Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE V

L'OBÉISSANCE

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 L'Écriture Sainte nous enseigne on ne peut plus clairement que la maladie est un mal et qu'elle résulte du péché (1). Elle nous montre tout aussi clairement que, puisqu'elle est un mal, notre Seigneur a souffert pour nous en délivrer et que cette délivrance est un des inestimables bienfaits qui résultent pour nous de sa passion. La guérison - toujours selon l'Écriture - est donc accordée en réponse à la foi au nom de Jésus-Christ.

N'oublions pas à ce propos que, dans le Royaume de Dieu, Loi et Santé sont inséparables, cette dernière résultant de l'observation de ses commandements. Nous comprenons par conséquent que, si la guérison est accordée à la foi, le maintien de la santé soit lié, lui, à l'obéissance : « Te voilà guéri, dit le Seigneur à l'impotent de Béthesda ; ne pèche plus, de peur qu'ilne t'arrive quelque chose de pire » (Jean 5 : 14). Que personne n'aille s'imaginer que la guérison divine soit un simple moyen de faire des économies sur les mémoires du médecin, ou qu'elle lui soit accordée pour qu'il poursuive ensuite son propre chemin, oublieux du Dieu qui l'a guéri.

La guérison divine, ou la santé donnée par Dieu, conduit à une certaine façon de comprendre désormais la vie. Elle doit inciter celui qui veut la conserver à vivre résolument, jour après jour, en comptant sur Dieu, en recherchant chaque jour à nouveau ce qui suffit à la journée et en s'en remettant à Dieu du lendemain.

Si nous allons au Christ pour être guéris, c'est tout d'abord, parce que nous le savons compatissant. Nous espérons bien qu'en raison de cette compassion véritablement infinie, il aura pitié de nous et nous délivrera du fardeau qui nous blesse et nous accable. Puis, au fur et à mesure que nous le connaissons mieux, nous comprenons qu'il s'agit de quelque chose d'une tout autre dimension : le Père lui-même est là, qui non seulement consent à nous guérir, mais qui, en réalité, le désire ardemment, afin de nous qualifier pour son service. C'est ainsi que nous voyons maintenant dans la guérison, non seulement un soulagement physique ou moral, mais un rétablissement intégral, la santé de l'être tout entier : esprit, âme et corps. Nous ne nous reconnaissons plus le droit de compter sur une guérison par la grâce d'En-Haut si, en même temps, nous ne sommes pas prêts à abandonner à Dieu notre être entier, et à rechercher la purification de l'âme aussi bien que la guérison de l'esprit et du corps.

J'ai autrefois connu un homme ayant souffert pendant longtemps de dyspepsie aiguë. Il avait consulté plusieurs médecins, et ceux-ci avaient essayé différents traitements, mais toujours en vain. Son mal ne faisait qu'empirer, en sorte qu'il finit par ne presque plus pouvoir assurer son travail. Il alla finalement voir un médecin qui voulut en avoir le coeur net et poussa le diagnostic à fond. Il découvrit enfin que la dyspepsie était due à une fatigue croissante de la vue, qui affectait tout son système nerveux. Des verres appropriés remédièrent à la chose et sa santé se rétablit graduellement.

Quand nous allons à Dieu pour être guéris, il est essentiel que nous nous soumettions à son diagnostic. Le mal physique qui nous préoccupe tant peut être dû, en effet, à un état d'esprit déplorable, à une crainte ou une inquiétude qui nous poursuit, à quelque mauvaise habitude ou quelque péché secret. Il nous faut accepter de nous ouvrir à la lumière de l'Esprit qui sonde les coeurs, afin de prendre conscience dans cette lumière de ce qui, en nous, a besoin d'être purifié, changé, redressé. En cas de refus, nous ne nous privons pas seulement de tout droit à la guérison, mais nous la rendons pratiquement impossible, car la grâce de Dieu opère de l'intérieur.

Supposez que vous ayez un abcès à la main. Il pourrait être guéri par des compresses chaudes, suivies d'un onguent approprié. Le traitement serait entièrement local. Mais si vous allez au Christ pour être guéri, la guérison viendra du dedans. Il dirigera sur la partie malade un courant de forces vives tel que le mal en sera chassé et que la faculté de récupération de l'organisme pourra jouer au maximum.

Vous prétendriez peut-être qu'il ne s'agit là que d'un processus mental pouvant être déclenché par la volonté ou même par une attitude résolument optimiste, ou encore par une force suffisante de suggestion. Il peut y avoir là une part importante de vérité. Pourtant, c'est loin d'être certain, car la puissance de suggestion n'est pas le fait de tous, et rares sont ceux qui ont la force de volonté nécessaire. Si, par contre, vous vous adressez au Christ, c'est son Esprit qui contrôle en vous les forces naturelles de récupération, et rien ne pourra lui résister. Il s'en suit nécessairement que si nous voulons remettre à l'Esprit le contrôle de la situation, il doit pouvoir prendre entièrement possession du coeur ; ce qui entraîne de notre part une soumission et une obéissance complètes à ses intimations.

Le docteur Edward Bach, en remontant des effets jusqu'aux causes, écrit notamment : « L'orgueil, qui est en réalité arrogance et intransigeance d'esprit, provoque à la longue les maladies qui entraînent la raideur du corps et la gêne des mouvements... La haine se paye par la solitude, par un caractère irascible, des éclats nerveux et même hystériques. Les maladies de l'introspection - névroses, neurasthénie et troubles similaires - qui rendent la vie si pénible, résultent de l'égocentrisme. C'est pourquoi l'apôtre Jacques nous demande non seulement d'avoir recours la prière de la foi, mais aussi de pratiquer la confession mutuelle des péchés.
Il tombe sous le sens de quiconque réfléchit un peu, que la racine et la force du mal, c'est le péché.

Nous voilà en face d'un bien vilain mot. Ainsi en est-il de la maladie. Pourquoi mâcher ses mots ? Il vaut mieux parler franchement.

Peut-être avons-nous besoin d'élargir notre définition du péché, et d'y voir autre chose que la violation flagrante des dix commandements. Nos péchés en paroles et en actes ne sont sans doute qu'assez peu de chose, à côté de nos pensées et de nos sentiments coupables. Ne pas manifester extérieurement en effet, ne garantit en aucune façon que l'état d'esprit soit irréprochable. Le péché ne consiste pas seulement à rejeter les commandements de Dieu, mais aussi à ignorer son amour et les intimations de l'Esprit. Tout ce qui nous détourne de lui, toute tentative d'agir selon notre propre sagesse et avec nos moyens personnels, tient du péché dans sa nature même. Plus nous serons prompts à le reconnaître en toute honnêteté, mieux cela vaudra.

Dieu est amour. Il s'en suit nécessairement que si nous ne sommes pas tout amour nous-mêmes, nous rejetons quelque chose de sa souveraineté. Nos négations de l'amour sont innombrables : esprit rancunier, coeur plein d'amertume, propos calomnieux, manifestation de jalousie, mépris, critique négative, médisance se doublant de duplicité, ce ne sont là que quelques-uns des aspects de ce qui est péché aux yeux de Dieu. La crainte elle-même tient du péché, puisqu'elle est un refus d'accepter la promesse divine. Si nous croyions vraiment aux promesses faites par Dieu, toutes nos craintes s'évanouiraient - à l'exception, peut-être, de la peur d'être appelés à faire quelque chose que nous rejetons par avance, ou d'être mis devant une situation dont nous ne voulons pas. Ce résidu de crainte révèle toujours un égocentrisme foncier et un refus caché de s'en remettre vraiment à Dieu pour tout. Et pourtant, nombreux sont ceux qui voient dans cet état d'esprit craintif une sorte de « faiblesse naturelle » - et par conséquent excusable - au lieu d'y voir un péché d'incrédulité.

À la racine de la plupart de nos péchés, on trouve l'hyperconscience de soi qui développe l'orgueil. Il en résulte de la jalousie, de la dissimulation, de l'apitoiement sur son propre sort. Elle explique aussi la peur du ridicule qui accompagne si fréquemment l'attitude de notre propre justification. C'est si vrai que nous préférons sans doute, la plupart d'entre nous, être convaincus d'avoir commis une erreur, plutôt que de nous rendre ridicules.

Notre plus grand besoin est un besoin d'absolue sincérité (2). Il nous faut apprendre à voir les choses dont nous avons parlé telles qu'elles sont et à les appeler par leur nom, au lieu de n'y voir que des « difficultés » ou des « déficiences » personnelles. C'est tellement plus flatteur d'attribuer notre refus d'obéissance aux exigences du Maître à une timidité naturelle, que de reconnaître tout simplement que c'est la peur de paraître empruntés ou ridicules qui nous paralyse. Il nous faudrait voir dans nos craintes un manque de foi dans l'amour de Dieu, manque de foi qui nous empêche de nous confier sans réserves. Au lieu de cela, nous choisissons la voie facile qui veut tout excuser en parlant de « nerfs vulnérables ». Lorsque telle critique hostile, ou tels actes désobligeants nous blessent cruellement, il est beaucoup plus flatteur pour nous d'attribuer nos blessures d'amour-propre à une nature sensible à l'extrême que de reconnaître qu'en réalité c'est notre orgueil ulcéré qui réagit.

Pour beaucoup de gens, le terme de « malhonnêteté » est loin d'être toujours clair. Ils crieront au scandale à l'idée de s'emparer du bien d'autrui, mais ne verront aucun mal à le frustrer de ce qui lui est dû. Nombreux sont ceux à qui ne viendrait même pas à l'idée de dérober un billet de 10 francs à leur voisin, mais qui n'ont aucun scrupule à lui « vendre », pour une somme double, ce qui ne vaut même pas la moitié du prix demandé. Par ailleurs, le risque encouru dans certains cas semble légitimer aux yeux de beaucoup la malhonnêteté dont on se rend coupable : fausse déclaration à la douane, voyage effectué sans billet, fraude fiscale, etc. Et puis, il est tout aussi malhonnête d'insinuer un mensonge, ou de le laisser s'accréditer parce qu'on garde le silence, que de le proférer ouvertement, bien que le monde en juge tout autrement.

Il n'y a pas de plus grand empêchement à la guérison qu'une mentalité impure. Les actes d'impureté portent en eux-mêmes leur condamnation, mais beaucoup de ceux qui rejettent avec dégoût de tels actes ressentent un véritable plaisir sensuel à la vue de certains spectacles ou à la lecture de certains livres. Ils ne se rendent pas compte qu'en les recherchant-ils empêchent l'Esprit Saint de prendre complètement possession du coeur.

La règle d'or, qui nous demande de faire aux autres ce que nous souhaiterions qu'ils nous fassent à nous-mêmes (Matth. 7 :12), ouvre devant nous de vastes perspectives dans lesquelles, trop souvent, nous agissons sans tenir compte des exigences les plus hautes de l'amour. Inutile de citer des exemples dont l'évidence s'impose d'elle-même, mais il est bon que nous réfléchissions à des cas auxquels nous prêtons habituellement moins d'attention. Avons-nous jamais songé à la gêne occasionnée à des compagnons de voyage, ou à des voisins dans une réunion, par notre insistance égoïste à régler à notre convenance l'appel d'air ou la température, sans nous soucier du confort des autres ? Le moi émerge à tout moment, et plus il occupe de place dans notre vie, moins il en reste pour l'Esprit du Christ.

Une des façons les plus nocives pour le moi de s'affirmer, consiste à se prendre soi-même en pitié. Et qui donc peut se vanter d'y échapper complètement. C'est ainsi que nous sommes portés à nous prévaloir de quelque faiblesse naturelle, réelle ou imaginaire, pour mieux excuser certaines défaillances. Ou alors, nous entretenons en nous un grief quelconque, passant à nos propres yeux pour des martyrs, ce qui, naturellement, nous rend irritables et maussades.

La plupart de ceux qui ont fait une longue maladie savent à quel point il est ensuite difficile d'assumer à nouveau les responsabilités d'une vie normale, et de se passer, par conséquent, des attentions et des égards dont on a été l'objet. C'est là une des difficultés majeures auxquelles nous ayons à faire face, et il est parfois presque impossible de faire comprendre à un malade que la vraie cause d'une convalescence qui traîne est qu'au fond de lui-même il ne veut pas être un bien-portant. Il protestera du contraire, et cela très sincèrement - au moins jusqu'à un certain point. Aucun doute, en effet, qu'il ne veuille plus de la souffrance chronique ou aiguë, mais - sans qu'il s'en rende compte sans doute - il tient aux attentions à quoi il s'était habitué. Cela peut d'ailleurs trahir un orgueil caché, parce que les égards dont on l'entourait flattaient cet orgueil. Il arrive fréquemment en effet que ceux qui, croyant qu'on les néglige un peu, et qui ne savent comment attirer l'attention de leur entourage, se comportent de façon à appeler sur eux la sympathie qui va aux malades. Et puis, fréquemment aussi, il s'agit tout simplement d'apitoiement sur soi-même. On se croit victime et incompris. On est porté à croire qu'on ne saurait fournir l'effort de ceux qui n'ont pas connu de longue maladie. À elles deux, ces tentations insidieuses ont fait d'innombrables valétudinaires et « malades imaginaires » (3). Dieu a été frustré, non seulement de tout ce qu'il était en droit d'attendre d'eux, mais aussi du temps et de la peine que les autres ont dû leur consacrer en raison de leur égoïsme.

Tout ce qu'a volontairement souffert le Christ, pour assurer notre salut, exclut radicalement tout espèce d'apitoiement stérile sur soi-même. Comment un être humain ordinaire pourrait-il connaître ne fût-ce qu'une fraction infime des souffrances morales qu'a connues Jésus, incarnation de l'Amour divin, rejeté par ceux-là mêmes pour lesquels il donnait sa vie - sans parler de cette qualité toute spirituelle de souffrances qu'il connut durant les heures ténébreuses où notre péché à tous se dressait, pour ainsi dire, entre lui et l'Amour du Père.

Lorsque nous nous prenons en pitié, nous sommes même parfois tentés d'en vouloir à Dieu. En effet, nous croyons avoir couru l'aventure de la foi en toute honnêteté, et puis, au lieu de recevoir la récompense à laquelle nous croyions être en droit de nous attendre, nous avons l'impression que tout s'est ligué contre nous. Et c'est à Dieu que nous sommes alors tentés de nous en prendre, ne comprenant pas qu'il ne peut accorder inconditionnellement les grâces promises à la foi, et que celle-ci doit être mise à l'épreuve. Que vaudrait la foi en effet, si, automatiquement, on était comblé chaque fois qu'on s'en réclamait ? La vraie foi s'appuie fermement sur les promesses de Dieu, indépendamment des résultats immédiats (4). Loin de prouver que Dieu nous a oubliés, ces échecs apparents de la foi nous font comprendre qu'il nous juge dignes d'être formés pour son service.

De toutes façons, il est essentiel de faire face à ces difficultés si nous voulons que l'Esprit du Christ prenne possession de nous. Car, ne nous y trompons pas : si nous voulons demeurer dans l'honnêteté absolue, nous pouvons nous persuader qu'en règle générale, ce qui nous irrite le plus chez les autres est précisément ce qui constitue notre principale difficulté personnelle. C'est là un fait généralement admis par les psychologues. Inutile - sur ce plan - d'en rechercher les raisons. Le fait s'impose de lui-même et cela toujours à nouveau ; en sorte qu'il serait vain de vouloir nous y dérober, lors même qu'il nous est désagréable et humiliant de le reconnaître. Bien mieux : le fait même que cela commence par nous irriter tend à prouver qu'on a touché juste.

Voulons-nous que la bénédiction d'En-Haut repose toujours sur nous ? Il faut alors que nous soyons absolument honnêtes et sincères devant Dieu. Nous ne saurions être à lui tout entiers sans cela, et, si nous ne sommes pas tout à lui, nous ne saurions faire en tout sa volonté. Donc, pas de cabinets secrets en nous, dans lesquels nous ne l'introduirions pas. Pas de recoins obscurs non plus, que nous cherchions à dérober à sa lumière. Le coeur doit en toute sincérité ne vouloir que la parfaite pureté, la vérité et l'amour parfaits. Si tel n'était pas notre désir dominant, il nous faudrait demander au Père de vaincre tout autre désir par la puissance de son Saint-Esprit. Dès l'instant où nos faiblesses nous sont révélées, nous devons nous mettre en frais pour nous en débarrasser, mais en étant bien conscients que la seule volonté humaine ne saurait y suffire. Cette volonté peut fort bien tenir en échec tel penchant mauvais pendant quelque temps. Mais la volonté ne peut être que consciente, et finit toujours par se lasser. Le penchant mauvais, au contraire - ou l'état d'esprit obscur dont il émerge - est quelque chose qui s'est fixé dans le subconscient et qui ne connaît aucune lassitude. À la première défaillance de la volonté, il remonte à la surface et s'impose.

Prenons l'exemple d'une pensée impure, qu'elle s'exprime ou non en acte. Rien ne saurait épuiser plus sûrement les ressources de la meilleure volonté du monde. Quand on en prend conscience, il est à peu près vain de prier pour être en état de surmonter la tentation. Il faut aller beaucoup plus loin, demander que le coeur soit libéré et soit rempli d'un tel désir de faire du corps entier le temple du Saint-Esprit, que tout ce qui pourrait y faire obstacle s'évanouisse. Et ce qui est vrai des pensées impures l'est bien sûr aussi de toutes celles qui conduisent au péché, et desquelles on avait peut-être désespéré d'être jamais délivré. Il s'agit de les apporter à Dieu, afin qu'il en ôte la racine même, le désir secret. Il ne faut surtout pas différer la chose jusqu'à ce qu'on soit sur le point de succomber.




Il est impossible de connaître cette paix intérieure qui permet à l'Esprit du Christ guérisseur d'opérer en nous, aussi longtemps que nous avons conscience de quelque « interdit ». C'est une vérité de toute première importance que souligne l'apôtre Jacques quand il nous presse de nous avouer mutuellement nos fautes (Jacq. 5 : 16). Ce n'est d'ailleurs pas chose facile du tout que d'opérer une restitution, ou de reconnaître qu'on a été injuste ou malveillant. Mais plus on a de la peine à le faire, plus aussi est flagrante la preuve que c'est l'orgueil qui nous empêche de reconnaître nos torts. Et pourtant, il faut que cet orgueil soit balayé pour laisser la place au Christ et à son Esprit. Et l'expérience est là pour prouver que rien ne libère mieux de l'orgueil que l'aveu de la faute commise à la personne qu'on a lésée.

Pendant que nous nous occupons d'états d'esprit qui ne sont pas ce qu'ils devraient être, il est important d'être rendus attentifs au danger qui nous guette tous : celui de tomber dans des manies, car il n'est rien qui porte davantage à l'égoïsme qui s'ignore. C'est si facile en effet d'en venir à se figurer que certaines conditions d'existence, ou certains choix alimentaires, par exemple, ont pour nous une telle importance que nous nous croyons en droit de les exiger, même s'il peut en résulter de sérieux inconvénients pour les autres. De même, nous pouvons si bien nous convaincre de la supériorité de nos opinions personnelles que nous chercherons tout naturellement à les imposer aux autres. Nous irons jusqu'à devenir intolérants et peut-être même méprisants à l'égard de ceux qui osent ne pas être de notre opinion. Ne ferions-nous pas mieux de nous souvenir que l'intransigeance d'esprit favorise l'apparition de maladies qui exposent l'organisme à l'ankylose ?




Et maintenant, résumons-nous brièvement :
Il est de bien peu d'utilité d'aller à Dieu pour être guéri de quelque infirmité ou maladie corporelle seulement. Nous devons être prêts au contraire à tout lui remettre. C'est à lui qu'il appartient de faire en nous la lumière. S'il le juge nécessaire, nous devons accepter que notre vie tout entière soit remise en question et réorganisée. Il faut qu'à la lumière de l'Esprit de Vérité, nous en arrivions à demander que nous soit montré ce qui a besoin d'être redressé, dans notre coeur et notre esprit, avant que ne puisse intervenir la guérison physique.

Je ne veux pas dire par là qu'il nous faille effectivement parvenir à cette perfection avant de pouvoir être guéris ; car, alors, qui le serait ?
Ce que j'entends bien, par contre, c'est que nous devons consentir à ce que celui qui connaît les coeurs puisse faire en sorte que telle soit bien notre véritable aspiration.
Est-ce là un idéal trop élevé pour des humains ordinaires ? C'est en somme tout simplement ce qu'implique le désir dont nous nous réclamons de vouloir être rendus semblables au Christ.

Loin de ma pensée, surtout, de suggérer que l'un quelconque d'entre nous puisse en approcher, même de loin, par la seule force de sa volonté. Mais je sais que c'est précisément ce qu'accomplit en nous le Saint-Esprit, si seulement nous le laissons faire (5).  


1 Très souvent indirectement, ou sans que nous soyions conscients de nos erreurs de conduite et de vie, ou encore du fait des autres (rem. du traducteur). 

2 Litt. : nous avons besoin d'être honnêtes. 

3 En français dans le texte.

4 Litt. : des circonstances.

5 Sans doute y a-t-il lieu d'ajouter, pour être tout à fait fidèle à la pensée de l'auteur, que cette mise au point spirituelle, qui descend jusqu'au subconscient lui-même, est nécessaire à une consolidation de la guérison physique qui a été obtenue (rem. du traducteur).
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