L'institution d'un « rôle
des bébés » (Cradle
Roll), qui compte déjà quelques
années d'existence, est accueillie avec
toujours plus de faveur par les écoles du
dimanche américaines. Elle rend d'excellents
services pour le recrutement des écoles et
en même temps pour
l'évangélisation de nombreuses
familles qui échappent autrement au champ
d'action des Églises.
Voici comment les choses se pratiquent.
L'école a un registre où elle demande
aux parents la faveur de pouvoir inscrire le nom de
leurs nouveau-nés ou bien d'enfants trop
jeunes encore pour suivre les instructions. Un
certificat enluminé, portant d'aimables
paroles, des encouragements et recommandations, est
délivré aux parents pour être,
s'ils le désirent, suspendu à la
paroi dans leur demeure. Le bébé fait
désormais partie de la grande famille que
constitue l'École.
À l'anniversaire de sa naissance le
nom de l'enfant sera rappelé devant
l'école et mentionné dans une
prière en faveur des futurs
élèves. Une lettre imprimée
sera en même temps envoyée aux
parents, exprimant de bons voeux et le ;
assurant à nouveau de la sollicitude dont
leur enfant est l'objet. Une fois par an, ou plus
souvent encore, les mamans sont convoquées
à un rendez-vous familier auquel elles
apportent leur bébé ; on leur
fait accueil, on leur offre des
rafraîchissements et la
bénédiction de Dieu est
implorée sur ces
« petits » que Jésus
recommandait à la bienveillance de ses
disciples.
Moniteurs et monitrices ont l'oeil au guet
pour proposer à de nouveaux voisins ou aux
personnes avec lesquelles ils sont mis en contact,
l'inscription au rôle de l'école, et
cela leur fournit l'occasion de faire du bien, de
gagner à la foi mainte famille.
A. BR.
Sur la demande qui lui en avait
été faite, le Comité cantonal
a organisé, au commencement de l'hiver, une
série de quatre causeries destinées
aux moniteurs et aux monitrices des écoles
du dimanche de Lausanne. (Voir le programme
ci-dessous.)
D'accord avec les auteurs de ces causeries,
le Comité offre que celles-ci soient
répétées dans le canton,
là où elles pourraient être
désirées. Les frais seraient à
la charge de la caisse cantonale.
Pour faciliter les choses, il est
très désirable que les moniteurs et
monitrices d'une même région se
groupent, en vue des causeries
sus-mentionnées, dans une localité
aisément accessible à tous les
intéressés.
Prière d'adresser les demandes au
président du Comité
cantonal :
EUG. BRIDEL, pasteur,
Avenue Mont-d'or 7, Lausanne.
Conseils pratiques aux moniteurs et
monitrices de nos écoles du dimanche.
Première causerie : Le
caractère de l'enfant (comment il aide le
moniteur), par M. U. BRIOD, professeur à
l'école d'application.
Deuxième causerie : Le
caractère de l'enfant (comment il complique
la tâche du moniteur), par M. GEORGES MEYLAN,
pasteur.
Troisième causerie : La
préparation d'un sujet, par M. A. DE HALLER,
pasteur.
Quatrième causerie :
L'exposition d'un sujet, par M. EUG. BRIDEL,
pasteur.
Par le mot d'image, nous n'entendons pas les
vignettes qui sont distribuées chaque
dimanche aux enfants, et la question de leur valeur
artistique ou de leur utilité religieuse
n'est pas celle qui nous préoccupe en ce
moment.
Notre intention n'est pas davantage de nous
placer aux antipodes des questions de l'enfance
pour discuter gravement la valeur du symbole au
point de vue philosophique ou théologique.
Ce travail a été poursuivi dans notre
temps avec une vraie prédilection, et
d'aucuns ont conclu que l'intelligence humaine est
incapable de saisir la réalité
religieuse ou du moins de l'exprimer
convenablement.
Comme toujours, cette réaction
excessive s'explique par le trop grand empire
qu'exerçait auparavant la thèse
contraire. Si l'on n'avait pas
exagéré la valeur de telle image
biblique, si, par exemple, on n'avait pas
abusé des symboles de
« rançon », d'
« étang ardent de feu et de
soufre », il n'aurait pas
été nécessaire de combattre
les prétentions de la pensée
religieuse à pouvoir tout expliquer par ces
images.
Jésus n'a-t-il pas mis en garde ses
auditeurs contre les interprétations trop
littérales ? Après avoir
parlé de sa chair comme d'une nourriture
qu'il faut manger et de son sang comme d'un
breuvage qu'il faut boire, il proteste contre
l'idée, qu'en eurent certains auditeurs,
d'une manducation matérielle et
grossière, et il ajoute :
« Mes paroles sont Esprit et
Vie ! » Ce mot de Jésus peut
servir d'épigraphe ou de note marginale
à tous les enseignements empruntés au
monde visible.
Cela dit, nous pensons rester dans la ligne
de notre travail en constatant l'emploi
nécessaire et légitime des images
dans l'expression des connaissances humaines.
Dès nos premières années,
notre esprit s'ouvre sous la pression du monde
extérieur ; il se développe en
corrélation étroite avec l'organisme
corporel et, plus tard, avec l'organisme
social ; il baigne, pour ainsi dire, dans les
phénomènes matériels.
Dès lors, notre esprit ne peut se
défaire complètement des plis qu'il a
contractés dans l'acquisition de ses
connaissances. Comment effacer l'empreinte
phénoménale donnée aux notions
les plus élevées de l'intelligence?
La sensation physique étant le moule
où, petit à petit, la
réalité perçue s'est
recueillie et façonnée, on ne
pourrait briser le vase sans perdre du même
coup le précieux contenu.
À ce point de vue le langage
scientifique n'est guère plus
favorisé que le langage religieux ; il
est tout pétri d'images plus ou moins
pâlies, plus ou moins usées. Mais si
l'on considère que la piété
cherche à exprimer des faits beaucoup plus
intimes, plus délicats et plus complexes que
les phénomènes matériels, on
l'autorisera aussi davantage à user de ces
images larges et colorées qui vont de la
simple comparaison jusqu'à la parabole
développée.
Toute image appropriée exprime donc
une part de réalité. Le mot de
« Père » appliqué
à Dieu, - une fois dépouillé
de ses éléments exclusivement
humains, terrestres, charnels, périssables,
- indique d'une manière admirable le lien de
vie qui nous unit à Dieu. N'est-il pas de
beaucoup supérieur aux termes de
« rocher », de
« forteresse » employés
si souvent par le Psalmiste ?
On pourrait en dégager cette
conséquence : la diversité des
images ne prouve rien contre elles ; au
contraire, si l'on peut y établir une
gradation, c'est qu'alors les symboles ressemblent
à des instruments de moins en moins imparfaits, et
qui aident
à prendre possession des
réalités spirituelles.
N'allons donc pas, sous prétexte que
les images sont imparfaites, leur refuser toute
confiance, encore moins renier les enseignements
qu'elles cherchent à transmettre. Quelques
personnes peu croyantes discutaient les termes dans
lesquels la Bible dépeint le châtiment
éternel, et concluaient en disant :
« Ce ne sont que des
images ! » Un chrétien de bon
sens leur répondit : « Ce
sont des images, en effet ; mais dans les
enseignements de Dieu, j'ai toujours trouvé
que la réalité dépassait
l'image ! »
Jésus a largement usé de
l'image. Avec quel art incomparable il savait
puiser dans la nature, dans la vie de famille, dans
la vie sociale, de quoi illustrer ses
enseignements ! Tantôt c'est une aimable
peinture où s'épanouissent les lys
des champs, où passent les oiseaux du
ciel ; tantôt c'est un drame poignant
dans lequel se joue le sort d'une brebis perdue, ou
celui d'un fils dévoyé. Et toujours
le récit est présenté en
termes si simples, si naturels, avec des traits si
justes que la forme s'unit au fond pour produire
l'impression la plus sérieuse et la plus
émouvante.
Jésus, le maître des orateurs
et des catéchètes, a fait de la
parabole une véritable méthode
d'enseignement. Il a indiqué lui-même
quelques-unes des raisons qui l'ont
guidé ; il n'a point prétendu
traiter toute la question ; mais son oeuvre
elle-même nous permet de tirer bien des
conclusions qu'il n'était certainement pas
sans avoir aperçues, lui qui, selon saint
Jean, savait bien ce qui est dans l'homme.
Il nous paraît que le premier avantage
à retirer des paraboles, des anecdotes, des
historiettes, c'est d'éveiller l'attention
chez les auditeurs. Le fait est trop banal pour
qu'on insiste ; il dépend d'une
disposition générale de l'âme
humaine. On aime les belles images, non seulement
en Orient, mais aussi en
Occident. Nous rappelons, sans trop de confusion,
le mot du bon La Fontaine:
Si Peau d'Âne m'était conté,
J'y prendrais un plaisir extrême.
On peut admettre qu'un auditoire d'adultes et,
à plus forte raison, un auditoire d'enfants
éprouve, au bout de quelques moments, un peu
de lassitude. L'orateur se met-il à narrer
un fait intéressant, aussitôt
voilà l'attention piquée ;
chacun redresse l'oreille. On sait l'histoire de
Démosthène plaidant pour la
défense d'un accusé. L'inattention
des juges étant manifeste, il interrompit
son discours et dit : « Je vais vous
conter une drôle d'histoire. Un jeune homme,
qui faisait le voyage d'Athènes à
Delphes, loua un ânier et son âne.
À l'heure de midi, le soleil étant
ardent et nul abri en perspective, le voyageur fit
arrêter l'âne et s'assit à son
ombre.
- Halte, lui cria l'ânier, ceci n'est
pas dans le contrat ! Tu as bien loué
la bête, mais non son ombre.
- Insensé, répondit le
voyageur, si je paie pour l'âne, je paie
aussi pour l'ombre !
Là-dessus, violente altercation. Les
deux hommes se rendirent chez le juge. À ce
point du récit, Démosthène
descendit de la tribune et feignit de s'en aller.
Mais ses auditeurs dont l'attention s'était
réveillée, s'écrient
- Comment le juge a-t-il réglé
l'affaire ?
- Que vous êtes insensés,
repartit l'orateur, quand je vous parle de l'ombre
d'un âne, vous êtes tout oreilles et
désireux de savoir la fin de
l'histoire ; mais, quand il s'agit de
condamner ou de justifier un homme, vous ne voulez
rien entendre ! »
Constatation encourageante ou regrettable,
un récit fait à propos sollicite
l'attention et tout bon pédagogue saura se servir
de ce moyen. Un
jour,
un passant aux allures bizarres entra dans une
salle d'école du dimanche et s'assit
à part. La classe finie, le moniteur,
gagné par l'air triste et bon du visiteur,
s'approcha et lui offrit la parole.
L'étranger se leva avec un délicieux
sourire, se plaça en face des bambins et se
mit à leur raconter des histoires. Toutes
les petites figures étaient radieuses, et
tous les regards tournés vers lui ;
aussi dès qu'il faisait mine de
s'arrêter, les enfants criaient :
« Encore, Monsieur,
encore ! » Comme il allait
s'esquiver, le moniteur lui demanda son nom :
« Abraham Lincoln, »
répondit-il modestement.
Quel exemple à suivre pour
intéresser nos enfants ! Or dans ce
domaine, nous avons mieux que Peau d'âne ou
l'ombre d'un âne, nous possédons
toutes les histoires de la Bible. Là, pas de
sèche morale, de simples formules, de
série d'abstractions ! Quelle abondance
de faits, quel pittoresque et quel
pathétique !
( A suivre.)
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