Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

(4 JUIN.)

Paul emprisonné et conduit à Césarée. « Le serviteur n'est pas plus grand que son maître. »


Actes 21 : 27-36 ; 23 : 11-24.

Cantiques proposés :
N° 98. Debout, sainte cohorte... - N° 78. Marche en paix...


Introduction. - La leçon du jour est moins une leçon qu'un simple et émouvant récit, une des plus belles pages de la vie de Paul, impressionnante surtout parce qu'elle évoque constamment les souffrances du Christ, dans les mêmes lieux, de la part du même peuple. Le serviteur a dû beaucoup penser à son maître dans ces heures tragiques. Inutile d'alourdir le récit par des applications à notre situation qui n'est pas à comparer avec celle de l'apôtre.

S'il paraît trop court, on peut le faire suivre de la lecture ou du récit d'une autre persécution, la mort de l'oncle Tom, par exemple. Pour bien préparer le sujet, il ne faut pas se borner à lire les passages notés. Une lecture consciencieuse des chapitres 21, 22, 23 est nécessaire.

 

Explications. - Quelques mots sur l'organisation politique de la Palestine, qui serviront aussi à la leçon du 18 juin. Après la mort d'Hérode le Grand, an 4 après J. -C., et la déposition de son fils Archélaüs, les Romains, maîtres de la Palestine depuis 63 avant J. -C., confièrent le gouvernement de la Judée et de la Samarie à un gouverneur ou procurateur envoyé directement de Rome et résidant à Césarée. Le gouvernement de la Galilée resta à Hérode Antipas, 2e fils d'Hérode. C'est lui qui fit mourir Jean-Baptiste et qui eut sa part dans le procès de Jésus (Luc 23). Après lui régna un de ses cousins, Hérode Agrippa 1er, qui obtint de l'empereur, d'abord la tétrarchie de Philippe, 3e fils d'Hérode le Grand (voir Matth. 16 : 13, Césarée de Philippe), puis la Galilée et le litre de roi. Sa mort est racontée au chap. 12 des Actes. Son fils, Agrippa II, est celui dont il est question au chapitre 25.

Les procurateurs ne montaient à Jérusalem que de temps à autre, pour les fêtes juives qui provoquaient souvent des émeutes. Ainsi Pilate, lors de la Pâque. Entre temps, il n'y avait dans la forteresse Antonia, près du temple, qu'un contingent de soldats sous les ordres d'un tribun. Paul eut le bonheur, en d'avoir affaire à un officier loyal et intelligent, Claude Lysias. Il traita son prisonnier avec impartialité. Si le procurateur Félix s'était trouvé en personne à Jérusalem, il est fort probable qu'il n'eût pas hésité à livrer Paul aux fureurs du peuple, comme son prédécesseur Pilate dans un cas semblable quinze ans auparavant.

Depuis la mort de Jésus, la situation politique est devenue très grave en Palestine. La maladresse et la cupidité des gouverneurs ont exaspéré le sentiment national. À chaque instant, des émeutes éclatent, noyées dans le sang. Il suffit d'un incident tel que celui soulevé par la présence de Paul dans le temple, pour mettre la population de Jérusalem en ébullition. De véritables révoltes sont fomentées par des hommes se disant le Messie : Theudas, Judas le Galiléen (voir le discours de Gamaliel dans Actes 5). Quand les troupes romaines, qui pouvaient surveiller les cours intérieures du temple du haut de la forteresse, pressentaient un tumulte, elles accouraient, fermaient les portes qui séparaient les parvis les uns des autres, et procédaient brutalement au rétablissement de l'ordre, opérant l'arrestation des agitateurs principaux.

Quelques mots sur le temple, qui nous aideront à comprendre ce qui a provoqué l'émeute. Il se composait d'une série d'enceinte, massives dont les murailles étaient toujours plus élevées en se rapprochant du centre ; entre ces murailles, des terrasses formaient autant de cours ou parvis qui communiquaient entre eux par des escaliers. Au centre se trouvait un bâtiment couvert, renfermant le « lieu saint » et le « lieu très saint ». Le premier de ces parvis, entourant les autres, était immense, c'était la cour des païens ou « parvis des gentils ». Il était public ; c'est là que Jésus chassa les vendeurs. Puis venait le « parvis des femmes » où les Israélites seuls osaient pénétrer. Les femmes n'avaient pas le droit d'aller plus loin, dans le « parvis des hommes », qui précédait le « parvis des prêtres ». Sur cette dernière cour s'ouvraient plusieurs salles, entre autres celle du sanhédrin. À l'angle de la cour des hommes était la chambre du naziréat, où ceux qui avaient fait ce voeu cuisaient leurs repas pour le sacrifice, se faisaient couper les cheveux et les livraient pour être brûlés. C'est là sans doute que Paul fut aperçu et arrêté. Au sujet du naziréat, voir Nombres chapitre 6.

Le récit. - Nous avons vu dimanche dernier Paul en route pour Jérusalem. Il y arrive, reçu avec joie par les chrétiens. Cependant parmi eux, quelques-uns n'étaient, pas à leur aise vis-à-vis de lui. Ils avaient entendu parler de son travail parmi les païens et se demandaient si l'apôtre avait complètement abandonné les coutumes de son peuple, s'il n'était plus un bon Israélite. Paul veut les rassurer.

Sans doute, il a rompu avec l'étroitesse des Juifs et leur haine à l'égard des païens. Mais de même que Jésus a continué à venir assister aux fêtes et à entrer dans les synagogues, Paul désire ne pas blesser ses compatriotes inutilement en ayant l'air de mépriser leurs coutumes, religieuses. C'est pour cela qu'il prononce un voeu de naziréat avec quatre chrétiens juifs (expliquer ce que c'est) et qu'il accomplit scrupuleusement les conditions de ce voeu. Il ne s'agit pas pour lui d'une chose essentielle, mais puisque des chrétiens y attachent de l'importance, à quoi bon leur faire de la peine ? (1 Cor. 9 : 19-23.)

Mais il n'y avait pas que des chrétiens à Jérusalem. La grande majorité des habitants étaient hostiles à la nouvelle religion et surtout très montés contre Paul, sur lequel on avait compté pour anéantir la religion du Christ, et qui maintenant en était devenu le plus ardent défenseur. Cette haine des Juifs contre Paul est la même qui a poursuivi Jésus. Nous pouvons montrer ici aux enfants la différence entre le patriotisme et le nationalisme. Paul comme Jésus aimait ardemment son peuple, et il le voulait grand, mais à la façon de Dieu, un peuple porteur du salut, serviteur de l'Éternel pour amener à lui les autres nations. L'Évangile, apporté à ce peuple élu, devait être transmis par lui au monde. Son privilège était d'être le premier, il ne devait pas rester le seul. Les Juifs, eux aussi, voulaient être grands, mais à la façon du monde. Ils ont tué Jésus parce qu'il refusait d'être un Messie national, révolté contre Rome. Ils auraient voulu tuer Paul parce qu'il portait l'Évangile aux Grecs et aux Romains. Ne pouvant pas retrouver leur indépendance politique, ils voulaient au moins rester le seul peuple en possession de la vraie religion. Un messie qui osait frayer avec les païens était un traître, et les serviteurs de ce messie, qui leur demandaient de l'accepter pour maître et de regarder les païens comme des frères, étaient aussi des traîtres, surtout Paul, qui dans sa jeunesse avait été un zélé partisan de l'étroitesse nationale. Voilà pourquoi cet homme, qui aurait tant voulu voir sa patrie heureuse, acceptant Jésus pour Sauveur et apportant Jésus au monde, a été toute sa vie poursuivi par la haine de ses compatriotes. Le patriote veut son pays grand devant Dieu, le nationaliste veut son pays grand devant le monde.

Reprenons le récit. Une chose surtout faisait horreur aux Juifs, la présence d'un païen dans les cours intérieures du temple. Paul le savait, il n'a certainement pas commis cet acte qui eût été une insulte aux sentiments de son peuple. Il avait amené avec lui un chrétien d'Éphèse, autrefois païen, mais sûrement il l'a laissé dans la cour extérieure lorsqu'il est entré avec les autres pour accomplir son voeu. Mais vous savez qu'Il est facile de confondre un homme avec un autre. Il est surtout facile de faire croire à un peuple excité une chose qui n'est pas vraie. Les ennemis de Paul, qui le suivaient et l'épiaient, comme autrefois les ennemis de Jésus, se sont mis tout d'un coup à crier : « Il y a un païen dans le temple ! C'est Paul qui l'a amené ! »

Grand tumulte. On se précipite sur Paul sans chercher à. savoir si l'accusation est vraie. Toute la population de la ville est en émoi et accourt, et l'on aperçoit le malheureux
Paul, tiré, bousculé, couvert de coups, entraîné par ses bourreaux qui l'emmènent pour le tuer. Ils auraient certainement réussi si l'officier romain n'avait été averti par les sentinelles qu'il y avait une émeute. Il rassemble aussitôt ses soldats, fait fermer les portes du temple, se fraye un chemin dans la foule jusqu'au groupe qui provoque l'agitation. En le voyant, les misérables n'osent plus toucher la victime, et le tribun, pensant que cet homme devait être un dangereux malfaiteur, puisqu'il provoquait une pareille haine, le fait arrêter par ses soldats et lier par deux chaînes (nous dirions aujourd'hui : mettre les menottes) Puis il demande de quoi cet homme est coupable. Mais la foule, furieuse de voir sa victime lui échapper, pousse de tels cris que le tribun, ne pouvant rien savoir de clair, se décide à mener le prisonnier dans la forteresse. C'est à grand-peine que les soldats le protègent contre les fureurs de la populace, qui le poursuit de ses huées jusqu'au pied de l'escalier conduisant à la prison.

Comme Paul a dû penser à Jésus dans ce moment terrible ! Comme son maître, il est couvert de crachats, de soufflets, d'injures. Une mort certaine et horrible l'attend si les soldats n'arrivent pas assez tôt. Le même peuple qui criait : « Crucifie-le ! » crie maintenant : « Fais-le mourir ! » Le même sanhédrin travaille à sa perte. Le lendemain. il est battu de verges comme son maître, peut-être à la même place. Est-ce que son tour est venu d'être crucifié ? Aura-t-il l'honneur de suivre jusqu'au bout son Sauveur ? Non. Le serviteur n'est pas aussi grand que le maître, et Dieu a encore en réserve une tâche pour l'apôtre. Pendant qu'au fond de son cachot Paul pense à Jésus et prie, Dieu vient lui dire : « Prends courage, car il faut aussi que tu rendes témoignage à Rome, comme à Jérusalem. »

Aller à Rome ! Mais c'était le rêve de Paul. Comment cette promesse se réalisera, il n'en sait rien. Cela paraît impossible maintenant qu'il est prisonnier. Rien n'est impossible à Dieu. Mais Paul devra prendre patience et traverser encore des jours bien sombres. Il va rester en prison pendant deux ans. Adieu les beaux voyages d'évangélisation, les églises tant aimées, le plaisir de travailler pour Jésus ! Les voies de Dieu sont mystérieuses, il laisse soit serviteur inactif, lui apprend à se soumettre, et lui ouvrira la porte quand il le jugera bon.

Ce n'est pas à Jérusalem que Paul restera en prison. Le tribun Claude Lysias, qui commande la garnison, est un homme juste et plus courageux que Pilate. Il aurait pu se débarrasser de son prisonnier en le livrant au sanhédrin. Il ne veut pas le faire sans savoir s'il est coupable. Pendant qu'il étudie les moyens de faire une enquête, on vient lui dire qu'un jeune homme le demande. C'est le neveu de Paul, qui lui apprend que quarante Juifs ont juré de ne pas laisser Paul leur échapper. Ils vont demander au tribun de l'amener au sanhédrin pour l'interroger ; ils se cacheront sur son passage et l'assassineront. Ils sont si furieux et si décidés qu'ils ne veulent ni boire ni manger avant d'avoir accompli leur crime.

Le tribun comprend qu'il n'y a pas de justice à espérer de gens pareils. Il se décide à envoyer Paul à Césarée, à la prison du procurateur Félix, oh on pourra le juger avec impartialité. Sur son ordre, une compagnie de soldats est rassemblée pendant la nuit. Il pousse la bonté jusqu'à faire donner à Paul un cheval. Des cavaliers le conduiront jusqu'à destination, tandis que les fantassins, après avoir protégé sa sortie de la ville, rentreront à la caserne. Tout cela se fait sans bruit pour ne pas éveiller les conspirateurs.

Par une belle nuit de printemps, semblable à celles que son maître a passées si souvent en prière, Paul quitte pour toujours Jérusalem. Peut-être aurait-il aimé rester, et mourir comme Jésus. Mais il va avec courage, Dieu ne l'abandonnera pas. Il se sent bien seul an milieu de ces soldats. Comme Jésus, il a été abandonné par les chrétiens de Jérusalem, qui n'ont rien fait pour le délivrer et plaider sa cause. Il se rappelle sans doute certaines paroles de son Sauveur : « Vous serez haïs de tous à cause de mon nom... celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé... prenez courage, j'ai vaincu le monde ! » Nous savons aujourd'hui que les promesses se sont réalisées magnifiquement pour le vaillant serviteur.

P. Vz.




Pour les petits.

Récapituler leçon du 28 mai. - Si vous aviez quitté pendant trois ans votre ville ou votre village, vous auriez grand plaisir à y revenir ; vous iriez bien vite à travers les rues voir si les maisons sont à la même place, si on rencontre les mêmes gens qu'autrefois. Paul devait lui aussi éprouver de la joie lorsque, après sa longue absence, son long voyage sur terre et sur mer, il arriva à Jérusalem où il avait passé sa jeunesse, et revit les anciennes connaissances, les anciens disciples, surtout les apôtres auxquels, dès le lendemain, il alla rendre visite.

1. Chassé du temple. (Actes 21 : 27-31.) - Où pensez-vous qu'alla ensuite Paul quand il fut à Jérusalem ? Dans le temple, comme le faisaient tous les Juifs pieux. Quand vous serez grands, que vous aurez quitté la maison pour aller dans une autre localité, dans un autre pays comme domestique, étudiant, ouvrier, couturière, et que vous reviendrez visiter vos parents, j'espère que l'un de vos premiers soins sera d'aller à l'église assister au culte. - Mais il y avait alors à Jérusalem, à l'occasion de la Pentecôte (Actes 20 : 16), des Juifs venus des contrées où Paul avait annoncé l'Évangile ; ils avaient entendu la bonne nouvelle, mais l'avaient repoussée. Quand ils virent l'apôtre dans le temple, ils ameutèrent contre lui toutes les personnes présentes, l'accusant d'enseigner des mensonges. Ils se jetèrent sur lui et l'entraînèrent hors du temple dont les portes furent aussitôt fermées. Ainsi il lui arriva ce qui était arrivé à Jésus à Nazareth (leçon du 3 janvier), car le serviteur n'est pas plus que son maître., (Jean 15 : 20.)

2. Emprisonné. (Actes 21 : 31-36.) - Ces Juifs allaient le tuer quand les soldats romains logeant dans la forteresse qui dominait le temple accoururent conduits par un officier qui fit saisir Paul et, le prenant pour un malfaiteur, le fit enchaîner aux mains et aux pieds. Paul, après lui avoir expliqué qui il était, lui demanda et reçut la permission de parler à la foule depuis l'une des marches de l'escalier conduisant à la forteresse où on allait l'enfermer. Un grand silence se fit quand on l'entendit s'exprimer dans la langue des Juifs, la langue hébraïque. Mais bientôt, lorsqu'il voulut parler de Jésus, tous se mirent à hurler comme des forcenés, à agiter leurs vêtements, à jeter de la poussière en l'air et à crier à l'officier : Ôte-le du monde, fais-le mourir ! Et l'officier, pour le mettre en sécurité, à l'abri de leur violence, dut se hâter de le faire entrer dans la forteresse dont les portes se refermèrent sur lui. (Actes 21 : 37-40, 22 : 2, 22-24.) - Il peut vous arriver d'être traités injustement. Mais si vous supportez patiemment la souffrance pour avoir bien fait, c'est à cela que Dieu prend plaisir. Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un exemple afin que vous suiviez ses traces. (1 Pierre 2 : 20-21.)

3. Conduit à Césarée. (Actes 23 : 11-24.) - Pauvre Paul, il paraissait être bien à plaindre ! Mais quelqu'un veillait sur lui. Une nuit, le Seigneur lui-même lui apparut, et que lui dit-il ? (v. 11.) - Paul n'avait donc plus rien à craindre, et il pouvait dire : L'Éternel est le rempart de ma vie, de qui aurais-je peur ? Mon secours vient de l'Éternel. Le Seigneur le protégeait contre les Juifs qui cherchaient à le faire mourir et dont quarante d'entre eux avaient même fait le serment horrible et insensé de ne rien manger ni boire avant de l'avoir tué. Mais qu'arriva-t-il ? - Raconter les faits (v. 16-24). - Le Seigneur tint sa promesse de secourir Paul ; 1° en permettant que le neveu de l'apôtre eût connaissance de la conjuration, 2° en donnant à ce jeune homme le courage d'aller la révéler, d'abord à son oncle, ensuite à l'officier, 3° et en inspirant au commandant de la forteresse la résolution d'envoyer Paul à Césarée, au bord de la mer Méditerranée, ce qui fut fait la nuit même ; en sorte que, le lendemain matin, l'apôtre accompagné de soixante-dix cavaliers arrivait dans ce port de mer, et était logé dans un palais.

La promesse faite à Paul est aussi pour vous, si vous vous laissez diriger par le Seigneur en faisant sa volonté. Alors vous aussi, vous pouvez être assurés que le Seigneur vous gardera ; vous pourrez dire, quoi qu'il arrive : Mon secours vient de l'Éternel.

L. N.

Partie de l'élève.

SUJET : Paul emprisonné et conduit à Césarée. Le serviteur n'est pas plus que son maître.
(Actes 21 : 27-36 ; 23 : 11-24.)
Versets à apprendre :
Le disciple n'est pas plus que le maître.... il suffit au disciple d'être traité comme son maître. (Mat. 10 : 24-25.)
Vous aurez des tribulations dans le monde ; mais prenez courage, j'ai vaincu le monde. (Jean 16: 33.)
Mon secours vient de l'Éternel. (Ps. 121 : 2.)

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