Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

(20 AOÛT.)

Mission de Bâle. Fondation et développement d'une Église.


Cantiques N° 141 et 112.


Pour les monitrices. - Prenez une carte d'Afrique, dans un manuel de géographie, la carte sommaire de l'Afrique dans Rosier, par exemple, et montrez la Côte d'Or, possession anglaise dans la Guinée, un peu au nord de l'équateur, au sud du Niger. Cette contrée tropicale s'étend du golfe de Guinée au sud, vers le Sahara au nord. Le sud est couvert de forêts vierges et de riches plantations, tandis que le nord est une brousse aride où paissent encore les éléphants.. Elle est traversée tout entière par le cours du Volta.

Au moment où commence notre récit, il y a cinquante ans, une étroite bande de terre, le long de la mer, était seule occupée par les Anglais ; la Mission de Bâle et une Mission wesleyenne anglaise y avaient quelques stations, mais tout l'intérieur était occupé par un État indigène, marqué sur les cartes d'il y a vingt ans, le royaume des Achantis ; il y avait encore d'autres royaumes du même genre, le long de la côte et dans tout l'intérieur. Ils ont succombé les uns après les autres, dans l'espace de ces vingt ou trente dernières années, devant les armes des puissances européennes, et le partage de leurs dépouillés est une des causes de la guerre actuelle. Pendant ce temps, la mission a pénétré dans plusieurs de ces contrées, qui étaient de vraies forteresses du plus sombre paganisme. Le fétichisme, l'esclavage, des guerres continuelles, les sacrifices humains, l'anthropophagie les ravageaient.
L'ancien royaume des Achantis est aujourd'hui constellé de nombreuses communautés chrétiennes, avec des écoles, des chapelles, des milliers de disciples du Sauveur, des instituteurs et des pasteurs indigènes. Ces postes avancés de l'Évangile se trouvent jusqu'à la limite septentrionale de la colonie. Comment ce progrès inespéré a-t-il été obtenu ? C'est ce que les lignes suivantes vont montrer en racontant au prix de quels efforts les stations sont d'abord fondées, et ensuite développées. À titre d'exemple, pour faciliter l'étude de ce sujet aux élèves des écoles du dimanche, prenons une station, celle d'Abétifi. Les détails qui suivent seront complétés par l'article de la feuille distribuée aux enfants., Les deux articles doivent se compléter.

1. LES PREMIERS DÉBUTS, EN 1869

Dans les derniers jours de juin 1869, une petite colonne de piétons s'avançait lentement à travers les herbes de la plaine du Volta. Approchons-nous et écoutons. Des accents qui nous sont familiers parviennent à nos oreilles : on parle français dans ces solitudes ! Approchons-nous davantage et nous apercevrons un missionnaire encore Jeune et sa femme ; ils portent, tour à tour, un bébé de quelques mois, mais n'ont rien de ce qu'il faudrait pour une marche sous ce soleil de feu, ni hamacs, ni chapeau colonial, ni parasol ; ils sont à peine vêtus et paraissent profondément abattus ; des nègres armés de fusils les précèdent et les suivent, les pressant de hâter le pas en criant : « Douome ! douome ! en avant ! en avant ! » Un troisième voyageur blanc fait route avec eux ! Ce sont des missionnaires de la Mission de Bâle, M. et Mme Fritz Ramseyer, de Neuchâtel, avec un collègue allemand, Jean Kuhne, qui s'étaient établis en dehors du protectorat britannique, pour faire pénétrer la connaissance du Sauveur plus avant dans le pays, et qui sont victimes de leur courage. Ils ont été faits prisonniers par des soldats Achantis et sont emmenés de la sorte à Coumassé, leur capitale.

Ce voyage douloureux, coupé de haltes interminables dans certains villages, dura plusieurs mois, et l'on admire qu'ils aient pu supporter ces nuits passées sur la terre nue, ces journées au grand soleil, cette soupe immonde dans laquelle nageaient quelques escargots séchés, et ces mauvais traitements. La puissance de Dieu les a protégés avec amour et fidélité en vue d'une grande oeuvre. Aujourd'hui, il s'agit pour eux de gravir les pentes abruptes de la montagne qui borde la plaine, et quand enfin ils arrivent sur le plateau, ils se trouvent dans un village appelé Abétifi. Quelques bouffées d'air frais passent sur leurs fronts, et les femmes, attirées par ces prisonniers blancs, émues par la maigreur de cette jeune mère et de son bébé, leur tendent quelques oeufs ! Premier témoignage d'affection, premier adoucissement sur leur calvaire ! Aussi ce souvenir d'Abétifi restera cher à leurs coeurs, et le secours, le verre d'eau donné à ces disciples du Sauveur, ne perdra pas sa récompense !

2. LA PREMIÈRE CHAPELLE D'ABÉTIFI

Ces fidèles serviteurs de Christ eurent encore de cruelles épreuves à traverser, dans le détail desquelles nous ne pouvons pas entrer ici, car nous ne racontons pas leur histoire, mais nous cherchons à voir comment l'Évangile a pris pied dans ce royaume des ténèbres. Qu'il nous suffise de dire qu'après une dure captivité qui dura près de cinq ans, ils furent délivrés, en janvier 1874, par une armée anglaise, et reparurent à Neuchâtel au milieu de leurs parents qui pendant longtemps les avaient crus morts.

Sitôt qu'ils furent rétablis, ils demandèrent à retourner à la Côte d'Or, dans l'espoir que, d'une manière ou d'une autre, ils pourraient pénétrer chez les Achantis, malgré l'interdiction faite aux missionnaires. Leur coeur brûlait d'y fonder une école, d'y grouper des chrétiens, de faire disparaître les horreurs du paganisme, d'amener ces pauvres nègres à Jésus-Christ, le Sauveur.

Ils ne parent pas retourner à Coumassé, mais, par une dispensation admirable de Dieu, ils purent en 1876 acheter un terrain à Abétifi, où ils avaient été bien accueillis sept ans auparavant. La population s'était affranchie du joug des Achantis, et il fut possible de fonder une station à proximité immédiate de ce peuple féroce. Abétifi va devenir l'avant-poste duquel s'élanceront, au moment voulu, les messagers du Christ pour de nouvelles et plus vastes conquêtes.

M. et Mme Ramseyer, un collègue avec eux, commencent par le commencement, comme les pionniers de Romainmôtier, de la vallée de Joux, ou de Saint-Gall, au moyen âge. Ils abattent lentement de gros troncs au sommet de la colline, ils logent eux-mêmes sous des huttes de feuillage, et en 1877 leur station est terminée ; bientôt, une chapelle en bois s'élève à côté de la station, comme autrefois, pour reprendre les comparaisons du moyen âge, l'évêque Marins éleva un oratoire à l'emplacement de la cathédrale de Lausanne. Huit troncs de palmiers soutiennent la toiture à l'intérieur, et le jour de l'inauguration, à Pentecôte 1878, les guirlandes de fleurs décorent la table de communion, la chaire et les parois. Il y a deux ans seulement que nos missionnaires sont à l'oeuvre, et déjà Dieu leur permet de célébrer cinq baptêmes ; l'Eglise vivante en même temps que le bâtiment ; dans le nombre, un jeune homme, Yao Atta, de la famille royale, dont le nom reviendra dans ces pages.

La fête a un caractère presque sauvage, car le roi païen a demandé à y assister, et il est venu avec ses musiciens, qui tirent des sons effrayants de trompes d'éléphants évidées, et de tambours énormes, creusés dans des troncs d'arbres et ornés de têtes d'ennemis tués à la guerre. Il croit faire honneur à ses missionnaires par cet attirail. A la collecte on ne récolte point d'argent, mais des quantités de petites coquilles qui servent de monnaie.

3. Un roi païen mis de côté. - Le nombre des chrétiens a grandi ; chaque dimanche, souvent en semaine, la chapelle fait entendre sa cloche ; en 1888, dix ans après son inauguration, le jour de la fête des missions, elle se remplit complètement de chrétiens, venus d'Abétifi et de villages voisins. Ils furent assez nombreux pour qu'en 1898, à la mort du roi païen, on proposât de nommer notre ami Yao Atta, le fidèle chrétien d'il y a vingt ans. Tout un parti tenait pour Wirédou, l'ennemi des chrétiens, l'ivrogne, le suppôt des coutumes païennes. Yao Atta répond courageusement : « Je veux être votre roi, mais à condition de gouverner en chrétien ! - Ah ! ça non ! répondent les partisans de Wirédou. - Alors, riposte Yao Atta, ne comptez pas sur moi. Je ne veux pas être roi dans ce monde, pour être esclave dans l'autre ! » Faudrait-il donc consentir à nommer Wirédou ? On sent confusément que ce ne serait plus possible ; les choses, depuis vingt ans, ont marché ; aussi, après de longues hésitations, on se décide, malgré les menaces violentes des païens, pour Apéatou ; il n'est pas du nombre des chrétiens, mais il est au moins respectueux de leurs convictions. Ces derniers ne gouvernent pas, mais leur influence se fait sentir pour le bien du pays, et c'est l'essentiel.

4. Des progrès inespérés. - En 1891, M. Ramseyer a vu arriver avec émotion son neveu, Edmond Perregaux, celui dont parle la feuille distribuée aux enfants. D'autres missionnaires encore sont venus renforcer leurs rangs. Nouvelle inespérée, en 1896, la route de Coumassé s'ouvre ; .M. et Mme Ramseyer s'y rendent ; ils constatent qu'ils peuvent prêcher l'Évangile dans nombre de villages ; il leur faut des aides. Leur neveu n'hésite pas. Il fonde à Abétifi une école, dans laquelle il appelle les chrétiens les plus développés dit pays ; il étudie avec eux la Bible et leur donne des leçons pour qu'ils puissent aller seconder M. Ramseyer dans l'Achanti. Ne vous représentez pas un bâtiment scolaire, encore moins une université ; les leçons se donnent en plein air, souvent interrompues par les bêlements des moutons et les kikerikis de coqs, mais elles se donnent quand même ; actuellement, c'est une véritable école de théologie, qui forme des pasteurs indigènes et s'appelle École Edmond Perregaux, en souvenir de son fondateur. Et voilà Abétifi devenue un centre religieux qui répand la lumière, comme la ville sur la montagne, jusque bien loin dans l'intérieur du pays.

5. Encore un mot. - Nous pourrions nous arrêter ici nous avons vu par quels efforts, par quelles souffrances, une Église se fonde et se développe dans un pays païen. Cependant, il faut dire encore un mot des vaillants ouvriers de ce beau travail d'évangélisation.

D'abord, la communauté d'Abétifi est devenue si nombreuse que la chapelle de 1878 fut tout à fait insuffisante ; trente-deux ans plus tard, en 1910, les chrétiens de la contrée, maintenant au nombre de près de trois mille, inaugurèrent une belle église, toute en pierre, avec une tour hardie, et même trois cloches ; sur l'une d'elles, les indigènes ont gravé le nom de Mme Rose Ramseyer et sur l'autre celui d'Edmond Perregaux, de sorte que ces missionnaires parlent encore, en appelant le peuple à la prière. Les gens étaient si heureux du changement apporté dans leur pays, autrefois foulé aux pieds par des tyrans païens, qu'ils vinrent à l'inauguration les mains pleines d'offrandes ; le roi lui-même, quoique païen, fit apporter une dent d'éléphant, portée par deux hommes, qui valait 750 fr. La somme totale des dons se monta à 7190 fr.

Des vaillants ouvriers de ce beau travail, Edmond Perregaux est mort le premier, en 1905, à Coumassé, à l'âge de 38 ans, universellement regretté, victime du devoir, martyr de l'Évangile.

Mme Ramseyer est morte l'année suivante, en 1906, à Neuchâtel, à l'âge de 65 ans, heureuse de rejoindre dans le ciel son neveu, son fils adoptif, mais soucieuse jusqu'à la fin du salut des Achantis.

M. Ramseyer a quitté ce monde à son tour, à l'âge de 74 ans, au moment de la déclaration de guerre, sa belle tête blanche disant à tous combien il s'était fatigué au service du Sauveur et de l'Afrique.

Enfin, le 31 décembre dernier, Jean (Yao) Atta, le premier baptisé de 1878, celui qui refusa d'être roi pour rester fidèle à Jésus, est entré dans le repos après 38 ans de fidélité. « Presque tous les chrétiens de la province, écrit le pasteur nègre Ofori, avec les chefs, ont pris part à l'enterrement. »

En terminant, bénissons Dieu de ce qu'il récompense le travail intègre de ses serviteurs et répond à leur foi ardente. Les ténèbres ne régneront pas toujours. Le désert et le pays aride peuvent fleurir comme le lys. En une quarantaine d'années Dieu permet de voir des progrès glorieux. Qui sait ce que vous verrez dans les missions dans quarante ans, si vous êtes fidèles ?

G. SECRETAN.




Pour les petits.

Quelles sont les trois premières demandes de la prière que le Seigneur Jésus nous a enseignée ? - Aujourd'hui, occupons-nous de la troisième : Que la volonté soit faite sur la terre comme au ciel.

1. Qui fait au ciel la volonté de Dieu ? Les anges. Il est dit en effet dans le psaume 103 : Bénissez l'Éternel, vous ses anges puissants en force, qui exécutez son commandement en obéissant à la voix de sa parole (v. 20). En Gethsémané, lorsque Pierre voulut frapper les soldats, Jésus lui dit : Penses-tu que je ne puisse pas invoquer mon Père, qui me donnerait à l'instant plus de douze légions d'anges (Mat. 26 : 53) ? - Qui fait encore au ciel la volonté de Dieu ? Tous les enfants de Dieu qui y sont entrés après avoir quitté la terre. La Bible nous donne les noms de : Hénoch ; « il marcha avec Dieu, puis il ne fut plus (sur la terre) parce que Dieu le prit » (Gen. 5 : 4) ; le prophète Elie ; « il monta au ciel dans un tourbillon » (2 Rois 2 : 11) ; le Seigneur Jésus ; « il fut enlevé au ciel et s'assit à la droite de Dieu » (Marc 16 : 19) ; le pauvre Lazare (Luc 16 : 22) ; Abraham, Isaac et Jacob et plusieurs venus de l'Orient et de l'Occident (Mat. 8: 11). Tous les enfants de Dieu, après leur mort, deviennent semblables aux anges du ciel (Luc 20 : 36). Ils sont nue grande multitude que personne ne peut compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue (Apoc. 7 : 9), et accomplissent tous parfaitement la volonté de Dieu.

2. Dans notre prière, nous voulons demander à Dieu que sa volonté soit faite de même sur la terre. Par qui ? Par nous d'abord, par chacun de nous. Demandez-lui qu'il vous rende obéissants à ses commandements, à vos parents ; qu'il vous donne son Saint-Esprit, afin que vous obéissiez toujours, sans attendre, complètement, joyeusement. - Par qui encore ? Par tous les chrétiens, qui agissent si souvent d'une manière contraire à la volonté de Dieu, et dont un grand nombre l'affligent par leur inconduite et par leurs vices. Demandez-lui qu'il change leurs coeurs et les amène à ne plus se haïr, ni se faire la guerre, ni voler, ni tuer ; à se pardonner, à s'aimer les uns les autres. - Par qui enfin ? Par la multitude des païens qui ne le connaissent pas. Mais comment feront-ils sa volonté, s'ils ne le connaissent pas ? Et comment le connaîtront-ils et croiront-ils en celui dont ils n'ont pas entendu parler ? Et comment en entendront-ils parle, s'il n'y a personne qui prêche au milieu d'eux (Rom. 10 : 14) ? Il est donc nécessaire de leur envoyer des missionnaires qui leur lisent la Bible et leur fassent ainsi connaître Dieu et sa volonté. Demandez-lui qu'il leur en envoie un grand nombre, qu'il les aide dans l'accomplissement de leur tâche difficile, afin que le jour vienne bientôt où sa volonté sera faite sur la terre comme an ciel.

L. N.

Partie de l'élève.
SUJET : Mission de Bâle.
Versets à apprendre :
Allez, instruisez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. (Mat. 28 : 19, 10.)
Quiconque invoquera le nom de l'Éternel sera sauvé. (Joël 2 : 32.)
Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. (Mat. 6 : 10.)

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