. L'un des
principaux fut Elie (non pas Eli,
sacrificateur au temps de l'enfance de
Samuel). Il vivait sous le règne
d'Achab, l'un des mauvais successeurs de
Jéroboam. Voici trois
prédictions que Dieu lui fit et qui
se réalisèrent.
Si nous obéissons à Dieu, en particulier si nous ne sommes pas paresseux et égoïstes, nous pouvons compter qu'il prendra soin de nous, car il est dit : « Confie-toi en Dieu et t'assure en lui, et il travaillera pour toi. »
( 1 Rois 17 : 1-16.)
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