Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE 3

LE ROYAUME

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 "Mon royaume n'est pas de ce monde" a déclaré Jésus devant Pilate. Aux pharisiens qui ne pensaient qu'à la restauration du royaume d'Israël (les apôtres également), et le questionnaient à ce sujet, Il leur répondit : "Le royaume ne vient pas de manière à frapper les regards. On ne dira point : il est ici ou il est là. Car voici, le royaume de Dieu est au milieu de vous. " (Luc 17. 20-21) Par la présence du Seigneur, sa prédication et ses oeuvres, le Royaume de Dieu a fait irruption. Il est là en ses aspects spirituels et prophétiques ; il faut pouvoir le discerner au moyen de la foi, mais il n'est pas là ou ailleurs en tant que réalité visible, constatable en raison d'une nouvelle situation politique. Cela, pour le moment présent, mais, nous apprennent les Écritures, il apparaîtra en son temps avec tous les caractères évidents de son authenticité.

LE RENOUVELLEMENT DE TOUTES CHOSES

Plusieurs passages du Nouveau Testament affirment l'avènement du Seigneur (parousia : ce mot grec figure 17 fois). C'est le "retour en gloire" du Christ. Sa venue (seconde venue) est annoncée "sur les nuées du ciel" (Mat. 24. 30 ; 26. 64 ; Marc 13. 26 ; 14. 62 ; Luc 21. 27 ; Apo. 1. 7). D'autres versets portent : il reviendra ou viendra : 1 Thes. 4. 16 ; 2 Thes. 1. 10 ; Ac. 1. 11. Deux autres encore précisent qu'il "sera assis" ou "s'assiéra sur le trône de sa gloire" (Mat. 19. 28 ; 25. 31). Le Seigneur lui-même s'est exprimé de façon explicite en ces termes : "Alors le signe du Fils de l'homme paraîtra dans le ciel, toutes les tribus de la terre se lamenteront, et elles verront le Fils de l'Homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et une grande gloire. " (Mat. 24. 30)

Quel sera-ce signe ? L'apôtre Paul nous a mis sur la voie d'une réponse, écrivant : "... le Seigneur Jésus apparaîtra du ciel avec les anges de sa puissance, au milieu d'une flamme de feu... " (2 Thes. 1. 7-8). Le signe sera donc une lumière éclatante ; d'abord un point lumineux au plus haut du ciel, et qui, en s'approchant de la terre prendra beaucoup d'ampleur et de force jusqu'à produire l'effroi des habitants de la terre. Sans doute ce signe sera-t-il visible en tout lieu, puisque "toutes les tribus de la terre se lamenteront". De plus, les populations ainsi désignées sauront que c'est le Christ, le Véritable, qui descend sur la terre, et leur frayeur ne sera pas seulement émotionnelle, mais profonde par sa cause en rapport avec la puissance et la grande gloire qui se déploient (voir Esaïe 2). Ce sera un événement si considérable qu'on ne saurait l'imaginer ; on ne peut que le rapprocher de la circonstance unique en laquelle l'Éternel descendit sur la montagne du Sinaï au milieu du feu. Le peuple était effrayé et Moïse lui-même a pu dire : "Je suis épouvanté et tout tremblant" (Ex. 19. 16 et suiv. ; Héb. 12. 18-21).

Descendant du ciel, "L'Éternel paraîtra et il combattra ces nations, comme il combat aux jours de la bataille. Ses pieds se poseront en ce jour sur la montagne des oliviers, qui est vis-à-vis de Jérusalem, du côté de l'orient. " (Zach. 14. 3-4) C'est de cette montagne qu'il est monté au ciel. Le temps sera alors venu d'une mutation sans pareille depuis la création de la terre. Voici, en effet, ce qu'à déclaré le Seigneur Jésus : "Je vous le dis en vérité, quand le Fils de l'homme, au renouvellement de toutes choses, sera assis sur le trône de sa gloire, vous qui m'avez suivi, vous serez de même assis sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d'Israël. " (Mat. 19. 28)

Pierre, en son second discours mentionne également ce nouvel engendrement de la terre :
"Repentez-vous donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés, afin que des temps de rafraîchissement viennent de la part du Seigneur, et qu'il envoie celui qui vous a été destiné, Jésus-Christ, que le ciel doit recevoir jusqu'aux temps du rétablissement de toutes choses, dont Dieu a parlé anciennement par la bouche de ses saints prophètes. " (Ac. 3. 19-21)

"Renouvellement de toutes choses" (palingénésia : nouvel engendrement) ou "rétablissement de toutes choses", ces expressions annoncent le retour à la beauté première de la terre, par la voie d'une nouvelle création. Pour que nous en sachions davantage, l'apôtre nous renvoie aux prophètes de l'Ancien Testament, qui, en effet, ont largement décrit la venue de l'Éternel (Jésus-Christ) dans son règne, comme nous allons le voir. Selon le chapitre 2 d'Esaïe, les instants de cette venue sont marqués par une puissante terreur au sein des populations qui cherchent protection dans "les cavernes des rochers" et dans les abris que le sous-sol peut offrir, car elles ne supportent pas "l'éclat de la majesté de l'Éternel", d'autant moins que l'orgueil subira le coup de son abattement définitif, non seulement : dans la personne des humains, mais encore par la destruction des édifices, des équipements industriels et des transports sur la surface de toute la planète. Jusqu'alors, l'homme ne comptait que sur son intelligence, sa science, ses impressionnantes technologies, et en cela résidait toute son assurance. Désormais, conclut ce chapitre 2 le temps de se confier dans l'homme sera révolu à tout jamais.

L'Apocalypse (16. 17-21) annonce un tremblement de terre d'une ampleur jamais constatée qui détruira les villes des nations et provoquera même un bouleversement topographique planétaire fabuleux, jusqu'à l'engloutissement des îles et le démantèlement des montagnes. Au moment où le Seigneur y posera ses pieds, la terre offrira le triste spectacle d'une dévastation profonde et généralisée ; elle ne sera plus qu'un vaste domaine de ruines et d'éboulis, que le feu aura contribué à désoler. Elle sera "réduite en solitude" (Es. 13. 9) ; "… la terre tombera en lambeaux comme un vêtement, et ses habitants périront comme des mouches, mais mon salut durera éternellement, et ma justice n'aura point de fin" (Es. 51. 6).

Que seront les premiers actes du Seigneur dont les pieds se poseront sur la montagne des oliviers ?

1°- l'Antichrist et le faux-prophète seront jetés vivants dans l'étang ardent de feu et de soufre (Apo. 19. 20).

2°- Satan sera lié pour mille ans et jeté dans l'abîme, dont il sortira après cette période pour "peu de temps", puis, à son tour, sera jeté dans l'étang de feu et de soufre dont on ne revient jamais (Apo. 20-1-3).

3°- Ce sera le jugement des nations (Mat. 25. 31 et s.) avec l'assistance de juges non désignés (Apo. 20. 4).

4°- Le Seigneur procédera à la restauration de la terre.
De nouveaux cieux seront étendus et une nouvelle terre sera fondée (Es. 51. 16 ; 65. 17-25). Le passage d'Esaïe 65 cité ci-contre peut surprendre et l'on peut avoir la pensée de l'attribuer à la nouvelle terre (d'après les 1000 ans) parce qu'il commence par "Car je vais créer de nouveaux cieux et une nouvelle terre". Cependant, il s'agit bien là du millénium puisque la mort ne sera pas encore abolie, que la procréation se poursuivra, que l'on bâtira et que l'on plantera. Or, comme nous allons le voir, la rénovation de la terre retrouvant sa splendeur première ne peut se faire que par la puissance créatrice du Seigneur.

5°- Il prendra possession de son règne (Es. 24. 23).

Nous examinerons plus loin le règne millénial. Tout d'abord une simple question est à poser : Qu'est-ce qu'un royaume ? Chacun peut répondre qu'on appelle ainsi un pays gouverné par un roi. En amplifiant cette réponse, l'on dira qu'un royaume est constitué de cinq éléments : un roi, un peuple, un pays, une capitale et une loi (par loi entendons l'ensemble législatif et réglementaire d'un État). Les autres éléments que l'on croirait devoir ajouter ne seraient que des fonctions, non des éléments constitutifs. L'histoire et la prophétie biblique qui la prolonge déroulent à nos regards une fresque où se succèdent les trois formes de royaumes que voici :

- le royaume historique d'Israël
- le règne du Christ pendant le millénium
- le royaume éternel sur la nouvelle terre

La structure de chacun de ces royaumes comprend les cinq éléments constitutifs ci-dessus.

LE ROYAUME HISTORIQUE D'ISRAËL

Dieu lui donna un roi qui fut Saül. Celui-ci ne sut pas se rendre fidèle et son coeur se remplit de haine, puis, environ 1000 ans avant notre ère, David lui succéda auquel Dieu a rendu ce témoignage : "J'ai trouvé David, fils d'Isaï, homme selon mon coeur, qui accomplira toutes mes volontés" (Ac. 13. 22). Qui, dans l'Eglise aujourd'hui, ne souhaiterait vivement parvenir à pareille fidélité ? Un tel témoignage venant de notre Dieu est chose bien rare, et il donne envie d'être homme selon le coeur de Dieu, ce qui serait un immense bonheur ! Rien n'est impossible avec une foi persévérante.

Ensuite vint Salomon, et après lui, le royaume perdit son unité et se divisa. Israël formait une communauté que Dieu nomma "mon peuple" ; Il lui manifesta son amour et lui prodigua des promesses merveilleuses avec de puissants encouragements. Il était "un peuple saint" pour l'Éternel, car il lui appartenait en propre. Il lui avait donné le pays de Canaan comme héritage, un pays de délices où coulait le lait et le miel. Ce fut sous le règne de David que Dieu choisit la capitale du royaume : Jérusalem dont la renommée si particulière subsistera sans cesse. Sur elle, que de belles paroles inspirées ont été prononcées lorsqu'elle se paraît de fidélité. Le temple y fut érigé pour être le lieu de la présence de l'Éternel au milieu de son peuple et pour le sacerdoce.

Enfin, Israël avait une loi qui comprenait le décalogue et les ordonnances qui constituaient ensemble les clauses de l'Alliance que Dieu avait traitée avec son peuple à Horeb. Pour sceller cette alliance, Moïse avait pris le sang des taureaux immolés en sacrifice d'actions de grâce, et il en avait fait l'aspersion sur le livre où elle était écrite, ainsi que sur tout le peuple (Héb. 9. 18-22). Le royaume d'Israël comprenait donc les éléments qui le caractérisaient comme tel : un roi, un peuple, un pays, une capitale et une loi. Ils provenaient tous les cinq du choix de Dieu. De ce fait, on peut le regarder comme une première implantation du Royaume de Dieu, et comme la préfiguration de celui-ci. Le royaume de Salomon prit figurativement l'un des caractères majeurs du Royaume éternel, celui de la paix, comme l'indique le 1er livre des Rois (ch. 4, v. 24-25) :
"Il (Salomon) dominait sur tout le pays de l'autre côté du fleuve, depuis Thiphsach jusqu'à Gaza, sur tous les rois de l'autre côté du fleuve. Et il avait la paix de tous les côtés alentour. Juda et Israël, depuis Dan jusqu'à Beersheba, habitèrent en sécurité, chacun sous sa vigne et sous son figuier, tout le temps de Salomon. "

D'autre part, une disposition divine de grand poids a établi un rapport entre le règne de David et celui du Christ. En effet, le prophète Nathan fut chargé d'annoncer au roi David que Dieu élèverait sa postérité après lui, que l'un de ses fils régnerait et que son trône serait pour toujours affermi : 2 Sam. 7. 13-16 ; 1 Chr. 17. 11-14 ; Ps. 89. 31-38 ; Es. 9. 6. Ainsi Dieu a fait de David le fondateur de la dynastie éternelle. Jésus s'assiéra sur le trône de David son père, et son règne n'aura point de fin, déclare l'ange annonciateur (Luc 1. 32-33) à Marie après lui avoir dit qu'elle deviendra enceinte.

Le chemin fut long depuis le lendemain de la chute en Eden, où l'Éternel fit la première promesse d'une victoire d'où viendrait la fin du règne du péché et de la mort. Il le fallait tant l'emprise du mal devait enchaîner l'homme, l'enfermer dans la puissance des ténèbres, et tant il serait impossible de le délivrer autrement que par toute la science de Dieu qui allait agir non seulement par puissance et action de création, mais aussi par voie éducative de manière à le ramener à la ressemblance de Dieu, tout en donnant une indispensable satisfaction à la justice par l'expiation des péchés. Dieu seul pouvait résoudre un tel problème, mettant en oeuvre son amour, sa puissance, sa patience et sa grande miséricorde. Le verset 15 de Genèse 3 annonce une lutte prolongée qui se déroulera dans le temps des postérités de la femme et du serpent. La postérité de la femme devra lutter et elle obtiendra la victoire.

En quoi consiste la postérité du serpent ? S'agit-il des anges déchus qui se sont faits les auxiliaires de Satan, vu comme le "serpent ancien" ? Non pas, il s'agit de cette fraction des hommes qui resteront attachés à l'esprit du mal, ayant le diable pour père et accomplissant ses désirs (comme Jésus l'a explicitement dit en Jean 8. 44). Il devait donc y avoir au cours des âges à venir deux lignées opposées, l'une réunissant les auxiliaires de Dieu, l'autre groupant les auxiliaires de Satan. C'est ainsi que l'on voit se constituer dans la postérité d'Adam et d'Eve deux branches nettement différentes, celle de Caïn et celle de Seth. Restant toujours dans la situation du moment, l'Éternel montre ce que sera l'issue de la lutte : la tête du serpent sera écrasée au prix d'une blessure causée au talon de la postérité d'Eve par le serpent. Nous comprenons que la blessure au talon évoque la mort du Christ suivie de résurrection et qui détermine la grande et définitive victoire de la vie sur la mort, et que la tête écrasée se rapporte à la mort éternelle de Satan.

LE MILLÉNIUM

Au son de la 7ème trompette correspond la proclamation Jésus-Christ dans son règne : "Le royaume du monde est remis à notre Seigneur et à son Christ et il régnera aux siècles des siècles" (Apo. 11. 15-19)

Ce moment paraît coïncider avec celui du cataclysme final de la 7ème coupe (Apo. 16. 17-21) qui réduira la terre en "solitude" (Es. 13. 9), ou "en désolation" (TOB), ou en un "désert sinistre" (B.F.C.). À la longue révolte des nations répondra la colère de Dieu. Au jugement prévu, prendront place "ceux qui détruisent la terre", ce qui montre combien Dieu réprouve tant les pollutions terrestres actuelles que l'avilissement de la société humaine par les abominables principes qui provoquent le délabrement moral et spirituel, et assurent le triomphe du mal. À son arrivée dans la gloire de Dieu, le Seigneur se trouvera en présence d'une terre devenue un "désert sinistre" couvert d'éboulis et de ruines. Il procédera au "rétablissement de toutes choses", à un nouvel engendrement mettant en oeuvre la puissance créatrice. Tout a été créé par lui et pour lui, proclame l'Écriture (Col. 1. 16). La nécessité de ce rétablissement s'impose pour que la terre puisse être habitée de nouveau, et aussi pour qu'elle retrouve sa splendeur du premier moment. Après la chute d'Adam et d'Eve en Eden, Dieu prononça une malédiction sur le sol qui perdit ses capacités productives spontanées, se mit à produire des épines et des ronces, si bien que la terre subit un appauvrissement général, et perdit aussi sa richesse et sa beauté premières. L'homme séparé de son Dieu, subissant lui-même une dégradation, rivé désormais à la loi d'un dur travail, atteint en sa personne par les conséquences incalculables de son péché, voué à la mort, n'était plus digne de conserver un lieu de séjour parfait et pur. Aux lendemains désastreux de la chute de l'homme, la terre, son cadre de vie, se trouve dépouillée des attraits qui faisaient d'elle un paradis.

Or, voici que vient Celui dont les prophètes avaient annoncé la venue et qu'ils nommaient l'Éternel. Après une mise en ordre dont ses ennemis feront l'objet il va rétablir le glorieux séjour qu'il avait créé, afin qu'ayant retrouvé sa beauté première, il participe aux évidences de la victoire de Dieu sur le péché, et bientôt sur la mort. Nous allons voir ce que l'Écriture nous apprend de ce renouvellement de la terre par ses nombreuses descriptions prophétiques relatives au millénium.

Le chapitre 1er de l'épître aux Hébreux se fait l'écho de ce que Dieu a dit à son Fils :
"Toi, Seigneur, tu as au commencement fondé la terre, et les cieux sont l'ouvrage de tes mains ; ils périront, mais tu subsistes ; ils vieilliront tous comme un vêtement, tu les rouleras comme un manteau et ils seront changés ; mais toi tu restes le même, et tes années ne finiront point. " (1. 10-12 - citation du psaume 102 26-29)

Les cieux "seront roulés comme un livre" précise le verset 4 d'Esaïe 34. Par conséquent, l'atmosphère qui entoure la terre sera renouvelée. Elle en a bien besoin du fait des pollutions que l'époque moderne lui fait supporter. Sur la terre rénovée, l'on respirera un air pur et vivifiant. La respiration est physiquement essentielle ; de plus elle est l'image de la vie spirituellement saine par l'oeuvre de l'Esprit.

La terre rénovée sera éclairée de façon éclatante comme nous l'apprend l'un des passages d'Esaïe (30. 23-26) relatifs aux temps messianiques, à la productivité, à la succulence du pain, à l'irrigation du relief et à la lumière :
"La lumière de la lune sera comme la lumière du soleil, et la lumière du soleil sera sept fois plus grande (comme la lumière de sept jours). "

L'abondance des eaux vives et des sources feront disparaître les déserts ainsi que toute aridité, et ces régions se couvriront d'espèces appréciées : le cèdre, l'acacia, le myrte odorant à fleurs blanches, l'olivier, le cyprès, l'orme et le buis, tous en un agréable mélange (Es. 41. 17-20). Ce passage souligne qu'à l'évidence, l'on verra et considérera que ces parcs vastes et magnifiques proviennent seulement de l'oeuvre de l'Éternel et que le "Saint d'Israël" en est l'auteur. La terre redevient un paradis. Sa beauté ne devra rien à la civilisation matérialiste ; elle glorifiera Dieu et non l'homme dont le sens artistique s'était égaré tout comme le sens moral. Dieu seul peut donner l'éclat de la perfection à la beauté, car toutes ses oeuvres sont parfaites. Le beau et le bien atteignent ensemble leur optimum sous la main de Dieu.

La promesse de l'abondance des eaux se retrouve en d'autres fragments tels que Es. 35. 6-7 (ce passage se prolonge par une saisissante évocation du salut éternel des rachetés) tels que Es. 43. 18-21 et Ps. 107. 35.

La civilisation moderne est parvenue à enlaidir la terre, à la couvrir d'immenses cités aux immeubles démesurément hauts et serrés, sous une atmosphère fétide montant des grands ensembles industriels, de déchets en stockage, de puits de pétrole, plongeant ainsi les populations en expansion dans la grisaille et la tristesse. La soif des richesses, l'égoïsme, l'abandon de Dieu, l'immoralité, compromettent gravement la vie humaine. Les écologistes avertis craignent pour l'avenir de la terre ; ils constatent tout simplement que les orientations et les activités de l'homme agissant en autonome ne mènent qu'à la destruction, car sans Dieu, sans ses directions, la vie heureuse et durable est impossible. Pour qu'elle le soit, il faut "marcher avec Dieu", en recevant de Lui tout ensemble la puissance et la sainteté. Rien ne peut être sain, juste, équitable, vrai, que ce qui, d'abord, est saint.

À l'opposé du spectacle d'une terre dégradée, sur la terre rénovée du millénium, avec la lumière, l'air pur, le ruissellement des eaux vives, l'on ne verra qu'une luxuriance parfaite. La planète sera redevenue un séjour de délices où les hommes retrouveront la vie ardente, heureuse et joyeuse, avec la paix intérieure sans aucune ombre. Le prophète a vu ce grand bonheur de loin :
"C'est dans la jubilation que vous sortirez, et dans la paix que vous serez entraînés, sur votre passage, montagnes et collines exploseront en exclamations, et tous les arbres de la campagne battront des mains. Au lieu de la ronce croîtra le cyprès, au lieu de l'ortie croîtra le myrte ; cela constituera pour le Seigneur une renommée, un signe perpétuel qui ne sera jamais retranché. " (Es. 55. 12-13 - TOB)

La sécurité au fond des coeurs, l'allégresse et la joie s'étendront à tous (Joël 2. 21-23). Les animaux en auront également leur part :
"En ce jour-là, je traiterai pour eux (les habitants) une alliance avec les bêtes des champs, les oiseaux du ciel et les reptiles de la terre, je briserai dans le pays l'arc, l'épée et la guerre, et je les ferai reposer avec sécurité" (Osée 2. 20). L'apôtre Paul a eu une révélation du même ordre dont il a inséré la teneur en Romains 8 (v. 18 à 25) : "Aussi la création attend elle avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu. Car la création a été soumise à la vanité - non de son gré, mais à cause de celui qui l'y a soumise - avec l'espérance qu'elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Or, nous savons que jusqu'à ce jour, la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l'enfantement. Et ce n'est pas elle seulement ; mais nous aussi, qui avons les prémices de l'Esprit, nous aussi nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l'adoption, la rédemption de notre corps... "

Dans ce passage, la création c'est le cadre de vie de l'homme, autrement dit tout ce que Dieu a créé pour faire de la planète le domaine généreux et agréable où l'homme pouvait aisément vivre. Mais à la suite du péché, les conséquences généralisées de celui-ci ont provoqué l'avilissement de cette création et l'acheminent à la mort. Si, de plus, la guerre atomique se déclenchait, la planète deviendrait un astre mort, comme un film d'anticipation l'a montré. De toute manière, nous avons vu qu'elle atteindra le stade d'une complète désolation avant la parousie. Mais elle sera rétablie par le Seigneur lorsqu'il paraîtra. Les plantes, les arbres et les animaux obtiendront leur entière renaissance.

Une pleine harmonie s'établira entre les hommes et les bêtes dont plus aucune ne sera à craindre. "Le loup et l'agneau paîtront ensemble, le lion comme le boeuf mangera de la paille, et le serpent aura la poussière pour nourriture. Il ne se fera ni tort ni dommage sur toute ma montagne sainte, dit l'Éternel. " (Es. 65. 25)

Ce n'est qu'après le déluge que Dieu avait dit à l'homme:
"Tout ce qui se meut et qui a vie vous servira de nourriture ; je vous donne tout cela comme l'herbe verte, seulement vous ne mangerez point de chair avec son âme, avec son sang. " (Gen. 9. 3)

Auparavant, et depuis la création, l'homme n'avait reçu de Dieu que toute herbe portant de la semence et les fruits comme nourriture (Gen. 1. 29) ; légumes verts, semences (pois, haricots, lentilles, céréales, fruits, etc.). Revenue aux conditions premières, sur une terre d'abondance et de diversité, l'humanité ne tuera plus pour se nourrir, elle ne sera plus "un sujet de crainte et d'effroi pour tout animal de la terre, pour tout oiseau du ciel, pour tout ce qui se meut sur la terre, et pour tous les poissons de la mer" (Gen. 9. 2). "Le loup habitera avec l'agneau, et la panthère se couchera avec le chevreau ; le veau, le lionceau, et le bétail qu'on engraisse seront ensemble, et un petit enfant les conduira. La vache et l'ourse auront un même pâturage, leurs petits un même gîte ; et le lion comme le boeuf mangera de la paille. Le nourrisson s'ébattra dans l'antre de la vipère, et l'enfant sevré mettra sa main dans la caverne du basilic. Il ne se fera ni tort ni dommage sur toute ma montagne sainte, car la terre sera remplie de la connaissance de l'Éternel, comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent. En ce jour le rejeton d'Isaï sera là comme une bannière pour les peuples ; les nations se tourneront vers lui, et la gloire sera sa demeure. " (Es. 11. 6-10)

Dans une vue générale, le prophète Ezékiel peut dire en forme descriptive : "la terre resplendissait de sa gloire" (43. 2).
L'Apocalypse prédit de grandes hécatombes. Beaucoup d'hommes périront par l'épée, la famine, la maladie (6. 8), par les eaux devenues amères (8. 11) (par radioactivité probablement) ; cela, dans le temps de détresse précédant le millénium. Au chapitre 9, versets 15 et 18, c'est le tiers des hommes qui meurent, et par l'action des derniers fléaux, des multitudes d'autres meurent aussi. D'autre part, le tri opéré lors du jugement des nations provoquera une élimination s'ajoutant aux hécatombes numériquement, si bien que sur la terre, réduite en un désert, le nombre des hommes qui resteront aura considérablement diminué. Peut-être faudra-t-il ne plus compter par milliards comme actuellement.

Mais, dès l'ouverture du règne millénial, les prophètes annoncent un repeuplement progressif :
"Dans les temps à venir, Jacob prendra racine, Israël poussera des fleurs et des rejetons, et il remplira le monde de ses fruits. " (Es. 27. 6) "Car tu te répandras à droite et à gauche ; ta postérité envahira des nations et peuplera des îles désertes. " (Es. 54. 3)

La mortalité étant écartée, les enfants qui naîtront assureront une démographie montante :
"Ils n'auront pas des enfants pour les voir périr, car ils formeront une race bénie de l'Éternel, et leurs enfants seront avec eux. " (Es. 65. 23)

Ce glorieux rétablissement de la terre repose, on le comprend, sur une justice de Dieu (grand ordre universel) ramenée à sa perfection. Le Seigneur étant là, présent, son règne s'appuiera sur la justice éternelle, génératrice de l'état de sainteté indispensable au maintien de la vie véritable :
"L'oeuvre de la justice sera la paix, et le fruit de la justice le repos et la sécurité pour toujours. Mon peuple demeurera dans le séjour de la paix, dans des habitations sûres, dans des asiles tranquilles. " (Es. 32. 17-18)

Le prophète avait vu venir à l'avance cette ère de justice :
"Il (le serviteur de l'Éternel) ne se découragera point et ne se relâchera point jusqu'à ce qu'il ait établi la justice sur la terre. " (Es. 42. 4)

Le prophète Sophonie en donne l'assurance à son tour dans une fort belle tirade (3. 9-17) selon laquelle la justice divine sera mise en pratique par tous les hommes, car Dieu donnera aux peuples des lèvres pures, pour que tous invoquent son nom et le servent ensemble. On n'aura plus à déplorer l'arrogance et l'orgueil ; bien au contraire, l'humilité sera dans tous les coeurs car tous se confieront à leur Seigneur et s'attendront à lui. Inconnus seront l'iniquité et les mensonges. C'est alors que la joie et l'allégresse se manifesteront avec éclat. Le peuple pourra se réjouir avec un coeur heureux du triomphe sur toute adversité et sur tout malheur. Par-dessus tout la présence du roi d'Israël sera la cause la plus considérable des joies ressenties et exprimées. Et, merveilleuse harmonie, lui-même, le roi goûtera une grande joie en considérant le peuple qui l'entoure si magnifiquement revêtu de sainteté. Il n'aura pas à parler, car son amour sera pleinement partagé, et il lui suffira de donner libre cours à l'allégresse qu'il éprouvera.

En méditant sur ces réconfortantes prophéties dont l'horizon n'est plus lointain, nous pouvons nous dire : mais, c'est dans une sainteté comparable à celle de ce glorieux temps que le Seigneur notre Dieu désire voir son Église. Il veut, en effet, qu'elle se présente à lui glorieuse, sans tache ni ride, sainte et irrépréhensible ; qu'elle vive dans le siècle présent (aujourd'hui) selon la sagesse, la justice et la piété. Il la regarde comme le peuple futur de son royaume dont elle sera l'héritière, et il lui prodigue sa grâce et son Esprit afin de la rendre triomphante. Puissions-nous nous souvenir constamment de cette volonté de Dieu ! Le Père a dit au Fils :
"Ton trône, ô Dieu, est éternel ; le sceptre de ton règne est un sceptre d'équité ; tu as aimé la justice, et tu as haï l'iniquité, c'est pourquoi ton Dieu t'a oint d'une huile de joie au-dessus de tes égaux. " (Héb. 1. 8-9)

Le Seigneur Jésus a été oint, c'est-à-dire qu'il est devenu le Christ parce qu'il a aimé la justice. Si les membres de l'Eglise sont eux-mêmes scellés du Saint-Esprit, ne convient-il pas avant tout qu'ils aient tout autant l'amour de la justice, appui fondamental de toute vie et de tout bonheur. Or la justice ne souffre pas l'infidélité.

Au cours du règne transitoire de mille ans, les hommes n'auront plus à mourir (quoique la mort ne sera pas encore détruite). La longévité sera prolongée considérablement et, même si elle a encore un terme, elle n'interceptera plus la vie des hommes sauf si quelqu'un laisse le péché renaître en lui ; en ce cas, il sera tout aussitôt retranché : "Celui qui mourra à cent ans sera jeune, et le pécheur âgé de cent ans sera maudit" (Es. 65. 20). Il ne mourra pas par l'affaiblissement de l'âge, mais frappé par une sanction immédiate, puisque le péché aura définitivement terminé son temps et qu'il n'y aura plus jamais de patience pour lui. "Il frappera la terre de sa parole comme d'une verge, et du souffle de ses lèvres il fera mourir le méchant" (Es. 11. 4). La justice de Dieu ne subira donc plus d'atteinte qui puisse encore être pardonnée ; et à cause de cela, il n'y aura plus de malades :
"Aucun habitant ne dit : je suis malade ! Le peuple de Jérusalem (la capitale de la terre) reçoit le pardon de ses iniquités (celles du passé)" (Es. 33. 24).

Que deviendra le souvenir des temps révolus ? Le prophète répond à cette question : "On ne se rappellera plus les choses passées, elles ne reviendront plus à l'esprit" (Es. 65.17). Les souvenirs insistants comme ils le sont maintenant apporteraient un trouble dont on comprend bien qu'il faudra en préserver l'état de sainteté. Le peuple sera destiné à la joie : "C'est un enthousiasme et une exultation perpétuels que je vais créer" (Es. 65. 18, TOB).

Dans l'Eglise, ne pourrions-nous pas nous abstenir de revenir aux souffrances du passé de manière à se porter en avant, sans regarder ce qui est en arrière, et pour vivre intensément la vie de communion en conservant nos coeurs dans la paix.

Revenons à ce bien sans pareil de la présence du Seigneur. Dans le jardin d'Eden, Dieu paraissait et parlait à l'homme. En Israël, la présence de l'Éternel dans le tabernacle, puis dans le temple de Jérusalem, suscitait un constant bonheur. Pendant le temps de son ministère terrestre des foules purent voir et entendre Jésus. Dans le cours du millénium, il régnera à Jérusalem et il sera vu pour le plus grand bonheur du peuple :
"La lune sera couverte de honte, et le soleil de confusion ; car l'Éternel des armées régnera sur la montagne de Sion et à Jérusalem, resplendissant de gloire en présence de ses anciens. " (Es. 24. 23)
"Tes yeux verront le roi dans sa magnificence, ils contempleront le pays dans toute son étendue. " (Es. 33. 17)

Au sommet du Pisga, Dieu avait donné à Moïse le pouvoir de contempler tout le pays de la promesse. Ce pouvoir s'étendra donc au peuple de Jérusalem pendant le règne millénial. Réalisons qu'en ce temps-là, la marche par la foi aura cessé et ce sera la marche par la vue, c'est-à-dire par la vue du Seigneur armé de la toute-puissance.

Le Seigneur règne entouré de ses saints qui l'assistent, disent quelques textes : "Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ?" (1 Cor. 6. 2) ; "Ils régneront sur la terre" (Apo. 5. 10 et 20. 6). Qui sont les saints ? Dans les épîtres assez souvent, ce terme désigne les membres de l'Eglise. L'héritage leur est réservé (Eph. 1. 18). Zacharie déclare que lorsque l'Éternel viendra, tous ses saints seront avec lui (14. 5), ce que confirme 1 Thes. 3. 13. Nous savons qu'à l'enlèvement de l'Eglise, ils auront été ressuscités (ou transmués : 1 Cor. 15. 51-52).

La capitale du royaume millénial sera Jérusalem, qui sera devenue la capitale de toute la terre, comme le dit le chapitre 14 de Zacharie (v. 9-10-11 et 16). "Jérusalem sera élevée et restera à sa place". Le chapitre 60 d'Esaïe met en lumière la restauration de Jérusalem avec ses portes toujours ouvertes et son ornementation. Ses murs porteront le nom de salut, et ses portes celui de gloire. Son Dieu sera sa gloire. "On t'appellera mon plaisir en elle" (62. 4). La vibrante admiration et l'attachement dont Jérusalem fait l'objet dans l'Ancien Testament conduit à penser - par analogie - à l'Eglise que Jésus-Christ a fondée et qu'il aime. Elle aussi peut être appelée "mon plaisir en elle". Cette pensée nous réjouit, certes, mais elle est aussi de nature à éveiller en nous l'ardent désir d'être agréables à Dieu et à Jésus-Christ.

La Jérusalem du millénium s'étendra davantage qu'actuellement (Michée 7. 11). Jérémie en indique la nouvelle superficie (31-38-40), et le prophète Zacharie rapporte la parole qu'il a entendue : "Cours, parle à ce jeune homme et dis : Jérusalem sera une ville ouverte, à cause de la multitude d'hommes et de bêtes qui seront au milieu d'elle et je serai pour elle, dit l'Éternel, une muraille de feu tout autour, et je serai sa gloire au milieu d'elle. " (2. 4-5)

Il faut également lire et méditer le chapitre de ce prophète (Zacharie) relatif au rétablissement de Jérusalem, et notamment les passages suivants :
"Ainsi parle l'Éternel : Je retourne à Sion, et je veux habiter au milieu de Jérusalem. Jérusalem sera appelée ville fidèle et la montagne de l'Éternel des armées montagne sainte" (v. 3) ; "Et beaucoup de peuples et de nombreuses nations viendront chercher l'Éternel des armées à Jérusalem et implorer l'Éternel. Ainsi parle l'Éternel des armées : En ces jours-là, dix hommes de toutes les langues des nations saisiront un juif par le pan de son vêtement, et diront : Nous irons avec vous, car nous avons appris que Dieu est avec vous. " (v. 22-23)

En son chapitre 33 le livre de Jérémie (v. 9-11) évoque les cris de réjouissance, les cris d'allégresse, les chants des fiancés et les louanges qui s'entendront à Jérusalem, ainsi que les bontés de l'Éternel à l'égard des nations de la terre.

L'ACHÈVEMENT DU MILLÉNIUM

Mais les 1000 ans arriveront à leur épuisement, et, avec eux, le merveilleux règne prendra fin. Voici comment l'apôtre Paul en a eu la révélation :
"Et comme tous meurent en Adam, de même tous revivront en Christ, mais chacun en son rang, Christ comme prémices, puis ceux qui appartiennent à Christ, lors de son avènement."... (cette mise au point amène la fin du millénium) "Ensuite viendra la fin, quand il remettra le royaume à celui qui est Dieu et Père, après avoir détruit toute domination, toute autorité et toute puissance. Car il faut qu'il règne jusqu'à ce qu'il ait mis tous les ennemis sous ses pieds. Le dernier ennemi qui sera détruit c'est la mort. Dieu, en effet, a tout mis sous ses pieds. Mais lorsqu'il dit que tout lui a été soumis, il est évident que celui qui lui a soumis toutes choses est excepté. Et lorsque toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même sera soumis à celui qui lui a soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous. " (1 Cor. 15. 22-28)

Ainsi s'achèvera cette ère glorieuse d'un prodigieux enchantement, et elle n'aura pas besoin qu'on écrive son histoire puisqu'elle se sera déroulée en un paradis, dans l'harmonie d'un bonheur sans faille, dans une atmosphère morale d'allégresse et de paix parfaite. L'on n'aura pas connu la lassitude, l'attente d'autre chose, le désabusement, la crainte, la souffrance. Quelle énorme différence avec le temps présent, le nôtre ! Nous pourrions presque concevoir par avance du regret, en lisant ces documents prophétiques. Oui, le règne millénial de Christ n'est plus éloigné. Nous en contemplons la parfaite beauté, et nous pensons qu'il se dresse devant nous comme un délicieux modèle. Considérons le comme tel. Parce que le diable et ses anges seront enchaînés, parce que Christ sera visiblement présent, qu'il régnera par la verge de fer (il conduira les nations dans l'absolue justice), parce que la terre aura été recouverte de son manteau de gloire, parce que l'amour et la joie n'auront plus de contreparties, parce que l'état de sainteté aura manifesté une totale constance, l'humanité aura vécu dans le plus parfait bonheur. Elle aura su ce qu'était la volonté de Dieu lorsqu'il créa la terre, la vie des plantes et des animaux, et par-dessus tout, l'homme, semblable à Lui-même. Le livre saint met devant nous un magnifique modèle et l'Esprit nous presse d'atteindre dès aujourd'hui la sainteté que produit la vérité, puisque nous avons "revêtu Christ", et que nous pouvons être victorieux dans nos luttes. Dans une fidélité persévérante, le royaume de Dieu établit en nous ses glorieux caractères : "la justice, la paix et la joie par le Saint-Esprit".

L'image prophétique que la Bible nous présente fait naître en nous comme un regret qu'une fin soit assignée au règne qui en est l'objet. Pourquoi l'interrompre ? Sa continuation n'est donc pas envisageable ? Puisque la vie y trouvera sa force, sa beauté, sa pérennité, ainsi que tous les caractères qui permettront de la goûter parfaite, en la présence du Seigneur, homme et Dieu tout à la fois, et qui, Lui-même, aura pour son peuple des transports d'allégresse, le summum ne sera-t-il pas atteint ? Il semble bien qu'en ce temps, la chair et l'Esprit seront réconciliés ? Ne pourrait-on conserver ce que Jésus-Christ aura si magnifiquement réalisé ?
Eh bien non ! Par son achèvement, le règne millénial qui enchante nos coeurs à une grande leçon à nous donner. La gloire à laquelle Dieu s'est donné pour but de conduire beaucoup de fils se situe encore plus haut ! Essayons de comprendre cette leçon, et de déchiffrer les raisons certainement puissantes qui motivent la cessation du règne du Christ pendant seulement un millénaire.

1°- Les sujets du royaume établi sur la terre ré-engendrée seront nés de la chair et du sang, et eux-mêmes, ils auront des enfants. La vie corporelle bénéficiera d'un rehaussement de ses capacités et d'une longévité accrue. Il n'y aura plus de malades de même qu'il n'y aura plus de péché (tout éventuel pécheur mourra sans délai). Cependant, le principe selon lequel la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu éternel ne perd rien de son absolue vérité, car ce qui a renfermé la corruption ne peut hériter l'incorruptibilité (1 Cor. 15. 50). Le séjour éternel ne peut être accordé qu'à des corps ressuscités ou transmués (v. 50-51), c'est-à-dire à des corps "célestes" et "spirituels" qui seront incorruptibles (v. 35 à 49). Dans le temps du millénium, seuls les "saints", précédemment membres de l'Eglise, morts en Christ ou trouvés en Christ, qui régneront avec le Seigneur, auront revêtu le corps de la résurrection et seront prêts pour entrer dans l'éternité. Les autres, tous les sujets du royaume millénial, ne le sont pas, et chose inouïe, ils se laisseront séduire par le diable lorsqu'il sera relâché de sa prison, et ils monteront à l'assaut de la ville bien-aimée (Apo. 20. 7-9).
En sera-t-il ainsi de tous les nombreux habitants de la terre, ou d'une partie d'entre eux ? Le texte biblique ne l'indique pas. Une partie seulement, semble-t-il, que désignerait l'expression "Gog et Magog". Quelle désolante perspective ! Après un temps prolongé de parfait bonheur, des hommes auront encore la folie de se laisser entraîner dans une guerre. Le coeur de l'homme issu d'Adam et d'Eve reste désespérément mauvais, à moins d'une expérience authentique de nouvelle naissance, de mort au péché par un ensevelissement avec Christ et d'une résurrection avec Lui. C'est cette expérience que les habitants du millénium, dont la majorité sera née au cours du règne, n'auront pas faite. En eux, la source du péché n'aura pas eu à se révéler faute d'un tentateur ; ils auront joui du bonheur, mais ils ne seront pas nés de nouveau. Voilà une importante leçon pour nous ! Le bonheur ne possède aucune force transformatrice. La nouvelle naissance d'eau et d'Esprit à quoi la foi en Jésus-Christ nous conduit peut seule avoir raison de notre coeur naturel et nous préparer à l'héritage des saints dans la lumière. Faute de cette naissance (appelée par Jean "naissance de Dieu") aucun homme ne sera sauvé de la mort éternelle, même si, dans une communauté évangélique, il aura paru assimilé, ayant un comportement apparemment proche de celui des chrétiens réellement convertis. Et n'oublions jamais que la conversion nécessite une repentance profonde et sincère. Le Seigneur Jésus a débuté son ministère en prêchant : "repentez-vous, car le royaume des cieux est proche. "

2°- Ce n'est qu'à la fin du millénium que la mort, le dernier ennemi, sera détruite. Jusque-là elle restait malheureusement nécessaire. Elle permettra de détruire au préalable d'autres ennemis : "Il faut qu'il règne jusqu'à ce qu'il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds." (1 Cor. 15. 25) Ces ennemis, angéliques ou humains, seront donc éliminés au cours et à la fin du règne. Pour les hommes nés pendant celui-ci, la vie ne pouvait se concevoir qu'au sein du bonheur tranquille qu'ils auront connu, Comme nous venons de le voir, ils ne sont pas inébranlables, leur coeur reste corruptible. À la nécessité de détruire tous les ennemis, l'on voit qu'il était inconcevable que le règne éternel en présence de Dieu puisse succéder immédiatement au temps actuel. Le millénium apparaît donc comme un règne transitoire indispensable. Ce règne est confié au Seigneur Jésus-Christ et lui seul en est le roi. Il use des pouvoirs que le Père lui a remis, mais le Père ne prend pas directement part à ce règne. Or cette situation ne peut pas se poursuivre au-delà d'un temps fixé, et, dans le royaume éternel, le Père et le Fils régneront ensemble. C'est ce que Paul nous fait comprendre en 1 Corinthiens 15. 24-28. L'Apocalypse montre qu'ils auront un seul et même trône (22. 1). Elle nous apprend que Dieu sera lui-même présent au milieu des hommes (21. 3), si bien que Dieu sera tout en tous. Voilà la grande condition d'un héritage éternel.

3°- Compte tenu de ce qui précède, la terre actuelle, quoique entièrement rénovée n'offrirait pas le cadre qui convient à la vie éternelle en la présence de Dieu. Elle se situe toujours et continuera de se situer dans ce que les physiciens appellent "l'espace-temps" alors que la vie éternelle se situe hors du temps ; elle est la vie de Dieu vécue avec Dieu : "Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes ! Il habitera avec eux, et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux. " (Apo. 21. 3) Le salut éternel dont nous parlons volontiers, a pour centre cette union indissoluble, parfaite, intime même, de Dieu avec les héritiers de ce salut. Ainsi il faut que se réalise la grande promesse des débuts de l'oeuvre d'adoption du peuple d'Israël, promesse dont voici le rappel : "J'établirai ma demeure au milieu de vous, et mon âme ne vous aura point en horreur. Je marcherai au milieu de vous, je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple. " (Lév. 26. 1-12)

"Je traiterai avec eux une alliance de paix, et il y aura une alliance éternelle avec eux ; je les établirai, je les multiplierai, et je placerai mon sanctuaire au milieu d'eux pour toujours. Ma demeure sera parmi eux ; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. " (Ez. 37. 26-27)

Même si ce merveilleux décret de Dieu devait d'abord s'accomplir selon des modalités en rapport avec les situations (tabernacle du désert par exemple), il a toujours été le sommet final du plan de Dieu, et il s'accomplira en toute sa vérité dans la Jérusalem céleste. La félicité éternelle appelle donc cette union accordant aux élus parvenus à la perfection ce que le Seigneur Jésus a proclamé :
"... afin que Tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu'eux aussi soient un en nous... afin qu'il soient un comme nous sommes un. " (Jean 17. 21-22)

La volonté de Dieu amènera les hommes de la nouvelle création à entrer dans une union avec Dieu et avec Christ du même ordre (identique peut-on dire) que celle du Père et du Fils. Ainsi se révélera en toute son ampleur et sa perfection l'amour de Dieu envers ses créatures humaines régénérées et ressuscitées. À nous de méditer ces hautes données du plan immuable de Dieu, car les enregistrer avec contentement ne suffit pas. Méditons et soyons confondus devant un tel amour. Retirons-en à l'égard de notre responsabilité d'enfants de Dieu une fermeté sans faille.

LE JUGEMENT DERNIER

"Heureux et saints ceux qui ont part à la première résurrection ! La seconde mort n'a point de pouvoir sur eux ; mais ils seront sacrificateurs de Dieu et de Christ, et ils régneront avec lui pendant mille ans. " (Apo. 20. 6)

Ce verset confirme que tous les saints ayant eu part à la première résurrection qui se termine avec les "décapités" du verset 4 participent au règne du Christ pendant 1000 ans. Ce sont ceux qui ont été enlevés selon la révélation de l'apôtre Paul (1 Thes. 4. 13-18). Rappelons simplement les versets 16 et 17 :
"Car le Seigneur lui-même à un signal donné, à la voix d'un archange, et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront premièrement. Ensuite, nous les vivants qui seront restés, nous serons tous enlevés ensemble avec eux sur des nuées, à la rencontre du Seigneur dans les airs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. "

Précisons encore que tous ces ressuscités auront revêtu le corps nouveau qui ne peut plus mourir (c'est le fait même de la résurrection) ; ce corps étant semblable à celui du Seigneur :
"Mais notre cité à nous est dans les cieux, d'où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ, qui transformera le corps de notre humiliation en le rendant semblable au corps de sa gloire, par le pouvoir qu'il a de s'assujettir toutes choses. " (Ph. 3. 20-21)

Par contre, les hommes formant le peuple du royaume millénial auront le corps tiré de la poussière de la terre, celui d'Adam et d'Eve ; ils pourront mourir mais jouiront d'une toute autre vitalité qu'actuellement.

Après avoir décrit la révolte finale des populations appelées "Gog et Magog" sous la conduite de Satan, aboutissant à leur engloutissement dans l'étang de feu et de soufre, où ils seront tourmentés jour et nuit aux siècles des siècles, l'apôtre Jean en arrive au jugement dernier (Apo. 20. 11-15).

Qui sont les morts qui comparaissent devant le juge assis sur le trône blanc ? Ce sont "les autres morts" que mentionne le verset 5 (Apo. 20) ceux qui n'auront pas eu part à la première résurrection. Le juge est le Seigneur Jésus-Christ ; nous le savons par ses propres déclarations que voici :
"Le père ne juge personne, mais il a remis tout jugement au Fils... " (Jn. 5. 22) "Comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils d'avoir la vie en lui-même. Et il lui a donné le pouvoir de juger, parce qu'il est le Fils de l'homme. " (Jn. 5. 26-27)

Sur quelles bases le jugement reposera-t-il ? Une autre déclaration de Jésus répond à cette question : "Celui qui me rejette et ne reçoit pas mes paroles a son juge ; la parole que j'ai annoncée, c'est elle qui le jugera au dernier jour. " (Jn. 12. 48)

Au jugement dernier, "des livres furent ouverts. Et un autre livre fut ouvert, celui qui est le livre de vie" (Apo. 20. 12). Les livres (au pluriel) ne sont pas à confondre avec le "livre de vie". Ce dernier est toujours mentionné au singulier ; il porte les noms des hommes ayant part à l'héritage de la vie éternelle. Les livres que l'on ouvrira également représentent certainement la Bible, collection de 66 livres qui contiennent ensemble la parole annoncée par Celui qui est la "Parole de Dieu". Les bases du jugement s'y trouvent. Elles mettent en lumière tant les oeuvres bonnes que les oeuvres mauvaises ; car chacun sera jugé selon ses oeuvres.

C'est là, après ce jugement que la mort disparaît à toujours. Elle va dans l'étang de feu avec le séjour des morts devenu inutile désormais. L'étang de feu prend la désignation de "seconde mort", celle dont on ne revient jamais.




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