Cantiques proposés :
N° 98. Debout, sainte cohorte... -
N° 78. Marche en paix...
Introduction. - La leçon du
jour est moins une leçon qu'un simple et
émouvant récit, une des plus belles
pages de la vie de Paul, impressionnante surtout
parce qu'elle évoque constamment les
souffrances du Christ, dans les mêmes lieux,
de la part du même peuple. Le serviteur a
dû beaucoup penser à son maître
dans ces heures tragiques. Inutile d'alourdir le
récit par des applications à notre
situation qui n'est pas à comparer avec
celle de l'apôtre.
S'il paraît trop court, on peut le
faire suivre de la lecture ou du récit d'une
autre persécution, la mort de l'oncle Tom,
par exemple. Pour bien préparer le sujet, il
ne faut pas se borner à lire les passages
notés. Une lecture consciencieuse des
chapitres 21,
22,
23
est nécessaire.
Explications. - Quelques mots sur l'organisation politique
de la Palestine,
qui serviront aussi à la leçon du 18
juin. Après la mort d'Hérode le
Grand, an 4 après J. -C., et la
déposition de son fils
Archélaüs, les Romains, maîtres
de la Palestine depuis 63 avant J. -C.,
confièrent le gouvernement de la
Judée et de la Samarie à un
gouverneur ou procurateur envoyé directement
de Rome et résidant à
Césarée. Le gouvernement de la
Galilée resta à Hérode
Antipas, 2e fils d'Hérode. C'est lui qui fit
mourir Jean-Baptiste et qui eut sa part dans le
procès de Jésus
(Luc
23). Après lui
régna un de ses cousins, Hérode
Agrippa 1er, qui obtint de l'empereur, d'abord la
tétrarchie de Philippe, 3e fils
d'Hérode le Grand (voir Matth.
16 : 13,
Césarée de Philippe), puis la
Galilée et le litre de roi. Sa mort est
racontée au chap.
12 des Actes. Son fils,
Agrippa II, est celui dont il est question au chapitre
25.
Les procurateurs ne montaient à
Jérusalem que de temps à autre, pour
les fêtes juives qui provoquaient souvent des
émeutes. Ainsi Pilate, lors de la
Pâque. Entre temps, il n'y avait dans la
forteresse Antonia, près du temple, qu'un
contingent de soldats sous les ordres d'un tribun.
Paul eut le bonheur, en d'avoir affaire à un
officier loyal et intelligent, Claude Lysias. Il
traita son prisonnier avec impartialité. Si
le procurateur Félix s'était
trouvé en personne à
Jérusalem, il est fort probable qu'il
n'eût pas hésité à
livrer Paul aux fureurs du peuple, comme son
prédécesseur Pilate dans un cas
semblable quinze ans auparavant.
Depuis la mort de Jésus, la situation
politique est devenue
très grave en Palestine. La maladresse et la
cupidité des gouverneurs ont
exaspéré le sentiment national.
À chaque instant, des émeutes
éclatent, noyées dans le sang. Il
suffit d'un incident tel que celui soulevé
par la présence de Paul dans le temple, pour
mettre la population de Jérusalem en
ébullition. De véritables
révoltes sont fomentées par des
hommes se disant le Messie : Theudas, Judas le
Galiléen (voir le discours de Gamaliel dans Actes
5). Quand les troupes
romaines, qui pouvaient surveiller les cours
intérieures du temple du haut de la
forteresse, pressentaient un tumulte, elles
accouraient, fermaient les portes qui
séparaient les parvis les uns des autres, et
procédaient brutalement au
rétablissement de l'ordre, opérant
l'arrestation des agitateurs principaux.
Quelques mots sur le temple, qui
nous
aideront à comprendre ce qui a
provoqué l'émeute. Il se composait
d'une série d'enceinte, massives dont les
murailles étaient toujours plus
élevées en se rapprochant du
centre ; entre ces murailles, des terrasses
formaient autant de cours ou parvis qui
communiquaient entre eux par des escaliers. Au
centre se trouvait un bâtiment couvert,
renfermant le « lieu saint » et
le « lieu très saint ».
Le premier de ces parvis, entourant les autres,
était immense, c'était la cour des
païens ou « parvis des
gentils ». Il était public ;
c'est là que Jésus chassa les
vendeurs. Puis venait le « parvis des
femmes » où les Israélites
seuls osaient pénétrer. Les femmes
n'avaient pas le droit d'aller plus loin, dans le
« parvis des hommes », qui
précédait le « parvis des
prêtres ». Sur cette
dernière cour s'ouvraient plusieurs salles,
entre autres celle du sanhédrin. À
l'angle de la cour des hommes était la
chambre du naziréat, où ceux qui
avaient fait ce voeu cuisaient leurs repas pour le
sacrifice, se faisaient couper les cheveux et les
livraient pour être brûlés.
C'est là sans doute que Paul fut aperçu et
arrêté. Au sujet du naziréat,
voir Nombres
chapitre 6.
Le récit. - Nous avons vu
dimanche dernier Paul en route pour
Jérusalem. Il y arrive, reçu avec
joie par les chrétiens. Cependant parmi eux,
quelques-uns n'étaient, pas à leur
aise vis-à-vis de lui. Ils avaient entendu
parler de son travail parmi les païens et se
demandaient si l'apôtre avait
complètement abandonné les coutumes
de son peuple, s'il n'était plus un bon
Israélite. Paul veut les rassurer.
Sans doute, il a rompu avec
l'étroitesse des Juifs et leur haine
à l'égard des païens. Mais de
même que Jésus a continué
à venir assister aux fêtes et à
entrer dans les synagogues, Paul désire ne
pas blesser ses compatriotes inutilement en ayant
l'air de mépriser leurs coutumes,
religieuses. C'est pour cela qu'il prononce un voeu
de naziréat avec quatre chrétiens
juifs (expliquer ce que c'est) et qu'il accomplit
scrupuleusement les conditions de ce voeu. Il ne
s'agit pas pour lui d'une chose essentielle, mais
puisque des chrétiens y attachent de
l'importance, à quoi bon leur faire de la
peine ?
(1
Cor. 9 : 19-23.)
Mais il n'y avait pas que des
chrétiens à Jérusalem. La
grande majorité des habitants étaient
hostiles à la nouvelle religion et surtout
très montés contre Paul, sur lequel
on avait compté pour anéantir la
religion du Christ, et qui maintenant en
était devenu le plus ardent
défenseur. Cette haine des Juifs contre Paul
est la même qui a poursuivi Jésus.
Nous pouvons montrer ici aux enfants la
différence entre le patriotisme et le
nationalisme. Paul comme Jésus aimait
ardemment son peuple, et il le voulait grand, mais
à la façon de Dieu, un peuple porteur
du salut, serviteur de l'Éternel pour amener
à lui les autres nations. L'Évangile,
apporté à ce peuple élu,
devait être transmis par lui au monde. Son
privilège était d'être le
premier, il ne devait pas rester
le seul. Les Juifs, eux aussi, voulaient être
grands, mais à la façon du monde. Ils
ont tué Jésus parce qu'il refusait
d'être un Messie national,
révolté contre Rome. Ils auraient
voulu tuer Paul parce qu'il portait
l'Évangile aux Grecs et aux Romains. Ne
pouvant pas retrouver leur indépendance
politique, ils voulaient au moins rester le seul
peuple en possession de la vraie religion. Un
messie qui osait frayer avec les païens
était un traître, et les serviteurs de
ce messie, qui leur demandaient de l'accepter pour
maître et de regarder les païens comme
des frères, étaient aussi des
traîtres, surtout Paul, qui dans sa jeunesse
avait été un zélé
partisan de l'étroitesse nationale.
Voilà pourquoi cet homme, qui aurait tant
voulu voir sa patrie heureuse, acceptant
Jésus pour Sauveur et apportant Jésus
au monde, a été toute sa vie
poursuivi par la haine de ses compatriotes. Le
patriote veut son pays grand devant Dieu, le
nationaliste veut son pays grand devant le
monde.
Reprenons le récit. Une chose surtout
faisait horreur aux Juifs, la présence d'un
païen dans les cours intérieures du
temple. Paul le savait, il n'a certainement pas
commis cet acte qui eût été une
insulte aux sentiments de son peuple. Il avait
amené avec lui un chrétien
d'Éphèse, autrefois païen, mais
sûrement il l'a laissé dans la cour
extérieure lorsqu'il est entré avec
les autres pour accomplir son voeu. Mais vous savez
qu'Il est facile de confondre un homme avec un
autre. Il est surtout facile de faire croire
à un peuple excité une chose qui
n'est pas vraie. Les ennemis de Paul, qui le
suivaient et l'épiaient, comme autrefois les
ennemis de Jésus, se sont mis tout d'un coup
à crier : « Il y a un
païen dans le temple ! C'est Paul qui l'a
amené ! »
Grand tumulte. On se précipite sur
Paul sans chercher à. savoir si l'accusation
est vraie. Toute la population de la ville est en
émoi et accourt, et l'on aperçoit le
malheureux
Paul, tiré, bousculé, couvert
de coups, entraîné par ses bourreaux
qui l'emmènent pour le tuer. Ils auraient
certainement réussi si l'officier romain
n'avait été averti par les
sentinelles qu'il y avait une émeute. Il
rassemble aussitôt ses soldats, fait fermer
les portes du temple, se fraye un chemin dans la
foule jusqu'au groupe qui provoque l'agitation. En
le voyant, les misérables n'osent plus
toucher la victime, et le tribun, pensant que cet
homme devait être un dangereux malfaiteur,
puisqu'il provoquait une pareille haine, le fait
arrêter par ses soldats et lier par deux
chaînes (nous dirions aujourd'hui :
mettre les menottes) Puis il demande de quoi cet
homme est coupable. Mais la foule, furieuse de voir
sa victime lui échapper, pousse de tels cris
que le tribun, ne pouvant rien savoir de clair, se
décide à mener le prisonnier dans la
forteresse. C'est à grand-peine que les
soldats le protègent contre les fureurs de
la populace, qui le poursuit de ses huées
jusqu'au pied de l'escalier conduisant à la
prison.
Comme Paul a dû penser à
Jésus dans ce moment terrible ! Comme
son maître, il est couvert de crachats, de
soufflets, d'injures. Une mort certaine et horrible
l'attend si les soldats n'arrivent pas assez
tôt. Le même peuple qui criait :
« Crucifie-le ! » crie
maintenant : « Fais-le
mourir ! » Le même
sanhédrin travaille à sa perte. Le
lendemain. il est battu de verges comme son
maître, peut-être à la
même place. Est-ce que son tour est venu
d'être crucifié ? Aura-t-il
l'honneur de suivre jusqu'au bout son
Sauveur ? Non. Le serviteur n'est pas aussi
grand que le maître, et Dieu a encore en
réserve une tâche pour l'apôtre.
Pendant qu'au fond de son cachot Paul pense
à Jésus et prie, Dieu vient lui
dire : « Prends courage, car il faut
aussi que tu rendes témoignage à
Rome, comme à
Jérusalem. »
Aller à Rome ! Mais
c'était le rêve de Paul. Comment cette promesse se
réalisera, il n'en sait rien. Cela
paraît impossible maintenant qu'il est
prisonnier. Rien n'est impossible à Dieu.
Mais Paul devra prendre patience et traverser
encore des jours bien sombres. Il va rester en
prison pendant deux ans. Adieu les beaux voyages
d'évangélisation, les églises
tant aimées, le plaisir de travailler pour
Jésus ! Les voies de Dieu sont
mystérieuses, il laisse soit serviteur
inactif, lui apprend à se soumettre, et lui
ouvrira la porte quand il le jugera bon.
Ce n'est pas à Jérusalem que
Paul restera en prison. Le tribun Claude Lysias,
qui commande la garnison, est un homme juste et
plus courageux que Pilate. Il aurait pu se
débarrasser de son prisonnier en le livrant
au sanhédrin. Il ne veut pas le faire sans
savoir s'il est coupable. Pendant qu'il
étudie les moyens de faire une
enquête, on vient lui dire qu'un jeune homme
le demande. C'est le neveu de Paul, qui lui apprend
que quarante Juifs ont juré de ne pas
laisser Paul leur échapper. Ils vont
demander au tribun de l'amener au sanhédrin
pour l'interroger ; ils se cacheront sur son
passage et l'assassineront. Ils sont si furieux et
si décidés qu'ils ne veulent ni boire
ni manger avant d'avoir accompli leur crime.
Le tribun comprend qu'il n'y a pas de
justice à espérer de gens pareils. Il
se décide à envoyer Paul à
Césarée, à la prison du
procurateur Félix, oh on pourra le juger
avec impartialité. Sur son ordre, une
compagnie de soldats est rassemblée pendant
la nuit. Il pousse la bonté jusqu'à
faire donner à Paul un cheval. Des cavaliers
le conduiront jusqu'à destination, tandis
que les fantassins, après avoir
protégé sa sortie de la ville,
rentreront à la caserne. Tout cela se fait
sans bruit pour ne pas éveiller les
conspirateurs.
Par une belle nuit de printemps, semblable
à celles que son maître a
passées si souvent en prière, Paul
quitte pour toujours
Jérusalem. Peut-être aurait-il
aimé rester, et mourir comme Jésus.
Mais il va avec courage, Dieu ne l'abandonnera pas.
Il se sent bien seul an milieu de ces soldats.
Comme Jésus, il a été
abandonné par les chrétiens de
Jérusalem, qui n'ont rien fait pour le
délivrer et plaider sa cause. Il se rappelle
sans doute certaines paroles de son Sauveur :
« Vous serez haïs de tous à
cause de mon nom... celui qui
persévérera jusqu'à la fin
sera sauvé... prenez courage, j'ai vaincu le
monde ! » Nous savons aujourd'hui
que les promesses se sont réalisées
magnifiquement pour le vaillant serviteur.
P. Vz.
Récapituler
leçon du 28
mai. - Si vous aviez quitté pendant
trois ans votre ville ou votre village,
vous auriez grand plaisir à y
revenir ; vous iriez bien vite
à travers les rues voir si les
maisons sont à la même place,
si on rencontre les mêmes gens
qu'autrefois. Paul devait lui aussi
éprouver de la joie lorsque,
après sa longue absence, son long
voyage sur terre et sur mer, il arriva
à Jérusalem où il
avait passé sa jeunesse, et revit
les anciennes connaissances, les anciens
disciples, surtout les apôtres
auxquels, dès le lendemain, il alla
rendre visite.
(Actes 21 : 27-36 ; 23 : 11-24.)
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