Luc
11/27-28
Qu'il est humain le cri de cette
femme ! « Heureux le sein qui t'a
porté, heureuses les mamelles qui t'ont
allaité ! ». Ce cri est
humain, car il est le réflexe de la
sensibilité humaine chez toute personne en
qui la Parole de Dieu n'a pas encore fait son
oeuvre de transformation. Que se passait-il ?
Le Seigneur venait de parler et même d'agir.
Il venait de chasser un démon et, ainsi, de
délivrer un muet, ce qui avait
provoqué l'admiration de la foule
(11/14).
Ensuite,
répondant
à ceux qui ne désarmaient pas dans
leur refus de reconnaître en Lui le Fils de
Dieu, il leur montre que leur
incrédulité va jusqu'à
troubler leur bon sens, car en attribuant le
miracle qu'ils ont vu à
Béelzébul, ils en arrivent à
admettre que le prince des démons travaille
contre lui-même. En outre, ils ne voient pas
venir vers eux le Royaume de Dieu. Puis, le
Seigneur poursuit Son enseignement,
qu'écoute la foule saisie et charmée.
Cette parole, empreinte d'autorité et de
puissance, surpassant tellement les discours les
plus érudits des scribes
(Marc
1/22) fait
pénétrer dans les coeurs une joie
nouvelle et ardente. Parmi les auditeurs, beaucoup
ressentent de fortes émotions ; leur
être intérieur en est remué.
Ils n'ont jamais entendu des paroles d'une telle
puissance ; et c'est alors que, dans cette
foule captivée, une femme qui ne peut
contenir son admiration s'écrie, dans un
transport de joie : « heureux le
sein qui t'a porté, heureuses les mamelles
qui t'ont allaité ! ». Nous
la comprenons bien cette femme : elle
témoigne ainsi de toute l'humanité
sensible, mais étrangère, par nature,
aux directions de l'Esprit de Dieu.
Tout homme est plus ou moins émotif
et plus ou moins porté à des
élans ; il cède plus ou moins
à ses émotions et aux sentiments
qu'il ressent ; mais tous les hommes sont
émotifs et sentimentaux. La femme de notre
récit l'était beaucoup, et
l'apôtre Pierre également. Cet
apôtre manifestait une grande
spontanéité provenant des
enthousiasmes auxquels il était sujet, en
marge des authentiques révélations de
l'Esprit qu'il pouvait aussi recevoir. Lorsque ses
sentiments le gagnaient, Pierre, comme tout autre
que lui l'aurait fait, s'engageait dans de fausses
directions, ou encore s'engageait à la
légère. Par exemple, nous le voyons
contredire Jésus annonçant ses
souffrances et sa mort
(Mat
16/21 à 23). Il est
sensible, il ne peut pas supporter l'idée de
ces souffrances et de cette mort. Pour lui, c'est
une simple appréhension dont il faut
dissuader le Maître ; et puis, il aime
ce Maître, à la manière de tous
les hommes. Il ne pense qu'à Le garder,
qu'à garder l'heure présente, si
douce à son coeur. Or, voilà qu'en de
tels sentiments, si appréciés et
tellement pratiqués au milieu des hommes, il
se fait l'auxiliaire du diable.
En d'autres circonstances, Pierre, voyant le
Seigneur marcher sur les eaux, lui demandera :
« ordonne que j'aille vers toi sur les
eaux », et il s'entendra
répondre :
« viens ! »
(Mat
14/28-29), mais il ne
connaît pas encore cette foi ferme qui seule
permet de marcher comme le Seigneur et de le suivre
là où il va. C'est encore Pierre qui
prendra le solennel engagement :
« Quand il me faudrait mourir avec toi,
je ne te renierais pas ». Et tous les
disciples de dire la même chose. Il y a des
impulsions dans l'homme, des enthousiasmes, des
élans, de « bons
mouvements » comme on dit ; et,
généralement, on tient toute cette
sensibilité pour une bonne chose. Comme on
se trompe ! Il faut savoir et ne jamais
oublier que l'homme porte en lui cette
déformation contractée en la personne
du premier Adam, au moment de la chute. Le
péché est, tant une révolte,
un but manqué, qu'une déformation
contractée. L'homme, et toute
l'humanité, a cessé d'être
conforme au plan créateur lors de la chute.
Cette faculté de vivre sous la seule
direction de la sagesse de Dieu s'est brisée
en l'homme, quand celui-ci fit un choix tragique,
voulant prendre indûment ce qui lui
était interdit, s'approprier la connaissance
du bien et du mal. Depuis, l'homme est mû par
les impulsions de la chair ; ses
pensées ont leur source en lui-même,
en sa chair, et non plus en l'Esprit. Voilà
ce qu'il ne faut jamais perdre de vue, pour bien
comprendre le message biblique. Il faut donc que
l'homme naisse de nouveau, reçoive une
capacité dont il est naturellement
dépourvu, celle de comprendre les
pensées de Dieu et de confier
désormais sa vie au gouvernement de ces
pensées ; c'est l'indispensable
régénération
opérée par l'esprit de Dieu dans le
coeur de l'homme de foi. En dehors de cette
régénération, l'homme reste
dépendant de son émotivité, et
des « pensées de son
coeur ». Tel est le cas de la femme de
notre récit : « heureux le
sein qui t'a porté, heureuses les mamelles
qui t'ont allaité ! ».
Certes, la Parole du Seigneur a fait passer en son
âme le souffle divin, apportant avec lui une
forte bouffée de joie surnaturelle. Elle
éprouve des sentiments nouveaux, et sans
doute, connaîtra-t-elle bientôt la
sanctification de l'Esprit, qui purifiera ses
pensées ; mais elle n'en est encore
qu'à l'aurore du jour de son
renouvellement ; elle manifeste donc encore
les sentiments de l'homme naturel. Elle prononce
une béatitude qui se ressent du souffle de
l'Esprit, dont cependant le contenu provient de
l'humain. Même avec une réelle
sensibilité aux actions de l'Esprit de Dieu,
on peut encore demeurer dans la dépendance
de la chair (c'est-à-dire des pensées
de l'homme naturel) si l'on ne s'est pas pleinement
donné au Seigneur, ou bien, si l'on ne vit
pas une vie nouvelle, vie de crucifixion, et, par
conséquent, vie de communion.
Malgré toute sa
sincérité et l'élan de son
coeur vers ce Maître qui a la puissance de
Dieu, cette femme prononce une béatitude
(1) qui
exprime
la terre et non le ciel, qui exprime le fond de
l'homme, et non la pensée de l'Esprit, une
béatitude qui n'ôte point à
l'homme son état de perdition, et non la
béatitude qui sauve. C'est avec de telles
béatitudes que l'homme se laisse charmer et
séduire, se liant plus fortement à la
perdition que jamais. L'ennemi de nos âmes
s'est ingénié à en
répandre, à en susciter de ces
béatitudes sans vérité et sans
vie ; n'a-t-il pas dérouté le
christianisme de sa voie par le charme trompeur des
béatitudes sentimentales ; et le sein
qui a porté Jésus en son
humanité n'a-t-il pas été
l'objet d'une des plus tragiques déviations
auxquelles les siècles passés se
soient laissés prendre ? Il est fatal
que l'homme, s'il demeure sous l'empire de sa
propre nature, ne conçoive que des
béatitudes en lesquelles il se retrouve
lui-même, et qui glorifient la chair. C'est
ainsi seulement qu'il voit son bonheur ; il en
cherche les voies sur la terre, en sa propre
existence, en ses propres ressources ; il voit
pointer en lui le génie et l'espoir d'une
force dont il compte retirer le bonheur ; ce
bonheur qui toujours le fuit. Tant qu'il ne le
connaît pas par l'Esprit, il ne peut pas
célébrer Dieu et s'attendre à
Dieu ; alors, il célèbre la
créature, et, de la masse humaine à
l'oeuvre, il attend la réalisation de ses
espérances, même les plus
illusoires.
Jésus réplique ! À
cette béatitude sans vérité et
sans force, Il oppose une autre béatitude,
et quelle béatitude :
« Heureux plutôt ceux qui
écoutent la Parole de Dieu et qui la
gardent ! ». La voici la
béatitude qui sauve ; celle que
prononce l'Esprit de Dieu, celle qui ne
ménagera rien des pensées de l'homme,
ou de son émotivité
naturelle, ou de ses préférences,
rien de la chair. Quel est l'objet nouveau de cette
béatitude ? La Parole de Dieu, laquelle
ne se trouve ni sur la terre, ni en l'homme, ni en
aucun document, ni en aucune science, mais cette
Parole que Dieu prononce, dont Il donne la
révélation, qu'Il fait exprimer et
écrire par des hommes sous le puissant
souffle de Son Esprit ; c'est cette
Parole-là que Jésus dit
d'écouter et de garder. Pas une autre, pas
un mélange, mais l'authentique Parole de
Dieu ; c'est elle qui véhicule la
pensée du Créateur, en même
temps que la vie. C'est à cette Parole que
Dieu a donné le pouvoir de briser les
illusions et le mensonge, et de détruire la
mort, en détruisant l'aiguillon de la mort,
le péché ; et c'est pourquoi, la
Parole a été faite chair ; c'est
pourquoi Elle est là devant cette femme pour
la guider dans une voie nouvelle, dans une
pensée nouvelle.
Et que dit-elle la Parole de Dieu ?
C'est bien de bonheur qu'elle nous instruit. Elle
proclame la béatitude de la vie
éternelle ; et, en effet, ceux qui
écoutent son message et le gardent, pour y
trouver les fondements de la vie nouvelle, et pour
se laisser transformer à l'image qu'elle
reflète, ceux-là s'engagent dans
l'éternité de Dieu. Que
dit-elle ? Que tous ceux qui s'offrent
à Dieu comme les pauvres en esprit, comme
les débonnaires, comme les affamés de
justice, les miséricordieux, les
sanctifiés, possèdent le
bonheur ; ce bonheur qui est unique comme
unique aussi est la vérité, ce
bonheur qui est lié à la vie
véritable et impérissable.
Voilà la béatitude de l'Esprit, celle
que prononce la Parole de Dieu, celle qui a la
puissance de rendre heureux. Toute autre
béatitude, notamment, celle qui sort de la
bouche de la femme de notre récit, ne
possède aucune force, et ne consiste qu'en
des mots vides. Du coeur de l'homme naturel, et du
mouvement de ses émotions, ne peuvent sortir
que des phrases sans vie, incapables de tout
changement aux souffrances de ce temps et à
l'implacable action de la mort. Selon l'expression
du prophète Esaïe
(30/7)
c'est « du bruit qui
n'aboutit à rien ».
Ne blâmons pas la femme du
récit ; nous l'aurions peut-être
retrouvée quelque temps plus tard rendue
capable de clamer bien haut :
« heureux ceux qui ont le coeur pur, car
ils verront Dieu ! heureux ceux qui sont
persécutés pour la justice, car le
royaume des cieux est à
eux ! » ; et nous aurions
reconnu en elle la sainte et puissante
émotion de l'Esprit. Bien-aimés
frères et soeurs, nous appartenons à
Dieu, ayant été élus par la
sanctification de l'Esprit, pour ne plus rien
concevoir en nous-mêmes qui ne soit le
produit de la vérité. Nos
émotions passées doivent avoir
disparu dans le dépouillement de la chair.
Comme Jésus Lui-même, nous ne devrions
ressentir que des émotions venues de
l'esprit. Il arriva que Jésus tressaillit de
joie par le Saint-Esprit
(Luc
10/21) et quelles paroles
prononça-t-Il alors ? Des paroles
inspirées. Il lui arriva aussi de pleurer,
et même de se lamenter à haute voix
(traduction du grec : klauein) devant
Jérusalem
(Luc
19/41), toujours sous l'effet
d'une émotion d'origine strictement
spirituelle.
Tenons-nous dans la méfiance d'un
retour de notre sentimentalité naturelle, et
des actions ou paroles précipitées,
provoquées par les élans
émotifs d'une nature qui s'efforce de
réapparaître ; ce n'est pas ainsi
que nous ferons la volonté de Dieu ; au
contraire, la sentimentalité innée
risquerait de nous livrer aux impulsions de la
chair.
La question que traite ce passage de
l'épître aux Hébreux est celle
des causes du changement de souverain-sacrificateur
et du changement de loi. Dans la substitution de la
nouvelle alliance à l'ancienne, prend place
un fait capital, qui est celui du changement de
souverain-sacrificateur.
C'est le plus souvent avec étonnement
que les lecteurs de l'épître aux
hébreux lisent les appréciations que
celle-ci porte sur l'ancienne alliance et sur le
sacerdoce lévitique, car elle les voit comme
n'étant pas « sans
défaut », comme ne pouvant rien
amener à la perfection, pour une raison
d'impuissance et d'inutilité. Pourtant, se
dit-on, c'est bien le Seigneur Dieu qui a
institué cette alliance et le sacerdoce qui
lui était propre ; or, Dieu peut-il
faire des choses imparfaites et impuissantes ?
Bien des questions comme celle-ci nous montrent que
la raison de l'homme ne peut rien élucider
des pensées de Dieu ; et c'est alors
seulement de l'Esprit de Dieu qu'il convient
d'attendre la lumière : « Mes
pensées ne sont pas vos pensées, et
vos voies ne sont pas mes voies », dit
l'Éternel
(Es
55/8). Laissons-nous introduire
par le Saint-Esprit dans la compréhension
des voies de Dieu.
L'ancienne alliance était celle de la
loi formulée (gravée avec des lettres
sur des pierres - 2
Cor 3/7). À cette loi,
comparable aux lois qui régissent la vie
sociale, Dieu demandait obéissance :
« l'homme qui mettra ces choses en
pratique vivra par elles »
(Ro
10/5). Malheureusement, l'homme
porte en lui, depuis la chute, un mal profond et
inguérissable appelé « le
péché » qui ne lui laisse
pas la faculté d'obéir à la
loi de Dieu avec constance. Pourtant, sans cette
obéissance, la justice de Dieu est
foulée aux pieds, et sans la justice, c'est
l'état de mort et non l'état de vie.
La vie exige la justice, laquelle exige
l'observation parfaite de la loi de Dieu :
« La justice conduit à la vie,
mais celui qui poursuit le mal trouve la
mort »
(Pr
11/19).
Précisément, l'homme, tout homme
puisque aucun n'est exempt du péché,
poursuit le mal, c'est-à-dire ce qui est
contraire à la volonté de Dieu
exprimée. La loi exprimait cette
volonté en Israël. Voilà
pourquoi la loi formulée n'a rien
amené à la perfection, comme le note
l'Épître aux Hébreux
(7/19) :
l'homme, en
présence de cette loi se montre incapable de
l'observer ; si bien que ce qui est bon
devient pour l'homme naturel une cause de mort, et
une évidence d'état de mort :
lire Romains
7/7 à 13. L'on doit
même reconnaître que la loi
formulée excite l'homme au
péché, c'est-à-dire à
la transgression ; car ce mal intérieur
qu'est le péché possède une
force qui pousse l'homme à la
désobéissance : « j'ai
la volonté mais non le pouvoir de faire le
bien »
(Ro
7/18). Cette force
intérieure, que l'apôtre Paul appelle
la « loi du
péché », regimbe contre la
volonté de Dieu exprimée par la loi.
On le constate chez le tout jeune enfant
déjà, et ce que vous lui recommandez
de ne pas faire, c'est précisément ce
qu'avec malice il s'ingéniera à
faire.
Mais, puisque la loi ne peut rien amener
à la perfection, que le régime de la
loi est impuissant à sauver les hommes,
pourquoi l'Éternel a-t-il placé le
peuple d'Israël sous ce régime pendant
plusieurs siècles ? Le Nouveau
Testament en donne les motifs découlant des
desseins de Dieu. Après la promesse faite
à Abraham, il eût été
impossible d'en arriver immédiatement
à l'accomplissement de cette promesse par la
venue de Celui qui allait être la victime
expiatoire de Dieu, et par Qui allait venir la
grâce et la
vérité. Une dispensation
intermédiaire était indispensable
pour préparer le temps de la grâce et
l'accomplissement de l'expiation, suivi
aussitôt de la prédication du salut
à toutes les nations. Compte tenu de
l'état de la société humaine
au temps d'Abraham, comme au temps de Moïse,
comme encore au temps de David, la terre
n'était pas prête à recevoir
son Sauveur, ni à entendre
l'Évangile.
Un temps de préparation était
indispensable, et un « peuple de
Dieu » était nécessaire. Le
salut allait venir par ce peuple (le salut vient
des juifs, a dit Jésus), mais il importait
de former ce peuple, d'y cultiver l'esprit. La loi
de Moïse se présentait comme une
barrière élevée entre le
peuple de Dieu et les nations des Gentils,
barrière devant empêcher
l'idolâtrie et le flot des corruptions de
gagner Israël. Elle était une digue
contre les flots impétueux du mal. Avant le
régime de la grâce et de la foi, celui
de la loi enfermait le peuple de Dieu sous une
garde
(Gal
3/23).
En effet, à côté des
commandements de la loi, prenaient place des
sacrifices d'expiation et des dispositions
obligeant les enfants d'Israël à
s'humilier et à obtenir leur purification.
De plus, les pratiques prescrites par la loi de
Moïse préfiguraient les
réalités à venir ; elles
en étaient les ombres, ou les images. Le
régime de la loi de Moïse, venant d'une
alliance traitée par l'Éternel avec
le peuple d'Israël en tant que nation, devait
durer jusqu'à un « temps de
réformation », jusqu'à ce
qu'une nouvelle alliance apporte un autre
régime, celui de la grâce. Le
prophète Jérémie avait
annoncé cette nouvelle alliance
(Jé
31/31 à 34), aux
termes de laquelle, au lieu d'être
formulée et écrite « sur
des tables de pierre », la loi serait
écrite au-dedans des coeurs ; elle
serait introduite dans l'esprit. Le pardon absolu
des iniquités serait en même temps
accordé, et la « connaissance de
l'Éternel » serait pour
tous ; cette connaissance étant une vie
de communion. De la sorte, la loi de Dieu ne serait
plus restreinte à des mots, mais deviendrait
parfaite et totale dans les coeurs ; elle
n'agirait plus du dehors de l'homme pour lui
montrer la souillure de son coeur et son
état de perdition, mais elle serait
transportée à l'intérieur de
l'homme pour le vivifier. Ce que la loi
formulée et écrite sur des tables de
pierre et sur des rouleaux ne pouvait faire
(affranchir l'homme de son péché et
le justifier), la grâce allait le faire sur
la base d'un nouveau sacerdoce.
Le changement d'alliance apparaît donc
comme le déroulement nécessaire de
phases successives des desseins de Dieu, l'une de
préparation, l'autre d'accomplissement. La
loi ne pouvant rien amener à la perfection,
il faut bien qu'il y ait « introduction
d'une meilleure espérance, par laquelle nous
approchons de Dieu ». Cette alliance
nouvelle avec son nouveau sacerdoce était
non seulement annoncée par proclamation de
prophète, mais aussi par serment de
l'Éternel : « Tu es
sacrificateur pour toujours, selon l'ordre de
Melchisédek »
(Héb
7/17).
Or, nous montrent les versets 11
à 13 (Héb 7), comme
la loi de Moïse et le sacerdoce
lévitique sont dépendants l'un de
l'autre (la loi repose sur le sacerdoce), si le
sacerdoce change, il faut nécessairement que
la loi change. Et il s'agit bien ici de la loi
morale, de toute la loi. Nous allons voir qu'avec
la venue de Jésus-Christ le sacerdoce
change. En conséquence, la loi de
Moïse, en toutes ses dispositions, doit aussi
changer ; car elle n'a plus son fondement qui
est le sacerdoce lévitique.
Pourquoi a-t-on si longuement
hésité ou discuté à
propos de certains commandements de la loi de
Moïse dont on prétendait
perpétuer l'application littérale,
tel le sabbat ? Le verset 12
est pourtant explicite, et
correspond de façon claire à la
démonstration que fait l'Épître
aux Hébreux du changement de sacerdoce. Le
sacerdoce
étant changé, nécessairement
aussi il y a un changement de loi.
Le nouveau Souverain sacrificateur est tout
différent des souverains sacrificateurs qui
exerçaient sous l'empire de la loi de
Moïse. Les différences sont
considérables et doivent être bien
examinées :
1° Le Nouveau Souverain sacrificateur sort de la tribu de Juda, et non de la lignée des fils d'Aaron ; la cause en étant que Jésus doit revêtir à la fois les fonctions de Souverain sacrificateur et les fonctions royales : « Il s'assiéra et dominera sur son trône, Il sera sacrificateur sur son trône, et une parfaite union régnera entre l'un et l'autre » (Zac 6/13) ;
2° Il demeure éternellement, ayant vaincu la mort : « j'étais mort, et voici, je suis vivant aux siècles des siècles » (Apo 1/18) ; donc son sacerdoce n'est pas transmissible ; Il l'occupe sans qu'il soit nécessaire de le remplacer comme c'était indispensable sous le régime du sacerdoce lévitique ;
3° Il est sans tache, saint, innocent, plus élevé que les cieux, et Il n'a donc pas besoin d'expiations répétées pour Lui-même, comme les précédents souverains sacrificateurs, et l'expiation qu'Il fait pour les hommes peut n'avoir lieu qu'une seule fois ; elle n'est pas à recommencer ;
4° Le Nouveau Souverain sacrificateur est institué « selon la puissance, d'une vie impérissable » (et non d'après le commandement d'une ordonnance charnelle). La loi, nous l'avons vu, révèle le péché, mais elle n'apporte pas la puissance de la délivrance du péché et de la justification (Ro 6/14), mais le Nouveau Souverain sacrificateur possède la puissance de la vie éternelle : « Je suis la résurrection et la vie » (Jn 11/25). Par cette puissance, Il peut présenter des hommes à Son Père devenus parfaits et parfaitement justifiés, Il peut éteindre la colère que suscite le péché, Il peut communiquer l'immortalité : « Jésus-Christ a détruit la mort et mis en évidence la vie et l'immortalité par l'Évangile » (2 Tim 1/10).
Ainsi, la loi et le sacerdoce
lévitique étaient sans force, et
s'ils assuraient la garde du peuple pour permettre
la venue de Christ, ils ne pouvaient rien changer
à l'état de perdition des
hommes ; au point que l'apôtre Paul
considère l'ancienne alliance comme
répondant à un
« ministère de mort »,
ou « ministère de la
condamnation »
(2
Cor 3/7 à 9). La
compréhension de ces enseignements
revêt la plus grande utilité pour les
chrétiens, qui, d'une part, doivent
être armés devant les doctrines de
retour à la loi ou aux oeuvres de la loi,
pour résister à une déviation
de la pensée et ne pas déchoir de la
grâce ; qui, d'autre part, sont dans la
nécessité de s'appuyer sur le
sacerdoce nouveau, celui de Christ, auquel est
attachée la puissance de résurrection
et de vie.
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