Cantiques proposés :
N° 12. Béni soit Dieu ! - N° 104. Bénissons Dieu, notre
Père.
Notes préalables. - Il est peut-être utile de s'expliquer, avant de commencer, sur un ou deux points de nature à embarrasser les moniteurs.
1. À trois reprises, il est question dans notre récit de
songes par le moyen desquels Joseph reçoit des messages précis
de Dieu, songes accompagnés les deux premières fois d'apparition
d'ange. Parmi nous, les uns ne mettront aucune difficulté à admettre
la réalité matérielle des événements tels qu'ils sont racontés, tout
en étant persuadés peut-être que Dieu ne manifeste plus aujourd'hui sa
volonté de cette façon-là. D'autres, par contre, seront tentés de voir
dans ces songes des matérialisations de réalités intérieures, et se
sentiront dès lors gênés dans leur explication du récit. Qu'ils se
rassurent, en tenant compte de ces deux faits : le mystère
profond dont est enveloppé encore, pour la science, le monde de
l'esprit et qui interdit de prononcer le mot « impossible »
devant bien des choses incroyables à nos yeux ; en second lieu,
et surtout, la constatation que ce qui importe, an point de vue de la
foi, c'est la certitude que Dieu avertit, dirige, transmet aux hommes
ses messages, et non pas le comment des messages. Ce qui est
précieux à enseigner à nos élèves, c'est non pas qu'un ange est
apparu, mais que Joseph a été divinement averti.
2. À côté de ces trois songes, figurent trois prophéties
de l'Ancien Testament dont l'évangile mentionne ici
l'« accomplissement ». On pourrait être troublé en
recherchant les passages cités, de voir que les deux premiers se
rapportent manifestement à des événements depuis longtemps
« accomplis » : le fils appelé hors d'Égypte fait
allusion à la sortie du peuple d'Israël (Osée
11 : 1) ; et les pleurs de Rachel à Rama exprimaient
chez Jérémie (31 :
16) la douleur des Juifs emmenés en captivité ; - que le
troisième ne se trouve nulle part. dans l'Ancien Testament et qu'il
fait allusion probablement, par une sorte de jeu de mots, au
« rejeton » (netzer) dont parle Ésaïe
11 : 1. Mais c'est que le mot « accomplir » n'a
pas ici la valeur rigoureuse de notre mot français. Nous lisons
constamment dans la Bible des pensées, des avertissements, des
reproches, des consolations qui s'appliquent exactement à nos
circonstances personnelles C'est pour nous un réconfort ; nous
les soulignons, les citons, les relisons parce que nous retrouvons
dans ces antiques paroles la voix même de Dieu
s'adressant à nous. C'est dans une préoccupation analogue que Matthieu
cite ici l'Ancien Testament : application beaucoup plus
qu'accomplissement.
3. La franchise - elle n'est dans ce cas, qu'un humble
respect devant l'Écriture Sainte - oblige à reconnaître qu'il y a
divergence entre Matthieu et Luc sur le lieu primitif d'habitation de
Joseph et Marie. D'après Luc, c'était Nazareth (2 :
4,39) ;
d'après notre évangile, c'était Bethléhem, et seule la crainte
d'Archelaüs amènera, après la naissance, les parents de Jésus en
Galilée (2 :
23). Des constatations comme celle-là sont utiles en ce qu'elles
nous apprennent, à nous attacher non à la lettre, à l'enveloppe de
l'évangile, mais à son contenu, à son esprit. Serait-ce pour rien que
Dieu a permis qu'il y ait des contradictions entre les divers récits
bibliques, non seulement sur le lieu d'origine de Jésus, mais encore
sur la date de sa mort et sur les circonstances de sa
résurrection ? C'est que la foi n'est pas une science rigoureuse
de faits de l'histoire : c'est une acceptation du coeur.
Les auteurs de notre liste de sujets mettent, aujourd'hui, l'art de
nos chefs de groupe à une sérieuse épreuve. Cette fuite en Égypte
comporte certainement comme enseignement central celui que nous avons
déjà tiré à propos des mages (26 décembre), du contraste entre la
faiblesse de l'enfant Jésus et la cruauté du puissant roi, impuissant
devant lui parce que Dieu le protège. Il faudra savoir répéter la même
chose sous une forme nouvelle.
I. Quel être fragile qu'un nouveau-né ! Vous savez
de quels soins assidus vos mamans les entourent, quelle régularité ils
réclament, à combien de misères et de dangers variés ils sont exposés.
Aussi, dans une maison, comme tout tourne autour du petit berceau et
comme on épargne au bébé tout ce qui pourrait lui nuire !
Eh ! bien, à quelques mois, Jésus-Christ, à cause de la
méchanceté des hommes, dut être emmené par ses parents dans
un long et périlleux voyage... Faisons chercher à nos élèves eux-mêmes
les différences entre les voyages d'aujourd'hui et celui de la sainte
famille en Égypte ; et qu'ils énumèrent eux-mêmes les
difficultés, les tracas, les fatigues, les dangers de ce voyage, ses
inconvénients tout particuliers pour un nouveau-né.
De ces souffrances, ne nous étonnons pas trop, et qu'elles nous
aident à aimer davantage notre Sauveur. Nous savons bien toutes celles
qu'il eut à subir au cours de son ministère. Le monde ne pouvait pas
le supporter. Les consciences reprises, les amours-propres blessés,
les jalousies éveillées, les hypocrisies dévoilées, les basses
ambitions déçues, tout cela se coalisa pour se débarrasser du gêneur.
Il fallait que le Fils de l'homme souffrît beaucoup, qu'il fût
mis à mort ! Il le fallait si bien, le monde si mauvais était si
incapable d'accueillir un être divin comme celui-là, que bien avant
trente ans, alors qu'il était encore dans les langes, il fallait déjà
que Jésus souffrît !
Il. Deux gravures bien connues me reviennent à l'esprit.
Dans l'une, l'on voit à l'arrière-plan cheminer au crépuscule, dans
une solitude dénudée, Marie, l'enfant sur ses bras, assise sur un âne
et Joseph les conduisant. Au premier plan, deux lions énormes, rois du
désert, se détournent avec crainte de cette proie si facile, comme
éblouis et domptés par la brillante auréole qui couronne la sainte
famille.
L'autre représente les voyageurs au repos pour la nuit. Marie a
cherchée avec son enfant un refuge contre le sein de l'énorme sphinx
qui surgit du sable, en Égypte, à quelque distance des fameuses
pyramides. Le visage énigmatique et troublant posé sur un corps de
lion semble tout adouci de protéger ainsi le fragile et lumineux dépôt
dont il a pour quelques heures la charge. Attaché à un piquet et
rompant la monotonie de l'horizon infini du désert, l'âne somnole. Et
de toute cette scène, malgré le sphinx redoutable et malgré les
dangers de cette solitude, se dégage une paix, une sécurité
incomparables...
Si nous pouvons créer autour de la « fuite en
Égypte », dans l'imagination et le coeur de
nos enfants, la même atmosphère que celle qui se dégage de ces deux
tableaux ; si nous pouvons, mieux encore, les leur montrer et les
leur commenter, nous leur aurons fait une bonne leçon. Faibles, sans
défense, perdus dans l'immensité du désert avec ses mille dangers,
Joseph, sa jeune épouse, son tout petit enfant accomplissent leur
périlleux voyage. Ils n'ont rien à craindre, ils iront, ils
reviendront sains et saufs : le Père, qui veille sur le
nouveau-né avec tant d'amour, prendra soin d'eux puisque c'est sur sa
volonté qu'ils sont partis, puisque c'est en s'en remettant à lui
qu'ils rentreront. Dans la solitude aride, ils ne manqueront de
rien ; les bêtes féroces les épargneront : c'est Dieu qui
les conduit ! Et alors que les caravanes font, la nuit, de grands
feux pour écarter les chacals et les hyènes ou mettent des veilleurs
pour annoncer le danger, eux s'endorment partout sans crainte partout,
ce sont les bras du Père.
III. Pendant que, par ce séjour en Égypte, et sans qu'il
le sache, sa victime lui échappe, Hérode donne libre cours à son
atroce et habituelle cruauté. Revenons-y, bien que nous en ayons parlé
déjà en décembre, pour bien faire voir quel était le monstre, dont les
projets sanglants, l'habitude du crime, l'autorité satanique se
brisèrent contre la protection de Dieu.
Dès l'âge de quinze ans, Hérode le Grand (à ne pas confondre
avec le meurtrier de Jean-Baptiste) avait reçu de son père le
gouvernement de la Galilée. Mais ce ne fut que plusieurs années plus
tard qu'il obtint du Sénat romain le titre de roi des Juifs. Il ne
prit possession de son royaume qu'en faisant périr tous les
descendants des Macchabées, qui avaient précédemment régné sur le
pays, sa femme Marianne, ses fils Aristobule et Alexandre et une
quantité de nobles palestiniens dont il se méfiait ! Au cours de
son règne, quand il découvrait quelque mécontent de son autorité, il
le faisait conduire au supplice avec toute sa famille. Peu avant de
mourir, il allait faire disparaître encore son troisième fils,
Antipater ; et, furieux à l'idée que le pays se réjouissait de sa
fin, il donna l'ordre de réunir à Jéricho tous les
principaux de la ville et de les égorger dès qu'il aurait lui-même
expiré, afin, raconte l'historien Josèphe qui cite ses propres paroles
« qu'il y ait au moins des larmes répandues à ma
mort !! »
Le massacre des quelque douze enfants de moins de deux, ans que
pouvaient compter Bethléhem et les environs, si révoltant, si horrible
qu'il soit, ne se perd-il pas dans la mer de sang que répandit le
tyran ? Mais ceux que Dieu garde sont bien gardés : contre
l'enfant Jésus, sans ressources, sans défense, Hérode le Grand, qui en
avait tué cent autres, puissants et sur leurs gardes, ne put rien. Et
lorsque son fils aîné, Archélaüs, eut repris la triste succession,
Dieu fit en sorte que le futur Messie eût la vie assurée.
Histoire lointaine ? Histoire exceptionnelle ? - Qui, sans
doute, aurait l'idée de se comparer à Jésus-Christ ? Et,
cependant, l'amour et la protection du Père s'étendent de façon
merveilleuse sur tous ses enfants. Que de cas, dans l'histoire du
christianisme, où des chrétiens sans défense, eux aussi, ont été
miraculeusement tirés du danger ? C'est Paul qui échappe au roi
Aretas (2
Cor. 11 : 32), c'est Luther trouvant un refuge à le
Wartbourg, ce sont tant et tant de Huguenots qui échappèrent aux
dragons et aux bûchers de Louis XIV et de ses successeurs, c'est
Ramseyer à Coumassie...
Aucun de nous, probablement, ne sera jamais exposé à la fureur
d'un tyran. Dans nos moments de danger ou d'incertitude, aucun ange ne
viendra plus nous donner des conseils. Mais tout aussi sûrement, tout
aussi clairement que par la voix d'un ange, Dieu éclaire et dirige
merveilleusement ceux qui ont l'habitude de ne prendre conseil
qu'auprès de lui et qui lui demandent jour après jour, a genoux, de
guider leur vie. Alors, quelle douce, quelle merveilleuse
sécurité ! Quand on est, quand on va où Dieu veut, on est
tranquille partout. Le Père nous mène par le meilleur des chemins dans
la plus, sûre des retraites.
M. V.
Récapituler leçon de
Noël : les mages. - Bethléhem était grès de Jérusalem
où demeurait Hérode ; l'enfant Jésus était donc en
grand danger d'être découvert et mis à mort ; mais Dieu
le gardait et voici comment il le sauva :
(Mat. 2: 13-23.)
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