Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

HEUREUX CEUX QUI ÉCOUTENT

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Luc 11/27-28

Qu'il est humain le cri de cette femme ! « Heureux le sein qui t'a porté, heureuses les mamelles qui t'ont allaité ! ». Ce cri est humain, car il est le réflexe de la sensibilité humaine chez toute personne en qui la Parole de Dieu n'a pas encore fait son oeuvre de transformation. Que se passait-il ? Le Seigneur venait de parler et même d'agir. Il venait de chasser un démon et, ainsi, de délivrer un muet, ce qui avait provoqué l'admiration de la foule (11/14). Ensuite, répondant à ceux qui ne désarmaient pas dans leur refus de reconnaître en Lui le Fils de Dieu, il leur montre que leur incrédulité va jusqu'à troubler leur bon sens, car en attribuant le miracle qu'ils ont vu à Béelzébul, ils en arrivent à admettre que le prince des démons travaille contre lui-même. En outre, ils ne voient pas venir vers eux le Royaume de Dieu. Puis, le Seigneur poursuit Son enseignement, qu'écoute la foule saisie et charmée. Cette parole, empreinte d'autorité et de puissance, surpassant tellement les discours les plus érudits des scribes (Marc 1/22) fait pénétrer dans les coeurs une joie nouvelle et ardente. Parmi les auditeurs, beaucoup ressentent de fortes émotions ; leur être intérieur en est remué. Ils n'ont jamais entendu des paroles d'une telle puissance ; et c'est alors que, dans cette foule captivée, une femme qui ne peut contenir son admiration s'écrie, dans un transport de joie : « heureux le sein qui t'a porté, heureuses les mamelles qui t'ont allaité ! ». Nous la comprenons bien cette femme : elle témoigne ainsi de toute l'humanité sensible, mais étrangère, par nature, aux directions de l'Esprit de Dieu.
Tout homme est plus ou moins émotif et plus ou moins porté à des élans ; il cède plus ou moins à ses émotions et aux sentiments qu'il ressent ; mais tous les hommes sont émotifs et sentimentaux. La femme de notre récit l'était beaucoup, et l'apôtre Pierre également. Cet apôtre manifestait une grande spontanéité provenant des enthousiasmes auxquels il était sujet, en marge des authentiques révélations de l'Esprit qu'il pouvait aussi recevoir. Lorsque ses sentiments le gagnaient, Pierre, comme tout autre que lui l'aurait fait, s'engageait dans de fausses directions, ou encore s'engageait à la légère. Par exemple, nous le voyons contredire Jésus annonçant ses souffrances et sa mort (Mat 16/21 à 23). Il est sensible, il ne peut pas supporter l'idée de ces souffrances et de cette mort. Pour lui, c'est une simple appréhension dont il faut dissuader le Maître ; et puis, il aime ce Maître, à la manière de tous les hommes. Il ne pense qu'à Le garder, qu'à garder l'heure présente, si douce à son coeur. Or, voilà qu'en de tels sentiments, si appréciés et tellement pratiqués au milieu des hommes, il se fait l'auxiliaire du diable.

En d'autres circonstances, Pierre, voyant le Seigneur marcher sur les eaux, lui demandera : « ordonne que j'aille vers toi sur les eaux », et il s'entendra répondre : « viens ! » (Mat 14/28-29), mais il ne connaît pas encore cette foi ferme qui seule permet de marcher comme le Seigneur et de le suivre là où il va. C'est encore Pierre qui prendra le solennel engagement : « Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierais pas ». Et tous les disciples de dire la même chose. Il y a des impulsions dans l'homme, des enthousiasmes, des élans, de « bons mouvements » comme on dit ; et, généralement, on tient toute cette sensibilité pour une bonne chose. Comme on se trompe ! Il faut savoir et ne jamais oublier que l'homme porte en lui cette déformation contractée en la personne du premier Adam, au moment de la chute. Le péché est, tant une révolte, un but manqué, qu'une déformation contractée. L'homme, et toute l'humanité, a cessé d'être conforme au plan créateur lors de la chute.
Cette faculté de vivre sous la seule direction de la sagesse de Dieu s'est brisée en l'homme, quand celui-ci fit un choix tragique, voulant prendre indûment ce qui lui était interdit, s'approprier la connaissance du bien et du mal. Depuis, l'homme est mû par les impulsions de la chair ; ses pensées ont leur source en lui-même, en sa chair, et non plus en l'Esprit. Voilà ce qu'il ne faut jamais perdre de vue, pour bien comprendre le message biblique. Il faut donc que l'homme naisse de nouveau, reçoive une capacité dont il est naturellement dépourvu, celle de comprendre les pensées de Dieu et de confier désormais sa vie au gouvernement de ces pensées ; c'est l'indispensable régénération opérée par l'esprit de Dieu dans le coeur de l'homme de foi. En dehors de cette régénération, l'homme reste dépendant de son émotivité, et des « pensées de son coeur ». Tel est le cas de la femme de notre récit : « heureux le sein qui t'a porté, heureuses les mamelles qui t'ont allaité ! ». Certes, la Parole du Seigneur a fait passer en son âme le souffle divin, apportant avec lui une forte bouffée de joie surnaturelle. Elle éprouve des sentiments nouveaux, et sans doute, connaîtra-t-elle bientôt la sanctification de l'Esprit, qui purifiera ses pensées ; mais elle n'en est encore qu'à l'aurore du jour de son renouvellement ; elle manifeste donc encore les sentiments de l'homme naturel. Elle prononce une béatitude qui se ressent du souffle de l'Esprit, dont cependant le contenu provient de l'humain. Même avec une réelle sensibilité aux actions de l'Esprit de Dieu, on peut encore demeurer dans la dépendance de la chair (c'est-à-dire des pensées de l'homme naturel) si l'on ne s'est pas pleinement donné au Seigneur, ou bien, si l'on ne vit pas une vie nouvelle, vie de crucifixion, et, par conséquent, vie de communion.

Malgré toute sa sincérité et l'élan de son coeur vers ce Maître qui a la puissance de Dieu, cette femme prononce une béatitude (1) qui exprime la terre et non le ciel, qui exprime le fond de l'homme, et non la pensée de l'Esprit, une béatitude qui n'ôte point à l'homme son état de perdition, et non la béatitude qui sauve. C'est avec de telles béatitudes que l'homme se laisse charmer et séduire, se liant plus fortement à la perdition que jamais. L'ennemi de nos âmes s'est ingénié à en répandre, à en susciter de ces béatitudes sans vérité et sans vie ; n'a-t-il pas dérouté le christianisme de sa voie par le charme trompeur des béatitudes sentimentales ; et le sein qui a porté Jésus en son humanité n'a-t-il pas été l'objet d'une des plus tragiques déviations auxquelles les siècles passés se soient laissés prendre ? Il est fatal que l'homme, s'il demeure sous l'empire de sa propre nature, ne conçoive que des béatitudes en lesquelles il se retrouve lui-même, et qui glorifient la chair. C'est ainsi seulement qu'il voit son bonheur ; il en cherche les voies sur la terre, en sa propre existence, en ses propres ressources ; il voit pointer en lui le génie et l'espoir d'une force dont il compte retirer le bonheur ; ce bonheur qui toujours le fuit. Tant qu'il ne le connaît pas par l'Esprit, il ne peut pas célébrer Dieu et s'attendre à Dieu ; alors, il célèbre la créature, et, de la masse humaine à l'oeuvre, il attend la réalisation de ses espérances, même les plus illusoires.

Jésus réplique ! À cette béatitude sans vérité et sans force, Il oppose une autre béatitude, et quelle béatitude : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la gardent ! ». La voici la béatitude qui sauve ; celle que prononce l'Esprit de Dieu, celle qui ne ménagera rien des pensées de l'homme, ou de son émotivité naturelle, ou de ses préférences, rien de la chair. Quel est l'objet nouveau de cette béatitude ? La Parole de Dieu, laquelle ne se trouve ni sur la terre, ni en l'homme, ni en aucun document, ni en aucune science, mais cette Parole que Dieu prononce, dont Il donne la révélation, qu'Il fait exprimer et écrire par des hommes sous le puissant souffle de Son Esprit ; c'est cette Parole-là que Jésus dit d'écouter et de garder. Pas une autre, pas un mélange, mais l'authentique Parole de Dieu ; c'est elle qui véhicule la pensée du Créateur, en même temps que la vie. C'est à cette Parole que Dieu a donné le pouvoir de briser les illusions et le mensonge, et de détruire la mort, en détruisant l'aiguillon de la mort, le péché ; et c'est pourquoi, la Parole a été faite chair ; c'est pourquoi Elle est là devant cette femme pour la guider dans une voie nouvelle, dans une pensée nouvelle.

Et que dit-elle la Parole de Dieu ? C'est bien de bonheur qu'elle nous instruit. Elle proclame la béatitude de la vie éternelle ; et, en effet, ceux qui écoutent son message et le gardent, pour y trouver les fondements de la vie nouvelle, et pour se laisser transformer à l'image qu'elle reflète, ceux-là s'engagent dans l'éternité de Dieu. Que dit-elle ? Que tous ceux qui s'offrent à Dieu comme les pauvres en esprit, comme les débonnaires, comme les affamés de justice, les miséricordieux, les sanctifiés, possèdent le bonheur ; ce bonheur qui est unique comme unique aussi est la vérité, ce bonheur qui est lié à la vie véritable et impérissable. Voilà la béatitude de l'Esprit, celle que prononce la Parole de Dieu, celle qui a la puissance de rendre heureux. Toute autre béatitude, notamment, celle qui sort de la bouche de la femme de notre récit, ne possède aucune force, et ne consiste qu'en des mots vides. Du coeur de l'homme naturel, et du mouvement de ses émotions, ne peuvent sortir que des phrases sans vie, incapables de tout changement aux souffrances de ce temps et à l'implacable action de la mort. Selon l'expression du prophète Esaïe (30/7) c'est « du bruit qui n'aboutit à rien ».

Ne blâmons pas la femme du récit ; nous l'aurions peut-être retrouvée quelque temps plus tard rendue capable de clamer bien haut : « heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu ! heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux ! » ; et nous aurions reconnu en elle la sainte et puissante émotion de l'Esprit. Bien-aimés frères et soeurs, nous appartenons à Dieu, ayant été élus par la sanctification de l'Esprit, pour ne plus rien concevoir en nous-mêmes qui ne soit le produit de la vérité. Nos émotions passées doivent avoir disparu dans le dépouillement de la chair. Comme Jésus Lui-même, nous ne devrions ressentir que des émotions venues de l'esprit. Il arriva que Jésus tressaillit de joie par le Saint-Esprit (Luc 10/21) et quelles paroles prononça-t-Il alors ? Des paroles inspirées. Il lui arriva aussi de pleurer, et même de se lamenter à haute voix (traduction du grec : klauein) devant Jérusalem (Luc 19/41), toujours sous l'effet d'une émotion d'origine strictement spirituelle.

Tenons-nous dans la méfiance d'un retour de notre sentimentalité naturelle, et des actions ou paroles précipitées, provoquées par les élans émotifs d'une nature qui s'efforce de réapparaître ; ce n'est pas ainsi que nous ferons la volonté de Dieu ; au contraire, la sentimentalité innée risquerait de nous livrer aux impulsions de la chair.




LE CHANGEMENT DE SOUVERAIN-SACRIFICATEUR ET DE LOI


Héb. 7/11-28

La question que traite ce passage de l'épître aux Hébreux est celle des causes du changement de souverain-sacrificateur et du changement de loi. Dans la substitution de la nouvelle alliance à l'ancienne, prend place un fait capital, qui est celui du changement de souverain-sacrificateur.

C'est le plus souvent avec étonnement que les lecteurs de l'épître aux hébreux lisent les appréciations que celle-ci porte sur l'ancienne alliance et sur le sacerdoce lévitique, car elle les voit comme n'étant pas « sans défaut », comme ne pouvant rien amener à la perfection, pour une raison d'impuissance et d'inutilité. Pourtant, se dit-on, c'est bien le Seigneur Dieu qui a institué cette alliance et le sacerdoce qui lui était propre ; or, Dieu peut-il faire des choses imparfaites et impuissantes ? Bien des questions comme celle-ci nous montrent que la raison de l'homme ne peut rien élucider des pensées de Dieu ; et c'est alors seulement de l'Esprit de Dieu qu'il convient d'attendre la lumière : « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies », dit l'Éternel (Es 55/8). Laissons-nous introduire par le Saint-Esprit dans la compréhension des voies de Dieu.
L'ancienne alliance était celle de la loi formulée (gravée avec des lettres sur des pierres - 2 Cor 3/7). À cette loi, comparable aux lois qui régissent la vie sociale, Dieu demandait obéissance : « l'homme qui mettra ces choses en pratique vivra par elles » (Ro 10/5). Malheureusement, l'homme porte en lui, depuis la chute, un mal profond et inguérissable appelé « le péché » qui ne lui laisse pas la faculté d'obéir à la loi de Dieu avec constance. Pourtant, sans cette obéissance, la justice de Dieu est foulée aux pieds, et sans la justice, c'est l'état de mort et non l'état de vie. La vie exige la justice, laquelle exige l'observation parfaite de la loi de Dieu : « La justice conduit à la vie, mais celui qui poursuit le mal trouve la mort » (Pr 11/19). Précisément, l'homme, tout homme puisque aucun n'est exempt du péché, poursuit le mal, c'est-à-dire ce qui est contraire à la volonté de Dieu exprimée. La loi exprimait cette volonté en Israël. Voilà pourquoi la loi formulée n'a rien amené à la perfection, comme le note l'Épître aux Hébreux (7/19) : l'homme, en présence de cette loi se montre incapable de l'observer ; si bien que ce qui est bon devient pour l'homme naturel une cause de mort, et une évidence d'état de mort : lire Romains 7/7 à 13. L'on doit même reconnaître que la loi formulée excite l'homme au péché, c'est-à-dire à la transgression ; car ce mal intérieur qu'est le péché possède une force qui pousse l'homme à la désobéissance : « j'ai la volonté mais non le pouvoir de faire le bien » (Ro 7/18). Cette force intérieure, que l'apôtre Paul appelle la « loi du péché », regimbe contre la volonté de Dieu exprimée par la loi. On le constate chez le tout jeune enfant déjà, et ce que vous lui recommandez de ne pas faire, c'est précisément ce qu'avec malice il s'ingéniera à faire.

Mais, puisque la loi ne peut rien amener à la perfection, que le régime de la loi est impuissant à sauver les hommes, pourquoi l'Éternel a-t-il placé le peuple d'Israël sous ce régime pendant plusieurs siècles ? Le Nouveau Testament en donne les motifs découlant des desseins de Dieu. Après la promesse faite à Abraham, il eût été impossible d'en arriver immédiatement à l'accomplissement de cette promesse par la venue de Celui qui allait être la victime expiatoire de Dieu, et par Qui allait venir la grâce et la vérité. Une dispensation intermédiaire était indispensable pour préparer le temps de la grâce et l'accomplissement de l'expiation, suivi aussitôt de la prédication du salut à toutes les nations. Compte tenu de l'état de la société humaine au temps d'Abraham, comme au temps de Moïse, comme encore au temps de David, la terre n'était pas prête à recevoir son Sauveur, ni à entendre l'Évangile.

Un temps de préparation était indispensable, et un « peuple de Dieu » était nécessaire. Le salut allait venir par ce peuple (le salut vient des juifs, a dit Jésus), mais il importait de former ce peuple, d'y cultiver l'esprit. La loi de Moïse se présentait comme une barrière élevée entre le peuple de Dieu et les nations des Gentils, barrière devant empêcher l'idolâtrie et le flot des corruptions de gagner Israël. Elle était une digue contre les flots impétueux du mal. Avant le régime de la grâce et de la foi, celui de la loi enfermait le peuple de Dieu sous une garde (Gal 3/23).

En effet, à côté des commandements de la loi, prenaient place des sacrifices d'expiation et des dispositions obligeant les enfants d'Israël à s'humilier et à obtenir leur purification. De plus, les pratiques prescrites par la loi de Moïse préfiguraient les réalités à venir ; elles en étaient les ombres, ou les images. Le régime de la loi de Moïse, venant d'une alliance traitée par l'Éternel avec le peuple d'Israël en tant que nation, devait durer jusqu'à un « temps de réformation », jusqu'à ce qu'une nouvelle alliance apporte un autre régime, celui de la grâce. Le prophète Jérémie avait annoncé cette nouvelle alliance (Jé 31/31 à 34), aux termes de laquelle, au lieu d'être formulée et écrite « sur des tables de pierre », la loi serait écrite au-dedans des coeurs ; elle serait introduite dans l'esprit. Le pardon absolu des iniquités serait en même temps accordé, et la « connaissance de l'Éternel » serait pour tous ; cette connaissance étant une vie de communion. De la sorte, la loi de Dieu ne serait plus restreinte à des mots, mais deviendrait parfaite et totale dans les coeurs ; elle n'agirait plus du dehors de l'homme pour lui montrer la souillure de son coeur et son état de perdition, mais elle serait transportée à l'intérieur de l'homme pour le vivifier. Ce que la loi formulée et écrite sur des tables de pierre et sur des rouleaux ne pouvait faire (affranchir l'homme de son péché et le justifier), la grâce allait le faire sur la base d'un nouveau sacerdoce.

Le changement d'alliance apparaît donc comme le déroulement nécessaire de phases successives des desseins de Dieu, l'une de préparation, l'autre d'accomplissement. La loi ne pouvant rien amener à la perfection, il faut bien qu'il y ait « introduction d'une meilleure espérance, par laquelle nous approchons de Dieu ». Cette alliance nouvelle avec son nouveau sacerdoce était non seulement annoncée par proclamation de prophète, mais aussi par serment de l'Éternel : « Tu es sacrificateur pour toujours, selon l'ordre de Melchisédek » (Héb 7/17).

Or, nous montrent les versets 11 à 13 (Héb 7), comme la loi de Moïse et le sacerdoce lévitique sont dépendants l'un de l'autre (la loi repose sur le sacerdoce), si le sacerdoce change, il faut nécessairement que la loi change. Et il s'agit bien ici de la loi morale, de toute la loi. Nous allons voir qu'avec la venue de Jésus-Christ le sacerdoce change. En conséquence, la loi de Moïse, en toutes ses dispositions, doit aussi changer ; car elle n'a plus son fondement qui est le sacerdoce lévitique.

Pourquoi a-t-on si longuement hésité ou discuté à propos de certains commandements de la loi de Moïse dont on prétendait perpétuer l'application littérale, tel le sabbat ? Le verset 12 est pourtant explicite, et correspond de façon claire à la démonstration que fait l'Épître aux Hébreux du changement de sacerdoce. Le sacerdoce étant changé, nécessairement aussi il y a un changement de loi.

Le nouveau Souverain sacrificateur est tout différent des souverains sacrificateurs qui exerçaient sous l'empire de la loi de Moïse. Les différences sont considérables et doivent être bien examinées :

1° Le Nouveau Souverain sacrificateur sort de la tribu de Juda, et non de la lignée des fils d'Aaron ; la cause en étant que Jésus doit revêtir à la fois les fonctions de Souverain sacrificateur et les fonctions royales : « Il s'assiéra et dominera sur son trône, Il sera sacrificateur sur son trône, et une parfaite union régnera entre l'un et l'autre » (Zac 6/13) ;

2° Il demeure éternellement, ayant vaincu la mort : « j'étais mort, et voici, je suis vivant aux siècles des siècles » (Apo 1/18) ; donc son sacerdoce n'est pas transmissible ; Il l'occupe sans qu'il soit nécessaire de le remplacer comme c'était indispensable sous le régime du sacerdoce lévitique ;

3° Il est sans tache, saint, innocent, plus élevé que les cieux, et Il n'a donc pas besoin d'expiations répétées pour Lui-même, comme les précédents souverains sacrificateurs, et l'expiation qu'Il fait pour les hommes peut n'avoir lieu qu'une seule fois ; elle n'est pas à recommencer ;

4° Le Nouveau Souverain sacrificateur est institué « selon la puissance, d'une vie impérissable » (et non d'après le commandement d'une ordonnance charnelle). La loi, nous l'avons vu, révèle le péché, mais elle n'apporte pas la puissance de la délivrance du péché et de la justification (Ro 6/14), mais le Nouveau Souverain sacrificateur possède la puissance de la vie éternelle : « Je suis la résurrection et la vie » (Jn 11/25). Par cette puissance, Il peut présenter des hommes à Son Père devenus parfaits et parfaitement justifiés, Il peut éteindre la colère que suscite le péché, Il peut communiquer l'immortalité : « Jésus-Christ a détruit la mort et mis en évidence la vie et l'immortalité par l'Évangile » (2 Tim 1/10).


Ainsi, la loi et le sacerdoce lévitique étaient sans force, et s'ils assuraient la garde du peuple pour permettre la venue de Christ, ils ne pouvaient rien changer à l'état de perdition des hommes ; au point que l'apôtre Paul considère l'ancienne alliance comme répondant à un « ministère de mort », ou « ministère de la condamnation » (2 Cor 3/7 à 9). La compréhension de ces enseignements revêt la plus grande utilité pour les chrétiens, qui, d'une part, doivent être armés devant les doctrines de retour à la loi ou aux oeuvres de la loi, pour résister à une déviation de la pensée et ne pas déchoir de la grâce ; qui, d'autre part, sont dans la nécessité de s'appuyer sur le sacerdoce nouveau, celui de Christ, auquel est attachée la puissance de résurrection et de vie.

1 NDLR. béatitude, du latin BEATUS : heureux. En philosophie, la béatitude est un contentement intérieur que l'homme ne doit qu'à lui-même. 
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