Dieu avait traité alliance avec le
peuple ; et Il a agi dans le cadre de cette
alliance. Des choses étonnantes, puissantes
et bonnes se sont réalisées en faveur
du peuple de Dieu : de grandes
épreuves, mais aussi de grands prodiges, des
miracles, des victoires aisément
remportées. Et, en particulier, il est
arrivé une chose qui ne s'est jamais
vue : « toi, peuple d'Israël
que j'ai conduit pendant 40 années dans le
désert, tes vêtements ne se sont point
usés sur toi, et ton soulier ne s'est point
usé à ton pied ». De plus,
ajoute Moïse en un autre discours
(Deut
8/4), « ton pied ne
s'est point enflé pendant ces 40
années ». Bien des siècles
plus tard, ces hauts faits de Dieu seront
rappelés dans une ardente prière du
peuple revenu de l'exil
(Né
9/11).
Il y eut donc là une
intervention de Dieu qui pourvut à
l'entretien de Son peuple, lui donnant notamment la
manne, nourriture parfaite, tombant du ciel,
faisant jaillir l'eau du rocher ; mais les
soins du Seigneur à l'égard de Son
peuple allèrent jusqu'à lui
épargner la fatigue des pieds et l'usure de
ses vêtements et de ses souliers ! Tout
un peuple, c'est-à-dire, 603 550 hommes de
20 ans et au-dessus, en état de porter les
armes
(No
1/45-46), plus 22000
lévites
(No
3/39), plus les femmes, les
vieillards, les enfants et adolescents, tout un
peuple avait, pendant 40 ans, été
témoin de ce miracle prolongé et
constant, consistant en la totale conservation de
ses vêtements et de ses souliers,
malgré le service qui leur était
demandé ; consistant encore en un
maintien du bon état des pieds, en
dépit des longues marches qu'il fallait
accomplir.
C'était bien là un
ensemble de faits absolument contraires aux
conséquences les plus constantes et les
mieux connues des lois usuelles, notamment des lois
du frottement. Sur cette terre où tout se
détruit, où tout est vanité,
on ne peut travailler, agir, se déplacer
sans provoquer des usures. La matière frotte
sur la matière et s'use en se
désagrégeant. Nous y sommes
habitués, et cela ne nous étonne
pas ; nous parons aux usures par le
remplacement des choses usées. Eh bien, ces
lois ordinaires, irrévocables comme toutes
les lois physiques, furent suspendues pour le
peuple d'Israël pendant 40 ans !
Rapprochons de ce miracle celui dont nous parle le
livre de Daniel,
au chapitre 3. Nous y voyons
que Schadrac, Méschac et Abed-Nego, les
trois compagnons de Daniel, sont liés avec
tous leurs vêtements et jetés ainsi au
milieu de la fournaise ardente ! Bien
sûr, selon les lois de cette terre, il aurait
fallu peu de temps pour que ces trois jeunes
hommes, eux et leurs habits, soient
dévorés par le feu. Or, il n'en a pas
été ainsi.
Là aussi les lois, dont
personne sur la terre ne peut retenir les effets,
se sont trouvées suspendues. C'est tellement
extraordinaire, et même effrayant, que le roi
Nébucadnetsar en est bouleversé. Les
trois condamnés, auxquels une
quatrième personne s'est jointe au milieu du
feu, y marchent sans liens et sans ressentir le
moindre mal. Et voici, qu'à l'ordre du roi,
ils sortent du feu, absolument indemnes. Or, non
seulement ils n'ont rien éprouvé de
la part du feu, mais bien plus, leurs
vêtements ne sont aucunement
endommagés ; plus encore, ces
vêtements n'ont pas retenu l'odeur du feu,
l'odeur de brûlé ! Tout s'est
passé comme si nos trois jeunes gens
étaient allés se promener au grand
air. Les lois naturelles sont soumises à
Dieu qui les a établies, et Dieu les suspend
quand Il veut, dans les circonstances où Sa
justice, Sa miséricorde, et Sa sagesse
l'exigent.
Que de merveilles dans
l'entourage
du Maître du Ciel et de la terre !
Voulez-vous vivre dans l'entourage de Dieu ?
Qu'y a t'il dans l'entourage de Dieu ? La
vérité, la justice et la
fidélité. Pour être dans
l'entourage de Dieu, il faut être reçu
dans une alliance que Dieu traite, et il faut
rester dans les termes, les clauses de cette
alliance. « Rien ne vous serait
impossible » dit Jésus aux hommes
de foi
(Mat
17/20) qui gardent Ses paroles,
et qui donc, demeurent dans l'alliance, dans
l'entourage de Dieu.
Notre faute, notre faiblesse,
c'est
de ne pas croire avec assez de force. On peut
toujours émettre des doutes, et il est
encore des chrétiens qui en ont beaucoup
dans le coeur. Ils les expriment avec
subtilité quand ils le peuvent. On pourrait
dire, par exemple, et des commentateurs l'ont dit,
que les vêtements et les souliers du peuple
d'Israël n'avaient pas tellement à
s'user dans le désert, qu'au sortir de
l'Égypte des stocks avaient
été emportés, car la chose est
dite en Exode
12/35, et que cette abondance
de vêtements leur permit de ne pas porter
d'habits usés, étant à
même de les remplacer dès qu'il en
était besoin. De telles allégations
sont les hontes de l'incrédulité. La
conservation en bon état des vêtements
et des souliers du peuple fut un miracle. Comment
les discuteurs expliqueraient-ils que les pieds des
israélites ne s'enflèrent
point ? La chose normale eût
été la rapide usure des
vêtements et des souliers, et la souffrance
causée par l'irritation des pieds en proie
à l'oedème. En veut-on une
preuve ? La Bible nous la donne.
Rappelons-nous la comédie qu'imaginent les
Gabaonites pour échapper au sort commun des
peuples de Canaan lors de la conquête de ce
pays par Josué. En habiles simulateurs, ils
vont s'ingénier à démontrer
à Josué et aux anciens d'Israël
qui s'y laissent prendre, qu'ils viennent de
très loin
(Josué
9). Pour cela, ils
mettent aux pieds des souliers usés et
raccommodés, et endossent leurs plus vieux
vêtements ; puis ils disent à
Josué : « nos vêtements
et nos souliers se sont usés par l'excessive
longueur de la marche ». Telle
était donc bien la chose normale, et c'est
ce qui aurait dû se produire dans le
désert. C'est ce qui ne s'est pas
produit !
Plusieurs leçons, bonnes et
réconfortantes pour la foi, sont à
retirer de l'épisode du désert
concernant les vêtements, les souliers et les
pieds. Réaffirmons d'abord qu'à Dieu
tout est possible. Ce qui est impossible aux hommes
est possible à Dieu
(Luc
18/27). Nous ne pouvons sonder
la Toute-puissance de Dieu ; elle n'a pas de
limites. Il est le Créateur, et soutient
toutes choses en existence. Mais s'Il suspend
quelque loi naturelle, Il le fait pour faire place
à une autre loi, à un autre plan, et
toujours dans la poursuite des desseins
éternels dont le mobile est l'amour. Dans le
désert, ce peuple, qu'il prépare
à l'accomplissement de Ses desseins de salut
pour la terre, doit apprendre à vivre d'une
façon nouvelle ; dans la
dépendance de Dieu ! Dieu
commence ; Il a aimé l'homme le
premier, Il lui manifeste sa sollicitude, Il le
comble de ses bienfaits. Pourquoi l'homme ne
reste-t-il pas fidèle à ce Dieu qui
ne lui donne que ce que lui est nécessaire
pour son bien ?
Considérons d'un
côté le néant dans lequel
l'homme est tombé par son insoumission
à la Parole de Dieu ; et, de l'autre,
considérons la Toute-puissance de Dieu, Sa
grandeur, Son amour et Sa
fidélité ; et soyons confondus
« A toi Seigneur est la justice, et
à nous la confusion de face »
(Da
9/7).
Si l'Éternel a voulu pourvoir
à toute chose nécessaire en faveur
d'un peuple parcourant une terre aride et sans
ressources, et si, pour cela, Il a employé
sa Toute-puissance, c'est bien que, dans un autre
temps, lorsque la terre du péché aura
passé, Dieu pourvoira à toute
nécessité, à toute
félicité, en dehors des lois qui régissent le monde
actuel ; et Sa fidélité ne
rencontrera plus aucun obstacle du
côté des hommes, car ceux-ci auront
revêtu la perfection, et ils seront devenus
inébranlables par l'oeuvre de
Jésus-Christ. Dieu donnera, Il comblera les
hommes, laissera libre cours à Son amour
pour eux, et Sa Toute-puissance ne sera jamais
épuisée. Mais déjà,
même au cours de notre pèlerinage sur
cette terre où nous sommes nés selon
la chair, et nés de Dieu par le pouvoir de
Jésus, Le Seigneur veut nous combler de
bienfaits, et nous permettre de marcher d'une
manière surnaturelle, afin que nous Le
servions avec efficacité. La marche du
chrétien, disciple accompli de Jésus,
est une marche surnaturelle ; autrement cette
marche ne serait pas réalisable. La
grâce de Dieu sur l'Église n'est-elle
pas un miracle constant ; voyons-en
l'expression dans le merveilleux psaume
23.
Nous pouvons encore prendre acte
de
ce que Dieu intervient dans les choses les plus
diverses. Il peut fendre la mer pour permettre au
peuple de la traverser, arrêter le soleil
dans sa course, suspendre la terre sur le
néant, et Il peut aussi, par une action aux
effets bien plus limités, s'occuper des
souliers et des vêtements du peuple que Sa
main conduit. Le Grand Dieu qui a
créé l'Univers aux dimensions
incalculables, créé les
étoiles, l'homme, les animaux, les plantes,
tout siège d'une vie restée
mystérieuse ; qui a fait la
matière avec de l'invisible ; qui,
descendant dans l'infiniment petit comme Il est
allé dans l'infiniment grand, a
créé les atomes, les particules
encore bien plus petites dont les atomes sont
formés ; qui, Il le Prouve ainsi, n'est
limité par rien. Lui, le Grand Dieu,
condescend à employer le miracle pour obvier
à l'usure des vêtements de son peuple,
à celle de ses souliers, et pour
empêcher l'échauffement des pieds. Ce
fut là un bienfait limité, mais
combien nécessaire, et non moins
merveilleux. Dieu fait des choses grandioses,
fabuleuses, dont la moindre pourrait volatiliser la
terre et ce qu'elle renferme ; mais Il tient
en respect les puissances et les masses qui nous
écraseraient, et de plus Il nous garde, nous
protège. Il a compté tous les cheveux
de notre tête
(Mat
10/30), Il entend pourvoir
à nos besoins les plus ordinaires,
nourriture, vêtement
(Mat
6/30-34). Que nous demande-t-il
en contrepartie ? D'être Son peuple, de
Lui donner toute notre confiance, d'être
fidèle dans l'accomplissement de Ses
commandements, de nous appuyer sur Lui, en
Jésus-Christ. Ainsi, la sollicitude de Dieu,
au service de laquelle se met Sa Toute-puissance,
descend à tous les niveaux, et s'exerce
selon une bonté qui confond.
Pourquoi Moïse rappelle-t-il au
peuple d'Israël les bienfaits dont il a
été l'objet de la part de
l'Éternel ? Afin de maintenir la
sensibilité des coeurs à la
bonté de Dieu, afin de réveiller la
confiance, l'obéissance et la soumission aux
lois du Très-Haut. En effet, tout se tient,
et l'obéissance devient chose facile quand
le coeur se remplit d'amour. Les commandements de
Dieu ne sont pas pénibles, observe
l'apôtre Jean
(1
Jn 5/3) ; et c'est l'amour
qui en permet l'accomplissement facile.
« Mon joug est doux et mon fardeau
léger » déclare le Seigneur
Jésus-Christ
(Mat
11/30), à tous ceux qui
répondent à cet appel :
« Venez à
moi ».
L'apôtre Paul affirme de son
côté
(Ep
3/20) que Dieu peut faire, par la
puissance qui agit en nous, infiniment
au-delà de tout ce que nous demandons ou
pensons, mais, au verset précédent,
il nous invite à « connaître
l'amour de Christ ». Ayons en nous
l'amour de Dieu, croyons à la bonté
et à la fidélité de Dieu,
demeurons dans Son alliance, vivons, travaillons et
combattons dans une totale dépendance du
Seigneur.
Marc
8 / 11 à
21
Se garder du levain des
pharisiens
et du levain d'Hérode, telle était la
recommandation de Jésus. Il s'agissait de
l'enseignement
(Mat
16/12) de ces classes d'hommes,
enseignement hypocrite, c'est-à-dire
affecté et non dans la pensée du vrai
(Luc
12/1). Cependant, voilà
une conversation bien curieuse : alors que les
disciples errent en s'efforçant de
comprendre ce que le Seigneur Jésus a voulu
leur dire, discutent entre eux sur le sens de la
parole du Maître et l'appliquent aux pains
qu'ils ont oublié de prendre, voici que
Jésus, à qui l'on ne peut rien
cacher, se met à les reprendre avec
sévérité pour n'avoir pas
compris Sa parole.
Cette incompréhension, que
paraît-elle dénoter ? Un
défaut d'intelligence spirituelle, donc, un
endurcissement du coeur caractérisé
par : des yeux qui ne voient pas et des
oreilles qui n'entendent pas ; en outre, un
oubli des précédents hauts faits du
Seigneur, notamment des deux multiplications de
pains miraculeuses. À vrai dire, les
disciples n'avaient pas su méditer sur ces
deux multiplications, et n'en avaient retiré
aucun enseignement
(Marc
6/52). Or, loin
d'éclaircir le sens de Sa parole, le
Seigneur va, au contraire, augmenter le
mystère et, guider la pensée des
disciples par le simple rapprochement de deux
nombres ; cela fait, il questionnera :
« ne comprenez-vous pas
encore ? ». Revenant aux deux
multiplications de pains, Jésus demande
d'abord combien de corbeilles pleines de morceaux
ont été emportées après
la première multiplication. Sans aucune
hésitation, les disciples
répondent : douze. C'était
là, en effet, un fait qui les avait
frappés. Puis, Jésus pose la
même question concernant la seconde
multiplication. Avec la même assurance, les
disciples répondent : sept.
L'événement est tout
récent ; et les faits eux-mêmes
sont bien là dans leurs regards ; ils
ont bien vu, d'une part ces douze corbeilles
pleines de morceaux, d'autre part ces sept
corbeilles également pleines, que l'on a
emportées.
Manifestement, le Seigneur
attire
l'attention de ses disciples sur le rapprochement
de ces deux nombres : 12 et 7, se rapportant
à des faits simples et bien ancrés
dans leur mémoire. Que pouvaient
évoquer ces nombres et leur rapprochement
dans l'esprit de ces hommes
israélites ? En premier lieu 12. La
chose qui s'imposait immédiatement à
leur pensée était la structure du
peuple d'Israël, composé de 12 tribus,
parce que formé par la descendance des 12
patriarches, fils de Jacob. Ce nombre 12 revenait
fréquemment dans l'histoire d'Israël,
en raison de ce qu'il structurait le peuple. Parce
qu'il y avait, selon la volonté de Dieu, 12
tribus, Moïse érige 12 pierres au
moment où il recueille l'engagement du
peuple
(Ex
24/4) ; le pectoral du
jugement porte 12 pierres précieuses ;
Josué dresse 12 pierres au milieu du
Jourdain, là où s'étaient
arrêtés les pieds des sacrificateurs,
et les 12 pierres enlevées du lit du fleuve
sont dressées à Guilgal
(Jos
4/9 et 20).
Les disciples connaissaient
cette grande cuve appelée
« mer » destinée aux
ablutions des sacrificateurs, supportée par
12 boeufs, puis les douze pains de proposition
rangés en deux piles de six ; enfin,
eux-mêmes, selon le choix de leur Seigneur,
ils étaient douze.
Quant au nombre 7, lui aussi il
évoquait bien des choses se rapportant
à la volonté de Dieu pour le peuple.
C'était d'abord la division du temps en
périodes de 7 jours (le
7eme étant le sabbat hebdomadaire), la 7eme
année (année sabbatique), les 7
semaines de moissons qui séparaient la
Pâque de Pentecôte, les 7 jours de la
Pâque, les 7 jours de la fête des
tabernacles (laquelle tombait le 7eme mois), les 7
aspersions de sang consécutives dans les
sacrifices d'expiation, les 7 agneaux
sacrifiés chaque jour pendant la
Pâque. C'était encore, la pierre aux 7
yeux dont parle le prophète Zacharie
(Za
3/9), prophétie encore
recouverte de mystère pour les
disciples ; puis le chandelier aux sept lampes
avec lequel, par contre, les disciples
étaient familiarisés. Enfin, venait
à l'esprit de ceux-ci le mot
« shéba » qui signifie
à la fois « sept » et
« alliance ».
Le nombre 12 apparaît donc
comme la marque apposée par Dieu sur le
peuple d'Israël. Puisque voulu par Dieu, ce
nombre prend le caractère d'une
plénitude ; il signifie : cela est
bon, cela est pleinement satisfaisant ; ou
encore : ainsi fait Dieu, ainsi fallait-il
faire. Rien n'est à reprendre à
l'oeuvre de Dieu, tout ce qu'Il fait correspond
à la perfection. Les dispositions que Dieu
prend pour se donner un peuple, pour le placer sous
la garde d'une loi, la loi de Moïse,
préparent la bénédiction qui
s'étendra à toute la terre, telle
qu'elle a été promise à
Abraham. Cette phase préparatoire, qui va
d'Abraham à la naissance de l'Église,
et contient toute l'histoire du peuple
d'Israël telle que la Bible la relate, peut
être appelée le temps des
« choses terrestres », selon la
distinction faite par le Seigneur Jésus
entre « choses terrestres » et
« choses célestes »
(Jn
3/12). L'ensemble des choses
terrestres porte la marque 12 ; le peuple
d'Israël et l'ancienne alliance.
Par contre, le nombre 7 est une
marque apposée sur ce qui vient de Dieu, ce
qui vient d'en haut, et sur le Messie
Lui-même (la pierre aux sept yeux ;
l'agneau aux sept cornes et aux sept yeux, qui sont
les sept esprits de Dieu envoyés par toute
la terre
(Zac
3/9 et Apo
5/6). Tout ce que Dieu apporte
dans l'alliance traitée par Moïse avec
Israël porte le nombre 7 : le sabbat, les
sacrifices, images des choses célestes,
notamment de la victime expiatoire venant d'en
haut, la purification et le pardon. Ce que Dieu
prend sur la terre et à l'homme porte le
nombre 12 ; ce que Dieu donne, même
comme ombres et images des choses célestes,
porte le nombre 7. Avec le nombre 12, c'est une
plénitude terrestre ; avec le nombre 7
une plénitude céleste. Le nombre 12
est attaché aux choses de l'ancienne
alliance (alliance aux ordonnances charnelles
imposées seulement jusqu'à une
époque de réformation - Héb.
9/10) ; le nombre 7
étant attaché aux choses de
l'alliance nouvelle, alliance apportant un
« ministère de l'esprit, ou
ministère de la justice »
(2
Cor 3/4 à 11). En cette
alliance tout est apporté d'en haut ;
seule la foi est demandée. Le
Médiateur et la Sainte Victime viennent d'en
haut, le pardon des péchés, la
grâce, la paix, la joie, le Royaume, le
Saint-Esprit viennent d'en haut. La
plénitude de cette nouvelle alliance,
annoncée par le prophète
Jérémie
(Jé
31/ 31-34) a pour
indicatif le nombre 7 : les 7 églises,
les 7 étoiles, les 7 esprits de Dieu. Il ne
s'agit plus des images des choses à venir,
mais des choses réelles, des choses
célestes
(Héb
9/23).
Dans son enseignement, Jésus
a beaucoup appuyé sur le passage de
l'ancienne alliance à la nouvelle alliance
dont Il est le Médiateur, et c'est ce qu'Il
voulait que comprennent ses disciples
derrière ces nombres 12 et 7. Le nombre 12
vient en premier ; il caractérise
l'ancienne alliance donnée aux 12 tribus,
indispensable pour préparer la venue des
« choses
célestes » ; le nombre 7
vient ensuite avec le Messie, pierre aux sept yeux,
apportant le pardon des péchés, la
grâce et la vérité, et ouvrant
le Royaume de Dieu. Une chose importait :
c'était de savoir passer du 12 au 7, de
reconnaître que le temps était venu de
passer de l'ancienne à la nouvelle alliance, et de
ne pas
manquer ce
passage comme étaient en train de le faire
les pharisiens. Combien de corbeilles pleines
avez-vous emportées ? La
première fois : douze ; la seconde
fois : sept !
Mais pourquoi Jésus se
sert-il des multiplications de pains pour accentuer
l'enseignement du passage du 12 au 7, de l'ancienne
à la nouvelle alliance ? Jésus
se servait toujours d'images de langage pour
enseigner, soit qu'il mette à profit les
circonstances du moment, soit qu'il compose
lui-même l'image en tant que parabole.
À la fin de Son ministère, Il parlera
ouvertement, hors de toute parabole
(Jn
16/29). En l'occurrence, les
disciples étaient préoccupés
de pains ; ils avaient oublié de s'en
munir. Question banale. C'est alors que
Jésus leur dit :
« gardez-vous avec soin du levain des
pharisiens et du levain
d'Hérode ». Ne comprenant pas
cette parole, les disciples font tant bien que mal
une assimilation entre l'idée de pains
oubliés et celle de levain, et
ramènent ainsi la recommandation du Seigneur
au regret de leur oubli. Il arrive quelquefois que
nous fassions retomber dans le champ de nos petites
préoccupations terrestres tel ou tel
enseignement de la Parole de Dieu dont la haute
portée se trouve ainsi voilée. Pour
se faire comprendre, tout en restant dans l'image,
Jésus va se saisir des multiplications de
pains miraculeuses réalisées à
la vue de ses disciples. Quel rapport y a t'il
entre le passage d'une alliance à l'autre et
ces deux éclatants miracles ? Il y a
que toute l'oeuvre de Dieu emprunte les voies de la
multiplication. Pour ne remonter qu'à
l'origine du peuple d'Israël, rappelons ce que
l'Éternel dit à Abraham :
« Je te multiplierai à l'infini.
Je te bénirai, et Je multiplierai ta
postérité comme les étoiles du
ciel et comme le sable qui est sur le bord de la
mer. Toutes les nations de la terre seront
bénies en ta
postérité. »
(Gen
17/2 - 22/17
et 18). C'est ce que Dieu fit
et fait encore. D'une part,
Il a multiplié Abraham en sa
descendance par la chair pour former le peuple
d'Israël ; c'est la première
multiplication (voir : Es
51/1 et 2). Sur le fruit de cette
première multiplication, porte le nombre 12,
qui structure la descendance d'Abraham par Jacob.
D'autre part, Dieu a multiplié Christ en une
« postérité »
annoncée par Esaïe (voir : Jn
12/24 et Es
53/10) ; c'est la seconde
multiplication, celle que structure le nombre 7,
car cette multiplication a pour point de
départ la pierre aux sept yeux et se
développe dans la perspective des sept
chandeliers aux sept lampes, qui sont les sept
églises. Le nombre 12 qui est aussi celui
des apôtres sert en cela de passage entre
l'ancienne alliance d'où proviennent les
apôtres, appelés à juger les 12
tribus d'Israël, et d'où provient la
première formation de
l'Église.
Ainsi, l'oeuvre de salut de Dieu
s'insinue sur la terre du péché en
deux phases, correspondant à deux alliances,
comme à deux multiplications : la
première de celle-ci est une multiplication
dans la chair (descendance d'Abraham) ; la
seconde est une multiplication par élection.
Cette seconde multiplication
« l'Église corps de
Christ » est bien située dans les
passages suivants : Ro
4/13 à 18 ; 9/6
à 8 ; Gal
3/6 à 11 ; 4/21
à 28.
Ne comprenez-vous pas ?
questionne Jésus, après avoir
remémoré le nombre de corbeilles
pleines de morceaux après chacune des deux
multiplications. Ne comprenez-vous pas que deux
multiplications se font suite et que les marques
particulières de l'une et de l'autre sont
respectivement les nombres 12 et 7. Ne
comprenez-vous pas que c'est maintenant le temps de
la seconde multiplication, et que l'heure est venue
où les vrais adorateurs adoreront le
Père en esprit et en vérité.
Ne comprenez-vous pas que, par leur enseignement
sans vérité, les pharisiens et les hérodiens vous
retiendraient hors de la nouvelle alliance ;
ils vous empêcheraient, les uns et les autres
pour des raisons différentes, de vous
laisser aller à la foi et au Royaume ;
car eux, ils n'entrent pas dans le Royaume et
empêchent d'y entrer ceux sur lesquels ils
prennent autorité. Ainsi,
« gardez-vous avec soin du levain des
pharisiens et d'Hérode ». Quels
étaient donc les enseignements des
pharisiens et d'Hérode. Les premiers
s'attachaient, en savants théologiens,
à la lettre des Écritures
augmentée des prescriptions traditionnelles,
et, devenus incapables de discerner les choses
à venir par l'Esprit, ils ne pouvaient
reconnaître en Jésus le Fils de Dieu,
ni comprendre l'approche du Royaume. Leur
piété était formaliste et les
poussait à rechercher les apparences. Ils
s'opposaient donc à Jésus et à
la venue de l'alliance nouvelle. Ancrés au
12, ils ne reconnaissaient pas le 7. Quant aux
hérodiens, ils étaient ces juifs
décidés à composer avec le
temps présent, avec le monde, avec
l'autorité de Rome. Comment auraient-ils pu
discerner la venue du Royaume en la personne de
Jésus !
Si les apôtres de
Jésus-Christ avaient à se garder avec
soin des deux tendances auxquelles les noms de deux
castes de leur époque sont donnés,
croyons bien (l'Évangile étant
destiné à toutes les
générations) que nous aussi,
aujourd'hui, nous avons à nous garder de
deux courants qui nous détourneraient de la
vérité et du Royaume : d'une
part, le légalisme et le formalisme,
liés l'un à l'autre ; d'autre part le
monde avec ses appâts, sa philosophie et ses
tromperies. Gardons-nous donc, selon
l'impérieux conseil du Seigneur, du
légalisme, cet attachement étroit
à la lettre des textes bibliques qui aboutit
à des interprétations
erronées, et dont on ne retire que
préceptes sur préceptes,
règles sur règles, alors que le coeur
se ferme à l'amour, ainsi qu'à la
compréhension des vérités
révélées. Gardons-nous de ce
levain, et n'oublions jamais que si l'ancien
Testament est pour nous une source d'enseignements
riches et puissants, il nous apprend la justice, la
sainteté de Dieu, mais n'est pas un code de
dispositions à appliquer comme elles
l'étaient sous l'ancienne alliance, sous la
loi. Nous ne sommes plus sous la loi ;
autrement, il nous faudrait user des sanctions de
la loi, et, par exemple, de la lapidation. Nous
sommes dans le temps de la grâce :
« tout est permis, mais tout n'est pas
utile, tout est permis, mais tout n'édifie
pas ; tout m'est permis, mais je ne me
laisserai asservir par quoi que ce soit »
(1
Cor 10/23 et 6/12).
Pour comprendre
l'Évangile, c'est à l'Esprit de Dieu
que je demanderai enseignement à l'Onction
qui enseigne.
Gardons-nous avec autant de soin
des
propositions de ce monde. Ce dernier a beaucoup de
choses et de solutions à nous proposer,
surtout aux jeunes. Avec les prétendues
lumières de la science, le monde se propose
de nous expliquer la Bible et la manière
d'être chrétien en ce 20eme
siècle. Méfions-nous de cela, car,
avec sa science, le monde est plongé dans de
profondes ténèbres, et s'efforce de
reprendre ceux qui sont devenus les disciples de
Jésus-Christ. Persévérons avec
simplicité dans l'enseignement de Christ et
apôtres, et Christ nous éclairera.
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