Cantiques N° 64 et 71.
Ce psaume est l'un de ceux auxquels on
revient le plus volontiers. Après les
angoisses du Ps.
22, quoi de plus doux que cette
image du berger, de plus agréable que les
verts pâturages et les eaux
tranquilles ! Quoi de plus rassurant que la
protection du Seigneur dans la sombre vallée
et en face des adversaires ! Quoi de plus
triomphant que les derniers mots : bonheur
à toujours dans la maison de
l'Éternel !
Ce chant de parfaite confiance en Dieu, sans
crainte, sans accusation, sans douleur, sans aucun
trouble, est tiré évidemment des
expériences de David lui-même. Il a
été berger dans sa jeunesse ;
puis, il est devenu « berger d'un
peuple », comme dit le vieil
Homère ; il sait quelle tâche
importante lui est imposée ; il s'en
est déjà acquitté avec soin,
avec l'amour d'un berger pour ses brebis. Ces
réalités d'en bas ne sont pour lui
qu'une image, trop faible encore, de la protection
que l'Éternel lui assure. Pour le croyant,
le visible n'est qu'un reflet de l'invisible ;
si le terrestre est admirable, que doit être
le céleste ?
Cette comparaison du berger a
été reprise par les prophètes,
soit pour dépeindre l'amour de Dieu
(Es.
40), soit pour donner aux chefs
en Israël le sentiment de leurs
responsabilités et pour annoncer le vrai
berger de l'avenir
(Ez.
34). Jésus, à son
tour, s'applique à lui-même cette
touchante image et décrit avec amour les
relations intimes que le bon berger entretient avec
ses brebis
(Jean
10).
Notre psaume peut se diviser en trois
strophes :
I. Au pâturage : repos et
abondance. L'Éternel est mon berger.
- Luther a dit : « D'autres noms de
Dieu, tels que Seigneur, Roi, Créateur,
inspirent toujours une sorte de crainte. Il n'en
est pas de même du mot de berger, qu'il
suffit d'entendre pour éprouver confiance,
consolation,
sécurité. »
Considérez ce qu'est le berger pour
la brebis et ce qu'elle reçoit de lui. Elle
est faible, sans défense contre les ennemis,
sans instinct pour retrouver la voie perdue ;
d'autre part, elle est menacée de toutes
sortes de dangers ; dans les pâturages
et les montagnes d'Orient, outre les accidents de
terrain, il y avait les animaux carnassiers, le
loup, l'ours, le lion. Que ferait la brebis
à elle seule ? Elle serait perdue. Tout
ce qu'elle peut faire, c'est de se mettre sous la
protection du berger ; il est pour elle la
condition même de la vie ; aussi
est-elle en paix, en sécurité. Quand
le berger l'accompagne et la garde, elle ne
manquera de rien ! En voici la
preuve :
Dès le matin, le berger lui procure
des pâturages abondants ; elle
peut
manger jusqu'à pleine satisfaction ;
c'est ce qu'indique le mot reposer. La brebis
rassasiée se couche paisiblement.
Lorsque vient l'heure de midi et la grande
chaleur du jour, le berger conduit son troupeau le long des eaux
tranquilles, dans un
endroit ombragé. Mais nous n'oublions pas
que dans la brebis, il faut voir le fidèle
lui-même et ses intérêts
spirituels. C'est pourquoi le psalmiste,
élevant ses pensées, fait
éclater l'image et
s'écrie :
Il restaure mon âme. - Le mot
âme n'a pas un sens abstrait comme c'est trop
souvent le cas dans notre langage d'aujourd'hui. Il
s'agit de la vie considérée dans ses
sources en nous-mêmes. Cette vie
intérieure est rafraîchie,
fortifiée. renouvelée par les soins
de l'Éternel. Ainsi restaurée, la
brebis petit marcher facilement dans les sentiers
où le berger la guidera.
Littéralement, ces sentiers sont droits, donc unis,
aisés ; mais
ce mot peut avoir aussi le sens moral de justice.
Ce sont les directions salutaires que Dieu donne
ait fidèle pour atteindre le but : la
plénitude de la vie, le salut.
À cause de ton nom. - Il y va
de la réputation du berger, de conduire
convenablement ses brebis ; il est
intéressé le premier à y
veiller. Au point de vue religieux, la
pensée est encore plus belle et plus forte.
Nous ne jouissons de tant de bienfaits que par la
pure grâce de Dieu. Dans le salut qui nous
est accordé, nous ne méritons rien,
Dieu est tout, son amour est la source ; c'est
vraiment à cause de son nom, c'est parce
qu'il est Dieu !
Il. En marche : pleine
sécurité, triomphe dans le danger. - La vallée de l'ombre de la
mort est
le symbole de tous les périls auxquels la
brebis est exposée. Quand le soir vient, le
troupeau doit rentrer par des chemins sombres,
même par une vallée redoutable, connue
par les sinistres qui s'y sont déjà
produits, repaire de bêtes féroces
peut-être.
Même ici la brebis ne craint
rien ; elle n'a qu'à se serrer contre
le berger, se mettre sous la protection de sa
houlette. Nul être n'approchera pour lui
faire du mal, du moment que le
berger étend sur elle sa forte main et
menace les ennemis de son bâton.
L'émotion ressentie dans cette
vallée est telle que le récit en
porte l'empreinte et que la brebis, dans un
élan de confiance, s'adresse directement au
berger : Tu es avec moi ! Ce
n'est
plus la description paisible des premiers versets,
à la troisième personne. Maintenant
c'est le ton du drame à la deuxième
personne, en attendant que ce soit le ton du
triomphe.
En effet, tout à coup la scène
change ; le berger devient un hôte
bien-aimé, généreux, riche, et
le voyage dangereux aboutit à
l'entrée dans un festin. En face des ennemis
devenus impuissants, la table est
dressée, l'huile répandue sur
l'hôte reçu et honoré, la coupe
remplie au point de déborder. Tout autant de
traits rapides, mais lumineux qui touchent au
domaine spirituel autant qu'au domaine
matériel : force. honneur, joie, toutes
les bénédictions sont données
au fidèle. Triomphe de la lumière sur
l'ombre, de la vie sur la mort, de la maison divine
sur la vallée dangereuse.
III. Dans la maison de
l'Éternel : félicité
sans mélange et sans bornes. La
bénédiction divine,
déjà grande au début, a fait
ses preuves : elle a été
protection, délivrance, accueil et
triomphe ! Maintenant cette
félicité réalise les
conditions d'absolue sécurité et de
durée sans fin : c'est l'habitation
dans la maison de l'Éternel.
Auprès de Dieu, il n'y a que grâce et bonheur ; et
tels seront
les compagnons de route que le fidèle aura
jusqu'à hi fin de sa vie. Les ennemis ont
disparu dans la confusion ; de tous
côtés, on ne voit que les
bénédictions : le mot bonheur (ou : bien) en indique
le
précieux contenu ; le mot grâce indique la source et la
condition de ces bienfaits. Tant de bonheur et par
le moyen d'une si parfaite
gratuité !
En outre, ces biens sont assurés au
fidèle jusqu'à la fin de sa
vie ; il habitera toujours dans la
maison de l'Éternel. Au sens spirituel, il
s'agit de la présence de Dieu. David pouvait
jouir de la félicité en sentant
près de lui, à Sion, l'arche de
l'Éternel, garantie de la protection divine.
Combien plus grande doit être la
félicité du chrétien qui a
pour garantie de la
présence et de la bénédiction
divines, non pas un monument matériel et
périssable (qu'est devenue l'arche
sainte ?), mais la personne mime du Fils
unique, le bien-aimé Sauveur, le Seigneur de
gloire.
Ce don de Jésus renferme tout le
reste. Avec lui pour berger, nous ne manquerons de
rien, ni de nourriture, ni de breuvage
(v. 2),
ni de force, ni de direction
(v. 3),
ni de délivrance
(v. 4),
ni de fête
(v. 5)
dans cette vie et dans
l'éternité
(v. 6)
Conclusion. - Ce psaume semble
convenir tout particulièrement à nos
chers enfants. L'image du berger et de la brebis si
bien à leur portée, et le tableau
qu'on peut en tracer si propre à
éveiller leur imagination, à toucher
leur coeur.
Il leur sera facile de voir dans leur propre
vie et spécialement dans les leçons
de l'école du dimanche, les marques de la
protection du Bon Berger. Tout est si bien
disposé, dans leur vie pour qu'ils aient la
nourriture du corps et de l'âme, pour qu'ils
reposent en sécurité, pour qu'ils
échappent à tout danger et
possèdent le bonheur éternel !
Qu'ils se laissent conduire par le Seigneur et pour
eux aussi se réalisera le mot du
psalmiste : « Le bonheur et la
grâce m'accompagneront tous les, jours de ma
vie ! »
ILLUSTRATIONS
Tout en lui. - On raconte que
trois
jeunes filles, en Orient, venaient de visiter un de
ces bazars extraordinaires dans lesquels brillent
les objets du plus grand luxe. Rentrées chez
elles, l'une disait : Combien j'aimerais avoir
cette robe merveilleuse de soie et d'or ! - La
deuxième disait : Et moi, comme je
voudrais posséder cette parure
éclatante de perles précieuses !
- La troisième se taisait et paraissait
rêveuse. Comme ses compagnes lui demandaient
avec étonnement si elle n'avait aucun voeu
à formuler, elle répondit en
soupirant et en levant les yeux au ciel :
Ah ! certes.
- Et que désires-tu donc ?
- Moi, dit la jeune fille, je voudrais
épouser le marchand, alors toutes ces
parures seraient à moi !
Recevoir de Dieu des grâces
particulières, ce n'est pas assez. Nous
pouvons être plus ambitieux et, pour avoir la
plénitude, désirer de posséder
le Seigneur lui-même. Si nous pouvons lui
dire : Mon berger, mon Sauveur, tout ce qui
est à lui sera à nous ; et c'est
ce qui nous est offert
(Ps.
23 : 1 ; Col.
2 : 10).
Kant et la Bible. - Dans une
salle
d'hôpital, un jeune sous-officier se mourait
de phtisie, raconte un pasteur. Je m'approchai pour
lui offrir les secours de l'Évangile.
- Je sais depuis longtemps, s'exclama-t-il,
tout ce que vous pourriez me dire. Je suis
né à Königsberg, la ville de la
raison, et j'ai étudié notre
célèbre Kant dont je professe la
philosophie.
- Eh bien, répondis-je, nous pouvons
aussi parler de Kant, si cela vous fait plaisir.
Qu'avez-vous donc lu de lui ?
- La critique de la raison pure.
J'étais premier en philosophie quand je dus
faire mon service militaire.
- Je vois que vous connaissez bien votre
philosophe. Mais avez-vous lu sa Critique de la
raison pratique ?
- Non, je ne connais pas du tout ce
volume.
- Eh bien, je l'ai trouvé très
instructif. Voici un passage qui me revient
à la mémoire : « Que
chacun agisse comme il voudrait que tout le monde
agisse. » Vous qui êtes aux portes
de l'éternité, pouvez-vous dire que
vous vous soyez inspiré constamment de ce
précepte ?
Il me regarda d'un oeil fiévreux et
dit :
- Non, je n'ai point agi ainsi.
Trois jours après je revins à
l'hôpital je saluai le jeune homme sans
m'arrêter et j'allai auprès d'un autre
malade.
- Ne viendrez-vous pas auprès de
moi ? soupira-t-il.
- Non, puisque vous en savez autant que
moi.
- Oh ! venez donc, je vous en
prie.
Il me confessa qu'il était un enfant
prodigue et me chargea d'écrire à sa
mère pour implorer son pardon.
- J'ai relu Kant à votre intention,
lui dis-je ensuite. Et ai retrouvé ce
passage qui peut vous intéresser : Dans
les milliers de livres que j'ai lus en ma vie,
aucune parole ne m'a consolé comme
celle-ci : « Quand même je
marcherais dans la vallée
de l'ombre de la mort, je ne craindrai rien, car tu
es avec moi ; c'est ton bâton et ta
houlette qui me consolent. »
Il me demanda des explications. Je lui lus
le Ps.
23. Il buvait mes paroles.
- Que c'est beau, ne voulez-vous pas me
prêter le livre ?
Je priai avec lui. Trois jours plus tard, je
revins. Mon jeune ami n'était plus, mais la
diaconesse me raconta qu'il n'avait pas
cessé de lire le saint livre et qu'il
s'était endormi doucement dans les bras du
Bon Berger.
G. P. -G.
Vous
souvenez-vous de ce
qu'était d'abord David, qui tua le
géant Goliath ? Petit berger
chez son père, il faisait
paître les moutons dans les
pâturages de Bethléhem. Il
avait probablement une houlette, long
bâton avec petite pelle à un
des bouts pour lancer un peu de terre aux
moutons qui s'écartent et les
ramener au troupeau. Quand il fut roi, il
n'oublia pas ce temps de sa
jeunesse ; il se souvint comment Dieu
l'avait toujours protégé, et
il composa un beau cantique dans lequel il
dit : L'Éternel est mon
berger, je ne manquerai de rien. Il
nous apprend comment l'Éternel
prend soin de ses enfants qui l'aiment et
lui obéissent, ainsi que le berger
de ses brebis.
Psaume 23
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