Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

(2 JANVIER.)

Fuite en Égypte. Retour à Nazareth. Gardé par le Père.


Mat. 2 : 13-23.

Cantiques proposés :
N° 12. Béni soit Dieu ! - N° 104. Bénissons Dieu, notre Père.

Notes préalables. - Il est peut-être utile de s'expliquer, avant de commencer, sur un ou deux points de nature à embarrasser les moniteurs.


1. À trois reprises, il est question dans notre récit de songes par le moyen desquels Joseph reçoit des messages précis de Dieu, songes accompagnés les deux premières fois d'apparition d'ange. Parmi nous, les uns ne mettront aucune difficulté à admettre la réalité matérielle des événements tels qu'ils sont racontés, tout en étant persuadés peut-être que Dieu ne manifeste plus aujourd'hui sa volonté de cette façon-là. D'autres, par contre, seront tentés de voir dans ces songes des matérialisations de réalités intérieures, et se sentiront dès lors gênés dans leur explication du récit. Qu'ils se rassurent, en tenant compte de ces deux faits : le mystère profond dont est enveloppé encore, pour la science, le monde de l'esprit et qui interdit de prononcer le mot « impossible » devant bien des choses incroyables à nos yeux ; en second lieu, et surtout, la constatation que ce qui importe, an point de vue de la foi, c'est la certitude que Dieu avertit, dirige, transmet aux hommes ses messages, et non pas le comment des messages. Ce qui est précieux à enseigner à nos élèves, c'est non pas qu'un ange est apparu, mais que Joseph a été divinement averti.

2. À côté de ces trois songes, figurent trois prophéties de l'Ancien Testament dont l'évangile mentionne ici l'« accomplissement ». On pourrait être troublé en recherchant les passages cités, de voir que les deux premiers se rapportent manifestement à des événements depuis longtemps « accomplis » : le fils appelé hors d'Égypte fait allusion à la sortie du peuple d'Israël (Osée 11 : 1) ; et les pleurs de Rachel à Rama exprimaient chez Jérémie (31 : 16) la douleur des Juifs emmenés en captivité ; - que le troisième ne se trouve nulle part. dans l'Ancien Testament et qu'il fait allusion probablement, par une sorte de jeu de mots, au « rejeton » (netzer) dont parle Ésaïe 11 : 1. Mais c'est que le mot « accomplir » n'a pas ici la valeur rigoureuse de notre mot français. Nous lisons constamment dans la Bible des pensées, des avertissements, des reproches, des consolations qui s'appliquent exactement à nos circonstances personnelles C'est pour nous un réconfort ; nous les soulignons, les citons, les relisons parce que nous retrouvons dans ces antiques paroles la voix même de Dieu s'adressant à nous. C'est dans une préoccupation analogue que Matthieu cite ici l'Ancien Testament : application beaucoup plus qu'accomplissement.

3. La franchise - elle n'est dans ce cas, qu'un humble respect devant l'Écriture Sainte - oblige à reconnaître qu'il y a divergence entre Matthieu et Luc sur le lieu primitif d'habitation de Joseph et Marie. D'après Luc, c'était Nazareth (2 : 4,39) ; d'après notre évangile, c'était Bethléhem, et seule la crainte d'Archelaüs amènera, après la naissance, les parents de Jésus en Galilée (2 : 23). Des constatations comme celle-là sont utiles en ce qu'elles nous apprennent, à nous attacher non à la lettre, à l'enveloppe de l'évangile, mais à son contenu, à son esprit. Serait-ce pour rien que Dieu a permis qu'il y ait des contradictions entre les divers récits bibliques, non seulement sur le lieu d'origine de Jésus, mais encore sur la date de sa mort et sur les circonstances de sa résurrection ? C'est que la foi n'est pas une science rigoureuse de faits de l'histoire : c'est une acceptation du coeur.




Les auteurs de notre liste de sujets mettent, aujourd'hui, l'art de nos chefs de groupe à une sérieuse épreuve. Cette fuite en Égypte comporte certainement comme enseignement central celui que nous avons déjà tiré à propos des mages (26 décembre), du contraste entre la faiblesse de l'enfant Jésus et la cruauté du puissant roi, impuissant devant lui parce que Dieu le protège. Il faudra savoir répéter la même chose sous une forme nouvelle.

I. Quel être fragile qu'un nouveau-né ! Vous savez de quels soins assidus vos mamans les entourent, quelle régularité ils réclament, à combien de misères et de dangers variés ils sont exposés. Aussi, dans une maison, comme tout tourne autour du petit berceau et comme on épargne au bébé tout ce qui pourrait lui nuire !

Eh ! bien, à quelques mois, Jésus-Christ, à cause de la méchanceté des hommes, dut être emmené par ses parents dans un long et périlleux voyage... Faisons chercher à nos élèves eux-mêmes les différences entre les voyages d'aujourd'hui et celui de la sainte famille en Égypte ; et qu'ils énumèrent eux-mêmes les difficultés, les tracas, les fatigues, les dangers de ce voyage, ses inconvénients tout particuliers pour un nouveau-né.

De ces souffrances, ne nous étonnons pas trop, et qu'elles nous aident à aimer davantage notre Sauveur. Nous savons bien toutes celles qu'il eut à subir au cours de son ministère. Le monde ne pouvait pas le supporter. Les consciences reprises, les amours-propres blessés, les jalousies éveillées, les hypocrisies dévoilées, les basses ambitions déçues, tout cela se coalisa pour se débarrasser du gêneur. Il fallait que le Fils de l'homme souffrît beaucoup, qu'il fût mis à mort ! Il le fallait si bien, le monde si mauvais était si incapable d'accueillir un être divin comme celui-là, que bien avant trente ans, alors qu'il était encore dans les langes, il fallait déjà que Jésus souffrît !

Il. Deux gravures bien connues me reviennent à l'esprit. Dans l'une, l'on voit à l'arrière-plan cheminer au crépuscule, dans une solitude dénudée, Marie, l'enfant sur ses bras, assise sur un âne et Joseph les conduisant. Au premier plan, deux lions énormes, rois du désert, se détournent avec crainte de cette proie si facile, comme éblouis et domptés par la brillante auréole qui couronne la sainte famille.

L'autre représente les voyageurs au repos pour la nuit. Marie a cherchée avec son enfant un refuge contre le sein de l'énorme sphinx qui surgit du sable, en Égypte, à quelque distance des fameuses pyramides. Le visage énigmatique et troublant posé sur un corps de lion semble tout adouci de protéger ainsi le fragile et lumineux dépôt dont il a pour quelques heures la charge. Attaché à un piquet et rompant la monotonie de l'horizon infini du désert, l'âne somnole. Et de toute cette scène, malgré le sphinx redoutable et malgré les dangers de cette solitude, se dégage une paix, une sécurité incomparables...

Si nous pouvons créer autour de la « fuite en Égypte », dans l'imagination et le coeur de nos enfants, la même atmosphère que celle qui se dégage de ces deux tableaux ; si nous pouvons, mieux encore, les leur montrer et les leur commenter, nous leur aurons fait une bonne leçon. Faibles, sans défense, perdus dans l'immensité du désert avec ses mille dangers, Joseph, sa jeune épouse, son tout petit enfant accomplissent leur périlleux voyage. Ils n'ont rien à craindre, ils iront, ils reviendront sains et saufs : le Père, qui veille sur le nouveau-né avec tant d'amour, prendra soin d'eux puisque c'est sur sa volonté qu'ils sont partis, puisque c'est en s'en remettant à lui qu'ils rentreront. Dans la solitude aride, ils ne manqueront de rien ; les bêtes féroces les épargneront : c'est Dieu qui les conduit ! Et alors que les caravanes font, la nuit, de grands feux pour écarter les chacals et les hyènes ou mettent des veilleurs pour annoncer le danger, eux s'endorment partout sans crainte partout, ce sont les bras du Père.

III. Pendant que, par ce séjour en Égypte, et sans qu'il le sache, sa victime lui échappe, Hérode donne libre cours à son atroce et habituelle cruauté. Revenons-y, bien que nous en ayons parlé déjà en décembre, pour bien faire voir quel était le monstre, dont les projets sanglants, l'habitude du crime, l'autorité satanique se brisèrent contre la protection de Dieu.

Dès l'âge de quinze ans, Hérode le Grand (à ne pas confondre avec le meurtrier de Jean-Baptiste) avait reçu de son père le gouvernement de la Galilée. Mais ce ne fut que plusieurs années plus tard qu'il obtint du Sénat romain le titre de roi des Juifs. Il ne prit possession de son royaume qu'en faisant périr tous les descendants des Macchabées, qui avaient précédemment régné sur le pays, sa femme Marianne, ses fils Aristobule et Alexandre et une quantité de nobles palestiniens dont il se méfiait ! Au cours de son règne, quand il découvrait quelque mécontent de son autorité, il le faisait conduire au supplice avec toute sa famille. Peu avant de mourir, il allait faire disparaître encore son troisième fils, Antipater ; et, furieux à l'idée que le pays se réjouissait de sa fin, il donna l'ordre de réunir à Jéricho tous les principaux de la ville et de les égorger dès qu'il aurait lui-même expiré, afin, raconte l'historien Josèphe qui cite ses propres paroles « qu'il y ait au moins des larmes répandues à ma mort !! »

Le massacre des quelque douze enfants de moins de deux, ans que pouvaient compter Bethléhem et les environs, si révoltant, si horrible qu'il soit, ne se perd-il pas dans la mer de sang que répandit le tyran ? Mais ceux que Dieu garde sont bien gardés : contre l'enfant Jésus, sans ressources, sans défense, Hérode le Grand, qui en avait tué cent autres, puissants et sur leurs gardes, ne put rien. Et lorsque son fils aîné, Archélaüs, eut repris la triste succession, Dieu fit en sorte que le futur Messie eût la vie assurée.




Histoire lointaine ? Histoire exceptionnelle ? - Qui, sans doute, aurait l'idée de se comparer à Jésus-Christ ? Et, cependant, l'amour et la protection du Père s'étendent de façon merveilleuse sur tous ses enfants. Que de cas, dans l'histoire du christianisme, où des chrétiens sans défense, eux aussi, ont été miraculeusement tirés du danger ? C'est Paul qui échappe au roi Aretas (2 Cor. 11 : 32), c'est Luther trouvant un refuge à le Wartbourg, ce sont tant et tant de Huguenots qui échappèrent aux dragons et aux bûchers de Louis XIV et de ses successeurs, c'est Ramseyer à Coumassie...

Aucun de nous, probablement, ne sera jamais exposé à la fureur d'un tyran. Dans nos moments de danger ou d'incertitude, aucun ange ne viendra plus nous donner des conseils. Mais tout aussi sûrement, tout aussi clairement que par la voix d'un ange, Dieu éclaire et dirige merveilleusement ceux qui ont l'habitude de ne prendre conseil qu'auprès de lui et qui lui demandent jour après jour, a genoux, de guider leur vie. Alors, quelle douce, quelle merveilleuse sécurité ! Quand on est, quand on va où Dieu veut, on est tranquille partout. Le Père nous mène par le meilleur des chemins dans la plus, sûre des retraites.

M. V.




Pour les petits.

Récapituler leçon de Noël : les mages. - Bethléhem était grès de Jérusalem où demeurait Hérode ; l'enfant Jésus était donc en grand danger d'être découvert et mis à mort ; mais Dieu le gardait et voici comment il le sauva :

1. (Mat. 2: 13-15.) - Après le départ des mages, un ange apparut en songe à Joseph, et que lui dit-il ? (v. 13). - L' Égypte est ce grand et fertile pays où Jacob et ses fils, appelés par Joseph (vous en souvenez-vous ?) étaient allés s'établir ; où leurs descendants, les Israélites, avaient vécu quatre siècles, et d'où, persécutés par Pharaon, ils étaient sortis sous la conduite de Moïse pour venir s'établir en Canaan. Le voyage entre Bethléhem. et l'Égypte était de trois jours. Représentez-vous Joseph, Marie et l'enfant Jésus qu'elle tient entre ses bras se mettant en route, tandis que les étoiles brillent au ciel ; tout en allant, souvent peut-être, Joseph regarde derrière lui, craignant de voir apparaître à sa poursuite les soldats d'Hérode. La petite famille arrive en Égypte ; peut-être alla-t-elle s'établir près de la ville où l'on adorait un boeuf portant manteau de pourpre et ornements d'or ; ou bien elle alla jusqu'aux pyramides, immenses tombeaux des Pharaons. - On vous a parlé, n'est-ce pas ? de cette multitude de petits Belges emmenés loin de leur pays par leurs parents fuyant les soldats allemands ; ceux d'entre eux qui fréquentent l'école du dimanche seront consolés en apprenant que l'enfant Jésus eut la même infortune. Et vous, qui vivez tranquilles dans le pays où vous êtes nés et dans la demeure de vos parents, combien n'êtes-vous pas privilégiés ! Mais les uns et les autres vous pouvez dire l'Éternel est celui qui le garde, et celui qui vous garde ne sommeil ni ne dort ; il est toujours là pour vous protéger comme il protégea l'enfant Jésus contre le méchant roi.

2. (Mat. 2 : 16-18.) - Hérode portait une couronne, une belle robe de pourpre, une épée à la poignée garnie de brillants ; il avait, pour le servir, de nombreux domestiques aux vêtements de couleur rouge, bleu et or et des soldats, pour le garder ; il avait un beau palais à Jérusalem, un autre à Jéricho, avec ravissants jardins, un troisième, appelé son paradis, sur une montagne ; il avait fait bâtir des villes, des tours, des théâtres ; c'est pourquoi on l'appelait Hérode le Grand. Mais, aux yeux de Dieu, il était bien petit, parce que méchant, jaloux, soupçonneux, colérique, cruel. Les mages ne revenant pas vers lui, il fut dans une grande colère, peut-être aussi dans une grande frayeur, craignant que le futur roi des Juifs annoncé par les mages ne lui échappât et plus tard ne lui ravît son trône et sa couronne, comme cela était arrivé longtemps auparavant à une reine d'Israël. (2 Rois 11.) Il ne savait pas que Jésus devait être roi d'une autre manière. (Jean 18 : 36.) - Alors que fit-il ? Quelle désolation à Bethléhem ! que de mères se lamentant parce qu'on leur avait égorgé leurs enfants chéris ! Le tombeau de Rachel était, dit-t-on, dans le voisinage ; ce fut peut-être autour de ce tombeau que les petits cadavres furent ensevelis. - Dieu n'avait donc pas gardé ces enfants ? Oui. Hérode avait tué leurs corps, mais il ne pouvait faire périr leurs âmes qui furent emportées par les anges dans les demeures éternelles Ils ne sont pas perdus ; ils sont heureux là-haut. Quant à Hérode, il mourut bientôt après d'une affreuse maladie, détesté de ses sujets qui se réjouirent de sa mort.

3. (Mat. 2 : 17-25.) - Ce méchant roi n'était plus à craindre, mais son fils Archélaüs qui lui succéda ne valait pas mieux, et l'enfant Jésus n'aurait pas été en sécurité dans son royaume. C'est pourquoi Joseph, qui en fut averti, alla s'établir à Nazareth, en Galilée (se servir de la carte biblique), où régnait un autre monarque. Ce fut là que Jésus passa ses années d'enfance et de jeunesse. Et que dit de lui l'Écriture ? (Luc 2 : 40-52.) - Il fut donc un Nazaréen, ce qui était un terme de mépris ; dans le pays, on pensait que rien de bon ne pouvait venir de Nazareth. (Jean 1 : 46.) Ainsi Jésus eut une humble naissance, une humble enfance et jeunesse, et lui-même était humble de coeur. Mais c'est aux humbles qu'est promis le royaume des cieux.

L. N.

Partie de l'élève.

SUJET : Fuite en Égypte. Retour à Nazareth. Gardé par le Père.
(Mat. 2: 13-23.)
Versets à apprendre :
Voici, je suis avec toi, je te garderai partout où tu iras. (Gen. 28: 15.)
L'Éternel gardera ton départ et, ton arrivée, dès maintenant et à jamais. (Ps. 121 : 8.)
L'Éternel est celui qui te garde. (Ps. 121 : 5.)

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