Cantiques N° 9 et 5.
Le ton des psaumes est en
général plutôt
véhément ; le fidèle se
trouve dans la détresse matérielle ou
morale, son appel est pressant, sa supplication
ardente : il ébranle les cieux et lutte
avec Dieu. Rien ne nous absorbe comme notre propre
malheur ; tout le reste recule au second
plan.
Mais quand le calme est revenu, quand on se
sent à l'abri de la tourmente, l'attention
peut se porter sur le monde qui nous entoure ;
l'esprit s'élève aux pensées
générales et sereines ;
l'âme entre dans la contemplation des
réalités supérieures, de tout
ce qui est beau et grand, juste et bienfaisant,
source et programme de vie.
Si les psaumes précédents
expriment de violentes émotions, celui que
nous allons étudier garde une
sérénité aimable, une
majestueuse élévation.
Bien que les indications d'auteur, de temps
et de musique, soient dans le recueil des psaumes
d'un caractère généralement
tardif et énigmatique, on peut attribuer le
psaume VIII à David, comme le déclare
la suscription. Mais rien ne révèle
la date exacte (le la composition ; faut-il
remonter au temps où David était
berger ? Bien plus probablement est-ce dans
une période paisible de son Ion ?
règne, par une belle nuit
étoilée, et du haut des terrasses de
son palais, que David a contemplé les cieux
et la terre et qu'il a composé ce chant,
simple comme les lignes du ciel et lumineux comme
les astres rayonnants.
Le mouvement de la pensée est
aisé à suivre : à la vue
des merveilles de la création, le
fidèle loue l'Éternel ; par
contre-coup il ressent sa petitesse et
s'étonne d'être l'objet des
bénédictions divines ; la
conscience de ses privilèges devient ainsi
un nouveau sujet de glorifier Dieu.
On peut diviser ce psaume en trois
strophes :
I. La création exalte Dieu
(v.
2 et 3). - Le psalmiste savait
voir et comprendre ; le fait n'est pas si
répandu. Que d'hommes qui ne prêtent
aucune attention à l'oeuvre de Dieu dans les cieux
et
sur la
terre ! Comme l'animal, ils vivent uniquement
pour chercher leur satisfaction personnelle, pour
manger, boire et jouir de la vie. Et dans cette
catégorie prennent place non seulement les
pécheurs grossiers, scandaleux, ceux qui se
livrent à l'amour de la chair et des biens
matériels, mais aussi les pécheurs
honnêtes qui matériellement arrangent
leur vie pour en tirer le meilleur profit ; et
même les pécheurs raffinés qui
savent tirer du monde visible les joies les plus
élevées, les moins
égoïstes : celles des beaux-arts,
musique, peinture, architecture, ou des sciences de
toutes sortes.
Tous ces gens ne voient que pour leur profit
et ne s'élèvent pas au-dessus
d'eux-mêmes. Ils ne savent pas
réellement observer et tirer les conclusions
les plus importantes. Tout l'univers proclame Dieu
et ils ne s'en soucient pas ! Ils voient tout,
excepté l'essentiel ! Quel
aveuglement ! On comprend que Jésus ait
dit à des disciples : « Ayant
des yeux, ne voyez-vous pas ? N'avez-vous
point d'intelligence ? »
(Marc
8 : 17.)
Il faut regarder ce monde merveilleux et ne
pas se borner aux impressions matérielles de
couleur et de ligne : il faut s'arrêter
et faire réflexion. Alors l'univers se
transfigure aux yeux de l'esprit : temple
grandiose, non fait de main d'homme... quelqu'un y
apparaît, quelqu'un de grand, de saint, de
glorieux, dont la face reste encore
voilée ; mais il est assis sur son
trône, et les pans de sa robe remplissent le
sanctuaire
(Esaïe
6).
Que ton nom est magnifique !
-
Le nom renferme tout ce que nous savons d'une chose
ou d'une personne. Dès qu'on aperçoit
la présence de Dieu dans les splendeurs de
l'univers, son nom devient flamboyant, il brille sur toute la
terre.
Mais est-il vraiment reconnu et loué
de tous les hommes ? Le psalmiste sans doute
n'est pas la seule âme pieuse de son temps,
et quand il dit : Notre Seigneur, il
associe à sa profession de foi bon nombre de
fidèles. Mais en dehors de la
communauté israélite, qui
célébrait le magnifique nom de
l'Éternel ? Que de
ténèbres et
d'incrédulité autrefois, aujourd'hui et par toute
la
terre ! Il n'en est pas moins vrai que ce nom
est magnifique en tout lieu et le psalmiste fait la
preuve en deux considérations :
Ta majesté s'élève
au-dessus des cieux. - La proclamation de Dieu
ne dépend donc pas uniquement de la bonne
volonté des hommes. Il y a un fait qui
subsiste en dépit de toute
indifférence et de tout jugement
défavorable ce nom reste écrit dans
les cieux ! Beaucoup le nient pendant
longtemps ; puis, un beau jour, tout à
coup, ils y croient ! C'est un appel qui
retentit à chaque instant, en tout
lieu ! Cette majesté qui
s'élève par dessus les cieux, dit
encore plus que le nom magnifique sur toute
la terre. Par ce dernier terme, Dieu pourrait
être conçu comme enfermé dans
les limites de la nature, ainsi que les dieux
païens. Par le terme de majesté
au-dessus des cieux, Dieu apparaît comme
la personnalité qui a tout
créé, qui est au-dessus de tout, qui
ne dépend de personne et dont la cause ne
peut que triompher dans ce monde et dans
l'éternité.
Par la bouche des enfants. -
Seconde
considération qui établit aux yeux de
tous la réalité et la grandeur de
Dieu. Qu'est-ce qui prouve la sagesse et la
puissance d'un être autant que l'emploi de
faibles moyens pour accomplir de grandes
choses ? L'enfant est ce faible moyeu,
lorsqu'en son langage imparfait, il Joue Dieu. Par
de simples cris d'admiration à la vue d'une
brillante fleur, d'un bel oiseau, d'un nuage
doré, d'un astre étincelant, le petit
enfant rend témoignage à Dieu, et son
âme droite confond l'incrédule aux
raisonnements tortueux. Que d'exemples touchants
où c'est la parole d'un petit qui a
ramené à la foi un père, une
mère, un homme fier de sa science !
(Matt.
11 : 25.)
Il. L'homme comparé à la
nature (vers. 4
à 6). - La contemplation
des cieux, surtout par une nuit
étoilée et profonde, nous
amènera toujours à
répéter la parole de Pascal :
« Qu'est-ce que l'homme dans la
nature ? un néant à
l'égard de l'infini, un tout à
l'égard du néant : un milieu
entre rien et tout. »
À première vue, la distance
est immense entre la grandeur des oeuvres de Dieu
dans le ciel et la petitesse de l'homme sur la
terre.
L'homme,
son nom même signifie poussière ; qu'est-il donc pour que
Dieu se souvienne de
lui ? Mais il ne faut pas confondre la
taille avec la grandeur, la dimension et le poids
avec la réelle valeur. Même au point
de vue matériel, le petit peut être
aussi merveilleux que l'immense. Le microscope nous
a révélé dans un insecte, dans
un brin d'herbe, autant de choses admirables que le
télescope dans la voûte
céleste. Et le psalmiste sait dire à
Dieu : « Je te loue de ce que je
suis une créature si
merveilleuse » (Ps. 139 : 14). Qui
dira tout ce que la science a découvert de
sagesse et de beauté dans l'organisation de
notre corps et tout ce qui nous y est encore
caché ?
Mais ce n'est pas la principale
considération. Au point de vue strictement
matériel, nous vaudrions moins que le
soleil, la lune et les étoiles, moins que
l'éléphant et le cheval ;
seulement notre dignité ne réside pas
dans le corps ; elle est dans, l'esprit.
« L'homme est un roseau, le plus faible
de la nature, mais c'est un roseau
pensant ! »
Ainsi Dieu n'a pas abandonné
l'homme ; loin de le déshériter,
il l'a honoré de la grâce la plus
précieuse, Il lui a donné une
âme à son image.
Tu l'as fait de peu inférieur
à Dieu (ou à un dieu). -
Voilà l'ordre de grandeur auquel l'homme
atteint, le plus haut qui se puisse imaginer dans
le monde créé. L'homme est un peu
au-dessous de Dieu par les limitations de temps,
d'espace, de force que lui impose sa constitution
matérielle ; mais il se rapproche
constamment de Dieu par le développement
graduel de sa vie morale, par son union intime avec
le Créateur. Ainsi la gloire de Dieu et sa
magnificence se communiquent à
l'homme ; ce reflet divin est sa couronne
royale. Dieu règne, l'homme doit aussi
régner. C'est ce que le psalmiste va
montrer.
III. L'homme roi de la
création (vers. 7
à 9). - Une royauté
morale telle que Dieu l'accorde, n'est
réelle qu'à la condition de
s'exercer ; il y faut un royaume : ce
seront les oeuvres mêmes de Dieu. Tu lui
as donné Ici domination.... Ce mot
rappelle la déclaration de la
Genèse : « Faisons l'homme
à notre image, qu'il domine sur les
poissons, etc. »
(Gen.
1 : 26) La ressemblance
avec Dieu, la glorieuse empreinte divine implique
donc la domination sur les animaux, sur toutes
choses, dans le ciel et sur la terre. Le psalmiste
énumère ces objets dans un ordre
rigoureux : tout près, les brebis et
les boeufs ; plus loin, les animaux des
champs ; plus loin encore, dans deux domaines
difficiles à atteindre, les oiseaux du ciel,
les poissons des mers.
Ainsi les trois règnes,
minéral, végétal, animal, sont
mis à la disposition de l'homme.
Lui-même appartient à un règne
supérieur, un quatrième règne,
trop souvent oublié, le règne de
Dieu. Trait d'union entre le monde matériel
et le monde spirituel, l'homme était
appelé à régner sur celui d'en
bas en déployant les puissances de celui
d'en haut. Chose inouïe.
déchéance tragique, il s'est
laissé séduire par le monde animal
qu'il aurait dû dompter ; il est
descendu jusqu'à chercher dans ce domaine
inférieur le dieu qu'il adore
(Rom.
3: 23). Dès lors il est
devenu esclave, bien que gardant encore l'empreinte
et la vocation de la royauté.
Conclusion. - Il est étonnant
que ce psaume ne semble tenir aucun compte du
péché. L'homme est envisagé
exclusivement au point de vue des intentions
divines, de sa primitive orientation, de sa
destinée essentielle ; il est fait
appel à tout ce qui en fait foi encore
aujourd'hui dans notre vie intellectuelle et
morale. C'est l'homme idéal, l'homme-type
tel qu'il sera réalisé parfaitement
en Christ. Sans l'aire de ce psaume une
prophétie, nous disons que Jésus, le
Fils de l'homme, est l'exemple le plus complet de
l'abaissement
(v.
5) et de
l'élévation
(v.
6) dont parle notre psaume (voir Hébr.
2 : 9).
C'est donc en Christ que maintenant l'homme
est à la fois humilié et
glorifié ; c'est en Christ, que le nom
de Dieu est magnifique et se répand sur
toute la terre.
À nous de venir à Christ comme
des enfants, sincères et confiants, humbles
et pourtant désireux de recevoir les plus
riches bénédictions. Par Christ, nous
régnerons ; tout nous sera soumis
(1
Cor. 3 : 20-23). Après
avoir été privés de la gloire
de Dieu par le péché
(Rom.
3 : 23), nous retrouverons
la couronne perdue
(Rom.
5 : 11 ; 2
Cor. 3 : 18, etc.)
L'amour de Dieu est descendu jusqu'à
nous et l'étonnement du psalmiste en face de
la condescendance divine devient pour nous
« la joie ineffable et
glorieuse » dont parle l'apôtre
Pierre. Plus et mieux que le psalmiste, nous
pouvons conclure :
Éternel, notre Seigneur, que ton nom
est magnifique sur toute la terre !
ILLUSTRATIONS
Vers.
3.
- 1° Glanures, p. 13 : Voltaire et
l'enfant. (1)
2° Le philosophe Sintenis, il y a un
siècle, éleva son enfant
jusqu'à l'âge de dix ans sans rien lui
dire de Dieu. Intrigué par certaines allures
du garçon, il le surprit un beau matin, au
fond du jardin, à genoux, les bras
levés vers le ciel et faisant sa
prière au soleil levant dont il avait fait
de lui-même sa divinité.
Vers.
6. - Un roi, visitant une
école de village, interrogeait les enfants
sur l'histoire naturelle. Il leur montre une pierre
et demande : A quel règne appartient
ceci ? - Les enfants
s'écrièrent : Au règne
minéral ! - Et l'oiseau, qui vole
là-bas ? - Au règne
animal ! - Et cette rose ? - Au
règne végétal ! - Et moi,
mes enfants, à quel règne est-ce que
j'appartiens ? - Silence
général ! Le maître
d'école avait probablement oublié
cette catégorie-là. Enfin un petit
garçon lève le doigt, en
disant : Je le sais. - Eh bien, à quel
règne ? - Toi, tu appartiens au
Règne de Dieu, répondit l'enfant.
G. P. -G.
Récapituler
leçon du 2
juillet. - Je vais maintenant vous parler
des psaumes. Vous savez qu'on les chante
à l'église. Les paroles en
ont été écrites
d'abord en hébreu par le roi David
et par d'autres personnes et sont dans la
partie de la Bible appelée
« Ancien Testament ».
- Écoutez la lecture du Psaume
8 ; il est
très beau et très court. -
Lire le psaume ; expliquer
(v.
1) que la guitthith
était probablement un instrument de
musique (de Gath, la ville de
Goliath ?) servant a accompagner le
chant. - Voyez comme le psalmiste
célèbre la gloire de Dieu,
qui apparaît surtout dans son grand
amour pour les hommes.
Psaume 8.
|
Chapitre précédent | Table des matières | Chapitre suivant |