Cantiques proposés :
N° 97. Sans attendre... - N° 88.
Seigneur ! sanctifie...
Un épisode du conflit constant entre
le bien et le mal : telle m'apparaît la
poignante histoire de la mort de
Jean-Baptiste ; et nous pouvons la traiter
avec les enfants à ce point de vue.
Rappelons-leur ce qu'a été
Jean-Baptiste ; montrons que, victime de sa
franchise et de sa fidélité, il fut
victime aussi du péché des autres. Et
- fait si fréquent - le méchant
triomphe, le juste succombe... en apparence ;
en réalité, la mort de Jean-Baptiste
est une victoire, et le crime d'Hérode une
défaite. Nous essaierons de faire sentir,
cela à nos élèves en
développant tout simplement le récit.
Puissions-nous leur inspirer et le désir
d'être fidèles jusqu'à la mort,
fidèles dans le bien, fidèles pour
Dieu, et la crainte, le dégoût, la
honte d'appartenir aux Hérodes et gens de sa
sorte, qui s'opposent au bien.
I. Versets 14
à 16. - Dans les versets
précédents, l'évangile de Marc
raconte l'envoi des douze apôtres en mission.
La rumeur de ce fait arrive à Hérode.
Il semblerait que le prince entendait parler de
Jésus pour la première fois. Il n'y a
du reste rien d'étonnant à
cela : le ministère de Jésus
était paisible ; et lui, comme tous les
Juifs, évitait Tibériade,
résidence du tyran, résidence de cour
aux occupations frivoles ; du reste, son
oeuvre s'adressait en premier lieu à la
classe inférieure. Pourtant, la mission des
douze a fait quelque bruit ; elle attire
l'attention de gens politiques, naturellement en
dehors du mouvement religieux, la renommée
de Jésus se répand jusque dans
l'entourage du prince. Et l'on se demande :
qui est donc ce prophète ? Les uns
disent : c'est Jean-Baptiste
ressuscité ; d'autres : c'est
Elie, revenu sur la terre - annonce de l'approche
du Messie (opinion très répandue,
basée sur Malachie
4 : 5 :
« Je vous enverrai mon messager,
revêtu de l'esprit d'Elie »)
- ; d'autres croient à une apparition
semblable à celle des anciens
prophètes.
Le roi Hérode en est
troublé ; non pas qu'au fond il se
soucie de telles questions, mais, comme tout
méchant, il est mal à l'aise devant
un homme juste ou devant tel fait qui lui rappelle
ses fautes. Il partage la première opinion,
il voit en Jésus Jean
ressuscité ; et ce point de vue
provient du remords d'une conscience
troublée, car il avait fait mourir
Jean.
Ici quelques renseignements sur
Hérode.
Depuis la mort d'Hérode le Grand, en
l'an 4, son fils, Hérode Antipas, gouvernait
la province du nord (la Galilée et la
Pérée) ; il était en
réalité tétrarque, et non pas
roi, comme l'appelle Marc. Faible, cruel et
voluptueux, il aimait, comme tous les
Hérode, le luxe et la prodigalité. Il
établit sa résidence à
Tibériade. Vers la fin de sa vie, il tomba
au pouvoir d'Hérodias - dont il est
parlé dans notre récit - femme de
Philippe, un demi-frère d'Antipas, qui
vivait à Rome en simple citoyen. Dans un
voyage à Rome, Antipas s'éprit
d'Hérodias et lui fit des propositions
auxquelles elle répondit
favorablement ; elle le suivit donc en
Galilée, accompagnée de sa fille
Salomé ; et Antipas, répudiant
sa femme, la fille d'Aretas, roi
d'Arabie, vécut publiquement avec
Hérodias.
Mais revenons au récit. Le fait des
craintes et des remords du tétrarque fournit
à l'évangéliste l'occasion de
raconter la mort de Jean-Baptiste.
Il. Versets 17
à 20. - Vous savez qui
était Jean-Baptiste. Fils de Zacharie,
né quelques mois avant Jésus, il
devint le « précurseur de
Jésus-Christ », le
« dernier des
prophètes » ; il se retira
dans le désert, près du Jourdain,
menant la vie austère du prophète
Elie, prêchant avec force le message de
repentance : « Préparez le
chemin du Seigneur... Repentez-vous, car le Royaume
des cieux est proche » et il baptisait -
de là son surnom - tous ceux qui venaient
à lui avec repentir.
On peut rappeler aussi le baptême de
Jésus par Jean,
(Matthieu
3: 13-17), les rapports de
Jean et de Jésus
(Jean
3 : 22 et suiv. ; Matthieu
11 : 2 à
6).
Vous savez combien Jean était franc
et courageux : il aimait la
vérité, il la disait, il la servait
(quelques traits. tirés de la
prédication de Jean, d'après Luc
3) ... Insister sur le devoir de
fidélité à la
vérité.
Et il arriva ce qui arrive souvent :
Jean ne fut pas trop. franc - on ne l'est jamais
trop - mais certaines personnes, atteintes
directement par ses reproches, en jugèrent
autrement. Aussi Hérode le fit-il
arrêter et jeter en prison. Pourquoi ?
Hérode était coupable
d'adultère violent, interdit par la loi
(voir les indications ci-dessus) ; et Jean, en
véritable prophète, homme de Dieu,
semblable à Elie devant Achab et à
Nathan devant David, avait blâmé le
prince : « Il ne t'est pas permis
d'avoir la femme de ton frère. Ce que tu
fais est mal. » N'est-ce pas qu'il
était courageux, ce Jean ? Combien de
chrétiens oseraient déclarer
ouvertement à un roi... ou à un
ami : « Ce que tu fais est
mal ? »
Hérode, satisfait d'avoir
réduit l'importun au silence, n'en demandait
pas davantage ; même il
protégeait Jean ; il le craignait, il
avait pour lui ce respect instinctif d'un
caractère faible pour un fort ; il
l'entendait avec plaisir et, à l'occasion,
prenait conseil de lui. Ici une leçon
encourageante à relever : l'homme juste
et véridique en impose toujours à ses
ennemis, même à ceux, qui souhaitent
son malheur.
Mais quelqu'un n'est pas content :
Hérodias, plus méchante que le
souverain, veut la mort du prophète, il
faudra bien qu'elle pousse Hérode à
sacrifier son prisonnier.
III. Versets 21
à 29. - Bientôt, en
effet, le « jour propice » aux
intentions coupables d'Hérodias arrive. La
cour est en séjour à
Machéronte, à l'est de la mer
Morte : les Hérode y possédaient
un palais, dans un des cachots duquel Jean-Baptiste
était enfermé. Il y a fête
à l'occasion de l'anniversaire de la
naissance du prince, âgé alors de 50
ans, environ. Hérode donne un festin
à ses grands, toute une foule de personnages
haut placés, chefs militaires et principaux
de la Galilée. Et, comme il arrive trop
souvent dans les fêtes - fêtes de
famille, anniversaires, baptêmes - on boit
avec excès, on s'excite, on se livre
à de malsains plaisirs... et tout cela finit
tristement.
Au cours du repas, Salomé, fille
d'Hérodias, paraît, et elle danse,
probablement une danse peu convenable. Cela
plaît à Hérode et à ses
convives, excités déjà par le
vin. Le prince, évidemment grisé, ne
sait plus ce qu'il dit ; il promet à la
jeune fille - pour une danse !! - tout ce
qu'elle désirerait, fût-ce la
moitié de son royaume. Comme ce trait est
juste ! Que de promesses, d'engagements pris
au cabaret, sous l'empire de la boisson, que l'on a
regrettés bientôt
après !
La jeune fille sort et demande conseil
à sa mère. Hérodias n'a pas un
instant d'hésitation ; enfin l'occasion
est venue de satisfaire ses désirs de
vengeance : « Va et demande la
tête de Jean-Baptiste. » La jeune
princesse, rentre en hâte et dit :
« Je veux que tu me donnes, à
l'instant, sur un plat, la tête de
Jean-Baptiste ! »
Pauvre Hérode ! Si mauvais qu'il
soit, nous ne pouvons nous empêcher de le
plaindre. Il se ressaisit, il se dégrise, il
devient tout triste. Il comprend sa
situation ; que faire ! Il a promis, il a
juré par serment de donner tout ce qui lui
serait demandé ; et pourtant
n'aimerait-il pas, ne devrait-il pas
épargner le captif ? Douloureux conflit
de devoir dans lequel il s'est jeté par sa
faute ! Mais il ne veut pas violer ses
serments ; par crainte des hommes il
cède, il envoie dans la prison un garde
faisant souvent office de bourreau. Le garde
s'acquitte de l'ordre reçu, il rapporte la
tête de Jean à la jeune fille,
celle-ci la présente à sa
mère, dont les, désirs sont
satisfaits.
Arrêtons-nous un instant encore.
N'avais-je pas raison de dire : en
réalité, la mort de Jean-Baptiste est
une victoire de celui-ci et une défaite de
ses persécuteurs. Jean est mort, oui, et
tragiquement ; mais quelles traces
bénies il laisse après lui !
Quel beau souvenir que celui de cet homme de
devoir ! Et quel témoignage que celui
de l'influence exercée par lui, même
sur son ennemi Hérode et jusque dans la
prison !
Et les autres personnages du drame ?
Représentez-vous ces hommes et ces femmes,
la fête terminée, regagnant leurs
appartements : ils sont alourdis par le vin et
les plaisirs, ils ont perdu leur journée,
gaspillé leurs forces, ils ont versé
le sang innocent, ils sont troublés :
malheureux !
Chers amis, ne vaut-il pas mieux - s'il le
faut - souffrir, mourir avec Jean pour la
vérité, mais fidèles, que
vivre esclaves des passions et serviteurs de la
méchanceté ?
Nous nous en sommes tenus à un
développement du récit. Nous
proposons encore un autre plan, une autre
tractation du sujet, qui plaira peut-être
davantage à tel lecteur.
Commencer par lire ou raconter le fait, sans
grands détails ; puis s'arrêter
successivement aux quatre personnages principaux du
drame, dont nous ferions des types Hérode,
le buveur, le viveur, entraîné par sa
légèreté à de graves
fautes ; Hérodias, l'être
malfaisant, assoiffé de vengeance et de
mal ; Salomé, le personnage
léger, instrument du crime... malgré
lui parfois, mais incapable de résister au
méchant ; et enfin Jean-Baptiste, le
fidèle, qui souffre et meurt pour la
vérité.
G. V.
Récapituler
leçon du 13
février. - Qui se souvient de la
naissance de Jean-Baptiste ?
(Rappeler leçon du 19
décembre.) - Aujourd'hui je vous
raconterai sa mort, qui arriva quand
Jésus annonçait
l'Évangile en Galilée.
(Marc 6 : 14-29.)
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