Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE III

GUÉRISON ET SACREMENTS

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 Pleinement convaincus, je veux le croire, non par ce que j'ai pu dire, mais par les paroles mêmes de l'Écriture, nous pourrons maintenant aller à notre Seigneur lui-même avec la certitude qu'il est toujours prêt à nous affranchir de toute maladie et à nous remplir de sa plénitude de Vie. Mais la question est de savoir comment nous pouvons être mis au bénéfice, pour y avoir part, du don glorieux qu'il nous fait. La prière seule suffit - elle toujours, ou devons-nous avoir recours, également, à des moyens sacramentaux, tels que l'imposition des mains ou l'onction d'huile ?

Il est abondamment prouvé que beaucoup ont été guéris par la seule prière, qu'il se soit agi de leur prière personnelle ou de celle de leurs amis. je pense en particulier à telle personne souffrant d'appendicite, qui fut transportée à l'hôpital pour y être opérée, mais dont la guérison fut si rapide et complète, à la suite de l'intervention d'un « cercle de prière », que l'opération fut jugée inutile.

En ce qui concerne les guérisons individuelles dont il est question dans les évangiles, nous voyons que ceux qui ont été guéris grâce à la foi de leurs amis l'ont été deux fois plus souvent que ceux qui l'ont été mus par leur propre foi. Ce n'est d'ailleurs pas étonnant, car il est plus facile à des amis de voir le malade tel qu'il devrait être - en bonne santé - qu'il ne l'est au malade lui-même.

Beaucoup de maladies s'accompagnent en effet de souffrances telles qu'un homme ordinaire devient incapable de réagir positivement. Souvent même, la prière devient pratiquement impossible : elle exige un effort que le malade ne peut plus fournir.

La principale difficulté, lorsqu'on s'en remet à la seule prière pour obtenir la guérison, est de reconnaître le moment où il faut rendre grâces. À première vue, la question ne semble pas se poser : on rendra grâce aussitôt que se produira la guérison. Mais, précisément, il s'agit en l'occurrence de la « prière de la foi », et la foi n'a pas besoin de preuves. Elle compte sur les promesses.

Quand on a fait l'expérience personnelle du Christ vivant et agissant et que le malade en question est en état de prier jusqu'à ce qu'il soit soulevé par une forte conviction intérieure, l'action de grâces jaillit immédiatement et spontanément, sans symptômes extérieurs anciens. Citons un cas type, celui de Mme Bainbridge, auteur de plusieurs livres excellents sur la guérison, d'ailleurs épuisés, malheureusement, si nous ne faisons erreur. Dans l'un d'eux, elle parle d'une surdité personnelle qui allait en augmentant.

Elle se mit à prier pour en être guérie, et remit la chose à Dieu, en lui demandant de recevoir la certitude d'être exaucée. Sur le champ, d'ailleurs, elle rendit grâces et continua de prier dans cet esprit journellement, bien que sa surdité augmentât, au point que son mari fut finalement obligé de crier dans son oreille. En dépit de cet échec apparent, elle persévéra dans la foi, s'appuyant sur la promesse. Et voilà qu'enfin, après que sa foi eût été mise à l'épreuve. l'ouïe lui fut rendue d'un instant à l'autre, et cela de façon complète (1).

Mais tout malade n'est pas suffisamment avancé, dans la pratique de la prière, pour être en état de recevoir une assurance intime de nature à ne pas être ébranlé, quand l'exaucement est différé, l'attente ne fut-elle qu'assez courte. Et puis il y a le fait, que nous venons de souligner, qu'au fort de la maladie la concentration qu'exige la prière devient très difficile, sinon tout à fait impossible. C'est pourquoi il convient que nous fassions appel, la plupart d'entre nous, au ministère de l'Eglise. En effet, ce n'est pas seulement, de notre part, avoir recours à un « moyen de grâces » - nous verrons comment par la suite ; c'est aussi faire acte de foi. Déjà, nous avons prié pour être guéris, et nous sommes maintenant convaincus que le Christ veut nous mettre au bénéfice de la guérison qu'il donne. Alors, n'hésitons plus : montrons notre foi en venant recevoir la grâce attendue.

Mais sommes-nous vraiment prêts à le faire ? On pourra peut-être se dire : « Si je cherche la guérison faisant appel au ministère de l'Eglise et que je n'en éprouve aucune amélioration, ne me trouverai-je pas dans un état pire que mon état actuel ? Est-ce que je ne risque pas de perdre la foi tout en restant malade ?
À cela, il y a un critère : c'est de se demander si, réellement, on est en état de rendre grâces avant même que l'exaucement se produise, ou même de persévérer dans l'action de grâces sans résultats apparents, longtemps s'il le faut.

Cela vous paraît difficile, absurde même ?... Pas tant que cela. Songez plutôt à la distinction qu'il convient de faire entre la mise en terre d'une semence et l'apparition de la petite pousse qui en sort. Si vous m'offriez un pot de fleurs à la terre duquel vous auriez confié la semence d'une variété de choix, je vous en remercierais aussitôt. Il ne me viendrait pas à l'idée d'attendre, pour le faire, qu'elle ait commencé à fleurir. Votre don est complet en soi ; mais la germination et la croissance dépendent maintenant de moi, des précautions que je prendrai pour que les conditions propices d'éclairage, de température et d'aération soient maintenues.

Si donc vous venez pour obtenir la guérison du Christ par le ministère de l'Eglise, ou par l'intermédiaire d'un tel qui a reçu de Dieu le don de guérison, vous recevez sans aucun doute une grâce. Voyez-y quelque chose de complet en soi, qui rappelle ce qui se passe lorsqu'une semence a été confiée à la terre. Ce don ne vous incite-t-il pas à la reconnaissance ? N'êtes-vous pas porté à l'exprimer sur le champ et à continuer de le faire, même si les progrès sont lents ? Si vraiment vous croyez avoir reçu une grâce, vous ne pouvez faire autrement que de dire et redire votre reconnaissance.

Aussitôt que le don a été reçu, notre prière doit s'en trouver modifiée. Il est essentiel désormais que nous commencions toujours par rendre grâces pour la guérison reçue, et que nous demandions ensuite que rien ne vienne y faire obstacle en nous. Le fait de continuer à prier comme si nous n'avions rien reçu, parce que le résultat n'est pas encore apparent, équivaudrait en somme à faire preuve de méfiance injustifiée. On pourrait comparer cela au refus de remercier celui qui vous tend un chèque auquel il a apposé une signature offrant toute garantie, tant que vous ne l'auriez pas touché.

En débattant la question avec d'autres ecclésiastiques, on m'a souvent rendu attentif à une difficulté ainsi formulée : « Supposez, me disait-on en substance, que j'intervienne auprès d'un malade avec les moyens de grâces que suggère le Nouveau Testament, mais qu'il n'en résulte aucune amélioration, comment expliquer cet échec ? »

La meilleure réponse consistait pour moi à poser une autre question à mon interlocuteur : « Refuseriez-vous, lui disais-je, de donner la communion à quelqu'un qui, selon vous, n'en portera vraisemblablement pas le fruit ? » Il n'en était rien, certainement, puisqu'en premier lieu, nous ne sommes pas un juge autorisé en pareille matière, et que, par ailleurs, nous savons bien qu'un sacrement comme la communion est un « moyen de grâces ». Or c'est le moyen de grâces que Dieu offre par moi, et non la foi ; bien que sans la foi on ne puisse en bénéficier. L'administration du sacrement est un acte complet en lui-même, qu'une fois de plus nous pouvons comparer au geste de celui qui confie la semence à la terre : la croissance va maintenant dépendre de la nature du sol et des soins dont bénéficiera la plante. Si l'on comprend bien cela quand il s'agit des « sacrements » qui peuvent être utilisés pour obtenir la guérison (imposition des mains ou onction d'huile), on ne saurait être exposé à perdre la foi, quels que soient l'échec apparent et la durée de l'attente.

À quiconque cherche la guérison par le recours aux moyens de grâces néo-testamentaires, je dirai donc : « Ne pensez qu'à la grâce particulière dont vous avez besoin et à celui qui seul peut vous dispenser, sans vous poser de questions quant au résultat ».

En effet, si l'on se laisse aller à douter de l'efficacité des moyens employés, cette efficacité en sera diminuée, parce que la foi ne sera plus entière. Quand l'esprit s'attache au caractère particulièrement grave de la maladie, et à la possibilité qu'elle soit incurable, il est difficile de conserver la foi qu'on aurait si la pensée ne s'attachait qu'à la guérison attendue, et surtout à Celui de qui on l'attend.

Beaucoup de ceux qui lisent ces pages connaissent l'image qui orne la couverture du Healer Magazine. On y voit une mère qui tient dans son bras son enfant malade. Elle contemple la face du Christ, qui est là et avance la main pour guérir. Si l'on attache son regard sur l'enfant, on en ressent une tristesse angoissée, tellement l'expression maladive est accusée. Il n'y a pourtant pas trace d'angoisse sur le visage de la mère. Elle rayonne d'espoir, parce qu'elle regarde, non son enfant, mais la face de Jésus. Lors donc que vous venez chercher la guérison, ne pensez pas à l'homme qui va intervenir en votre faveur, mais souvenez-vous - et persuadez-vous bien - que c'est au Christ lui-même que vous allez ; que c'est lui qui étendra la main pour vous guérir. Ne pensez plus à vos maux. Ils vous feraient facilement douter de l'avenir. Contemplez en esprit la face de Celui qui a porté votre maladie personnelle sur la Croix, et qui veut vous en guérir. Et, puis, parce que vous êtes sûr d'être mis au bénéfice du don de sa grâce, remerciez immédiatement dans votre coeur et continuez à le faire, que la guérison se produise sur le champ ou qu'elle soit différée.

Lorsque la guérison est longtemps différée, il est assez probable qu'on finisse par avoir le sentiment de n'être plus dans la réalité. On est alors tenté de se taxer d'hypocrisie en continuant de rendre grâces sans amélioration apparente. Si l'on est tenté de le faire, il suffit généralement de se ressaisir sérieusement et de comprendre à nouveau qu'on s'est ouvert à une grâce pour la recevoir. On se rendra compte, alors, que si l'on cessait de remercier, on douterait tout simplement de la promesse faite par le Seigneur. Un sentiment analogue peut surgir en ce qui concerne nos affirmations. Il s'agit donc de rester lucide. Il ne faut à aucun prix persévérer dans une affirmation qu'un instinct profond nous affirme être contraire à la vérité. On ne triche pas avec son subconscient, pas plus qu'on ne peut lui faire admettre ce qu'il rejette instinctivement. Persister dans une affirmation de cette nature n'aboutit qu'à durcir la résistance intérieure. Il s'agit donc de reconsidérer soigneusement son affirmation, jusqu'à ce qu'on parvienne à la conviction absolue qu'en dépit du manque de preuves matérielles, elle repose néanmoins sur des vérités fondamentales de la Parole révélée de Dieu. On peut la reprendre et y persévérer avec la certitude qu'en le faisant on s'établit soi-même dans la vérité dont elle témoigne.

On me demande souvent de préciser la différence qu'il y a - si tant est qu'il y en ait une - entre l'imposition des mains et l'onction d'huile (2).

De toute évidence, rien ne saurait justifier l'affirmation que l'une présente plus de garanties que l'autre quant à la fin recherchée. Toutes deux sont signe et véhicule de la grâce qui guérit (3). La guérison elle-même vient du Christ, et de lui seul. Même si l'on possède le don de la guérison, cela ne peut vouloir dire qu'une chose c'est qu'alors on est soi-même aussi un meilleur instrument (4) que si on ne le possède pas.

Les deux façons de procéder sont donc scripturaires. J'irai jusqu'à maintenir qu'elles ont été ordonnées par le Christ lui-même. Dans la relation que fait saint Marc de la mission des Douze, nous lisons en effet - « Ils chassaient de nombreux démons, oignaient d'huile beaucoup de malades et les guérissaient » (6 : 13). Est-il vraisemblable qu'ils auraient agi de la sorte sans instruction précise, alors que les évangiles nous disent que le Christ leur fit toutes sortes de recommandations pratiques ? Pour ce qui est de l'imposition des mains, il en fit un ordre formel peu avant son ascension : « Ils imposeront les mains aux malades et ceux-ci seront guéris » (Marc 16 : 18).

Le recours fait aujourd'hui à ces moyens de grâces n'autorise aucune distinction quant à leur efficacité respective : leur utilisation donne des résultats aussi remarquables dans un cas que dans l'autre. Pratiquement, cependant, on est généralement amené à n'utiliser l'onction d'huile qu'une seule fois au cours d'une maladie, alors que l'imposition des mains peut être fréquemment répétée. L'idée que l'onction pouvait être répétée trois fois, mais pas plus, dans un cas donné, vient d'une interprétation erronée de l'expérience faite par saint Paul, quand il demanda à trois reprises d'être délivré de son écharde. Cela semblerait presque suggérer que nous ne soyons pas en état de modifier la volonté divine au moyen d'une ou de deux onctions, mais que la troisième opère toujours.
Le fait de voir dans la guérison des maladies un aspect de l'oeuvre de rédemption exclut toute idée de ce genre.

Par ailleurs, il semble bien que l'onction d'huile ait une portée et une signification plus étendues que celles de l'imposition des mains. Remarquons en effet que dans la Bible, ce ne sont pas seulement les malades qui reçoivent l'onction, mais aussi les rois, les prophètes et les prêtres. Cela semble impliquer que, dans ce cas l'huile utilisée figurait l'acceptation par Dieu d'une vie consacrée à son service ; elle en était le sceau. Personnellement j'aime à rappeler cet aspect du recours à l'onction des malades. Il ne saurait y avoir décision plus heureuse pour un malade, en effet, que celle de consacrer à nouveau sa vie à Dieu, avec la certitude que, puisqu'il nous veut à son service, il saura nous qualifier de toutes manières pour nous rendre utilisables. L'huile répandue sur le malade devient le sceau de l'acceptation divine en même temps que le véhicule de la grâce qui guérit. Lorsque l'onction est ainsi comprise, il serait déplacé de la répéter - à moins qu'une rechute grave ne rende impropre au service accepté.

Quant à l'imposition des mains, il semble bien qu'elle ait une portée moindre, en sorte qu'elle peut être répétée plusieurs fois afin de maintenir opérante la grâce reçue ; ou, si l'on veut, afin d'arroser la semence spirituelle déjà déposée dans une vie. Cela reste vrai, même si l'on n'emploie pas d'autre moyen de guérison, comme c'est fréquemment le cas. De toutes façons, il faut éviter de donner l'impression qu'on recommence une opération manquée. Quand on impose les mains, que ce soit après l'onction d'huile ou à nouveau, après l'avoir fait déjà, il faut que ce soit toujours pour que continue d'opérer la grâce déjà reçue.

Reconnaissons que, pour la foi de certains, l'onction peut constituer un moyen plus puissant, parce qu'elle revêt un caractère plus spécifiquement sacramental et s'accompagne habituellement d'une liturgie plus élaborée. D'autre part, elle peut, en cas d'extrême urgence, nous donner le sentiment d'avoir fait, de notre côté, tout ce qui était en notre pouvoir. Il est vrai qu'alors il s'agit un peu, en réalité, de concession à la faiblesse humaine.

Mais il y a peut-être un autre avantage à l'onction d'huile ; c'est que le facteur personnel risque moins d'entrer en ligne de compte. Il m'est arrivé d'entendre dire à des gens qu'ils préféraient recevoir l'imposition des mains de M. X. plutôt que de M. Y. ou de M. Z. - parce qu'il leur faisait plus de bien. C'est là bien entendu, une conception tout à fait erronée, puisque la guérison ne peut venir que de Christ. Il faut reconnaître que la vertu qui accompagne l'onction est par contre moins facilement associée à la personne de l'officiant. On peut à ce propos faire un rapprochement avec la communion : de même qu'on peut préférer la manière de M. X. à celle de M. Y, on ne prétend pas pour autant recevoir de ses mains une grâce plus grande.

Chaque fois qu'il se peut, je préfère laisser au malade le choix des moyens à utiliser, tout en insistant pour qu'une indication lui soit donnée dans la prière. Si cette indication n'est pas claire, alors je propose au malade de choisir lui-même ce qui lui semble le mieux convenir à sa foi.

De toute façon, souvenons-nous que l'un et l'autre moyens sont l'occasion d'un acte de foi, et qu'il s'agit d'en demander la mise en oeuvre. je ferai sans doute mon possible pour que tout soit bien compris, mais il ne m'appartient pas, non plus qu'à quiconque, de pousser le malade à « essayer » un moyen de grâce plutôt que l'autre. L'apôtre Jacques dit expressément que le malade doit appeler les anciens de l'Eglise (5 : 14). C'est là le critère de sa foi.

On ne saurait ignorer ceux qui tentent de vous persuader que ces moyens de grâces n'ont l'un et l'autre qu'une efficacité purement psychologique. Raisonner de la sorte n'équivaut pas seulement à nier l'enseignement de l'Écriture, mais aussi à ignorer les faits. Six fois, j'ai vu de mes propres yeux les flots de sang jaillissant d'une artère sectionnée s'arrêter immédiatement sous l'effet de la grâce résultant de la prière et de l'imposition des mains - cela, bien entendu, sans intervention médicale d'aucune sorte. Il est difficile de croire que la suggestion puisse obtenir un résultat pareil ; la chose dépasse certainement les possibilités humaines. À mes yeux, en tout cas, c'était la preuve convaincante que le Christ qui guérit était bien là et utilisait des mains humaines, pour libérer sa grâce.

J'ai aussi vu disparaître un abcès en une nuit, sans qu'il mûrisse et aboutisse. Dans un cas comme celui-ci encore, la simple suggestion paraît insuffisante. Il est sans doute parfaitement inutile d'insister. Ceux en effet qui sont décidés à persister dans leur scepticisme ne seront convaincus ni par le raisonnement, ni par les faits. Aussi bien, je suppose que ceux qui m'ont suivi jusqu'ici l'ont fait parce qu'ils étaient déjà gagnés.

Peut-être vous a-t-on objecté que le mot grec utilisé par saint Jacques, et traduit par « en l'oignant d'huile », signifie toujours « frictionner » ou « enduire ». On en déduisait que l'onction en question était plutôt d'ordre médical que d'ordre sacramentel.

Avant de nous rendre à cet argument, observons que le même terme est employé dans les Septante pour désigner l'onction que reçoivent les fils d'Aaron, un autre mot étant utilisé pour celle que reçoit Aaron lui-même. Il est toutefois clairement spécifié que les fils d'Aaron furent oints de la même façon que leur père. Le mot employé pour désigner l'onction que reçoit Aaron est le même que celui qui sera utilisé pour désigner l'onction de Jésus par le Saint-Esprit. Il signifie « toucher avec de l'huile » et est utilisé quand il s'agit du « Fils de Dieu » aussi bien que lorsqu'il est question du « Grand-Prêtre » de ce même Dieu. Mais on utilise un mot moins « fort » quand l'onction est donnée à la « maison » d'Aaron ou à celle - l'Eglise - du Christ. Selon l'Écriture, la « manière « est la même dans les deux cas : il s'agit d'un simple « toucher » et non d'une friction. Après tout, du reste, l'onction n'est que le signe extérieur et visible d'une grâce intérieure et spirituelle. Saint Jacques déclare que c'est « la prière de la foi » qui sauve le malade (verset 15). Que nous ayons recours à l'onction d'huile ou à l'imposition des mains pour être guéris, c'est donc « la prière de la foi » qui importe avant tout. Nous sommes donc amenés par là-même à en faire l'objet de notre réflexion dans un nouveau chapitre. Avant d'y procéder, cependant, il nous faut mentionner encore un autre sacrement de la guérison, le plus grand de tous, celui du corps et du sang de Jésus-Christ.

Il y a quelque temps, une chrétienne pratiquante, qui était venue des confins de l'Empire (5) pour se faire opérer par un chirurgien de grand renom, méditait sur le thème de la communion lorsqu'elle fut frappée par les mots suivants de la liturgie : « garde (soigneusement) ton corps et ton âme ». Elle n'avait jamais auparavant remarqué que la grâce de la communion s'adressait aussi bien au corps qu'à l'âme. S'en étant fermement persuadée, elle communia dans cette conviction et y trouva la guérison, en sorte que l'intervention ne fut pas nécessaire.

Le sacrement de la cène revêt des aspects différents. Il est pour nous, en premier lieu, une « eucharistie », autrement dit un service d'actions de grâces ; il est aussi un mémorial, par lequel nous rappelons et proclamons la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il revienne ; il est enfin la quête par laquelle nous nous réclamons devant Dieu des grâces qui résultent pour nous du Sacrifice éternellement opérant de la Croix.

Quand en effet nous mangeons le pain et buvons le vin qu'il a voulus pour nous, nous participons au corps et au sang du Christ, qui, selon les termes de la liturgie anglicane, « sont en vérité et vraiment pris et reçus par les fidèles dans ce sacrement ». Nous sommes ainsi rendus participants au corps et au sang de Jésus pour que nos propres corps soient rendus un peu plus dignes de recevoir l'Esprit par lequel il veut les habiter pour en faire ses temples ; ou « pour que nos corps soient purifiés par son corps et nos âmes lavées par son sang, et qu'ainsi nous demeurions à jamais en lui, et lui en nous ».

Comment ce sacrement n'assurerait-il pas la guérison de ceux qui croient à l'Évangile intégral d'un salut intéressant l'esprit, l'âme et le corps ? Pourquoi nous attendrions-nous à recevoir la purification de l'âme, tout en ignorant celle du corps - ou sa guérison - alors que notre Seigneur accepte de mourir en croix pour rendre possible l'une et l'autre ? Le temple qu'il veut habiter ne devrait être souillé - ou détérioré - ni par le péché, ni par la maladie, car le Christ a voulu notre guérison comme il a voulu notre purification.


1 Citons à ce propos une expérience personnelle. Une surdité croissante de l'oreille gauche commençait à nous inquiéter, il y a de cela une dizaine d'années. Nous songions à consulter un spécialiste quand, avant de le faire, nous nous sentîmes un soir contraint de faire un acte de foi complet et de tout remettre à Dieu, avec une entière simplicité. Le lendemain, au réveil, toute trace de surdité avait disparu (rem. du traducteur). 

2 Considérées ici comme étant l'une et l'autre de nature sacramentelle, et utilisées dans l'Eglise des premiers siècles, comme signes et véhicules de la grâce spéciale de guérison (rem. du traducteur). 

3 Litt. : le canal de la grâce.

4 Litt. : canal.

5 Britannique.
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