L'Écriture Sainte nous enseigne on
ne peut plus clairement que la maladie est un mal
et qu'elle résulte du péché
(1).
Elle nous
montre tout aussi clairement que, puisqu'elle est
un mal, notre Seigneur a souffert pour nous en
délivrer et que cette délivrance est
un des inestimables bienfaits qui résultent
pour nous de sa passion. La guérison -
toujours selon l'Écriture - est donc
accordée en réponse à la foi
au nom de Jésus-Christ.
N'oublions pas à ce propos que,
dans le Royaume de Dieu, Loi et Santé sont
inséparables, cette dernière
résultant de l'observation de ses
commandements. Nous comprenons par
conséquent que, si la guérison est
accordée à la foi, le maintien de la
santé soit lié, lui, à
l'obéissance : « Te
voilà guéri, dit le Seigneur à
l'impotent de Béthesda ; ne
pèche plus, de peur
qu'ilne t'arrive quelque chose de
pire » (Jean 5 : 14). Que personne
n'aille s'imaginer que la guérison divine
soit un simple moyen de faire des économies
sur les mémoires du médecin, ou
qu'elle lui soit accordée pour qu'il
poursuive ensuite son propre chemin, oublieux du
Dieu qui l'a guéri.
La guérison divine, ou la
santé donnée par Dieu, conduit
à une certaine façon de comprendre
désormais la vie. Elle doit inciter celui
qui veut la conserver à vivre
résolument, jour après jour, en
comptant sur Dieu, en recherchant chaque jour
à nouveau ce qui suffit à la
journée et en s'en remettant à Dieu
du lendemain.
Si nous allons au Christ pour être
guéris, c'est tout d'abord, parce que nous
le savons compatissant. Nous espérons bien
qu'en raison de cette compassion
véritablement infinie, il aura pitié
de nous et nous délivrera du fardeau qui
nous blesse et nous accable. Puis, au fur et
à mesure que nous le connaissons mieux, nous
comprenons qu'il s'agit de quelque chose d'une tout
autre dimension : le Père
lui-même est là, qui non seulement
consent à nous guérir, mais qui, en
réalité, le désire ardemment,
afin de nous qualifier pour son service. C'est
ainsi que nous voyons maintenant dans la
guérison, non seulement un soulagement
physique ou moral, mais un rétablissement
intégral, la santé de l'être
tout entier : esprit, âme et corps. Nous
ne nous reconnaissons plus le droit de compter sur
une guérison par la grâce d'En-Haut
si, en même temps, nous ne sommes pas
prêts à abandonner à Dieu notre
être entier, et à rechercher la purification
de
l'âme aussi bien que la guérison de
l'esprit et du corps.
J'ai autrefois connu un homme ayant
souffert pendant longtemps de dyspepsie aiguë.
Il avait consulté plusieurs médecins,
et ceux-ci avaient essayé différents
traitements, mais toujours en vain. Son mal ne
faisait qu'empirer, en sorte qu'il finit par ne
presque plus pouvoir assurer son travail. Il alla
finalement voir un médecin qui voulut en
avoir le coeur net et poussa le diagnostic à
fond. Il découvrit enfin que la dyspepsie
était due à une fatigue croissante de
la vue, qui affectait tout son système
nerveux. Des verres appropriés
remédièrent à la chose et sa
santé se rétablit
graduellement.
Quand nous allons à Dieu pour
être guéris, il est essentiel que nous
nous soumettions à son diagnostic. Le mal
physique qui nous préoccupe tant peut
être dû, en effet, à un
état d'esprit déplorable, à
une crainte ou une inquiétude qui nous
poursuit, à quelque mauvaise habitude ou
quelque péché secret. Il nous faut
accepter de nous ouvrir à la lumière
de l'Esprit qui sonde les coeurs, afin de prendre
conscience dans cette lumière de ce qui, en
nous, a besoin d'être purifié,
changé, redressé. En cas de refus,
nous ne nous privons pas seulement de tout droit
à la guérison, mais nous la rendons
pratiquement impossible, car la grâce de Dieu
opère de l'intérieur.
Supposez que vous ayez un abcès
à la main. Il pourrait être
guéri par des compresses chaudes, suivies
d'un onguent approprié. Le traitement serait
entièrement local. Mais si vous allez au
Christ pour être
guéri, la guérison viendra du dedans.
Il dirigera sur la partie malade un courant de
forces vives tel que le mal en sera chassé
et que la faculté de
récupération de l'organisme pourra
jouer au maximum.
Vous prétendriez peut-être
qu'il ne s'agit là que d'un processus mental
pouvant être déclenché par la
volonté ou même par une attitude
résolument optimiste, ou encore par une
force suffisante de suggestion. Il peut y avoir
là une part importante de
vérité. Pourtant, c'est loin
d'être certain, car la puissance de
suggestion n'est pas le fait de tous, et rares sont
ceux qui ont la force de volonté
nécessaire. Si, par contre, vous vous
adressez au Christ, c'est son Esprit qui
contrôle en vous les forces naturelles de
récupération, et rien ne pourra lui
résister. Il s'en suit nécessairement
que si nous voulons remettre à l'Esprit le
contrôle de la situation, il doit pouvoir
prendre entièrement possession du
coeur ; ce qui entraîne de notre part
une soumission et une obéissance
complètes à ses intimations.
Le docteur Edward Bach, en remontant des
effets jusqu'aux causes, écrit
notamment : « L'orgueil, qui est en
réalité arrogance et intransigeance
d'esprit, provoque à la longue les maladies
qui entraînent la raideur du corps et la
gêne des mouvements... La haine se paye par
la solitude, par un caractère irascible, des
éclats nerveux et même
hystériques. Les maladies de l'introspection
- névroses, neurasthénie et troubles
similaires - qui rendent la vie si pénible,
résultent de l'égocentrisme. C'est
pourquoi l'apôtre Jacques nous demande non
seulement d'avoir recours la
prière de la foi, mais aussi de pratiquer la
confession mutuelle des
péchés.
Il tombe sous le sens de quiconque
réfléchit un peu, que la racine et la
force du mal, c'est le péché.
Nous voilà en face d'un bien
vilain mot. Ainsi en est-il de la maladie. Pourquoi
mâcher ses mots ? Il vaut mieux parler
franchement.
Peut-être avons-nous besoin
d'élargir notre définition du
péché, et d'y voir autre chose que la
violation flagrante des dix commandements. Nos
péchés en paroles et en actes ne sont
sans doute qu'assez peu de chose, à
côté de nos pensées et de nos
sentiments coupables. Ne pas manifester
extérieurement en effet, ne garantit en
aucune façon que l'état d'esprit soit
irréprochable. Le péché ne
consiste pas seulement à rejeter les
commandements de Dieu, mais aussi à ignorer
son amour et les intimations de l'Esprit. Tout ce
qui nous détourne de lui, toute tentative
d'agir selon notre propre sagesse et avec nos
moyens personnels, tient du péché
dans sa nature même. Plus nous serons prompts
à le reconnaître en toute
honnêteté, mieux cela vaudra.
Dieu est amour. Il s'en suit
nécessairement que si nous ne sommes pas
tout amour nous-mêmes, nous rejetons quelque
chose de sa souveraineté. Nos
négations de l'amour sont
innombrables : esprit rancunier, coeur plein
d'amertume, propos calomnieux, manifestation de
jalousie, mépris, critique négative,
médisance se doublant de duplicité,
ce ne sont là que quelques-uns des aspects
de ce qui est péché aux yeux de Dieu.
La crainte elle-même tient du
péché, puisqu'elle
est un refus d'accepter la promesse divine. Si nous
croyions vraiment aux promesses faites par Dieu,
toutes nos craintes s'évanouiraient -
à l'exception, peut-être, de la peur
d'être appelés à faire quelque
chose que nous rejetons par avance, ou d'être
mis devant une situation dont nous ne voulons pas.
Ce résidu de crainte révèle
toujours un égocentrisme foncier et un refus
caché de s'en remettre vraiment à
Dieu pour tout. Et pourtant, nombreux sont ceux qui
voient dans cet état d'esprit craintif une
sorte de « faiblesse
naturelle » - et par conséquent
excusable - au lieu d'y voir un péché
d'incrédulité.
À la racine de la plupart de nos
péchés, on trouve l'hyperconscience
de soi qui développe l'orgueil. Il en
résulte de la jalousie, de la dissimulation,
de l'apitoiement sur son propre sort. Elle explique
aussi la peur du ridicule qui accompagne si
fréquemment l'attitude de notre propre
justification. C'est si vrai que nous
préférons sans doute, la plupart
d'entre nous, être convaincus d'avoir commis
une erreur, plutôt que de nous rendre
ridicules.
Notre plus grand besoin est un besoin
d'absolue sincérité
(2).
Il nous faut
apprendre à voir les choses dont nous avons
parlé telles qu'elles sont et à les
appeler par leur nom, au lieu de n'y voir que des
« difficultés » ou des
« déficiences »
personnelles. C'est tellement plus flatteur
d'attribuer notre refus d'obéissance aux
exigences du Maître à une
timidité naturelle, que de reconnaître
tout simplement que c'est la peur
de paraître empruntés ou ridicules qui
nous paralyse. Il nous faudrait voir dans nos
craintes un manque de foi dans l'amour de Dieu,
manque de foi qui nous empêche de nous
confier sans réserves. Au lieu de cela, nous
choisissons la voie facile qui veut tout excuser en
parlant de « nerfs
vulnérables ». Lorsque telle
critique hostile, ou tels actes
désobligeants nous blessent cruellement, il
est beaucoup plus flatteur pour nous d'attribuer
nos blessures d'amour-propre à une nature
sensible à l'extrême que de
reconnaître qu'en réalité c'est
notre orgueil ulcéré qui
réagit.
Pour beaucoup de gens, le terme de
« malhonnêteté »
est loin d'être toujours clair. Ils crieront
au scandale à l'idée de s'emparer du
bien d'autrui, mais ne verront aucun mal à
le frustrer de ce qui lui est dû. Nombreux
sont ceux à qui ne viendrait même pas
à l'idée de dérober un billet
de 10 francs à leur voisin, mais qui n'ont
aucun scrupule à lui
« vendre », pour une somme
double, ce qui ne vaut même pas la
moitié du prix demandé. Par ailleurs,
le risque encouru dans certains cas semble
légitimer aux yeux de beaucoup la
malhonnêteté dont on se rend
coupable : fausse déclaration à
la douane, voyage effectué sans billet,
fraude fiscale, etc. Et puis, il est tout aussi
malhonnête d'insinuer un mensonge, ou de le
laisser s'accréditer parce qu'on garde le
silence, que de le proférer ouvertement,
bien que le monde en juge tout autrement.
Il n'y a pas de plus grand
empêchement à la guérison
qu'une mentalité impure. Les actes
d'impureté portent en
eux-mêmes leur condamnation, mais beaucoup de
ceux qui rejettent avec dégoût de tels
actes ressentent un véritable plaisir
sensuel à la vue de certains spectacles ou
à la lecture de certains livres. Ils ne se
rendent pas compte qu'en les recherchant-ils
empêchent l'Esprit Saint de prendre
complètement possession du coeur.
La règle d'or, qui nous demande
de faire aux autres ce que nous souhaiterions
qu'ils nous fassent à nous-mêmes
(Matth.
7 :12), ouvre devant
nous de vastes perspectives dans lesquelles, trop
souvent, nous agissons sans tenir compte des
exigences les plus hautes de l'amour. Inutile de
citer des exemples dont l'évidence s'impose
d'elle-même, mais il est bon que nous
réfléchissions à des cas
auxquels nous prêtons habituellement moins
d'attention. Avons-nous jamais songé
à la gêne occasionnée à
des compagnons de voyage, ou à des voisins
dans une réunion, par notre insistance
égoïste à régler à
notre convenance l'appel d'air ou la
température, sans nous soucier du confort
des autres ? Le moi émerge à
tout moment, et plus il occupe de place dans notre
vie, moins il en reste pour l'Esprit du
Christ.
Une des façons les plus nocives
pour le moi de s'affirmer, consiste à se
prendre soi-même en pitié. Et qui donc
peut se vanter d'y échapper
complètement. C'est ainsi que nous sommes
portés à nous prévaloir de
quelque faiblesse naturelle, réelle ou
imaginaire, pour mieux excuser certaines
défaillances. Ou alors, nous entretenons en
nous un grief quelconque, passant à nos
propres yeux pour des martyrs, ce qui, naturellement,
nous rend
irritables et maussades.
La plupart de ceux qui ont fait une
longue maladie savent à quel point il est
ensuite difficile d'assumer à nouveau les
responsabilités d'une vie normale, et de se
passer, par conséquent, des attentions et
des égards dont on a été
l'objet. C'est là une des difficultés
majeures auxquelles nous ayons à faire face,
et il est parfois presque impossible de faire
comprendre à un malade que la vraie cause
d'une convalescence qui traîne est qu'au fond
de lui-même il ne veut pas être un
bien-portant. Il protestera du contraire, et cela
très sincèrement - au moins
jusqu'à un certain point. Aucun doute, en
effet, qu'il ne veuille plus de la souffrance
chronique ou aiguë, mais - sans qu'il s'en
rende compte sans doute - il tient aux attentions
à quoi il s'était habitué.
Cela peut d'ailleurs trahir un orgueil
caché, parce que les égards dont on
l'entourait flattaient cet orgueil. Il arrive
fréquemment en effet que ceux qui, croyant
qu'on les néglige un peu, et qui ne savent
comment attirer l'attention de leur entourage, se
comportent de façon à appeler sur eux
la sympathie qui va aux malades. Et puis,
fréquemment aussi, il s'agit tout simplement
d'apitoiement sur soi-même. On se croit
victime et incompris. On est porté à
croire qu'on ne saurait fournir l'effort de ceux
qui n'ont pas connu de longue maladie. À
elles deux, ces tentations insidieuses ont fait
d'innombrables valétudinaires et
« malades imaginaires »
(3). Dieu
a
été frustré, non seulement de
tout ce qu'il était en
droit d'attendre d'eux, mais aussi du temps et de
la peine que les autres ont dû leur consacrer
en raison de leur égoïsme.
Tout ce qu'a volontairement souffert le
Christ, pour assurer notre salut, exclut
radicalement tout espèce d'apitoiement
stérile sur soi-même. Comment un
être humain ordinaire pourrait-il
connaître ne fût-ce qu'une fraction
infime des souffrances morales qu'a connues
Jésus, incarnation de l'Amour divin,
rejeté par ceux-là mêmes pour
lesquels il donnait sa vie - sans parler de cette
qualité toute spirituelle de souffrances
qu'il connut durant les heures
ténébreuses où notre
péché à tous se dressait, pour
ainsi dire, entre lui et l'Amour du
Père.
Lorsque nous nous prenons en
pitié, nous sommes même parfois
tentés d'en vouloir à Dieu. En effet,
nous croyons avoir couru l'aventure de la foi en
toute honnêteté, et puis, au lieu de
recevoir la récompense à laquelle
nous croyions être en droit de nous attendre,
nous avons l'impression que tout s'est ligué
contre nous. Et c'est à Dieu que nous sommes
alors tentés de nous en prendre, ne
comprenant pas qu'il ne peut accorder
inconditionnellement les grâces promises
à la foi, et que celle-ci doit être
mise à l'épreuve. Que vaudrait la foi
en effet, si, automatiquement, on était
comblé chaque fois qu'on s'en
réclamait ? La vraie foi s'appuie
fermement sur les promesses de Dieu,
indépendamment des résultats
immédiats (4). Loin de prouver que
Dieu nous
a
oubliés, ces échecs apparents de la foi nous
font
comprendre qu'il nous juge dignes d'être
formés pour son service.
De toutes façons, il est
essentiel de faire face à ces
difficultés si nous voulons que l'Esprit du
Christ prenne possession de nous. Car, ne nous y
trompons pas : si nous voulons demeurer dans
l'honnêteté absolue, nous pouvons nous
persuader qu'en règle
générale, ce qui nous irrite le plus
chez les autres est précisément ce
qui constitue notre principale difficulté
personnelle. C'est là un fait
généralement admis par les
psychologues. Inutile - sur ce plan - d'en
rechercher les raisons. Le fait s'impose de
lui-même et cela toujours à
nouveau ; en sorte qu'il serait vain de
vouloir nous y dérober, lors même
qu'il nous est désagréable et
humiliant de le reconnaître. Bien
mieux : le fait même que cela commence
par nous irriter tend à prouver qu'on a
touché juste.
Voulons-nous que la
bénédiction d'En-Haut repose toujours
sur nous ? Il faut alors que nous soyons
absolument honnêtes et sincères devant
Dieu. Nous ne saurions être à lui tout
entiers sans cela, et, si nous ne sommes pas tout
à lui, nous ne saurions faire en tout sa
volonté. Donc, pas de cabinets secrets en
nous, dans lesquels nous ne l'introduirions pas.
Pas de recoins obscurs non plus, que nous
cherchions à dérober à sa
lumière. Le coeur doit en toute
sincérité ne vouloir que la parfaite
pureté, la vérité et l'amour
parfaits. Si tel n'était pas notre
désir dominant, il nous faudrait demander au
Père de vaincre tout autre désir par
la puissance de son Saint-Esprit. Dès
l'instant où nos faiblesses nous sont
révélées, nous devons nous mettre en frais pour
nous en
débarrasser, mais en étant bien
conscients que la seule volonté humaine ne
saurait y suffire. Cette volonté peut fort
bien tenir en échec tel penchant mauvais
pendant quelque temps. Mais la volonté ne
peut être que consciente, et finit toujours
par se lasser. Le penchant mauvais, au contraire -
ou l'état d'esprit obscur dont il
émerge - est quelque chose qui s'est
fixé dans le subconscient et qui ne
connaît aucune lassitude. À la
première défaillance de la
volonté, il remonte à la surface et
s'impose.
Prenons l'exemple d'une pensée
impure, qu'elle s'exprime ou non en acte. Rien ne
saurait épuiser plus sûrement les
ressources de la meilleure volonté du monde.
Quand on en prend conscience, il est à peu
près vain de prier pour être en
état de surmonter la tentation. Il faut
aller beaucoup plus loin, demander que le coeur
soit libéré et soit rempli d'un tel
désir de faire du corps entier le temple du
Saint-Esprit, que tout ce qui pourrait y faire
obstacle s'évanouisse. Et ce qui est vrai
des pensées impures l'est bien sûr
aussi de toutes celles qui conduisent au
péché, et desquelles on avait
peut-être désespéré
d'être jamais délivré. Il
s'agit de les apporter à Dieu, afin qu'il en
ôte la racine même, le désir
secret. Il ne faut surtout pas différer la
chose jusqu'à ce qu'on soit sur le point de
succomber.
Il est impossible de connaître cette paix
intérieure qui permet à l'Esprit du
Christ guérisseur d'opérer en nous, aussi longtemps
que
nous
avons conscience de quelque
« interdit ». C'est une
vérité de toute première
importance que souligne l'apôtre Jacques
quand il nous presse de nous avouer mutuellement
nos fautes
(Jacq.
5 : 16). Ce n'est
d'ailleurs pas chose facile du tout que
d'opérer une restitution, ou de
reconnaître qu'on a été injuste
ou malveillant. Mais plus on a de la peine à
le faire, plus aussi est flagrante la preuve que
c'est l'orgueil qui nous empêche de
reconnaître nos torts. Et pourtant, il faut
que cet orgueil soit balayé pour laisser la
place au Christ et à son Esprit. Et
l'expérience est là pour prouver que
rien ne libère mieux de l'orgueil que l'aveu
de la faute commise à la personne qu'on a
lésée.
Pendant que nous nous occupons
d'états d'esprit qui ne sont pas ce qu'ils
devraient être, il est important d'être
rendus attentifs au danger qui nous guette
tous : celui de tomber dans des manies, car il
n'est rien qui porte davantage à
l'égoïsme qui s'ignore. C'est si facile
en effet d'en venir à se figurer que
certaines conditions d'existence, ou certains choix
alimentaires, par exemple, ont pour nous une telle
importance que nous nous croyons en droit de les
exiger, même s'il peut en résulter de
sérieux inconvénients pour les
autres. De même, nous pouvons si bien nous
convaincre de la supériorité de nos
opinions personnelles que nous chercherons tout
naturellement à les imposer aux autres. Nous
irons jusqu'à devenir intolérants et
peut-être même méprisants
à l'égard de ceux qui osent ne pas
être de notre opinion. Ne ferions-nous pas
mieux de nous souvenir que
l'intransigeance d'esprit favorise l'apparition de
maladies qui exposent l'organisme à
l'ankylose ?
Et maintenant, résumons-nous
brièvement :
Il est de bien peu d'utilité
d'aller à Dieu pour être guéri
de quelque infirmité ou maladie corporelle
seulement. Nous devons être prêts au
contraire à tout lui remettre. C'est
à lui qu'il appartient de faire en nous la
lumière. S'il le juge nécessaire,
nous devons accepter que notre vie tout
entière soit remise en question et
réorganisée. Il faut qu'à la
lumière de l'Esprit de Vérité,
nous en arrivions à demander que nous soit
montré ce qui a besoin d'être
redressé, dans notre coeur et notre esprit,
avant que ne puisse intervenir la guérison
physique.
Je ne veux pas dire par là qu'il
nous faille effectivement parvenir à cette
perfection avant de pouvoir être
guéris ; car, alors, qui le
serait ?
Ce que j'entends bien, par contre, c'est
que nous devons consentir à ce que celui qui
connaît les coeurs puisse faire en sorte que
telle soit bien notre véritable
aspiration.
Est-ce là un idéal trop
élevé pour des humains
ordinaires ? C'est en somme tout simplement ce
qu'implique le désir dont nous nous
réclamons de vouloir être rendus
semblables au Christ.
Loin de ma pensée, surtout, de
suggérer que l'un quelconque d'entre nous
puisse en approcher, même de loin, par la
seule force de sa volonté. Mais je sais que c'est
précisément ce qu'accomplit en nous
le Saint-Esprit, si seulement nous le laissons
faire (5).
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