Cantiques proposés :
N° 140. Amis, chantons... - N° 141. 0 Dieu, vois Les
enfants !
La Société des Missions évangéliques de Paris aura connu, avec
cette longue guerre qui nous oppresse, les jours les plus sombres,
sans doute, de son histoire.
Cette histoire, de plus ; de quatre-vingt-dix ans, a eu
cependant à son actif bien des épreuves !
La guerre de 1870-71 avait jeté un sombre voile de deuil et de
souffrance sur nos amis ; et pourtant la Société des Missions
avait triomphé de l'épreuve sans perdre aucun de ses membres
directeurs, aucun de ses ouvriers. Aucun de ses missionnaires n'avait
dû rentrer de son champ de travail pour prendre sa part des fatigues
et des risques de la guerre. Les finances de la société avaient été en
péril, mais Dieu avait pourvu merveilleusement à tous les besoins des
ouvriers. Même lorsque, pendant le long siège de Paris, le directeur
fut isolé et privé de moyens de communications avec la province, Dieu
dans sa bonté pourvut à tout.
M. Casalis, le directeur d'alors, put envoyer, par le moyen des
ballons, quatre courts billets aux amis de Hollande, de Genève, de
Vaud et de Neuchâtel, leur recommandant de penser aux besoins de
l'oeuvre missionnaire. Ces amis répondirent généreusement : La
Hollande envoya 10 000 francs, Genève 7250 francs, le canton de Vaud
9500 francs, et enfin celui de Neuchâtel 5960 francs. Après le siège,
non seulement tous les frais étaient payé, mais il
restait encore un boni.
On me dira sans doute : qu'est-ce que cela en comparaison
d'aujourd'hui ! L'oeuvre a sextuplé, le budget aussi, les
responsabilités se sont multipliées... et j'ajouterai : la guerre
aussi a sextuplé et décuplé en étendue, en horreur, en durée...
La parole de Dieu nous dit que « celui qui est fidèle dans
les petites choses le sera aussi dans les grandes, » et si cette
parole s'applique à nous, à combien plus forte raison
s'applique-t-elle à Celui qui s'occupe de nous ! Or, la
bonté et la fidélité de notre Père céleste, qui ont permis à notre
Société des Missions de traverser la tourmente de 1870-71, nous
permettront aussi de traverser la tourmente actuelle, si redoutable
qu'elle soit !
Ah ! ce n'est pas sans souffrances !
Maison des Missions presque vide, ... où sont les jeunes pleins
de joie, et de vie qui l'animaient !
Budget de guerre, ... c'est-à-dire budget diminué jusqu'à la
limite du possible, et peut-être pour quelques-uns au delà du
possible.
Champs de Missions où les plus anciens, - c'est-à-dire les
épuisés par de longues années de travail missionnaire, - ont tâche
double, les jeunes étant rentrés pour prendre leur place parmi les
combattants ou parmi les infirmiers.
Ceux-ci, - messagers de paix là-bas, guerriers ici pour
défendre le sol envahi, - qui dira leurs angoisses, leurs combats
intérieurs, et parfois, le soir, dans la tranchée, la nostalgie de
l'oeuvre abandonnée qui oppresse leur coeur.
Plusieurs sont déjà tombés, parmi les missionnaires, parmi ceux
qui allaient le devenir, et elle reste ouverte, la parenthèse !
Combien tomberont encore ?
Et cependant ce n'est pas la note découragée que fait entendre
le Comité directeur de la Société. Ce n'est pas la plainte angoissée,
on le ressouvenir des jours meilleurs du passé. Non, c'est plutôt
l'appel à l'effort présent qui permettra un avenir meilleur. « En
temps de guerre, chacun doit donner son maximum, » - « nous
ne perdons pas courage, » -
« confiance ! » - « Ces jours d'épreuve. Ces coups
redoublés, ... pourquoi, ô mon Dieu ? - afin que tu portes plus
de fruits. »
Mais les morts se multiplient dans nos rangs, l'oeuvre de haine
triomphe... Non, « l'amour est plus fort que la mort, »
« la charité ne périt jamais. »
Il faudra, quand cette horrible guerre sera terminée, reprendre la
tâche avec un nouveau courage ; il faudra l'accomplir dans un
esprit de consécration, avec humilité et avec foi. La Suisse aura sa
grande part dans la reconstruction mondiale de la Mission.
Comme au temps du terrible Pharaon de l'Égypte, dans toutes les
familles on pleurera ses morts, - les fils, les hommes forts ne seront
plus, - et les nations qui auront eu part à ces grandes tueries seront
pauvres en jeunes hommes, Les sociétés de Mission se tourneront alors
vers nous et nous diront : « Vos fils ont été épargnés,
consacrez-les au service de Dieu et des hommes, vos frères.
Donnez-nous vos enfants pour être la génération missionnaire de
demain... »
Voilà l'appel que la Suisse entendra de toutes parts et auquel
elle devra répondre. En outre de cela, il y aura la raison politique.
Tant de ferments de haine auront été semés parmi les peuples, qu'un
étroit et farouche nationalisme élèvera ses barrières autour des
colonies les plus lointaines. De longtemps la pénétration des peuples,
hostiles aujourd'hui, ne pourra s'accomplir ; mais la Suisse sera
le trait d'union béni. Dans le domaine missionnaire, elle pourra aller
et travailler chez les uns et chez les autres, reprendre la tâche
interrompue ici, remplacer les autres là-bas, secourir, renforcer, et
parce qu'elle n'a de colonies que celles créées par sa charité, toutes
les colonies lui seront ouvertes et partout elle sera la bienvenue.
Aussi est-ce le moment de travailler parmi les jeunes !
Moniteurs et monitrices, vous avez à l'heure actuelle la plus belle et
la plus urgente des tâches, et si Dieu ne vous appelle pas
vous-mêmes, - vous êtes-vous posé la question ? - il appellera
sans doute quelques-uns de vos élèves de l'école du dimanche. Oh, de
grâce, n'allez pas répondre, comme Eli au jeune Samuel, lorsque
celui-ci accourut vers lui la première fois : « Mon enfant,
couche-toi et dors ! »
Malgré la guerre, l'oeuvre continue. Le règne de Dieu vient.
Je n'en veux pour preuve que cette lettre reçue de Madagascar
ces jours-ci. Je la donne telle qu'elle m'a été adressée par mon
frère, missionnaire à Tsiafahy. Elle est un réconfort dans les
tristesses de l'heure présente, elle est la preuve vivante des
nouvelles pages qui s'ajoutent au livre des Actes des apôtres, elle
est l'appel vibrant qui vient à nous des plages lointaines,
« Bien que toujours pressé par le surcroît de travail que
me donne l'intérim du district d'Anosibé et le soin de nombreux
malades, je veux t'écrire quelques lignes, ne serait-ce que pour te
donner quelques faits intéressants, pour renouveler et
« actualiser », si on pouvait ainsi dire, tes conférences.
Nous avons eu ces derniers temps plusieurs séries, de réunions
d'évangélisation dans diverses localités qui ont été, en réelle
bénédiction à beaucoup. Je ne puis parler de ces diverses campagnes.
Ce serait trop long. Je voudrais te parler seulement de celles qui ont
eu lieu à Antsiriribé, à environ une heure et demie d'ici. Il y avait
autrefois dans, cette localité un modeste temple, mais le missionnaire
du district avait alors contre signé son acte de décès par cette, note
mélancolique : « Temple et Église disparus. »
» Aussi, grand fut mon étonnement lorsque je lus dans la liste
des temples autorisés que l'administration m'adressait, le nom du
temple d'Antsiriribé : temple et Église vraiment disparus, comme
l'avait écrit un de mes prédécesseurs dans, ce district.
» Cette générosité, à laquelle le gouverneur de la colonie ne
nous avait pas habitués, me parut avoir quelque chose de providentiel.
Ce qui n'existait pas, pouvait devenir.
» Je réunis quatre des Églises les plus proches de cette
localité, je les décide à reconstruire le temple disparu ; elles
acceptent et une fois construit, elles vont de hameau en hameau, de
case en case, pour presser les gens d'entrer ; il en vint une
centaine, presque tous païens et païens pratiquants.
» Malgré toutes les explications, ils ne comprenaient pas ce
qu'on leur voulait - Ils voulaient jouer à la petite Église - fonder
des sociétés pour visiter les accouchées, les gens en deuil et pour
fournir un honorable suaire aux morts, - une espèce de société de
secours mutuels, quoi ! Le formalisme menaçait de les tuer dès
leurs premiers pas. Une série de réunions d'évangélisation fut décidée
avec mon évangéliste de Tsiafahy, Razanadrakata. Elles durèrent cinq
jours et se continuèrent le dimanche suivant.
» Ce fut d'abord de l'étonnement, presque de l'ahurissement,
puis peu à peu une certaine inquiétude s'empara de plusieurs, et les
derniers jours furent des jours tels que je n'en ai pas encore vu à
Madagascar. Nous entendîmes et nous vîmes là des choses vraiment
nouvelles et extraordinaires, renouvelées du temps des apôtres. Nous
eûmes des journées inoubliables. Le sentiment du péché, s'exprimait en
des paroles d'angoisse. Les confessions étaient précises et
saisissantes. Le désir de réparer ce qui pouvait l'être était
manifeste.
» Ici. une femme se levait et montrait une couverture qu'elle
avait volée à la femme du précédent missionnaire ; là, d'autres
confessaient des vols d'argent, des fraudes, envers le fisc, des
fausses déclarations, des adultères.
Une guérisseuse païenne, qui avait gagné beaucoup d'argent,
renvoya les malades qu'elle soignait chez elle, renonçant ainsi à ses
moyens d'existence. Un jour voyant l'évangéliste à genoux, en prière
sous un manguier, elle l'appela comme on appelle quelqu'un au secours
et lui fit part de son désir d'être sauvée, quelque sacrifice qu'elle
eût à faire. D'autres prirent la résolution de régulariser leur union.
Beaucoup apportèrent leurs amulettes. Elles sont là devant moi pendant
que je t'écris. Il y en a de toutes sortes. Voici les amulettes
qui vous permettent d'avoir beaucoup d'enfants. On suspend les unes au
cou, ou sur les murs de la maison. Avec les autres on se fait frotter
le dos. Voici les amulettes, espèce de philtre d'amour capable de le
créer où il n'est pas et de l'augmenter et de le conserver là où il
existe. En voilà contre la grêle, la foudre, contre les caïmans, etc.,
etc. Ces gens sont transformés maintenant. Leur visage est radieux,
ils achètent des cantiques, des Bibles, des Évangiles et se sont fait
inscrire comme catéchumènes. Ils sont tellement vibrants qu'on n'ose
pas les rassembler en même temps que les autres catéchumènes, de peur
qu'ils ne soient refroidis par leur contact. Je n'avais pas encore
entendu prier comme cela à Madagascar. Il y a eu là une véritable
Pentecôte. Ce mouvement étonne les incrédules de la région et ceux qui
sont encore restés dans leur paganisme. Cela trouble même plusieurs
des vieux habitués de nos lieux de culte. On en parle beaucoup dans
toute la région. J'ai entendu des prières, des intercessions, des
confessions d'une tragique grandeur ; on sentait que Dieu était
là. Les entretiens dans les cases duraient jusqu'à midi. Maintenant
ils se réunissent, tantôt chez les uns, tantôt chez les autres, pour
des réunions de prières et d'entretiens. Le salut des leurs est devenu
pour eux une véritable obsession.
» Dieu a fait pour nous de grandes choses, et nous en attendons
encore de plus grandes.
» Je viens d'avoir la visite de Razafindrazaka, qui désirait me
demander conseil sur une demande en mariage qu'on vient de lui faire.
Le jeune homme est riche, intelligent, tout à fait bien selon le monde
et déclare qu'il veut se convertir. Les parents de la jeune fille la
poussent beaucoup à accepter. Ils l'ont même induite en erreur sur la
piété de ce candidat. Mais dès qu'elle a appris la vérité sur son état
d'esprit, elle n'a rien voulu savoir, bien que son coeur ait été déjà
pris. Et elle me dit en pleurant, et avec une grande énergie :
» - Je préfère ne pas me marier, et mourir s'il le faut, plutôt
que d'épouser un jeune homme qui ne soit pas réellement chrétien. Je
veux rester la fiancée de Jésus-Christ.
» Cette visite m'a fait du bien, J'en ai été réconforté. Elle
m'a demandé si elle pouvait venir me voir souvent, et comme je lui
disais :
» - Mais certainement, mon enfant, toutes les fois que je serai
ici ! elle m'a remercié en me prenant la main entre ses deux
mains et en se frottant énergiquement la figure dessus, selon
l'habitude malgache, en signe de reconnaissance. Mais il faut que je
m'arrête...
» S. DELORD,
missionnaire du district de Tsiafahy, Madagascar. »
Il y a là-bas - à Madagascar - des milliers et des milliers de
villages où une oeuvre semblable pourrait s'accomplir si nous avions
les hommes et les ressources. Mais Dieu sait, Dieu connaît les besoins
de son oeuvre et Il sait aussi quels sont les moments
favorables.
Une seule chose importe : c'est lorsqu'Il appelle,
lorsqu'Il demande, que ses serviteurs et ses servantes répondent
aussitôt : Me voici !
Lire dans l'Éducation chrétienne, sept. 1913, une très intéressante et très complète étude sur Madagascar, par M. le pasteur Ed. de Perrot.
PH. D.
Voici en outre une fable malgache tout à fait « couleur locale » et non dépourvue d'esprit.
Fable racontée par les gens d'Itremo, à l'ouest du Betsileo.
Le Caméléon et le Sanglier se rencontrèrent un jour sur la
grande route :
- Seigneur Caméléon, dit le Sanglier, pourquoi donc avez-vous
tous, soit jeunes, soit vieux, une aussi bizarre démarche ? J'en
vois de tout petits comme toi marcher drôlement, et aussi de très
vieux. Serait-ce paresse à avancer ? ou bien
songez-vous à revenir sur vos pas, que vous ayez cette démarche de
gens affaiblis par la fièvre ?
Le Caméléon : Si telle est notre allure, c'est que nous
pensons au passé et réfléchissons à l'avenir, dans la crainte que le
ciel ne nous écrase une fois grands, ou que la terre ne nous Prenne
encore tout jeunes ; lorsque nous allons ainsi à pas comptés,
nous rendons honneur au ciel qui nous couvre et à la terre que nous
foulons.
Le Sanglier : Ah ! c'est bien.
Le Caméléon : Et vous, pourquoi avancez-vous en vous
précipitant et tombant sans cesse, et pourquoi dévorez-vous tout ce
qui vous tombe sous la dent ?
Le Sanglier : C'est que nous n'aimons ni à songer au passé
ni à réfléchir à l'avenir ; il faut s'en tenir au présent et s'en
donner à coeur joie.
Le Caméléon : Ah ! voilà qui est mal.
On dit que le Sanglier comprit à peu près les réflexions du
Caméléon et qu'il se mit à marcher comme lui. Mais au bout de quelque
temps il n'y tint plus :
- Seigneur Caméléon, dit-il, pouvez-vous, vous autres, vous
enfuir, en cas d'alerte ?
Le Caméléon : Mais oui, nous le pouvons.
Le Sanglier : Eh bien ! luttons de vitesse à qui
arrivera le premier à la colline là-bas.
Le Caméléon : Oui, mais laisse-moi d'abord monter sur
l'arbre que voici pour examiner la route à Parcourir, de peur que
quelque obstacle ne nous blesse en chemin.
Le Sanglier : L'idée est bonne.
Le Caméléon regarda bien le cou du sanglier, puis il dit :
- En avant !
Et comme le Sanglier s'élançait, le Caméléon lui sauta sur le
cou. Le Sanglier ne sentit rien, il était tout à son affaire et ne
pensait qu'à arriver à temps. Au moment de toucher le but, le Caméléon
de nouveau bondit en avant (le Sanglier n'y vit rien encore), et quand
le but fut atteint, le Sanglier fut stupéfait : n'était-ce pas,
là, devant lui, le Caméléon, déjà arrivé ?
Le Sanglier se rangea dès lors aux idées du Caméléon.
Il donna cet ordre à sa postérité : « Il faut que
tous mes descendants marchent lentement et
s'apprivoisent ! »
On dit que ce sanglier fut l'ancêtre des cochons domestiques.
Longtemps avant la venue de Jésus-Christ, longtemps avant les rois Saül, David et Salomon, l'Éternel fit sortir les Israélites du pays d'Égypte où Ils étaient en servitude. Arrivés à la montagne de Sinaï, sous la conduite de Moïse, ils reçurent les dix commandements (décalogue), dont voici le premier : Tu n'auras point d'autres dieux devant ma face. 1. Il y a un seul Dieu,
le Tout-Puissant, créateur des cieux et de la terre et de
toutes les créatures qui y habitent, anges, hommes, animaux,
plantes. Il est le Père céleste et nous sommes ses enfants
bien-aimés. Et ce que les Israélites ne pouvaient encore
savoir, non seulement il nous aime d'un amour infini, mais
pour nous le faire savoir il a envoyé dans le monde son Fils
unique, Jésus-Christ, dont la naissance, la vie, les
enseignements, les miracles, les souffrances, la mort et la
résurrection vous sont racontés à l'école du dimanche.
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