Cantiques N° 98 et 99.
Au moment de reprendre avec nos enfants
l'étude de l'Ancien Testament, il peut
être utile de dire quelques mots du cadre du
sujet, pour mieux remettre les choses au
point ; c'est ce qui motive le plan de cette
étude : Hier, aujourd'hui, et
après....
Hier... c'était le roi Salomon,
régnant à Jérusalem ; un
règne de quarante ans aussi brillant que
néfaste pour le peuple d'Israël - un
règne au début excellent, et qui se
gâta dans le luxe et l'idolâtrie.
Salomon a construit le temple de l'Éternel,
mais, sur le Mont des Oliviers, il a construit des
« hauts lieux » où ses
femmes païennes allaient adorer leurs
divinités barbares. Au début de son
règne, Salomon était le maître,
parce qu'il n'obéissait qu'à son
Dieu ; plus tard, il devint l'esclave de ses
passions et de ses innombrables épouses. La
vie fut sans doute plus facile pour son
peuple ; il s'habitua au luxe, mais fut
pressuré par de très lourds
impôts ; le travail manuel, en honneur
chez les Israélites, devint le travail des
esclaves, et l'homme qui se respectait servait le
roi comme soldat on comme valet.
N'y a-t-il pas bien des analogies avec la
vie que nous avons connue, au moment où a
éclaté l'épouvantable
conflagration qui divise l'Europe et le
monde ?
Pourtant, les avertissements n'ont pas
manqué au grand roi ; il y a eu des
prophètes, des commencements de
révolutions, rapidement
étouffées (lire le chapitre
11) ; et c'est dans ce milieu gangrené
que grandissait celui qui devait monter sur le
trône de David, l'héritier de la
couronne, Roboam. Tout enfant, Roboam a
été élevé dans le luxe,
et petit à petit, il a pris l'habitude d'une
vie qui ne ressemblait en rien à celle de
son aïeul David ; tout laissait
prévoir qu'il suivrait les traces de son
père, peut-être même en les
accentuant.
Roboam avait 41 ans au moment où il
dut succéder à son père
défunt ; son règne fut de
dix-sept ans
(2
Chron. 12 : 13). Nombreux
étaient sans doute les Israélites
pieux sur les coeurs desquels planaient de
douloureuses angoisses. Que va être ce
nouveau roi ? Son père avait si bien
commencé ! Saura-t-il, dès le
début, réconcilier ses sujets ?
donnera-t-il le bon exemple ? n'est-il pas
bien mal élevé et surtout bien mal
entouré ? Toutes ces questions ont
dû se poser comme elles se posent encore
aujourd'hui à ceux qui se demandent - de
quoi demain sera-t-il fait ?
Si le passé est sombre, il peut
s'éclairer, disent encore les optimistes.
Une page se tourne, il faut espérer. Roboam,
saura corriger les fautes de son père, et
redresser le peuple égaré.
Aujourd'hui, nous allons oublier
les
tristesses causées par Salomon qui n'est
plus ; c'est jour de fête, à
Sichem, au centre même du pays, pour
l'intronisation du nouveau roi. Ne devrions-nous
pas montrer aux enfants l'importance d'être
à la hauteur de la situation où Dieu
nous place ? Évitons surtout le
reproche que pourrait nous adresser un jour tel de
nos élèves : Vous ne m'avez pas
averti des dangers ! La tâche
présente pour nous, comme pour Roboam, n'est
pas de trôner, mais de diriger le peuple sur
le bon chemin ; ce n'est pas de se servir de
lui, mais de le servir ; ce n'est pas de le
rendre esclave de la vie facile et
légère, mais de le libérer, de
le délivrer de l'esclavage du
péché ; ce n'est pas de le
rendre corvéable à merci par de
nouvelles charges ou de lourds impôts, mais
de lui apprendre qu'on ne lui réclame ses
services que dans la mesure où on lui a
d'abord montré l'exemple.
Roboam ne comprend pas ce langage ; ce
n'est pas de cette façon qu'il a
été élevé ; il ne
se souvient pas que son père a
commencé par consulter l'Éternel, et
par chercher la force en Dieu ; il veut
être un roi « à
poigne », et le fera bien voir à
ceux qui se permettent de lui présenter
leurs voeux... en même temps que leurs
craintes et leurs désirs.
Ce qui nous paraît être le fond
du caractère de Roboam, c'est qu'il manquait
de caractère, et que les expériences
faites au soir du règne de son père
ne semblent pas du tout avoir influé sur
lui. Jéroboam, l'ancien intendant de
Salomon, qui a fui en Égypte, est de
retour ; il est au nombre de ceux qui
réclament au nouveau roi d'alléger
les impôts ; n'est-ce pas un
avertissement ? Roboam demande trois jours de
réflexion ; il va consulter son
entourage, mais rien ne nous dit qu'il ait
consulté l'Éternel ; il se croit
assez fort pour s'en passer ; et s'il consulte
les anciens, c'est pour la forme : c'est
à ses amis, camarades de plaisir et de
fête, qu'il ira demander l'inspiration du
début de son règne, et la
réponse qu'il donnera à son peuple
sera pour tous une amère déception.
Ce n'est pas l'appui des hommes qui donne de la
force : Roboam va en faire la douloureuse
expérience.
Le mécontentement du peuple
s'accentue, la révolte grandit, la
révolution se prépare. Et Roboam qui
veut être le Maître, semble être
pris du besoin d'écraser ses
adversaires ; il ordonne à Adoram, un
percepteur d'impôts détesté, de
percevoir ses taxes.... Adoram est massacré.
Et maintenant, c'est trop tard ! pauvre
Roboam, compte les amis qui te restent
fidèles ! Les vieillards sont
rentrés chez eux, le coeur
serré ; le fossé est
creusé, le peuple est divisé ;
ceux qui, vivant à Jérusalem et aux
environs, ont plutôt
« bénéficié »
du règne de Salomon, entoureront encore
Roboam, dans l'espoir peut-être de voir se
continuer leurs bénéfices. Tout le
reste du peuple, l'immense majorité, tourne
le dos à son nouveau roi ;
Jéroboam souffle sur le feu et
l'attise ; il est un ambitieux ; sans
doute le prophète de Silo lui a dit un jour
qu'il aurait dix tribus pour lui ; mais il ne
sait pas attendre qu'elles viennent à lui,
comme jadis David avait attendu
la royauté ; il est de ceux qui veulent
« aller vite » et s'il se
laisse nommer roi, c'est pour régner
à son profit et non pour essayer de
rapprocher les frères ennemis et de ramener
la paix et l'union.
Et demain ?... le
schisme, la
séparation, le fossé que les hommes
creusent mieux qu'ils ne le comblent. Après
le schisme, comme après la guerre qui nous
désole, que sortira-t-il ? Roboam
rentre à Jérusalem ; il a des
idées de revanche ; ce sera la guerre
civile. Un prophète de l'Éternel l'en
détourne ; Dieu n'est pas celui qui
permet que ses enfants s'égorgent, et s'ils
le font quand même, c'est qu'ils
désobéissent à leur
Créateur.
Roboam essaie d'organiser son royaume de
deux tribus ; mais il abandonne
l'Éternel et subit l'invasion du roi
d'Égypte, Schischak qui opère une
razzia dans le pays ; son règne de
dix-sept ans est un règne
d'infidélités à son Dieu.
Quant à Jéroboam, dont le
règne dura vingt-deux ans
(1 Rois
14 : 20) il fut un roi
déplorable ; d'abord, il fortifia les
villes frontières, élevant une
barrière derrière le fossé
creusé par Roboam ; ensuite, pour
empêcher ses nouveaux sujets d'aller adorer
à Jérusalem, au temple, il
créa, organisa tout un système de
cultes et de cérémonies propres
à son royaume. Deux veaux d'or, l'un au nord
(à Dan), l'autre à Béthel (au
sud) devaient retenir les pèlerins dans le
royaume dont Sichem devint, provisoirement la
capitale. Toute l'action de Jéroboam peut
être résumée dans ces mots du
verset 26 :
« Il dit en son
coeur... » il ne cherche que son
intérêt qu'il confond avec celui de
ses sujets ; il « fait des
fêtes » où une religion
dénaturée devient « pour le
peuple une occasion de
péché »
(v. 30) ;
il est le premier
d'une série de dix-neuf rois qui
régnèrent sur le royaume du Nord,
jusqu'au moment de la ruine du pays, que ses rois
toujours plus idolâtres
précipitèrent ; le royaume des
dix tribus fut anéanti un siècle et
demi avant la prise de Jérusalem.
APPLICATION
La vie facile est un grave danger ;
ceux qui se laissent glisser sur
cette pente non seulement abandonnent
l'Éternel et marchent à la ruine,
mais y entraînent les autres.
Le schisme, voulu de Dieu
(v. 24),
est une humiliation et un
châtiment ; ceux qui veulent le bonheur
sans Dieu ou à côté de Dieu
voient s'élever des divisions, surgir des
luttes fratricides, que seul, un retour à
Dieu, pourrait enrayer ou arrêter.
Il ne faut pas que nos enfants
écoutent les conseils de ceux qui tes
flattent, mais de ceux qui les aiment ; et le
premier tort de Roboam est de ne pas consulter son
Dieu, ou sa conscience, mais d'agir selon ses
désirs. Un chrétien n'est jamais
arrogant et fier, et ne saurait oublier que les
hommes sont des frères et non des
esclaves.
Jéroboam ne fut qu'un
égoïste ; il donna le plus triste
exemple à son peuple ; et toutes les
cérémonies religieuses qu'il institua
ne furent que des occasions de chute. Il ne suffit
pas d'aller à l'École du
dimanche ; on risque de devenir pire, si l'on
n'ouvre pas son coeur à l'influence du
Saint-Esprit. Dans son amour, Dieu est
patient ; mais le malheur vient toujours sur
celui qui l'abandonne.
M.
Les petits
garçons aiment qu'on
les croie forts ; ils sont
humiliés d'être jetés
à terre par un camarade. Ils n'ont
cependant pas à en avoir honte,
puisque c'est Dieu qui donne à
chacun les forces comme il lui plaît
et qui peut les reprendre par la maladie
ou par un accident. Mais voici de quoi il
faut avoir honte, c'est d'être
vaincu par le péché. Ne
te laisse pas vaincre par le mal, dit
la Bible. Aujourd'hui je vous parlerai de
deux hommes qui se laissèrent
vaincre par le mal.
(1 Rois 12: 1-33)
|
Chapitre précédent | Table des matières | Chapitre suivant |