Cantiques N° 72 et 63.
Dieu n'a pas laissé l'humanité
sans témoignage ; nul homme ne pourra
dire qu'il ne savait rien, ne pouvait rien ;
toute âme a possédé les
premières lueurs de la
révélation et a été
mise dans la possibilité de travailler
à son propre salut, non dans le sens de la
justice propre, mais dans le sens du salut en
Jésus-Christ ; car c'est travailler
à son salut que d'apprendre à
craindre le Dieu des cieux, et que de se constituer
coupable en face de la loi
révélée : alors Christ
peut entrer dans les coeurs.
Ce psaume nous parle de cette
préparation sous deux formes, ou dans deux
livres différents : la nature et la
loi.
Le premier livre est ouvert depuis les
premiers âges et chaque homme peut voir le
nom de Dieu écrit comme en traits de feu
dans le ciel, dans les astres, et entendre la voix
de Dieu comme un son « subtil et
doux » à travers les espaces. Le
philosophe Platon a dit que le monde est une
épître de Dieu à
l'humanité.
A ce premier livre, Dieu en a ajouté
un second pour le peuple d'Israël : la
loi, non pas précisément les ordres
rituels, les commandements qui visent les
cérémonies du culte, les
prescriptions sur le manger et le boire ; mais
bien la loi morale, celle qui parle à la
conscience de tous les temps et dont le
résumé se trouve dans les dix
commandements, et encore plus
particulièrement dans les deux grands
commandements : aimer Dieu de tout son
coeur ; aimer son prochain comme
soi-même.
Le Psaume
19 se divise très
nettement en deux parties :
La première
(v.
1-7) présente le
témoignage des cieux à la gloire du
Créateur. À, ce point de vue de la
révélation universelle et naturelle,
le psalmiste emploie le mot Dieu, nom
consacré pour désigner l'Auteur du
monde.
La deuxième partie
(v.
8-15) apporte le
témoignage de la loi donnée à
Israël. Ici, c'est le mot Éternel qui
est employé, nom qui désigne Dieu
dans ses relations directes avec Israël en vue
du salut des hommes.
Ajoutons que ce Psaume a été
inspiré par un beau lever de soleil
(v. 6).
Si le psaume
8 est un chant de nuit,
celui-ci est un chant du jour.
1. Les cieux racontent la gloire de
Dieu. - Voilà l'impression
première et générale que tout
homme non prévenu éprouvera toujours
dans la contemplation d'un lever de soleil. Si la
gloire est le rayonnement des perfections divines,
qu'y a-t-il dans l'univers pour nous en donner une
image, de plus parlant, de plus triomphant que le
soleil, source de lumière, de chaleur, de
vie ! le soleil lorsqu'il monte à
l'horizon « comme un roi qui reconquiert
son empire et qui, secouant son manteau de flammes
sur le monde, l'anime de sa vie et l'illumine de sa
splendeur » (A. Dumas).
On ne peut trop recommander aux enfants
d'aller voir un lever de soleil ; il en reste
des impressions ineffaçables et, chez
beaucoup, ineffables ! On dit que Voltaire,
l'homme au sourire sceptique, fut piqué dans
son amour-propre d'écrivain en lisant les
descriptions magnifiques du lever de soleil que
faisait son rival J. -J. Rousseau. Il voulut en
avoir le coeur net et se rendit sur une montagne
à l'heure favorable. Il fut tellement
subjugué qu'il tomba à genoux et
s'écria : Oui, je crois en Dieu, le
Père ! - Mais comme il haïssait le
christianisme sous sa forme authentique comme sous
sa forme catholique, il se releva, se frotta les
genoux et dit : « Mais je ne crois
ni à la Mère, ni au
Fils ! » Cependant la gloire de Dieu
dans la nature lui était apparue et,
normalement, cette révélation
introduit dans la conscience celle de la loi et,
plus tard, celle du Fils aussi !
L'étendue donne à
connaître l'ouvrage de ses mains.
La première impression était
générale, directe, elle saisissait
toute l'âme ; la gloire de Dieu
apparaissait dans les cieux comme la lumière
qui frappe directement tout objet et remplit
l'espace en un clin d'oeil. Maintenant l'impression
est celle du détail, de chaque oeuvre et de
la multitude d'oeuvres à étudier. La
première impression touchait l'imagination
et par elle ébranlait l'âme tout
entière ; la
deuxième met en oeuvre l'intelligence ;
et chaque étude de détail, chaque
nouvelle acquisition de connaissance. ramène
au même sentiment d'adoration. Les anciens
avaient une science limitée, parfois
enfantine ; la nôtre est plus vaste,
plus sûre. Mais l'important n'est pas
l'étendue des connaissances, c'est l'usage
qu'on en fait ; c'est qu'au travers des
connaissances rudimentaires, comme au travers des
connaissances les plus profondes, le coeur sente
Dieu et l'âme le glorifie. Là est la
science suprême et le secret de la vie
féconde.
Vers.
3. Un jour en instruit un
autre jour. - Il y a une prédication
continuelle qui se fait, jour après jour,
année après année,
siècle après siècle.
« Ayant des yeux, ne voyez-vous pas,
disait Jésus ; ayant des oreilles,
n'entendez-vous pas ? » Les cieux
nous parlent de Dieu et leur voix est entendue
jusqu'aux extrémités de la terre.
L'apôtre Paul exprime la même
pensée non sous l'image du son, mais sous
celle de la vision : « Les
perfections invisibles de Dieu se voient depuis la
création.... »
(Rom.
1 : 20).
Ce témoignage est continu,
coordonné, passant d'une bouche à
l'autre. Le jour en instruit un autre jour, la nuit
une autre nuit. C'est une chaîne,
ininterrompue. L'esprit humain n'échappe
à l'un de ces témoins que pour en
entendre un autre. C'est comme dans la
poésie de Victor Hugo intitulée
Extase. Chaque étoile d'or, chaque flot bleu
redit à son tour : C'est le Seigneur,
le Seigneur Dieu.
Le psalmiste a relevé non seulement
la clarté de cette prédication, mais
encore son étendue. Et cette double
idée se retrouve dans la mention du
soleil : la lumière éclate, et
nul ne peut s'y dérober. Quelle magnifique
peinture que celle de cet astre ! La
fraîcheur et les grâces de l'aurore
symbolisées par le charme du fiancé,
par la beauté de l'époux ! La
course à travers le ciel
présentée comme l'élan du
héros, qui soumet à sa puissance tout
ce qu'il rencontre !
II. Le témoignage de la loi
(v.
8-15). - La transition n'est pas exprimée
entre
les deux parties. Mais on la sent
immédiatement dans l'emploi dit mot
Éternel. Si la contemplation des cieux est
liée à la gloire de Dieu, la
loi, elle, fait connaître la volonté
du Seigneur. À la lumière
extérieure succède la lumière
intérieure, et le premier don n'est qu'une
image du second, infiniment plus
précieux.
La loi de l'Éternel est
parfaite. - Le psalmiste décrit la
parole révélée en six phrases,
dont chacune renferme d'abord une
détermination spéciale : loi,
témoignage, ordonnances, commandements,
crainte de l'Éternel, jugements ; puis,
l'indication des bienfaits spirituels qui en
découlent. Si donc la première partie
du psaume a le caractère d'un tableau
général, d'une magnifique
synthèse (gloire de Dieu dans la nature), la
seconde partie est comme une analyse
étincelante de la lumière spirituelle
à travers le prisme de la conscience.
La loi, c'est l'expression de la
volonté divine dans son essence et sa
généralité. La loi
peut-être considérée comme un
programme de vie ; si l'homme cherche à
le réaliser par ses propres forces, si le
fidèle ne s'appuie que sur lui-même,
la loi devient un joug terrible, et c'est ce que le
pharisaïsme en a fait. Loi, confiance en
soi-même, amour-propre, propre justice,
fardeau écrasant : voilà tout
autant d'anneaux de la même chaîne, et
c'est celle-là que l'Évangile est
venu rompre pour nous donner la liberté de
la grâce !
Mais dans notre psaume, la loi est objet de
louange et d'amour. Comment donc cela se
peut-il ? C'est que le psalmiste ne la prend
pas au travers de son amour-propre, avec ses seules
forces et dans la prétention de manifester
sa propre justice, il la prend comme un don de Dieu
pour le bien de l'homme, un don qui s'enveloppe de
toutes sortes de grâces coopérantes.
Au lieu de l'extraire de l'ancienne alliance et de
dire : « Je suis capable de
l'accomplir par mes propres forces », il
tient cette loi soigneusement liée à
tout l'ensemble des dispensations divines qu'il
saisit par la foi. Il demande et reçoit le
secours pour faire la volonté de Dieu ;
il s'humilie, sent sa faiblesse, aussi Dieu lui
pardonne et le fortifie.
Ce point de vue de la loi-vie est bien
différent du point de vue postérieur
et pharisaïque de la loi-code ; aussi le
psalmiste affirme-t-il que la loi est
parfaite et qu'elle restaure l'âme. Tout
en elle lui paraît digne d'admiration :
connaissance de Dieu et de l'homme si
élevée au-dessus des religions
païennes ; secours divin si
étranger aux nations de la terre. La loi
glorifie l'Éternel, comme les cieux !
Elle provoque l'adoration.
Le témoignage de l'Éternel
est sûr : en lui-même,
c'est-à-dire qu'il ne subsiste aucun doute,
qu'il s'impose à la conscience ; et
aussi dans ses conséquences,
c'est-à-dire qu'il répond aux besoins
de la vie pratique. Par conséquent, ce
témoignage donne au simple la vraie sagesse,
celle qui consiste à penser juste et agir
comme il faut. Si par la foi nous recevons ce
témoignage, notre âme est restaurée ; elle est remise sur
pied ; elle se fortifie ; elle
bâtit son édifice sur les assises
impérissables de la
vérité.
Vers.
8. Les ordonnances de
l'Éternel : Ce mot signifie non
seulement l'ordre qui émane d'une
autorité, mais encore l'ordre au sens
pratique, tel qu'il règne dans les choses
bien conduites. Ces ordonnances sont droites
: elles maintiennent sur le bon chemin, elles
rendent la vie normale. C'est un réconfort
de sentir que tout va comme cela doit aller ;
c'est une expérience qui réjouit
le coeur.
Le commandement de l'Éternel.
- Nouvelle détermination de la loi,
semblable à la précédente. Ici
c'est le caractère de pureté qui est
relevé et par conséquent, une
lumière en jaillit, les yeux en sont éclairés.
Vers.
10. La crainte de
l'Éternel, dans le sens de respect et
d'hommage rendu, participe à cette
même pureté. Point de mélange
charnel, point d'élément
compromettant ! Cette crainte possède
des garanties de solidité et de
durée ; comme elle se moule pour ainsi
dire sur la personne de Dieu, elle tire aussi de
là ce précieux avantage, qu'elle
subsiste à toujours.
Enfin, les Jugements de Dieu
désignent les décrets
promulgués, les décisions prises, les
applications de la loi ; tout y est
vérité, tout y est justice. Il
n'y a pas de contradiction entre
le principe et les conséquences
tirées, ni de fissure entre l'esprit
général et les réalisations
particulières. En définitive, c'est
un assemblage merveilleux (v. 11), une richesse
plus désirable que l'or (pour celui qui ne
la possède pas encore) et une douceur plus
excellente que celle du miel (pour celui qui
possède déjà la loi dans son
coeur).
Vers.
12. Ton serviteur. -
Tout ce qui précède est une analyse
de la loi en elle-même et dans ses effets.
Ici le psalmiste prend l'exemple concret et montre
le fidèle éclairé et
récompensé, comme il en fait
l'expérience lui-même.
La récompense en question n'est pas,
comme l'entendaient les pharisiens plus tard, un
salaire mérité et
réservé aux justes, mais bien
plutôt les bénédictions qui se
trouvent dans l'accomplissement même de la
loi ; récompense morale qui remplit le
coeur et non la main, qui satisfait la conscience
et non l'orgueil ; joie qui encourage le
fidèle à persévérer et
lui fait désirer de mieux accomplir la loi
que par le passé.
Vers.
13. Aussi le psalmiste
s'humilie-t-il, et cela non seulement pour les
fautes connues, mais encore pour les fautes
cachées ou commises par égarement. Qui les connaît ?
Quelle
délicatesse de conscience et quelle
intégrité d'âme ! Quelle
soif de vraie justice et quelle salutaire
défiance envers soi-même !
Vers.
14. Après la demande de
pardon, après le règlement complet du
passé, vient la question de l'avenir, le
désir de la sanctification. Aussi vaut-il
mieux traduire Préserve ton serviteur des péchés volontaires
(plutôt que: des orgueilleux). Ce sens
est le plus naturel dans le contexte.
Ainsi pardonné et gardé, le
psalmiste fera ce qu'il est possible à un
fidèle de faire : être
innocent de grands péchés, ce qui
signifie : réduire le
péché au strict minimum ; non la
perfection réalisée, mais l'effort
loyal qui y tend.
La prière du psalmiste se termine par
un sacrifice offert à Dieu : Ses
paroles et ses sentiments, la bouche et le coeur, tout
est mis sur l'autel de
Celui qui est à ses yeux le Rocher :
celui dont l'appui ne fait jamais défaut, -
et le Libérateur : celui dont l'amour
rachète et délivre.
Dans cette prière passe le souffle de
la vraie piété et de la vraie
consécration. Dieu est mis à la place
qu'il mérite, et l'homme se tient devant lui
comme un serviteur (v. 14). Puissions-nous aussi,
après avoir contemplé Dieu dans les
cieux et dans la loi, dans les prophètes et
en Jésus-Christ, nous consacrer à lui
en disant comme le psalmiste : Ton
serviteur !
ILLUSTRATIONS
1° Comment le soleil manifeste la
grandeur du Dieu invisible. - Glanures, p. 9. Voir
Dieu !
(1)
2° Le grand philosophe Kant a
dit : « Deux choses remplissent mon
âme d'une admiration et d'une
vénération toujours nouvelles et
toujours croissantes : le ciel
étoilé au-dessus de moi et la loi
morale au-dedans de mol. Ces deux spectacles sont
liés à la conscience même de
mon être.
3° Un Français incrédule
observait, en traversant le Sahara, son guide
à robe, qui à certains moments
laissait tout pour s'agenouiller sur le sable et
prier son Dieu. Un soir, il lui dit : Comment
sais-tu donc qu'il y a un Dieu ? - Le guide le
regarda tranquillement un moment et lui dit d'un
ton solennel : Comment sais-je que la nuit
dernière, c'est un homme, non un chameau,
qui a passé devant ma tente ? N'est-ce
pas par l'empreinte que son pied a laissée
sur le sable ? De même, - continua-t-il
en levant la main vers le soleil qui se couchait,
inondant le vaste ciel et le désert
illimité de ses flots de lumière
empourprée, - cette empreinte-là me
dit qui est Celui qui a passé.
G. P. -G.
Les hommes ont
divers langages ;
ils parlent français, allemand,
anglais, italien, russe. Ils parlent aussi
avec la plume, en écrivant à
leurs parents, à leurs amis, en
composant des livres. Le
bébé parle par ses gestes,
ses cris, ses pleurs, et la maman le
comprend. Vos parents vous parlent
quelquefois par des punitions, et beaucoup
plus souvent par leurs
dons : ils vous donnent à
manger, vous font des nouveaux
vêtements, vous procurent des
plaisirs, ainsi ils vous disent qu'ils
vous aiment. On parle aussi par des
dessins. des tableaux, des
édifices : le drapeau rouge
avec la croix blanche nous dit que nous
devons nous aimer les uns les autres,
comme Jésus-Christ qui, pour nous
sauver, mourut sur la croix ; la
flèche de l'église nous dit
que nous devons prier notre Père
qui est au ciel. - De même Dieu
parle de diverses manières, mais
surtout par ses oeuvres et par la
Bible.
Psaume 19.
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