Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Portée par les anges dans le sein d'Abraham.

Sur la cime d'un coteau escarpé de l'Oberland bernois, dans une modeste hutte, vivaient solitaires deux enfants de Dieu, à la foi enfantine : une mère et sa fille. Cette dernière était alitée, gravement malade d'une phtisie, à sa dernière période.

Le soleil couchant dorait de ses derniers rayons les prochains glaciers des Alpes, et leur prêtait une majestueuse splendeur. Un clair rayon pénétra dans la chambre de la malade, et vint animer son visage, habituellement d'une pâleur de mort. « Mère, dit-elle avec un radieux sourire, je me sens divinement bien : mon coeur est plein de joie et de paix. Chantons ! » Un cantique, exprimant des aspirations vers le ciel, fut entonné. Toutes deux chantèrent le premier verset, et la fille s'arrêta, la mère chanta seule le second, en suivant des yeux les derniers reflets du soleil. Puis elle tourna ses regards vers sa fille. Paisiblement endormie, comme transfigurée, elle ne respirait plus. En chantant, son esprit s'était envolé vers le lieu où il n'y avait plus ni maladie, ni chagrin, ni douleur, ni mort.

La guitare, qui si souvent avait frémi sous les doigts de celle qui venait de s'éteindre, était suspendue à la paroi. Mais qu'est-ce que cela ? Tout bas d'abord, et, de plus en plus fort, les cordes de l'instrument rendirent des sons purs et beaux. - La mère est seule dans la chambre. l'out à coup, elle entend un doux pianissimo ; les voix montent ; un chant harmonieux, à plusieurs voix, d'une grande élévation, retentit près d'elle. Jamais rien d'aussi pur n'avait frappé son oreille. Hors d'haleine, elle écoute. Tout est céleste dans cette chambre mortuaire. - La guitare fit silence et les chants s'éteignirent dans le lointain, En adorant, elle tomba à genoux. - Était-ce une réalité ? Était-ce une illusion des sens ? Elle l'ignore. Comme l'apôtre, elle se demande : « Étais-je dans mon corps, ou sans mon corps ? Je n'en sais rien. »

Des pas lourds approchent. On frappe. À sa réponse : « Entrez », son voisin, tout ému, est sur le seuil. « Marianne, dit-il, qu'était-ce cette musique et ce chant merveilleux que j'ai entendus, chez toi, il y a une demi-heure ? Je croyais entendre chanter les anges de Dieu. De ma vie, je n'ai rien entendu de semblable. » - « Marti, dit-elle, c'étaient assurément les anges, car j'étais seule, et, comme toi, J'ai entendu les chants et la musique. - Mais regarde, Marti, mon Elisabeth est dans la maison paternelle. »

C'est ainsi que les anges sont venus chercher cette enfant de Dieu, et l'ont accompagnée, au son de la musique et des chants, à travers les vagues de la mort, jusqu'à la céleste cité. « Les enfants de Dieu vont en triomphant vers Sion. » Qui pourrait ne pas s'associer au voeu du prophète : « Oh que ma fin soit semblable à celle-là ! »

Le Huguenot. Traduit de l'allemand.

(Extrait de La Tabéa, journal de la maison des diaconesses de Strasbourg.)




Le recrutement de l'école.

L'École du dimanche peut-être et doit être un moyen d'évangélisation ; dans les milieux populeux ce moyen peut devenir très effectif. Il faut pour cela que le corps des moniteurs et monitrices ait constamment en vue le recrutement de nouveaux élèves et le souci de ne laisser échapper à cet enseignement aucun des enfants du voisinage. Pour bien faire, ce travail de recrutement devrait être sérieusement et systématiquement organisé.

À notre époque, avec nos moeurs modernes, les changements de domicile sont plus fréquents qu'ils ne l'ont jamais été. Dans nombre de communes il arrive tous les mois, pour ne pas dire chaque semaine, de nouveaux habitants ; nous avons tous les jours de nouveaux voisins. Tout ami de l'enfance, tout partisan de la cause des Écoles du dimanche devrait se faire pourvoyeur de l'École. Tout moniteur, toute monitrice devrait devenir un « sergent recruteur » et sans relâche être à l'affût pour conquérir quelque nouvel élève, et pour ne pas permettre aux parents, nouveaux arrivés dans leur localité, de négliger l'éducation religieuse de leur famille.

En témoignant de la sollicitude pour les enfants vous gagnerez le coeur du père, de la mère, et si vous vous y appliquez avec une véritable affection chrétienne, et dans un esprit de prière, aidé d'en haut, vous exercerez aisément une action sur les parents pour les engager à suivre le culte public et à réclamer les visites pastorales, pour les persuader de se joindre à telle ou telle association formée dans un but pieux d'édification ou de bienfaisance. Ce sera là de la bonne évangélisation, une oeuvre missionnaire aussi utile que celle qui se poursuit en pays païen.

Le pasteur est rarement en bonne posture pour s'introduire dans ces familles nouvelles. En nombre de cas sa démarche serait malvenue, tenue pour une indiscrète intrusion ; un jeune moniteur, une jeune demoiselle, une bonne dame, un brave voisin, peut-être en tenue de travail, y allant tout à la bonne, aura plus de succès et trouvera plus aisément l'accès des coeurs. Il n'y a rien de compromettant et rien d'indiscret à dire gentiment : « Nous avons une école du dimanche où tous les enfants sont accueillis avec plaisir, voudriez-vous me permettre d'y conduire votre garçon, votre fillette ?... » Cette première démarche sera une entrée en relation et ouvrira la voie à d'autres tentatives d'exercer une bonne influence et de mettre sur la voie du bien des personnes qui sans cette intervention amicale tomberaient peut-être dans l'irréligion et l'athéisme.

A. BR.

 

BIBLIOGRAPHIE

Le Manoir du Vieux-Clos, par Urbain Olivier. 3e édition.
1 vol. in-80 broché, de 120 pages, illustré de 3 vignettes de Eug. Burnand. Couverture ornée d'un croquis de la maison natale de l'auteur. - Lausanne, Georges Bridel & Cie éditeurs. Prix : 1 franc.

Aux esprits agités, enfiévrés, angoissés par les tristes événements de notre époque tourmentée, nous conseillons la lecture des livres de notre ancien conteur vaudois ; il fait bon retourner avec lui pendant quelques instants vers un passé où la vie coulait tranquille comme les ruisseaux qui arrosent nos coteaux fine certaine agitation, cependant, régnait dans le pays au temps où nous reporte Le Manoir du Vieux-Clos : alors se signait la pétition contre les jésuites, et l'ancien ordre de choses allait faire place au nouveau avec la révolution de 1815 et la Constitution fédérale de 1848. Les allusions nombreuses qui y sont faites au cours du récit contribuent à en augmenter l'intérêt. Les conseils donnés par l'un des personnages à son pasteur, venu le visiter à son lit de mort, constituent un chapitre excellent de théologie pratique. Le Manoir du Vieux-clos est le cinquième de la série qui permettra, si elle est continuée comme nous l'espérons, de réunir en deux ou trois beaux volumes toutes les nouvelles d'Urbain Olivier.

L. N.

L'âme suisse, par Henri Secrétan, pasteur à Lausanne. Brochure in-12 de 18 pages. Librairie des Semailles S. A. éditeur, Lausanne, 1915.

Le discours dont cette brochure est la reproduction a été prononcé dans le temple de Saint-François, à Lausanne, le 1er août 1915, anniversaire de la fondation de la Confédération suisse, en présence d'un nombreux auditoire qui en a été impressionné. Il n'exprime pas seulement ce qu'est l'âme suisse, mais dit aussi ce qu'elle doit devenir ; il place devant nos yeux l'idéal que chacun de nous doit travailler à réaliser comme suisse, patriote et chrétien. Le poète Spitteler en a admiré les pensées et le style ; ceux qui le liront après lui éprouveront le même sentiment. Ils retrouveront en outre avec plaisir, imprimé à la fin de la brochure, le pacte fédéral de 1291.

L. N.

Les femmes de 1914-1915. I. Les héroïnes, par Yvonne Pitrois. Jeheber, Genève, 64 pages. Prix : 75 centimes.

La lecture de ces pages est singulièrement attachante et excite l'admiration pour tant de traits de courage, de dévouement, de résignation, de renoncement, de fidélité au devoir relevés par l'auteur, chez nombre de femmes françaises et belges au cours de la guerre. On nous parle d'abord de la reine de Belgique, puis d'une sacrifiée, de deux mères, des employées des postes et des institutrices, des religieuses, des infirmières de la Croix-rouge, etc. Nombre de ces récits pourront servir à illustrer maint sujet biblique et intéresseront vivement les enfants. Ils donneraient lieu de même à d'utiles entretiens au sein des Unions chrétiennes.

L. F.

Hudson Taylor, fondateur de la Mission dans l'intérieur de la Chine, par M. et Mme Howard-Taylor. - 1. Enfance et jeunesse. Adapté de l'anglais et abrégé par Jean Rouffiac, pasteur à Bolbac. Préface de D. Lortsch, agent de la Société biblique britannique. - Un vol. in-16 de 351 pages, avec portrait du missionnaire et une carte de la Chine. Prix, 3 fr. 50. S. De lattre, rédacteur de L'Ami, 21 bis, rue de l'Orangerie, Lyon. E. Mack, libraire, rue de Bourg, Lausanne.

Quiconque désire progresser dans la vie spirituelle retirera un grand fruit de la lecture de ce livre. Il verra à un degré exceptionnel, dans le jeune Hudson Taylor, devenu le grand missionnaire des Chinois, dont il adopta même le costume et la coiffure afin de s'identifier plus complètement avec eux, un exemple de confiance en Dieu accompagnée d'obéissance et de soumission entière à sa volonté, dont Hudson Taylor attendait la manifestation jusque dans les moindres détails ; un exemple de dévouement à la cause du Royaume de Dieu, que, dès son enfance il s'était cru appelé à défendre par l'évangélisation de la Chine, ce qui donna à sa vie une grande et belle unité et explique en partie son courage héroïque et sa tranquillité d'esprit dans les situations les plus angoissantes ; enfin un exemple de l'exaucement accordé aux prières ferventes de l'enfant de Dieu. Cet exaucement apparaît dans une multitude de faits de la vie du jeune H. Taylor et, plus tard on le verra éclater dans le magnifique développement que Dieu accorda à l'oeuvre spéciale de ce missionnaire, La mission dans l'intérieur de la Chine. Ce sera l'objet d'un second volume. Quant à celui-ci, il a sa place indiquée spécialement dans les bibliothèques des jeunes. Il pourrait faire l'objet d'une étude fructueuse au sein des Unions chrétiennes et des sociétés d'anciens catéchumènes.

L. N.

Les miracles de la pensée, ou Comment la pensée juste transforme le caractère et la vie, par O. S. Marden. - Genève, Jeheber, 1915. 282 pages. Prix : 3 fr. 50.

C'est toujours un sujet de vive satisfaction, pour ceux qui connaissent Marden, que l'apparition d'un nouvel ouvrage de cet auteur si original. Nous avons déjà eu l'occasion de parler de son charmant livre : L'influence de l'optimisme et de la gaîté sur la santé physique et morale. Voici maintenant qu'apparaissent, par les. soins de M. Jeheber, deux autres de ses ouvrages ; tout d'abord celui-ci : Les miracles de la pensée. Comme l'indique le sous-titre, il montre que la pensée transforme le caractère et la vie. Si l'on n'a que des idées sombres, si l'on se croit toujours malheureux, on ne manque pas de le devenir ou de le rester. Si l'on se représente au contraire qu'on est riche et heureux, on le deviendra. Il y a dans tout ce livre un souffle bienfaisant, une piété sereine et virile, un pressant appel à la confiance en Dieu. Voici les titres de quelques chapitres : « L'origine divine des désirs légitimes ; - Le succès et le bonheur sont à vous ;"Ayez la ferme persuasion que vous êtes capables de grandes choses ; - Chassez les idées noires ; - Changer la pensée, c'est changer l'homme ; - A l'unisson avec la divinité. »

L. F.

L'employé exceptionnel, ou l'art de bien comprendre ses devoirs, de se rendre indispensable et de faire son chemin, par O. S. Marden. - Genève, Jeheber, 1914. 158 pages. Prix : 2 fr. Relié : 3 fr.

Livre de nature à encourager, à stimuler, à enthousiasmer jeunes filles et jeunes gens à l'entrée de leur carrière, à les pousser au bien et aux succès, à les amener à, se dire : Mon travail sera toujours bien fait. Des expressions frappantes, des anecdotes, des exemples nombreux et bien choisis illustrent sans cesse la pensée de l'auteur. Un homme exceptionnel, dit-il entre autres, est celui qui sait faire ce à quoi les autres se contentent d'aspirer ; - qui n'attend pas l'occasion, mais qui la crée ; - qui, lorsqu'il tombe, tombe toujours sur ses pieds ; - qui a pris pour devise : « Perfectionner partout ce qu'on peut, faire de son mieux, et ce mieux l'améliorer encore. » Là où manque la fidélité tout manque, dit-il ailleurs ; il indique aussi les causes pour lesquelles tel jeune homme n'eut pas d'avancement. En voici quelques-unes : « Il guettait la pendule, il murmurait sans cesse ; son excuse perpétuelle était : « J'ai oublié », ou : « Je n'y pensais pas » ; il ne faisait les choses qu'à demi ; il préférait les plaisirs à l'avancement ; il estimait habile de parler un langage grossier. » Les titres des derniers chapitres sont ceux-ci : « Soyez aimable ; - Tuez-vous d'ardeur ; - De votre travail faites votre chef-d'oeuvre. » À faire lire par le plus grand nombre possible de jeunes gens.

L. F.

Trois sermons, par G. Fulliquet. - Genève, Jebeber, 1915. 70 pages. Prix : 1 fr.

Ces sermons, prêchés à Genève et en France, le dernier aussi à Saint-Aubin (Neuchâtel), pour le camp unioniste, en août 1915, s'occupent des sujets suivants : « La protection de l'Éternel » (Ps. 145 : 20) ; « Le véritable bien » (Rom. 8 : 28) ; « La présence invisible » (Mat. 28 : 20). Ils sont bien en rapport avec les temps troublés que nous traversons, et de nature à dissiper les doutes, à répondre aux questions inquiètes que ces événements font surgir chez beaucoup. Montrant en tout la main de Dieu, la présence continue du Seigneur auprès des siens, ils éveilleront dans les coeurs une confiance plus grande, enseigneront l'attente patiente ; ils fortifieront l'espérance et la foi. Pleines de clarté, d'émotion et de vie, ces pages laisseront dans les coeurs une impression bénie, dont le lecteur sera bienheureux et reconnaissant.

L. F.

La question de la paix, par A. de Morsier. Conférence donnée sous les auspices de l'Association chrétienne suisse d'étudiants à Valangin (Neuchâtel), le 20 mars 1915, et à Pregny (Genève), le 25 mars 1915, revue et complétée en octobre 1915. - Une brochure in-16 de 46 pages. Lausanne, Imprimerie coopérative La Concorde, 1915.

On trouvera dans ces pages, outre des détails statistiques intéressants et des pensées élevées, un résumé succinct de l'histoire du mouvement pacifiste depuis sa naissance (en 4810), de ses principes, de ses diverses manifestations, de l'oeuvre du tribunal de La Haye, des obstacles qui lui ont été opposés par les gouvernements responsables de la guerre actuelle ; et, pour finir, un appel chaleureux adressé aux femmes, aux Églises, tout spécialement aux jeunes gens, les invitant à travailler à l'organisation ici-bas du Royaume de la Paix. Mais peut-on espérer de voir jamais ce royaume-là s'établir, tant qu'on n'aura pas supprimé le despotisme des monarques qui s'arrogent le droit de mener leurs peuples à la boucherie pour satisfaire leurs désirs ambitieux et les instincts belliqueux de leurs états-majors ?

L. N.

Libre quoique dans les chaînes. Traduit par Ch. Rochedieu, pasteur. Lausanne, édition La Concorde. - Prix : 3 fr.50.

Voilà un livre qui plaira à la jeunesse, un livre tel qu'on voudrait en mettre beaucoup entre les mains de tous. À la fois instructif, édifiant, émouvant, surtout émouvant, il transporte le lecteur captivé, enchaîné, pourrait-on dire, des bords du Dnieper à ceux de la Rivière Noire, dans la région lointaine des mines d'or de la Sibérie. D'emblée on s'attache aux personnages divers mis en scène, on suit avec un intérêt palpitant les vicissitudes parfois terribles par lesquelles se fait insensiblement l'éducation de leurs âmes. En même temps on fait connaissance avec l'ancien régime russe, celui auquel la guerre actuelle ne manquera pas de mettre fin. On frémit au spectacle des souffrances de ses victimes, le coeur se gonfle quelquefois d'indignation, plus souvent, d'ardente sympathie pour des malheureux dont les peines, on le sent, ne sont point imaginaires. Et s'il arrive aux yeux humides de ' devoir interrompre ici et là leur lecture, ces larmes même sont bienfaisantes et contribuent à faire pénétrer jusqu'au fond de l'âme la bonne, la précieuse nouvelle d'un salut capable d'inonder de joie céleste jusqu'à de pauvres déportés en Sibérie. Ajoutons que, par sa bienfacture, cet élégant volume orné de quelques bonnes illustrations, fait honneur à l'imprimerie La Concorde.

X

La première semaine de Jacques Lober, par Pierre Jeannet. Lausanne, édition La Concorde. - Prix : 3 fr. 50.

Cette première semaine est celle d'un homme né à la « vie de l'esprit ». C'est dire que l'inspiration de l'ouvrage est foncièrement et délibérément religieuse. Mais, à l'encontre de tant de « bons livres » et de petits traités où la niaiserie le dispute souvent à l'invraisemblance, nous avons ici une fiction vécue, poignante, dans laquelle l'auteur aborde, avec une belle crânerie, les problèmes les plus brûlants de la pensée chrétienne contemporaine. On ne se trouve pas toujours d'accord avec ses solutions, mais on est entraîné par tarit de verve, de sincérité et d'intime poésie. Car, ce « Jean Christophe protestant » est une nature exubérante, qui s'enthousiasme de tout, communie intensément avec les êtres et les choses, et se pâme d'admiration devant un simple effet de lumière blanche aussi bien qu'à l'audition d'une grande symphonie de Beethoven. Sa piété ne l'éloigne pas du monde. Il vit même plus intensément que « ceux du monde » parce que dans la réalité quotidienne et prochaine, il découvre des rayons épars de la gloire du Christ.

F. B.

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