Cantiques proposés :
N° 31. O Jésus, sur le
Calvaire... - N° 32. O toi que j'aime...
Introduction. - Nous ne lisons
pas
assez notre Bible, pas assez tranquillement, pas
assez intelligemment. Les récits sont si
courts, si ramassés, qu'il faut
s'arrêter à chaque ligne pour saisir
tout ce qu'ils renferment. Cela est surtout vrai
des récits de la Croix. Ils renferment,
sobrement décrites, sans l'étalage
d'horreurs des feuilletons de journaux, sans viser
à l'effet, les souffrances immenses
endurées par notre Sauveur dans cette
dernière journée, et comme un
résumé des souffrances de sa vie.
Faire comprendre aux enfants que Jésus a
beaucoup souffert, les émouvoir en leur
donnant la vision de ces souffrances, doit
être le premier but d'une leçon
consacrée au Vendredi-Saint. Nous nous
bornons au récit qui nous est donné,
celui de Jean. Puis nous essayerons de
dégager pour les plus grands la
conclusion : pourquoi Jésus est-il
mort ? d'après le sous-titre :
Tout est accompli.
Jésus a souffert. - Remarquons
que les souffrances dernières de
Jésus, dont le récit n'occupe que
deux pages à peine de la Bible, ont
duré tout un jour, que chaque alinéa
comporte au moins une heure de souffrance.
Jésus n'avait pas dormi la nuit
précédente. Il n'a probablement rien
mangé depuis le repas du soir. Il a
été abandonné par ses amis,
trahi par Judas, renié par Pierre. Il a
reçu des soufflets et a eu froid chez le
souverain sacrificateur, puisque les soldats
devaient allumer du feu pour se chauffer.
Voilà dans quel état physique, et
dans quelle souffrance du coeur il a
commencé sa dernière
journée.
Un cortège s'est formé au
petit jour. Traîné par la police,
hué par la foule, Jésus a
été amené au palais de Pilate,
et là, pendant de longues heures, il a
assisté aux luttes intérieures de cet
homme qui tient sa vie dans sa main, qui peut le
délivrer, et qui n'ose pas. On l'a
emmené à travers la ville jusqu'au
palais d'Hérode, on l'a ramené
à Pilate. N'insistons pas sur cette partie
de la journée, puisque c'était le
sujet de l'an dernier.
« Pilate prit Jésus et le
fit battre de verges. » Que d'horreur
dans cette petite phrase ! Les verges,
c'était pour les Romains un terrible fouet
garni de pointes qui faisaient au prisonnier un mal
atroce. Cette exécution, c'était une
occasion de s'amuser. On a mis sur le front de
Jésus une couronne d'épines, on
frappe dessus avec un bâton pour que le sang
coule. On l'a revêtu d'une vieille tunique
rouge de soldats, et, tout épuisé par
les coups qu'il a reçus, il est
abreuvé d'insultes par ses bourreaux.
Dans cet état, on le ramène au
soleil qui enflamme ses plaies, il entend de
nouveau les hurlements de la foule. Pas un ami dans
cette cohue ! Pas un disciple qui ait le
courage de revenir ! Et tous ces malades qu'il
a guéris, tous ces gens auxquels il a fait
du bien, pas un qui ait le coeur de souffrir avec
lui !
Peut-être pouvait-il reconnaître parmi
ceux qui criaient quelques-uns de ses anciens amis.
Souffrir, être battu, insulté, c'est
dur ! Mais souffrir seul, sans amis, sans
appui, c'est plus dur encore. Et souffrir sans
qu'on ait rien fait de mal !
Jésus a toujours eu horreur du
mensonge. Dans ce jour, il est entouré de
mensonge. On ose prétendre qu'il doit mourir
à cause de la loi. Cette loi, il la
connaît bien, il sait que ce n'est pas vrai.
On dit qu'il s'est fait Fils de Dieu. Mais
ce n'est pas vrai. Il est le Fils de Dieu,
et ces gens le savent bien. Ils veulent le faire
passer pour un orgueilleux et un impie, lui qui a
été humble et toujours fidèle
à Dieu. Qu'aurions-nous fait à sa
place lorsque Pilate le fit entrer dans le
prétoire ? Nous nous serions
probablement jetés à ses pieds, nous
lui aurions expliqué que les autres mentent,
nous aurions pleuré. Jésus ne dit
rien, il reste calme devant son juge, il affirme
simplement que Dieu est tout-puissant, et qu'il
peut faire ce qu'il veut. S'il doit être
délivré, c'est Dieu qui le fera, et
non Pilate. Dehors, les mensonges continuent.
Maintenant on accuse Jésus de vouloir
prendre la place de l'empereur, d'être un
ambitieux, de vouloir se faire roi. Lui qui s'est
sauvé dans la montagne le jour où on
voulait le proclamer roi !
(Jean
6 : 15.) Enfin Pilate se
décide à le condamner à
mort.
Alors un nouveau cortège se forme.
Pour la quatrième fois dans cette
journée, sans avoir dormi, sans avoir
mangé, traîné par la police et
hué par la foule, Jésus traverse
Jérusalem, cette ville qu'il a tant
aimée. On a mis sur ses épaules la
lourde poutre sur laquelle il sera cloué, et
qu'il n'a plus la force de porter. Le sang de ses
plaies coule sur le chemin. Il faut qu'il souffre,
qu'il souffre publiquement, que tout le monde le
voie saigner et souffrir, que personne ne puisse
dire que ce n'est pas vrai que Jésus a souffert. À
Golgotha,
« il fut crucifié ».
Trois mots seulement pour indiquer la plus horrible
souffrance qu'on puisse infliger à un
homme : les clous plan tés dans les
mains et dans les pieds, l'effrayante minute
où on dresse la croix et où le corps
ressent partout une douleur aiguë. Puis les
longues heures d'agonie. Il faut préparer
une telle leçon à genoux, en revivant
ces choses, pour qu'il en entre à travers
nous une émotion sainte dans le coeur de nos
enfants.
On a enlevé à Jésus sa
belle robe, sa tunique, un cadeau qu'on lui avait
fait, sa seule possession terrestre ; des
soldats s'amusent à la tirer au sort. Au
pied de la croix, sa mère, sa pauvre
mère qui ne peut plus prendre son fils dans
ses bras comme dans l'étable de
Bethléem, qui ne peut plus le consoler, le
délivrer. Et lui non plus ne peut pas tendre
les bras vers sa mère, ils sont
cloués. Pensez quelle souffrance !
Regarder sa mère qui pleure, qui
gémit, et ne pas pouvoir lui donner la main,
a peine pouvoir lui parler tant on a mal !
Voilà ce que Jésus a dû
souffrir. Pendant ce temps, il est torturé
par la fièvre, il s'écrie :
« J'ai soif. » Lui qui ne
pensait qu'aux autres, qui s'oubliait
lui-même, ne peut pas retenir ce cri de
douleur physique, que vous avez entendu
peut-être à la maison lorsque
quelqu'un était très malade. Mais ce
n'est pas une main amie qui tend à
Jésus un verre d'eau, il faut qu'un de ses
bourreaux, pris de pitié, lui rende ce
dernier service. Le dernier, car, après
avoir pris le vinaigre, Jésus dit :
« Tout est accompli. » Et,
baissant la tête, il expira.
Tout est accompli. - Nous n'avons
pas
l'intention de dogmatiser. Nous ne
prétendons pas épuiser un sujet vaste
comme le monde, et sonder le grand mystère.
Notre but est de dégager, en vue des
enfants, quelques-uns des effets de la mort de
Jésus.
Jésus devait mourir pour que sa
foi fût accomplie.
Sans Golgotha, Jésus ne serait pas
complet, il lui manquerait la foi parfaite au
milieu de la nuit absolue. Tant qu'un homme vit, il
y a de l'espérance, il peut se raccrocher
à la terre. Quand il meurt, il ne reste
rien, rien que la foi. Si Jésus
n'était pas mort, nous aurions toujours le
droit de nous demander comment sa foi aurait
supporté cette suprême épreuve.
Il l'a supportée. Non sans peine et sans
lutte. C'est dur de mourir à trente ans, en
pleine vigueur ; il s'est demandés s'il
n'était pas possible que cette coupe lui
fût épargnée. Mais il n'a pas
douté de Dieu, il a accepté, il s'est
refusé tenacement au désespoir, quand
même Dieu n'envoyait pas ses anges pour le
délivrer, il lui a dit :
« Père »,
jusqu'au bout. Jésus a cru jusqu'à la
mort.
Jésus devait mourir pour que son
obéissance fût accomplie. Dieu lui
avait demandé beaucoup de sacrifices,
famille, patrie, plaisirs terrestres, ambitions
légitimes. Il a donné tout cela. Mais
ce n'était rien encore, la vraie
obéissance va jusqu'à la mort. Un
homme peut-être un excellent soldat, mais on
ne saura sa vraie valeur que le jour où, sur
le terrain balayé par les balles ennemies,
il va au-devant de la mort, obéissant au
devoir. Jésus, ayant appris
l'obéissance par les choses qu'il a
souffertes, a été obéissant
jusqu'à la mort.
Jésus devait mourir pour que son
amour fût accompli. On peut aimer
beaucoup, et, par amour, accepter de nombreux
sacrifices. Mais pour que l'amour soit complet, il
faut qu'il aille jusqu'à la mort. On peut
aimer certaines personnes, et pour elles, donner sa
vie. Vos mères iraient sans hésiter
à la mort pour vous sauver. Mais pour que
l'amour soit complet, il faut qu'il s'adresse
à tous, sans distinction. À peine
mourrait-on pour un juste, dit saint Paul, mais qui
mourrait pour des impies ? Eh bien,
Jésus est mort, pour ses ennemis, en leur
pardonnant, mort pour sauver
ceux qui aujourd'hui encore méprisent son
salut. Il a aimé jusqu'à la
mort.
Et il fallait que Jésus mourût
de cette façon-là, dans ces
souffrances horribles, pour unir deux choses :
l'abandon complet, et la publicité. Il
fallait que sa douleur fut absolue, toute la
douleur physique, le supplice, et toute la douleur
morale, l'abandon ; il fallait même
l'abandon de Dieu pour faire éclater ce
triomphe de la foi qui consiste à
espérer contre toute espérance,
à poser les pieds dans le vide en
disant : il y a un rocher, à tendre les
mains dans la nuit en disant : il y a
là quand même une main tendue vers
moi. Pour que l'amour fût complet, il fallait
les coups de fouet, les crachats et les
blasphèmes, et quelqu'un capable d'aimer
ceux qui frappaient, qui crachaient et qui
blasphémaient.
Cette scène atroce, il la fallait
publique. Le fils de l'homme a dû être
élevé de la terre, afin que ses
dernières paroles, ses derniers actes, ses
derniers soupirs, fassent contrôler et
enregistrés ; qu'on ne puisse pas
dire : Ses amis l'ont cru plus parfait qu'il
n'était, on n'a pas dit toute la
vérité sur son compte ; ou
bien : Ce n'est pas vrai qu'il ait tant
souffert, on peut bien raconter quand personne
n'était là pour voir. Cela, on ne
peut pas le dire de Jésus. Tout le monde l'a
vu souffrir, a vu son amour et sa foi. Essayez de
vous représenter un instant Jésus
fuyant de Géthsémané au
delà du Jourdain, échappant à
la mort. Ses adversaires auraient eu beau jeu de
crier : Il a fui, il n'a pas eu le courage
d'aller jusqu'au bout, il a craint la mort.
Golgotha leur a fermé la bouche. Encore
aujourd'hui, les ennemis du Christ,
s'arrêtent étonnés en
présence de cette croix. Ils n'osent pas la
nier, le fait est trop public. Ils n'osent pas
traiter d'imposteur un homme qui meurt si
héroïquement. Un grand personnage, qui
n'était pas un croyant, répondit un jour à
quelqu'un qui
prétendait qu'il avait une religion
meilleure que celle du Christ : « Eh
bien, monsieur, enseignez votre religion, et puis
faites-vous crucifier pour elle, alors on
verra. » Jésus, en se laissant
crucifier, a mis le sceau à son oeuvre. Nous
savons maintenant que ses paroles étaient
vraies, que son amour était immense, que sa
foi était réelle. On peut attaquer
les miracles de Jésus, ses enseignements,
même sa résurrection. Mais tous les
efforts se brisent contre la croix. Rien ne pourra
faire que Jésus ne soit pas mort pour
nous.
Mort pour nous ! -
Oh ! mes
amis, pesons ces trois mots, avant de les apporter
à nos enfants comme conclusion de cette
leçon. C'est pour nous qu'il a tant
souffert, c'est pour nous qu'il est mort. Ici nous
plongeons dans le mystère chrétien,
dans l'inexplicable, surtout quand il s'agit
d'enfants. Si nous leur avons inspiré la
pitié pour ce Jésus souffrant,
l'admiration pour ce héros, le respect en
face de cette merveilleuse et poignante figure de
martyr, nous n'aurons pas perdu notre heure. Mais
si nous pouvions aller plus loin ! Si des
profondeurs de notre expérience personnelle
jaillissaient quelques-unes de ces paroles que Dieu
peut nous donner à ce
moment-là ! Si nos enfants sentaient
à cette minute de notre leçon qu'ils
ont devant eux une personne pour laquelle
Jésus est mort, et qui le sait ? Si
nous savions leur dire combien nous étions
méchants, malheureux, perdus, avant d'avoir
rencontré la croix, et quelle transformation
la croix a portée dans notre vie ; leur
dire qu'il est impossible d'aimer, de croire, de
pardonner, d'obéir, par ses propres forces,
que nous ressemblons à Judas, à
Pierre, à Pilate, qu'il nous faut un
renouvellement complet de notre coeur, et que ce
coeur nouveau, Jésus mourant seul peut nous
le donner ! Il est mort pour nous, parce que
nous ne pouvions pas voir clair dans notre vie de péché,
pas voir
notre orgueil, notre lâcheté, notre
égoïsme, avant de l'avoir vu mourir si
humble, si courageux, si aimant. Il est mort pour
nous, parce que nous ne pouvions rien faire pour
nous délivrer du péché, et que
sa mort seule pouvait nous délivrer, en
faisant tomber sur lui le châtiment. Il est
mort pour nous, parce que nous avions besoin d'une
force, d'un amour plus grand que le monde, et que
lui seul pouvait nous les donner.
En disant cela, il y aurait dans notre voix
quelque chose de particulier, il y aurait dans
notre regard un rayonnement de la joie du salut. Ne
pensez-vous pas que nos enfants
comprendraient ?
P. Vz
Récapituler
leçon du 9
avril. - Vous avez peut-être des
amis, des amies à qui vous avez dit
plus d'une fois que vous les aimiez
beaucoup et qui vous l'ont dit aussi. Mais
il faut en donner la preuve. Jésus
a prouvé qu'il est le vrai ami des
hommes en venant leur apprendre à
connaître le Père
céleste, à l'aimer et
à lui obéir, et en leur
donnant lui-même l'exemple de
l'obéissance et de la soumission
à la volonté divine. C'est
surtout vers la fin de sa vie qu'il nous
fait voir tout son amour ; pour nous
il s'est laissé : Partie de l'élève. ( Jean 19: 1-30.)
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