Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

TES VÊTEMENTS NE SE SONT POINT USÉS

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Deutéronome 29 / 1 à 9

Dieu avait traité alliance avec le peuple ; et Il a agi dans le cadre de cette alliance. Des choses étonnantes, puissantes et bonnes se sont réalisées en faveur du peuple de Dieu : de grandes épreuves, mais aussi de grands prodiges, des miracles, des victoires aisément remportées. Et, en particulier, il est arrivé une chose qui ne s'est jamais vue : « toi, peuple d'Israël que j'ai conduit pendant 40 années dans le désert, tes vêtements ne se sont point usés sur toi, et ton soulier ne s'est point usé à ton pied ». De plus, ajoute Moïse en un autre discours (Deut 8/4), « ton pied ne s'est point enflé pendant ces 40 années ». Bien des siècles plus tard, ces hauts faits de Dieu seront rappelés dans une ardente prière du peuple revenu de l'exil (Né 9/11).

Il y eut donc là une intervention de Dieu qui pourvut à l'entretien de Son peuple, lui donnant notamment la manne, nourriture parfaite, tombant du ciel, faisant jaillir l'eau du rocher ; mais les soins du Seigneur à l'égard de Son peuple allèrent jusqu'à lui épargner la fatigue des pieds et l'usure de ses vêtements et de ses souliers ! Tout un peuple, c'est-à-dire, 603 550 hommes de 20 ans et au-dessus, en état de porter les armes (No 1/45-46), plus 22000 lévites (No 3/39), plus les femmes, les vieillards, les enfants et adolescents, tout un peuple avait, pendant 40 ans, été témoin de ce miracle prolongé et constant, consistant en la totale conservation de ses vêtements et de ses souliers, malgré le service qui leur était demandé ; consistant encore en un maintien du bon état des pieds, en dépit des longues marches qu'il fallait accomplir.

C'était bien là un ensemble de faits absolument contraires aux conséquences les plus constantes et les mieux connues des lois usuelles, notamment des lois du frottement. Sur cette terre où tout se détruit, où tout est vanité, on ne peut travailler, agir, se déplacer sans provoquer des usures. La matière frotte sur la matière et s'use en se désagrégeant. Nous y sommes habitués, et cela ne nous étonne pas ; nous parons aux usures par le remplacement des choses usées. Eh bien, ces lois ordinaires, irrévocables comme toutes les lois physiques, furent suspendues pour le peuple d'Israël pendant 40 ans ! Rapprochons de ce miracle celui dont nous parle le livre de Daniel, au chapitre 3. Nous y voyons que Schadrac, Méschac et Abed-Nego, les trois compagnons de Daniel, sont liés avec tous leurs vêtements et jetés ainsi au milieu de la fournaise ardente ! Bien sûr, selon les lois de cette terre, il aurait fallu peu de temps pour que ces trois jeunes hommes, eux et leurs habits, soient dévorés par le feu. Or, il n'en a pas été ainsi.
Là aussi les lois, dont personne sur la terre ne peut retenir les effets, se sont trouvées suspendues. C'est tellement extraordinaire, et même effrayant, que le roi Nébucadnetsar en est bouleversé. Les trois condamnés, auxquels une quatrième personne s'est jointe au milieu du feu, y marchent sans liens et sans ressentir le moindre mal. Et voici, qu'à l'ordre du roi, ils sortent du feu, absolument indemnes. Or, non seulement ils n'ont rien éprouvé de la part du feu, mais bien plus, leurs vêtements ne sont aucunement endommagés ; plus encore, ces vêtements n'ont pas retenu l'odeur du feu, l'odeur de brûlé ! Tout s'est passé comme si nos trois jeunes gens étaient allés se promener au grand air. Les lois naturelles sont soumises à Dieu qui les a établies, et Dieu les suspend quand Il veut, dans les circonstances où Sa justice, Sa miséricorde, et Sa sagesse l'exigent.

Que de merveilles dans l'entourage du Maître du Ciel et de la terre ! Voulez-vous vivre dans l'entourage de Dieu ? Qu'y a t'il dans l'entourage de Dieu ? La vérité, la justice et la fidélité. Pour être dans l'entourage de Dieu, il faut être reçu dans une alliance que Dieu traite, et il faut rester dans les termes, les clauses de cette alliance. « Rien ne vous serait impossible » dit Jésus aux hommes de foi (Mat 17/20) qui gardent Ses paroles, et qui donc, demeurent dans l'alliance, dans l'entourage de Dieu.

Notre faute, notre faiblesse, c'est de ne pas croire avec assez de force. On peut toujours émettre des doutes, et il est encore des chrétiens qui en ont beaucoup dans le coeur. Ils les expriment avec subtilité quand ils le peuvent. On pourrait dire, par exemple, et des commentateurs l'ont dit, que les vêtements et les souliers du peuple d'Israël n'avaient pas tellement à s'user dans le désert, qu'au sortir de l'Égypte des stocks avaient été emportés, car la chose est dite en Exode 12/35, et que cette abondance de vêtements leur permit de ne pas porter d'habits usés, étant à même de les remplacer dès qu'il en était besoin. De telles allégations sont les hontes de l'incrédulité. La conservation en bon état des vêtements et des souliers du peuple fut un miracle. Comment les discuteurs expliqueraient-ils que les pieds des israélites ne s'enflèrent point ? La chose normale eût été la rapide usure des vêtements et des souliers, et la souffrance causée par l'irritation des pieds en proie à l'oedème. En veut-on une preuve ? La Bible nous la donne. Rappelons-nous la comédie qu'imaginent les Gabaonites pour échapper au sort commun des peuples de Canaan lors de la conquête de ce pays par Josué. En habiles simulateurs, ils vont s'ingénier à démontrer à Josué et aux anciens d'Israël qui s'y laissent prendre, qu'ils viennent de très loin (Josué 9). Pour cela, ils mettent aux pieds des souliers usés et raccommodés, et endossent leurs plus vieux vêtements ; puis ils disent à Josué : « nos vêtements et nos souliers se sont usés par l'excessive longueur de la marche ». Telle était donc bien la chose normale, et c'est ce qui aurait dû se produire dans le désert. C'est ce qui ne s'est pas produit !

Plusieurs leçons, bonnes et réconfortantes pour la foi, sont à retirer de l'épisode du désert concernant les vêtements, les souliers et les pieds. Réaffirmons d'abord qu'à Dieu tout est possible. Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu (Luc 18/27). Nous ne pouvons sonder la Toute-puissance de Dieu ; elle n'a pas de limites. Il est le Créateur, et soutient toutes choses en existence. Mais s'Il suspend quelque loi naturelle, Il le fait pour faire place à une autre loi, à un autre plan, et toujours dans la poursuite des desseins éternels dont le mobile est l'amour. Dans le désert, ce peuple, qu'il prépare à l'accomplissement de Ses desseins de salut pour la terre, doit apprendre à vivre d'une façon nouvelle ; dans la dépendance de Dieu ! Dieu commence ; Il a aimé l'homme le premier, Il lui manifeste sa sollicitude, Il le comble de ses bienfaits. Pourquoi l'homme ne reste-t-il pas fidèle à ce Dieu qui ne lui donne que ce que lui est nécessaire pour son bien ?

Considérons d'un côté le néant dans lequel l'homme est tombé par son insoumission à la Parole de Dieu ; et, de l'autre, considérons la Toute-puissance de Dieu, Sa grandeur, Son amour et Sa fidélité ; et soyons confondus « A toi Seigneur est la justice, et à nous la confusion de face » (Da 9/7).

Si l'Éternel a voulu pourvoir à toute chose nécessaire en faveur d'un peuple parcourant une terre aride et sans ressources, et si, pour cela, Il a employé sa Toute-puissance, c'est bien que, dans un autre temps, lorsque la terre du péché aura passé, Dieu pourvoira à toute nécessité, à toute félicité, en dehors des lois qui régissent le monde actuel ; et Sa fidélité ne rencontrera plus aucun obstacle du côté des hommes, car ceux-ci auront revêtu la perfection, et ils seront devenus inébranlables par l'oeuvre de Jésus-Christ. Dieu donnera, Il comblera les hommes, laissera libre cours à Son amour pour eux, et Sa Toute-puissance ne sera jamais épuisée. Mais déjà, même au cours de notre pèlerinage sur cette terre où nous sommes nés selon la chair, et nés de Dieu par le pouvoir de Jésus, Le Seigneur veut nous combler de bienfaits, et nous permettre de marcher d'une manière surnaturelle, afin que nous Le servions avec efficacité. La marche du chrétien, disciple accompli de Jésus, est une marche surnaturelle ; autrement cette marche ne serait pas réalisable. La grâce de Dieu sur l'Église n'est-elle pas un miracle constant ; voyons-en l'expression dans le merveilleux psaume 23.

Nous pouvons encore prendre acte de ce que Dieu intervient dans les choses les plus diverses. Il peut fendre la mer pour permettre au peuple de la traverser, arrêter le soleil dans sa course, suspendre la terre sur le néant, et Il peut aussi, par une action aux effets bien plus limités, s'occuper des souliers et des vêtements du peuple que Sa main conduit. Le Grand Dieu qui a créé l'Univers aux dimensions incalculables, créé les étoiles, l'homme, les animaux, les plantes, tout siège d'une vie restée mystérieuse ; qui a fait la matière avec de l'invisible ; qui, descendant dans l'infiniment petit comme Il est allé dans l'infiniment grand, a créé les atomes, les particules encore bien plus petites dont les atomes sont formés ; qui, Il le Prouve ainsi, n'est limité par rien. Lui, le Grand Dieu, condescend à employer le miracle pour obvier à l'usure des vêtements de son peuple, à celle de ses souliers, et pour empêcher l'échauffement des pieds. Ce fut là un bienfait limité, mais combien nécessaire, et non moins merveilleux. Dieu fait des choses grandioses, fabuleuses, dont la moindre pourrait volatiliser la terre et ce qu'elle renferme ; mais Il tient en respect les puissances et les masses qui nous écraseraient, et de plus Il nous garde, nous protège. Il a compté tous les cheveux de notre tête (Mat 10/30), Il entend pourvoir à nos besoins les plus ordinaires, nourriture, vêtement (Mat 6/30-34). Que nous demande-t-il en contrepartie ? D'être Son peuple, de Lui donner toute notre confiance, d'être fidèle dans l'accomplissement de Ses commandements, de nous appuyer sur Lui, en Jésus-Christ. Ainsi, la sollicitude de Dieu, au service de laquelle se met Sa Toute-puissance, descend à tous les niveaux, et s'exerce selon une bonté qui confond.

Pourquoi Moïse rappelle-t-il au peuple d'Israël les bienfaits dont il a été l'objet de la part de l'Éternel ? Afin de maintenir la sensibilité des coeurs à la bonté de Dieu, afin de réveiller la confiance, l'obéissance et la soumission aux lois du Très-Haut. En effet, tout se tient, et l'obéissance devient chose facile quand le coeur se remplit d'amour. Les commandements de Dieu ne sont pas pénibles, observe l'apôtre Jean (1 Jn 5/3) ; et c'est l'amour qui en permet l'accomplissement facile. « Mon joug est doux et mon fardeau léger » déclare le Seigneur Jésus-Christ (Mat 11/30), à tous ceux qui répondent à cet appel : « Venez à moi ».

L'apôtre Paul affirme de son côté (Ep 3/20) que Dieu peut faire, par la puissance qui agit en nous, infiniment au-delà de tout ce que nous demandons ou pensons, mais, au verset précédent, il nous invite à « connaître l'amour de Christ ». Ayons en nous l'amour de Dieu, croyons à la bonté et à la fidélité de Dieu, demeurons dans Son alliance, vivons, travaillons et combattons dans une totale dépendance du Seigneur.




COMBIEN DE CORBEILLES PLEINES DE MORCEAUX AVEZ-VOUS EMPORTÉES ?


Marc 8 / 11 à 21

Se garder du levain des pharisiens et du levain d'Hérode, telle était la recommandation de Jésus. Il s'agissait de l'enseignement (Mat 16/12) de ces classes d'hommes, enseignement hypocrite, c'est-à-dire affecté et non dans la pensée du vrai (Luc 12/1). Cependant, voilà une conversation bien curieuse : alors que les disciples errent en s'efforçant de comprendre ce que le Seigneur Jésus a voulu leur dire, discutent entre eux sur le sens de la parole du Maître et l'appliquent aux pains qu'ils ont oublié de prendre, voici que Jésus, à qui l'on ne peut rien cacher, se met à les reprendre avec sévérité pour n'avoir pas compris Sa parole.
Cette incompréhension, que paraît-elle dénoter ? Un défaut d'intelligence spirituelle, donc, un endurcissement du coeur caractérisé par : des yeux qui ne voient pas et des oreilles qui n'entendent pas ; en outre, un oubli des précédents hauts faits du Seigneur, notamment des deux multiplications de pains miraculeuses. À vrai dire, les disciples n'avaient pas su méditer sur ces deux multiplications, et n'en avaient retiré aucun enseignement (Marc 6/52). Or, loin d'éclaircir le sens de Sa parole, le Seigneur va, au contraire, augmenter le mystère et, guider la pensée des disciples par le simple rapprochement de deux nombres ; cela fait, il questionnera : « ne comprenez-vous pas encore ? ». Revenant aux deux multiplications de pains, Jésus demande d'abord combien de corbeilles pleines de morceaux ont été emportées après la première multiplication. Sans aucune hésitation, les disciples répondent : douze. C'était là, en effet, un fait qui les avait frappés. Puis, Jésus pose la même question concernant la seconde multiplication. Avec la même assurance, les disciples répondent : sept. L'événement est tout récent ; et les faits eux-mêmes sont bien là dans leurs regards ; ils ont bien vu, d'une part ces douze corbeilles pleines de morceaux, d'autre part ces sept corbeilles également pleines, que l'on a emportées.

Manifestement, le Seigneur attire l'attention de ses disciples sur le rapprochement de ces deux nombres : 12 et 7, se rapportant à des faits simples et bien ancrés dans leur mémoire. Que pouvaient évoquer ces nombres et leur rapprochement dans l'esprit de ces hommes israélites ? En premier lieu 12. La chose qui s'imposait immédiatement à leur pensée était la structure du peuple d'Israël, composé de 12 tribus, parce que formé par la descendance des 12 patriarches, fils de Jacob. Ce nombre 12 revenait fréquemment dans l'histoire d'Israël, en raison de ce qu'il structurait le peuple. Parce qu'il y avait, selon la volonté de Dieu, 12 tribus, Moïse érige 12 pierres au moment où il recueille l'engagement du peuple (Ex 24/4) ; le pectoral du jugement porte 12 pierres précieuses ; Josué dresse 12 pierres au milieu du Jourdain, là où s'étaient arrêtés les pieds des sacrificateurs, et les 12 pierres enlevées du lit du fleuve sont dressées à Guilgal (Jos 4/9 et 20). Les disciples connaissaient cette grande cuve appelée « mer » destinée aux ablutions des sacrificateurs, supportée par 12 boeufs, puis les douze pains de proposition rangés en deux piles de six ; enfin, eux-mêmes, selon le choix de leur Seigneur, ils étaient douze.

Quant au nombre 7, lui aussi il évoquait bien des choses se rapportant à la volonté de Dieu pour le peuple. C'était d'abord la division du temps en périodes de 7 jours (le 7eme étant le sabbat hebdomadaire), la 7eme année (année sabbatique), les 7 semaines de moissons qui séparaient la Pâque de Pentecôte, les 7 jours de la Pâque, les 7 jours de la fête des tabernacles (laquelle tombait le 7eme mois), les 7 aspersions de sang consécutives dans les sacrifices d'expiation, les 7 agneaux sacrifiés chaque jour pendant la Pâque. C'était encore, la pierre aux 7 yeux dont parle le prophète Zacharie (Za 3/9), prophétie encore recouverte de mystère pour les disciples ; puis le chandelier aux sept lampes avec lequel, par contre, les disciples étaient familiarisés. Enfin, venait à l'esprit de ceux-ci le mot « shéba » qui signifie à la fois « sept » et « alliance ».

Le nombre 12 apparaît donc comme la marque apposée par Dieu sur le peuple d'Israël. Puisque voulu par Dieu, ce nombre prend le caractère d'une plénitude ; il signifie : cela est bon, cela est pleinement satisfaisant ; ou encore : ainsi fait Dieu, ainsi fallait-il faire. Rien n'est à reprendre à l'oeuvre de Dieu, tout ce qu'Il fait correspond à la perfection. Les dispositions que Dieu prend pour se donner un peuple, pour le placer sous la garde d'une loi, la loi de Moïse, préparent la bénédiction qui s'étendra à toute la terre, telle qu'elle a été promise à Abraham. Cette phase préparatoire, qui va d'Abraham à la naissance de l'Église, et contient toute l'histoire du peuple d'Israël telle que la Bible la relate, peut être appelée le temps des « choses terrestres », selon la distinction faite par le Seigneur Jésus entre « choses terrestres » et « choses célestes » (Jn 3/12). L'ensemble des choses terrestres porte la marque 12 ; le peuple d'Israël et l'ancienne alliance.

Par contre, le nombre 7 est une marque apposée sur ce qui vient de Dieu, ce qui vient d'en haut, et sur le Messie Lui-même (la pierre aux sept yeux ; l'agneau aux sept cornes et aux sept yeux, qui sont les sept esprits de Dieu envoyés par toute la terre (Zac 3/9 et Apo 5/6). Tout ce que Dieu apporte dans l'alliance traitée par Moïse avec Israël porte le nombre 7 : le sabbat, les sacrifices, images des choses célestes, notamment de la victime expiatoire venant d'en haut, la purification et le pardon. Ce que Dieu prend sur la terre et à l'homme porte le nombre 12 ; ce que Dieu donne, même comme ombres et images des choses célestes, porte le nombre 7. Avec le nombre 12, c'est une plénitude terrestre ; avec le nombre 7 une plénitude céleste. Le nombre 12 est attaché aux choses de l'ancienne alliance (alliance aux ordonnances charnelles imposées seulement jusqu'à une époque de réformation - Héb. 9/10) ; le nombre 7 étant attaché aux choses de l'alliance nouvelle, alliance apportant un « ministère de l'esprit, ou ministère de la justice » (2 Cor 3/4 à 11). En cette alliance tout est apporté d'en haut ; seule la foi est demandée. Le Médiateur et la Sainte Victime viennent d'en haut, le pardon des péchés, la grâce, la paix, la joie, le Royaume, le Saint-Esprit viennent d'en haut. La plénitude de cette nouvelle alliance, annoncée par le prophète Jérémie (Jé 31/ 31-34) a pour indicatif le nombre 7 : les 7 églises, les 7 étoiles, les 7 esprits de Dieu. Il ne s'agit plus des images des choses à venir, mais des choses réelles, des choses célestes (Héb 9/23).

Dans son enseignement, Jésus a beaucoup appuyé sur le passage de l'ancienne alliance à la nouvelle alliance dont Il est le Médiateur, et c'est ce qu'Il voulait que comprennent ses disciples derrière ces nombres 12 et 7. Le nombre 12 vient en premier ; il caractérise l'ancienne alliance donnée aux 12 tribus, indispensable pour préparer la venue des « choses célestes » ; le nombre 7 vient ensuite avec le Messie, pierre aux sept yeux, apportant le pardon des péchés, la grâce et la vérité, et ouvrant le Royaume de Dieu. Une chose importait : c'était de savoir passer du 12 au 7, de reconnaître que le temps était venu de passer de l'ancienne à la nouvelle alliance, et de ne pas manquer ce passage comme étaient en train de le faire les pharisiens. Combien de corbeilles pleines avez-vous emportées ? La première fois : douze ; la seconde fois : sept !

Mais pourquoi Jésus se sert-il des multiplications de pains pour accentuer l'enseignement du passage du 12 au 7, de l'ancienne à la nouvelle alliance ? Jésus se servait toujours d'images de langage pour enseigner, soit qu'il mette à profit les circonstances du moment, soit qu'il compose lui-même l'image en tant que parabole. À la fin de Son ministère, Il parlera ouvertement, hors de toute parabole (Jn 16/29). En l'occurrence, les disciples étaient préoccupés de pains ; ils avaient oublié de s'en munir. Question banale. C'est alors que Jésus leur dit : « gardez-vous avec soin du levain des pharisiens et du levain d'Hérode ». Ne comprenant pas cette parole, les disciples font tant bien que mal une assimilation entre l'idée de pains oubliés et celle de levain, et ramènent ainsi la recommandation du Seigneur au regret de leur oubli. Il arrive quelquefois que nous fassions retomber dans le champ de nos petites préoccupations terrestres tel ou tel enseignement de la Parole de Dieu dont la haute portée se trouve ainsi voilée. Pour se faire comprendre, tout en restant dans l'image, Jésus va se saisir des multiplications de pains miraculeuses réalisées à la vue de ses disciples. Quel rapport y a t'il entre le passage d'une alliance à l'autre et ces deux éclatants miracles ? Il y a que toute l'oeuvre de Dieu emprunte les voies de la multiplication. Pour ne remonter qu'à l'origine du peuple d'Israël, rappelons ce que l'Éternel dit à Abraham : « Je te multiplierai à l'infini. Je te bénirai, et Je multiplierai ta postérité comme les étoiles du ciel et comme le sable qui est sur le bord de la mer. Toutes les nations de la terre seront bénies en ta postérité. » (Gen 17/2 - 22/17 et 18). C'est ce que Dieu fit et fait encore. D'une part,

Il a multiplié Abraham en sa descendance par la chair pour former le peuple d'Israël ; c'est la première multiplication (voir : Es 51/1 et 2). Sur le fruit de cette première multiplication, porte le nombre 12, qui structure la descendance d'Abraham par Jacob. D'autre part, Dieu a multiplié Christ en une « postérité » annoncée par Esaïe (voir : Jn 12/24 et Es 53/10) ; c'est la seconde multiplication, celle que structure le nombre 7, car cette multiplication a pour point de départ la pierre aux sept yeux et se développe dans la perspective des sept chandeliers aux sept lampes, qui sont les sept églises. Le nombre 12 qui est aussi celui des apôtres sert en cela de passage entre l'ancienne alliance d'où proviennent les apôtres, appelés à juger les 12 tribus d'Israël, et d'où provient la première formation de l'Église.

Ainsi, l'oeuvre de salut de Dieu s'insinue sur la terre du péché en deux phases, correspondant à deux alliances, comme à deux multiplications : la première de celle-ci est une multiplication dans la chair (descendance d'Abraham) ; la seconde est une multiplication par élection. Cette seconde multiplication « l'Église corps de Christ » est bien située dans les passages suivants : Ro 4/13 à 18 ; 9/6 à 8 ; Gal 3/6 à 11 ; 4/21 à 28.

Ne comprenez-vous pas ? questionne Jésus, après avoir remémoré le nombre de corbeilles pleines de morceaux après chacune des deux multiplications. Ne comprenez-vous pas que deux multiplications se font suite et que les marques particulières de l'une et de l'autre sont respectivement les nombres 12 et 7. Ne comprenez-vous pas que c'est maintenant le temps de la seconde multiplication, et que l'heure est venue où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité. Ne comprenez-vous pas que, par leur enseignement sans vérité, les pharisiens et les hérodiens vous retiendraient hors de la nouvelle alliance ; ils vous empêcheraient, les uns et les autres pour des raisons différentes, de vous laisser aller à la foi et au Royaume ; car eux, ils n'entrent pas dans le Royaume et empêchent d'y entrer ceux sur lesquels ils prennent autorité. Ainsi, « gardez-vous avec soin du levain des pharisiens et d'Hérode ». Quels étaient donc les enseignements des pharisiens et d'Hérode. Les premiers s'attachaient, en savants théologiens, à la lettre des Écritures augmentée des prescriptions traditionnelles, et, devenus incapables de discerner les choses à venir par l'Esprit, ils ne pouvaient reconnaître en Jésus le Fils de Dieu, ni comprendre l'approche du Royaume. Leur piété était formaliste et les poussait à rechercher les apparences. Ils s'opposaient donc à Jésus et à la venue de l'alliance nouvelle. Ancrés au 12, ils ne reconnaissaient pas le 7. Quant aux hérodiens, ils étaient ces juifs décidés à composer avec le temps présent, avec le monde, avec l'autorité de Rome. Comment auraient-ils pu discerner la venue du Royaume en la personne de Jésus !

Si les apôtres de Jésus-Christ avaient à se garder avec soin des deux tendances auxquelles les noms de deux castes de leur époque sont donnés, croyons bien (l'Évangile étant destiné à toutes les générations) que nous aussi, aujourd'hui, nous avons à nous garder de deux courants qui nous détourneraient de la vérité et du Royaume : d'une part, le légalisme et le formalisme, liés l'un à l'autre ; d'autre part le monde avec ses appâts, sa philosophie et ses tromperies. Gardons-nous donc, selon l'impérieux conseil du Seigneur, du légalisme, cet attachement étroit à la lettre des textes bibliques qui aboutit à des interprétations erronées, et dont on ne retire que préceptes sur préceptes, règles sur règles, alors que le coeur se ferme à l'amour, ainsi qu'à la compréhension des vérités révélées. Gardons-nous de ce levain, et n'oublions jamais que si l'ancien Testament est pour nous une source d'enseignements riches et puissants, il nous apprend la justice, la sainteté de Dieu, mais n'est pas un code de dispositions à appliquer comme elles l'étaient sous l'ancienne alliance, sous la loi. Nous ne sommes plus sous la loi ; autrement, il nous faudrait user des sanctions de la loi, et, par exemple, de la lapidation. Nous sommes dans le temps de la grâce : « tout est permis, mais tout n'est pas utile, tout est permis, mais tout n'édifie pas ; tout m'est permis, mais je ne me laisserai asservir par quoi que ce soit » (1 Cor 10/23 et 6/12). Pour comprendre l'Évangile, c'est à l'Esprit de Dieu que je demanderai enseignement à l'Onction qui enseigne.

Gardons-nous avec autant de soin des propositions de ce monde. Ce dernier a beaucoup de choses et de solutions à nous proposer, surtout aux jeunes. Avec les prétendues lumières de la science, le monde se propose de nous expliquer la Bible et la manière d'être chrétien en ce 20eme siècle. Méfions-nous de cela, car, avec sa science, le monde est plongé dans de profondes ténèbres, et s'efforce de reprendre ceux qui sont devenus les disciples de Jésus-Christ. Persévérons avec simplicité dans l'enseignement de Christ et apôtres, et Christ nous éclairera.

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