Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

En Extrême Orient

Nous vivons dans l'extraordinaire, nous ne savons plus nous étonner de rien, autrement voici un aperçu de l'état florissant des écoles du dimanche en Chine, au Japon, en Corée, aux Philippines qui serait bien de nature à nous émerveiller. Le délégué d'une association américaine a raconté sa tournée dans ces pays païens et nous dirons en quelques mots ce qu'il a vu.

Aux Philippines, il assista au premier congrès philippin des écoles du dimanche, convoqué à Manille, fin février (1). Les délégués venaient d'une vingtaine de provinces, quelques-uns avaient fait des voyages de dix et onze jours pour y arriver. Ils représentaient 35 à 40000 « membres » d'écoles du dimanche, élèves et instructeurs. (Les Américains, considérant l'école du dimanche comme une famille, ou plutôt un corps organisé, disent « membres »). Le dernier jour du congrès de Manille, une assemblée de deux mille personnes se tint au théâtre ; c'était la réunion publique. Une organisation très complète, conçue à l'américaine, avec quartier général et secrétaire itinérant, sera le résultat de ce grand rendez-vous ; elle aura son foyer de publication.

Sur sol chinois, à Hong-Kong, Canton, Swatow, Amoy, Toochow, Nanking, Soochow et Shanghaï, le visiteur américain prit part à trente-six réunions, donnant un ensemble de quinze mille assistants. À Shanghaï eut lieu une parade, à travers la ville, de 1200 personnes et enfants appartenant aux écoles du dimanche ; elle offrait un brillant spectacle, grâce aux costumes et aux bannières. Il y avait là sept jeunes filles qui sont en mesure de réciter le Nouveau Testament tout entier, pieusement mémorisé.

En Corée, en Pyeng-Yang, où les Églises évangéliques sont étonnamment nombreuses et prospères, le délégué prit part, sur divers points de la ville, à une série de réunions, comptant chacune de mille à deux mille assistants. Là aussi les élèves parviennent à mémoriser le Nouveau Testament tout entier, ou peuvent au moins réciter de 500 à 3000 versets.

Le travail personnel d'évangélisation est en grand honneur en Corée ; les membres des Églises s'inscrivent pour fournir des journées de travail missionnaire. Les jeunes gens sortant des écoles du dimanche, ou s'y rattachant encore, ne sont pas les derniers à s'offrir. À l'occasion de Noël, 85 étudiants s'étaient engagés à travailler chacun dix jours. Il en résulta une moisson de 3052 personnes païennes gagnées au christianisme et enrôlées dans les Églises. Les frais de leurs voyages étaient couverts par les autres étudiants et par les membres des églises de Pyeng-Yang. Le délégué s'entretint avec un jeune membre d'église qui avait, dans l'année qui s'achevait, adressé des appels évangéliques, individuellement, à plus de trois mille personnes.

En Corée, les écoles du dimanche comptent autant d'élèves adultes que d'enfants, ce qui fait monter considérablement les chiffres que nous pourrions donner. Pour éviter toute confusion, nous nous abstenons. À Séoul, la capitale, notre Américain put adresser la parole à une assemblée de deux mille personnes. De la même tribune, à un autre moment, se fit une prédication qui fut écoutée par 4000 auditeurs. Toutes ces écoles et classes bibliques sont admirablement organisées, avec un personnel et avec un matériel qui ne laissent rien à désirer.

Dans les trois villes de Pyeng-Yang, Sougdo et Séoul, le délégué put se faire entendre dans dix-sept réunions qui comptaient un ensemble de quinze mille assistants. Voilà des pays où l'Évangile fait de belles conquêtes ! N'y a-t-il pas lieu de répéter encore une fois la parole si souvent citée : « Les derniers seront les premiers ? »

A. BR.

 



Finlande.

Il y a actuellement en Finlande 9000 écoles du dimanche avec 16 000 moniteurs ou monitrices et 173 000 élèves. Ces chiffres paraissent énormes si l'on réfléchit que la population de ce pays n'est guère supérieure à celle de la Suisse, que son territoire, en revanche, est plus du triple, et qu'il s'y trouve des fermes à 40, 60 et même (ci) Laponie) 100 kilomètre des lieux de culte.



BIBLIOGRAPHIE

Aux jeunes : Comment lire et étudier la Bible avec profit ? par Christian Richard. - Brochure in-16 de 64 pages. Prix : 60 cent. Lausanne, bureau de Vie et Liberté, 43, avenue Bergières. Mme Ch. Rambert, Daley sur Lutry.

Voici un petit livre, d'un prix modique, qui pourra rendre de réels services à quiconque désire faire de la Bible une étude fructueuse pour sa vie spirituelle et morale, Nous engageons vivement nos jeunes moniteurs et monitrices à se le procurer et à l'étudier. Ils y trouveront un grand nombre de sages et judicieux conseils, fruits de l'expérience, de l'auteur, répartis sous les six chefs suivants : Un livre unique. - De la méthode (quelques règles importantes). - De l'à propos et du plaisir dans l'étude de la Bible. - Le rôle de la critique. - De la méditation. - De la mémoire (quelques règles fondamentales). La dernière page renferme une douzaine de vers en trois strophes avec le titre « Le pain des forts. » L. N.

Que demander à Dieu ? Quelques réflexions sur le problème de la prière dans les temps actuels, par Alexandre Westphal. Se vend 10 centimes au bénéfice de l'Évangile du soldat. Lausanne, édition La Concorde, 1916.
Prédication actuelle et très utile développant le texte : Nous ne savons pas ce que nous devons demander pour prier comme il faut (Rom. 8 : 26). Aux chrétiens angoissés par la question : Quelle prière faut-il adresser à Dieu au sujet de la guerre effroyable qui désole le monde, nous conseillons tout spécialement la lecture des six dernières pages de cette excellente brochure. L. N.





Qu'est-ce qu'un  
groupe bien dirigé ?

(Suite et fin.)

Entendons-nous bien. Il ne s'agit pas de poser aux enfants des questions ne se rapportant qu'à des choses mémorisées, comme leurs « versets, » ni des platitudes dans le goût de celle-ci : A combien de doigts Jérusalem était-elle de sa perte ? Non, les questions les meilleures sont celles qui font appel à leurs expériences, qui réclament de leur part des explications, qui les obligent à réfléchir, à apprécier des actes ou des sentiments. Ce que je dis là prouvera à certains moniteurs qu'ils se trompent grandement s'ils s'imaginent que rien n'est plus aisé que de poser des questions à leurs élèves. Au cours de ma carrière de catéchète j'ai appris à faire difficilement cette chose si facile : interroger un enfant. On peut perdre un temps précieux, courir des chemins de traverse et manquer le but en interrogeant au petit bonheur. Il s'agit aussi de faire parler les muets, d'imposer silence aux babillards et de ne pas décourager les bonnes volontés par des questions mal posées, tout cela demande réflexions et préparation.

Un moniteur voulait faire dire à ses élèves qu'un païen est un adorateur d'idoles. Sans prendre peine de trouver mieux il leur demande : Qu'est-ce qu'un païen ? Point de réponse. Il vient à leur secours : C'est un i.... - Un ignorant, M'sieur ! - Non, ce n'est pas ça ; un i.... - Ah ! oui, un nigaud ! - Le moniteur, un peu vexé, fait lui-même la réponse : piètre résultat.

Ne prenez pas ce que je vais vous dire comme un exemple à copier servilement, mais plutôt comme un type de questions « socratiques ». Il y a quelques années, me trouvant à Paris, j'eus à faire l'école du dimanche dans un des temples de la ville. On m'avait prévenu que les élèves étaient, les uns intimidés par les autres, et ces derniers froids et déjà pas mal guindés. Pour comble le sujet à résumer était l'oraison dominicale ; c'était du « rebattu » pour eux, ils resteront indifférents.

Mon parti est bientôt pris et je commence : Mes enfants, il est probable que vous connaissez tous cette gravure d'Épinal intitulée : Le monde renversé. On y voit un cheval sur un siège fouettant un homme qui tire la voiture ; un ours qui fait danser un paysan, un lièvre qui poursuit des jeunes garçons, etc. Eh bien ! aujourd'hui nous allons jouer au monde renversé : Vous serez tous des moniteurs ou des monitrices et moi je vais être votre élève. Vous m'expliquerez tout ce que j'ai besoin de savoir.

Quand Robinson Crusoé (à ce nom l'attention commence à s'éveiller) était dans son île, il paraît qu'il priait tous les jours. S'il répétait l'oraison dominicale, comment la commençait-il ?

Une voix se décide à répondre : « Notre Père qui es aux cieux. » - Mais pourquoi disait-il notre puisqu'il était tout seul dans son île ? (Je vois les têtes qui, peu à peu, se redressent, on cherche la bonne réponse. Je viens en aide par une ou deux questions nouvelles et vais plus avant.) Quand Robinson priait, le Père céleste l'entendait-il là-bas, comme il nous entend ici ? - Oui, oui. - Et si quelqu'un le prie, à l'instant même, en Chine, l'entend-il ? - Oui, oui. - Pourquoi cela ? - Parce que Dieu est partout. - Ah ! alors pourquoi Jésus ne nous a-t-il pas appris à dire : « Notre Père qui es partout ? (Cette fois le branle était donné et je reçus des réponses tant que j'en voulus.)

Mais la méthode socratique n'a pas seulement le mérite d'éveiller, de soutenir l'attention, elle permet encore de corriger les fausses idées religieuses qui naissent, qui se transplantent dans l'esprit des enfants (on les retrouve souvent chez les adultes où leur influence est parfois si néfaste). Je puise quelques exemples dans mes souvenirs et chez des enfants d'âges divers.

Voici un tout jeune auquel on demande ce que veut dire « amen », à la fin des prières. D'un geste vers le ciel, aussi décidé que le ton, il répond : Ça veut dire : « amène, dépêche-toi de me donner. » - Naguère, pour expliquer ce même mot à des petits, je leur dis : Levez la main gauche et comptez sur vos doigts : Je - le - désire - de - tout - mon - coeur. Ça fait combien de mots ? - Sept. - À présent levez l'autre main et comptez - Amen. Combien de mots ? - Un seul. - Eh bien ! ce seul mot contient les sept autres que nous venons de compter, il veut dire exactement la même chose. Est-ce compris ? - Oui, oui.

C'était si bien compris qu'une heure après un de ces bambins disait à table : « S'il te plaît, maman, encore de la crème, amen. » - Mais qu'est-ce que tu dis là ? - Je dis amen parce que je la désire de tout mon coeur et que amen ça veut dire justement ça. (Je crois bien que le petit homme y gagna une double portion de crème.) Voici un petit Genevois de 8 ans, d'ailleurs intelligent, qui me répond : Zachée avait décidé de donner un cheval aux gens qu'il avait carottés. - Un cheval ? En es-tu bien sûr ? - Oui, enfin, un quadrupède. (Il avait confondu ce mot avec « quadruple » qu'il comprenait moins bien. - Luc 19 : 8.)

Une villageoise de 10 ans me répond : Oh ! je sais bien ce qu'on fera au ciel : on gardera des vaches et on y jouera à cache-cache avec le bon Sauveur. - Mais qui donc t'a fait croire pareille chose ? - C'est personne, je l'ai vu dans mon cantique, là où on chante :

Dans tes riches pâturages Apprends-nous à te chercher.

La brave fillette n'avait pas compris le vrai sens de cette image. Voyons, est-ce faire injure à quelques-uns d'entre vous que de supposer qu'ils seraient embarrassés s'ils devaient l'expliquer en ce moment ? Je vais donc les tirer de peine : Mme Mégroz, l'auteur de ce cantique (71 du recueil), m'a raconté, elle-même, qu'elle le composa après avoir lu le Voyage du chrétien ; on y retrouve sans peint des images familières à Bunyan : les pâturages et les ombrages de la vie avec Christ.

Enfin voici un groupe de garçons auxquels on a parlé du « songe de Jacob » et les réflexions d'aller leur train (moment de haut intérêt pour les moniteurs). - Moi, dit l'un, en réponse à une question, je ne comprends pas pourquoi ces anges avaient besoin d'une échelle ; si j'étais un ange, je n'aurais pas besoin de ça pour aller sur un pommier. - D'abord, toi, si tu étais un ange, les pommiers ça ne te dirait rien du tout. - Un autre : Vous n'y êtes pas, les anges avaient besoin d'une échelle parce que leurs plumes muaient à ce moment-là ! (Vous voyez d'ici tout ce qu'il y avait d'explications, de redressements d'idées à fournir à ces intéressants discuteurs.)

Enfin ne ridiculisons jamais un enfant, même s'il donne une réponse paraissant très cocasse. D'autant plus que la cocasserie est parfois du côté des rieurs. Ayant expliqué la résurrection du fils de la veuve de Naïn, je demandai : Qui est-ce que Jésus n'a pas ressuscité ? Comme on avait parlé de la mort de Jean-Baptiste, le dimanche précédent, j'attendais la mention de ce nom. Au lieu de cela une petite voix répond : La mer Morte, monsieur. (Explosion de rires.)
- Ma chère enfant, explique-nous ta réponse. - Mais oui, Monsieur, le bon Sauveur, qui avait fait remplir de poissons la barque de Pierre, au lac de Génésareth, il aurait pu faire venir de ces poissons dans la Mer, alors elle n'aurait plus été Morte.

Mais assez sur ce point, j'ai hâte d'en arriver à ce qu'il importe le plus de vous mettre au coeur : le souci, le besoin de parler de vos enfants. À qui, tout d'abord, sinon aux membres de votre propre famille. De l'abondance du coeur la bouche parle : Pendant le dîner dominical, au lieu de discuter guerre et neutralité, entretenez-les de votre école, intéressez-les à votre tâche, au sujet qui vient d'être traité, aux questions, aux réponses, naïves ou piquantes, de vos élèves, à leur caractère, à leurs progrès. Votre groupe deviendra ainsi, quelque peu, le groupe de votre famille et ce sera tout bénéfice et encouragement pour vous.

De même profitez de toute bonne occasion pour en parler à vos amis, à ceux qui vous inspirent confiance par leur foi, le sérieux de leur vie. Qui sait si vous n'en gagnerez pas un ou deux à notre cause ; ils seront heureux d'offrir leurs services à votre directeur et de travailler à vos côtés ; ce serait là un des meilleurs recrutements pour notre personnel.

Mais savez-vous à qui vous pouvez parler de vos élèves avec le plus d'encouragements ? C'est à leurs parents eux-mêmes. Les visites du moniteur, de la monitrice aux familles de leurs enfants ont une importance capitale. Même courtes, même très espacées je les ai toujours vues fructueuses, car ensuite le moniteur connaît mieux son petit monde et les parents comprennent mieux le rôle de l'école du dimanche. Il peut s'établir entre eux les relations d'un Paul et d'un Apollos : on plante à l'école du dimanche, on arrose à la maison et Dieu donne accroissement aux semences religieuses jetées dans les jeunes coeurs.
Sans compter que les liens deviennent plus étroits entre moniteurs et élèves. Une monitrice, après s'être fait beaucoup prier, se décide à aller dans quelques familles. Le dimanche suivant elle vient à moi, toute joyeuse, me conter ses expériences.
- Monsieur, j'ai fait quatre visites cette semaine.
- Mademoiselle, je le sais déjà.
- Et qui vous en a parlé ?
- Personne.
- Mais alors ?
- Je l'ai deviné rien qu'à la manière dont trois de vos élèves sont venus, le regard brillant de plaisir et d'attachement, vous saluer en arrivant.

Peut-être m'objecterez-vous votre timidité, votre embarras lors de la première visite. Je ne puis que vous affirmer une chose, tous ceux qui s'y sont décidés, sans en excepter un seul (ou une seule) se sont blâmés, après coup, de ne l'avoir pas fait plus tôt et avec plus de simplicité. D'autres objectent, avec de bonnes raisons, en apparence, leur manque de temps. Mais quelles que soient nos occupations, nous empêcheraient-elles vraiment de faire huit à dix visites en une année, le soir chez les uns, les dimanches après-midi de pluie chez les autres ? Qui veut la fin veut les moyens. Ayez à coeur le bien de l'École et de votre groupe et le temps de faire quelques visites se trouvera de lui-même.

Enfin je termine par les entretiens les meilleurs que vous puissiez avoir au sujet de vos enfants : c'est de parler d'eux à leur Sauveur ; c'est de prier beaucoup pour eux. Vous aurez toujours plus besoin de lumière, de sagesse, de persévérance à leur égard. Demandez-les sans cesse à Celui qui a dit : « Sans moi vous ne pouvez rien faire. » Vous aimez vos élèves, il les aime plus et mieux encore ; tel vous donne grande joie, un autre, qui vous vient d'un milieu malsain, vous cause du souci ; amenez-les, dans vos prières, à Celui qui a dit : Laissez venir à moi les enfants. Il est impossible que des moniteurs qui prient ne soient pas bénis dans leur ministère ; leurs écoles, les familles seront au bénéfice de ce rôle intercesseur. Alors, vraiment alors, le groupe sera bien dirigé car son moniteur est celui que Littré définit si bien : il a reçu directement la leçon du Maître et la répète aux élèves.

Vous connaissez tous, au moins de nom, Morse, le célèbre américain, l'inventeur du télégraphe Morse. Un de ses intimes lui demande un jour s'il ne s'est jamais trouvé arrêté complètement dans une recherche ou dans le fonctionnement d'un de ses appareils de laboratoire.
- Oh ! certainement et plus d'une fois.
- Et comment vous en tiriez-vous ?
- Je puis bien vous confier ce secret de ma vie intime. Quand je ne savais plus comment pousser plus loin mes investigations ou améliorer un instrument défectueux, je demandais humblement à Dieu de m'éclairer, de me venir en aide.
- Et vous arriviez à chef ?
- Oui, la lumière me venait et mes appareils finissaient par bien fonctionner.

Allez et faites de même ; que Dieu vous donne, à vous aussi, toutes les lumières nécessaires et que les précieux « appareils », masculins ou féminins, qui sont entre vos mains puissent bientôt « fonctionner » à la gloire du Maître.

Je conclus en vous laissant ce triple secret des progrès Intéresser. Interroger. Intercéder.

J. JOSEPH.


1 Avant la guerre actuelle. (Réd.)
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