Je voudrais poser une autre question. Je
t'ai entendu, toi et les autres, vous plaindre
d'acier brûlant, de feu, de flammes ; et
cependant, je ne peux pas les discerner. Où
Il y a du feu, Il doit y avoir de la
lumière, et pourtant, je vois que vous
êtes encore dans les ténèbres
les complètes ».
« Oh ! je voudrais vous
dire que je ne vois pas le feu ! Combien mes
tourments seraient plus faciles à supporter.
Mais hélas ! le feu auquel nous sommes
exposés surpasse mille fois en ardeur celui
de la cuisine, et il est d'une nature tout à
fait différente. Il ne faut pas en attendre
de la lumière comme d'un feu qui brûle
sur la terre. Mais malgré tout le feu de
l'enfer, nous sommes dans d'absolues
ténèbres. Celui qui brûle sur
la terre est de nature rongeante et
dévorante ; il réduit en cendres
ce qu'il saisit et quand il ne rencontre plus
d'aliment, il s'éteint, Il n'en est pas de
même ici ; car, bien qu'il brûle
avec une prodigieuse ardeur, que seuls peuvent
connaître ceux qui l'éprouvent il ne
consume pas et ne consumera jamais. Nous
brûlerons toujours mais sans être
jamais brûlés. C'est un feu torturant,
mais non consumant. Ici, le feu s'empare de nos
âmes et les plonge dans une douleur qui ne
peut être exprimée. Ce fut mon
ignorance de ceci, qui lorsque j'étais sur
la terre, me rendait ridicule la notion de
substances immatérielles pouvant être
brûlées par le feu, chose qu'ici,
à mes dépens, j'expérimente
dans sa réalité. Une autre
différence entre le feu qui nous
dévore ici et celui qui brûle sur la
terre, est que vous pouvez allumer ce dernier quand
cela vous plaît et l'éteindre quand
vous voulez. Il en est autrement ici : ce feu
est pareil à un torrent de soufre et il
brûle à jamais. C'est tout ce que j'ai
à répondre à la
dernière et triste question que tu m'as
posée ».
« Triste. en
vérité, dis-je. Vois ce que la
Toute-puissance peut infliger à ceux qui
violent sa juste loi. » J'allais faire
d'autres observations sur ce que j'entendais quand
l'inexorable démon qui les tourmentait
m'interrompit ainsi :
« Tu vois, par celui-ci,
à quelle espèce d'hommes ils
appartenaient quand ils étaient dans le
monde, et ne penses-tu pas qu'ils ont bien
mérité le châtiment qu'ils
subissent ? »
À quoi je répondis :
« Sans doute, c'est le juste salaire du
péché qu'ils souffrent maintenant et
qu'à l'avenir tout souffriras aussi ;
car toi aussi bien qu'eux, tu as
péché contre le Dieu à jamais
béni et à cause de ton
péché, tu souffriras la juste
vengeance du feu éternel. Il n'y a pas la
moindre excuse à dire que tu n'as jamais
douté de l'existence de Dieu car, bien que
tu aies su qu'il y a un Dieu, tu t'es
révolté contre Lui, c'est pourquoi tu
seras puni justement par la privation
éternelle de la présence du Seigneur
et de la gloire de Sa
puissance ».
Le démon répondit à
cela : « C'est vrai, nous savons que
nous serons punis comme tu l'as dit ; s'il y a
une raison pour que l'humanité
éprouve de la pitié pour eux parce
qu'ils sont tombés à cause des
tentations du diable, il en est de même pour
moi et pour les autres esprits du monde
inférieur car nous fûmes tentés
par le Brillant soleil du Matin d'avoir part avec
Lui. Et c'est pourquoi, bien que ceci aggrave le
crime de Lucifer, il pourrait atténuer celui
des esprits inférieurs ».
Alors, mon brillant conducteur qui ne
leur avait pas parlé depuis notre
arrivée en ces lieux, répliqua d'un
ton sévère et irrité :
« 0 toi, esprit apostat, méchant
esprit menteur ! Peux-tu affirmer de telles
choses devant moi ? Ne sais-tu pas que ce fut
ton coeur orgueilleux qui te fit t'associer avec
Lucifer contre le Dieu béni qui t'avait
créé créature glorieuse ?
Mais, t'enorgueillissant dans ta beauté
propre, tu désiras dominer ton
Créateur béni et ainsi être
prêt à faire cause commune avec
Lucifer et tu as été avec lui
précipité en enfer. Ta grâce et
ta beauté premières ont
été changées, tu est devenu
cette forme horrible et monstrueuse sous laquelle
tu apparais maintenant, c'est le juste
châtiment de ton orgueilleuse
rébellion.
L'esprit apostat dit seulement
ceci : « Pourquoi t'introduis-tu sur
nos territoires et viens-tu ici pour nous
tourmenter avant le temps ? » Et
après ces mots, il s'esquiva comme s'il
n'osait pas rester pour attendre une
réponse. Le démon parti, je dis
à mon guide quelques chose que j'avais
déjà entendu à propos de la
chute des anges apostats, mais dont j'avais le
grand désir d'être plus amplement
informé ici, dans les détails. Mon
ange gardien me répondit :
« Quand tu seras dépouillé
de ton corps mortel et transféré dans
le séjour béni, tu sauras des choses
qu'il t'est impossible de saisir maintenant. C'est
pourquoi, dans ton état présent, ne
désire pas être informé
au-delà de ce qui est écrit. Cela te
suffit de savoir que les anges ont
péché, et qu'à cause de leur
péché, ils ont été
précipités en enfer. Mais comment de
purs esprits ont-ils pu voir se lever dans leur
coeur une pensée contre la Pureté
éternelle qui les avait créés,
tu n'es pas capable de le comprendre
maintenant ».
« J'ai observé, dis-je,
que tous se plaignent davantage du tourment qui
leur vient de leur culpabilité qui
légitime la justice du châtiment.
Cette obscure prison est le meilleur miroir pour
considérer le péché dans ses
couleurs les plus exactes, car s'il n'y avait pas
la plus grande malignité dans le
péché, il ne serait pas
rétribué par un châtiment aussi
terrible. »
« Ta conclusion est
très naturelle, mais il existe un miroir
encore meilleur pour voir les
démérites propres au
péché ; et c'est par la
contemplation du Fils béni de Dieu sur la
Croix. Là, nous pouvons voir les affreux
effets du péché. Là, nous
pouvons voir sa véritable malignité.
Car toutes les souffrances des damnés ne
sont encore que des souffrances de
créatures ; mais, sur la Croix, tu vois
un Dieu qui souffre ».
« Assurément, dis-je,
la justice et la miséricorde n'ont jamais
autant triomphé et ne se sont
entre-baisées qu'en cette heure fatale. Car
ici, la justice est pleinement satisfaite dans le
juste châtiment du péché et la
miséricorde a triomphé et a
été satisfaite, car, par ce moyen, le
salut de pauvres pécheurs a
été accompli. Oh ! que son saint
Nom soit loué éternellement parce que
Sa grâce a fait que j'ai eu la volonté
d'accepter ce salut et, par conséquent, de
devenir héritier de la gloire ; car je
me souviens de certains de ces malheureux perdus
qui, dans leurs lamentations, amères, ont
insisté en disant que, quand le salut leur
avait été offert, ils l'avaient
refusé. Par conséquent, ce fut
seulement la grâce qui m'aida à
l'accepter ».
Mon brillant gardien me dit
là-dessus qu'il devait maintenant me
reconduire sur la terre et me quitter là,
pour que j'attende avec foi et confiance
jusqu'à ce que vienne l'heureux changement
espéré. « Viens, alors,
dit-il et laissons ces royaumes de souffrance et
d'horreur à la jouissance de leurs
ténébreux habitants.
Et en très peu de temps, je me
trouvai de nouveau sur la terre à la place
exacte où j'avais été sur le
point de commettre le terrible péché
qui aurait fait de moi mon propre meurtrier, vaincu
par les tentations du diable qui m'avait
persuadé qu'il n'y a point de Dieu. Mais,
par quel chemin me retrouvai-je en ce lieu, je suis
incapable de m'en rendre compte. Dès que je
fus à côté du banc sur lequel
j'étais assis auparavant, la forme brillante
par laquelle j'avais toujours été
conduit me dit : «Maintenant, Epenetus,
tu sais où tu es et je ne dois pas rester
davantage avec toi, j'ai à vaquer à
un autre service. Loue Celui qui est assis pour
toujours sur le Trône qui a tout pouvoir dans
le ciel, sur la terre et dans les enfers, pour
toutes les merveilles de Son amour et de Sa
grâce, pour tout ce qu'Il t'a montré
en un si court espace de temps.
Comme j'allais lui
répondre ; mon guide brillant disparut
et je me trouvai seul. Après avoir
réfléchi quelques minutes, aux
étonnantes visions que j'avais eues et aux
choses merveilleuses que j'avais entendues, j'eus
peine à croire que j'étais de nouveau
sur la terre, pas plus que je ne pouvais savoir
pendant combien de temps j'en avais
été absent. Je m'agenouillai et priai
pour ne perdre jamais l'agréable sentiment
de toutes les merveilles qui m'avaient
été montrées, et quand je me
relevai, je bénis et je louai Dieu pour
toute Sa bonté.
De retour à la maison, je trouvai
les membres de ma famille très surpris de
l'étrange expression de mon visage et me
considérant comme s'ils ne m'avaient jamais
connu. Je leur demandai ce que signifiait leur
admiration inusitée ; ils me
répondirent que c'était le changement
de ma physionomie qui la leur causait.
« À quel égard, dis-je, me
trouvez-vous tellement
changé ? »
Ils me répondirent :
« Hier, tes regards étaient
tellement sombres et découragés que
tu semblais être la véritable image du
désespoir ; mais, maintenant, ton
visage apparaît beaucoup plus beau et porte
toutes les marques de la satisfaction et de la joie
parfaite ».
« Si vous aviez vu, dis-je ce
que j'ai vu aujourd'hui, vous ne vous
étonneriez pas du changement que vous
constatez ».
Alors, entrant dans mon cabinet de
travail, je pris une plume et j'écrivis ce
que j'avais entendu et vu, relatant ma vision du
commencement à la fin. J'espère
qu'elle produira, à ceux qui la liront, le
même effet qu'à moi qui l'ai
écrite.
Billy Bray fut sauvé en lisant cette relation et devint l'instrument de Dieu pour conduire des milliers d'âmes à Christ.
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