Pleinement convaincus, je veux le croire,
non par ce que j'ai pu dire, mais par les paroles
mêmes de l'Écriture, nous pourrons
maintenant aller à notre Seigneur
lui-même avec la certitude qu'il est toujours
prêt à nous affranchir de toute
maladie et à nous remplir de sa
plénitude de Vie. Mais la question est de
savoir comment nous pouvons être mis au
bénéfice, pour y avoir part, du don
glorieux qu'il nous fait. La prière seule
suffit - elle toujours, ou devons-nous avoir
recours, également, à des moyens
sacramentaux, tels que l'imposition des mains ou
l'onction d'huile ?
Il est abondamment prouvé que
beaucoup ont été guéris par la
seule prière, qu'il se soit agi de leur
prière personnelle ou de celle de leurs
amis. je pense en particulier à telle
personne souffrant d'appendicite, qui fut
transportée à l'hôpital pour y
être opérée, mais dont la
guérison fut si rapide et complète,
à la suite de l'intervention d'un
« cercle de prière »,
que l'opération fut jugée inutile.
En ce qui concerne les guérisons
individuelles dont il est question dans les
évangiles, nous voyons que ceux qui ont
été guéris grâce
à la foi de leurs amis l'ont
été deux fois plus souvent que ceux
qui l'ont été mus par leur propre
foi. Ce n'est d'ailleurs pas étonnant, car
il est plus facile à des amis de voir le
malade tel qu'il devrait être - en bonne
santé - qu'il ne l'est au malade
lui-même.
Beaucoup de maladies s'accompagnent en
effet de souffrances telles qu'un homme ordinaire
devient incapable de réagir positivement.
Souvent même, la prière devient
pratiquement impossible : elle exige un effort
que le malade ne peut plus fournir.
La principale difficulté,
lorsqu'on s'en remet à la seule
prière pour obtenir la guérison, est
de reconnaître le moment où il faut
rendre grâces. À première vue,
la question ne semble pas se poser : on rendra
grâce aussitôt que se produira la
guérison. Mais, précisément,
il s'agit en l'occurrence de la
« prière de la foi », et
la foi n'a pas besoin de preuves. Elle compte sur
les promesses.
Quand on a fait l'expérience
personnelle du Christ vivant et agissant et que le
malade en question est en état de prier
jusqu'à ce qu'il soit soulevé par une
forte conviction intérieure, l'action de
grâces jaillit immédiatement et
spontanément, sans symptômes
extérieurs anciens. Citons un cas type,
celui de Mme Bainbridge, auteur de plusieurs livres
excellents sur la guérison, d'ailleurs
épuisés, malheureusement, si nous ne
faisons erreur. Dans l'un d'eux, elle parle d'une
surdité personnelle qui allait en
augmentant.
Elle se mit à prier pour en
être guérie, et remit la chose
à Dieu, en lui demandant de recevoir la
certitude d'être exaucée. Sur le
champ, d'ailleurs, elle rendit grâces et
continua de prier dans cet esprit journellement,
bien que sa surdité augmentât, au
point que son mari fut finalement obligé de
crier dans son oreille. En dépit de cet
échec apparent, elle persévéra
dans la foi, s'appuyant sur la promesse. Et
voilà qu'enfin, après que sa foi
eût été mise à
l'épreuve. l'ouïe lui fut rendue d'un
instant à l'autre, et cela de façon
complète (1).
Mais tout malade n'est pas suffisamment
avancé, dans la pratique de la
prière, pour être en état de
recevoir une assurance intime de nature à ne
pas être ébranlé, quand
l'exaucement est différé, l'attente
ne fut-elle qu'assez courte. Et puis il y a le
fait, que nous venons de souligner, qu'au fort de
la maladie la concentration qu'exige la
prière devient très difficile, sinon
tout à fait impossible. C'est pourquoi il
convient que nous fassions appel, la plupart
d'entre nous, au ministère de l'Eglise. En
effet, ce n'est pas seulement, de notre part, avoir
recours à un « moyen de
grâces » - nous verrons comment par
la suite ; c'est aussi faire acte de foi.
Déjà, nous avons prié pour
être guéris, et nous sommes maintenant
convaincus que le Christ veut
nous mettre au bénéfice de la
guérison qu'il donne. Alors,
n'hésitons plus : montrons notre foi en
venant recevoir la grâce attendue.
Mais sommes-nous vraiment prêts
à le faire ? On pourra peut-être
se dire : « Si je cherche la
guérison faisant appel au ministère
de l'Eglise et que je n'en éprouve aucune
amélioration, ne me trouverai-je pas dans un
état pire que mon état actuel ?
Est-ce que je ne risque pas de perdre la foi tout
en restant malade ?
À cela, il y a un
critère : c'est de se demander si,
réellement, on est en état de rendre grâces avant même que
l'exaucement se produise, ou même de
persévérer dans l'action de
grâces sans résultats apparents,
longtemps s'il le faut.
Cela vous paraît difficile,
absurde même ?... Pas tant que cela.
Songez plutôt à la distinction qu'il
convient de faire entre la mise en terre d'une
semence et l'apparition de la petite pousse qui en
sort. Si vous m'offriez un pot de fleurs à
la terre duquel vous auriez confié la
semence d'une variété de choix, je
vous en remercierais aussitôt. Il ne me
viendrait pas à l'idée d'attendre,
pour le faire, qu'elle ait commencé à
fleurir. Votre don est complet en soi ; mais
la germination et la croissance dépendent
maintenant de moi, des précautions que je
prendrai pour que les conditions propices
d'éclairage, de température et
d'aération soient maintenues.
Si donc vous venez pour obtenir la
guérison du Christ par le ministère
de l'Eglise, ou par l'intermédiaire d'un tel
qui a reçu de Dieu le don de
guérison, vous recevez sans aucun doute une
grâce. Voyez-y quelque
chose de complet en soi, qui rappelle ce qui se
passe lorsqu'une semence a été
confiée à la terre. Ce don ne vous
incite-t-il pas à la reconnaissance ?
N'êtes-vous pas porté à
l'exprimer sur le champ et à continuer de le
faire, même si les progrès sont
lents ? Si vraiment vous croyez avoir
reçu une grâce, vous ne pouvez faire
autrement que de dire et redire votre
reconnaissance.
Aussitôt que le don a
été reçu, notre prière
doit s'en trouver modifiée. Il est essentiel
désormais que nous commencions toujours par
rendre grâces pour la guérison
reçue, et que nous demandions ensuite que
rien ne vienne y faire obstacle en nous. Le fait de
continuer à prier comme si nous n'avions
rien reçu, parce que le résultat
n'est pas encore apparent, équivaudrait en
somme à faire preuve de méfiance
injustifiée. On pourrait comparer cela au
refus de remercier celui qui vous tend un
chèque auquel il a apposé une
signature offrant toute garantie, tant que vous ne
l'auriez pas touché.
En débattant la question avec
d'autres ecclésiastiques, on m'a souvent
rendu attentif à une difficulté ainsi
formulée : « Supposez, me
disait-on en substance, que j'intervienne
auprès d'un malade avec les moyens de
grâces que suggère le Nouveau
Testament, mais qu'il n'en résulte aucune
amélioration, comment expliquer cet
échec ? »
La meilleure réponse consistait
pour moi à poser une autre question à
mon interlocuteur :
« Refuseriez-vous, lui disais-je, de
donner la communion à quelqu'un qui, selon
vous, n'en portera vraisemblablement pas le
fruit ? » Il n'en était rien,
certainement, puisqu'en premier lieu, nous ne
sommes pas un juge autorisé en pareille
matière, et que, par ailleurs, nous savons
bien qu'un sacrement comme la communion est un
« moyen de grâces ». Or
c'est le moyen de grâces que Dieu offre par
moi, et non la foi ; bien que sans la foi on
ne puisse en bénéficier.
L'administration du sacrement est un acte complet
en lui-même, qu'une fois de plus nous pouvons
comparer au geste de celui qui confie la semence
à la terre : la croissance va
maintenant dépendre de la nature du sol et
des soins dont bénéficiera la plante.
Si l'on comprend bien cela quand il s'agit des
« sacrements » qui peuvent
être utilisés pour obtenir la
guérison (imposition des mains ou onction
d'huile), on ne saurait être exposé
à perdre la foi, quels que soient
l'échec apparent et la durée de
l'attente.
À quiconque cherche la
guérison par le recours aux moyens de
grâces néo-testamentaires, je dirai
donc : « Ne pensez qu'à la
grâce particulière dont vous avez
besoin et à celui qui seul peut vous
dispenser, sans vous poser de questions quant au
résultat ».
En effet, si l'on se laisse aller
à douter de l'efficacité des moyens
employés, cette efficacité en sera
diminuée, parce que la foi ne sera plus
entière. Quand l'esprit s'attache au
caractère particulièrement grave de
la maladie, et à la possibilité
qu'elle soit incurable, il est difficile de
conserver la foi qu'on aurait si la pensée
ne s'attachait qu'à la guérison
attendue, et surtout à Celui de qui on
l'attend.
Beaucoup de ceux qui lisent ces pages
connaissent l'image qui orne la
couverture du Healer Magazine. On y voit une
mère qui tient dans son bras son enfant
malade. Elle contemple la face du Christ, qui est
là et avance la main pour guérir. Si
l'on attache son regard sur l'enfant, on en ressent
une tristesse angoissée, tellement
l'expression maladive est accusée. Il n'y a
pourtant pas trace d'angoisse sur le visage de la
mère. Elle rayonne d'espoir, parce qu'elle
regarde, non son enfant, mais la face de
Jésus. Lors donc que vous venez chercher la
guérison, ne pensez pas à l'homme qui
va intervenir en votre faveur, mais souvenez-vous -
et persuadez-vous bien - que c'est au Christ
lui-même que vous allez ; que c'est lui
qui étendra la main pour vous guérir.
Ne pensez plus à vos maux. Ils vous feraient
facilement douter de l'avenir. Contemplez en esprit
la face de Celui qui a porté votre maladie
personnelle sur la Croix, et qui veut vous en
guérir. Et, puis, parce que vous êtes
sûr d'être mis au
bénéfice du don de sa grâce,
remerciez immédiatement dans votre coeur et
continuez à le faire, que la guérison
se produise sur le champ ou qu'elle soit
différée.
Lorsque la guérison est longtemps
différée, il est assez probable qu'on
finisse par avoir le sentiment de n'être plus
dans la réalité. On est alors
tenté de se taxer d'hypocrisie en continuant
de rendre grâces sans amélioration
apparente. Si l'on est tenté de le faire, il
suffit généralement de se ressaisir
sérieusement et de comprendre à
nouveau qu'on s'est ouvert à une grâce
pour la recevoir. On se rendra compte, alors, que
si l'on cessait de remercier, on douterait tout
simplement de la
promesse
faite par le Seigneur. Un sentiment analogue peut
surgir en ce qui concerne nos affirmations. Il
s'agit donc de rester lucide. Il ne faut à
aucun prix persévérer dans une
affirmation qu'un instinct profond nous affirme
être contraire à la
vérité. On ne triche pas avec son
subconscient, pas plus qu'on ne peut lui faire
admettre ce qu'il rejette instinctivement.
Persister dans une affirmation de cette nature
n'aboutit qu'à durcir la résistance
intérieure. Il s'agit donc de
reconsidérer soigneusement son affirmation,
jusqu'à ce qu'on parvienne à la
conviction absolue qu'en dépit du manque de
preuves matérielles, elle repose
néanmoins sur des vérités
fondamentales de la Parole
révélée de Dieu. On peut la
reprendre et y persévérer avec la
certitude qu'en le faisant on s'établit
soi-même dans la vérité dont
elle témoigne.
On me demande souvent de préciser
la différence qu'il y a - si tant est qu'il
y en ait une - entre l'imposition des mains et
l'onction d'huile (2).
De toute évidence, rien ne
saurait justifier l'affirmation que l'une
présente plus de garanties que l'autre quant
à la fin recherchée. Toutes deux sont
signe et véhicule de la grâce qui
guérit (3). La guérison elle-même
vient du Christ, et de lui seul. Même si l'on
possède le don de la guérison, cela
ne peut vouloir dire qu'une chose c'est qu'alors on
est soi-même aussi un
meilleur instrument (4) que si
on ne le possède
pas.
Les deux façons de
procéder sont donc scripturaires. J'irai
jusqu'à maintenir qu'elles ont
été ordonnées par le Christ
lui-même. Dans la relation que fait saint
Marc de la mission des Douze, nous lisons en effet
- « Ils chassaient de nombreux
démons, oignaient d'huile beaucoup de
malades et les guérissaient »
(6 :
13). Est-il vraisemblable
qu'ils auraient agi de la sorte sans instruction
précise, alors que les évangiles nous
disent que le Christ leur fit toutes sortes de
recommandations pratiques ? Pour ce qui est de
l'imposition des mains, il en fit un ordre formel
peu avant son ascension : « Ils
imposeront les mains aux malades et ceux-ci seront
guéris »
(Marc
16 : 18).
Le recours fait aujourd'hui à ces
moyens de grâces n'autorise aucune
distinction quant à leur efficacité
respective : leur utilisation donne des
résultats aussi remarquables dans un cas que
dans l'autre. Pratiquement, cependant, on est
généralement amené à
n'utiliser l'onction d'huile qu'une seule fois au
cours d'une maladie, alors que l'imposition des
mains peut être fréquemment
répétée. L'idée que
l'onction pouvait être
répétée trois fois, mais pas
plus, dans un cas donné, vient d'une
interprétation erronée de
l'expérience faite par saint Paul, quand il
demanda à trois reprises d'être
délivré de son écharde. Cela
semblerait presque suggérer que nous ne
soyons pas en état de modifier la
volonté divine au moyen d'une ou de deux
onctions, mais que la troisième opère
toujours.
Le fait de voir dans la guérison
des maladies un aspect de l'oeuvre de
rédemption exclut toute idée de ce
genre.
Par ailleurs, il semble bien que
l'onction d'huile ait une portée et une
signification plus étendues que celles de
l'imposition des mains. Remarquons en effet que
dans la Bible, ce ne sont pas seulement les malades
qui reçoivent l'onction, mais aussi les
rois, les prophètes et les prêtres.
Cela semble impliquer que, dans ce cas l'huile
utilisée figurait l'acceptation par Dieu
d'une vie consacrée à son
service ; elle en était le sceau.
Personnellement j'aime à rappeler cet aspect
du recours à l'onction des malades. Il ne
saurait y avoir décision plus heureuse pour
un malade, en effet, que celle de consacrer
à nouveau sa vie à Dieu, avec la
certitude que, puisqu'il nous veut à son
service, il saura nous qualifier de toutes
manières pour nous rendre utilisables.
L'huile répandue sur le malade devient le
sceau de l'acceptation divine en même temps
que le véhicule de la grâce qui
guérit. Lorsque l'onction est ainsi
comprise, il serait déplacé de la
répéter - à moins qu'une
rechute grave ne rende impropre au service
accepté.
Quant à l'imposition des mains,
il semble bien qu'elle ait une portée
moindre, en sorte qu'elle peut être
répétée plusieurs fois afin de
maintenir opérante la grâce
reçue ; ou, si l'on veut, afin
d'arroser la semence spirituelle déjà
déposée dans une vie. Cela reste
vrai, même si l'on n'emploie pas d'autre
moyen de guérison, comme c'est
fréquemment le cas. De toutes façons,
il faut éviter de donner l'impression qu'on
recommence une
opération manquée. Quand on impose
les mains, que ce soit après l'onction
d'huile ou à nouveau, après l'avoir
fait déjà, il faut que ce soit toujours pour que continue d'opérer
la
grâce déjà
reçue.
Reconnaissons que, pour la foi de
certains, l'onction peut constituer un moyen plus
puissant, parce qu'elle revêt un
caractère plus spécifiquement
sacramental et s'accompagne habituellement d'une
liturgie plus élaborée. D'autre part,
elle peut, en cas d'extrême urgence, nous
donner le sentiment d'avoir fait, de notre
côté, tout ce qui était en
notre pouvoir. Il est vrai qu'alors il s'agit un
peu, en réalité, de concession
à la faiblesse humaine.
Mais il y a peut-être un autre
avantage à l'onction d'huile ; c'est
que le facteur personnel risque moins d'entrer en
ligne de compte. Il m'est arrivé d'entendre
dire à des gens qu'ils
préféraient recevoir l'imposition des
mains de M. X. plutôt que de M. Y. ou de M.
Z. - parce qu'il leur faisait plus de bien. C'est
là bien entendu, une conception tout
à fait erronée, puisque la
guérison ne peut venir que de Christ. Il
faut reconnaître que la vertu qui accompagne
l'onction est par contre moins facilement
associée à la personne de
l'officiant. On peut à ce propos faire un
rapprochement avec la communion : de
même qu'on peut préférer la
manière de M. X. à celle de M. Y, on
ne prétend pas pour autant recevoir de ses
mains une grâce plus grande.
Chaque fois qu'il se peut, je
préfère laisser au malade le choix
des moyens à utiliser, tout en insistant pour
qu'une indication lui
soit
donnée dans la prière. Si cette
indication n'est pas claire, alors je propose au
malade de choisir lui-même ce qui lui semble
le mieux convenir à sa foi.
De toute façon, souvenons-nous
que l'un et l'autre moyens sont l'occasion d'un
acte de foi, et qu'il s'agit d'en demander la
mise en oeuvre. je ferai sans doute mon
possible pour que tout soit bien compris, mais il
ne m'appartient pas, non plus qu'à
quiconque, de pousser le malade à
« essayer » un moyen de
grâce plutôt que l'autre.
L'apôtre Jacques dit expressément que
le malade doit appeler les anciens de
l'Eglise
(5 :
14). C'est là le
critère de sa foi.
On ne saurait ignorer ceux qui tentent
de vous persuader que ces moyens de grâces
n'ont l'un et l'autre qu'une efficacité
purement psychologique. Raisonner de la sorte
n'équivaut pas seulement à nier
l'enseignement de l'Écriture, mais aussi
à ignorer les faits. Six fois, j'ai vu de
mes propres yeux les flots de sang jaillissant
d'une artère sectionnée
s'arrêter immédiatement sous l'effet
de la grâce résultant de la
prière et de l'imposition des mains - cela,
bien entendu, sans intervention médicale
d'aucune sorte. Il est difficile de croire que la
suggestion puisse obtenir un résultat
pareil ; la chose dépasse certainement
les possibilités humaines. À mes
yeux, en tout cas, c'était la preuve
convaincante que le Christ qui guérit
était bien là et utilisait des mains
humaines, pour libérer sa
grâce.
J'ai aussi vu disparaître un
abcès en une nuit, sans qu'il mûrisse
et aboutisse. Dans un cas comme celui-ci encore, la
simple
suggestion paraît insuffisante. Il est sans
doute parfaitement inutile d'insister. Ceux en
effet qui sont décidés à
persister dans leur scepticisme ne seront
convaincus ni par le raisonnement, ni par les
faits. Aussi bien, je suppose que ceux qui m'ont
suivi jusqu'ici l'ont fait parce qu'ils
étaient déjà
gagnés.
Peut-être vous a-t-on
objecté que le mot grec utilisé par
saint Jacques, et traduit par « en
l'oignant d'huile », signifie toujours
« frictionner » ou
« enduire ». On en
déduisait que l'onction en question
était plutôt d'ordre médical
que d'ordre sacramentel.
Avant de nous rendre à cet
argument, observons que le même terme est
employé dans les Septante pour
désigner l'onction que reçoivent les
fils d'Aaron, un autre mot étant
utilisé pour celle que reçoit Aaron
lui-même. Il est toutefois clairement
spécifié que les fils d'Aaron furent
oints de la même façon que leur
père. Le mot employé pour
désigner l'onction que reçoit Aaron
est le même que celui qui sera utilisé
pour désigner l'onction de Jésus par
le Saint-Esprit. Il signifie « toucher
avec de l'huile » et est utilisé
quand il s'agit du « Fils de
Dieu » aussi bien que lorsqu'il est
question du
« Grand-Prêtre » de ce
même Dieu. Mais on utilise un mot moins
« fort » quand l'onction est
donnée à la
« maison » d'Aaron ou à
celle - l'Eglise - du Christ. Selon
l'Écriture, la « manière
« est la même dans les deux
cas : il s'agit d'un simple
« toucher » et non d'une
friction. Après tout, du reste, l'onction
n'est que le signe extérieur et visible
d'une grâce intérieure et spirituelle. Saint
Jacques déclare que
c'est « la prière de la
foi » qui sauve le malade
(verset
15). Que nous ayons recours
à l'onction d'huile ou à l'imposition
des mains pour être guéris, c'est donc
« la prière de la foi »
qui importe avant tout. Nous sommes donc
amenés par là-même à en
faire l'objet de notre réflexion dans un
nouveau chapitre. Avant d'y procéder,
cependant, il nous faut mentionner encore un autre
sacrement de la guérison, le plus grand de
tous, celui du corps et du sang de
Jésus-Christ.
Il y a quelque temps, une
chrétienne pratiquante, qui était
venue des confins de l'Empire (5) pour
se faire opérer par un
chirurgien de grand renom, méditait sur le
thème de la communion lorsqu'elle fut
frappée par les mots suivants de la
liturgie : « garde (soigneusement)
ton corps et ton âme ». Elle
n'avait jamais auparavant remarqué que la
grâce de la communion s'adressait aussi bien
au corps qu'à l'âme. S'en étant
fermement persuadée, elle communia dans
cette conviction et y trouva la guérison, en
sorte que l'intervention ne fut pas
nécessaire.
Le sacrement de la cène
revêt des aspects différents. Il est
pour nous, en premier lieu, une
« eucharistie », autrement dit
un service d'actions de grâces ; il est
aussi un mémorial, par lequel nous rappelons
et proclamons la mort du Seigneur, jusqu'à
ce qu'il revienne ; il est enfin la
quête par laquelle nous nous réclamons
devant Dieu des grâces qui résultent
pour nous du Sacrifice éternellement
opérant de la Croix.
Quand en effet nous mangeons le pain et
buvons le vin qu'il a voulus pour nous, nous
participons au corps et au sang du Christ, qui,
selon les termes de la liturgie anglicane,
« sont en vérité et
vraiment pris et reçus par les
fidèles dans ce sacrement ». Nous
sommes ainsi rendus participants au corps et au
sang de Jésus pour que nos propres corps
soient rendus un peu plus dignes de recevoir
l'Esprit par lequel il veut les habiter pour en
faire ses temples ; ou « pour que
nos corps soient purifiés par son corps et
nos âmes lavées par son sang, et
qu'ainsi nous demeurions à jamais en lui, et
lui en nous ».
Comment ce sacrement n'assurerait-il pas
la guérison de ceux qui croient à
l'Évangile intégral d'un salut
intéressant l'esprit, l'âme et le
corps ? Pourquoi nous attendrions-nous
à recevoir la purification de l'âme,
tout en ignorant celle du corps - ou sa
guérison - alors que notre Seigneur accepte
de mourir en croix pour rendre possible l'une et
l'autre ? Le temple qu'il veut habiter ne
devrait être souillé - ou
détérioré - ni par le
péché, ni par la maladie, car le
Christ a voulu notre guérison comme il a
voulu notre purification.
1 Citons à ce propos une expérience personnelle. Une surdité croissante de l'oreille gauche commençait à nous inquiéter, il y a de cela une dizaine d'années. Nous songions à consulter un spécialiste quand, avant de le faire, nous nous sentîmes un soir contraint de faire un acte de foi complet et de tout remettre à Dieu, avec une entière simplicité. Le lendemain, au réveil, toute trace de surdité avait disparu (rem. du traducteur).
2 Considérées ici comme étant l'une et l'autre de nature sacramentelle, et utilisées dans l'Eglise des premiers siècles, comme signes et véhicules de la grâce spéciale de guérison (rem. du traducteur).
3 Litt. : le canal de la grâce.
4 Litt. : canal.
5 Britannique.
Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant