Cantiques proposés :
N° 109. L'amour de Jésus-Christ
nous presse. - N°140. O Jésus, tu nous
appelles...
Il n'y a aucun avantage, me semble-t-il,
à étudier ensemble deux récits
au fond très différents l'un de
l'autre, et d'autre part suffisamment riches tous
deux pour remplir une leçon. Nous nous
sommes donc décidés à n'en
traiter qu'un et nous vous proposons le second, Luc
21 : 1-4, la pite de la veuve, peut-être
moins fréquemment étudié que
le premier.
Notre sujet : Jésus
regarde nos dons. Comment devons nous
donner ?
Nous sommes au mardi de la semaine sainte.
Jésus a passé une bonne partie de la
journée, dans les parvis du temple, à
discuter avec ses ennemis et à
répondre à leurs attaques
insidieuses. Et maintenant, avant de se retirer, il
s'arrête quelques instants encore et
regarde.
À l'entrée du parvis des
femmes, ainsi nommé parce que les femmes y
avaient accès, mais ne devaient pas le
dépasser, treize troncs recevaient les
sommes offertes pour les divers services du
temple ; chaque tronc avait sa destination
spéciale indiquée par une inscription
en langue hébraïque. Tout pieux
Israélite, visitant le temple,
déposait son offrande dans l'un ou
l'autre.
C'est là, devant ces troncs, que
Jésus s'est arrêté regarde le
défilé des donateurs et remarque les
dons considérables de quelques Juifs riches.
Survient une pauvre veuve qui jette modestement
deux leptas, une petite pièce valant un peu
moins que cinq de nos centimes. Jésus, se
tournant vers les disciples : « Elle
a mis, leur dit-il, plus que tous les autres ;
car ceux-ci ont donné de leur superflu (un
mot à expliquer aux enfants), mais elle a
mis de son nécessaire. »
Un petit trait bien insignifiant et bien
vite raconté : il est si simple. Mais
comme il est beau, et que de choses il nous
enseigne !
I. Jésus vit....
l'évangéliste Marc dit :
« Jésus regardait comment la foule
mettait de l'argent dans le tronc. » Mes
amis, avez-vous jamais pensé à
cela : Jésus voit, Jésus nous regarde ?
Certes,
il
n'est plus au milieu de nous, visible ; il
n'est plus assis à l'entrée de nos
temples, près du tronc. Et pourtant oui, il
est là, lui le vivant : quand vous
apportez ou n'apportez pas votre offrande pour le
« petit nègre » ou votre
don pour des malheureux, quand on fait appel
à votre charité ici ou à la
maison ou dans n'importe quelle circonstance,
Jésus est là qui voit, qui regarde si
vous donnez, ce que vous donnez, comment vous
donnez. Et son regard vous dit : Toi, mon
enfant, qui entends parler du Sauveur, qui veux
être un chrétien, es-tu vraiment mon
disciple ? As-tu une religion vivante, faite
d'amour et de confiance ? N'oublie pas une
pensée importante de
l'Évangile : « Ce n'est pas
quiconque me dit : Seigneur, Seigneur !
qui entrera dans le Royaume des cieux, mais c'est
celui qui fait la volonté de mon Père
qui est dans les cieux », celui qui aime,
qui donne, qui se donne.
Comme il est sérieux, ce
regard ! Jésus me voit ; je ne
puis pas, je ne dois pas le tromper, je dois agir
selon qu'il me le demande. Et comme il est
précieux aussi ! Quand j'ai bien fait,
peut-être les hommes ne le savent-ils pas, ou
peut-être me blâment-ils ?
Qu'importe ! Jésus me voit, et son
regard m'encourage à faire plus et
mieux.
Il. Remarquez ceci
encore : Jésus voit tous les dons ; il n'en
méprise aucun. Souvent les hommes
dédaignent les petits dons ;
Jésus regarde aussi bien la veuve qui donne
quatre ou cinq centimes que les riches
déposant de grosses sommes. Tant il est vrai
que pour lui « la
générosité n'est pas un objet
précieux que l'homme riche seul peut se
payer. C'est une qualité du coeur. Quand on
n'a pas cette qualité, on a beau avoir des
richesses, elles demeurent stériles. Mais
avec cette qualité, les plus humbles moyens
acquièrent un grand prix » (Ch.
Wagner).
Ne méprisons jamais les dons des
pauvres. Et, si quelques-uns
d'entre vous sont dans une situation qui ne leur
permet pas de gros dons, qu'ils fassent ce qu'ils
peuvent. tout ce qu'ils peuvent, avec joie ;
et qu'ils en soient bénis !
Jésus les regarde.
Jésus ne méprise aucun don. Au
contraire il a relevé souvent les actes des
humbles, tel l'acte de cette veuve ou celui de la
femme qui, à Béthanie,
répandit du parfum sur sa tête. Et
quelle joie pour Jésus que de pareils actes,
malgré leur apparence insignifiante !
Là, par exemple, après avoir
discuté toute la journée avec des
ennemis haineux, méchants, malveillants,
Jésus se retire fatigué et
attristé ; mais ce petit fait, l'obole
de la veuve, suffit à le réjouir et
à ranimer son courage. Quelle joie pour
Jésus, quand il voit un enfant donnant, et
donnant de bon coeur !
III. Donnant, et
donnant de bon
coeur : voilà un nouveau groupe de
pensées à développer. Qu'est-ce qui a frappé Jésus dans
le don de la veuve ?
a) Il a vu qu'elle mettait une offrande dans le tronc. Cette pauvre femme a donné quelque chose. Et c'est beaucoup cela. Combien, dans sa situation, auraient raisonné : Moi, je ne puis absolument rien ; à d'autres, plus fortunés que moi, de donner ! Combien d'enfants n'apprennent pas la libéralité, parce qu'ils se dispensent de l'exercer, sous prétexte qu'ils n'en ont pas le moyen ; et ces mêmes enfants, peut-être, trouveront de quoi se régaler de friandises ! Jésus a aimé l'acte de cette femme, parce qu'elle a voulu faire quelque chose ; si peu que ce fût, elle a trouvé quelques centimes à déposer dans le tronc.
Que notre famille soit dans une position difficile, c'est possible. Mais disons-nous qu'il y a toujours de plus malheureux que nous : donc nous avons quelque chose à donner. Faisons comprendre à nos enfants, à ceux de la campagne surtout, leur situation privilégiée en comparaison de la situation de leurs camarades des pays voisins ou des villes, et insistons sur le devoir pressant de la libéralité: chacun peut le pratiquer.
b) Jésus a remarqué d'autre part que cette femme a beaucoup donné. Comment donc ? Un sou, pas même ? Oui, mais un sou qui constituait toute une fortune : « elle a mis de son nécessaire, tout ce qu'elle avait pour vivre. » Son offrande représentait un sacrifice, et c'est pourquoi Jésus a déclaré : elle a donné beaucoup, plus que les autres,
Il faut pénétrer les enfants de l'idée que la charité chrétienne est prête au sacrifice. Expliquons-leur ce qu'est le sacrifice, le don qui coûte, qui impose un renoncement, qui oblige peut-être à une privation, mais un sacrifice consenti joyeusement. Montrons-leur que les vrais chrétiens, à l'exemple de la pauvre veuve, ont été jusqu'à sacrifier de leur nécessaire ; ils ont dit, non pas : moi d'abord, mes besoins, etc., et les oeuvres de charité ensuite, mais : les autres d'abord, et, pour moi, Dieu pourvoira.
c) Jésus a vu enfin que cette femme a donné de tout coeur disons plus, qu'elle s'est donnée elle-même, et c'est ce qu'il a le plus admiré chez elle.
Au fond, dans un don, c'est moins la somme qui compte, que le mobile intérieur, l'esprit qu'on y a mis, la part de soi-même que cette somme représente. Les quelques centimes de la veuve, un très petit don, mais un don splendide, parce qu'embelli de la seule chose qui est vraiment une offrande parfaite : le don de soi-même.
Voilà le point culminant de notre leçon. Et, pour être complets, nous devons arriver jusque-là : le secret de la charité chrétienne est dans le don de soi-même à Dieu il faut que nos enfants le sachent et que nous le sachions si nous comprenons que nous sommes à Dieu, que tout vient de lui et lui appartient, alors nous nous livrons à lui sans réserve et, par amour pour lui, nous sommes prêts à donner ton, « de notre nécessaire ».
Donner beaucoup, de tout coeur : que de
bien nous accomplirons ainsi ! Jésus
regarde comment nous donnons ; montrons-nous
dignes de lui, qui s'est sacrifié pour
nous.
IV. Concluons par deux
traits
propres à illustrer ces
développements.
Le premier est raconté par M. le
pasteur Wagner dans un sermon sur
« L'obole de la veuve » dans le
volume L'Évangile et la vie.
« Dans la bise glaciale de
décembre na abri est dressé. On y
offre à manger aux malheureux une soupe
chaude. Une très vieille femme, qui a
longtemps attendu son tour, est enfin assise et
servie. Avant qu'elle ait touché à sa
portion, elle remarque qu'un ouvrier jeune et
robuste, placé à côté
d'elle, a déjà consommé la
sienne avec une avidité qui trahit un
être affamé. Aussitôt elle
pousse sa part du côté de l'ouvrier et
lui dit : Je ne me sens pas d'appétit,
voulez-vous manger cela ? L'ouvrier accepte...
Mais quelqu'un a tout remarqué. À la
sortie, il prend à part la vieille femme et
lui dit : Vous n'avez donc pas faim ? -
Oh ! si, répondit-elle en rougissant,
mais je suis vieille et sais la supporter, et ce
pauvre jeune homme avait plus besoin que
moi. »
L'autre trait a été
raconté par M. Cuendet, pasteur de
l'Église française à Zurich,
dans une réunion de ses 250 collaborateurs
et collaboratrices à l'oeuvre si belle et si
généreuse de la réception des
évacués à leur passage
à Zurich - je cite d'après le journal L'Ami, numéro d'août
1915.
« Un jour, une vieille paysanne,
flanquée de deux paniers d'oeufs et de
beurre, demanda à me parler. Ayant fait
entrer ma visiteuse, je lui offris, une chaise.
Après avoir posé ses deux paniers,
elle s'assit tout au bord de la chaise. -
« Eh bien ! qu'y a-t-il,
chère Madame, je suis à votre
service ? » -
« Dites-donc, Monsieur, ces
évacués, est-ce que ce sont des gens
vraiment malheureux ? »
questionna-t-elle d'un air soupçonneux. Je
lui citai plusieurs cas. « Eh bien,
dit-elle, je suis pas bien riche, mais chaque an je
mets un petit brin d'argent de côté
pour ceux-là qui sont bien malheureux, et
voilà m'sieu, j'ai quelque chose pour
vous. »
Là-dessus, elle me mit, à mon
ébahissement, 48 francs dans la main.
« Mais bien sûr qu'ils sont bien
les plus pauvres ? recommença-t-elle,
d'un air toujours soupçonneux. -
« Écoutez, lui dis-je, venez les
voir le prochain jour de marché, vous me
direz ce que vous voudrez, si vous ne les trouvez
pas dignes de pitié. » - Une
semaine se passa. Un matin, je conduisais un groupe
d'évacués au vestiaire ;
quelqu'un m'appela : « M'sieu,
m'sieu. » Je me retournai, la paysanne
était devant moi, deux grosses larmes
sillonnaient ses joues, son panier était
vide. Elle me prit la main :
« Tenez, M'sieu, prenez ça, c'est
le prix de mon beurre. Bien sûr, M'sieu, ce
sont bien les plus malheureux ! » J'avais
14 francs en menue monnaie dans la main. Avant que
j'aie pu la remercier, la brave vieille avait
disparu dans la foule. »
G. V.
Vos parents
vous ont peut-être
dit souvent : « Il ne faut
pas être
égoïste. »
L'égoïste veut tout pour lui
et ne rien donner, même quand il a
plus qu'il ne lui faut. Mais Dieu aime
celui qui donne avec joie. Partie de l'élève. Luc 18 : 18-30 ; 21 : 1-4.
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