Après avoir déblayé le terrain dans la mesure du possible, il s'agit maintenant de poser les fondements de notre édifice.
Nous trouvons les premiers
éléments de cette fondation au
chapitre 15 du livre de
l'EXODE,
versets 22 à
26.
Après le passage de la mer Rouge,
Moïse avait conduit les Israélites,
à travers le désert pendant trois
jours sans trouver d'eau. Physiquement, ils
devaient être à bout. Il leur fallait
de l'eau à tout prix ; sinon,
c'était la mort. Mais cette eau, quand ils
en trouvèrent (à Mara), était
amère et imbuvable. Or, il ne pouvait
être question de retourner en arrière.
Seule donc une intervention de Dieu pouvait les
sauver. L'Éternel alors indique à
Moïse le moyen de rendre douce l'eau de Mara.
Une fois de plus le peuple était
sauvé par la grâce de Dieu. Il lui
faisait aussi comprendre qu'il dépendait
entièrement de lui pour tout.
Il l'avait non seulement
délivré de l'oppression, mais il
assurait maintenant son existence
même.
Nous lisons ensuite que Dieu
« donna au peuple des préceptes et
des lois ». Les préceptes
étaient ceux du
« Royaume » et les lois, celles
de « l'Eglise ». Il s'agissait
d'ordonnances à la fois civiles et
ecclésiastiques. Les préceptes que
Dieu donna au peuple étaient des
préceptes d'hygiène
(1), auxquels
il
devait se soumettre : « Si tu
écoutes la voix de l'Éternel, ton
Dieu ; si tu accomplis ce qui est droit
à ses yeux ; si tu prêtes
l'oreille à ses ordres, et si tu observes
toutes ses lois, je ne t'infligerai aucun des maux
dont j'ai accablé
l'Égypte ». Mais si le peuple
refuse d'obéir, il sera accablé de
maux. Dieu se déclare le gardien de la
santé de son peuple : « je
suis l'Éternel, qui te
guérit ». La santé, de
toute évidence, est l'état normal du
peuple de Dieu, et la maladie est
considérée comme le résultat
de sa désobéissance - quelque chose
d'essentiellement mauvais.
Dieu veut donc pour son peuple la
santé du corps aussi bien que celle
(2) de
l'âme. En tant que père du peuple, il
veut lui-même le guérir. Il semble
donc bien qu'alors déjà, maladie et
maux divers étaient, de par leur origine et
leur nature mêmes, jugés
foncièrement mauvais.
La science peut fort bien
découvrir la cause profonde des maladies, et
mettre ensuite au point un traitement pour la
neutraliser ; mais le fait de faire remonter
la maladie à une infection microbienne ne
prouve en rien qu'elle ne soit
pas un mal en soi, ou le fruit du mal. Le Christ
lui-même n'a-t-il pas attribué
certaines maladies à l'intervention directe
du malin ? Il
« délivra » de la
fièvre la belle-mère de Pierre
(Mc.
1 : 31) et dit, en parlant
de la femme tenue ployée par une
infirmité pendant dix-huit ans, qu'elle
avait été « liée par
Satan »
(Luc
13 : 10-16).
Je pense au cas d'un jeune
garçon, malade depuis quinze jours environ
d'une affection que les médecins avaient
diagnostiquée : « grippe
gastro-intestinale ». J'avais prié
à son chevet, et lui avait imposé les
mains. Il s'était remis jusqu'à un
certain point, mais ce n'était pas vraiment
la guérison. Sa température restait
élevée. Pendant quatre jours, on lui
avait administré un fébrifuge, mais
sans résultat aucun. Le lendemain, alors que
je priais avec lui, je me sentis poussé
à lui imposer de nouveau les mains dans
l'intention expresse d'en chasser une puissance
mauvaise. Le soir même sa température
était tombée d'un degré, et,
le lendemain matin, elle était
normale.
Un cas analogue est celui d'une personne
qui ne se remettait que très lentement d'une
intervention chirurgicale. À nouveau, il me
fut montré qu'elle était comme
liée par une force noire. je lui imposai
donc les mains pour qu'elle fut
libérée, et comme, à partir de
ce moment, les progrès furent constants et
rapides, je n'eus plus aucun doute quant à
la nature de son mal.
Nombreux sont de nos jours ceux qui
refusent de croire à une force spirituelle
mauvaise toujours à l'oeuvre pour perdre les
âmes et les corps ; mais le Christ lui, qui en
savait
plus
long sur le monde invisible que tout ce que peuvent
nous en apprendre les plus sages investigations de
l'homme, parlait constamment - et agissait - de
façon à convaincre ceux qui le
suivaient que les forces noires sont une terrible
réalité. N'est-ce pas en somme pour
libérer l'homme de l'emprise de ces forces
qu'il se livra tout entier sur la Croix ? Dans
l'esprit de Paul, en tout cas, aucun doute ne
subsistait à ce sujet quand il
écrivait : « Ce n'est pas
contre la chair et le sang que nous avons à
lutter, mais contre les principautés, contre
les puissances, contre les princes de ce monde de
ténèbres, contre les forces
spirituelles malfaisantes répandues dans les
airs »
(Eph.
6 : 12).
Personne ne peut douter de cette
affirmation s'il a tant soit peu
l'expérience de la guérison divine.
Je connais d'ailleurs beaucoup de médecins
bien convaincus que l'aliénation mentale
relève souvent de la possession. On pourrait
dire la même chose de beaucoup de cas
d'épilepsie, sinon de tous. Personnellement,
je n'ai jamais si fortement éprouvé
la réalité de « forces
spirituelles malfaisantes » qu'en
présence d'un épileptique en pleine
crise. Après tout, si l'homme peut
être habité par l'Esprit de Dieu, qui
est le Saint-Esprit, est-il invraisemblable qu'il
puisse être en butte aux attaques d'esprits
malfaisants, si son coeur n'est pas tout à
Dieu ?
Passons maintenant à la seconde pièce maîtresse de notre fondation. Nous la trouvons dans Esaïe 53 : 4 :
- « C'est de nos maladies qu'il s'est chargé,
- Ce sont nos souffrances qu'il a portées... »
Ces paroles sont citées avec une
légère variante par saint Matthieu
pour bien marquer que Jésus les accomplit en
guérissant les malades : « le
soir venu, on lui amena plusieurs
démoniaques. Il chassa les mauvais esprits
par sa parole et guérit tous les malades.
Ainsi s'accomplit la parole du prophète
Esaïe : Il a pris nos infirmités
et s'est chargé de nos maladies »
(Matth.
8 : 16, 17).
Le verbe employé par le
prophète pour désigner la mission du
« Serviteur de
l'Éternel » est le même
quand il s'agit des maladies que lorsqu'il s'agit
des péchés : il portera - ou se
chargera de - nos maladies, comme aussi il portera
les - ou se chargera des - péchés de
beaucoup d'hommes (3) (verset
12).
Si le Christ porta nos maladies comme il
porta nos péchés - et l'emploi du
même verbe dans les deux cas le prouve
scripturairement - cela montre clairement qu'il se
solidarisa avec nous d'une façon absolue,
jusqu'à la substitution pratique, prouvant
ainsi que le fardeau de nos maladies était
partie intégrante de la rédemption
qu'il opérait en notre faveur
(4). Peut-on
vraiment douter que Dieu veuille nous guérir
de toute maladie ? Lors donc que nous allons
à lui pour être guéris, nous
n'implorons pas quelque chose qui ne soit pas dans
ses intentions à notre égard ;
nous ne faisons que nous mettre
au bénéfice de ce qui a
été accompli pour nous.
C'est ainsi que nous arrivons à
voir en Dieu, le Père plein d'amour qui a
donné son Fils unique afin de sauver les
hommes non seulement de leurs péchés,
mais aussi des conséquences
déplorables de ces péchés que
sont les maladies qui dégradent les corps
destinés à être des temples
qu'il veut lui-même habiter.
Le Christ Jésus, notre Seigneur,
Dieu révélé comme Fils, est le
Sauveur du corps aussi bien que de l'âme. Par
sa mort sur la Croix, il a détruit la
barrière dressée par le
péché, et qui nous séparait de
l'amour de Dieu. Il est ainsi devenu le canal par
lequel cet amour peut se répandre librement
sur nous.
Une troisième pierre essentielle aux
fondations que nous posons est mentionnée
dans Romains 8 : 11 : « Et si
l'Esprit de celui qui a ressuscité
Jésus d'entre les morts habite en vous,
celui qui a ressuscité le Christ
Jésus d'entre les morts donnera aussi la vie
à vos corps mortels par son esprit qui
habite en vous ». La clef de ce verset se
trouve dans les mots « corps
mortels ». Le terme grec ainsi traduit ne
saurait désigner des corps sans vie ;
il est toujours utilisé pour désigner
des corps vivants - soumis à la mort, bien
sûr, mais encore en vie. Il paraît
évident, par conséquent, que ce
verset ne fait pas allusion à la résurrection qu'on
attendait, mais bien plutôt à la
puissance du Saint-Esprit pour renouveler notre vie
par la grâce de Dieu. Du moment que le
Saint-Esprit a pu ranimer le corps sans vie de
Jésus, il peut sûrement renouveler la
vie de nos corps toujours vivants
(5).
C'est ainsi que Dieu en tant que
Père (6) nous apparaît comme la
Source de l'Amour qui guérit ; Dieu en
tant que Fils comme celui qui est venu
guérir, le Dispensateur de la grâce du
Père qui guérit ; Dieu en tant
que Saint-Esprit, enfin, comme la Puissance divine
qui met en évidence dans nos corps la vie de
guérison, en nous remplissant de la vie
abondante du Christ.
Nous avons là un roc contre
lequel tous les vents du scepticisme et tous les
torrents de l'incrédulité peuvent se
jeter sans l'ébranler. Peut-on imaginer que,
placé en présence du Christ, on
puisse lui dire : « Seigneur
Jésus-Christ, je crois que tu as
porté sur ta Croix les maladies de
l'humanité, mais je ne peux pas croire que
tu aies pu porter les miennes » ?
C'est parfaitement impensable.
Il en est, nous le savons, qui se demandent
parfois si, vraiment, ils ont part au pardon des
péchés. Ils s'imaginent en effet
avoir commis des péchés
irrémissibles.
En somme, cela n'arrive que rarement,
lorsque l'esprit est troublé de façon
à ne plus être en état
d'accepter en toute simplicité les claires
promesses divines ; ou lorsqu'on sombre dans
un égoïsme tel que le moi en est
hypertrophié au point de s'imaginer avoir pu
commettre un péché échappant
à l'efficacité de la
Rédemption.
Nous savons que le seul
péché irrémissible est le
péché contre le Saint-Esprit
(7).
Or, il ne
s'agit pas ici d'un « péché
particulier », qui serait d'une telle
gravité que Dieu ne voulût - ou ne
pût - l'effacer en réponse à
une repentance authentique. Il s'agit plutôt
d'un « état de
péché » qui consiste
à nier (ou à répudier)
l'action souveraine du Saint-Esprit ; -
péché irrémissible parce qu'on
s'y obstine sans repentance (8). Le
pardon réel
(effectivement reçu) implique la
pénitence ressentie et confessée
(contrition parfaite), et celle-ci ne saurait
être vraie que si l'on regrette et
répudie la faute commise. Il y faut une
« conviction de
péché » ressentie par le
« coeur », et seul le Saint-Esprit peut
convaincre
de
péché. Il s'en suit que la
négation - ou le rejet pratique - du
Saint-Esprit rend impossible la pénitence -
contrition et, par conséquent le pardon
effectif.
Puisqu'aussi bien le Christ a fait de la
guérison du corps, comme de celle de
l'âme, un élément essentiel de
son sacrifice rédempteur, il en
résulte qu'aucune maladie n'est incurable,
à moins qu'on refuse d'accepter pleinement
l'opération du Saint-Esprit. Ce n'est pas,
bien entendu, que nous ayons besoin du Saint-Esprit pour être
rendus
attentifs à la maladie ; mais lui seul
peut rendre efficace dans notre vie la grâce
qui guérit.
Outre cette vérité
essentielle sur laquelle édifier notre
construction : le Christ guérissait tous les malades qui
venaient à lui
dans la foi ; montrant ainsi clairement que la
maladie n'avait aucune place dans son
royaume : ... « Jésus de
Nazareth allait de lieu en lieu en faisant le bien
et en guérissant tous ceux qui
étaient sous l'emprise du diable »
(Actes
10 : 38). Nous voyons
qu'il donna mission à son Église de
poursuivre son oeuvre, promettant que l'imposition
des mains faite avec foi entraînerait la
guérison : « En
vérité, en vérité, je
vous le dis, celui qui croit en moi fera lui aussi,
les oeuvres que je fais, et il en fera même
de plus grandes... »
(Jean
14 : 12). Le livre des
Actes nous rapporte que le ministère de
guérison se poursuivit par les apôtres
et leurs collaborateurs.
Il nous est dit aussi que lorsque les
malades furent amenés à
Jérusalem des villes et des villages
environnants tous furent guéris (cf. Actes
5 : 16).
Et pourtant, il en est encore beaucoup
qui doutent. Nous comprenons maintenant qu'en
allant à Dieu pour être guéris,
nous n'avons pas à le supplier en tremblant
de manifester ses compassions et d'avoir
pitié de nous dans notre condition
misérable. Nous venons lui exprimer
l'assurance qui est la nôtre qu'il
veut nous guérir et lui demander la grâce de participer
à la pleine
gloire de sa Rédemption.
Nous ne venons pas le supplier de nous
accorder une grâce exceptionnelle, mais lui
demander de nous rendre aptes à recevoir ce
dont nous avons besoin : la grâce qui
émane constamment de lui.
Nous venons donc, non pour
quémander, mais pour recevoir, et
nous avons essentiellement besoin d'apprendre comment on
reçoit.
C'est ce qui fera l'objet des chapitres
qui suivent. Nous verrons d'abord les moyens de
recevoir ce que le Maître a prévu
lui-même ; ensuite ce que doivent
être de notre part les dispositions du coeur
et de l'esprit.
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