Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Le rôle des bébés.

 L'institution d'un « rôle des bébés » (Cradle Roll), qui compte déjà quelques années d'existence, est accueillie avec toujours plus de faveur par les écoles du dimanche américaines. Elle rend d'excellents services pour le recrutement des écoles et en même temps pour l'évangélisation de nombreuses familles qui échappent autrement au champ d'action des Églises.

Voici comment les choses se pratiquent. L'école a un registre où elle demande aux parents la faveur de pouvoir inscrire le nom de leurs nouveau-nés ou bien d'enfants trop jeunes encore pour suivre les instructions. Un certificat enluminé, portant d'aimables paroles, des encouragements et recommandations, est délivré aux parents pour être, s'ils le désirent, suspendu à la paroi dans leur demeure. Le bébé fait désormais partie de la grande famille que constitue l'École.

À l'anniversaire de sa naissance le nom de l'enfant sera rappelé devant l'école et mentionné dans une prière en faveur des futurs élèves. Une lettre imprimée sera en même temps envoyée aux parents, exprimant de bons voeux et le ; assurant à nouveau de la sollicitude dont leur enfant est l'objet. Une fois par an, ou plus souvent encore, les mamans sont convoquées à un rendez-vous familier auquel elles apportent leur bébé ; on leur fait accueil, on leur offre des rafraîchissements et la bénédiction de Dieu est implorée sur ces « petits » que Jésus recommandait à la bienveillance de ses disciples.

Moniteurs et monitrices ont l'oeil au guet pour proposer à de nouveaux voisins ou aux personnes avec lesquelles ils sont mis en contact, l'inscription au rôle de l'école, et cela leur fournit l'occasion de faire du bien, de gagner à la foi mainte famille.

A. BR.




Aux moniteurs et monitrices des écoles du dimanche du canton de Vaud.

 

Sur la demande qui lui en avait été faite, le Comité cantonal a organisé, au commencement de l'hiver, une série de quatre causeries destinées aux moniteurs et aux monitrices des écoles du dimanche de Lausanne. (Voir le programme ci-dessous.)
D'accord avec les auteurs de ces causeries, le Comité offre que celles-ci soient répétées dans le canton, là où elles pourraient être désirées. Les frais seraient à la charge de la caisse cantonale.

Pour faciliter les choses, il est très désirable que les moniteurs et monitrices d'une même région se groupent, en vue des causeries sus-mentionnées, dans une localité aisément accessible à tous les intéressés.
Prière d'adresser les demandes au président du Comité cantonal :

EUG. BRIDEL, pasteur,
Avenue Mont-d'or 7, Lausanne.


Conseils pratiques aux moniteurs et monitrices de nos écoles du dimanche.

Première causerie : Le caractère de l'enfant (comment il aide le moniteur), par M. U. BRIOD, professeur à l'école d'application.
Deuxième causerie : Le caractère de l'enfant (comment il complique la tâche du moniteur), par M. GEORGES MEYLAN, pasteur.
Troisième causerie : La préparation d'un sujet, par M. A. DE HALLER, pasteur.
Quatrième causerie : L'exposition d'un sujet, par M. EUG. BRIDEL, pasteur.




Du rôle de l'image dans l'enseignement religieux
(1).

 

Par le mot d'image, nous n'entendons pas les vignettes qui sont distribuées chaque dimanche aux enfants, et la question de leur valeur artistique ou de leur utilité religieuse n'est pas celle qui nous préoccupe en ce moment.

Notre intention n'est pas davantage de nous placer aux antipodes des questions de l'enfance pour discuter gravement la valeur du symbole au point de vue philosophique ou théologique. Ce travail a été poursuivi dans notre temps avec une vraie prédilection, et d'aucuns ont conclu que l'intelligence humaine est incapable de saisir la réalité religieuse ou du moins de l'exprimer convenablement.

Comme toujours, cette réaction excessive s'explique par le trop grand empire qu'exerçait auparavant la thèse contraire. Si l'on n'avait pas exagéré la valeur de telle image biblique, si, par exemple, on n'avait pas abusé des symboles de « rançon », d' « étang ardent de feu et de soufre », il n'aurait pas été nécessaire de combattre les prétentions de la pensée religieuse à pouvoir tout expliquer par ces images.

Jésus n'a-t-il pas mis en garde ses auditeurs contre les interprétations trop littérales ? Après avoir parlé de sa chair comme d'une nourriture qu'il faut manger et de son sang comme d'un breuvage qu'il faut boire, il proteste contre l'idée, qu'en eurent certains auditeurs, d'une manducation matérielle et grossière, et il ajoute : « Mes paroles sont Esprit et Vie ! » Ce mot de Jésus peut servir d'épigraphe ou de note marginale à tous les enseignements empruntés au monde visible.

Cela dit, nous pensons rester dans la ligne de notre travail en constatant l'emploi nécessaire et légitime des images dans l'expression des connaissances humaines. Dès nos premières années, notre esprit s'ouvre sous la pression du monde extérieur ; il se développe en corrélation étroite avec l'organisme corporel et, plus tard, avec l'organisme social ; il baigne, pour ainsi dire, dans les phénomènes matériels. Dès lors, notre esprit ne peut se défaire complètement des plis qu'il a contractés dans l'acquisition de ses connaissances. Comment effacer l'empreinte phénoménale donnée aux notions les plus élevées de l'intelligence? La sensation physique étant le moule où, petit à petit, la réalité perçue s'est recueillie et façonnée, on ne pourrait briser le vase sans perdre du même coup le précieux contenu.

À ce point de vue le langage scientifique n'est guère plus favorisé que le langage religieux ; il est tout pétri d'images plus ou moins pâlies, plus ou moins usées. Mais si l'on considère que la piété cherche à exprimer des faits beaucoup plus intimes, plus délicats et plus complexes que les phénomènes matériels, on l'autorisera aussi davantage à user de ces images larges et colorées qui vont de la simple comparaison jusqu'à la parabole développée.

Toute image appropriée exprime donc une part de réalité. Le mot de « Père » appliqué à Dieu, - une fois dépouillé de ses éléments exclusivement humains, terrestres, charnels, périssables, - indique d'une manière admirable le lien de vie qui nous unit à Dieu. N'est-il pas de beaucoup supérieur aux termes de « rocher », de « forteresse » employés si souvent par le Psalmiste ?

On pourrait en dégager cette conséquence : la diversité des images ne prouve rien contre elles ; au contraire, si l'on peut y établir une gradation, c'est qu'alors les symboles ressemblent à des instruments de moins en moins imparfaits, et qui aident à prendre possession des réalités spirituelles.

N'allons donc pas, sous prétexte que les images sont imparfaites, leur refuser toute confiance, encore moins renier les enseignements qu'elles cherchent à transmettre. Quelques personnes peu croyantes discutaient les termes dans lesquels la Bible dépeint le châtiment éternel, et concluaient en disant : « Ce ne sont que des images ! » Un chrétien de bon sens leur répondit : « Ce sont des images, en effet ; mais dans les enseignements de Dieu, j'ai toujours trouvé que la réalité dépassait l'image ! »

Jésus a largement usé de l'image. Avec quel art incomparable il savait puiser dans la nature, dans la vie de famille, dans la vie sociale, de quoi illustrer ses enseignements ! Tantôt c'est une aimable peinture où s'épanouissent les lys des champs, où passent les oiseaux du ciel ; tantôt c'est un drame poignant dans lequel se joue le sort d'une brebis perdue, ou celui d'un fils dévoyé. Et toujours le récit est présenté en termes si simples, si naturels, avec des traits si justes que la forme s'unit au fond pour produire l'impression la plus sérieuse et la plus émouvante.

Jésus, le maître des orateurs et des catéchètes, a fait de la parabole une véritable méthode d'enseignement. Il a indiqué lui-même quelques-unes des raisons qui l'ont guidé ; il n'a point prétendu traiter toute la question ; mais son oeuvre elle-même nous permet de tirer bien des conclusions qu'il n'était certainement pas sans avoir aperçues, lui qui, selon saint Jean, savait bien ce qui est dans l'homme.

Il nous paraît que le premier avantage à retirer des paraboles, des anecdotes, des historiettes, c'est d'éveiller l'attention chez les auditeurs. Le fait est trop banal pour qu'on insiste ; il dépend d'une disposition générale de l'âme humaine. On aime les belles images, non seulement en Orient, mais aussi en Occident. Nous rappelons, sans trop de confusion, le mot du bon La Fontaine:

Si Peau d'Âne m'était conté,
J'y prendrais un plaisir extrême.

On peut admettre qu'un auditoire d'adultes et, à plus forte raison, un auditoire d'enfants éprouve, au bout de quelques moments, un peu de lassitude. L'orateur se met-il à narrer un fait intéressant, aussitôt voilà l'attention piquée ; chacun redresse l'oreille. On sait l'histoire de Démosthène plaidant pour la défense d'un accusé. L'inattention des juges étant manifeste, il interrompit son discours et dit : « Je vais vous conter une drôle d'histoire. Un jeune homme, qui faisait le voyage d'Athènes à Delphes, loua un ânier et son âne. À l'heure de midi, le soleil étant ardent et nul abri en perspective, le voyageur fit arrêter l'âne et s'assit à son ombre.
- Halte, lui cria l'ânier, ceci n'est pas dans le contrat ! Tu as bien loué la bête, mais non son ombre.
- Insensé, répondit le voyageur, si je paie pour l'âne, je paie aussi pour l'ombre !

Là-dessus, violente altercation. Les deux hommes se rendirent chez le juge. À ce point du récit, Démosthène descendit de la tribune et feignit de s'en aller. Mais ses auditeurs dont l'attention s'était réveillée, s'écrient
- Comment le juge a-t-il réglé l'affaire ?
- Que vous êtes insensés, repartit l'orateur, quand je vous parle de l'ombre d'un âne, vous êtes tout oreilles et désireux de savoir la fin de l'histoire ; mais, quand il s'agit de condamner ou de justifier un homme, vous ne voulez rien entendre ! »

Constatation encourageante ou regrettable, un récit fait à propos sollicite l'attention et tout bon pédagogue saura se servir de ce moyen. Un jour, un passant aux allures bizarres entra dans une salle d'école du dimanche et s'assit à part. La classe finie, le moniteur, gagné par l'air triste et bon du visiteur, s'approcha et lui offrit la parole. L'étranger se leva avec un délicieux sourire, se plaça en face des bambins et se mit à leur raconter des histoires. Toutes les petites figures étaient radieuses, et tous les regards tournés vers lui ; aussi dès qu'il faisait mine de s'arrêter, les enfants criaient : « Encore, Monsieur, encore ! » Comme il allait s'esquiver, le moniteur lui demanda son nom : « Abraham Lincoln, » répondit-il modestement.

Quel exemple à suivre pour intéresser nos enfants ! Or dans ce domaine, nous avons mieux que Peau d'âne ou l'ombre d'un âne, nous possédons toutes les histoires de la Bible. Là, pas de sèche morale, de simples formules, de série d'abstractions ! Quelle abondance de faits, quel pittoresque et quel pathétique !
( A suivre.)


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