Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE IX

Conversation avec le perdu

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 Cette malheureuse âme avait à peine fini de parler qu'elle fut de nouveau tourmentée par une furie infernale qui l'engagea à cesser de se plaindre, car c'était en vain. « D'ailleurs, dit-elle, sais-tu que tu as mérité tout cela ? Combien de fois t'en a-t-on parlé avant, mais n'as-tu pas voulu y croire ? Tu te moquais de ceux qui te parlaient d'un enfer. Que dis-je ? tu étais si présomptueux et défiais la justice du Tout-Puissant en lui demandant de t'anéantir. Combien de fois as-tu provoqué Dieu à te damner ? Et tu te plains qu'il ait été répondu à tes désirs ? N'est-il pas insensé qu'après avoir si souvent appelé la damnation, il te soit si pénible d'y être assujetti ?

Le salut t'était offert personnellement, et tu l'as refusé ; et quelle est ton audace de te plaindre d'être damné ? J'aurais davantage de raisons de me plaindre que toi, car un long temps de repentance t'a été accordé ; moi, je fus livré à l'enfer dès que j'eus péché. Le salut t'a été offert, ainsi que le pardon et l'oubli ; moi, aucune miséricorde ne m'a été offerte, mais dès que j'eus péché, je fus condamné au châtiment éternel. Si le salut m'avait été offert, je ne l'aurais pas méprisé comme tu l'as fait. Et il aurait été meilleur pour toi que cette offre ne t'ait jamais été faite ; car alors, la damnation aurait été plus facile pour toi. Qui penses-tu qui pourrait avoir pitié de toi, qui t'es damné malgré le ciel lui-même ? »

Ceci fit crier le malheureux. « Oh ! ne continue pas à me tourmenter ainsi, je sais que j'ai causé moi-même ma perte. Oh ! que je puisse l'oublier ! La pensée que j'en ai est ici ma plus grande plaie. J'aurais voulu être damné, et c'est pourquoi je suis justement ainsi ».

Alors, se tournant vers le démon qui le torturait il dit : « Mais c'est à cause de tes tentations, démon maudit ! C'est toi qui me tentais à commettre tous les péchés dont je me suis rendu coupable, et tu me le reproches maintenant ? Tu dis que jamais un Sauveur ne t'a été offert, mais rappelle-toi que tu n'as jamais eu de tentateur non plus, tandis que j'en ai eu continuellement un, et c'était toi ! »

À ceci, le démon répondit avec mépris : « J'avoue que c'était ma mission de t'attirer ici, et souvent, tes prédicateurs te l'ont dit. Ils t'ont dit assez clairement que nous cherchions ta ruine et rôdions continuellement tels des lions rugissants, cherchant qui ils pourraient dévorer, et j'ai souvent été effrayé en voyant que vous pouviez les croire, comme plusieurs l'ont fait, à notre grand désappointement. Mais tu as voulu faire en sorte que nous t'ayons, et puisque tu as fait notre travail, Il est raisonnable que nous te payions ton salaire ». Et alors, le démon le tourmenta de nouveau ce qui le fit rugir si horriblement que je ne pus rester plus longtemps à l'écouter et nous nous en allâmes.

« Combien est funeste, dis-je à mon guide, l'état de ces âmes damnées. Elles sont les esclaves du diable pendant qu'elles sont sur la terre et Il avoue qu'il les tourmente pour cela quand elles viennent en enfer. »

« La malice des démons dirigée contre toute la race d'Adam est extrêmement grande, dit mon guide. Et parce que beaucoup d'âmes sont ignorantes de leurs ruses, Ils réussissent à les engager dans la perdition éternelle ; Et comment ils les traitent ici pour avoir prêté attention à leurs tentations, tu l'as déjà vu et tu le verras encore davantage bientôt ».

Passant un peu plus loin, nous vîmes une multitude d'âmes damnées rassemblées, grinçant des dents dans une extrême rage et une extrême douleur, tandis que des démons les tourmentaient assistés d'une Furie infernale qui versait continuellement sur eux du feu liquide et du soufre ; ces damnés pendant ce temps maudissaient Dieu, et ceux qui étaient au-dessus d'eux blasphémaient d'une manière effroyable. Je ne pu m'empêcher de demander à un démon qui les tourmentait qui étaient ceux qu'il traitait si cruellement.

Il me dit : « Ce sont ceux qui le méritent bien. Ce sont ces misérables maudits qui voulaient enseigner aux autres le droit chemin pour arriver au ciel, tandis qu'eux-mêmes chérissaient tellement l'enfer qu'ils sont venus ici. Ce sont ces âmes qui ont été les grands agents de l'enfer sur la terre, et c'est pourquoi elles méritent une particulière attention en enfer. Nous employons tous nos soins à donner à chacun d'eux sa plus grande part de tourments : qu'ils soient assurés d'en avoir une pleine mesure ! car ils ont non seulement à répondre pour leurs propres péchés, mais aussi pour les âmes qu'ils ont égarées à la fois par leur doctrine et par leurs exemples ».

Je dis : « Parce qu'ils ont été de ni bons pourvoyeurs de l'enfer, comme tu dis, il me semble que la reconnaissance devrait vous obliger à les traiter avec un peu plus de bonté ».

À mes paroles, ce démon impudent répondit d'une manière dédaigneuse. « Ceux qui espèrent de la gratitude de la part des démons ont tort ; la reconnaissance est une vertu et nous haïssons toute vertu et nous professons contre elles une inimitié sans bornes. D'autre part, nous haïssons toute l'humanité et si c'était en notre pouvoir, aucun homme ne serait heureux. Il est vrai que nous ne leur parlons pas ainsi sur la terre, car c'est notre travail de les flatter et de les abuser ; mais quand nous les avons ici où ils sont suffisamment attachés (car DE L'ENFER, IL N'Y A PAS DE RACHAT) nous les convainquons bientôt de la folie qu'ils ont eue de nous croire ».

De l'explication donnée par ce démon ainsi que d'autres, je ne pus que considérer la grâce indicible et infinie par laquelle les pauvres pécheurs sont amenés au ciel, et réfléchir au nombre de pièges et d'appâts déposés par l'Ennemi des âmes pour les attraper le long du chemin ; c'est pourquoi le Fils béni de Dieu a réalisé une oeuvre de si grande valeur en sauvant Son peuple de ses péchés, en le délivrant de la colère à venir. Mais c'est une folie inconcevable et de la démence pour l'homme de refuser les offres de Sa grâce et de se joindre au Destructeur.

Continuant un peu plus loin, j'entendis un maudit se lamenter sur un ton accablant au sujet des hommes qui l'avaient entraîné en ce lieu :

« J'ai su, dit-il, par ceux de qui je dépendais et qui pensais-je, pouvaient me renseigner. exactement, que si je disais seulement : Seigneur, aie pitié de moi quand j'allais mourir, c'était suffisant pour me sauver. Mais, oh ! combien je me suis trouvé trompé misérablement, à mon chagrin éternel ! Hélas ! j'ai crié : miséricorde à mon lit de mort et ai trouvé que c'était trop tard. Ce maudit démon qui m'avait dit alors que je serais suffisamment sauvé, m'a dit ensuite que ce serait trop tard et que l'enfer devait être mon partage ! »

« Tu vois que je t'ai bien dit la vérité, finalement, dit le diable et alors, tu ne voudrais pas me croire. Une très jolie affaire, penses-tu Tu as passé tes jours dans la poursuite du péché, tu t'es vautré dans la boue et tu voudrais aller au ciel après ta mort ! Qui donc, à moins d'être fou, penserait qu'il pourrait jamais en être ainsi ? Non ! celui qui, sérieusement, entend aller au ciel après sa mort doit marcher, tandis qu'il vit, dans les chemins de la sainteté et de la vertu. Tu dis que certains de tes compagnons de débauche t'ont enseigné qu'en disant à ta dernière heure : Seigneur, aie pitié de moi, c'était suffisant pour ton salut. Très belle excuse ! Tu aurais pu savoir, si tu t'étais seulement donné le loisir de lire la Bible, que : Sans la sanctification, nul ne verra le Seigneur. C'est pourquoi voici ce dont il s'agit : tu as voulu vivre dans tes péchés aussi longtemps que tu as pu, tu ne les as pas quittés à la fin parce que tu ne les aimais plus, mais parce que tu ne pouvais pas les pratiquer plus longtemps. Et tu sais que c'est vrai. Et pourrais-tu avoir l'impudence de penser aller au ciel avec l'amour du péché dans ton coeur ? Non, non. Il n'en est pas question. TU as été assez souvent averti pour faire attention à ne pas être déçu, car Dieu ne veut pas qu'on se moque de Lui, mais ce que tu as semé, tu dois aussi le récolter. Aussi, tu n'as pas raison de te plaindre d'autre chose que de ta propre folie, si tu vois que maintenant, il est trop tard ».

« Ce discours du démon est poignant pour le pauvre malheureux tourmenté », dis-je à mon guide et se rapporte au cas de beaucoup d'âmes qui sont actuellement sur la terre aussi bien, qu'à celles qui sont en enfer. Mais oh ! combien elles doivent juger autrement dans le triste état où elles sont, que lorsqu'elles étaient sur la terre ! »

« La raison en est, répondit mon ange gardien, qu'elles n'ont pas voulu tenir compte de ce que serait l'effet du péché, ni quel mal il représente, pendant qu'elles étaient sur terre. C'est cette étourderie qui cause la perte de milliers de personnes qui ne prennent pas garde à ce qu'elles font, ni où elles vont jusqu'à ce qu'il soit trop tard pour apporter un remède à la situation.





CHAPITRE X

Un Athée en enfer

Nous n'étions pas allés beaucoup loin que déjà, nous en entendions un autre qui se tourmentait et accroissait sa propre misère en pensant au bonheur des âmes rachetées.

Notre attention fut détournée de prêter l'oreille plus longtemps aux douloureuses réflexions personnelles de cette pauvre créature perdue en voyant un grand nombre de démons frappant sans arrêt une troupe nombreuse d'âmes misérables avec des fouets à noeuds d'acier brûlant ; tandis qu'ils rugissaient avec des cris si perçants et si lamentables, je pensais qu'un peu de pitié pourrait être mêlée à la cruauté elle-même, ce qui me fit dire à un des bourreaux : « Oh ! arrête ta main, et n'agis pas aussi cruellement envers ceux qui sont vos camarades, et que, peut-être, vous avez vous-mêmes entraînés dans toute cette misère ! »

« Non, répondit le tourmenteur, très poliment ; bien que nous soyons suffisamment mauvais, aucun démon, cependant, ne l'est autant qu'eux, ni ne s'est rendu coupable d'autant de crimes que ceux-ci. Car nous savons tous qu'il y a un Dieu, bien que nous le haïssions. Mais ceux-ci n'ont jamais voulu reconnaître (tant qu'ils ne sont pas venus ici) qu'il y avait un tel Être ».

« Alors, dis-je, ce sont des athées. Une misérable sorte d'hommes, vraiment et qui aurait aimé me perdre, si la Grâce éternelle ne l'avait évité ».

J'avais à peine fini de parler que l'un des malheureux torturés cria d'un accent plein de tristesse : « Assurément, je connais cette voix ce doit être Epenetus ».

Je fus étonné d'entendre prononcer mon nom par quelqu'un de la troupe infernale ; c'est pourquoi, désireux de savoir qui c'était, je répondis : « Oui, je suis Epenetus ; mais qui es-tu, dans ce triste état de perdition, pour que tu me connaisses ? »

L'inconnu damné répondit :
« Je t'ai bien connu sur la terre, et je t'avais presque persuadé de partager mon opinion. Je suis l'auteur du livre célèbre dont le titre est si bien connu : Léviathan ».

« Quoi ! le grand Hobbs dis-je. Es-tu ici ? Ta voix est si changée que je ne l'ai pas reconnue ».

« Hélas ! répondit-il, je suis cet homme malheureux, en vérité. Mais je suis si loin d'être grand que je suis l'un des plus misérables en ces territoires couverts de suie. Rien d'étonnant que ma voix soit changée, car maintenant, je suis changé dans mes principes, mais trop tard pour que ce changement m'apporte un bien. Car maintenant, je sais qu'il y a un Dieu. Mais, oh ! je souhaiterais qu'il n'existât pas, car je suis sûr qu'il n'aura pas pitié de moi, et il n'y a pas de raison pour qu'il en éprouve. Je confesse que je fus son ennemi sur la terre, et maintenant, Il est le mien en enfer. C'est cette malheureuse confiance que j'ai eue dans ma sagesse propre qui m'a conduit Ici ».

« Ta situation est misérable et, cependant, il est nécessaire et juste que tu souffres. Car, combien tu as été habile à persuader les autres et ainsi à les inclure dans la même damnation ! Personne ne peut le savoir plus que moi, qui ai presque été pris au piège, risquant d'être perdu à jamais ».

« C'est cela, dit-il, qui me perce le coeur, quand je pense à tous ceux qui se sont perdus à cause de moi. J'ai eu peur, d'abord, quand j'ai entendu ta voix, que tu sois frappé du même châtiment. Non pas que je puisse désirer le bonheur de quelqu'un, car c'est ma plaie de penser que certains sont heureux tandis que je suis, moi, misérable ; mais parce que chaque âme conduite ici, séduite qu'elle a été par mes écrits pendant qu'elle était sur terre, redouble mes souffrances en enfer ».

« Mais, dis-moi, car je suis bien aise d'être renseigné, et tu peux le faire : croyais-tu vraiment, quand tu étais sur la terre, qu'il n'y avait pas de Dieu ? As-tu pu imaginer que le monde s'était fait lui-même ? et que les créatures s'étaient produites elles-mêmes ? N'as-tu pas entendu quelques chuchotements dans ton âme te dire qu'un autre t'avait fait, et non pas toi-même ? Et n'as-tu jamais eu aucun doute sur cette question ? J'ai souvent entendu dire que, bien que beaucoup professent qu'il n'y a pas de Dieu, pas un ne le pense ; et il serait étrange que, parce qu'il n'y en a pas un, qu'ils puissent porter en eux un témoin pour ce Dieu qu'ils nient. Tu peux dire si c'est oui ou non, et tu n'as plus de raison, maintenant, pour celer tes sentiments ».

« Je ne le désire pas non plus, Epenetus, répondit-il, bien que mes remords soient renouvelés quand je pense à ces choses. Au début, j'ai cru qu'il y avait un Dieu, mais plus tard, tombant dans le péché et dans la mauvaise conduite qui m'exposaient à sa colère, j'eus quelque espoir secret que Dieu n'existait pas. Car Il est impossible de concevoir qu'il y ait un Dieu sans penser en même temps qu'il est juste et droit, et, en conséquence, qu'Il est obligé de punir ceux qui transgressent Sa loi.

Ceci étant, j'avais conscience d'être moi-même exposé à Sa justice, ce qui me le fit haïr, et me fit désirer qu'il n'existât pas. Mais continuant de me conduire mal, et trouvant que la justice ne m'atteignait point, je commençai d'espérer qu'il n'y ait vraiment pas de Dieu ; cet espoir me conduisit à forger dans ma conscience des idées conformes à ce que je souhaitais. Et ainsi, ayant organisé dans ma propre pensée un nouveau système de l'origine du monde excluant dès lors l'existence d'une Divinité, je me trouvai si fier de ces notions nouvelles qu'elles s'accréditèrent dans mon esprit qui s'efforça alors de les imposer à l'esprit des autres. Mais avant d'atteindre à un tel degré, je dois avouer que je trouvai plusieurs objections dans ma propre conscience à ce que je faisais et, de temps en temps, j'étais troublé par des pensées étranges et inquiétantes, comme si je trouvais en fin de compte, que tout n'était pas bien, pensée dont je m'efforçais de me débarrasser dans la mesure de mes moyens. Et maintenant, je trouve que ces pensées d'objection qui peuvent m'avoir été utiles alors, sont ici ce qui me tourmente le plus. Et je dois avouer que l'amour du péché endurcit mon coeur contre mon Créateur et me le fit nier tout d'abord, et ensuite, nier son existence.
Le péché auquel j'étais si intimement attaché dans mon coeur a été la cause maudite de tout ce malheur, le serpent qui a piqué mon âme à mort. Car, maintenant, et en dépit de ma vaine philosophie, je découvre qu'il y a un Dieu. Je trouve aussi à présent qu'on ne doit pas se moquer de Dieu, bien que, dans le monde, j'aie eu l'habitude de me moquer journellement du ciel et de ridiculiser les choses sacrées, moyen que j'employais pour répandre autour de moi mes idées maudites, moyen toujours couronné de succès. Car ceux à qui j'ai réussi à inspirer le mépris des choses sacrées ont toujours considéré que j'étais dans le droit chemin de sorte qu'ils sont devenus mes disciples. Mais maintenant, en pensant à cela, j'éprouve de plus grands tourments que ceux que m'infligent les fouets d'acier brûlant.

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