Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

( 7 MAI.)

Pierre pardonné. « M'aimes-tu. ? »


Jean 21 : 1-19.

Cantiques proposés :
N° 88. Seigneur ! sanctifie... - N° 76. Aux jours de mon enfance...


J'ai devant moi une reproduction du tableau de Burnand « le samedi saint ». Les onze sont dans la chambre haute, la tristesse la plus profonde est peinte sur leurs visages, ils ressemblent à des orphelins le jour où l'on a enterré leur mère. L'un de ces hommes attire l'attention, on ne voit pas sa figure, il est assis à la table et se tient la tête dans les mains ; ses deux bras robustes de batelier semblent crispés par le chagrin. Cet homme qui a l'air si fort pleure comme un enfant, et ne se laisse pas consoler par ses amis. Pourquoi pleure-t-il, et qui est-il ? C'est l'apôtre Pierre qui pleure. parce que Jésus, son meilleur ami, est mort, abandonné par tous, et surtout par lui, Pierre, qui avait promis de rester jusqu'au bout.

Pourtant il l'aimait bien, son ami Jésus, son maître ! Nous en avons de nombreuses preuves. Raconter brièvement l'histoire de l'apôtre, sa première rencontre avec Jésus, son enthousiasme, la place qu'il occupe dans le groupe des apôtres. C'est lui qui prend la parole au nom des autres, qui proclame Jésus, même alors que le peuple se détourne de lui. Il ne, veut aller à personne qu'à Jésus, qui lui a apporté les paroles de la vie éternelle. Pendant la nuit, sur le lac, il se jette à l'eau pour aller à sa rencontre, et quand il a enfoncé et que Jésus l'a sauvé de la mort, un nouveau lien s'est établi entre le maître et le disciple. À Capernaüm, Jésus était son hôte, et pour lui prouver sa confiance, il lui avait donné ce beau nom de Pierre. Il l'a pris avec lui chez Jaïrus, sur la montagne de la transfiguration. Aussi, quand le ciel est devenu sombre au-dessus de la petite troupe, quand le danger a menacé et que ces hommes commencent à perdre courage, c'est naturellement Pierre qui tient bon, et qui, voyant que Jésus ne peut pas compter sur les autres, lui dit : « Même s'il faut mourir avec toi, je ne t'abandonnerai pas ! » Raconter, ou plutôt faire raconter aux enfants ces diverses scènes, montrer les raisons que Pierre avait d'aimer Jésus, et combien il l'aimait !

Maintenant le voilà qui pleure, la tête cachée dans ses mains ! Que s'est-il passé ? On a tué son ami, il y a bien là de quoi avoir du chagrin, Mais ce n'est rien encore : cet ami, il l'a trahi, lâchement abandonné, renié. Voilà qui est affreux. Être frappé par ses ennemis, c'est terrible, mais naturel. Mais être abandonné par son ami, par son meilleur, par celui qui a dit qu'il irait jusqu'au bout, et être abandonné par lui juste au moment où il faut souffrir et mourir, voilà ce que Jésus a souffert, voilà ce que Pierre lui a fait souffrir. Depuis cet affreux moment, Pierre se cache, il pleure sans arrêter, il revoit ce regard de Jésus, chargé de douleur et de tendre reproche, fixé sur lui. Ce regard, il ne le reverra plus, plus jamais, car Jésus est mort sans que Pierre ait pu lui demander pardon, sans que Jésus ait pu lui dire qu'il l'aimait encore.
Et puis, Pâques est venu. Jésus n'est pas mort, il est ressuscité. Alors un immense espoir a rempli le coeur de Pierre. Peut-être pourra-t-il le revoir, lui demander pardon ? Et sûrement, Jésus, qui est si bon, lui pardonnera, car il a tant de regret, il se repent tellement d'avoir été si lâche !

Notre chapitre d'aujourd'hui décrit justement la rencontre de ces deux amis, l'un si profondément offensé, l'autre si tristement coupable, et la réconciliation du maître et du disciple, par le pardon du maître et le repentir du disciple. Raconter la scène, en insistant sur la hâte de Pierre, qui se jette à la nage pour arriver plus vite. Va-t-il se jeter aux pieds de Jésus, se remettre à pleurer, ou essayer de s'excuser, expliquer qu'il a été pris par surprise, qu'au fond il n'a pas cessé de l'aimer ? Rien de tout cela. Pierre, qui autrefois parlait volontiers, a appris à se taire. Sa grande faute l'a rendu humble, il ne se sent plus digne d'aborder son maître comme un ami, de lui parler le premier. Il attend patiemment que le repas soit fini, il laisse Jésus s'occuper des autres. Il se dit peut-être : c'est fini, il ne voudra plus de moi, il va partir sans m'avoir permis de lui parler, c'est bien fait, je n'ai que ce que je mérite. Oh ! comme Pierre a dû souffrir pendant ce repas ! quels regards suppliants il a dû jeter sur son maître ! Jésus, qui lit dans les coeurs, n'a pas eu de peine à déchiffrer ces regards, ces traits tirés, cette attitude soumise, cette souffrance Intérieure. Il n'a pas besoin de demander à Pierre s'il se repent, cela se lit sur sa figure.

Alors Jésus, ce modèle des amis, ce frère toujours prêt à pardonner, invite Pierre à venir à l'écart, et là, rien que les deux, ils causent. Pas beaucoup de paroles, mais quelle tendresse dans cette simple question : M'aimes-tu ? Voyez comme Pierre a changé, il ne commence pas un long discours, il ne dit même pas : maintenant, s'il faut mourir avec toi, je ne t'abandonnerai plus. Il sait qu'il n'a plus le droit de dire cela après ce qu'il a fait. Mais ce qu'il peut dire, et de tout son coeur, il le dit : « Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime. »

Est-ce que Jésus n'a pas entendu ? ou bien est-ce qu'il doute de son disciple ? Il lui redemande la même chose, et encore une troisième fois. Pierre souffre intensément de penser que son maître n'a plus confiance en lui. Mais il l'a mérité et ne répond que la même affirmation, poignante dans sa monotonie : « Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime. » Et à la troisième question, il en appelle à la puissance de Jésus, cette puissance qui lui permet de tout savoir, de lire jusqu'au fond des meurs : « Tu sais toutes choses, tu sais que je t'aime. » Oui, Jésus le savait bien, il n'avait pas besoin de le demander trois fois pour le savoir. Mais le plus grand défaut de Pierre était son orgueil, il n'aimait pas qu'on doutât de lui, il se croyait fort, Il faut que cet orgueil soit complètement brisé. Il faut que Pierre accepte avec patience ces questions répétées et le doute qu'elles semblent recouvrir. L'épreuve est surmontée, et Jésus pardonne.

Pierre avait agi aussi par manque de courage. L'orgueil et la faiblesse vont souvent ensemble. C'est quand nous nous croyons le plus fort que nous sommes le plus faible. C'est pourquoi Jésus lui demande simplement : « M'aimes-tu ? » Aimer Jésus plus que tout au monde, et surtout plus que soi-même, c'est le secret du courage : parce que celui qui aime Jésus est décidé à le servir quoi qu'il puisse en coûter, à tout supporter pour lui, à être fort comme il l'a été. Et puis celui qui aime Jésus comprend qu'il ne peut rien sans lui, il sait que par ses propos forces il n'est capable que de le renier et que dans cet amour seul il peut trouver le secret de la victoire. Aussi, lorsque Pierre répond « Tu sais que je t'aime », cela veut dire que maintenant il est décidé à suivre Jésus jusqu'au bout, mais que, connaissant sa faiblesse, il prendra la force que Jésus lui donne.

Voilà ce qui est le plus beau dans le pardon de Jésus. Il ne suffisait pas de pardonner à Pierre en le laissant aussi faible et prêt à retomber. Il fallait lui pardonner en le rendant fort . Pour cela, Jésus est mort sur la croix. Il est mort justement pour cet homme qui l'a abandonne, pour nous qui le renions si souvent. Quand Pierre a compris cela, son coeur a été brisé, il est mort lui-même, mort à son orgueil, à son égoïsme, le vieux Pierre est mort, et un nouveau Pierre est né, dans lequel Jésus a versé sa force. Ce n'est plus maintenant Pierre qui vit, c'est Jésus, mort pour lui, qui vit en lui. Le pardon de Jésus a tué le Pierre des anciens jours, il a créé un homme nouveau.

Et quel homme ! Jésus lui donne une tâche immense:
« Paix mes agneaux. » Pierre devra conduire les hommes à Jésus, il devra commander et diriger, lui si faible. Et il réussira par la force de Jésus. Il devra souffrir, aller où il ne voudrait pas, être enchaîné, et mourir martyr, lui qui n'osait pas affronter les moqueries d'une servante. Et il ira, vaillamment, jusqu'à la mort, par la force de Jésus. Il devra accepter que d'autres soient plus grands que lui et réussissent mieux que lui, que lui devienne petit quand d'autres seront célèbres, comme l'apôtre Paul, lui, Pierre, qui était si orgueilleux ! Et il en viendra à bout, par la force de Jésus. Il devra parler beaucoup, et ne jamais parler de lui, rien que de Jésus. C'est ce qu'il fera. Désormais Pierre n'a qu'une passion, Jésus, qu'un nom à la bouche, Jésus, qu'un but dans la vie, suivre Jésus. Quelle transformation opérée par le pardon de Jésus, qui a donné sa vie pour pouvoir nous pardonner ainsi !

On dît souvent que demander pardon, c'est de la faiblesse ; que pleurer sur ses fautes, c'est indigne d'un homme. Quand trouvez-vous que Pierre a été faible ? Est-ce quand il se croyait assez fort pour suivre son maître, et qu'il l'a abandonné, ou bien est-ce quand après avoir pleuré et demandé pardon, il a su tout souffrir et tout donner pour Jésus ? Il n'y a rien de plus grand, de plus viril, de plus beau, que de voir un homme se repentir, jeter loin de lui sa misère, et devenir enfin fort dans le pardon de Jésus.

On dit souvent aussi que pardonner, c'est de la faiblesse, qu'un homme fort ne pardonne pas, qu'il se venge. Trouvez-vous que Jésus a eu tort de pardonner, qu'il a été faible, qu'il aurait été plus grand en repoussant Pierre ? Tâchons de comprendre où est la vraie grandeur, Jamais Jésus n'a été si grand qu'en donnant sa vie pour Pierre, pour nous. Il lui fallait pour cela plus de courage qu'au soldat qui marche au combat.

Jamais non plus il n'a été si heureux. C'est par là que nous terminons : le bonheur du maître et du disciple. Quelle joie pour Jésus de retrouver son ami repentant et fidèle, de se dire que son sacrifice sur la croix n'a pas été inutile, puisqu'il a conquis Pierre, d'avoir le droit de le serrer sur son coeur, parce qu'il lui a tout donné, sa vie même pour le sauver ! Quelle joie pour Pierre de pouvoir enfin demander pardon, de se dire que sa faute n'est pas irréparable, qu'il peut encore servir son maître, qu'il est maintenant un autre homme, sûr de lui parce qu'il est sûr de Jésus, qu'il ne fera plus jamais un chagrin pareil à son meilleur ami ! Quelle joie pour eux d'aller maintenant, Jésus dans le ciel veiller sur ses serviteurs en sachant qu'ils l'aiment d'un amour immense, Pierre dans le monde parler partout de Jésus, de ce qu'il a fait pour lui et peut faire pour d'autres, en sachant qu'il est pardonné, rentré dans la confiance de son maître, et que tout est réparé !

Ce bonheur, est-ce que Jésus le connaît à votre égard, est-ce que vous donnez de la joie à Jésus en lui demandant pardon et en lui montrant que son sacrifice n'est pas perdu pour vous, en vous laissant transformer par lui ? Ce bonheur, est-ce que vous le possédez, le bonheur d'aimer Jésus plus que tout au monde, de vivre pour lui, sans jamais le renier, d'être vainqueur dans toutes les tentations parce que vous l'appelez sans cesse à votre aide ?

Nous venons d'étudier l'histoire de ces deux hommes qui ont beaucoup souffert, l'un par sa faute, l'autre par la faute de ses amis, de nous. Ils sont devenus tous les deux heureux, Jésus en pardonnant, Pierre en se laissant pardonner. Vous souffrirez aussi, et beaucoup, par votre péché. Rappelez-vous l'histoire de Pierre et trouvez comme lui le chemin du bonheur, près de Jésus.

P. Vz.




Pour les petits.

Récapituler leçon du 30 avril. - Puisque les apôtres, comme les enfants de la famille, avaient leurs défauts et leurs péchés, ils avaient besoin d'être corrigés et pardonnés. Nous l'avons vu à propos de Thomas ; aujourd'hui nous le verrons de nouveau à propos de Pierre ; il avait gravement péché, mais il se repentit et fut pardonné.

1. Quelle faute avait-il commise ? - Raconter sa promesse présomptueuse de suivre Jésus jusqu'à la mort (Luc 22 : 31-35), son triple reniement et son repentir (Luc 22:54-62), ce sujet n'ayant pas été traité pendant l'hiver.

2. À quelle occasion reçut-il son pardon ? (Jean 21 : 1-14.) - Raconter les faits : après les apparitions de Jésus à Jérusalem, les apôtres sont retournés en Galilée où il leur avait donné rendez-vous (Marc 14 : 28, Mat. 28 : 10) ; Pierre, accompagné de six autres disciples (dire quelques mots des principaux d'entre eux), va pêcher sur le lac de Génésareth. Ils passent la nuit sans rien prendre ; au matin, Jésus est sur le rivage, les appelle, leur donne ses ordres ; le dîner.

3. Le pardon. (Jean 21 : 15-19.) - Quand ils eurent dîné, quelle question Jésus posa-t-il à Pierre ? (v. 15, 16, 17). Pourquoi trois fois ? Parce qu'il avait renié trois fois le Sauveur. Réponse de Pierre : Seigneur, tu sais toutes choses, tu sais que je l'aime. Les médecins et chirurgiens ont un instrument leur permettant de voir l'intérieur du corps à travers la peau et les chairs ; mais sans instrument le Seigneur voit à travers le corps votre âme, toutes vos pensées, tous vos bons ou mauvais sentiments.
Pouvez-vous, comme Pierre, lui dire : Tu sais que je t'aime ? Si vous pouvez le dire sincèrement, vous pouvez être assurés qu'il vous pardonne, comme à Pierre, toutes vos fautes. - Et que répond Jésus à Pierre ? (v. 16, 18). Jésus lui faisait ainsi comprendre qu'il lui pardonnait, qu'il le recevait de nouveau au nombre de ses apôtres. Si vous avez fait de la peine à votre maman et qu'elle ait cessé de vous parler pendant un certain temps, vous êtes malheureux jusqu'à ce qu'enfin elle vous charge de nouveau de quelque commission ou autre travail ; alors vous courez, tout heureux, faire votre devoir, sachant qu'elle vous a pardonné. De même Pierre dut comprendre qu'il était pardonné quand Jésus lui dit : « Pais mes agneaux, mes brebis, » ce qui signifiait : Va annoncer aux petits et aux grands, qui sont mes agneaux et mes brebis et dont je suis le bon Berger, la Parole de Dieu, qui est la nourriture nécessaire à leurs âmes comme l'herbe est nécessaire aux agneaux et aux brebis. C'est ce que fit Pierre, accomplissant fidèlement son devoir comme apôtre, prouvant son amour pour Jésus en allant de lieu en lieu parler de ce bon Sauveur et se laissant enfin crucifier pour Lui. - Vous êtes maintenant les agneaux qu'on fait paître en vous instruisant à l'école du dimanche. Si vous aimez le Sauveur et cherchez à lui plaire par votre obéissance (Jean 14 : 15), peut-être, quand vous serez grands, le Seigneur vous enverra à votre tour paître ses agneaux et ses brebis ; ce sera pour vous un grand honneur.

L. N.

Partie de l'élève.

SUJET : Pierre pardonné. M'aimes-tu ?
( Jean 21 : 1-19.)
Versets à apprendre :
Il ne brisera point le roseau cassé, et il n'éteindra point la mèche qui brûle encore. (Ésaïe 42: 3.) Heureux celui à qui la transgression est remise, à qui le péché est pardonné ! (Ps. 32: 1.)
Seigneur, tu sais toutes choses, tu sais que je t'aime. (Jean 21 : 17.)

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