L'Eglise se différencie du Royaume
de Dieu. Celui-ci se prépare au sein de
l'Eglise et par son oeuvre, mais pour qu'on la
considère comme un royaume, il faudrait
qu'elle en ait la structure : un roi, un
peuple, un pays, une capitale, une loi ; or,
elle ne l'a pas. Assurément, sans
Jésus-Christ, il ne serait même pas
question de l'Eglise. Il en est le corps et le
constructeur. L'épître aux
Éphésiens nous dit :
"Il a tout mis sous ses pieds, et
il
l'a donné pour chef suprême à
l'Eglise, qui est son corps, la plénitude de
celui qui remplit tout en tous. "
(1.
22-23)
Nous retrouvons la relation "chef-corps"
dans les passages suivants : Eph.
4. 15 ; 5.
23 ; Col.
1. 18, 1.
24, 2.
19 ; le terme "chef"
étant la traduction du grec
"cephalè". L'Eglise est regardée
comme un corps : "Vous êtes le corps
de Christ et vous êtes ses membres, chacun
pour sa part. "
(1
Cor. 12. 27) ; "Ainsi,
nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul
corps en Christ, et nous sommes tous membres les
uns des autres. "
(Ro.
12. 5)
En tant que "tête" le Christ
assume une action vivifiante en son corps. Lui seul
fait vivre l'Eglise et il assure la croissance,
caractère essentiel de la vie nouvelle,
comme de la vie physique
(Eph.
4. 15-16). Chacun des membres
de l'Eglise doit recevoir sa part de la puissance
de vie, il faut bien fortement le souligner,
tellement nous avons intérêt à
y attacher notre foi de jour en jour. Voyons
comment Jésus a enseigné cette
transmission de vie : "Comme le Père
qui est vivant m'a envoyé, et que je vis par
le Père, ainsi celui qui me mange vivra par
moi. "
(Jn.
6. 57)
En somme, la vie divine se concentre en
Christ où elle recueille le fruit du
crucifiement et, au niveau humain, se transmet
à chacun des membres du corps. La Bible du
semeur exprime Eph.
4. 16 de la manière
suivante :
"C'est de lui (le
Christ) que
le corps tout entier (l'Eglise) tire sa
croissance pour s'affermir dans l'amour ; sa
cohésion et sa forte unité lui venant
de toutes les articulations dont il est pourvu,
pour assurer l'activité attribuée
à chacune de ses parties. "
Comment l'Écriture
qualifie-t-elle cette vie dont la source est en
Dieu et que le Christ, qui la reçoit en
premier, déverse en chacun des membres de
son corps ? Elle parle d'abondance
(Jn.
10-10) et même de surabondance (semeur) ; puis, de
plénitude. Que signifient ces
termes ? Que la vie transmise aux saints de
l'Eglise conserve l'intégrité de
celle qui anime "le Chef". Elle est totale et
parfaite. Nous tous qui poursuivons notre marche de
chaque jour dans les luttes, prenons conscience,
au-dessus de nos préoccupations et avec une
foi ardente, de cette vie surabondante qui,
à tout instant, doit couler en nous, nous
venant du Seigneur ; et alors, soyons forts de
Sa force, afin de vivre la vie triomphante.
Mais, de quelle manière la vie de
notre Maître nous parvient-elle ?
Puisque le rapport entre le Christ et l'Eglise
correspond à celui de la tête et du
corps, il existe une communication entre eux. Elle
se nomme "communion" ou "con- naissance du Fils de
Dieu" selon Eph.
4. 13, et elle prend une si
haute importance dans le message biblique qu'en
plus, elle apparaît
en d'autres expressions que voici :
"en Christ", "en
Lui",
"dans le Seigneur", "demeurer en
lui", "avec lui un seul Esprit",
"Christ habite dans vos coeurs". Toutes,
elles visent le lien personnel et vivant qui doit
unir l'Esprit de Christ à chacun de ses
rachetés. La connaissance personnelle de
Jésus-Christ peut suivre un processus de
croissance, auquel nous sommes invités
à nous prêter en le désirant
fortement. Nous n'insisterons jamais trop en
situant la connaissance de Dieu et de
Jésus-Christ au tout premier plan de la vie
de foi. L'apôtre Paul témoigne qu'il
l'a vécue :
"J'ai été crucifié
avec Christ, et si je vis, ce n'est plus moi qui
vis, c'est Christ qui vit en moi"
(Gal.
2.20)
De plus, Jésus déclare que
c'est par cette connaissance de Dieu et de
Lui-même que l'on hérite la vie
éternelle.
(Jn.
17. 3)
La comparaison avec le corps humain a
servi à l'apôtre Paul dans sa
démonstration de l'égale
utilité de tous les membres
(1
Cor. 12. 12-26). Elle peut encore
nous servir pour illustrer les relations de la
tête avec le corps. Dans l'organisme
physique, ces relations sont assurées par un
appareil nerveux complexe, véritable
réseau aux multiples circuits. Si toutes les
ramifications de cet appareil fonctionnent bien, il
y aura une bonne communication des impulsions du
cerveau vers toutes les parties du corps qui
contribueront à l'harmonie d'ensemble des
organes et des membres. Il n'en serait plus de
même si quelque partie du corps se trouvait
isolée du cerveau ; un désordre
en résulterait. C'est ce qui arrive dans la
vie chrétienne. Des poisons tels que le
péché, ou l'orgueil peuvent
interrompre la communication d'un membre de
l'Eglise avec la tête de celle-ci, le Christ.
L'apôtre Jean le dit explicitement
(1
Jn. 1. 6) :
"Si nous disons que nous sommes
en
communion avec lui (Dieu), et que nous
marchions dans les ténèbres, nous
mentons et nous ne pratiquons pas la
vérité. "
Cette marche dans les
ténèbres a interrompu la communion,
et, par conséquent, la communication de la
vie. Dans ce cas, c'est à tort que nous
penserions ou dirions que nous sommes toujours en
communion en nous basant sur le principe de notre
position chrétienne ; nous trahirions
la vérité. L'épître aux
Colossiens
(2.
18-19) envisage
l'hypothèse d'un homme qui, sous une
apparence d'humilité est en
réalité enflé d'orgueil ;
il ne saurait être attaché au Chef, et
ne peut recevoir son assistance. L'on peut dire de
façon certaine que toute situation
compromise chez un chrétien le coupe de la
communion avec Christ. Jean indique la solution
à laquelle il faut recourir sans
délai :
"Si nous confessons nos
péchés, il est fidèle et juste
pour nous les pardonner et pour nous purifier de
toute iniquité. "
(1
Jn. 1. 9)
Pour sauvegarder notre communion et
notre communication vitale avec Christ, notre foi
devra s'employer dans une vigilance active.
Dans le modèle de prière
que le Seigneur nous a donné, il a inclus la
demande suivante : "Que ton règne
vienne" car l'Eglise travaille et lutte en vue
du Royaume de Dieu auquel elle aspire, s'appliquant
à hâter l'avènement du jour de
Christ. Actuellement, pour elle, le Seigneur c'est
l'Esprit. L'apôtre Pierre la voit comme une
maison spirituelle, un saint sacerdoce, offrant des
"victimes spirituelles agréables à
Dieu par Jésus-Christ"
(1
Pi. 2. 5).
CE QU'EST
L'EGLISE
En dehors de toute autre
considération, l'Eglise est un peuple
"acquis", le peuple de Dieu qui a obtenu
miséricorde
(1
Pi. 2. 9-10). On peut encore dire
qu'elle est la communauté ou le
rassemblement de tous les rachetés du
Seigneur qui ont vocation à marcher d'une
manière digne de lui, qui
persévèrent dans la foi, et ont
été scellés du Saint-Esprit
pour le jour de la rédemption
(Eph.
4. 30 ; Col.
1. 10). De cela
découlent des conséquences à
bien prendre en compte, et notamment
celle-ci :
"Ne savez-vous pas que votre
corps
est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que
vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous
appartenez point à vous-mêmes. "
(1
Cor. 6. 19)
Le fidèle membre de l'Eglise doit
avoir lui-même adopté librement la
règle de conduite voulant qu'il ne fasse
plus ses propres volontés et s'en remette
à celle de Dieu en toutes choses. Comment
procède-t-il car il faut bien qu'il
décide de ses actes les plus courants ?
Il va discerner quelle est la volonté de
Dieu, si elle n'est pas apparente au premier
moment, il usera de cette sagesse et de cette
intelligence spirituelles que Dieu lui a
accordées, et, par le moyen de ces
facultés venues d'en haut, il pourra
discerner ce qui est "bon, agréable et
parfait". Là se trouve la volonté de
Dieu vis-à-vis du problème d'ordre
pratique qu'il doit résoudre. Le
Saint-Esprit ne le laissera pas dans
l'indécision, il réussira à
tout faire pour la gloire de Dieu. Il aura pu user
de sa liberté selon le sage principe : "tout est permis, mais
tout ne convient
pas ; je ne me laisserai asservir par quoi que
ce soit"
(1
Cor. 6. 12, 10.
23). Ni la chair, ni les
convoitises, ni les séductions ne l'asserviront.
Le peuple d'Israël avait un pays
défini (le pays de Canaan) tandis que
l'Eglise n'en a pas, ce que souligne l'apôtre
Pierre :
"Bien-aimés, je vous exhorte
comme étrangers et voyageurs sur la terre,
à vous abstenir des convoitises charnelles
qui font la guerre à l'âme. "
(1
Pi. 2. 11)
L'Eglise vit et milite au milieu du
monde sans lui appartenir. Le Seigneur l'a
solidement affirmé :
"Si vous étiez du monde le
monde aimerait ce qui est à lui, mais parce
que vous n'êtes pas du monde, et que je vous
ai choisis du milieu du monde, à cause de
cela, le monde vous hait. "
(Jn.
15. 19)
La vie chrétienne
expérimente constamment cette
énonciation du Seigneur, car elle se
déroule dans un milieu qui, non seulement
montre de l'hostilité, mais qui, bien plus,
lui est contraire. Vivre résolument selon
les principes de l'Évangile et l'annoncer,
c'est aller au devant de la contradiction, voire de
l'ironie, des propos désobligeants, haineux
même, quand ça ne va pas plus loin,
c'est-à-dire jusqu'à des actes de
violence.
En venant dans le monde pour vivre et
accomplir l'Évangile, Jésus
apportait, lié à sa personne, le
principe actif d'un combat, ainsi que le vieux
Siméon en a eu la
révélation :
"Sache-le : cet enfant
est
destiné à être pour beaucoup en
Israël, une occasion de chute ou de
relèvement. Il sera un signe qui suscitera
la contradiction ; ainsi seront
dévoilées les pensées
cachées de bien des gens... "
(Luc
2. 34-35)
Par ses actes, par ses paroles, par
toute sa personne, Jésus soulèvera la
contradiction. La vie qu'on lui verra vivre ne sera pas
supportable à
beaucoup. Qu'il soit le chemin, la
vérité et la vie, la terre du
péché ne le supporte pas. Jean
écrit : "Elle (la Parole) est
venue chez les siens, et les siens ne l'ont point
reçue"
(Jn.
1. 11). L'épître
aux Hébreux nous le rappelle :
"Considérez, en effet, celui
qui a supporté contre sa personne une telle
opposition de la part des pécheurs... "
(12. 3).
Le Seigneur
désenchanta peut-être certains de ses
auditeurs lorsqu'il dit : "Ne croyez pas
que je sois venu apporter la paix sur la
terre ; je ne suis pas venu apporter la paix,
mais l'épée, car je suis venu mettre
la division entre l'homme et son père, entre
la fille et sa mère, entre la belle-fille et
sa belle-mère. "
(Mat.
10. 34-35)
Jésus excite la contradiction
dans le milieu humain où il est
entré, mais lui-même contredit l'homme
et sa pensée. C'est dans cette double
contradiction que l'état de
péché du monde se
révèle. Il y a désaccord entre
le coeur de l'homme et la pensée de
Dieu ; telle est la principale
conséquence de la chute en Eden. Il y a
totale antinomie. Dieu et les hommes ne s'entendent
plus du tout. Ceux-ci appellent le mal bien et le
bien mal. En cette fin du 20ème
siècle, le renversement du mal et du bien
est tellement évident qu'il prend l'aspect
d'une règle. Jacques Monod (qui fut prix
Nobel de physiologie et de médecine) pose
cette question : Qui dit le bien et le
mal ? Il répond que l'homme sait
maintenant que l'éthique et les valeurs sont
à lui seul, il en est le maître.
(in : Le hasard et la
nécessité ; Ed. du Seuil Paris
1970, p. 188). Nous voici donc en pleine
réapparition de la parole du serpent :
"Vous serez comme des dieux connaissant le bien
et le mal"
(Gen.
3. 5).
Jésus est venu dans ce monde en
puissant contradicteur. Son premier appel engage la
contradiction : "Repentez-vous car
le royaume
des cieux est proche"
(Mat.
4. 17).
Dieu veut réconcilier tout avec
lui-même ; il faut donc transformer la
terre pour la mettre à l'unisson avec les
cieux. Ainsi Jésus contredit le monde, et le
monde le contredit. Quant à tout
pécheur repentant, il faudra que le monde
soit crucifié pour lui. Rien moins que
cela ; les demi-mesures, non !
Ainsi se fait jour la
nécessité essentielle pour le
chrétien de vivre dans la séparation
d'avec le monde, et de se placer du même
côté de la contradiction que son
Sauveur.
Aussitôt après la chute
d'Adam et Eve, la contradiction apparaissait dans
les paroles de l'Éternel Dieu comme
conséquence caractérisant la
situation nouvelle. Elle allait engendrer un
conflit à long terme, ensanglanter la terre
et dresser la croix :
"Je mettrai inimitié entre toi
et la femme, entre ta postérité et sa
postérité ; celle-ci
t'écrasera la tête et tu lui blesseras
le talon. "
(Gen.
3. 15)
Certaines versions emploient le terme
"hostilité" au lieu de
"inimitié" ; il est plus fort, donc
préférable. Deux lignées se
constituent dans la descendance du premier
couple ; elles vont aller en s'amplifiant,
surtout celle de l'hostilité. D'un
côté se formera la lignée des
hommes de la "voie de Caïn", qui ressembleront
à Caïn. Elle persécutera l'autre
lignée, celle des hommes qui ressembleront
à Abel, le juste. Quant viendra l'heure,
à la pointe du combat, le Christ vaincra le
monde et obtiendra la condamnation de Satan ("le
prince de ce monde sera jeté dehors").
La diatribe que Jésus adressa aux scribes et
aux pharisiens met en lumière les luttes
incessantes entre les deux lignées :
"Serpents, race de
vipères ! comment
échapperez-vous au châtiment de la
géhenne. C'est pourquoi, voici, je vous
envoie des prophètes, des sages et des
scribes. Vous tuerez et crucifierez les uns, vous
battrez de verges les autres dans vos synagogues et
vous les persécuterez de ville en ville,
afin que retombe sur vous tout le sang innocent
répandu sur la terre, depuis le sang d'Abel
le juste jusqu'au sang de Zacharie, fils de
Barachie, que vous avez tué entre le temple
et l'autel. Je vous le dis en vérité
tout cela retombera sur cette
génération. "
(Mat.
23. 33-36)
Aujourd'hui, l'hostilité n'a pas
désarmé. L'Eglise supporte des
persécutions persistantes et violentes en
différents endroits de la terre ; des
croyants innocents eux aussi, subissent des
sévices de la part des milieux religieux ou
politiques et plusieurs meurent encore en raison de
leur foi. Mais Satan sait qu'il n'en a plus pour
longtemps. L'inimitié ou l'hostilité
se retrouve dans "l'affection de la chair"
véritable révolte contre Dieu, tout
à fait analogue à celle d'Adam et
d'Eve. L'apôtre Jacques la voit
également dans les contacts avec le
monde.
"Adultères que vous
êtes ! Ne savez-vous pas que l'amour du
monde est inimitié contre Dieu ? Celui
donc qui veut être ami du monde se rend
ennemi de Dieu. "
(4.
4) L'apostrophe "adultères
que vous êtes" fait de ce verset une
sévère admonestation sur laquelle il
faut arrêter la pensée et humblement
réfléchir. L'on ne peut aimer
à la fois les deux côtés de la
contradiction : Dieu et son adversaire ;
l'on ne saurait donner son coeur à l'un
comme à l'autre. Pensons qu'il suffit d'une
tendance complaisante à l'égard des
voix ou des propositions du monde pour que l'on
verse dans le camp des "adultères". Un peu
plus loin, Jacques va dire ce que sont les remèdes
à tout
glissement vers le monde et son esprit, à
toute compromission ou à tout partage du
coeur entre Dieu et lui. À son tour, Jean
met aussi le doigt sur le penchant de l'amour du
monde et de ses attraits, amour condamnable
puisqu'il y a antagonisme avec l'amour envers Dieu
(1
Jn. 2. 15). Ne perdons pas de vue
que cet antagonisme n'est autre que celui qui
oppose la lumière aux
ténèbres.
Jésus-Christ est venu sur cette
terre ayant en lui le signe de la contradiction
pour clouer à la croix la condamnation des
hommes de foi repentant, pardonner leurs
péchés et les rendre à la vie.
Cette mission sublime, il l'a accomplie comme
prophète, par sa parole, et comme
souverain-sacrificateur qu'il est toujours. Ne pas
rester avec lui du même côté de
la contradiction aboutit à le contredire et
à révoquer son oeuvre. L'insistance
sur cet aspect essentiel de la rédemption
bien souvent oublié est actuellement et
particulièrement opportune. Si, dans le
cours d'une vie chrétienne, l'on n'a pas
Jésus-Christ comme Souverain-sacrificateur,
on ne l'aura jamais comme Roi.
CE QU'EST LA
LOI
L'Eglise est le peuple de Dieu acquis.
De même que Jésus a dit : "Mon
royaume n'est pas de ce monde", son peuple peut
dire que sa patrie n'est pas en ce monde. Cependant
il en a une ailleurs :
"Mais notre cité à nous
est dans les cieux d'où nous attendons aussi
comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ.
"
(Ph. 3.
20)
Dès maintenant, le coeur du vrai
chrétien s'affectionne aux biens d'en haut,
et il aspire à son héritage
éternel. Sa patrie se situe dans les cieux
où sa vie est cachée avec Christ en
Dieu. Il n'a donc ici-bas ni pays, ni capitale.
Cependant, il possède une loi. Quelle est
cette loi ? Selon une vue
générale, on peut l'appeler "la loi
de Christ" comme Paul, ou bien "la loi parfaite",
la "loi de liberté", "la loi royale", comme
Jacques. Ces désignations ont beaucoup
d'intérêt en ce qu'elles qualifient
comme il convient l'ensemble des enseignements
auxquels les fidèles ont à faire face
pour se conduire selon la foi et pour se juger
eux-mêmes. Elles englobent à cet
égard tout le Nouveau Testament, ainsi que
les prescriptions de l'Ancien Testament qui
s'accordent avec lui (en dehors de ce qui est
particulier à Israël).
L'accord entre les deux testaments a
pour évidence le fait que le Seigneur
Jésus et les auteurs du Nouveau Testament
ont puisé dans l'ancien beaucoup de
citations, des expressions et des analogies. En
somme, la loi parfaite est une loi sans faille
constituant les bases d'une obéissance
parfaite, par la force d'un amour lui-même
parfait. L'appellation "loi de Christ" (Gal. 6. 2)
lui convient aussi, de même celle de "loi de
liberté" puisque son observation
fidèle incombe à l'amour que rien ne
peut contraindre. Quant à la
désignation "loi royale" elle se justifie
aisément puisqu'elle est attribuée au
commandement qui renferme tous les autres et les
domine
(Gal.
5. 14).
Comment faut-il interpréter la
démonstration de l'apôtre Paul
opposant la situation dite "sous la loi" à
celle dite "sous la grâce" ? (par
exemple : Ro.
6. 15 et 7.
6). Ces situations diffèrent entre elles en
ce que, dans la première, celle où se
trouvait le peuple d'Israël,
l'obéissance à tous les commandements
était seule susceptible de procurer la
faveur de Dieu, tandis que dans la seconde, c'est
la foi en Jésus-Christ qui donne
accès au salut éternel au moyen de la
grâce apportant au pécheur repenti le
pardon de ses péchés, la
justification et la sanctification. De plus, la
présence de l'Esprit en l'homme
justifié par grâce lui communique une
puissance de vie capable de surmonter celle du
péché et de la mort :
"Ainsi vous-mêmes,
regardez-vous comme morts au péché et
comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ.
"
(Ro. 6.
11)
La loi de Moïse était
impuissante à justifier le
pécheur ; son office consistait
à le rendre conscient de son
péché. L'apôtre Paul le dit de
la manière suivante : "Je n'ai connu
le péché que par la loi"
(Ro.
7. 7) ; et aussi :
"Sachez donc hommes frères, que c'est par
lui (le Christ) que le pardon des
péchés vous est annoncé, et
que quiconque croit est justifié par lui de
toutes les choses dont vous ne pouviez être
justifiés par la loi de Moïse"
(Ac.
13. 38-39).
La loi par elle-même est bonne et
sainte
(Ro. 7.
12 et 16),
et nous ne pouvons avoir que de
sages raisons de nous référer aux dix
commandements ainsi qu'aux très nombreux
exemples de ce qu'il ne faut pas faire ou faire, et
aux enseignements divers qui contribuent à
notre édification. Le principe actif de la
loi parfaite consiste à saisir tout
élément de la parole de Dieu comme
nourriture, afin de grandir dans les voies de
l'amour.
LE SERMON SUR LA
MONTAGNE
Dans le sermon sur la montagne,
Jésus déclare que, loin de
prétendre abroger la loi ou les
prophètes, il vient l'accomplir sans en
supprimer le plus petit trait de lettre
(Mat.
5. 17-18).
Comment le Seigneur a-t-il fait cet
accomplissement ? De trois
manières :
1°- En vivant dans le parfait respect de tous les commandements, sans jamais en enfreindre un seul. Ce fut l'accomplissement personnel.
2°- En révélant la portée véritable des commandements, au-delà de l'observation traditionnelle et seulement extérieure des conceptions juives. En montrant que l'accomplissement des commandements devait réaliser une justice bien supérieure à celle des scribes et des pharisiens, condition pour entrer dans le Royaume des cieux. Les commandements vraiment observés aboutissent à établir la justice de Dieu.
3°- En réalisant parfaitement la mission que le Père lui avait confiée, et que la loi et les prophètes ont révélée, soit prophétiquement, soit de façon figurée par les sacrifices et les modalités du sacerdoce. En apportant à Israël d'abord, puis à tous les hommes l'Alliance nouvelle fondée sur l'offrande de sa vie.
Au moment où il allait rendre l'esprit,
Jésus a prononcé cette parole
"tout est accompli"
(Jn.
19. 30).
Le discours de Jésus sur
l'accomplissement de la loi est des
prophètes se complète d'un grave
avertissement à l'adresse de quiconque se
donnerait la liberté de supprimer "l'un de
ces plus petits commandements" et d'enseigner les
autres à l'imiter. Celui-là serait
appelé "le plus petit dans le royaume des
cieux"
(Mat.
5. 19).
En conséquence, la volonté
de Dieu révélée en toute sa
parole appelle un accomplissement sous tous ses
aspects, sans qu'un seul en soit volontairement
omis. Aujourd'hui prend-on réellement
à coeur cet avertissement ?
S'applique-t-on scrupuleusement à le
suivre ? Que chacun se pose cette question,
car négativement, la fidélité
serait en défaut. Mais ceux qui ont pour
Dieu un amour profond ne peuvent rien supprimer de
la parole de Dieu ; s'ils le faisaient, leur
conscience en souffrirait.
L'ÉVENTAIL DE
LA LOI PARFAITE
"Donne-moi l'intelligence pour
que je
garde ta loi et que je l'observe de tout mon
coeur. "
(Ps.
119. 34)
La loi connue à la lumière
de l'intelligence d'en haut, voilà ce que
Jésus montre ensuite au moyen de quelques
exemples, tout au long des versets 33
à 48 du chapitre 5 de
Matthieu. Quel beau sujet de
méditation ! Pour étendre la
portée des commandements qu'il choisit
jusqu'à leur juste accomplissement,
Jésus emploie six fois l'expression
charnière :
"Mais moi je vous dis...".
Avant,
le commandement est cité ;
après, il est interprété selon
la conception qu'il convient de lui accorder.
"Tu ne tueras point".
Est-ce seulement la défense de
commettre un meurtre ? Non pas ; la
colère ou l'injure envers un frère en
sont également coupables. Bien plus, dans
les prolongements de ce commandement, un
différend non réglé avec un
frère en constituerait l'inobservation.
Préalablement à tout acte de
piété, il importerait d'aller bien
vite se réconcilier avec ce frère.
S'approcher de Dieu en laissant en suspens une
mésentente ou une rupture d'amitié
avec un frère serait chose contraire au
commandement et offenserait Dieu.
S'agirait-il encore des torts qu'un
croyant aurait à l'égard d'un
adversaire, il faudrait qu'il recherche un
règlement au plus vite, et à cela, le
commandement lui fait obligation morale.
L'apôtre Paul y revient en
disant :
"s'il est possible, autant que
cela
dépend de vous, soyez en paix avec tous les
hommes. "
(Ro.
12. 18).
Ce premier exemple montre que, comme
Paul le dit
(Ro.
7. 6), les fidèles de
l'Eglise servent Dieu dans un esprit nouveau, et
non plus seulement dans la limite du sens
littéral de l'Écriture, auquel on a
souvent le tort de s'arrêter. Un seul
commandement balaie loin de sa signification
première et il alerte la conscience
chrétienne dans un large rayon autour de
lui. Il concourt ainsi à parfaire la
sainteté de la vie. Telle est la
volonté de Dieu.
"Tu ne commettras point
d'adultère. "
(Mat.
5. 27-32)
Faudrait-il ne voir comme interdit que
l'acte d'adultère lui-même ?
Impossible déclare le Seigneur, car,
convoiter une femme tombe sous la même
rigueur que l'acte lui-même. En effet, Dieu
regarde au coeur.
En parlant de l'oeil droit qu'il y
aurait intérêt à arracher, et
de la main droite à couper pour les jeter au
loin avec horreur, le Seigneur use de deux images
marquant l'intransigeance du conseil donné.
Ces amputations figurées ont pour objet de
montrer que si l'on veut conserver la grâce
du salut, il ne faut pas hésiter à
rompre catégoriquement avec des
entraînements susceptibles de provoquer une
chute grave aux conséquences
irréversibles (être jeté dans
la géhenne).
Il faudrait alors accepter des
déchirements douloureux en rompant net avec
la dure emprise d'une tentation, plutôt que
d'encourir le risque de se perdre ; d'une
tentation ou d'un attachement. Le jeune homme riche
qui accourut vers Jésus pour lui demander
comment hériter la vie éternelle s'en
retourna tout triste car il ne put consentir
à se séparer des grands biens qu'il
possédait
(Marc
10. 17-22). Il lui fut dur
"d'arracher son oeil droit" ou de "couper sa main
droite".
"Que celui qui répudie sa
femme lui donne une lettre de divorce"
(Mat.
5. 31-32).
Ici le Seigneur revient sur la
liberté que cette prescription accordait
à un homme de répudier sa femme
à condition qu'il lui remette une lettre de
divorce, et il y substitue une toute autre
disposition sauvegardant le lien
matrimonial.
Il interviendra à nouveau sur
cette importante question au chapitre 19.
3-12, et il dira pourquoi il
rejette toute répudiation en dehors du cas
d'infidélité. "Que l'homme ne
sépare pas ce que Dieu a joint".
"Tu ne te parjureras point"
(Lev.
19. 12).
Le terme "parjure" désigne le
fait de jurer faussement ; mais le Seigneur
déclare qu'il ne faut pas jurer du tout, et,
par conséquent n'avoir aucun recours aux
objets sur lesquels les juifs
appuyaient leurs serments en jurant : le ciel,
la terre, Jérusalem... etc.
L'Ancien Testament porte des
dispositions qui validaient le serment, comme
celle-ci : "Tu craindras l'Éternel ton
Dieu, tu le serviras et tu jureras par son nom"
(Deut.
6. 13), ou cette autre :
"Si tu jures l'Éternel est vivant !
Avec vérité, avec droiture et avec
justice, alors les nations seront bénies en
lui, et se glorifieront en lui"
(Jér.
4. 2).
Avant tout, le Seigneur entend prohiber
les habitudes d'un langage où l'on jure
à tout propos, bien inutilement. Le verset
37 : "Que votre parole soit oui, oui, non,
non ; ce qu'on y ajoute vient du malin"
accrédite cette intention. En effet, le
Seigneur recommande ainsi la sobriété
en paroles, et il semble dire : pourquoi
prétendre appuyer vos affirmations en
jurant ; elles devraient suffire par
elles-mêmes ; le oui ou le non que l'on
prononce devrait avoir le même poids qu'un
serment fait en jurant.
Notons que l'apôtre Paul n'a pas
retenu de ce quatrième exemple
l'interdiction formelle du serment ou de ce qui en
approche, ainsi que les textes suivants le
montrent : "Dieu que je sers en mon esprit
dans l'Évangile de son Fils m'est
témoin que je fais sans cesse mention de
vous"
(Ro.
1. 9) ; "Je prends Dieu
à témoin sur mon âme, que c'est
pour vous épargner que je ne suis plus
allé à Corinthe"
(2
Cor. 1. 23) (ici Paul engage Dieu
et sa propre personne) ; "Dans ce que je
vous écris, voici, devant Dieu, je ne mens
point"
(Gal.
1. 20).
Cependant, par la suite, la pratique du
serment qui engage Dieu a disparu de l'Eglise et,
de façon plus générale, nous
pouvons dire que le Seigneur accorde attention aux
paroles que nous prononçons, nous invitant
à les peser afin d'en châtier tout ce
qui serait vain et non vrai. Il a dit, en
effet :
"Je vous le dis : au
jour du
jugement, les hommes rendront compte de toute
parole vaine qu'ils auront proférée,
car par tes paroles tu seras justifié, et
par tes paroles tu seras condamné. "
(Mat.
12. 36-37)
Si l'on se souvient que les paroles de
l'Éternel sont des paroles pures (Ps. 12.
7), comment celles d'un homme consacré
seraient-elles impures ou excessives ?
À nous d'y veiller attentivement. Voici un
autre avertissement : "Celui qui parle
beaucoup ne manque pas de pécher, mais celui
qui retient ses lèvres est un homme
prudent. "
(Pro.
10. 19)
"Oeil pour oeil et dent pour
dent"
(Mat.
5. 38-42).
C'est ce qu'on appelle la loi du talion.
La loi de Moïse ajoute : "main pour main,
pied pour pied, brûlure pour brûlure,
blessure pour blessure, meurtrissure pour
meurtrissure" (Ex.
21. 24-25), puis :
"fracture pour fracture. À celui qui blesse
son prochain, il lui sera fait comme il a fait"
(Lév.
24. 20).
"Mais moi je vous dis... " Jésus
n'a pas à étendre ; tout au
contraire, il renverse ce principe de la
réciproque, et, à sa place, il
introduit les effets du commandement d'amour. Avec
un coeur nouveau, le disciple du Maître a de
toutes autres réactions lorsqu'on le frappe,
qu'on veut le dépouiller, ou qu'on exige de
lui une assistance ou un prêt d'argent. Que
fait-il ? Il cède ou consent.
Cependant, ne va-t-il pas encourager la
méchanceté, le mal ou les abus ?
Répondons à cela sur le terrain de la
foi, et disons que le Christ n'abandonne pas celui
qui l'écoute et le suit. La
fidélité de ce dernier va mettre en
oeuvre le témoignage de l'amour et sa
puissance, si bien que le vindicatif se trouvera
soudain désarmé et que cet amour
percera son coeur. À ce moment-là,
l'Esprit saint pourra même le convaincre de
péché.
De tels enseignements du Seigneur ne se
raisonnent pas ; ils appartiennent à
l'Évangile qui manifeste toujours la
puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit
et ils ont le domaine de l'Esprit pour cadre
d'action. Bien sûr, s'ils donnaient lieu
à une pratique systématique,
provocatrice ou abusive, un sage discernement en
dévoilerait l'intention et leur mise en
accomplissement pourrait être modulée
en conséquence. Nous pensons notamment
à des demandes d'argent cupides et
réitérées ainsi que nous
l'avons vu quelquefois, et qui, si elles
étaient satisfaites ne contribueraient
qu'à contenter l'esprit de lucre des
demandeurs pour leur perte.
"Tu aimeras ton prochain et tu
haïras ton ennemi"
(Mat.
5. 43-48).
La seconde partie de cette citation ne
figure pas dans l'Ancien Testament ; elle
vient d'une tradition pharisaïque qui
s'était implantée. Cette tradition ne
suivait toutefois pas la loi écrite qui, au
contraire, engageait l'israélite à
assister son ennemi
(Ex.
23. 4-5 ; Pro.
25. 21-22). "Mais moi je vous
dis... " Jésus conduit son Église
à ne conserver que la première partie
de la citation. Ses fidèles aimeront leurs
ennemis dans les mêmes termes que le
prochain, même si ceux-ci les maltraitent ou
les persécutent. Et c'est en raison de cet
amour qu'ils leur feront du bien et les
présenteront à Dieu dans leurs
prières. Ils seront ainsi dans les vraies
dispositions de coeur des fils du Père
céleste : "afin que vous soyez fils
de votre Père qui est dans les
cieux".
Lui-même, le Dieu puissant
n'opère aucune séparation entre les
méchants et les bons, ou les justes et les
injustes en ce qui concerne la lumière du
soleil et l'eau de la pluie dont tous ont besoin
pour tirer leur nourriture du sol.
Mais voilà, selon le
défaut commun à beaucoup :
l'amitié et la considération sont
réservées à ceux dont on les
reçoit, et dont on apprécie la
serviabilité. Ce sont ceux-là qu'on
aime. Seulement, cette amitié
conditionnée ne possède aucune valeur
au jugement de Dieu ; elle laisse
apparaître l'égoïsme de la nature
humaine. Pour un accomplissement du commandement
d'aimer qui plaise à Dieu, le disciple du
Christ aimera ses ennemis autant que ses amis, et
il manifestera son empressement
généreux envers tous sans
distinction, porté à cela par les
dispositions de son coeur
régénéré par
grâce.
Pour nous exhorter, le Seigneur nous
invite à être parfaits comme notre
Père céleste est parfait, ce qui nous
apprend que l'observation profonde du commandement
d'aimer peut élever notre niveau spirituel
jusqu'à supporter ce parallèle avec
la perfection de notre Dieu. Quel puissant
encouragement ! Et puis, cette parole de
Jésus nous dit encore qu'il faut regarder
haut et prendre pour but ce qui nous paraît
inaccessible maintenant, et qui est le but que Dieu
nous propose. Lors de la naissance du Seigneur
Jésus, les mages se sont laissé
guider par une étoile qu'ils n'ont pas
atteinte, et qui marchait devant eux afin qu'ils ne
manquent pas de bien suivre leur route.
RECOMMANDATIONS
DU
SEIGNEUR
Les discours du Seigneur qui occupent
les chapitres 6
et 7
de l'Évangile de Matthieu
présentent le caractère de
recommandations plutôt que celui de lois ou
de prescriptions. Ils n'en sont pas moins
précieux et contraignants en vue de la vie
de sainteté. Regardons-les comme
s'intégrant dans les instructions que mentionne
le
verset 29
du chapitre 11 :
"Prenez mon joug sur vous et
recevez
mes instructions... ", ce que les versions plus
récentes que celle de Segond
traduisent : "Mettez-vous à mon
école... " (Jérusalem, TOB,
Semeur), ou bien encore : "Laissez-moi vous
instruire... " (BFC).
Que va-t-on apprendre à
l'école du Seigneur ? Nous apprenons
tout simplement à mettre la justice en
pratique dans l'esprit même de cette justice.
La justice ! le grand ordre de Dieu que
Jésus est venu établir dans les
coeurs, dans le déroulement des vies, dans
nos relations avec Dieu, dans les relations entre
hommes, et bientôt, comme nous l'avons vu,
sur toute la terre où le Seigneur
Jésus régnera.
Sans cesse nous voulons nous redire
qu'ayant été justifiés et
transformés en notre être
intérieur, nous avons pour pressante
consigne de revêtir l'homme nouveau
(Eph.
4. 24). En quoi cet homme
est-il nouveau ? D'abord parce qu'il a
été créé selon Dieu,
par l'oeuvre de Jésus-Christ ; ensuite,
ses caractères se nomment : justice et
sainteté, et proviennent de la
vérité. Il faut que le vrai
chrétien soit devenu cet homme-là, et
qu'il puisse ainsi mener une vie juste et sainte.
Voilà ce que l'on apprend à
l'école du Maître doux et humble de
coeur. Ses leçons se poursuivent au cours
des chapitres 6
et 7.
C'est après les grands bienfaits
de cet enseignement que soupirait le psalmiste
d'autrefois :
"Enseigne-moi tes statuts.
Fais-moi
comprendre la voie de tes ordonnances, et je
méditerai sur tes merveilles. "
(Ps.
119. 26-27) "Je choisis la
voie de la vérité, et je place tes
lois sous mes yeux"
(v.30)
"Je cours dans la voie
de
tes ordonnances, car tu élargis mon
coeur"
(v.32).
Le psalmiste désire être
enseigné quant au bon sens et à
l'intelligence des voies de Dieu, car elles font
ses délices et il les aime.
Jésus-Christ a pleinement exaucé les
aspirations de cette nature.
Avant tout, veut nous dire le Seigneur,
il faut de la vérité en toutes vos
actions ou vos attitudes, et jamais la moindre
ostentation, jamais céder à l'envie
de paraître saint, fort, sage, devant les
autres, alors qu'on a seulement besoin de le
devenir. Les bonnes oeuvres très
appréciées de Dieu, les secours
donnés ou les prières devront
s'entourer de discrétion, en évitant
soigneusement de s'en prévaloir et en
repoussant toute velléité d'orgueil.
Un coeur droit et confiant cachera ce qu'il entend
faire (et ce qu'il a fait) pour honorer Dieu et lui
plaire.
En cédant à la tentation
de montrer ou de faire savoir à d'autres
avec quel zèle nous nous appliquons à
la prière et aux bonnes oeuvres, que
ferions-nous sinon rechercher la
considération de notre entourage sur nos
mérites. L'homme naturel voudrait ainsi
s'accorder une satisfaction impie et une fausse
gloire. L'on nous dit quelquefois que tel homme de
Dieu consacre 2 ou 3 heures ou davantage dans la
prière chaque jour, et l'on pense augmenter
sa renommée de cette manière.
Non ! En vérité, seul l'exercice
apprécié de son ministère aura
de la valeur par la richesse du conseil de
Dieu.
En outre, toute ostentation appelle sur
soi le redoutable qualificatif d'hypocrite
(6. 5)
qui ne saurait convenir
à celui qui veut rester humble et
vrai.
Quand on prétend mettre en
évidence sa propre fidélité,
on ne peut pas manquer de tomber dans l'hypocrisie puisqu'on
l'amplifie et la
déforme, ce que nous n'oserions pas faire
devant Dieu.
"En priant ne multipliez pas de
vaines paroles comme les païens... "
(6. 7-8)
dit aussi le Seigneur. De
telles paroles ont d'abord le tort d'être
vaines, puis, celui de leur inutile redite, et
enfin, celui d'avoir les païens pour
modèle du genre. Elles sont vaines en ce
qu'elles ne correspondent à aucun besoin
réel et ne sont aucunement susceptibles
d'exaucement. Ce sont des "paroles en l'air". La
prière du chrétien s'écarte
donc de ces défauts et, avant tout, elle
doit monter d'un coeur rempli de foi et de
connaissance, qui connaît bien ses besoins,
éclairé par l'Esprit, connaissant
aussi les besoins de sa communauté et dont
la volonté rejoint celle de Dieu devant les
luttes à soutenir.
On peut avoir des dispositions
naturelles d'élocution et se sentir capable
d'une certaine abondance dans la prière,
voire même charmer les oreilles d'alentour,
et pourtant ne rien faire monter vers le ciel qui
puisse contribuer au bien de l'Eglise ou de
soi-même. Il ne faut pas hésiter
à tarir le flot des prières
inefficaces. À titre d'exemple, on raconte
parfois qu'un pasteur se voyait obligé
d'annoncer le chant d'un cantique en disant :
pendant ce chant notre frère pourra terminer
sa prière. Il devait s'agir de quelqu'un qui
était connu pour ses prières
interminables. La sobriété et
l'objectivité sont aussi de mise en
prière. Par contre, certains sujets de
prière auront à être repris de
jour en jour parce qu'ils possèdent une
valeur particulièrement grande, et qu'ils
correspondent à un besoin constant des
membres de l'Eglise. Ce sont alors des
prières de soutien ; elles
reçoivent leur exaucement, mais sont
toujours utiles. Il en est ainsi de la
prière de Paul au chapitre 1er des
Colossiens
(9-11).
L'apôtre
dit
d'ailleurs : "nous ne cessons de prier Dieu
pour vous et de demander que
vous soyez remplis de la connaissance...
"
"Voici donc comment vous devez
prier : " Le Seigneur propose un
modèle de prière non pas afin que
nous en fassions le "par coeur" à
répéter chaque jour, mais pour nous
apprendre à prier, comme les apôtres
l'avaient d'ailleurs demandé :
"enseigne-nous à prier, comme Jean l'a
enseigné à ses disciples"
(Luc
11. 1). La
brièveté et la concision de ce
modèle ne signifient pas qu'il faudra
strictement les imiter. Un modèle ne pouvait
qu'être court. Malgré cela, il
contient d'importantes ressources propres à
nourrir nos prières.
Quelles en sont les pensées
essentielles ?
1°- "Notre Père qui es
aux cieux !" Ce nom donné à
Dieu exprime beaucoup de choses :
- a) - la relation avec Dieu étant celle de fils aimant leur Père, le chrétien doit se savoir dans sa condition nouvelle d'enfant de Dieu ; sa pensée s'attachant à cette glorieuse vérité.
- b) - la réconciliation a donc son plein effet, et il n'y a plus d'ombre entre le Père et ses fils. L'épître aux Hébreux nous certifie que nous avons une "libre entrée dans le sanctuaire par la route nouvelle et vivante qu'il a inaugurée pour nous au travers du voile, c'est-à-dire de sa chair... "
- c) - Il doit nous être aisé d'apporter à Dieu toute notre confiance ainsi que notre soumission. Elles ne souffrent aucune restriction.
- d) - l'attente certaine de l'exaucement, car Jésus a rappelé que le Père céleste ne refuse rien à ses enfants (Luc 11. 10-13).
2°- "Que ton nom soit
sanctifié. " Par ce voeu et cette
demande l'Eglise désire et demande que tous
les hommes en arrivent à connaître,
à craindre le Nom (c'est-à-dire la
Personne) de Dieu jusqu'à s'humilier devant
lui. À plus forte raison, les membres de
l'Eglise seront-ils pénétrés
de la grandeur infinie de Dieu, de sa
sainteté absolue, au point que leurs paroles
ou leurs chants soient toujours emprunts de la
crainte de l'Éternel, et qu'ils sachent la
transmettre par leur témoignage.
3°- "Que ton règne
vienne ; que ta volonté soit faite sur
la terre comme au ciel. " Le règne de
Dieu s'établit maintenant dans les coeurs
des croyants, où il apporte justice, paix et
joie par le Saint-Esprit
(Ro.
14. 17). Mais la prière
de l'Eglise appelle son extension parmi les hommes
ainsi que l'accroissement de sa puissance avec,
pour perspective, la venue du règne de
Christ annoncé et
désiré.
Parallèlement, l'observation de
la volonté divine s'étendant à
l'humanité au gré de l'action de
l'Eglise, puis, au temps marqué, sur la
terre entière, fait l'objet d'une constante
prière. L'accomplissement de la
volonté de Dieu se
généralisera sur la terre, la mettant
alors sur le même plan que le ciel à
cet égard. Ce sera l'état de justice
en lequel la vie s'épanouit.
Bénissons Dieu à l'avance, comme le
psalmiste l'a fait :
"L'Éternel a établi son
trône dans les cieux, et son règne
domine sur toutes choses. Bénissez
l'Éternel vous ses anges, qui êtes
puissants en force et qui exécutez ses
ordres, en obéissant à la voix de sa
parole ! Bénissez l'Éternel vous
toutes ses armées, qui êtes ses
serviteurs, et qui faites sa volonté !
Bénissez l'Éternel vous toutes ses oeuvres, dans
les lieux
de
sa domination ! Mon âme bénis
l'Éternel !"
4°- "Donne-nous aujourd'hui
notre pain quotidien" Les hommes oublient que
sans un Dieu et sans sa miséricorde, la
famine sévirait partout, comme en certaines
régions aujourd'hui. L'Eglise demande ce
qu'elle sait que son Père céleste
veut lui donner. Le Christ donne le "pain de vie"
descendu du ciel à ceux qui croient en lui,
mais les besoins en nourriture de la vie physique
font également l'objet de la
miséricorde divine, comme il l'affirme dans
ce chapitre 6
(v. 33) :
"Cherchez premièrement le
royaume et la justice de Dieu, et toutes choses
vous seront données par-dessus.
"
Remarquons que le Seigneur nous fait
demander au pluriel : "donne-nous" et non pas
"donne-moi". C'est là la bonne orientation
que toutes nos prières ont à prendre,
afin que chaque membre de l'Eglise demande pour les
autres ce qu'il désire pour lui-même,
dans l'esprit d'union fraternelle.
5°- "Pardonne-nous nos
offenses... " Cette partie de la prière
modèle montre que le besoin de pardon de
Dieu se renouvelle tout au long de la vie
chrétienne, parce que, malheureusement, les
offenses, elles aussi, se renouvellent. Elle nous
montre encore qu'il ne faudrait pas poursuivre
notre marche à travers le temps en
négligeant le recours à la
grâce de Dieu pour effacer les
péchés du chemin parcouru. Que la
recommandation de l'apôtre Jean ne quitte pas
notre pensée :
"Si nous confessons nos
péchés, il est fidèle et juste
pour nous les pardonner. "
Si nous savons nous juger, nous serons
poussés à le faire sans tarder, et
surtout, si nous souffrons de nos
péchés. Le pardon de Dieu ne nous
fera pas défaut, ainsi que le Seigneur nous
en donne l'assurance. Toutefois une importante
condition s'interpose, et elle est très
insistante dans la parole de Dieu : il faut
que nous pardonnions, nous aussi, aux autres,
qu'ils soient ou non nos frères.
6°- "Ne nous induis pas en
tentation, mais délivre-nous du malin".
Il est utile de relire 1
Corinthiens 10. 13, où nous
avons comme le commentaire de la demande ci-dessus.
Ce texte nous assure que toute tentation quelle
qu'elle soit reste toujours dans des limites
humainement supportables, et, en
conséquence, le disciple de Christ doit
pouvoir lui résister, d'autant mieux qu'il
sera soutenu et assisté par la grâce
de Dieu. L'homme aura sa part dans cette
résistance, car il faut qu'il apprenne
à lutter, mais Dieu lui aura tracé le
chemin de sa victoire.
Reprenons : "... mais
délivre-nous du malin" (ou du mal). En
Matthieu les deux termes sont possibles (malin ou
mal) ; le malin est le tentateur qui
suggère le mal et pousse à lui faire
accueil.
Cependant, à l'avance, l'Eglise
prie afin que lui soient épargnées
les épreuves qui par leur
répétition et leur charge
aboutiraient à entraver sa marche et les
progrès de ses membres, puisque l'ennemi
s'en servirait à tout moment. Elle demande
même à être
délivrée du mal en
général, à savoir de la
puissance avec laquelle le mal occasionne des maux
souvent très lourds, et, d'autre part, gagne
les hommes de proche en proche, si bien que
l'Eglise a besoin d'une protection. Dans la
prière sacerdotale, Jésus a
présenté à son Père la requête
suivante : "Je ne te prie pas de les
ôter du monde, mais de les préserver
du mal. "
(Jn.
17. 15)
LE MAL
Attardons-nous un peu à
réfléchir sur le mal, oeuvre du
malin, le tentateur. Avant la chute de ce dernier,
le mal n'existait pas et le bien constituait
l'état normal de toutes les pensées
et de tous les actes ; on ne lui connaissait
pas de contraire. On ne supposait même pas
qu'il pût exister ; nous disons cela
d'Adam et Eve avant qu'ils n'aient mangé du
fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du
mal (temps peut-être assez court). Le mal a
donc pour origine un nouvel état de fait
engendré par la révolte de Satan
contre la justice de Dieu, c'est-à-dire
contre le grand ordre dont Dieu s'entoure, et dont
il avait entouré sa création.
Pratiquement, les hommes savent bien ce
qu'est le mal ; ils le subissent et y
contribuent en conséquence de leur
état de péché où Satan
les a introduits, ainsi que par leur refus de se
soumettre à Dieu (refus et
impossibilité). On ne contient pas le mal ni
sa puissance de destruction, de désordre et,
en définitive, de mort. On ne contient pas
davantage cette frénésie qu'il
communique à tant d'humains, les poussant
à aller toujours plus loin dans le
renversement de l'ordre et de la vie normale et
pure. C'est pourquoi le Seigneur a vu d'avance
l'iniquité s'accroître à la fin
des temps où nous sommes parvenus
(Mat.
24. 12).
La vie donnée par Dieu à
ses créatures humaines ne peut subsister
dans une atmosphère morale autre que celle
résultant de la justice divine, qu'il
convient de considérer comme le règne
de la "loi parfaite". Peut-on vivre sans l'air que
l'on respire ? Pourrait-on vivre sur une
planète dont l'atmosphère ne contient pas
d'oxygène ? De plus, quand en quelque
ville ou région de notre terre actuelle
l'atmosphère est atteinte par une pollution
excessive, les maladies se développent et la
mort prématurée survient. Il en est
de même quand l'iniquité, le contraire
de la justice de Dieu, pénètre la
société.
Voyons le mal à la lumière
de la parole de Dieu ; il y apparaît
comme un "contraire". Il ne se borne pas à
être conçu, imaginé,
résolu, il agit à l'opposé des
lois de la justice de Dieu. Quand il a élu
domicile dans le coeur de l'homme, il engendre le
péché, comme le Seigneur l'a
montré :
"C'est du coeur que viennent les
mauvaises pensées, les meurtres, les
adultères, les impudicités, les vols,
les faux-témoignages, les calomnies.
Voilà les choses qui souillent l'homme... "
(Mat.
15. 19-20)
Dans le développement de ses
conséquences, le mal va toujours plus loin,
rien ne l'arrête, il va jusqu'à ce
qu'il ait tout détruit. Le déluge en
a fourni un exemple caractéristique, et la
Genèse en indique la cause :
"L'Éternel vit que la
méchanceté des hommes était
grande sur la terre, et que toutes les
pensées de leur coeur se portaient chaque
jour uniquement vers le mal. "
(6.
5).
De même le péché de
Sodome et de Gomorrhe étant
"énorme", ces villes furent
détruites. Certes, ce fut bien
l'Éternel qui fit ces destructions, mais il
devança celles qui seraient intervenues
d'elles-mêmes, et il le fit en vue de
conserver l'humanité pour la conduire
jusqu'à ce que s'ouvre la voie du salut
éternel. Si actuellement, Dieu laissait
aller le cours des événements, la
destruction de l'humanité et de la terre en
seraient l'aboutissement ; notre
société le sait bien comme le montre
le film d'anticipation sur le
désastre résultant
d'une guerre atomique. L'actualité se charge
des plus grands risques d'extinction de la vie en
raison des maladies en recrudescence ou nouvelles
comme le sida, ou des conséquences
qu'engendrent les pollutions de tous ordres, ou
encore de la désertification en progression
et de la destruction des forêts. La Bible
n'ignore pas ces fléaux ; elle les a
mentionnés en des temps où ils
étaient encore bien loin d'apparaître.
Aujourd'hui, nous les constatons et sommes
impuissants à les conjurer. Comme dans les
situations compromises d'autrefois, Dieu
interviendra bientôt. L'Évangile de
Matthieu nous en dit la raison :
"Vraiment, si le Seigneur n'avait
pas
décidé de réduire le nombre de
ces jours, personne n'en réchapperait, mais
à cause de ceux qu'il a choisis, il
abrégera ce temps de calamité. "
(Mat.
24. 21 - Bible du
semeur)
Le prophète Esaïe a vu
prophétiquement cette pente fatale sur
laquelle glisse notre terre et notre
monde :
"La terre se déchire et se
fissure, elle vacille, elle oscille et titube,
pareille à un ivrogne, et elle est
ébranlée tout comme une cabane, car
le poids de son crime pèse sur elle. Elle
tombe et jamais ne se relèvera. "
(24.
19-20 - Bible du semeur)
Nous avons vu que la terre serait
réduite en un sinistre désert, et
que, à son avènement, le Seigneur
Jésus-Christ lui apportera un nouvel
engendrement.
L'Écriture met en confrontation
le bien et le mal. Elle le fait déjà
en mentionnant l'arbre caractéristique du
jardin d'Eden, où, sur l'instigation du
serpent, Adam et Eve ont obtenu sans droit la
connaissance du bien et du mal, alors
qu'auparavant, le bien seul leur était
connu ; mais cette connaissance usurpée
s'est traduite en pratique du mal. Parlant pour
tous, l'apôtre Paul en fait le tragique
constat :
"Quand je veux faire le bien, le
mal
est attaché à moi. Je ne fais pas le
bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux
pas. Je vois dans mes membres une autre loi qui
lutte contre la loi de mon entendement, et qui me
rend captif de la loi du péché qui
est dans mes membres. "
(Ro. 7.
19-23)
Le bien et le mal sont des "contraires",
le premier est en faveur de la vie, le second
produit la mort. L'Éternel l'avait dit
à Israël :
"Voici, je mets devant toi la vie
et
le bien, la mort et le mal"
(Deut.
30. 15).
Pour choisir la vie, il faut choisir le
bien, ou, autrement dit, la pratique de la justice
de Dieu.
Cependant l'homme, dans la
perversité de son coeur est allé
jusqu'à inverser le mal et le bien,
regardant le mal comme un bien et le bien comme un
mal.
(Es.
5. 20). Cette triste aberration
du coeur humain a traversé le temps et
atteint notre génération, où
elle s'est érigée en règle.
Les chefs d'Israël eux-mêmes ont encouru
ce grave reproche :
"Vous haïssez le bien et vous
aimez le mal"
(Mich.
3. 2). C'est hélas ce
qu'on ne peut s'empêcher de penser
aujourd'hui de ceux qui libéralisent
l'homosexualité ou l'avortement, par
exemple. Le pouvoir du mal en l'homme et
l'impossibilité pour lui de s'y soustraire
projettent une vive lumière sur
l'impérieuse nécessité d'une
voie de salut.
"Misérable que je suis !
Qui me délivrera du corps de cette
mort ? Grâces soient rendues à
Dieu par Jésus-Christ notre
Seigneur !"
(Ro. 7.
24).
Dieu ne crée pas pour la
mort ; il avait donc créé
l'homme pour la vie éternelle, mais la
connaissance du bienet du mal a
dirigé son destin vers la mort. Il devint
"l'homme charnel" ou "psychique" ayant le mal en
lui et se trouvant alors enchaîné au
péché. Comment l'Éternel
allait-il le délivrer de cette situation
irréversible ? Pour une telle
délivrance qui, partie de Dieu devait
s'accomplir en plein coeur de l'humanité, il
fallait qu'un Sauveur sorti de Dieu soit
envoyé sur la terre, paraissant comme un
simple homme et vint expier le péché
de tous les hommes, se rendant aussi vainqueur du
mal et du malin. Ce Sauveur a de plus
créé en lui-même l'homme
nouveau pour que ses disciples en soient
revêtus, car cette personnalité
nouvelle n'est pas captive de la puissance du
péché et de la mort et le mal ne la
domine pas ; elle hérite la vie
éternelle.
Nous supplions Dieu que personne dans
son Église ne reste en arrière mais
que tous les appelés saisissent la vie
éternelle, et pour cela, deviennent "l'homme
nouveau" auquel l'Écriture donne aussi le
nom de Jésus-Christ :
"Revêtez-vous du Seigneur
Jésus-Christ, et n'ayez pas soin de la chair
pour en satisfaire les convoitises. "
(Ro.
13. 14)
On ne saurait admettre que la marche du
chrétien se déroule sous deux
aspects. Le prophète Elie a
caractérisé ce double comportement en
ces termes : "Jusques à quand
clocherez-vous des deux
côtés ?"
(1 Rois
18. 21) ; ce qui
signifie : jusqu'à quand boiterez-vous
des deux pieds ? On le dit quelquefois
couramment : un pied dans le monde, un pied
dans l'Eglise. L'apôtre Paul exprime ce
défaut en un langage clair :
"Ne savez-vous pas qu'en vous
mettant
au service de quelqu'un comme esclaves pour lui
obéir, vous êtes esclaves de celui
à qui vous obéissez, soit du
péché qui conduit à la mort,
soit de l'obéissance qui conduit à la justice ?"
(Ro. 6.
16 TOB) ; puis, au
verset 18 :
"libérés
du péché, vous êtes devenus
esclaves de la justice".
La position chrétienne implique
un choix, un choix qui est fondamental et qu'il
faut absolument maintenir avec vigilance et
fermeté. Ce choix est celui d'une vie
consacrée sous les directions de l'Esprit
qui éclaire l'esprit du fidèle et son
coeur. Il s'agit de vivre selon l'Esprit, mettant
constamment en pratique l'Évangile, et de
retirer tout pouvoir à l'homme naturel (la
chair), de refuser d'entendre ses suggestions ou de
céder à ses désirs. On ne peut
pas vivre deux sortes de vies à la fois, ou
servir deux maîtres. Le Seigneur
n'agrée jamais le partage. Il n'en existe
pas dans le ciel. Le temps presse,
n'hésitons pas à nous examiner afin
de rectifier notre conduite autant qu'il le faudra
pour vivre entièrement la vie de l'Esprit,
et à tout moment.
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