Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

(9 JANVIER.)

Jésus à Nazareth. Courageux début.


Luc 4 : 14-30.

Cantiques proposés :
N° 132. O Seigneur, bénis la parole... - N° 41. Suivez, suivez l'Agneau.


Un retour. - « Nazareth était une petite ville, située, dans un pli de terrain largement ouvert au sommet du groupe de montagnes qui ferme au nord la plaine d'EsdréIon. La population est maintenant de trois à quatre mille âmes, et elle peut n'avoir pas beaucoup varié. Le froid y est vif en hiver et le climat fort salubre. La ville, comme à cette époque toutes les bourgades juives, était un amas de cases bâties sans style, et devait présenter cet aspect sec et pauvre qu'offrent les villages dans les pays sémitiques... et qui, mêlés aux vignes et aux figuiers, ne laissent pas d'être fort agréables. Les environs, d'ailleurs, sont charmants, et nul endroit du monde ne fut si bien fait pour les rêves de l'absolu bonheur. Même de nos jours, Nazareth est encore un délicieux séjour, le seul endroit peut-être de la Palestine où l'âme se sente un peu soulagée du fardeau qui l'oppresse au milieu de cette désolation sans égale. La population est aimable et souriante' ; les jardins sont frais et verts. Antonin Martyr, à la fin du Vle siècle, fait un tableau enchanteur de la fertilité des environs, qu'il compare au paradis. » (E. Renan).

C'est dans ce paradis que, pour la première fois depuis les événements qui ont bouleversé sa vie, Jésus se retrouve. On se représente quels sentiments doivent agiter le Maître au moment où il gravit les sentiers familiers où surgissent à chaque pas les souvenirs de son enfance. Voici quelques mois seulement qu'il a quitté subitement son lieu natal (1)

Mais ces mois équivalent à un siècle ! En ce peu de temps. Il est devenu le prophète puissant dont la renommée s'est répandue dans tout le pays et auprès duquel les foules accourent. Le charpentier d'autrefois n'a plus qu'une préoccupation : annoncer la bonne nouvelle du royaume, sauver ses frères. Ce message de salut, Jésus a tout naturellement tenu à l'apporter aussi dans sa patrie. Il va se retrouver tout à l'heure dans le cercle familier où, pendant des années, avec son père, puis à son propre compte (Marc 6 : 3), il a exercé son métier. Là-haut, il va revoir sa mère, ses quatre frères, ses soeurs, tous ses amis d'enfance. Qui sait ? Il va sans doute parler dans la synagogue où il allait autrefois à l'école. Quelle émotion !

il n'est nulle part plus difficile de rendre son témoignage religieux que dans sa propre famille, parmi ses meilleures connaissances. « Retourne dans ta maison, vers les tiens » disait Jésus un jour, à un démoniaque guéri qui rêvait de se joindre à lui pour évangéliser au loin ; et cet homme ne se doutait pas que Jésus lui confiait une tâche bien plus difficile que celle qu'il ambitionnait, dans son zèle de néophyte. C'est que nous éprouvons devant nos proches une timidité, une honte faites surtout des souvenirs de nos indignités, de nos fautes passées connues de tous. Il ne pouvait rien y, avoir de cela chez Jésus. Son ministère n'était que la suite harmonieuse, que l'accomplissement de toute une jeunesse de piété et de fidélité.

Mais quel accueil va-t-on lui faire ? Ses relations personnelles vont-elles faciliter sa tâche ou la rendre plus difficile ? Va-t-on savoir reconnaître, derrière le visage familier, le messager de Dieu ? Jésus, hélas ! ne peut guère se faire d'illusions. Il prévoit ces préventions, ces méfiances, ces jalousies exprimées par un vieux proverbe qui lui revient à la mémoire. Et cette perspective, de la part de ceux qu'il aime le plus au monde, lui est une intense douleur...

L'amour-propre local est flatté. - Grand émoi à Nazareth : le fils de Marie est au village ! Depuis bien des semaines déjà, son extraordinaire renommée est parvenue jusque-là. Mais on a peine à croire les choses inouïes qu'on raconte de lui : dans la plaine, en ville, des foules et des foules le suivent, paraît-il, ne se lassant pas de l'écouter ; il a guéri des lépreux, des paralytiques, des aveugles, des malades de toute espèce. Enfin, il est là ! On va pouvoir entendre de ses oreilles, voir de ses yeux, savoir si la rumeur publique n'a pas singulièrement exagéré. Car enfin, chacun le connaît, c'est le charpentier, Jésus, le frère de Jacques, de Joseph, de Jude, de Simon.

Le sabbat est enfin là. Dans la synagogue, il y a foule. On aperçoit dans l'assistance une masse de gens qui viennent bien rarement au culte ; mais pas un être valide, dans la localité, n'aurait voulu manquer cette occasion sensationnelle. Les femmes, voilées, sont derrière leur grillage, dans l'emplacement qui leur est strictement réservé. Le service, se déroule suivant le rite traditionnel : bénédiction, prière, lecture de la loi. Le moment est venu de la lecture des prophètes et de l'allocution qui la suit. Sans même que le chef de la synagogue ait eu besoin de le solliciter, Jésus, répondant à l'attente générale, se lève spontanément, déroule le parchemin et lit l'admirable passage d'Ésaïe au chapitre 61, v. 1 à 2. Puis il se rassied, ainsi que l'auditoire (on écoutait toujours debout les paroles de l'Écriture), et, dans une attention et un silence profond, il se met à parler (2)... Ah ! le beau texte et comme nous pressentons ce que Jésus en tira ! C'est aux Juifs en exil que le vieux prophète avait adressé ces consolations émouvantes. Mais comme tout cela trouvait maintenant un accomplissement plus profond !

Aux pauvres, aux petits, aux humbles méprisés, rudoyés par les fiers pharisiens, Jésus dit la bonne nouvelle de l'amour du Père et du prix infini de toute âme.

Aux coeurs brisés par l'épreuve, tourmentés par le sentiment de leur misère et auxquels la religion de la synagogue n'apportait que subtilités, sévérités, menaces, Jésus apporte le message du pardon gratuit de Dieu.

Aux opprimés de la vie, aux captifs du péché, des soucis, de la mort, à tous ceux auxquels l'inexorable loi ne causait qu'effroi et désespoir, Jésus ouvre des perspectives (le lumière, de délivrance, de salut : « Venez à moi, vous tous !... Je donnerai du repos à vos âmes. »

Ressuscitant les vieilles espérances que l'année du jubilé (Lév. 25 : 10 et s. ) entretenait constamment dans le peuple, car, en cette cinquantième année, tous les travaux étaient suspendus, les dettes acquittées, les esclaves libérés, Jésus, à des gens habitués à entendre parler toujours de loi, de colère, de châtiment, de rétribution, parle de grâce...

Et l'auditoire est charmé, enthousiasmé, conquis. Le fils de Joseph semble avoir gagné sa cause. Le sentiment qui anime cette foule, c'est celui de la fierté. Quelle gloire d'avoir un concitoyen de ce talent ! D'où lui viennent ces choses ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée ? (Marc 6 : 2) Pourtant, il est bien de chez nous ! On ne pourra plus dire dans le pays, comme on avait la méchante habitude de le faire, que de Nazareth il ne vient rien de bon ...

L'orgueil humain est blessé. - Mais Jésus ne se laisse pas tromper par ce succès. Il sait trop combien les raisons en sont peu relevées. Il a pu, probablement, se rendre compte dans ses conversations au village, les jours précédents, du genre d'intérêt et de sympathie qu'il éveille. On est venu l'entendre en foule, mais c'est par curiosité. On l'applaudit, mais c'est par orgueil de clocher. On aimerait bien qu'il fît à Nazareth des choses aussi extraordinaires que celles qu'il a faites à Capernaüm. Il doit ça à son lien d'origine. Il est juste que le médecin commence par penser à sa propre santé. Les Nazaréens sont donc comme ces pharisiens qui demandaient des miracles ; mais ce ne sont pas les miracles qui touchent les consciences et changent les coeurs. Et les consciences et les coeurs de ses compatriotes, Jésus ne parvient pas à les atteindre. Plus que tous les autres, ces amis intimes du Messie auraient eu des raisons de l'écouter, de se laisser convaincre par lui. Or c'est auprès d'eux qu'il trouve le moins d'appui.

Et cela rappelle au Sauveur des exemples frappants de l'Écriture, dans lesquels ce que les proches auraient dû obtenir, par leur faute n'est accordé, qu'à des étrangers. Il le dit en face à ses amis et relations, courageusement, comme un avertissement solennel, et pressentant fort bien ce que cette franche sévérité va lui attirer.

Voyez l'effet de ce nouveau sermon ! Il se passa à Nazareth ce qui se passe ailleurs. On veut bien écouter, s'enthousiasmer même ; se convertir, c'est autre chose, On parlera beaucoup de la prédication entendue, du talent de l'orateur, on sera fier d'avoir un pasteur de cette valeur ; mais, de là Il y a loin à s'appliquer à soi-même cette parole tant vantée. Tant qu'un prédicateur, encore, prêche la grâce, le message d'amour, de pardon, on s'émeut et on est plein de reconnaissance. Tant qu'il reste dans les généralités, on dit de, vérités qui s'appliquent à d'autres, on admire hautement. Mais si, fidèle à sa consigne, la même voix fait des reproches ou des appels trop directs, on est « rempli de colère ».

Voyez ces gens de Nazareth, si fiers tout à l'heure de leur ressortissant. En quelques instants leur admiration s'est changée en fureur ; leur fierté, maintenant blessée, pour un peu les conduirait au crime. Au sortir de la synagogue c'est comme une émeute qui se produit. On entraîne Jésus, avec force injures sans doute, sur les hauteurs qui dominent la ville. On est prêt à tout pour se débarrasser de ce combourgeois trop franc. Et il faut bien toute la majesté, toute l'autorité qui se dégagent de sa personne pour qu'il puisse échapper sain et sauf, sans qu'eux-mêmes se soient bien rendu compte de quelle façon, à leurs mains vengeresses.

« Si t'on monte quelque peu et que l'on atteigne le plateau fouetté d'une brise perpétuelle qui domine les plus hautes maisons, la perspective est splendide. A l'ouest, se déploient les belles lignes du Carmel, terminées par une pointe abrupte qui semble se plonger dans la mer... Par une dépression entre la montagne de Salem et le Thabor, s'entrevoient la vallée> du Jourdain et les hautes plaines de la Pérée... » (Renan.)

Ce beau panorama qui avait charmé son enfance, Jésus l'aperçut alors pour la dernière fois. Et c'est accompagné des cris de fureur de ses proches, une grosse blessure au coeur, qu'il redescendit plus solitaire vers la plaine et vers sa tragique destinée.

M. V.




Pour les petits.

Récapituler leçon du 2 janvier. - Dire quelques mots des trente premières années de la vie de Jésus, enfance, baptême ; tentation, choix des apôtres. (Luc 2 : 39-52 ; 3 : -11, 22 ; 4 : 1-13 ; 6 : 13-16.) - Je vais maintenant vous parler d'une leçon d'école du dimanche donnée par un bon moniteur à de mauvais élèves.

1. Le bon moniteur. (Luc 1 : 14- 21.') - C'était Jésus. Il y avait déjà quelque temps qu'il allait (le lieu en lieu, annonçant l'Évangile et faisant le bien, et l'on commençait à parler beaucoup de lui, de ses discours, de ses miracles. - Alors il vint à Nazareth où il était bien connu. Le jour du sabbat, il entra dans la synagogue (expliquer), comme c'était sa coutume ; ce doit donc aussi être la coutume des chrétiens d'aller au culte le jour du repos, au temple ou à l'école du dimanche. - Et là qu'arriva-t-il ? Raconter le fait en donnant quelques détails sur le service dans la synagogue, sur les livres de la Bible, rouleaux qu'on déroulait pour lire. - Jésus lut un passage du prophète Ésaïe ; écoutez (lire le passage). Ensuite, ayant roulé le livre, que dit-il ? (v. 21). - Il voulait faire comprendre qu'il était le Sauveur promis et qu'il venait accomplir tout ce que disait le prophète : annoncer la bonne nouvelle du royaume de Dieu, enseigner comment on peut y être admis, offrir le pardon aux pécheurs repentants, les secours pour qu'ils se corrigent, la consolation aux affligés, la guérison aux malades et aux infirmes. - Voilà, en effet, ce que Jésus fit pendant trois ans, jusqu'à sa mort à trente-trois ans. Ce fut le temps de son ministère. Ministre signifie serviteur, et Jésus voulut être le serviteur de Dieu et des hommes.

2. Les mauvais élèves. (Luc 1 : 22-30.) - Ce furent les habitants de Nazareth venus à la synagogue ce jour de sabbat. Ils écoutèrent, mais pas comme il aurait fallu. Ce qui excita leur curiosité, c'est que Jésus était « nouveau » et qu'il était de Nazareth, c'est pourquoi ils faisaient attention non à ce qu'il disait, mais à la manière dont il parlait, comme font beaucoup d'élèves à l'école du dimanche, surtout peut-être quand arrive une nouvelle monitrice, jeune fille de leurs connaissances ; ils observent le son de sa voix, le mouvement de ses lèvres, de ses mains, sa Bible, sa chaîne de montre, son chapeau, et ne font pas attention à ce qu'elle dit, ce n'est pas écouter comme il faudrait. - En outre, les Nazaréens méprisèrent Jésus et ses conseils, parce qu'il était fils du charpentier Joseph et n'avait peut-être pas de beaux vêtements. N'était-ce pas ridicule de leur part ? - Enfin, quand il voulut leur faire comprendre qu'ils étaient coupables d'écouter si mal et perdaient l'occasion d'être bénis tandis que d'autres le seraient à leur place, Ils s'irritèrent, et que firent-ils ? (v. 29, 30.) - Il ne nous est pas dit que Jésus soit retourné plus tard à Nazareth, où il avait été si mai reçu. Ainsi les Nazaréens se privèrent par leur faute du bienfait de sa présence, et ce furent d'autres qui en jouirent. - Aujourd'hui, comme alors, Jésus, par sa Parole, veut instruire, consoler, corriger, sauver ; mais prenez garde à la manière dont vous écoutez. Pour avoir part à ses bienfaits, il ne faut pas agir comme les Nazaréens ; il faut écouter attentivement sa Parole, ne pas contester avec elle, ne pas oublier ce qu'elle dit, et faire ce qu'elle commande. Heureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la gardent. (Luc 11 : 28.)

L. N.

Partie de l'élève.

SUJET : Jésus à Nazareth. Courageux début.
Versets à apprendre :
L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres. (Luc 4 : 18.)
Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos coeurs. (Héb. 3: 8.)
Prenez garde à la manière dont vous écoutez. (Luc 8: 18.)

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