L'annonce du Royaume de Dieu charpente le
Nouveau Testament. Jésus débute son
ministère par cette proclamation
"Repentez-vous car le Royaume des cieux est
proche"
(Mat.
4. 17) et, selon
l'Évangile de Marc
(1.
15) : "Le temps est
accompli et le Royaume de Dieu est proche.
Repentez-vous et croyez à la bonne
nouvelle. " Il y a de cela presque vingt
siècles ; que signifie : le
Royaume de Dieu est proche ? Il est proche
parce que Jésus entre dans son
ministère, et que son oeuvre aura pour
objectif d'annoncer le Royaume de Dieu, de
l'enseigner et d'en ouvrir l'accès tant
à sa génération qu'à
toutes celles qui entendront l'appel de Dieu et y
répondront.
Il n'y a pas lieu d'établir une
différence entre le Royaume des cieux et le
Royaume de Dieu ; les deux expressions
interviennent dans des contextes
équivalents. L'Évangile de Matthieu
emploie surtout la première, tandis que Marc
et Luc emploient la seconde. Le Royaume des cieux
tient tout d'en haut, et le Royaume de Dieu a Dieu
pour roi ; l'un et l'autre proclament le
règne de Dieu qui va très
bientôt s'exercer. (même mot en grec
pour royaume et règne)
En entendant Jean Baptiste et
Jésus annoncer le Royaume des cieux,
personne parmi les auditeurs du moment ne demande
qu'on précise immédiatement comment
ce royaume va se présenter
et s'ouvrir, car les juifs attendaient en effet un
royaume
(Luc
19. 11 ; Daniel
2. 44 et
7. 18).
Tout, dans l'enseignement de
Jésus, a pour orientation le Royaume. Aux
douze disciples qu'il envoie, ses instructions sont
d'abord : "Allez, prêchez et
dites : Le Royaume de Dieu est proche... "
(Mat.
10. 7). À l'homme qui,
avant de le suivre, voulait d'abord ensevelir son
père, il lui dit : "Laisse les morts
ensevelir les morts, et toi, va annoncer le Royaume
de Dieu"
(Luc
9. 59-60). La
révélation qu'il apporte a trait au
Royaume des cieux comme le montre cette
parole : "Pourquoi leur parles-tu en
paraboles ? Jésus leur
répondit : parce qu'il vous a
été donné de connaître
les mystères du Royaume des cieux, et que
cela ne leur a pas été
donné. "
(Mat.
13. 10-11) L'Eglise
elle-même aura à prêcher la
bonne nouvelle du Royaume jusqu'à la fin du
temps qui lui sera imparti,
(Mat.
24. 14 ; Ac.
19. 8 ; 20.
25). Cette prédication
fait irruption en plein royaume de Satan. Celui-ci
en affirme d'ailleurs la possession à la
face même de Jésus : "Je te
donnerai toute cette puissance et la gloire de ces
royaumes ; car elle m'a été
donnée et je la donne à qui je veux"
(Luc
4. 6). Ayant triomphé
d'Adam, Satan tient les êtres humains
entravés, liés. Il ne cesse de
s'opposer à l'extension du Royaume de Dieu,
n'ayant pu empêcher la venue du Fils de Dieu.
Il use des procédés les plus divers,
et déploie une active stratégie. Par
exemple il enlève la semence (la parole de
Dieu), il sème l'ivraie dans le blé.
Deux royaumes sont donc confrontés, si bien
que le combat se poursuit à travers le plus
grand nombre d'épisodes du Nouveau
Testament. Cependant, la victoire appartiendra au
Seigneur qui pourra dire : "Prenez courage,
j'ai vaincu le monde"
(Jean
16. 33), si bien que ses
fidèles obtiendront, eux aussi, une victoire
certaine sur le monde
(1
Jn. 5. 3-5).
À l'époque où nous
sommes parvenus, en cette fin du 20ème
siècle, Satan est arrivé à
renforcer son emprise sur le monde ainsi
qu'à imposer son autorité au sein de
certaines parties du christianisme. Un observateur
averti écrivait récemment : "Ce
que nous montre aujourd'hui le monde autour de
nous, c'est la violence sans habillage, c'est
l'horreur à l'état brut. De tout
côté, parviennent, sous forme de
dépêches, d'images, de reportages, de
rapports, des nouvelles qui font frémir. On
dirait que les hommes s'efforcent de prouver qu'ils
n'ont pas besoin de systèmes universels pour
se massacrer les uns les autres et qu'ils sont
mauvais parce qu'ils sont des hommes. Tout pays
où on ne se tue pas à grande
échelle semble un pays béni…
Voilà qu'en Bosnie-Herzégovine, les
accusations de viol collectif auxquelles nous
avions fait écho se précisent de plus
en plus. On parle de 20.000 musulmanes
violées. " (La chronique du temps qui
passe ; Jean d'Ormesson - le Figaro-magazine
du 16 Janvier 1993) Voici une autre analyse de
l'état désastreux en lequel la
société se retrouve
aujourd'hui : "En parlant de l'effondrement du
système chrétien, je ne mesure pas le
déclin des pratiques religieuses, qui est,
en lui-même sidérant. Je
n'évoque pas non plus celui de la foi, qui
peut, ici et là, reverdir avec ou sans le
parrainage des Églises. Non, ce qui
s'effondre, sans histoires, c'est un univers mental
séculaire, un corps de croyances ou de
préjugés qui s'imposait aux
chrétiens comme aux non-chrétiens. Il
définissait, par exemple, les principaux
impératifs sociaux, inspirait notre
"idée" biblique du travail, maintenait la
solidité des mariages. Bref, il diffusait la
morale dominante.
Ce modèle se décompose.
Pourtant, ni la croyance en Dieu, ni même les
Églises chrétiennes ne subissent
aujourd'hui d'assauts critiques des pouvoirs
intellectuels. Plus de Voltaire, plus de
Homais ! Au contraire : la science n'est
plus scientiste ; l'athéisme se tait,
l'agnosticisme n'a plus de doctrinaires. En
réalité, Le système
chrétien s'engloutit, dirait-on, parce que
toute la modernité, celle d'une
société industrielle, consommatrice
et urbanisée, plus cathodique que
catholique, est vécue comme
rétrécissant, étouffant chaque
jour un peu plus les espaces du Dieu
chrétien. Non par quelque extinction
métaphysique du divin, mais par la lente
décadence historique d'un ordre mental,
moral et religieux. À peu près comme
s'éteignit la civilisation antique devant,
justement, le lent investissement du Dieu
chrétien. "
(Claude Imbert - Le POINT, 17 Octobre
1992)
Nous assistons, en effet, à la
décadence d'un ordre mental, moral et
religieux. Au regard de la Bible, cet ordre n'est
autre que celui sur lequel la vie des individus et
celle de la société humaine devrait
reposer pour subsister et il se nomme "justice de
Dieu". Les Psaumes 89
et 97
mettent cet ordre en pleine
lumière dans les termes suivants :
"la justice et l'équité sont la
base de ton trône", ce qui veut dire que
le règne de Dieu doit sa perfection, sa
pérennité, sa capacité
à établir le bonheur et la paix
parfaite au maintien de la justice
éternelle, fondement indestructible de la
vie véritable. Ainsi, la justice de Dieu est
un ordre magistral et unique sur lequel et en
lequel la vie peut rester elle-même en
conservant toutes ses perfections. Bien entendu sur
la terre des hommes pécheurs, elle a
toujours été constamment
bafouée, d'où la suite ininterrompue
de malheurs et de désastres ; cependant,
jusqu'au milieu du 20ème siècle
approximativement, la morale chrétienne
prévalait encore en occident, elle avait
introduit
ses principes dans la législation,
n'étant pourtant qu'un modèle bien
imparfait de la justice de Dieu. Depuis ce temps
elle n'a cessé d'être battue en
brèche pour, en définitive, se voir
bannie à toujours. Comme nous l'avons
remarqué, une autre "morale",
c'est-à-dire des principes opposés
lui ont été substitués ; or
ceux-ci disposent aussi d'une puissance qui n'est
plus celle de la conservation de la vie, mais de sa
destruction.
C'est à un Royaume
inébranlable que Dieu appelle les hommes
qu'il absout de leurs péchés et qu'il
revêt de la justice de son fils Jésus
(Héb.
12. 28). C'est pourquoi
l'Ecriture dit encore que "la justice
délivre de la mort", qu'elle "conduit
à la vie", qu'elle est à voir comme
"un niveau", le seul capable de conserver à
la vie son éclatante puissance et sa
parfaite stabilité. Nous reviendrons sur ces
considérations infiniment
élevées ; auparavant, nous allons
nous attarder encore un peu sur le spectacle de
notre monde, à tous points de vue
effroyable. Ce monde est le théâtre
où les forces du mal se donnent maintenant
libre carrière. Satan y exerce son
autorité qu'il est parvenu à
dégager des entraves qu'un christianisme
fort pouvait opposer. On ne peut pas exactement
parler d'une extinction comparable à celle
des civilisations du passé, car c'est
à un effondrement de ce que Claude Imbert
appelle un "ordre mental, moral et religieux" que
nous assistons. La prophétie biblique
annonce que Dieu ébranlera les cieux et la
terre, ainsi que toutes les nations
(Aggée
2. 6-7 ; Héb.
12. 26), pour faire
place aux "choses inébranlables" qui, elles
seules, subsisteront.
Dans l'épître aux
Colossiens,
(1.
17), le fils de Dieu (fils de son
amour) nous apparaît comme ayant
existé avant toutes choses, et comme
étant celui en lequel toutes choses
subsistent. Toutefois, va-t-il continuer à soutenir
la
société humaine qui se
détourne de lui et de
l'Évangile ? Il l'a soutenue à
travers toutes ses vicissitudes, afin qu'elle soit
ensemencée par la parole pour le salut du
plus grand nombre ; mais s'il retire son
soutien, tout aussitôt Satan s'empresse de
renforcer son oeuvre de subversion avec des moyens
accrus. Prince de ce monde, il l'est toujours, et
il le conduit au gré de sa volonté,
à l'encontre de la justice de Dieu qu'il
foule aux pieds. Il a amené la
majorité des hommes à décrier
la morale chrétienne et à
l'évincer. Par contre, il a introduit la
liberté débridée et exigeante
de droits, à l'exclusion de tout
devoir ; puis, de la recherche du plaisir, il
a fait la base de la nouvelle morale qui se nomme
"hédonisme". Tout lui ayant
cédé, il a obtenu la
légitimation de l'homosexualité, et
lui a fait accorder le droit de cité
à l'égal du mariage. L'ennemi de Dieu
peut parler haut maintenant ; il emprunte des
voix autorisées de même que celles des
médias. Il ne faut plus s'étonner
actuellement que l'authentique vertu subisse
condamnation, au bénéfice de ce
qu'elle avait autrefois pour sagesse de condamner.
Nous sommes en présence d'un retournement
des principes qui fondaient la vie sociale
équilibrée et le comportement moral
individuel. En somme, nous avons en face de nous
l'envers du Royaume de Dieu ; c'est ce
à quoi Satan a conduit le monde. Or cet
envers va prendre un nom, celui de "BABYLONE LA
GRANDE". De cette imposante machination de la
fin des temps, l'Apocalypse nous dit :
"Elle est devenue une habitation de
démons, un repaire de tout esprit impur, un
repaire de tout oiseau impur et odieux"
(18.
2).
Préalablement, des avertissements
retentissent, au chapitre 8,
verset 13, d'abord :
"Malheur, malheur, malheur aux habitants de la
terre, à cause des autres sons de la trompette
des trois anges
qui
vont sonner !" Puis au chapitre 12,
verset 12 : "Malheur
à la terre et à la mer ! car le
diable est descendu vers vous, animé d'une
grande colère, sachant qu'il en a pour peu
de temps." Les dernières phases du
combat entre les deux royaumes, celui de Satan et
celui de Dieu, seront terrifiantes, cependant que,
du haut du ciel, une voix proclame la victoire des
élus : "Ils l'ont vaincu à
cause du sang de l'agneau et à cause de la
parole de leur témoignage, et ils n'ont pas
aimé leur vie jusqu'à craindre la
mort. "
(12.
11)
De façon bien évidente
pour tout esprit chrétien, le dieu de ce
siècle (Satan) a réussi à
éliminer les vérités et les
convictions chrétiennes pour y substituer
des principes philosophiques et sociaux mensongers,
lesquels, bien malheureusement, s'insinuent dans
les coeurs où ils parviennent à se
faire accepter. Certaines personnes ayant
gardé une appartenance chrétienne ne
se rendent pas compte qu'elles affirment et
défendent, avec quelque candeur, des
conceptions anti-évangéliques,
estimant y voir un progrès en faveur de la
libération de l'homme, ou en direction d'une
connaissance scientifique évoluée. Le
danger de sombrer dans les productions
mensongères du diable nous guette de
près, aussi faut-il s'en méfier
à chaque instant, reconsidérer les
pensées nouvelles et ne pas se hâter
de parler. Pour se bien garder, il sera bon de se
souvenir des paroles du Seigneur relatives à
la fin des temps : "Prenez garde que
personne ne vous séduise" (Mat.
24.
4) et : "Plusieurs
faux prophètes s'élèveront et
ils séduiront beaucoup de gens"
(Mat.
24. 11) ou
également : "Retiens ce que tu as
afin que personne ne prenne ta couronne"
(Apo.
3. 11).
Le Seigneur avertit les églises
de tous les lieux que, le temps venu de cette
séduction universellement répandue,
le fidèle ne pourra pas s'en protéger
par sa seule attention, et il faudra que
Lui-même le prémunisse contre ce
danger redoutable ; et Il le fera, à la
condition qu'il ait eu la sagesse de bien garder la
consigne de persévérer en Lui le
Véritable (celui qui ouvre et personne ne
fermera, celui qui ferme et personne n'ouvrira).
Qu'on nous permette d'affirmer que le temps de la
puissante séduction est arrivé, de
telle sorte qu'il faut bien vite adopter l'attitude
d'une constante et ferme assiduité dans la
prière, l'adoration, la méditation,
en priorité à toutes autres choses.
Nous apprenons actuellement que beaucoup de
croyants des États-Unis
particulièrement, et quelques-uns en Europe,
ont cru bon d'amalgamer l'enseignement
évangélique avec ceux d'une
psychologie aventureuse, pour en retirer des
consignes incompatibles avec la saine doctrine dont
ils font le contenu d'un nouveau témoignage.
Nous avons donc déjà beaucoup
à craindre des interprétations qui se
donnent comme provenant d'une
pénétration profonde et moderne des
textes bibliques. Méfions-nous des
"profondeurs de Satan" qu'affectionnaient quelques
membres de l'Eglise de Thyatire
(Apo.
2. 24).
Ce sujet brûlant appelle bien
d'autres réflexions et nous nous proposons
de le reprendre. Concluons provisoirement en
appuyant sur l'urgence d'une marche
persévérante aux côtés
du Seigneur Jésus. Nous pouvons être
persuadés à fond que ceux qui se
laissent distancer de Lui et ne le suivent pas ne
peuvent échapper à l'influence du
monde et donc du royaume de Satan, dont peu
à peu ils finissent par devenir prisonniers.
Ils ne peuvent pas vivre autrement qu'en
cédant, même à leur insu, aux
exigences de l'homme naturel,
c'est-à-dire aux contraintes de la chair,
bien loin par conséquent des orientations de
l'Esprit. Or, "l'affection de la chair, c'est la
mort, tandis que l'affection de l'Esprit, c'est la
vie et la paix."
(Ro.
8. 6)
ENSEIGNEMENTS SUR
LE
ROYAUME
Le chapitre 13
de l'Évangile de Matthieu
a pour contenu les enseignements de Jésus
quant aux différents aspects sous lesquels
on apprend à connaître le Royaume des
cieux. Ce sont des paraboles dont les
vérités imagées ne conviennent
qu'à ceux qui ont des yeux pour voir et des
oreilles pour entendre, c'est-à-dire aux
personnes capables de tirer tout de suite le bon
parti de ce qu'ils voient, de recevoir la parole de
Dieu en tant que vérité, et de la
comprendre en allant de la signification
littérale jusqu'au mystère qu'elle
renferme. Qu'y a-t-il à voir ? Dans
l'homme visible que fut Jésus, discerner le
Père éternel par la foi, ce que
Philippe n'avait pu faire seul
(Jean
14. 8-11). Pour nous qui,
aujourd'hui ne connaissons pas le Seigneur par la
vue, nous sommes cependant intérieurement
assurés de sa divinité. Nous recevons
sa parole comme celle du Fils de Dieu ;
l'Esprit saint nous en donne le moyen. Que
fallait-il entendre ? Une parole de
très grand poids, saisissante, allant au
coeur et y apportant un enseignement divin d'une
immense portée. Que fallait-il
comprendre ? Qu'en des histoires bien simples
un grand mystère se révélait
et qu'il importait de le pénétrer
selon un désir intérieur, car
c'était la vie, le bonheur de l'homme, sa
réconciliation avec Dieu qu'il
concernait.
Si les yeux et les oreilles du corps ont
un premier office à assurer, le coeur, lui
aussi a reçu du Créateur des yeux
pour voir et des oreilles pour
entendre, qui, eux surtout doivent rester bien
ouverts, afin qu'il y ait une libre communication
entre les sens physiques de la vue et de
l'ouïe, sens de perception, et les voies
d'assimilation du fond de l'être. Grâce
à cette communication, la parole de Dieu
pénètre intérieurement, y
bouleverse les pensées naturelles, enrichit
le coeur de la pensée de Dieu, et transforme
la vie. Comment les yeux et les oreilles
peuvent-ils ne rien voir ni ne rien entendre ?
Jésus en définit clairement les
causes : insensibilité, endurcissement,
obscurcissement ou refus
délibéré, et il ajoute :
"de peur qu'ils ne voient de leurs yeux, qu'ils
n'entendent de leurs oreilles, qu'ils ne
comprennent de leur coeur, qu'ils ne se
convertissent et que je ne les guérisse.
" Tant de gens aujourd'hui se ferment à la
parole de Dieu. Ils ont quelquefois ressenti le
désir de la connaître, désir
passager, mais une force ennemie de leur vie les en
a détournés et ils se sont blottis
dans l'indifférence, voire même dans
une position hostile. Le livre de
l'Ecclésiaste entrevoit l'origine de ces
yeux et de ces oreilles de caractère
spirituel que tout homme possède en
lui-même, et qui correspondent aux sens
physiques de perception, quand il
dit :
"Dieu a fait toute chose bonne en
son
temps ; même il a mis dans leur coeur
(les fils de l'homme) la pensée de
l'éternité, bien que l'homme ne
puisse pas saisir l'oeuvre que Dieu fait, du
commencement à la fin."
(Ec. 3.
11)
Il est certain que le Créateur a
doté l'homme d'un sens spirituel, analogue
à ceux de la vue et de l'ouïe, et ce
sens ne demande normalement qu'à
s'éveiller quand, aux oreilles du corps, la
parole de Dieu retentit. C'est ce que Paul
déclare :
"Comment donc invoqueront-ils
celui
en qui ils n'ont pas cru ? Et comment
croiront-ils en celui dont ils n'ont pas entendu
parler ? Et
comment en entendront-ils parler, s'il n'y a
personne qui prêche ?"
(Ro.
10. 14)
La parole de Dieu est armée d'une
admirable puissance, celle de l'amour de Dieu, et
lorsqu'elle se fait entendre aux oreilles du corps,
le sens spirituel inné s'émeut, il
reconnaît la vérité et la
saisit ; à moins que le coeur ne se
soit endurci et repousse la douce approche de
l'amour. Alors, l'Esprit, toujours présent,
se retire et fait ce que Jésus a dit en
rappelant la prophétie d'Esaïe :
"vous entendrez de vos oreilles et vous ne
comprendrez point... "
Pourquoi le coeur de certains hommes
devient-il insensible ou s'endurcit-il alors qu'il
dispose d'un sens, ou si l'on veut, d'un organe
spirituel capable de recevoir le message de
Dieu ? Cela arrive lorsqu'on se raidit contre
l'Évangile, parce qu'on pense tout autre
chose à quoi l'on tient fortement, et qu'on
s'est résolu à ne rien céder
même quand l'authentique vérité
se fait reconnaître. Dans le christianisme si
divisé, l'insensibilité se rencontre
souvent ; elle a beaucoup de
responsabilité dans la persistance de son
cloisonnement. Toutefois, dans une même
communauté disposant d'une doctrine
unifiée et de liens fraternels entre ses
membres, l'on trouve encore des coeurs insensibles
que la parole de Dieu ne remue pas ; la cause
en est à la survivance de l'orgueil ou
à la négligence dont souffre la
piété et la consécration. Que
se produit-il en pareil cas ? L'enseignement,
l'exhortation, n'opèrent plus rien. Les
oreilles entendent et oublient, si même elles
entendent, puisqu'il arrive que la pensée
erre bien loin de ce qui se dit dans les
réunions de l'Eglise. Parlant des
orgueilleux, le psalmiste dit : "leur coeur
est insensible comme la graisse", et il
ajoute : "Moi, je fais mes délices
de ta loi. Il m'est bon d'être
humilié, afin que
j'apprenne tes statuts"
(Ps.
119. 70-71). L'humilité
nous garantit, en effet, qu'il nous sera possible
de conserver un coeur sensible, ouvert à
tout conseil ou avertissement de la parole de Dieu,
dont il fera le meilleur profit.
L'endurcissement des oreilles provient
quelquefois du refus formel d'entendre et
d'obéir, comme le fit le peuple
d'Israël, qui, par exemple, répondit
à l'Éternel de la manière
suivante :
"Non, nous n'y marcherons pas"
(dans la bonne voie)
"Nous n'y serons pas attentifs"
(au son de la trompette)
(Jér.
6. 16-17).
Cet endurcissement peut également
provenir du défaut de considérer le
sérieux des enseignements de Dieu et
d'être saisi de leur gravité. Alors,
leur écoute reste superficielle ;
l'oreille entend, mais le coeur n'enregistre pas le
message de la parole entendue, et l'abandonne
aussitôt. C'est en prévision d'un tel
blocage que Jésus a donné cet
avertissement :
"Prenez donc garde à la
manière dont vous écoutez ; car
on donnera à celui qui a, mais à
celui qui n'a pas, on ôtera même ce
qu'il croit avoir. "
(Luc
8. 18)
Le prophète Esaïe savait que
le Seigneur lui avait ouvert l'oreille et que,
même, chaque matin, il éveillait son
oreille afin qu'il soit en mesure d'écouter
comme écoutent des disciples
(Es.
50. 4-5). Comment des disciples
écoutent-ils ? Ils ont faim et soif de
la parole qui leur est destinée ; elle est
leur raison d'être et de vivre. N'est-ce pas
une grâce du même ordre que nous
serions bien avisés de demander à
Dieu, afin de bien recevoir et de "garder" les
leçons que l'Esprit et la parole nous
donnent chaque jour. En adressant cette requête à
Dieu, nous éviterons de nous fier seulement
à nos bonnes dispositions. La marche du
chrétien a besoin du concours entre le
surnaturel et le naturel, c'est-à-dire entre
l'apport de l'Esprit et les facultés
naturelles de l'homme mobilisées par la foi.
Nous touchons là au sujet capital de la vie
de l'esprit.
En tête des paraboles sur le
Royaume des cieux, celle du semeur nous place
devant l'image d'une semence (la parole du Royaume)
lancée à pleine main mais qui ne
rencontre pas que des sols favorables à sa
germination et à son développement.
Les oiseaux, la pierre, le soleil, les ronces
envahissantes l'enlèvent ou la coupent de sa
destination. Cependant, lorsqu'elle tombe sur une
terre meuble, son milieu approprié, elle
donne normalement son fruit. De même,
enseigne Jésus, il faut que la parole,
semence de vie, soit reçue dans les coeurs
qui s'offriront à elle comme le terrain qui
l'attendait, des coeurs qui, par leur
sensibilité, la retiendront et seront
l'occasion d'un fruit abondant.
Il nous semble que cette parabole se
rapporte exclusivement à
l'évangélisation qui, en effet,
consiste à ensemencer les âmes
auxquelles la parole n'a pas encore
été annoncée. Toutefois les
leçons si nettes qu'elle offre prolongent
leur utilité au-delà de la conversion
au bénéfice de la marche du
chrétien. Il est certain que celui-ci devra
veiller constamment à conserver la parole
qui l'a engendré à la vie, attendant
d'elle l'apport de son fruit en son être
intérieur. De plus, il n'oubliera pas le
conseil du Fils de Dieu : "ce que vous
avez, retenez-le jusqu'à ce que je
vienne"
(Apo.
2. 25). En outre, il prendra
garde que les soucis, les richesses, les plaisirs
de la vie dont l'ennemi se sert si facilement, ne
l'empêchent de porter le fruit attendu de
Dieu. "Si vous portez
beaucoup
de fruit, c'est ainsi que mon Père sera
glorifié et que vous serez mes
disciples. "
(Jn.
15. 8)
Le chapitre 13
de l'Évangile de Matthieu
attribue au Royaume des cieux de petits
commencements, des commencements discrets, à
partir desquels il se développera dans le
monde (le champ c'est le monde). Il nous fait
également considérer le Royaume des
cieux comme un grand trésor à
l'acquisition duquel il va de soi que l'on sacrifie
tout. Telle est d'ailleurs la notion du
dépouillement exprimée comme
suit : "... c'est en lui (Christ) que vous avez été
instruits
à vous dépouiller, eu égard
à votre vie passée, du vieil homme
qui se corrompt par les convoitises trompeuses,
à être renouvelés dans l'esprit
de votre intelligence, et à revêtir
l'homme nouveau créé selon Dieu dans
une justice et une sainteté que produit la
vérité."
(Eph.
4. 21-24)
LA MOISSON
Vient ensuite la parabole du blé
et de l'ivraie qui a trait à la moisson,
autrement dit à la fin du monde, laquelle
sera la fin des temps ayant commencé aux
lendemains de la chute de l'homme en Eden, ou, en
d'autres termes, la fin de l'histoire actuellement
en cours. La Bible et le Seigneur Jésus
lui-même l'évoquent par le seul mot
"la fin" qui désigne en premier lieu
un jour tout à fait particulier
appelé "jour de l'Éternel". Le
prophète Zacharie l'annonce de la
manière suivante : "En ce
jour-là, il n'y aura point de
lumière ; il y aura du froid et de la
glace. Ce sera un jour unique connu de
l'Éternel et qui ne sera ni jour ni
nuit ; mais vers le soir la lumière
paraîtra. "
(Zach.
14. 6-7) Lui
aussi,l'Éternel
paraîtra ; ce sera l'avènement du
Seigneur Jésus venant établir son
règne sur la terre. Nous en avons
l'évocation saisissante au chapitre 19 de
l'Apocalypse
(versets
11 à 21).
Jésus en a fait une très claire
mention en ces termes :
"Aussitôt après ces
jours de détresse, le soleil s'obscurcira,
la lune ne donnera plus sa lumière, les
étoiles tomberont du ciel, et les puissances
des cieux seront ébranlées. Alors le
signe du Fils de l'homme paraîtra dans le
ciel, toutes les tribus de la terre se lamenteront,
et elles verront le Fils de l'homme venant sur les
nuées du ciel avec puissance et une grande
gloire. "
(Mat.
24. 29-30)
Ce jour unique sera toutefois
précédé d'une période
de grande détresse absolument exceptionnelle
(Mat.
24. 21-22) également
incluse dans ce que le terme "la fin" entend
désigner. Cette période sera
abrégée, déclare le Seigneur,
car autrement, "personne ne serait sauvé"
(littéralement : aucune chair ne
survivrait), ce serait un anéantissement, ce
à quoi le mal conduit immanquablement. Cette
détresse figure aussi dans le livre de
Daniel : "… ce sera une époque de
détresse telle qu'il n'y en a point eu de
semblable depuis que les nations existent
jusqu'à cette époque. En ce
temps-là, ceux de ton peuple qui seront
trouvés inscrits dans le livre de vie seront
sauvés. Plusieurs de ceux qui dorment dans
la poussière de la terre se
réveilleront, les uns pour la vie
éternelle, et les autres pour l'opprobre,
pour la honte éternelle. "
(12.
1-2)
Ce sont là de graves sujets de
réflexion auxquels il faut savoir s'attarder
car ils sont empreints d'une importance sans
égale. En lisant ces
prophéties si concises, nous avons tendance
à nous rassurer tout aussitôt à
la pensée qu'appartenant à l'Eglise
de Jésus-Christ, nous ne connaîtrons
jamais le temps d'intense souffrance qu'elles
annoncent, parce que la ligne de notre glorieuse
destinée aura quitté la terre
auparavant. Nous appelons cela avoir la foi.
Certes, mais la foi doit remplir deux
offices : d'une part accorder pleine confiance
aux promesses ; d'autre part, agir en chacune
de nos journées conformément aux
instructions de la parole avec beaucoup de
vigilance. Saisir les promesses, il le faut, mais
mettre en pratique toutes les recommandations qui
nous sont faites, il le faut aussi. Les promesses
ne vont pas sans l'obéissance d'un
réel amour pour le Seigneur ; elles
forment un ensemble et ne sauraient être
dissociées. C'est donc en raison d'une foi
qui réunit promesses et obéissance
que nous recevrons les vêtements blancs dont
seront revêtus ceux qui vaincront au cours de
leur existence terrestre
(Apo.
3. 5).
D'autre part, la grande détresse
finale s'appesantira sur des multitudes
d'êtres humains dont les noms ne figurent pas
dans le livre de vie ; notre pensée ne
saurait les oublier. Elle nous presse au contraire
d'aller dès maintenant au secours de ceux
qui nous entourent en leur apportant un vivant
témoignage du Sauveur de tous les hommes de
foi. Décidément, l'insouciance ou le
laisser-aller sont incompatibles avec une
authentique vie chrétienne. Étant
destinés à resplendir "comme le
soleil dans le Royaume de notre Père" en
tant que "justes", la parole de Dieu nous enjoint
d'être actuellement "irréprochables
et purs, des enfants irrépréhensibles
au milieu d'une génération perverse
et corrompue, au sein de laquelle vous brillez
comme des flambeaux dans le
monde, portant la parole de vie... "
(Ph. 2.
15-16)
LES MOISSONNEURS
La parabole du blé et de l'ivraie
qui suit celle du semeur montre l'opposition
à laquelle le développement du
Royaume des cieux sera en butte. Elle montre aussi
que son aboutissement conduira à un triage
opéré à la fin du monde actuel
par les anges. Ceux-ci seront, en effet, les
moissonneurs envoyés par le Seigneur pour
séparer les "méchants" d'avec les
justes (méchants : ceux qui commettent
l'iniquité). Ne faut-il pas rapprocher ce
tableau prophétique de celui de Matthieu
(24.
40-41), ou de celui de Luc
(17.
34-36) où, à trois
reprises le Seigneur déclare : "l'un
sera pris, l'autre laissé" ? Remarquons
bien que ces prophéties sont
prononcées à l'adresse des disciples,
de ceux à qui il est demandé de
veiller, car le jour où l'enlèvement
de l'Eglise aura lieu ne sera jamais
révélé. Il devra surprendre
même ceux qui veilleront
fidèlement.
Le rapprochement avec la parabole du
blé et de l'ivraie ne doit pas nous faire
penser de façon certaine à une
identification entre l'aspect du triage
révélé dans cette parabole et
la séparation entre ceux qui sont pris et
ceux qui sont laissés, car le triage du
blé et de l'ivraie s'opère dans un
champ, et ce champ c'est le monde, dit le
Seigneur ; alors que l'avertissement de Matthieu
24 et de Luc
17 s'adresse à ceux qui
ont pour consigne de veiller. Dans ces deux
derniers passages, l'intention du Seigneur ne
paraît pas avoir été la
même qu'en Matthieu
13.
Le Royaume s'établira d'abord sur
la terre actuelle pendant la période que
l'on nomme "le millénium". Notre terre
malheureuse retrouvera sa magnificence
première, et les pollutions qui l'avilissent
actuellement disparaîtront. La Bible nous en
parle largement, cependant que le Nouveau Testament
met l'accent sur les conditions d'accès au
Royaume, et sur l'heureuse destinée des
enfants de Dieu. Après l'enlèvement
de l'Eglise et à la suite du règne de
l'Antichrist ainsi que des fléaux qui
frapperont la terre, s'ouvrira le règne de
Jésus-Christ, règne auquel
l'épouse (l'ensemble des élus
ressuscités) participera.
Les apôtres avaient cru bon
d'imaginer comment s'organiserait ce règne
et ils tenaient à savoir qui parmi eux
serait le plus grand, le premier ministre en
quelque sorte. À cette vaine
préoccupation, Jésus oppose deux
choses : d'abord le plus grand dans le Royaume
ne pourra être que celui qui se rendra humble
comme un petit enfant ; ensuite, ce qui
importe avant tout c'est d'y entrer, et pour cela,
de s'être converti, afin que les travers de
l'homme naturel aient disparu et que les
dispositions de coeur inverses se soient
manifestées, l'humilité surtout.
Ainsi, dans sa sagesse, la parole de Dieu enseigne
en priorité la voie d'accès au
Royaume qui est celle du salut éternel.
À cet égard, nous sommes
éclairés par plusieurs paraboles,
dont celle des noces, où le revêtement
d'un "habit de noces" se trouve mis en relief.
Esaïe l'appelle "le vêtement du
salut" ou "le manteau de la justice"
(61. 10
TOB). Dans la parabole, celui
qui ne porte pas cet habit se voit rudement
rejeté du Royaume et abandonné aux
ténèbres du dehors "où il y
aura des pleurs et des grincements de dents"
(Mat.
22. 1-14), ce qui évoque
une situation de souffrances terribles dans le plus
noir désespoir. Nous avons
besoin de bien considérer un tel
avertissement. Il ne concerne pas ceux qui auront
revêtu la justice qui s'obtient par la foi,
mais les autres, ceux qui négligent un si
grand salut et laissent les jours s'écouler
dans l'insouciance sans veiller quotidiennement
à l'état de leur coeur, comptant sur
les promesses, ce qui est une bonne chose, mais
délaissant en pratique les exhortations
pressantes dont la parole de Dieu abonde, et
s'appauvrissant à leur insu ; n'ont-ils
pas un urgent besoin de se ressaisir en
méditant sur le douloureux destin des hommes
rejetés du Royaume ?
PARABOLES DES DIX
VIERGES ET DES
TALENTS
La parabole des dix vierges nous
amène à considérer
l'enlèvement de l'Eglise, tel que
l'apôtre Paul nous le décrit en 1
Thessaloniciens 4. 13 à 18.
En effet, cette parabole ne sépare pas les
bons d'avec les méchants, ou le blé
d'avec l'ivraie (ceux qui commettent
l'iniquité), mais elle différencie
deux positions opposées. Il y a d'une part
les vierges qui entrent dans la salle des noces et
partent avec l'époux ; d'autre part,
celles qui se heurtent à une porte
fermée irrévocablement. Pourtant les
dix vierges sont venues à la rencontre de
l'époux, toutes avec le même
désir d'être admises dans la salle des
noces. Or, l'époux a un notable retard, si
bien que les vierges s'endorment toutes
uniformément. Jusque-là aucune
différence n'apparaît entre elles.
Quand, à minuit, l'époux arrive, cinq
de ces vierges manquent d'huile dans leurs lampes,
et elles manquent donc de lumière. Elles
sont appelées "vierges folles". Les cinq
autres ont eu la prudente sagesse de se munir d'une
réserve d'huile pour être à
même de remplir leurs
lampes et de les conserver allumées.
Celles-là entrent dans la salle des
noces ; quant aux cinq vierges folles,
arrivant plus tard, elles sollicitent leur
admission devant la porte fermée, et elles
s'entendent dire par l'époux (qui
représente le seigneur
Jésus-Christ) : "Je vous le dis en
vérité, je ne vous connais
pas".
La leçon de cette parabole est
sans équivoque. Les dix vierges
représentent l'ensemble de ceux qui savent
que la parole de Dieu annonce le retour du seigneur
et qu'il convient de l'attendre, car il viendra
chercher son peuple. Ils croient cela, sans aucune
réticence. Voilà un premier point. Le
contexte qui précède la parabole
affirme que le jour où le Seigneur reviendra
ne sera jamais connu et que l'on pourra seulement
en pressentir l'approche en observant les
événements en rapport avec les
révélations prophétiques du
seigneur. Ne connaissant pas le jour, les
fidèles disciples auront à veiller
constamment afin de pouvoir se tenir prêts
(non de se préparer, ce qui
nécessiterait du temps)
(Mat.
24. 44)
Rappelons qu'un peu plus haut
(24.
40-41) figure l'avertissement du
Seigneur "l'un sera pris l'autre
laissé", comme en Luc
(17. 26-36) ; c'est ce
qu'expriment les vierges de la parabole. N'entrent
dans la salle des noces que celles qui sont
prêtes, et qui parmi les dix étaient
préalablement connues du Seigneur. Elles
représentent donc ceux qui vivent dans une
communion vivante avec le Seigneur, étant
avec lui "un seul esprit" selon l'expression de 1
Cor. 6. 17. Ce n'est pas à
l'ultime moment, celui de l'enlèvement
inopiné de l'Eglise que l'on pourra entrer
en la réelle communion du Seigneur, la
parabole des vierges nous enseigne de façon impérative
qu'il est
indispensable de le connaître pendant la vie
chrétienne en une relation personnelle, et
même de croître dans cette
connaissance. Pensons aussi que "connaître",
c'est aimer. La parabole du cep et des sarments
enseigne elle aussi, avec d'autres termes, cette
impérieuse
nécessité :
"Demeurez en moi, et je
demeurerai en
vous. Comme le sarment ne peut de lui-même
porter du fruit, s'il ne demeure attaché au
cep, ainsi vous ne le pouvez non plus, si vous ne
demeurez en moi. Je suis le cep, vous êtes
les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je
demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi vous
ne pouvez rien faire. Si quelqu'un ne demeure pas
en moi, il est jeté dehors, comme le
sarment, et il sèche ; puis on ramasse
les sarments, on les jette au feu, et ils
brûlent. "
(Jean
15. 4-6)
Il importe donc tant de demeurer en
Christ que de porter du fruit, le fruit de l'Esprit
d'abord et le fruit des oeuvres justes. Celui qui
ne demeure pas en Christ, même s'il se dit
chrétien, ne peut pas participer à la
sève vivifiante, ni à la vie du cep,
c'est-à-dire du Seigneur. Comme les vierges
folles, il manque d'huile et de
lumière ; il n'a pas la vie de
l'Esprit, il "n'est pas lumière dans le
Seigneur", et ne porte pas "le fruit de la
lumière qui consiste en toute sorte de
bonté, de justice et de
vérité"
(Eph.
5. 8-9). Comment pourrait-il
entrer dans le Royaume de Dieu ? Les textes
que nous venons de voir montrent avec
évidence que l'accès au Royaume ne
laisse place à aucune estimation
dernière, à aucune complaisance, et
qu'il excepte toute mansuétude. Il n'est
plus le moment de la miséricorde divine,
laquelle a eu son temps au cours de la vie
chrétienne. Elle se fondait alors sur
l'intercession de Jésus-Christ auprès
du Père, et elle apparaissait en la patience
de Dieu, en son action
éducatrice, en tout son conseil. Tandis
qu'à l'heure du retour inopiné du
Seigneur tout est tranché !
Remémorons-nous le conseil de
l'épître aux
Hébreux :
"Craignons donc, alors que
subsiste
une promesse d'entrer dans son repos, craignons que
quelqu'un d'entre vous ne soit convaincu
d'être resté en
retrait"...
"Empressons-nous donc d'entrer
dans
ce repos, afin que le même exemple
d'indocilité n'entraîne plus personne
dans la chute. Vivante, en effet est la parole de
Dieu, énergique et plus tranchante qu'aucun
glaive à double tranchant. Elle
pénètre jusqu'à diviser
âme et esprit, articulations et moelles. Elle
passe au crible les mouvements et les
pensées du coeur. Il n'est pas de
créature qui échappe à sa
vue ; tout est nu à ses yeux, tout est
subjugué par son regard
(maîtrisé). Et c'est à elle que
nous devons rendre compte. "
(4.
1 et 11
à 13 - TOB)
Certains pensent : je me suis
converti, je suis sauvé, je n'ai rien
à craindre !, et ils comptent bien
n'être pas en cause dans les avertissements
si fermes des enseignements que nous venons de
voir. Ils seront pris le moment venu de
l'enlèvement, il n'y a pas de
problème. Cette manière de
considérer la position chrétienne
présente l'inconvénient grave et
dangereux de rendre secondaire ou même
superflue l'aspiration à grandir dans la
foi, à croître dans la grâce et
dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur
Jésus-Christ. Elle incite davantage au
laisser-aller qu'à la ferveur et à la
vigilance ; ce que, pourtant, Dieu attend de
tous ses enfants.
D'autre part, la parole nous donne de
fermes enseignements non pour que nous les
reportions sur les autres et en déduisions
ce que peut être leur place dans le
classement que nous imaginons, mais afin qu'ils
nous saisissent nous-mêmes
et nous amènent à de sages, humbles
et sérieuses réflexions sur la
nécessité de veiller à notre
communion avec le Seigneur pour en renforcer la
réalité et en augmenter les
bienfaits.
LES
BIENS DU
MAÎTRE
Dans l'Évangile de Matthieu,
après la parabole des dix vierges, nous
arrivons à celle des talents. Ces deux
paraboles ont trait à la venue du Seigneur
pour son Église. La première
considère seulement l'état de vie et
de communion des postulants au Royaume au moment du
départ, tandis que la seconde s'informe du
produit de leur travail en tant que "serviteurs"
pendant le temps dont ils ont disposé. La
parabole des mines en Luc
19. 11 à 28,
parallèle à celle des talents,
apporte un complément essentiel. D'abord,
l'homme qui part pour un voyage se dirige vers un
pays lointain, afin de se faire investir de
l'autorité royale et de revenir ensuite, si
bien qu'à son retour il est roi. En outre,
en remettant ses biens à ses serviteurs, il
leur donne l'ordre de les faire valoir, ce qui sera
leur travail.
En quoi ces biens consistent-ils, qu'ils
s'appellent talents ou mines ? Le Seigneur
entendait désigner ainsi tout ce que son
oeuvre met entre les mains de ses serviteurs,
principalement la bonne nouvelle de
l'Évangile, et l'autorité
nécessaire à l'annoncer. À ce
dépôt primordial, s'ajoutent :
les ministères et les dons qui surviendront
le jour de la Pentecôte, la puissance pour
tous d'être les témoins du
Maître ; la mission de pardonner ou de
retenir les péchés, celle de
guérir les malades, de ressusciter les
morts, de purifier les lépreux, et de
chasser les démons. Le Seigneur confiait
ainsi la continuation de ses
oeuvres à ses disciples, mis en position de
serviteurs. Voici en effet ses
paroles :
"En vérité, en
vérité je vous le dis, celui qui
croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais, et
il en fera de plus grandes, parce que je m'en vais
au Père, et tout ce que vous demanderez en
mon nom, je le ferai, afin que le Père soit
glorifié dans le Fils. Si vous demandez
quelque chose en mon nom, je le ferai. "
(Jn.
14. 12-13)
Nous voyons que le moyen d'accomplir les
oeuvres ainsi déléguées aux
croyants réside dans la prière, car
il faut que ces oeuvres soient
préparées d'avance pour que ceux-ci
puissent les accomplir
(Eph.
2. 10). Voilà comment
les serviteurs des paraboles des talents et des
mines parviendront à faire valoir les biens
de leur Maître, qui, revenant longtemps
après, leur demandera d'en rendre compte.
À ce moment, trois serviteurs s'avancent. Le
premier et le second ont doublé ce qu'ils
avaient reçu, et malgré
l'inégalité de leurs dotations, ils
entendent la même parole : "c'est
bien bon et fidèle serviteur, tu as
été fidèle en peu de chose, je
te confierai beaucoup, entre dans la joie de ton
maître". Dans les deux cas, le Seigneur
marque la même satisfaction, et celle-ci
prend la fidélité pour unique motif.
Or, la fidélité dans les oeuvres
témoigne de la foi. L'adjectif
"fidèle" figure à deux reprises dans
la courte sentence du Maître ; une
première fois, il sert à qualifier
l'un et l'autre des deux serviteurs ; puis,
une seconde fois, à titre
d'appréciation de leur activité. Cela
nous amène à penser qu'en leur
confiant la charge de faire valoir ses biens, le
Maître avait surtout en vue de mettre
à l'épreuve leur
fidélité, à laquelle il
accorde plus d'estime qu'au service rendu. Ce
dernier, il le regardera comme "peu de
chose".
Cela nous étonne lorsque nous
pensons au dévouement des pionniers de la
foi, ayant consacré des
vies entières à répandre
l'Évangile sur de vastes régions
comme la Chine, l'Amérique du sud ou
l'Afrique, dans les plus dures conditions
d'existence, face à l'hostilité, et
au prix de constantes souffrances.
N'étaient-ils pas ceux qui ont vaincu Satan
l'accusateur et n'ont pas aimé leur vie
jusqu'à craindre la mort ? Et tant
d'autres avant eux, ou tout au long des
siècles de notre ère ! Le
Seigneur regarde ce déploiement d'oeuvres et
d'abnégation comme "peu de chose" ;
pourquoi ? Deux raisons se font jour ;
elles tiennent, en premier lieu à
l'importance accordée à la
fidélité, car c'est elle qui renferme
toute la richesse du service ; en second lieu,
à ce que les victoires remportées par
les dévoués serviteurs sont
essentiellement dues à la puissance du
"sang de l'agneau et de la parole du
témoignage", puissance dont l'Esprit
Saint leur donnait la pleine disposition. Les
légions d'âmes qu'ils ont conduites
à Dieu représentent une valeur
inestimable dont l'acquisition a pour cause
première l'oeuvre de la
rédemption ; quant à eux, ils
n'ont pu donner que leur coeur et leur vie, ce don
étant pris en compte dans leur
fidélité.
C'est en raison de cette
fidélité que le Seigneur leur
dit :
"Je te confierai beaucoup".
Nous
savons ce à quoi il faisait allusion :
dans le Royaume qui ouvrira ses portes, les
serviteurs qui auront montré leur
fidélité sur la terre recevront
"autorité sur les nations", seront "des
colonnes dans le temple de Dieu", ils porteront
sur eux "le nom de Dieu et celui de la nouvelle
Jérusalem" et seront invités
"à s'asseoir sur le trône du
Seigneur", leur victoire se joignant à
la sienne (finales des lettres de l'Apocalypse).
Voilà bien de sérieux sujets de
méditation sur lesquels nous sommes
appelés à nous pencher ; notre
coeur y gagnera.
Notre fidélité si
précieuse aux regards de Dieu, dépend
de notre foi et de notre amour pour Lui. A-t-elle,
pour se manifester, le terrain des "bonnes
oeuvres" ? Avons-nous le désir de
porter des fruits en toutes sortes de bonnes
oeuvres, comme l'Esprit nous y invite ?
(Col.
1. 10). Lors de notre
comparution devant notre Maître
(2
Cor. 5. 10) serons-nous le "bon et
fidèle serviteur" ?
Quelle affligeante situation que celle
du troisième serviteur qui a caché
son talent dans la terre et n'a rien fait !
Ses mauvaises raisons lui font juger son
Maître ! Chez lui, pas l'ombre de la
fidélité. Il restitue le
dépôt qui lui a été
confié, mais son honnêteté ne
rapporte rien. Le Seigneur nous demande bien plus
que de l'honnêteté. Le récit ne
nous dit pas que ce serviteur ait fait le mal et
commis l'iniquité. Il est jugé sur sa
paresse et à cause de son coeur raisonneur.
Pour lui, le Royaume de Dieu se ferme, et le voici
jeté dans les ténèbres du
dehors où il souffrira. En pensant à
ce terrible destin, un voeu et une prière
s'élèvent en nous : Oh !
Seigneur, que personne parmi tes enfants qui sont
tous tes serviteurs ne connaisse pareil
destin ! Même s'il avait peu de moyens
en propre, ce serviteur aurait pu faire quelque
chose pour obéir en portant un peu de fruit.
Il aurait pu remettre l'argent du Maître "aux
banquiers", et ceux-ci l'auraient fait valoir. Que
veut dire cette image ? Il n'était pas
seul dans le service, et il aurait pu se mettre
à la disposition de ses frères afin
de leur proposer sa collaboration. Travaillant avec
eux, il aurait ainsi contribué à la
recherche du fruit, mais il a
préféré s'isoler avec un coeur
lourd, s'illusionnant certainement sur l'issue de
sa vie.
Le verset 29
de la parabole édicte un
principe général dont il convient que
nous connaissions le sens : "Car on donnera
à celui qui a, et il sera dans l'abondance,
mais à celui qui n'a pas, on ôtera
même ce qu'il a. " Ce principe plusieurs
fois énoncé
(Mat.
13. 12 ; 25.
29 ; Marc
4. 24-25 ; Luc
8. 18 ; 19.
26) a d'importantes
conséquences. Pour les comprendre,
reportons-nous d'abord à
l'épître aux Romains, ch. 8
versets 5 et 6 : "ceux
qui
vivent selon la chair s'affectionnent aux choses de
la chair, tandis que ceux qui vivent selon l'Esprit
s'affectionnent aux choses de l'Esprit. Et
l'affection de la chair c'est la mort, tandis que
l'affection de l'Esprit c'est la vie et la
paix. " Si quelqu'un vit selon l'Esprit il
aspire aux choses de l'Esprit, et il augmente
constamment ce qu'il reçoit de
l'Esprit ; il s'enrichit et s'affermit, si
bien qu'il parvient à l'abondance de la vie.
Par contre, celui qui vit selon la chair et
s'affectionne à ce qui plaît à
la chair, s'ancre toujours davantage dans la vaine
manière de vivre, et se prive des
lumières de l'Esprit qu'il finira par ne
plus voir du tout. Il est donc bien vrai que celui
qui a la vie de l'Esprit la verra
s'accroître, alors que celui qui n'a pas
cette vie ne conservera même pas ce qu'il a,
ou ce qu'il croyait avoir (cette dernière
expression figure en Luc
8. 18).
Il fallait bien que le Seigneur insiste
sur une telle leçon, puisqu'elle nous
révèle le danger de ne pas adopter
"l'affection de l'Esprit" avec fermeté, et
de permettre à notre coeur de faire place
à "l'affection de la chair",
c'est-à-dire aux tendances de la nature
première de l'homme, laquelle ne se soumet
pas à la loi de Dieu, et ne le peut
même pas
(Ro.
8. 7-8). L'épître
aux Galates reprend cet enseignement sous la forme
suivante : "Je vous dis donc ceci :
laissez le Saint-Esprit diriger
votre vie, et vous n'obéirez pas aux
désirs de la nature pécheresse. "
(Bible du semeur 5.
16) Ajoutons qu'il est scabreux
de prétendre vivre tant par l'Esprit que par
la chair, car ce partage se solde toujours au
détriment de la vie de l'Esprit. Chacun a la
responsabilité de se garder de cette
attitude double à laquelle notre ennemi nous
pousse.
LE JUGEMENT DES
NATIONS
Le chapitre 25
de Matthieu se termine par la
description d'un jugement qui se situe au retour du
Seigneur que les paraboles des talents et des mines
ont évoqué, c'est-à-dire
à l'ouverture du règne de mille ans
sur la terre. Ce ne sont pas des serviteurs qui
comparaissent, mais les hommes de toutes les
nations. Ils seront assemblés devant le Fils
de l'homme. Là encore une séparation
intervient. Elle différencie deux
catégories : les brebis et les boucs,
par la mise en oeuvre d'un principe adapté
à la situation de ces hommes appelés
à entrer ou non dans le règne de
mille ans. À ceux qui, au cours de leur vie,
auront été sensibles aux
détresses des autres et qui leur auront
manifesté une miséricorde active, le
Seigneur déclare qu'il a recueilli leurs
bienfaits pour lui-même, et il leur ouvre
alors les portes du Royaume. Inversement, à
ceux qui, dans l'indifférence et la
dureté de leur coeur se sont fermés
à toute miséricorde, le Seigneur dit
qu'il a lui-même ressenti leur
méchante attitude, et il les voue au
châtiment éternel.
On peut établir un
parallèle entre ce jugement et ce
qu'écrit l'apôtre Paul au chapitre 2
de l'épître aux Romains
(v.
13-16) au sujet des
païens :
"C'est ce qui paraîtra au jour
où, selon mon Évangile, Dieu jugera
par Jésus-Christ les actions secrètes
des hommes. "
Le thème que le Seigneur
Jésus emploie pour prononcer ce jugement des
nations possède un intérêt que
l'Eglise doit également considérer,
puisqu'il faut que sa foi se révèle
dans de bonnes oeuvres. Dans la diversité de
celles-ci, la pratique de la miséricorde
prend assurément place. "Heureux les
miséricordieux, car ils obtiendront
miséricorde"
(Mat.
5. 7). L'apôtre Jacques
conseille : "Parlez et agissez comme devant
être jugés par une loi de
liberté, car le jugement est sans
miséricorde pour qui n'a pas fait
miséricorde. La miséricorde triomphe
du jugement. "
(Jac.
2. 12-13) Citons encore la
première épître de
Jean :
"Si quelqu'un possède les
biens du monde, et que, voyant son Frère
dans le besoin, il lui ferme ses entrailles,
comment l'amour de Dieu demeure-t-il en lui ?
Petits enfants n'aimons pas en paroles et avec la
langue mais en actions et avec
vérité. "
(1
Jn. 3. 17-18)
Enfin n'oublions pas que les membres de
l'Eglise disposent de la puissance de
l'intercession pour se soutenir les uns les autres
et pour aider le prochain. En cela s'exerce encore
une efficace miséricorde.
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