Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE V

Nous nous connaîtrons mutuellement

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 Je fis observer : « J'ai vu, parmi les nombreuses âmes rachetées auprès desquelles je suis passé tandis que mon brillant messager m'amenait auprès de vous, que certaines paraissaient briller d'un éclat plus grand que d'autres. Y a-t-il, parmi les rachetés, différents degrés de gloire ? »

« Le bonheur et la gloire dont jouissent tous les rachetés sont les résultats de leur communion avec le Dieu béni et de leur amour pour Lui dont la vision splendide est leur source éternelle. Plus nous voyons le Seigneur, plus nous L'aimons et l'amour rend la nature de nos âmes semblable à la Sienne, de là résulte notre gloire. Ceci détermine une différence dans les degrés de gloire. Il n'y a ici non plus aucun mécontentement chez celui qui voit une autre gloire plus grande que la sienne. Le Dieu à jamais béni est un océan sans bornes de lumière et de vie, de joie et de bonheur, emplissant continuellement chaque vase humain posé là jusqu'à ce qu'il ne puisse contenir davantage. Et bien que les vaisseaux soient de plusieurs tailles, puisque chacun d'eux est rempli, il n'y en a aucun qui puisse se plaindre. C'est pourquoi ma réponse à ta question est celle-ci : ceux qui ont les facultés les plus développées aiment le plus Dieu et par là sont rendus le plus semblables à Lui. Sa ressemblance est la gloire la plus haute que le ciel puisse donner. Il ne doit pas davantage te sembler étrange que même parmi les plus flamboyants des anges de Dieu, il existe des ordres différents et de différents degrés de gloire. Peut-être en as-tu vu quelques-uns de ceux-ci tandis que tu venais jusque là ».

Pendant que je m'entretenais ainsi avec le prophète, une forme brillante approcha. C'était celle d'un racheté. il me dit qu'il avait laissé son corps dans la tombe, et qu'ici, il se reposait dans l'espérance de la résurrection, et quoiqu'il (son âme) soit encore une substance, elle est si différente de la substance terrestre qu'un mortel ne peut pas la toucher. »

Le prophète continua : « Nous contemplons ici la vision de grand prix pour laquelle on peut donner sa vie : l'Agneau béni de Dieu, le Sauveur de gloire. Ici nous le voyons dans l'état de royauté qui lui appartient dans la fonction royale qui lui vaut le titre de Roi des rois et Seigneur des seigneurs.

Mais toute la glorieuse grandeur de notre Rédempteur béni ne rend pas Sa bonté moins accessible. Le fait de Le trouver régnant ici Lui qui a tant souffert pour moi dans le monde d'en bas, rend le ciel encore plus précieux pour moi. Le bonheur de notre Rédempteur qui est si grand et si ineffable accroît le nôtre et nous incite à L'aimer davantage. C'est ici qu'Il invite chaque serviteur » à entrer dans la joie du Maître ».




« Dans le ciel, non seulement nous voyons notre frère aîné, Christ, mais aussi tous nos amis et relations. Ainsi, bien qu'Elle ait vécu dans le monde d'en bas bien antérieurement à notre époque. nous ne l'avons pas plus tôt vu que nous l'avons reconnu. Et de même, vous connaîtrez Adam quand vous le verrez. Ici, nous nous communiquons l'un l'autre, le plaisir le plus pur et un amour ardent et sincère unit notre pure société tout entière. Ici, chacun est parfaitement aimable et parfaitement aimant. Et oh ! combien cet état d'amour est heureux ! Combien je suis ravi de voir mes saints compagnons rayonnant d'une immortelle amabilité. Où existe un tel amour, tout doit être délices ! Et comment peut-il en être autrement puisqu'en cette société bénie, il y a un continuel échange d'amour et de joie et que la conversation et les relations sont un ravissement ? »

« Mais à part tout le bonheur qui nous vient de la connaissance de nos amis et de nos relations, et de celui qui nous vient de la communion que nous avons ici avec Dieu et avec notre prochain, c'est pour moi une puissante joie de comprendre tous ces profonds et obscurs mystères religieux que les théologiens les plus savants et les plus profonds du monde d'en bas ne peuvent nous faire entièrement saisir. Ici, nous discernons une harmonie parfaite entre ces textes qui, alors que nous étions dans le monde d'en bas, nous semblaient se contredire. Ici, nous sommes transportés avec émerveillement et gratitude, spécialement à la découverte de la bonté divine envers chacun de nous en particulier. O Epenetus ! J'ai vu autour de moi non seulement nécessité et justice, mais même la miséricorde de ces afflictions qu'une fois (pendant que j'étais sur la terre) j'avais imputées à la sévérité de Dieu. Et maintenant, je suis pleinement convaincu que, des coups que j'ai pu recevoir dans le monde d'en bas, et j'en ai reçu beaucoup, de même que j'ai éprouvé de grandes afflictions, aucun n'est venu plus tôt ou n'est tombé plus pesamment ou n'est demeuré plus longtemps qu'il n'était nécessaire. Et je suis sûr que si, parfois, mes espérances ont été déçues, c'était seulement pour m'assurer un droit à des choses meilleures que celles que j'attendais ».

« Mais je n'oublie pas, Epenetus, que tu es encore dans un corps et tu peux être fatigué d'entendre ce que je pourrais te dire encore, tellement vaste est le bonheur que je possède et si grand le plaisir que j'ai à en parler. Je n'ajouterai qu'une chose concernant notre joie : la vaste multitude des âmes bénies qui participent à cette joie et à cette gloire ne diminue en rien la part qui revient à chacun. Car cet océan de bonheur est sans fond, à un tel point que tous les saints et les anges ne pourront jamais l'épuiser. Ceci n'est pas étrange car, dans le monde d'en bas, chaque nation se réjouit de même du bienfait de la lumière. Aucun ici ne se plaint que sa joie soit moindre parce qu'un autre en jouit aussi. Mais tous se réjouissent de ses bienfaits aussi pleinement que s'ils étaient les seuls à en jouir. Vraiment, voici la différence entre le Soleil de Justice et ce soleil qui brille sur le monde d'en bas : tandis que le soleil du monde éclipse toutes les planètes (ses suivantes) le Soleil de Justice, par Sa présence, communique Sa splendeur à tous Ses saints. Si une multitude de personnes boivent à la même rivière, aucune d'elles n'est capable de l'épuiser ; et cependant, chacune d'elles a la pleine liberté de boire autant qu'elle peut. Aussi, qui jouit de Dieu jouit pleinement de Lui ou du moins, jouit de Lui en rapport avec sa capacité. »

« Ainsi, Epenetus, je t'ai donné un bref aperçu de notre Canaan céleste. Ce n'est pas la millième partie de ce que je pourrais te dire, cependant c'est assez pour te permettre de voir que c'est un Pays ruisselant de lait et de miel. Et cela peut te servir à aiguiser ton désir de le connaître et de l'expérimenter davantage. Car personne ne peut connaître pleinement le bonheur dont nous jouissons ici tant qu'il n'est pas venu pour y participer. »

« Dans ce lieu bienheureux, les relations mondaines cessent ; ni mâle, ni femelle ici, mais tous sont pareils aux anges. Car il ne peut pas y avoir pour les âmes de distinction de sexes, C'est pourquoi toutes relations sont absorbées en Dieu ».

Aussitôt après ces paroles, il me prit par la main et, prompt comme la flèche s'échappant d'un arc, il me fit passer près de nombreuses formes revêtues de robes d'immortalité qui semblaient étonnées de me voir parmi elles. Il me dit : « Au revoir, mon Epenetus, ton ange gardien sera avec toi sur le champ et te reconduira dans le monde d'en bas ».

Je m'approchai de la forme brillante d'un racheté qui se tenait devant moi et qui m'apparaissait extrêmement glorieux, environné de rayons d'un lustre éblouissant. Je pouvais à peine me tenir devant ce personnage à cause de l'excessive clarté de son visage. Il me dit : « Quant à ce que je suis, à Celui qui est sur le trône soit toute la louange et la gloire. La robe de gloire dont tu me vois revêtu n'est que le reflet de Ses propres rayons brillants ».

« Vous parlez comme quelqu'un qui éprouve de puissantes joies », dis-je. Il répondit : « Ne pense pas que ceci soit étrange ; les puissantes merveilles de l'amour divin et de la grâce seront à jamais l'objet de notre chant. Ici, toutes les relations humaines cessent pour être toutes absorbées en Dieu qui est seul Père de toute cette famille céleste. Depuis que j'ai été débarrassé du corps, je me suis débarrassé avec lui de toutes les relations de la chair, et ici, je n'en ai aucune autre. Nous sommes tous enfants d'un seul Père ici et serviteurs d'un Maître dont le service béni est notre parfaite liberté. Et comme pour ceux que j'ai laissés derrière moi dans le monde d'en bas, je les ai confiés à Dieu, je serai heureux de les voir Siens dans Son héritage béni. Mais s'ils se tenaient près du grand ennemi des âmes et refusaient la grâce qui leur est offerte et ainsi périssaient dans leur incrédulité, Dieu serait glorifié dans Sa justice, et dans Sa gloire, je me réjouirais encore ».

Je désirai alors savoir si les rachetés savent ce qui continue de se passer dans le monde d'en bas et s'ils s'y Intéressent. À cette question, mon interlocuteur me répondit : « En ce qui concerne les affaires particulières des personnes, nous ne nous y intéressons pas et nous les ignorons. Être présent en tous lieux est un attribut particulier à Dieu seul dont la vue sur chaque créature est manifeste, bien que la prospérité ou la misère de l'Eglise d'en bas dans son état militant soit présenté par les anges qui sont des esprits à son service envoyés pour assister ceux qui seront héritiers du salut. Et ce que nous apprenons de la terre par eux nous pousse à multiplier nos louanges à Celui qui est sur le trône ».





CHAPITRE VI

Conduit en enfer

Il n'eut pas plus tôt fini de parler qu'il partit et la forme brillante qui m'avait amené depuis le monde, d'en bas jusqu'à ce lieu de bonheur se présenta. « J'ai, dit l'ange, la mission de te reconduire dans le monde d'en bas, non seulement sur la terre d'où je t'ai amené, mais dans les régions du prince des ténèbres pour que tu puisses voir le salaire du péché et ce que la juste colère de Dieu prépare pour les rebelles qui avaient voulu s'exalter au-dessus du trône du Très-Haut. Mais cependant, ne sois pas effrayé, car, de même que j'ai la mission de te prendre ici, j'ai celle de te ramener dans le monde où je t'ai pris pour te quitter ensuite.




Quitter le ciel pour la terre fut extrêmement désagréable et m'aurait rendu malheureux si je n'avais pas su que telle était la volonté divine. Mais quitter le ciel pour l'enfer me retourna le coeur au dedans de moi. Cependant, quand je sus que le bon plaisir divin était que je retourne sur la terre de nouveau, que là, un jour, je sois dépouillé de ma mortalité et qu'ensuite, je sois reconduit au ciel, je fus un peu réconforté et trouvai en moi-même une entière résignation à la volonté de Dieu. C'est pourquoi je dis avec quelque assurance à mon guide brillant : « Je serai toujours disposé à obéir à ce que la volonté du Dieu béni a ordonné, de la grande miséricorde de qui j'ai toujours fait une si grande expérience, que, même en enfer, je ne serai pas effrayé si le puis avoir Sa présence avec moi ».

À ceci, mon brillant gardien répondit : « Partout où le Dieu béni concède Sa présence. c'est le Ciel et tandis que nous serons en Enfer, Il sera avec nous ».

Alors, après s'être incliné très bas devant le Trône de la Toute-Puissance, plus rapide que la pensée, mon ange gardien me transporta plus de 10.000 lieues plus bas que l'empire des cieux où, quand j'avais vu ces puissants globes de feu, ces lampes brûlant toujours dans les cieux éthérés, j'avais dit à mon brillant conducteur que j'avais entendu dire, quand j'étais sur la terre, que chacune de ces étoiles fixes était un monde ; je croyais qu'elles pouvaient l'être parce que, bien que vues d'ici, elles soient d'une si puissante grandeur, elles ne nous semblaient à nous qui les voyions de la terre, simplement de petits objets, comme la terre nous apparaissait vue d'ici. « Mais ajoutai-je, je désirerais volontiers être informé par vous de la vérité sur cette question ».




Mon guide brillant me répondit : « À Celui qui est Tout-Puissant, rien n'est impossible, pas plus qu'il ne peut y avoir de bornes à l'infini. Notre Dieu à jamais béni employa 6 jours à créer le monde d'en bas, mais aurait aussi bien pu le faire en un instant s'il s'y était déterminé. Ce fut Sa Toute-Puissance qui le décida à agir ainsi, et ce que cette puissance peut accomplir, personne, sauf Lui qui la possède, ne peut le dire. Mais c'est Sa volonté qui fournit un argument à Sa Puissance et non une bonne logique dans l'école du ciel. Il fait ce qui Lui plaît à la fois dans le ciel au-dessus et sur la terre en bas, et ce qu'il lui plaît de nous révéler, cela seul, nous le savons ; ce qu'Il n'a pas révélé, ce sont des secrets enfermés dans Son propre conseil éternel, et c'est de la part d'une créature une insolente et présomptueuse curiosité que de s'en informer. Sans aucun doute, il peut faire autant de mondes qu'il y a d'étoiles dans le ciel si cela lui plaît. Mais ce qu'Il a fait et qu'Il n'a pas révélé, Il n'est pas de notre devoir de nous en enquérir.

À ce moment, nous fûmes entraînés vers les régions les plus basses de l'air où je vis une multitude de formes effrayantes et de lugubres apparitions noires s'enfuyant loin de la rayonnante présence de mon brillant conducteur.

« Assurément, dis-je, ce sont quelques avant-gardes de l'enfer, ces formes si noires et si effrayantes ? »

« Ce sont, dit mon conducteur, quelques esprits apostats qui errent à l'aventure, çà et là, dans l'air et sur la terre, comme des lions rugissants, cherchant qui ils pourront dévorer. Et, bien qu'ils soient entraînés ici, tu les verras rapidement dans leurs sombres territoires, car nous nous dirigeons maintenant vers la frontière de l'abîme infernal.

Je m'aperçus vite que les paroles de mon guide étaient très vraies, car nous fûmes bientôt entourés de ténèbres plus noires que la nuit accompagnées d'une puanteur plus suffocante que celle du soufre brûlant. Mes oreilles furent aussi remplies des hurlements horribles des esprits damnés en comparaison desquels les notes les plus discordantes entendues sur la terre semblaient une musique mélodieuse.

« Maintenant, dit mon ange gardien, tu es sur le bord de l'enfer mais ne crains pas le pouvoir du destructeur, car ma mission, donnée par le trône impérial, t'assure contre tous dangers. Ici, tu peux entendre, des démons et des âmes damnées elles-mêmes les causes maudites de leur perte éternelle. Ce que tu désires demander, demande-le et ils te répondront. Les démons ne peuvent te faire de mal, bien qu'ils le veuillent car leur pouvoir est limité par Celui qui m'a délégué, dont ils ont la connaissance, auquel ils sont sensibles, ce qui les fait rager, s'agiter, rugir, et mordre leurs chaînes haïes, mais tout est vain ».

Nous étions arrivés maintenant dans les territoires de l'enfer situés dans le centre de la terre. Là, dans un lac sulfureux de feu liquide, limité par la chaîne de diamant du décret fixé par le ciel, Lucifer était assis sûr un trône brûlant, ses yeux effrayants étincelant d'une fureur infernale, et plein de rage à cause de ses douleurs ardentes. Ces démons errants que nous avions vu voler devant nous tandis que nous venions du ciel avaient, - je le remarquai, - averti de notre arrivée, ce qui excitait le vacarme de tout l'enfer. Lucifer exhalait ses horribles blasphèmes contre le Dieu béni, et les prononçait d'un air plein d'arrogance et d'orgueil. « Que désire celui-qui-envoie-le-tonnerre ? Il a toujours ce ciel dont le sceptre radieux aurait du être tenu par ma main ; et, au lieu de ces espaces où jamais la lumière ne s'éteint, Il me confine hors de mon héritage légitime, dans cette sombre maison de mort, de tristesse et de douleur ! Quoi ! voudrait-il me prendre l'enfer aussi, pour qu'il vienne m'insulter jusqu'ici ? Ah ! ne pourrais-je obtenir une autre bataille pour l'éprouver ; je voudrais ébranler le ciel et faire vaciller son trône brillant ! Je n'aurais pas peur non plus du dernier degré de sa puissance bien qu'il ait des flammes plus ardentes que celles dans lesquelles il me jette. Bien qu'autrefois, j'aie perdu la bataille la faute n'en fut pas à moi ! Aucun esprit ailé sous la voûte du ciel ne promet la victoire plus que je ne le fis. Mais, ah ! continua-t-il avec une voix changée, cette bataille est perdue et je suis jugé, condamné pour toujours à ces sombres territoires ! Du moins, est-ce encore un réconfort pour moi que le chagrin de l'humanité tienne compagnie à ma douleur. Et depuis, je ne peux rien contre celui-qui-lance-le-tonnerre, je veux assouvir ma rage extrême sur les humains ! »

Je fus stupéfié d'entendre son discours. impie et ne pus m'empêcher de dire à mon guide « Combien ses blasphèmes sont récompensés avec justice ! »

« Ce que tu as entendu de cet esprit apostat est tout à la fois son péché et sa punition ; pour chaque blasphème qu'il vomit contre le ciel il rend l'enfer plus brûlant pour lui ».

Nous partîmes ensuite plus loin où nous assistâmes à des scènes lugubres de chagrin sans mélange ; nous vîmes deux misérables âmes tourmentées par un démon qui, sans cesse, les plongeait dans le feu liquide et le soufre brûlant, tandis qu'au même moment, ils s'accusaient et se maudissaient l'un l'autre. L'un d'eux dit à son camarade tourmente : « 0, que ta face soit maudite, que jamais je ne fixe mes yeux sur toi ! C'est à toi qu'est due ma misère, je peux t'en remercier, car ce sont tes conseils qui m'ont amené ici, tu m'as tenté, c'est toi qui m'as pris ainsi au piège. C'est ta cupidité et ta tromperie et ton oppression et ton écrasement du pauvre qui m'ont conduit ici. Si tu m'avais seulement donné un bon exemple ! comme on fait à un méchant, j'aurais pu être dans le ciel où j'aurais été aussi heureux que je suis maintenant misérable ! Oh malheureux que je fus ! C'est parce que J'ai suivi tes pas que j'en suis réduit à cet état misérable et perdu pour toujours ! Oh ! que je n'aie jamais vu ton visage ou que tu ne sois jamais né pour faire à mon âme tout le mal que tu lui as fait ! »
L'autre misérable répondit :
« Et ne puis-je pas aussi bien te blâmer ? Car ne te souviens-tu pas combien, en tel temps et en tel lieu, tu m'as tenté, tu m'as conduit dehors et tu m'as demandé si je ne voulais pas aller avec toi quand j'étais occupé à mon autre travail, ma profession légale ? Mais tu m'as appelé à la quitter et c'est pourquoi tu es aussi fautif que moi. Si j'étais cupide, toi, tu étais orgueilleux, et si tu as appris de moi ta cupidité, je suis sûr que j'ai appris de toi mon orgueil et mon ivrognerie et si tu as appris de moi à tricher, toi, tu m'as enseigné à convoiter, à mentir, à me moquer de la bonté. Ainsi, bien que je t'aie fait commettre des fautes en certaines choses, toi, tu m'as entraîné à trébucher sur beaucoup d'autres ; c'est pourquoi, si tu me blâmes, je peux te blâmer tout autant. Et si j'ai à répondre de tes actions les plus malpropres, tu as aussi à répondre pour quelques-unes des miennes. Je souhaite n'être jamais venu ici ; ta seule vue blesse mon âme en rendant de nouveau présent à mes yeux le péché. Ce fut avec toi, avec toi que j'ai péché. O douleur de mon âme ! Et depuis, Je ne peux éviter ta compagnie ici, oh ! que ne puis-je être Ici sans toi ! »

D'après ce triste dialogue, je compris bientôt que ceux qui, sur la terre, ont été compagnons de péché seront aussi en enfer, compagnons de châtiment. Et bien que, sur terre, ils aient aimé leur compagnie réciproque, Ils ne se soucient pas de la conserver en enfer. Ceci, je crois, fut la vraie raison pour laquelle le riche (Luc 16) parut être si préoccupé de la destinée de ses frères jusqu'à prier Abraham de faire avertir ses compagnons de péché sur la terre. Ce fut l'amour de lui-même et non d'eux qui le fit agir, parce que s'ils étaient venus là, ses propres tourments auraient par cela été accrus, par leur présence et le souvenir du péché pratiqué avec eux.

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