Voix Chrétiennes dans la
Tourmente
VIE POUR VIE
Pasteur A. -N. BERTRAND
16 Novembre 1941
LECTURES BIBLIQUES
Vous avez entendu qu'il a
été dit : « Oeil pour
oeil et dent pour dent » ; Eh bien,
je vous dis, moi : ne résistez point au
méchant ; au contraire, si quelqu'un te
frappe à la joue droite, présente-lui
aussi l'autre. Si quelqu'un veut t'appeler en
justice et t'enlever ta tunique, abandonne-lui le
manteau, et si quelqu'un veut te faire faire une
corvée d'un mille, fais-en deux pour lui.
À qui te demande donne et de qui veut
t'emprunter ne te détourne pas.
ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU,
CH. V, V. 36 A 42.
Nous voulons vous informer, frères, de
la grâce que Dieu a faite aux Églises
de Macédoine ; au milieu de beaucoup
d'afflictions et d'épreuves, leur joie
immense et leur pauvreté Profonde ont
produit, à profusion, de riches
libéralités... Excellez aussi dans
cette oeuvre de charité. Ce n'est pas un
ordre que je vous donne, je vous cite seulement le
zèle des autres pour éprouver la
sincérité de votre amour, car vous
connaissez la grâce de Notre Seigneur
Jésus-Christ qui, étant riche, s'est
fait pauvre à cause de vous, afin de vous
rendre riches par sa pauvreté...
Quand on donne de bon coeur, suivant ce
qu'on a, on est agréable à
Dieu ; il ne demande pas ce qu'on n'a pas, car
il ne s'agit pas de nous mettre dans la gêne
pour mettre les autres à l'aise...
L'accomplissement de cette oeuvre sainte
n'aura pas seulement pour effet de subvenir aux
besoins des saints, mais encore il y aura un
excédent qui consistera en de ferventes
actions de grâces rendues à
Dieu ; ils le glorifieront parce que votre
secours aura prouvé votre soumission, votre
adhésion à l'Évangile du
Christ, votre libéralité, votre
communion avec eux et avec tous.
II.
CORINTHIENS, CH. VIII ET IX.
(N. B. - Le sermon inspiré par ces textes
a été prêché à
l'occasion de la grande Collecte annuelle en faveur
des oeuvres charitables de l'Eglise.)
D'après l'Évangile selon
saint Matthieu,
chapitre V, verset 38, Jésus
dit : Vous avez entendu qu'il a
été dit aux anciens :
« Oeil pour oeil, dent pour
dent » mais Moi...
Et si nous voulons savoir se qui a
été dit aux anciens, lisons dans le
Livre de l'Exode, au
chapitre XXI, Verset 24 :
« Tu donneras vie pour vie, oeil pour
oeil, dent pour dent, main pour main, pied pour
pied, brûlure pour brûlure,
meurtrissure pour meurtrissure. »
La protestation de Jésus contre
cette parole en a fait l'expression classique d'une
attitude exactement opposée à celle
que Dieu attend du chrétien ; et la
lugubre énumération du Livre de
l'Exode, avec son sinistre début :
Vie pour vie ! nous introduit dans
une
atmosphère d'implacable et minutieuse
vengeance, qui paraît irrespirable à
quiconque a senti passer sur son front le souffle
des Béatitudes. Et cependant, une loi qui
limite exactement la vengeance, qui lui interdit de
dépasser l'offense et de réclamer
plus d'une vie pour une vie, est à des
hauteurs vertigineuses au-dessus de ce que nous
osons appeler « notre
civilisation ». L'abîme dans lequel
le monde est en train de sombrer, et nous avec lui,
est profond et sombre à ce point que nous en
venons à regretter ce que Jésus,
condamnait cependant comme
intolérable ; et trente-cinq
siècles de régression nous
laisseraient encore en progrès sur
aujourd'hui.
Cependant le chrétien ferait bien
de réfléchir à ce qu'il y a
parfois de pharisaïque dans certaines
indignations ; la douleur
est à nous, souffrir est notre domaine, et
nul n'a le droit de nous en chasser ; mais le
jugement demande un peu plus de prudence, car
à bien considérer les choses, c'est
notre monde tout entier qui est construit, et
depuis longtemps, sur un mépris à
peine dissimulé de la vie humaine, sur un
système où la rude justice du
« vie pour vie » n'est
même pas observée. Ceux qui disposent,
par exemple, du pouvoir de l'argent, se sont-ils
demandé parfois devant Dieu combien de vies
humaines s'étaient dépensées
pour entretenir leur propre vie ; et non pas
même leur vie, qui est en tant que
création de Dieu une chose précieuse,
mais cette vanité sans valeur profonde qui
s'appelle leur luxe ou leur bien-être ?
Et pour ne point paraître accuser
les autres plus que nous-mêmes, disons que
tous ceux parmi nous qui possèdent un niveau
de vie supérieur à ce qui est
strictement nécessaire au
développement de leur personnalité,
devraient songer, oui, vous et moi devrions songer
que cela se paie avec d'autres vies qui s'usent
dans un effort désespéré pour
s'assurer le nécessaire ; en sorte que
notre vie se construit avec d'autres vies d'hommes,
de femmes, d'enfants peut-être, sans le
sacrifice desquelles nous n'aurions pas ce superflu
que nous regrettons si âprement de voir
diminuer chaque jour. Combien de vies pour notre
vie ? Ah ! lorsqu'on est engagé
dans cette comptabilité diabolique, c'est
avec une joie libératrice que l'on entend
éclater en soi-même, comme un
écho à la parole du Christ, 4 voix
qui dit : « Tu sais bien que pour
les anciens il a été dit : vie
pour vie ; mais toi ? » Oui,
nous, quelle position prendrons-nous dans ce jeu
tragique où chaque point que l'on gagne ou
que l'on perd représente une vie
humaine ?
Que dit Jésus ? Nous savons
ce qu'on a dit aux anciens ; mais pour nous,
que veut-Il ? - Nous n'entrerons pas
aujourd'hui dans l'examen détaillé de
sa réponse telle que la rapportent nos
Évangiles. Nous n'aborderons pas de front la
troublante parole : « Ne
résistez pas au
méchant » ; l'examiner
aujourd'hui n'est pas notre propos ; c'est
vers d'autres éléments de la
réponse que s'oriente notre
méditation, et d'ailleurs nous n'avons
peut-être pas, dans les circonstances
présentes, la liberté d'esprit -
j'entends la liberté
intérieure - nécessaire pour examiner
sans parti pris une pareille question. Mais dans
l'ensemble de l'attitude prise par Jésus,
nous discernerons facilement deux points : une
chose qu'Il veut ruiner en nous, et une chose qu'Il
veut construire en nous.
Jésus veut d'abord ruiner en nous cet
abominable esprit de calcul, cette
comptabilité funèbre par laquelle
nous nous croyons autorisés à tenir
constamment le compte des services que nous avons
rendus aux autres, et par conséquent de ceux
que nous sommes en droit d'attendre d'eux, et
inversement le compte des plaies, des coups et
meurtrissures que les autres nous ont
infligés et que nous sommes donc en droit de
leur rendre à notre tour. Ce que
Jésus veut ruiner, c'est cet esprit de
« vie pour vie »,
« dent pour dent », cet esprit
qui a fini par dresser les hommes les uns contre
les autres et par faire de notre soi-disant
humanité une horde de bêtes fauves qui
'a pris pour devise : « Vie pour
vie ! » ; si bien que les uns
se demandent aujourd'hui : « Combien
de vies nous a-t-on prises et combien de vies
prendrons-nous donc ? », tandis que
les autres calculent : « Combien de
vies prendrons-nous demain pour chaque vie
arrachée aujourd'hui à notre
impuissance ? »
Si vraiment l'humanité droit
sortir un jour de ce cercle infernal, il faut
qu'elle écoute la voix du Christ. Et si dans
un semblable état du monde, la chaire
chrétienne demeure muette, qui donc prendra
la parole pour dire qu'à tout prix il faut
échapper à cette hantise
démoniaque de la vengeance ? Ce que
Jésus veut briser tout d'abord, c'est cela,
quand même ses disciples devraient être
frappés une seconde fois sur l'autre joue.
Dans le monde où nous vivons, le
Maître ne nous demande pas seulement un
effort intérieur ; c'est très
bien de se réfugier dans la douceur de
l'amour divin, de l'amour pour les frères,
de se mettre au-dessus de la mêlée, de
contempler de loin la folie des, hommes, comme si
nous étions établis dans une sagesse
supérieure ou dans la sainteté ;
mais Jésus n'est pas venu pour nous
séparer du monde, pour
nous faire évader de cet enfer. Celui qui a
hérité des prophètes la
prédication du Royaume de Dieu, sait que son
oeuvre, doit être poursuivie là, au
milieu des hommes, et c'est là aussi qu'Il
nous appelle à travailler, à lutter,
à souffrir et à vaincre.
Ce que Jésus demande de nous,
c'est à la fois une oeuvre collective et une
oeuvre individuelle. Jésus n'est pas venu
pour sauver les âmes une à une, comme
si chacun de nous était isolé du
monde et n'avait rien à faire avec lui
qu'à s'en évader si possible ;
Jésus sait que chaque âme individuelle
ne forme pas un tout par elle-même et ne peut
réaliser sa véritable destinée
que si elle est enracinée dans cette
humanité pour laquelle Il a souffert, pour
laquelle Il est mort, et au milieu de laquelle
aussi nous-mêmes devons rester. Ce que
Jésus veut, c'est créer entre les
hommes et entre les peuples des relations
nouvelles, en dehors desquelles, nous le voyons
bien aujourd'hui, la vie est impossible.
Mais pour cette oeuvre collective,
Jésus demande d'abord de chacun de nous un
coeur nouveau ; Il sait que ce qui manque
à l'humanité, ce ne sont ni les
cadres ni les lois ni les chefs : ce sont les
hommes. Il faut d'abord que chacun de nous
reçoive de Lui un coeur nouveau, afin de
pouvoir créer autour de soi un monde
nouveau. Et c'est à cause du
caractère nécessairement personnel de
ce message, qu'il n'est pas inutile de
l'évoquer dans une assemblée comme la
nôtre, qui reste sans influence sur
l'histoire du monde, où ce qui se dit ne
dépasse pas les limites silencieuses de
notre sanctuaire, mais où pourtant la Parole
peut être méditée avec fruit,
parce qu'il faut d'abord que les coeurs soient
changés pour que le monde puisse être
changé lui-même, - sans quoi rien de
nouveau ne pourra naître.
Jésus ne
s'intéressé pas seulement aux grands
ensembles, aux nations et à leurs
chefs ; Il s'intéresse à chacun
de nous, à vous, à moi, à
chacune de nos humbles existences avec son humble
devoir. Et là aussi Il veut que nous
portions un esprit de
générosité qui dépasse
la préoccupation du « doit et
avoir ». Il ne veut pas que nous nous
établissions sur le plan : bonté
pour bonté, mépris pour
mépris, indifférence
pour indifférence. Ce
qu'Il veut ruiner en nous, c'est cette peur si
fréquente d'en faire trop, de donner plus
qu'on ne nous donne, d'être « trop
bon », comme on dit ; c'est la manie
de nous tenir toujours sur la défensive, de
compter, comme des usuriers des valeurs morales, si
l'on nous a bien rendu autant de reconnaissance que
nous avons donné de dévouement, et si
nous avons bien rendu autant de colère qu'on
nous a témoigné d'inimitié. Ce
perpétuel « donnant
donnant », qui s'applique au bien comme
au mal, aux coups reçus comme aux services
rendus, mais toujours à notre avantage,
voilà ce que Jésus veut ruiner en
nous, car c'est aux anciens que convient la
maxime : amour pour amour, haine pour haine et
vie pour vie.
Vie pour vie ! Sur cette
terrible
formule, Jésus n'a-t-il qu'une chose
à nous dire, c'est qu'il faut la
répudier ? Ne semble-t-il pas
qu'envisagée d'un autre point de vue, elle
prendrait facilement une signification
évangélique ? Jésus, en
effet, ne se préoccupe pas seulement de
ruiner mais de construire, de rejeter une
conception imparfaite mais de nous orienter vers
une conception féconde. Il ne se contente
pas de condamner ce que nous avons appelé
une comptabilité funèbre, Il la
retourne en quelque sorte, et d'une arme de mort,
Il fait une arme de salut et de vie.
Car la grande idée
chrétienne, le fond éternel de
l'Évangile du salut, c'est qu'une vie
donnée n'est pas une vie perdue mais une vie
fécondée, c'est que le sacrifice
n'est pas un saut dans le néant mais une
ascension vers les sommets de l'être c'est
que par une vie donnée beaucoup de vies
peuvent être sauvées. Alors pourquoi
la maxime Vie pour vie ne serait-elle pas à
la base du salut et de son principe, l'amour ?
On l'envisage toujours comme étant la mesure
de la haine, comme s'il s'agissait de prendre des
vies et de les détruire ; mais elle
peut être aussi la mesure de l'amour,
puisqu'il peut s'agir de donner sa vie pour en
sauver d'autres ; elle n'évoque pas
toujours le poing levé sur l'ennemi, mais
aussi la main tendue vers l'ami
à qui on ne peut pas témoigner d'un
plus grand amour que de donner sa vie pour
lui.
Ainsi se profile devant nous le visage
de notre devoir chrétien, de ce que
Jésus veut construire en nous : donner
d'abord, créer aux autres des dettes envers
nous, avec la ferme résolution de n'en
jamais réclamer le paiement ;
réaliser ainsi dans le domaine des
réalités de l'Esprit la parole de
Jésus : Donne à qui te
demande et ne te détourne pas de qui veut
t'emprunter ; donner notre vie comme une
semence de salut, afin que Dieu moissonne aussi
dès vies renouvelées, des vies
sauvées. Vie pour vie : donner sa vie
pour créer la vie. C'est déjà
le devoir dans l'ordre des choses humaines ;
et parfois même ce devoir se traduit avec un
réalisme atroce, quand les pères
donnent leur vie pour la vie de leurs enfants ou
les fils pour celle de leur mère. Partout et
dans tous les sens du terme, du plus naturel au
plus divin, la vie donnée est un
élément de salut, le sacrifice est
une semence de vie nouvelle.
Mais surtout se profile ici devant nous
le visage de notre gratitude et de notre foi. Vie
pour vie ! Cette vie que je porte en moi,
frémissante et sans cesse s'efforçant
de déployer ses ailes pour monter
jusqu'à Dieu, cette vie issue de
Jésus-Christ qui me ramène à
Lui malgré le poids de mes
infidélités et de mes misères,
d'où vient-elle ? N'est-ce pas de sa
vie donnée, de son corps brisé, de
son sang répandu ? Vie pour vie :
quelle réplique chrétienne à
la dure parole israélite !
L'histoire du monde nous apparaît
ici sous la forme d'un triptyque ; sur le
panneau central se dresse la Croix du Calvaire, et
sur l'un et l'autre volet s'inscrit la même
devise: Vie pour vie ; mais ici la
haine réclame une vie pour la
détruire, tandis que là un amour
vainqueur réclame une vie pour la
sauver ; ici la mort exige sa proie et c'est
le Crucifié qui lui est offert en
holocauste, et là une vie éternelle,
innombrable, est éveillée par la vie
donnée du Crucifié. Vie pour
vie ! Parole de haine qui conduit le Christ
à la Croix ; parole d'amour qui par la
Croix transforme le monde.
Alors le devoir et la foi se
rencontrent ; ils s'engendrent
l'un l'autre par un
merveilleux
enfantement : puisque Christ a donné sa
vie pour moi, pourquoi moi aussi ne donnerais-je
pas ma vie pour que les autres soient sauvés
comme j'ai été sauvé
moi-même ? Cette société
des âmes fondée sur le don
réciproque de l'amour, voilà ce que
Jésus veut construire. Le chemin du salut
est toujours marqué par une croix ; au
point de départ d'une vie sauvée, il
y a toujours une vie donnée : Vie
pour vie.
Arrêtons-nous, mes Frères, sur ce
sommet et contemplons ensemble le spectacle qui se
déroule à nos pieds. Paris, la ville
captive, la ville douloureuse, Paris qui a froid,
Paris qui a faim ; et dans l'immensité
de cette ville, quelques hommes, quelques femmes,
quelques enfants qui comptent sur nous pour que le
dur hiver leur soit un peu moins cruel. Une vie a
été donnée pour nous, et que
nous demande-t-on en échange ? Vie pour
vie ? Non, on ne vous demande pas votre vie,
on vous demande un peu d'argent, pas de quoi
vous mettre dans la gêne, dit saint Paul
avec sa simplicité coutumière,
seulement de quoi soulager un peu la gêne
d'autrui. En vérité, la disproportion
est si grande entre ce que nous avons reçu
et ce qu'on nous demande, que quelques-uns d'entre
vous seront peut-être choqués par ce
rapprochement.l'un l'autre par un merveilleux
enfantement : puisque Christ a donné sa
vie pour moi, pourquoi moi aussi ne donnerais-je
pas ma vie pour que les autres soient sauvés
comme j'ai été sauvé
moi-même ? Cette société
des âmes fondée sur le don
réciproque de l'amour, voilà ce que
Jésus veut construire. Le chemin du salut
est toujours marqué par une croix ; au
point de départ d'une vie sauvée, il
y a toujours une vie donnée : Vie pour
vie.
L'Eglise ainsi a souvent eu peur de la
question d'argent ; elle n'ose pas en parler
parce qu'elle ne sait pas en parler ; elle la
considère comme au-dessous d'elle parce
qu'elle ne sait pas la poser à la hauteur
voulue. La question du don n'est pas indigne
d'être portée dans la chaire de
l'Oratoire ; sans quoi saint Paul, qui
était, je suppose, quelque chose de plus
qu'un pasteur de l'Oratoire, lui aurait-il
consacré deux chapitres entiers dans sa
seconde Lettre aux Corinthiens ? Il ne craint
pas, lui, de rapprocher le don qu'il réclame
du don ineffable que nous avons reçu en
Jésus-Christ : Vous connaissez la
grâce que nous avons reçue de Notre
Seigneur Jésus-Christ, qui étant
riche s'est fait pauvre, afin que par sa
pauvreté nous soyons enrichis. Il a
osé écrire, avec le
magnifique optimisme de
l'amour,
que le don n'avait pas seulement pour celui qui le
recevait une valeur matérielle, mais qu'il
engendrait en lui la reconnaissance, l'action de
grâces et la foi, car le don venu de l'Esprit
engendre l'Esprit, inspiré par la vie il
engendre la vie, Vie pour vie...
Vous avez entendu les trois principes
par lesquels l'apôtre veut nous guider dans
la fixation de notre don. Il veut que l'on donne
de bon coeur, ce qui est la
définition de toute
générosité authentique ;
suivant ce que l'on a, ce qui fixe la limite
raisonnable de notre don ; et selon la
mesure de la générosité du
Christ, ce qui nous entraîne
par-delà le
« raisonnable » vers les
horizons d'une générosité
illimitée, - la
générosité du Christ.
Dieu veuille que renonçant
à toute comptabilité, à toute
réciproque, nous donnions aujourd'hui, non
selon la mesure de ce que les hommes ont fait pour
nous, mais selon les grâces que Dieu nous a
accordées en nous éveillant à
la Vie. Ainsi nous retrouverons ensemble la
signification donnée par la Croix du Christ
à la sombre formule devenue un principe de
joyeuse générosité : vie
pour vie, c'est-à-dire amour pour
amour.
À Celui qui nous a aimés
et qui nous a appelés à la vie, soit
honneur, louange et gloire aux siècles des
siècles.
Amen.
|