Cantiques proposés :
N° 55 et 57.
Introduction. - Ce chapitre est
riche
en détails intéressants, mais
difficiles à ramener à
l'unité. Aussi proposons-nous pour
aujourd'hui une leçon anecdotique,
c'est-à-dire simplement la lecture du
récit, avec arrêts aux passages qui
méritent des remarques on d'où l'on
peut tirer des leçons. On peut aussi, si
cette lecture fragmentaire ne convient pas, diviser
le chapitre d'après les trois étapes
du voyage :
À Malte. - Remarquons le beau
témoignage rendu aux barbares. (Les Romains
appelaient ainsi tous les peuples restés en
dehors de la civilisation romaine et ne parlant pas
leur langue, 1
Cor. 14 : 10-11.) Les
enfants
ont sûrement entendu parler des naufrageurs,
ces populations côtières qui vivaient
des dépouilles arrachées aux navires
attirés à la côte et contre les
récifs par de faux signaux. Même sans
avoir provoqué le naufrage, la tentation
était grande pour les gens de la côte
de dépouiller les malheureux des objets
qu'ils ont emportés avec eux, ou d'en faire
des esclaves, ou de les tuer. Plusieurs vaisseaux
missionnaires ont subi un sort semblable dans les
îles de la Polynésie (la mort de
Charlie dans Saint Winifred). On comprend pourquoi
Luc qualifie de peu commune la bienveillance des
habitants de Malte. C'était encore une
bénédiction accordée aux
prières de Paul.
En agissant ainsi, ces barbares ont
mérité la reconnaissance de tous les
chrétiens, puisqu'ils ont
épargné l'apôtre Paul. Ils ne
se doutaient pas de cela, et auraient
été bien surpris de savoir
qu'aujourd'hui encore, dans tous les pays du monde,
on parlerait de leur bienveillance envers les
naufragés qui furent leurs hôtes d'un
hiver. Quand nous faisons une
bonne action envers n'importe qui, nous ne savons
jamais le retentissement qu'elle peut avoir et le
service que nous rendons à
l'humanité. Combien de grands serviteurs de
Dieu ont été ainsi aidés sur
leur route par des bienfaiteurs inconnus et qui ne
savaient pas à qui ils avaient
affaire ! Donc exerçons-nous à
la bienveillance envers tous. Et quelle
précieuse récompense ont reçue
les barbares de Malte ! Pendant trois mois ils
ont eu au milieu d'eux un homme qui leur a fait du
bien, qui a soigné leurs malades, qui leur a
apporté le message de l'évangile.
Leur bienveillance à l'égard
d'inconnus a été mille fois
récompensée et leurs
protégés sont devenus leurs amis et
bienfaiteurs. Rappelons Paul soigné par les
Galates.
(Galates
4 : 13-15).
Une autre bénédiction est
accordée à Paul. Pendant qu'il
ramasse un tas de broussailles pour alimenter le
feu, une vipère s'attache à sa main.
Ce pouvait être un serpent venimeux, et
grande fut l'angoisse des assistants, surtout des
amis de l'apôtre. Grâce à Dieu,
il n'en est rien, et cette délivrance
grandit immédiatement Paul aux yeux de ses
hôtes. Ainsi Dieu accorde à ses
serviteurs des délivrances, pour les
signaler à l'attention et éveiller la
confiance de ceux qui les écoutent. Sans
doute les barbares ont été aussi
frappés par le calme de cet homme courant un
danger de mort ; tranquillement il secoue
l'animal dans le feu ; il ne crie pas au
secours, il ne perd pas la tête, il se sait
entre les bras d'un Père qui fait tout
à merveille et le sauvera de la mort si
c'est sa volonté. Au reste, si Paul avait
dû mourir subitement, il était
prêt.
Une petite remarque encore sur l'entrain de
ce vieillard tout mouillé qui contribue
à faire le feu. Il y a là une
nombreuse compagnie, et Paul aurait pu laisser
à d'autres le soin de nourrir la flamme.
Sûrement que parmi les naufragés,
beaucoup ne pensent qu'à se reposer,
à se sécher. Mais notre ami n'est pas
de ces gens qui laissent le travail à
d'autres en se disant : aussi bien eux que
moi ; il tient à faire sa part, donne
l'exemple, et contribue ainsi à secouer sa
propre fatigue et celle de ses compagnons.
Le désir de se rendre utile est
devenu chez Paul une seconde nature. À peine
installé dans l'île, il se met en
campagne, guérit le père de son
hôte et nombre d'autre malades, ne craint pas
d'aller prier avec eux quand même la
prière d'un chrétien doit sembler
étrange à ses barbares. Ce que fut
à Malte son activité bienfaisante,
nous pouvons le deviner par la scène du
départ : non seulement lui, mais tous
ses compagnons sont comblés de
présents par les habitants reconnaissants.
En trois mois, l'influence bénie d'un
chrétien a fait de ces gens si
différents ses amis. Le chrétien
sème le bonheur autour de lui,
instinctivement, à pleines mains.
Le voyage. - Après une courte
explication facilitée par la carte, nous
nous arrêtons sur la phrase finale, le verset 15,
décrivant la rencontre de
Paul avec les amis de Rome et l'effet produit sur
lui par cette affection : « Paul, en
les voyant, rendit grâces à Dieu et
prit courage. » Cet homme, qui nous
paraît parfois un être extraordinaire,
avait donc, lui aussi, besoin de prendre
courage ! Il avait, lui aussi, besoin d'avoir
des amis, de n'être pas seul, d'être
entouré ! Ouvrons devant les enfants la
porte de ce coeur de héros, qui fut un coeur
aimant et tendre. Paul fut an affamé
d'affection, et ses lettres débordent de
tendresse. Depuis bien des mois il était
séparé de ses chères
Églises, sans nouvelles d'elles,
privé de toute communication. Il ne savait
pas si on l'attendait encore à Rome, ou si
on l'y croyait perdu ; il souffrait d'arriver
dans cette ville en inconnu, d'y être seul,
lui qui avait laissé en arrière de si
bons amis. Ceux qui ont voyagé savent ce que
c'est que l'appréhension qui
précède l'arrivée dans un
endroit nouveau. On va en place, on devra vivre
chez des étrangers. Comment sera-t-on
reçu ? Dieu sait que son serviteur
fatigué a besoin de courage, et il met au
coeur des chrétiens de Pouzzoles d'abord, de
ceux de Rome ensuite, une grande affection pour le
voyageur qu'on n'attendait plus et dont on apprend
l'arrivée. Les premiers n'hésitent
pas à lui offrir une hospitalité
aussi longue que possible, les autres à
quitter leurs occupations pour courir à sa
rencontre. Quelle fraîcheur d'affection, quelle
force
d'amour dans ces premières Églises
chrétiennes ! Pensons à la
froideur de nos accueils, quand un nouveau venu
s'inscrit à l'école du dimanche,
à notre peu d'empressement à
l'égard des familles qui viennent
s'établir dans notre voisinage.
Paul remercie Dieu pour ce chaleureux
accueil et prend courage. Il comprend que Dieu a
encore du travail pour lui, qu'il ne sera pas
abandonné. Il mesure encore une fois
l'admirable puissance de l'évangile qui fait
des hommes des frères, qui lui fait trouver
des amis en Italie comme à Corinthe ou
à Éphèse, qui transforme les
natures égoïstes, et brutales
formées par le paganisme en âmes
pleines de tendresse et promptes à la
témoigner. Jamais il n'a été
si heureux d'être chrétien. Renan a
complètement tort quand il nous parle de
l'apôtre, arrivé au soir de la vie,
désabusé, désenchanté,
devenu sceptique, et se demandant si au fond il
valait la peine de tant travailler pour la cause
à laquelle il a consacré sa vie. Ce
portrait est absolument faux. Les documents
relatifs à la vieillesse de Paul, la fin du
livre des Actes et l'épître aux
Philippiens, nous le montrent persuadé
jusqu'au bout de la valeur de l'évangile,
courageux jusqu'à la mort pour l'annoncer,
attaché par des liens toujours 'plus forts
à son Sauveur. Paul n'est pas abattu
après tant de fatigues. Naufragé,
prisonnier, vieilli, il rend grâce à
Dieu et prend courage.
À Rome. - Pourtant ses
épreuves ne sont pas à leur terme.
D'abord il est prisonnier. Heureusement son
attitude devant Festus et pendant le voyage lui ont
valu la bienveillance des autorités. Il
n'est pas en prison, mais seulement forcé de
garder près de lui un soldat qui est
responsable de sa personne. C'était une
lourde charge financière, et nous savons que
Paul souffrit à Rome de la pauvreté.
(L'épître aux Philippiens est une
réponse à ses amis qui lui ont
envoyé une somme d'argent pour soulager sa
détresse.) Il devait payer son logement et
nourrir son gardien. Puis ce devait être bien
désagréable d'avoir constamment un
agent de police à côté de soi.
Sûrement Paul a accepté cette charge
avec sérénité et s'est
efforcé de faire du bien
aux divers soldats préposés à
sa garde, qui probablement n'ont jamais encore
connu un prisonnier si aimable et si bon.
Une autre épreuve plus grande
attendait l'apôtre, une épreuve qui
fut celle de toute sa vie, et qui fut celle de
Jésus. Comme son maître, Paul
était un fidèle patriote et son
ardent désir était de contribuer au
bonheur de ses concitoyens. Mais les Juifs, qui
n'ont pas voulu de Jésus, ont refusé
également d'écouter son messager. Il
a toujours essayé de les persuader,
malgré leur haine. Ce sont eux qui ont
provoqué son arrestation ; grâce
à eux, il est depuis deux ans prisonnier.
C'est cependant vers eux qu'il se tourne dès
son arrivée à Rome, non pas pour les
flatter et tâcher d'obtenir leur appui dans
son procès, mais pour leur parler de
Jésus, « l'espérance
d'Israël ». Qu'il est beau, cet
homme qui, sans se lasser, s'efforce de travailler
au bonheur de sa patrie et à la
réalisation de l'espérance de son
peuple ! Du matin jusqu'au soir il les
entretient, essaye de les convaincre, sans se
soucier de sa fatigue ou de leurs remarques
désobligeantes, sans s'inquiéter
aussi de sa cause à lui. Il ne plaide que la
cause de son Maître, et leur rappelle avec
franchise une prophétie d'Esaïe qui
mettra le comble à leur fureur. Paul est
bien un imitateur de Jésus, qui fit tout
pour gagner son peuple et qui dut finir par ces
paroles sévères :
« Malheur à vous...
Jérusalem, qui tues les
prophètes.... »
(Matthieu
23.)
En arrivant à Rome, Paul avait pris
courage. Il en a grand besoin. Mais il ne l'a
jamais perdu. Puisqu'il ne peut pas aller où
il veut, il prêche l'évangile dans sa
maison. Puisque ses compatriotes le repoussent, il
accueille tous ceux qui viennent le voir. À
tous, il apporte Jésus. On raconte que si
l'on avait ouvert le coeur à l'un des
grenadiers de la garde française au
début du XIXe siècle, on y aurait
trouvé ce mot gravé :
Napoléon. Certes, si l'on avait ouvert le
coeur de Paul, après qu'il eut scellé
de son sang sa fidélité à
l'évangile, on y aurait trouvé
gravé un seul nom, tenant toute la
place : Jésus. Depuis que Jésus
l'a appelé sur le chemin de Damas, Paul n'a
parlé que de lui, n'a
vécu que pour lui. Il l'a aimé de
toute sa force, lui a donné son coeur, et sa
vie, l'a servi jusqu'à la mort. Est-ce que
cet homme ne vous fait pas envie ?
P. Vz.
Récapituler
leçon du 25
juin. - Dieu est fidèle, il n'agit
pas comme les enfants qui promettent
toujours et ne tiennent jamais. Il avait
promis à Paul par son ange qu'aucun
des passagers ne serait perdu, et tous
arrivèrent sur le rivage. Il lui
avait dit : « Il faut que
tu comparaisses devant César,
l'empereur qui demeurait à
Rome, » et c'est ce qui eut lieu
en effet. Mais auparavant il arriva divers
événements
intéressants que saint Luc raconte
dans le dernier chapitre de son livre des
Actes des apôtres.
(Actes 28: 1-31.)
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