Cantiques N° 56 et 66.
Si nous pensons au
cérémonial et aux rites qui
distinguaient le culte juif, si nous
considérons les idées
prédominantes de ce temps sur les sacrifices
sanglants et les oeuvres extérieures, si
nous nous rappelons la mentalité
orgueilleuse des pharisiens, ce psaume nous
paraîtra étonnant de
spiritualité ; il met l'accent sur les
dispositions du coeur et sur les
conséquences qui découlent d'une
vraie piété.
À la demande : Qui peut
légitimement demeurer dans la maison de
l'Éternel ? la réponse n'est
pas : Celui qui accomplit tel rite, qui fait
tel sacrifice ! Pas davantage :
Celui-là seul qui a le privilège
d'une naissance sacrée, le lévite, le
sacrificateur, le descendant d'Aaron, l'enfant
d'Abraham. Mais bien plutôt : celui qui
réalise la justice en son
coeur !
Dieu est esprit, et il faut l'adorer en
esprit ; cet enseignement que Jésus
donnait à la Samaritaine a pour ainsi dire
sa préface dans notre psaume. La maison de
l'Éternel sera la demeure
de tous les fidèles qui servent Dieu, et non
pas d'une caste sacerdotale quelconque.
La question (v.
1). - Éternel, qui
séjournera dans Ion tabernacle ? Le
mot séjourner évoque l'idée
d'un voyage suivi d'un séjour limité.
Le mot habiter qui se présente dans la
seconde phrase indique quelque chose de plus :
une habitation définitive. C'est donc une
gradation qui correspond aux lois de l'âme.
On demande d'abord le moins, puis le plus, comme
Abraham dans son intercession. Évidemment le
psalmiste ne sera pleinement heureux que s'il peut
avoir l'assurance d'habiter toujours sur la
montagne de l'Éternel et de vivre toujours
avec Dieu.
Ce séjour et cette habitation ne
sont pas nécessairement un fait
extérieur et physique. Le tabernacle est le
lieu de la présence divine, autour duquel se
meut le peuple d'Israël. Mais cette
présence est spirituelle, elle
déborde le sanctuaire matériel, elle
devient une communion offerte à tout
fidèle et dans ce sens spirituel, le
psalmiste désirera non seulement habiter
dans la maison de l'Éternel, mais encore la
visiter soigneusement.
(Ps.
27 : 4-5.) On sent que
cette préoccupation est d'ordre religieux et
moral avant tout.
Cette question : Qui
séjournera, qui habitera ? n'est
pas manière de parler, tournure
littéraire ! C'est l'expression d'une
véritable recherche, d'une véritable
consultation de l'Éternel. Comme aujourd'hui
quelqu'un méditant sur la vie et
l'éternité se dirait : Qui peut
aller au ciel ? ainsi le psalmiste se
dit : Oui pourra demeurer sur la montagne
sainte ?
La réponse se trouve dans la
révélation de Dieu, dans sa Parole,
dans le sanctuaire de la prière. Elle nous
est donnée ici sous une forme positive et
générale
(v.
2) et sous une forme négative et
analytique
(v.
3-5).
La réponse
(v.
2-5). - D'abord les conditions
positives à remplir : marcher dans
l'intégrité, voilà le
sommaire de tout ce qui suit.
L'intégrité est cet état d'une
chose qui a toutes ses parties, qui n'est pas
entamée, qui n'a subi aucune
altération.
Cette intégrité
apparaît déjà dans l'union des
deux verbe, qui
suivent :
faire et dire. Il ne serait pas intègre
(lat. integer = entier) celui qui se
contenterait de dire de belles paroles et qui ne
ferait pas le bien, qui se contenterait de certains
actes religieux et qui ne rendrait pas
témoignage de sa bouche ou qui parlerait
autrement qu'il ne sent dans son coeur. Être
intègre, c'est donc se donner tout entier
à Dieu ; bien plus, le psaume ne dit
pas être, mais marcher dans
l'intégrité. Ce dernier terme est
beaucoup plus vivant ; seul, il embrasse toute
la vie et correspond à l'idée
d'intégrité. Être
n'indiquerait qu'un état à un moment
donné, marcher indique l'orientation de
toute l'existence, c'est complet.
Cette intégrité consiste
en deux choses : justice et
vérité !
Programme admirable. L'Évangile y
ajoutera (Eph. 5 : 9) bonté ;
l'ancienne Alliance sait bien entrevoir cet
idéal-là ; elle dit d'aimer le
prochain comme soi-même ; mais ce sont
des horizons lointains, des réalités
auxquelles on n'atteint pas encore, et le programme
pratique demeure plutôt : justice et
vérité.
Pratiquer la Justice
est une
notion qui embrasse toute la conduite
extérieure, et la justice consiste à
rendre à chacun ce qui lui est dû
à commencer par Dieu. Quelle tâche
énorme !
Dire la vérité
telle qu'elle est dans son coeur, c'est le
témoignage de la vie intérieure qui
s'ajoute à la conduite visible. On peut voir
ici le devoir de la sincérité, de la
véracité, de la loyauté ;
on peut y voir également, pour celui qui
connaît la vérité religieuse et
la possède en son coeur, le devoir d'en
rendre témoignage.
On ne pourra jamais trop insister
auprès des enfants sur chacun de ces
devoirs : être intègre par
l'accord des paroles et des actions ;
être juste envers les autres comme on
réclame la justice pour soi ;
vérité en toutes choses, horreur du
mensonge, noblesse du coeur !
L'analyse de l'intégrité
(v.
3-5). - Cette partie est
négative, elle représente les
premiers degrés de la morale
religieuse ; mais si
élémentaires que ces recommandations
puissent être, lequel se flattera de les
avoir mises toujours et
complètement en pratique ? N'ont-elles
pas en particulier pour les enfants toute leur
actualité ? L'ancienne Alliance a
été une préparation de bien
des siècles pour l'âme
israélite ; aujourd'hui cette
période qui précède le salut
est bien diminuée. Nous
bénéficions de ce long travail des
âges et en quelques années à
peine nous pouvons franchir le stage
préparatoire et passer de la loi à la
grâce. Mais les premières
expériences, imparfaites et provisoires,
n'en restent pas moins nécessaires, et
l'enfant a besoin de s'appliquer à
l'observation de la loi pour comprendre ce qu'est
le péché, ce que vaut le pardon, et
combien la grâce l'emporte sur la
loi.
Probité sans tache
(v.
3). - Le fidèle ne peut
habiter sur la montagne sainte, ni vivre en la
présence de Dieu, s'il y a chez lui des
souillures du genre que ce verset signale. Comment
celui qui calomnie pourrait-il demeurer dans
le sanctuaire ? Comment pourrait-il avoir le
moindre désir d'y séjourner ? On
ne peut rechercher à la fois la
vérité et le mensonge, la
lumière et les ténèbres. Ce
serait au prix d'une nouvelle fourberie qui
exclurait totalement de toute communion avec Dieu
et de toute prétention ait salut.
De même celui qui fait du
mal, qui outrage le prochain a-t-il
quelque ressemblance avec le Dieu saint, juste,
bienveillant, père de tous les hommes ?
Voilà tout autant d'impossibilités
morales !
Attitude franche
(v.
4). - Pour être admis dans
les parvis de l'Éternel, il faut avoir
choisi l'Éternel en face des hommes ;
il faut avoir pris nettement position et
s'être détaché des méprisables et des réprouvés, non
pour les
dédaigner comme notre verset semble le dire,
mais pour condamner hardiment leurs mauvaises
oeuvres et pour leur dire sérieusement la
vérité. Il faut d'autre part se
joindre courageusement à ceux qui servent le
Seigneur, qui craignent
l'Éternel !
Cette attitude ne doit laisser aucun
doute dans notre esprit ou dans celui des autres.
La preuve de cette franche position, c'est que le
fidèle condamne le mal non seulement chez autrui,
mais encore et
surtout chez lui-même. S'il a juré, c'est-à-dire s'il s'est
engagé solennellement, s'il a accepté
des responsabilités, rien au monde ne le
fera reculer. Il subira plutôt un dommage que
de manquer à sa parole. Quel noble
témoignage de
piété !
Loyauté dans les affaires
(v.
5). - Trop facilement on se
laisse entraîner dans ce domaine à
faire comme tout le monde. Aujourd'hui on
dit : Les affaires sont les affaires !
comme on dit : La guerre, c'est la
guerre ! Et le monde se grise ainsi de
paroles. Accepterait-on que les païens se
justifient en disant : Le paganisme, c'est le
paganisme ! ou que le jeune homme excuse tout.
en disant : La jeunesse c'est la
jeunesse ; le corps, c'est le corps !
Quelle absurdité ! Rien ne doit, rien
ne peut-être soustrait à la loi
morale ; et sa sentence est souveraine :
C'est bien ou c'est mal ! Sans cette
lumière, l'homme est perdu.
Nul ne peut espérer être
admis auprès de Dieu, s'il prête son
argent à usure. Le texte peut
signifier simplement contre intérêt,
car c'était la défense faite à
Israël
(Ex.
22: 25). Évidemment, les
conditions sociales ont changé dés
lors, tout autrement que dans un peuple aux moeurs
primitives, nomades ou agricoles, l'argent
d'aujourd'hui est une valeur productive au premier
chef. Ce qui est à condamner de nos jours,
pour rester dans l'esprit de notre texte, ce n'est
pas l'intérêt raisonnable, c'est
l'usure, l'exploitation du pauvre et du malheureux,
des arrangements tels que le débiteur ou
l'ouvrier ne peut d'aucune façon se relever,
se procurer une meilleure situation. Pour rester
dans l'esprit de notre psaume, il faudra en plus
d'un cas prêter avec les plus grandes
facilités pour le débiteur malheureux
et, à l'occasion, prêter sans
intérêt.
La question d'argent joue
également un rôle dans l'exercice de
la justice, dans le témoignage à
rendre sur quelqu'un. On peut se laisser corrompre
par des cadeaux et tordre la vérité
pour une récompense. Ce trafic abominable
sépare l'homme du Dieu juste, le coupable
sera emporté par le courant du
péché et marchera à sa
perdition. Mais le fidèle qui met en
pratique les principes du psalmiste ne sera jamais
ébranlé. La pratique de la justice
donne à la vie une assise qui ne chancelle pas. L'homme de
bien habite une
forteresse que rien ne peut renverser.
Ici nous rejoignons le discours sur la
montagne. Jésus a aussi examiné la
question de savoir qui entrera dans le royaume des
cieux
(Mat.
7: 21) « Ce n'est pas
celui qui dît... c'est celui qui fait...
L'homme prudent qui bâtit sa maison sur le
roc, c'est celui qui entend les paroles que je dis
et les met en pratique. » Ainsi
l'intégrité dans l'ancienne Alliance
rejoint l'intégrité dans la nouvelle
Alliance. La disposition du coeur est la
même, c'est seulement la
révélation qui change ; la main
tendue reste la même, le don reçu
devient simplement plus précieux.
« La loi a été
donnée par Moïse ; la grâce
et la vérité sont venues par
Jésus-Christ »
(Jean
1 : 17). Mais pour
recevoir, il faut demander, il faut que se pose
dans le coeur de nos enfants une question semblable
à celle du psalmiste : « Qui
sera reçu dans la maison de Dieu, qui pourra
être sauvé ? »
ILLUSTRATIONS
1° Qui est juste ?
- Il
y a quelques années, un missionnaire juif,
de La Roi, accompagné de son ami Flad,
faisait une tournée missionnaire en
Autriche. Un soir, il s'arrêtèrent
devant une synagogue et lurent à haute voix
l'inscription sculptée au-dessus de
l'entrée : « C'est ici la
porte de l'Éternel, les justes y
entreront. » Le concierge de la
synagogue, surpris de les entendre lire
l'hébreu, les engagea à entrer. De La
Roi répondit :
- Je crois que je n'ai pas le droit
d'entrer ici.
- Pourquoi donc ?
- Parce que je ne suis pas un Juste.
Pendant qu'ils s'entretenaient sur la
justice d'après l'Ancien Testament, ils
entrèrent dans l'édifice. Les
fidèles arrivèrent, quelques rabbins
aussi ; on s'apprêtait à dire les
prières du soir. La conversation s'engagea
promptement :
- Vous êtes aussi peu justes que
nous-mêmes, leur dit de La Roi, car nous
n'observons qu'imparfaitement les commandements de
Dieu.
- Mais la loi n'est pas pour les
gentils, observa quelqu'un.
- Les chrétiens, dit Flad,
observent aussi cette loi.
On parla ensuite du dixième
commandement : Tu ne convoiteras pas.
- Vous abstenez-vous vraiment de toute
convoitise ? demanda de La Roi.
Alors l'un des Juifs baissant la
tête, dit:
- Si la loi de Dieu est aussi stricte
que cela, je ne suis pas juste, je dois en
convenir.
- Il est pourtant écrit, reprit
l'un des missionnaires
« Maudit celui qui ne
persévère pas à faire toutes
les choses qui sont écrites dans la
loi ; mais nous connaissons Celui qui justifie
les injustes, c'est l'Éternel notre
justice ! »
2° Que ferai-je ?
-
Richard Weaver était un ouvrier bouilleur
adonné à la boisson, perdu de moeurs
et devenu la terreur de ses propres camarades. Il
logeait chez son frère, un surveillant de
houillère.
« Un mercredi soir, dit-il,
j'étais couché et je combinais en moi
les moyens de vaincre un homme avec lequel je
devais me battre le samedi suivant. Mon
frère rentra d'une réunion religieuse
et J'entendis sa femme lui demander
- Quel était le
texte ?
Il répondit :
- Que ferai-je donc ?...
De mon lit, j'écoutais et je me
dis : Quel drôle de texte. Il doit y
avoir autre chose. Puis je songeai : Oui, que
ferai-je donc quand Dieu s'élèvera en
jugement contre moi ? Je me retournai dans mon
lit en soupirant : Ah ! je serai
damné.
Dieu planta ce texte dans mon coeur
comme un clou. Je ne pouvais ni dormir ni
prier ; une lutte furieuse s'engageait entre
la puissance de Satan et celle de Dieu. Le
lendemain matin, mon frère m'appela pour
aller au travail ; je répondis que
j'étais malade et incapable. J'avais peur de
mourir dans la mine et d'aller droit en enfer. Je
ne pus rien faire de tout le jour et je passai la
nuit suivante en gémissant.
Le vendredi je dépensai 8 francs
en boisson. La terre semblait s'entr'ouvrir pour
m'engloutir. Je suppliai Dieu de m'épargner
encore et promis d'aller le lendemain prier
à l'endroit ou je devais me battre.
Là, de bonne heure, je me jetai à
genoux : « Jésus, je veux
fermer les yeux et ne les rouvrir » que
lorsque tu m'auras pardonné mes
péchés. » Satan chercha
à me troubler, mais j'entendis comme la voix
de ma mère me dire : « Dieu a
tant aimé le monde qu'il a donné son
Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne
périsse point, mais qu'il ait la vie
éternelle. » Le monde, j'en fais
partie ; donc il m'aime aussi !
Quiconque, c'est aussi Richard Weaver. À
cette heure même la paix entra dans mon
coeur ! »
G. P. -G.
Les enfants
aiment à interroger.
Ça leur est permis, pourvu que
leurs questions ne soient pas
intempestives (parents occupés
à un travail attachant,
s'entretenant avec grandes personnes) ou
indiscrètes (choses que les enfants
doivent ignorer). Vous pouvez aussi
interroger le Seigneur, comme le fit Saul
(Act.
9 :
6). Si c'est
avec le même désir
sincère d'obéir, il
répondra à votre
prière d'une manière ou
d'une autre, par une bonne pensée
de votre coeur, un conseil de papa ou
maman, un devoir à remplir, un
service à rendre.
Psaume 15.
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