Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

(6 FÉVRIER.)

Jésus apaise la tempête et guérit un démoniaque. Jésus Prince de paix.


Luc 8 : 22-39.

Cantiques proposés :
N° 47. Une nacelle... - N° 58. Comme un phare...


Les deux sujets se rattachent l'un à l'autre et n'en font qu'un. Jésus apaise deux tempêtes, l'une dans l'ordre de la nature, l'autre dans l'ordre moral. Il tance l'un après l'autre les éléments agités et les esprits mauvais ; il exerce sur eux sa puissance ; il se montre « Prince de paix. »

Disons, avec les évangiles, « Jésus, » et non pas « Jésus-Christ ; » cette appellation appliquée rarement, peut-être jamais, au Sauveur pendant sa carrière terrestre, ne se trouve dans les évangiles que quatre fois : dans l'introduction et dans le prologue de Matthieu, Marc et Jean, où elle est bien en place, et dans la prière sacerdotale (Jean 17 : 3), où elle se justifie également : « Jésus, le Christ. » Pilate a dit : « Jésus, surnommé Christ. » Nous ne la retrouvons ensuite, cette appellation, que dans les Actes et dans les Épîtres ; ce n'est plus le simple nom, c'est le titre du Sauveur, proclamé, glorifié. À tort, dans le langage usuel, nous faisons la confusion. Conservons à l'une et l'autre appellation son caractère particulier.

L'étude et l'exposé de ce double sujet offrent des difficultés particulières ; notre esprit moderne, curieux, sceptique, ergoteur, s'achoppe ici à de gros problèmes. La divinité du Christ d'abord, mais qui n'est proprement pas en jeu ; Jésus exerçait son autorité par la foi et non en vertu d'un pouvoir divin qui lui fût propre ; il reproche, ici et ailleurs, à ses disciples leur manque de foi ; à plusieurs reprises il leur donne à entendre qu'avec plus de foi, eux aussi ils « transporteraient des montagnes. » (Voyez Mat. 19 : 14-20.) Associé à Dieu par sa foi, le croyant, à son tour, associe Dieu à ses actes ; il acquiert, soit sur les phénomènes extérieurs, soit sur le moral, un ascendant surnaturel ; nous en avons la preuve dans la puissance qu'ont déployée un Pierre, un Paul, et d'autres dont les Actes des apôtres nous racontent les extraordinaires interventions.

La grosse difficulté surgit dans la question des démons, qui se pose ici d'une façon plus formidable que nulle part ailleurs et se lie si étroitement à tous les détails du récit qu'il n'est pas possible, quelque désir qu'on en ait, de l'éluder. Les faits perdraient toute réalité et toute signification si nous tentions quelque expédient pour nous en défaire.

Nous voulons respecter toute opinion, mais volontiers nous dirions à ceux qui se refusent à croire à la réalité des, esprits mauvais et de leur intervention en ce qui nous concerne : « Où est votre foi ? » Que deviennent soit les discours et les propos du Sauveur, soit les écrits apostoliques, si nous ne croyons plus à la personnification du mal, au « Prince de ce monde, » avec lequel Jésus se disait aux prises, aux « malices spirituelles » dont parle saint Paul (Eph. 6 : 12), et à la puissance des ténèbres ? Quelles raisons aurions-nous d'en douter si, d'autre part, nous croyons soit à l'Esprit saint, soit à l'action directe qu'exerce ici-bas le Sauveur glorifié, pour nous guider, nous délivrer, nous sanctifier, nous donner la victoire sur le mal ? La rédemption elle-même est ici en cause. « La chair et le sang, » les maladies mentales ou épileptiques, ne suffisent point, d'ailleurs, à tout expliquer.

Les récits de nos évangiles, avant d'être consignés par écrit, ont été, pendant des années, dans les Églises de Judée, et de Galilée et dans toutes les communautés de création apostolique, l'objet de commentaires de tout genre ; ils ont passé au crible ; la piété des premiers chrétiens en a vécu ; ils sont ainsi appuyés du témoignage universel des croyants d'alors qui, aussi bien que nous, quoique différemment, allaient au fond des choses. Prenons-les donc tels qu'ils nous sont donnés.

Avouons-le toutefois, cette attitude débonnaire et respectueuse ne supprimera pas les difficultés, pour peu que nous cherchions à nous rendre compte de ce qui s'est en vérité passé lors des deux incidents qui appellent notre étude. Ne tentons pas de tout expliquer ; le moniteur n'y est nullement tenu ; là n'est pas sa tache ;il a surtout un enseignement à donner.

La tempête. - « Jésus s'endormit. » Avant de voir le Sauveur dans le déploiement de sa puissance, arrêtons-nous d'abord à le considérer vaincu par la fatigue, cédant paisiblement au sommeil, et donnons-lui notre affection. Enfants, voyez-le, Celui que notre foi a mis sur le trône et glorifié ; comme il est bien notre Frère, comme il a bien vécu notre vie, comme il s'est réellement associé à notre faiblesse ! Au moment où il va se dresser dans son humble majesté et révéler son union étroite et mystérieuse avec le Tout-Puissant, le voici, les yeux clos, balancé par les flots qui bercent la nacelle. Baisons sa main qui repose à son côté.

Tout à coup, un tourbillon s'abat sur le lac, la barque s'emplit d'eau ; le péril n'est point imaginaire. Les disciples viennent au Maître ; leur recours est on ne peut plus naturel ; pourquoi donc Jésus leur reprochera-t-il leur manque de foi ? Qu'auraient-ils pu et dû faire d'autre ? Ils auraient pu crier à Dieu directement et se remettre entre ses mains, tout en s'employant de toutes leurs forces à parer au danger. Ils auraient pu dire : « O Père céleste, sois avec nous, bénis nos efforts ; donne-nous la victoire sur les flots menaçants ! »
Nous ne sommes pas nous-mêmes en droit de leur adresser aucun reproche, mais le Seigneur les reprend... Tirons en leçon pour nous-mêmes.

Combien de chrétiens, dans la pleine lumière que leur a apportée l'Esprit saint, ont fait preuve plus tard d'une foi, plus grande encore que celle dont les disciples se montrent ici incapables ! Les exemples connus abondent ; George Müller, Hudson Taylor, le Dr Barnardo et tant d'autres, ont, du jour au lendemain, même sur l'instant, obtenu souvent un secours urgent, aussi impérieusement indispensable que celui dont nos navigateurs avaient besoin. Apprenons à croire non seulement en la puissance, mais en la fidélité de Dieu envers ceux qui l'invoquent, en sa miséricorde et ses compassions, en son amour, celui d'un père envers ses enfants. (« Si vous qui êtes mauvais... combien plus... »)

« Qui donc est celui-ci, qui commande même aux vents ? » Le Fils de Dieu, ... oui, mais ici en tant qu'homme en pleine, communion avec Dieu, pleinement confiant parce qu'étroitement uni à lui. (Ps. 8 : 5-7.)

Le démoniaque. - Un homme bien connu, notez-le, dans la ville et dans toute la contrée pour être possédé de plusieurs esprits mauvais, vient de lui-même à Jésus et se prosterne devant lui (Marc 5 : 7) avec un grand cri et une instante requête. L'esprit qui l'avait subjugué ne faisait qu'un avec lui, il le faisait épouser sa cause et parler pour lui. Un phénomène semblable s'observe chez des malades dominés par la mélancolie, et même chez le pécheur ordinaire ; tout à la fois il désire la délivrance et il la redoute ; il fuit Dieu, tout en soupirant après le repos et la liberté. Tel méchant garçon, qui au fond a bon coeur et aime son père, sa mère, telle fillette orgueilleuse ou rancuneuse, connaît ce même combat intérieur. L'enfant voudrait bien être sage et il ne peut autrement que d'être sot, rebelle, de méchante humeur, victime de son mauvais caractère. Ne pouvant se vaincre lui-même, qu'il aille à Jésus, bien qu'il n'en ait pas envie, et le Sauveur aura pitié de lui ; il se montrera à lui Prince de paix, dispensateur de la paix.

Chose qui nous étonne, Jésus apostrophe le mauvais esprit lui-même ; il l'interroge, puis il lui commande de sortir. (Voyez le récit de Marc.) Les trois évangiles synoptiques nous rapportent les mêmes faits avec plus ou moins de détails, mais de la même manière. Accuserons-nous de naïveté ou de superstition toutes ces Églises d'alors parmi lesquelles ce même récit avait cours ? Les savants ne nous, affirment-ils pas aujourd'hui des faits et des observations que nous serions tout aussi bien en droit de trouver étranges, suspects, grotesques ?

Nous sympathisons volontiers avec les possesseurs de ces pourceaux que la puissance mystérieuse entraîne dans les flots, nous protestons et nous demandons comment Jésus a pu, équitablement, autoriser pareil méfait ; nous nous apitoyons plus aisément sur le dommage qu'ils subissent que, sur la condition misérable du pauvre homme que depuis si longtemps les esprits tourmentaient.

On a risqué diverses explications ; on a dit que ces gens de Gergesa, en élevant des porcs, péchaient contre la loi religieuse qui tenait ces animaux pour impurs et qu'ils méritaient cette punition. Leur culpabilité n'est nullement établie et l'explication ne porte pas. Bornons-nous à remarquer que les Géraséniens ne s'irritent point, ne se révoltent point, mais simplement prient Jésus de se retirer de leur contrée.

Son pouvoir de libérateur, au lieu de les amener à croire en lui et à l'invoquer, ne leur inspire que de la crainte. Hélas ! combien souvent le même phénomène psychique se reproduit quand l'Esprit de Dieu est à l'oeuvre pour éveiller le sentiment du péché, amener le repentir, la conversion ! Les gens, même religieux, fuient ou se scandalisent. Qu'un réveil religieux survienne ; au lieu de se réjouir de ses bons fruits, on se préoccupera de l'ébranlement nerveux qu'il amène chez quelques-uns ou de conversions incomplètes qu'on signale à côté des véritables.

Enfant, j'ai souvent fui les personnes pieuses qui m'adressaient de bonnes paroles et je me suis détourné de mon chemin pour éviter leurs exhortations, ou simplement leur regard ; jeunes amis, quand Dieu nous cherche ou nous visite, comme ici Jésus, à Gergesa et Gadara, accueillons-le, profitons-en avec empressement et reconnaissance.

Vous est-il arrivé comme à moi, plusieurs fois dans monjeune temps, de sortir avant la fin d'une prédication parce que ma conscience était atteinte, mon coeur ému, et de me hâter de m'endurcir ou de me distraire, de peur d'être obligé de me décider pour Dieu ? Il est extrêmement dangereux peur une jeune âme de jouer de la sorte avec la grâce divine qui la sollicite, de résister, de remettre à plus tard. Que savons-nous si le Seigneur renouvellera sa visite et son, appel ?

La guérison. - Était-ce une guérison ? N'était-ce pas plutôt un merveilleux affranchissement après une dure servitude ? C'était l'un et l'autre. Il en est de même de la conversion. Un coeur égoïste, orgueilleux, ou simplement étranger à la grâce de Dieu et à qui suffisent les satisfactions, les plaisirs, les jouissances que donne le monde, est un coeur malade, infirme, privé de la pleine santé, de la vie véritable, réellement saine et heureuse, et en même temps ce coeur est esclave, fût-il exempt de vices ou de passions, il est esclave de ses illusions et de la vanité de ses pensées. Si quelque trouble survient, privation, épreuve, contrariété, le voici désemparé, agité, désespéré, dans un état qui rappelle la triste condition de l'homme de Gergesa.

Nous le voyons maintenant aux pieds de Jésus, « assis, vêtu, dans son bon sens ; » comment ne pas se souvenir ici des paroles du Sauveur (Matt. 11 : 28), adressées à ceux qui cherchent la paix et le bonheur et ne les ont pas trouvés : « Venez à moi, vous tous qui êtes travaillés et chargés et je vous soulagerai ; chargez-vous de mon joug ; apprenez de moi qui suis doux et humble de coeur, et vous trouverez le repos de vos âmes. » Le contraste entre la condition actuelle de cet homme et sa condition précédente, qui a tant duré, nous offre un tableau fidèle de l'état d'une âme qui a trouvé le Sauveur et s'est donnée à lui.

Ne nous représentons pas la conversion sous un autre aspect ; comme qu'elle se soit produite et quelles que soient les apparences extérieures, toute vraie conversion présente ce caractère. Voyez la conversion du pieux jeune Galiléen qu'était saint Pierre, les hauts et les bas, les honteuses défaites de sa piété, et ce qu'il est devenu après l'événement que lui annonçait Jésus en lui disant : « Quand tu seras converti... » (Luc 22 : 32.) Voyez la conversion du jeune pharisien, dévot à l'excès et fougueux fanatique, qu'était Saul de Tarse, et ses dispositions humbles, soumises, douces, ferventes, après ses trois jours de recueillement à Damas.

Le démoniaque libéré voudrait suivre Jésus, rester toujours auprès de lui ; Jésus l'envoie raconter sa délivrance, rendre témoignage aux siens. Tout disciple de Jésus, qui a fait l'expérience de sa puissance pour sauver, doit être partagé entre ces deux pensées, ces deux désirs, ces deux devoirs, lui rester attaché et déployer une activité à son service, le glorifier devant les hommes.

A. BR.




Pour les petits.

Récapituler leçon du 23 janvier. - Les enfants qui ont peur ont-ils la paix ? Et les enfants qui sont des démons, ont-ils la paix ? Je vais vous parler d'hommes qui avaient peur, d'un autre possédé du démon, et vous raconter comment Jésus leur rendit la paix.

1. Les disciples sur le lac (Luc 8 : 22-25). - Ces hommes qui avaient peur, c'étaient les disciples ; voici à quelle occasion. Dans le pays où ils vivaient avec Jésus est le joli lac de Génésareth (mer de Tibériade, mer de Galilée ; expliquer ces noms en montrant la carte biblique). Plusieurs d'entre eux y étaient pêcheurs (Mat. 4 : 18-22), y avaient leur barque et leurs filets. Un soir, après avoir enseigné la foule sur le rivage (Marc 4 : 1, 35), Jésus monta avec eux sur une barque pour traverser le lac. Tout à coup éclata une effroyable tempête, pendant que Jésus, fatigué, dormait. Voyant leur barque violemment battue par les flots, se remplir d'eau et près de sombrer et de les engloutir, les disciples, au lieu de prier, de se confier en Dieu, sont épouvantés ; ils réveillent le Sauveur : « Maître, maître, nous périssons. » Lui n'a pas peur ; il sait que le Père céleste veille sur ses enfants, qu'il tient dans ses mains les vents et les flots. Il blâme ses disciples d'oublier que Dieu les protège ; sous son regard tranquille et assuré ils reprennent confiance et courage. À sa voix, les flots eux-mêmes s'apaisent et permettent à la barque d'aborder bientôt sur l'autre rive. Avaient-ils des oreilles, les flots ? Non, mais Dieu avait l'oreille attentive aux prières de son Fils, qu'il exauçait toujours (Jean 10 : 42). - Lorsqu'on a confiance en Dieu, on n'a pas peur ; où que l'on soit, on peut dormir sans crainte. Pour avoir une telle confiance, il faut aimer Dieu et chercher à lui plaire ; l'enfant rebelle a peur de la nuit, de l'éclair, du tonnerre. Jésus, qui était absolument obéissant, avait une entière confiance en Dieu. Et il la donne à ceux qui, comme les disciples dans la tempête, s'adressent à lui.

2. Le démoniaque de Gadara (Luc 8 : 26-39). - Raconter les faits. - Pauvre malheureux, semblable à la mer en furie ! En lui logeait une légion de démons ; lesquels ? Je l'ignore. Sait-on jamais ce qu'il y a dans l'esprit des enfants méchants ? Peut-être l'ivrognerie, l'orgueil, l'entêtement ou quelque autre passion, l'avait-elle mis dans cet état et fait devenir un objet de terreur pour ses voisins. Mais Jésus est plus puissant que les démons qui agitaient ce malheureux : grâce à sa parole ferme et affectueuse, la paix revint chez le forcené comme elle était revenue chez les apôtres effrayés par la tempête. Il fut guéri après une dernière crise qui, épouvantant un troupeau de pourceaux, les fit se jeter dans le lac ; et, plus tard, quand les gens de Gadara vinrent s'informer de ce qui était arrivé, ils le trouvèrent « assis aux pieds de Jésus, habillé et dans son bon sens. »

Quel est celui-ci, à qui obéissent même les vents et la mer, et qui fait fuir les démons ? C'est le Sauveur du monde, le Prince de la paix. Il la donne à ceux qui, au lieu de préférer, comme les Gadaréniens, garder leurs démons, rester pervers, méchants, rebelles, le laissent régner sur eux. Voulez-vous être de ceux-là ?

Partie de l'élève.

SUJET ; Jésus apaise la tempête et guérit un démoniaque. Jésus Prince de paix.
(Luc 8: 22-39.)
Versets à apprendre :
Invoque-moi au jour de la détresse ; je te délivrerai, et tu me glorifieras. (Ps. 50: 15.)
Retourne dans ta maison, et raconte tout ce que Dieu t'a fait. (Luc 8 : 39.)
Quel est celui-ci, à qui obéissent même les vents et la mer ? (Mat. 8 : 27.)

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