Dans le sermon sur la montagne que l'on considère avec raison
comme la charte du Royaume ou comme la charte de l'Eglise, parmi
toutes les richesses qui réjouissent le lecteur de foi, en voici une
qui occupe une place prépondérante :
"Cherchez premièrement le Royaume et la justice de
Dieu ; et toutes ces choses vous seront données par dessus."
(Mat.
6. 33 "ces choses" = le manger, le boire et le vêtement)
En tenant compte littéralement du texte original, et pour bien
préciser la pensée du Seigneur, citons deux autres traductions :
"Faites donc du règne de Dieu et de ce qui est juste à ses
yeux votre préoccupation première... " (Bible du semeur) "Préoccupez-vous
d'abord du Royaume de Dieu et de la vie juste qu'il demande..."
(B.F.C.)
Assurément, tout lecteur chrétien qui prend plaisir à la
méditation de la parole de Dieu se verra interpellé par cette douce
invitation à se donner ces deux objectifs infiniment précieux :
le Royaume de Dieu dont il est si bon d'avoir le coeur rempli, et la
mise en pratique de la justice de Dieu, puisqu'au départ de la marche
chrétienne, la justification a été reçue en grâce.
À chaque nouvelle lecture, le croyant se sentira envahi par un
acquiescement heureux et par la profonde conviction que cette parole
du Seigneur l'atteint comme le meilleur des bienfaits, tant elle
rayonne d'une éclatante vérité. Puis, il sondera son coeur, examinera
le tracé de ses jours passés, et se demandera comment aller plus loin
dans l'accomplissement de la justice dont la parole lui donne la
connaissance, selon le mot d'ordre de l'Apocalypse (22.
11) :
"que le juste pratique encore la justice, et que celui qui
est saint se sanctifie encore".
Il reconnaîtra qu'il se trouve carrément en face du principe
fondamental de la vie nouvelle en laquelle il a fait son entrée
lorsqu'il est né de Dieu. Le Seigneur a aussi déclaré (Mat
6. 25) "La vie ne vaut-elle pas bien plus que la
nourriture ?" si bien que "chercher le Royaume et la justice de
Dieu" se rapporte non pas uniquement à la vie actuelle, mais à la vie
véritable, tout comme cette autre parole :
"L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute
parole qui sort de la bouche de Dieu. " (Mat.
4. 4)
Si l'on compte sur Dieu pour la satisfaction des besoins de la
vie terrestre, ce qu'il faut considérer comme le surplus de sa
sollicitude, l'essentiel sera de compter sur lui pour la vie future et
parfaite en son éternelle présence. L'une et l'autre confiance sont
liées et entrent dans une seule et même attitude de foi. L'on peut
donc dire que toute personne engagée dans la persévérance à orienter
sa vie selon l'enseignement du Royaume et de la justice de Dieu plaît
au Seigneur et ne mourra jamais ; le terme de son existence
terrestre correspondant aussitôt à son admission dans l'éternité
(Jean
5. 24 ; 8.
51 ; 11.
25-26).
LES INQUIÉTUDES
Le Royaume de Dieu et La justice vécue que comporte le Royaume,
Jésus nous les propose comme les ressources fondamentales de notre vie
actuelle et future. Nous y trouvons "tout ce qui contribue à la vie
et à la piété" (2
Pi. 1.3), pourquoi donc serions-nous inquiets et
rechercherions-nous des directives d'expression nouvelle et moderne en
prétendant découvrir ainsi le secret d'une marche chrétienne plus
aisée ou plus régulière, alors que nous n'aurions pas suffisamment
puisé dans les enseignements qui s'ouvrent à nous pour nous guider
dans cette marche ? En effet, les oeuvres et les instructions du
Seigneur sont là pour nous montrer quel est le chemin à suivre et
comment la puissance de Dieu nous permettra de nous y tenir comme d'y
progresser. Dans l'ensemble du discours de Matthieu 6 (24
à 34) le Seigneur Jésus vise objectivement l'inquiétude et il
veut nous apprendre à nous en délivrer, car elle est un mal qui, pour
le moins, égare nos pensées et les détourne des véritables et sages
préoccupations. Ce sont pourtant ces dernières qui importent pour la
réalité et la fermeté de la vie avec Dieu. L'inquiétude nous cause un
redoutable tort car elle nous rive aux embarras et aux craintes de
l'existence, entravant la liberté de notre coeur de s'affectionner aux
choses d'en haut. Or Jésus venait de dire : "Nul ne peut
servir deux maîtres. Car ou il haïra l'un, et aimera l'autre ;
ou il s'attachera à l'un, et méprisera l'autre. Vous ne pouvez
servir Dieu et Mammon." Ainsi, dans ce partage, Dieu et son
conseil seront perdants, et les soucis de la vie matérielle
l'emporteront. Voilà comment l'inquiétude entravera la disponibilité
des coeurs eu égard au salut éternel. À l'encontre de tout ce qui peut
nous éloigner de la vigilance, l'apôtre Pierre nous exhorte
à déployer tous nos efforts pour réunir l'une à l'autre les qualités
qu'il énumère, afin d'en former un bloc cohérent : la foi, la
vertu (ou bonne conduite) la connaissance, la maîtrise de soi, la
patience (ou la ténacité) la piété, l'affection fraternelle et l'amour
(2 Pi. 1.
5-7). Tel est l'objet précis d'une vigilance active conduisant
tout droit au Royaume éternel de Notre Seigneur et Sauveur
Jésus-Christ.
Aux inquiétudes, le Seigneur oppose la confiance, et il montre
comment Dieu accorde ses soins à la nature, et, à titre d'exemples,
aux oiseaux du ciel ainsi qu'aux lis des champs. Dieu nourrit les uns
et habille somptueusement les autres. Et vous, enfants de Dieu nous
dit-il, vous qui valez beaucoup plus que les oiseaux ou les lis,
comment pouvez-vous craindre que votre Père céleste puisse omettre de
vous nourrir ou de vous vêtir ? En donnant prise à l'inquiétude,
vous vous privez gravement de la paisible et sage confiance due à
votre Dieu ; et ainsi, c'est toute votre existence que vous
soustrayez à l'ordre miséricordieux et puissant que Dieu ne cesse de
faire régner sur sa création, et en tout premier sur ses enfants. Être
dépendants, confiants et fidèles à l'égard de notre Dieu, voilà ce qui
s'appelle vivre. Il en résultera un merveilleux repos, car la pensée
se sentira affranchie de tout tourment et de tout souci quant aux
nécessités de l'existence courante. Le Psalmiste l'affirmait d'après
son expérience, et son témoignage se trouve consigné dans la parole de
Dieu comme vérité :
"J'ai été jeune et j'ai vieilli, et je n'ai point vu le
juste abandonné ni sa postérité mendiant son pain" (Ps.
37.25).
En vivant en tant que justes et dans la confiance, nous serons
toujours paisibles, détendus, heureux, possédant l'assurance de notre
salut qui est elle-même génératrice d'un puissant
réconfort. Bien entendu, Jésus ne nous dirige pas vers une insouciance
inactive ; ses recommandations s'adressent à des disciples
accomplissant leurs tâches journalières avec courage.
CHERCHEZ !
Chercher, ce n'est précisément pas l'insouciance, mais une sage
et tranquille préoccupation de l'esprit dans le champ de nos relations
avec Dieu. Il n'y a rien de fébrile dans cette recherche embaumée
d'espérance. Les deux objectifs que nous propose le Seigneur : le
Royaume de Dieu d'une part, la mise en pratique de la justice d'autre
part, sont absolument inséparables. Tout pécheur repenti, pardonné et
justifié, n'est plus esclave du péché et "marche en nouveauté de
vie". Il vit désormais pour Dieu en Jésus-Christ (Ro.
6. 3-11) ; ainsi accomplit-il pour sa part la justice de
Dieu.
L'invitation "cherchez Dieu" revient plusieurs fois dans
l'Ancien Testament. L'on pourrait penser a priori qu'elle ne concerne
pas le croyant de la Nouvelle alliance, puisqu'il a trouvé le Sauveur
et vit dans la communion avec lui. Il vaut pourtant mieux retenir
cette invitation et lui reconnaître la même nécessité bienfaisante
qu'autrefois. D'ailleurs le Nouveau Testament la reprend sous d'autres
formes ; en voici des exemples :
"Approchez-vous de Dieu, et il s'approchera de vous." (Jac.
4. 8, Bible du semeur)
"Approchons-nous donc de Dieu avec un coeur droit…" (Héb.
10. 22, Bible du semeur)
"Étant unis à lui (Christ), par la foi en lui, nous
avons la liberté de nous approcher de Dieu avec assurance." (Eph.
3. 12, Bible du semeur)
"… si vous avez goûté que le Seigneur est bon.
Approchez-vous de lui, pierre vivante, rejetée par les hommes…"
(1 Pi. 2.
3-4)
"Mais vous êtes aussi ressuscités avec le Christ ;
recherchez donc les réalités d'en haut, là où se trouve le Christ
qui siège à la droite de Dieu. " (Col.
3. 1, Bible du semeur)
"Mais croissez dans la grâce et dans la connaissance de
notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. " (2
Pi. 3. 18)
D'une manière générale, les directions spirituelles de l'Ancien
testament qui expriment le désir immuable de Dieu en faveur de son
peuple conservent leur valeur d'affermissement.
"Vous qui cherchez Dieu, que votre coeur vive !" (Ps.
69. 33)
Ne disons pas : j'ai trouvé, donc je ne cherche plus. Ce
serait méconnaître la portée du terme "Cherchez", lequel nous
sollicite dans le sens de "la soif de Dieu" (expression du Ps.
42. 3) afin que nos pensées remplies d'amour se tendent vers
notre Père céleste et vers Jésus-Christ et que nous ne nous laissions
pas distancer de Dieu. Cesser de chercher Dieu, c'est ouvrir la porte
à la négligence et affaiblir notre communion avec lui. Dans cette
merveilleuse relation du chrétien avec son Seigneur, tout arrêt, toute
position statique seraient dommageables. L'ardent témoignage de
l'apôtre Paul (en Ph.
3. 8-14) doit nous entraîner dans une marche en avant constante
à l'effet de "gagner Christ" et d'être trouvés en lui - à tout
moment - revêtus de la justice qui vient de Dieu et
s'obtient par la foi, et encore, de resserrer notre communion avec
Christ au point d'avoir part à ses souffrances, à sa mort et à sa
résurrection.
Tout cela importe au premier chef ; c'est la réalité
objective de la marche chrétienne. L'oublier serait se laisser dériver
vers un recul. Paul nous propose son exemple : il veut cesser de
regarder en arrière, vers le passé, et il tend toute l'énergie de sa
foi vers ce qui le sollicite au devant de Lui, le but, c'est-à-dire le
prix de la vocation céleste à remporter. Et il ajoute : Nous qui
sommes des hommes faits, "ayons cette même pensée". Il n'y a,
en effet, aucune autre ligne de conduite que celle qu'il vient de
tracer si clairement pour vivre la vie nouvelle. Nous voyons bien que
la vie chrétienne positivement conçue garde le caractère d'un combat
incessant.
Il faut savoir ce qu'est cette vie, il faut vouloir s'y tenir,
il faut lutter contre tout affaiblissement de la foi, il faut vaincre
les tendances de l'homme naturel au sommeil et à la négligence, il
faut glorifier le Seigneur et porter le fruit qu'il attend de tous ses
enfants.
Ne reconnaissons-nous pas ce même appel à se porter vers
l'avant dans cette parole centrale du Seigneur Jésus :
"Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute
ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force. " (Marc
12. 30)
Il s'agit vraiment d'une mobilisation incessante du coeur et
des pensées vers tout ce en quoi l'amour envers Dieu peut se
manifester, et en quoi nous serons amenés à faire "ce qui lui est
agréable". Il convient, en somme, de chercher Dieu dans toutes
les voies de l'amour. Elles se découvriront aisément d'heure en heure,
car l'Esprit saint élargit le chemin devant ceux
qui aiment Dieu et sont poussés à marcher par l'ardeur d'une foi
victorieuse.
Quelle grâce d'entendre en soi le doux chant du Psaume
105 qui nous appelle à louer l'Éternel et à invoquer son
Nom :
"Chantez, chantez en son honneur !
Parlez de toutes ses merveilles !
Glorifiez-vous de son saint nom !
Que le coeur de ceux qui cherchent l'Éternel se
réjouisse !
Ayez recours à l'Éternel et à son appui,
CHERCHEZ CONTINUELLEMENT SA FACE !"
Il nous est également réconfortant d'entendre le roi David nous
dire :
"Oui, je loue l'Éternel qui me conseille,
qui, la nuit même, éclaire ma pensée.
Je garde constamment
les yeux fixés sur l'Éternel. Puisque il est près de moi,
rien ne peut m'ébranler.
Mon coeur est dans la joie,
mon âme exulte d'allégresse,
mon corps repose dans la paix. "
Ps.
16.
7-9, Bible du semeur)
L'Écriture emploie quelquefois l'expression "appliquez-vous
à..." qui appartient au langage du maître à ses élèves. C'est
ainsi également que le Dieu vivant poursuit l'éducation de ses
enfants, leur demandant d'apporter les soins les plus attentifs
à la recherche de l'Éternel (2
Chr. 19-3), comme à affermir leur vocation et leur élection (2
Pi. 1. 10), puis à pratiquer de bonnes oeuvres (notamment une
bonne conduite). Elle nous assure également que Dieu se laisse trouver
(2
Chr. 15. 2 et 4), ce qui souligne que l'initiative d'une
communion constante avec le Seigneur revient à l'homme armé de foi et
rempli d'amour. Le Nouveau Testament confirme cette initiative :
tout d'abord l'Évangile de Jean (15.
4) "demeurez en moi, et je demeurerai en vous", puis,
l'épître de Jacques (4.
8) "Approchez-vous de Dieu et il s'approchera de vous".
Dieu attend toujours de ses fidèles qu'un désir fort, humble et
profond, les porte vers lui. Les dilettantes, les tièdes, les indécis
lui déplaisent, et il résiste aux orgueilleux. Cependant, lorsqu'un
élan de foi et d'amour motive le chrétien, de riches bénédictions lui
viennent d'en haut jusqu'à surpasser tout ce qu'on peut attendre. Ces
bénédictions sont, notamment et surtout, "la paix de Dieu" qui
sera ressentie avec délices, ensuite "l'affermissement du coeur et
de la marche" (2
Thes. 3. 3), "la prospérité spirituelle" (3
Jn. 2 à 4), "Ceux qui cherchent l'Éternel ne sont privés
d'aucun bien" (Ps.
34. 11). Leur coeur connaît la joie parfaite dans une vie
abondante. Que font-ils pour chercher l'Éternel ? Leurs pensées
s'élèvent constamment vers Dieu, et leurs regards se portent sur
Jésus, le Chef et le consommateur de la foi ; leurs prières
fréquentes constituent la base de leur piété comprenant aussi pour une
large part l'action intérieure de la méditation et de la contemplation
(2
Cor. 3. 18).
LA MÉDITATION
Il est nécessaire que nous nous arrêtions sur la méditation,
tant elle revêt d'importance dans la vie chrétienne. Malheureusement,
elle n'entre pas souvent, ou pas assez dans la piété journalière et
dans les moments de repos. Les chrétiens fidèles lisent régulièrement
les Écritures ; mais savent-ils tous que cette lecture ne suffit
pas si elle se borne à parcourir les textes en ne recueillant d'eux
que le sens apparent. Elle ne sera même d'aucun profit si elle se fait
comme l'accomplissement d'une tâche recommandée, dans l'esprit du
devoir. C'est pourquoi toute obligation qui impose pour chaque jour la
lecture d'un nombre prescrit de chapitres ou de versets conduit le
chrétien à s'acquitter d'un acte considéré comme pieux, mais qui,
étant arbitraire, n'a pas de valeur spirituelle. L'essentiel n'est pas
de lire beaucoup à la fois, mais de lire régulièrement, avec un plan
de lecture si l'on veut, et surtout de méditer. La parole de Dieu
s'offre aux croyants comme une nourriture qu'il faut absorber, car
elle est destinée à notre coeur, ce coeur qui a été régénéré, et la
méditation elle seule permet d'introduire la science de Dieu tout au
fond de nous-mêmes, grâce au Saint-Esprit. Avant de pouvoir apporter
les paroles de l'Éternel au peuple d'Israël, le prophète Ezékiel dut
manger un livre en forme de rouleau. Il lui fut prescrit de "nourrir
son ventre et de remplir ses entrailles de ce rouleau". Cela
fait, le prophète sentit en lui une douceur qu'il compara à celle du
miel (Ez.
3. 1-4). Jérémie, de son côté, dit à Dieu : "J'ai
recueilli tes paroles, et je les ai dévorées. Tes paroles ont fait
la joie et l'allégresse de mon coeur ; car ton nom est invoqué
sur moi, Éternel, Dieu des Armées !" Pensons aussi à la
prophétie si importante dont l'apôtre Jean se voit
chargé au chapitre 10 de l'Apocalypse par un ange très puissant qui
lui remet un petit livre ouvert pour qu'il l'avale. Tout comme Ezékiel
il éprouve d'abord une sensation de douceur comme celle du miel, et,
peu après, c'est d'amertume qu'il se sent intérieurement rempli. Ce
dernier trait correspond au caractère bouleversant et effroyable des
événements de la période finale des temps. L'image d'un livre mangé
parle d'elle-même. Elle nous signifie qu'il faut absolument que les
enseignements de l'Écriture sainte soient absorbés et comme mangés à
l'effet d'être assimilés pour qu'ils puissent nourrir l'être intérieur
de chacun. Cet être intérieur est lui-même présenté sous l'image des "entrailles"
comme dans l'expression qu'emploie l'apôtre Paul (Col.
3. 12) : "revêtez-vous d'entrailles de miséricorde, de
bonté, d'humilité, de douceur, de patience".
À lui seul, ce terme imagé apporte une leçon apparente, à
savoir que ce revêtement constatable extérieurement ne sera effectif
que par une réelle présence au fond de l'être des qualités en cause.
Celles-ci seraient bien fragiles, et de peu de valeur si elles
n'avaient qu'une présence de surface sans être enracinées
profondément. Jésus a montré que l'extérieur ne saurait être propre
que si l'intérieur l'était aussi :
"Pharisien aveugle ! nettoie premièrement l'intérieur
de la coupe et du plat, afin que l'extérieur aussi devienne net."
(Mat.
23. 26)
La méditation régulièrement pratiquée a donc pour action
bienfaisante de nourrir le coeur en ses profondeurs, d'intérioriser
les connaissances fondamentales qui sont l'objet de la foi, et d'en
assurer tant le solide maintien que la justesse. C'est tout à fait ce
que Dieu recommandait à Josué (1.
8). Pour agir fidèlement, sans rien omettre de la loi, pour parvenir
au succès de sa mission, il ne pouvait que suivre le conseil divin qui
était : "Répète sans cesse les enseignements du livre de la
loi et médite-les jour et nuit de façon à observer tout ce qui y est
écrit. Alors tu mèneras à bien tes projets et ils réussiront. "
(BFC) Les chrétiens ont souvent le tort de se fier à leur mémoire, se
disant même : ça, je le sais ! Or la mémoire peut trahir le
sens exact et réel d'un texte. Et puis, ce sens, il faut le
redécouvrir dans le coeur, à chaque usage, et il convient donc de
relire et de peser la valeur profonde du texte.
En Israël, pour méditer, l'on commençait par lire le texte
biblique à voix basse, pour soi-même, puis, à haute voix, de manière
qu'il soit bien et correctement présent à la pensée en son sens
littéral, le sens premier qui doit être le point de départ de la
réflexion. Mais toute l'intention du texte ne reste pas contenue dans
la signification littérale. Au-delà de celle-ci, le texte considéré
dans son contexte détient des valeurs spirituelles dues à son
inspiration, et ce sont ces valeurs que la méditation permettra de
découvrir. Elles apparaîtront comme de riches pensées qui réjouiront
le coeur. C'est alors que le passage médité aura livré son fruit de
justice et de paix.
Le Psaume 1er met sous nos yeux l'exemple et les leçons d'un
homme dont le bonheur et la fermeté tiennent à ce qu'il médite "jour
et nuit" la loi de l'Éternel, non pas en se contraignant, mais en
goûtant un plaisir intérieur qui ne le quitte pas. Tout ce que fait
cet homme lui réussit (même s'il rencontre des entraves qu'il surmonte
aisément). L'on peut affirmer que le succès des oeuvres justes du
chrétien lui est assuré parce qu'il se comporte comme l'homme heureux
de ce psaume. L'expérience de plusieurs personnes
consacrées et actives l'a montré. Il s'agit, bien entendu, d'un succès
qui glorifie Dieu, et qui même, s'inscrit comme tel dans la vie
courante.
"Ceux qui cherchent l'Éternel comprennent tout" (Pro.
28. 5). Pour eux, la parole de Dieu s'ouvre, car l'Esprit les
instruit en réponse à l'ardent désir de leur coeur de pénétrer toute
la pensée de Dieu. Ils vérifient ainsi l'assertion de l'apôtre Paul en
1
Cor. 2. 15 et 16) ; "L'homme qui a l'Esprit de Dieu peut
juger de tout... " "mais nous, nous avons la pensée du
Christ." Ils entrent alors dans une pleine compréhension des
leçons profondes de l'Écriture et obtiennent la sagesse qui ne se
trouve pas sur la terre des vivants, ne s'achète pas, mais vaut plus
que les perles. (Job
28. 12 à 28). Jacques la nomme "la sagesse d'en haut". Le
livre des Proverbes y revient pour amplifier encore son prix et porter
au plus haut le gain spirituel qu'elle procure : "Acquiers la
sagesse, acquiers l'intelligence... ne l'abandonne pas, et elle te
gardera ; aime-la, et elle te protégera... exalte-la, et elle
t'élèvera ; elle fera ta gloire si tu l'embrasses ; elle
mettra sur ta tête une couronne de grâce, elle t'ornera d'un
magnifique diadème. " (Pro.
4. 5-9) Tout le livre des Proverbes concède à la sagesse
l'intelligence et la réflexion et suscite le vif désir de les
acquérir. Ces puissantes facultés spirituelles forment un sommet que
les chrétiens auront à coeur de vouloir atteindre. Dans ses prières
incessantes, l'apôtre Paul demandait à Dieu que les saints et fidèles
frères en Christ soient remplis de la connaissance de la volonté
divine "en toute sagesse et intelligence spirituelle" (Col.
1. 9). Les dons spirituels sont des voies que l'Esprit de Dieu
utilise comme et quand il le veut (Il accorde à
chacun des dons personnels et il les met en oeuvre. 1
Cor. 12. 11). En outre, le fidèle de Dieu est appelé à recevoir
la sagesse et l'intelligence spirituelles pour en user couramment,
ainsi qu'à manifester le "fruit de l'Esprit" sous la totalité de ses
aspects. Les qualifications d'un chrétien consacré sont plus étendues
qu'on ne le pense généralement.
"Heureux ceux qui cherchent l'Éternel de tout leur coeur.
" (Ps.
119. 2) Par la prière et la méditation, ils sont conduits dans
une réflexion profonde en laquelle leurs pensées se nourrissent pour
fortifier leur marche de chaque jour. "La sagesse est une source de
vie pour celui qui la possède. " (Pro.
16. 22)
LA CONTEMPLATION
Le terme "contempler" n'est employé qu'une vingtaine de fois
dans la Bible Segond, cependant l'attitude qu'il signifie participe
grandement à la piété chrétienne. Voyons quelques textes : "Je
voudrais habiter toute ma vie dans la maison de l'Éternel pour
contempler la magnificence de l'Éternel et pour admirer son temple"
(Ps.
27. 4) "Et la parole a été faite chair, et elle a habité
parmi nous, pleine de grâce et de vérité ; et nous avons
contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu
du Père" (Jean
1. 14) "... ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous
avons contemplé et que nos mains ont touché, concernant la parole de
vie" (1
Jn. 1. 1) "Nous tous qui, le visage découvert, contemplons
comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés
en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur,
l'Esprit. " (2
Cor. 3. 18).
Qu'entend-on par "contemplation" ? Contempler c'est
considérer attentivement le Seigneur avec amour et admiration, souvent
même avec émotion ; c'est attacher sa pensée et son coeur au
Seigneur dans le climat intérieur de paix et de joie que fait naître
le Saint-Esprit ; c'est aussi l'adorer. La contemplation de Jésus
nous est proposée en Hébreux
12. 1 à 3 : "ayant les regards sur Jésus, le chef et le
consommateur de la foi... considérez en effet celui qui a supporté
contre sa personne une telle opposition de la part des pécheurs,
afin que vous ne vous lassiez point l'âme découragée. "
L'Écriture nous apprend qu'Abraham a vu le jour de Christ et
s'en est réjoui (Jean 8. 56), et que Moïse se montra ferme, comme
voyant celui qui est invisible (Héb.
11. 27). La contemplation a toujours eu sa place dans le culte
intérieur des âmes ferventes. La Sulamithe est émerveillée de son
bien-aimé : "Mon bien-aimé est blanc et vermeil ; il se
distingue entre dix mille. Sa tête est de l'or pur ; ses
boucles sont flottantes, noires comme le corbeau. Ses yeux sont
comme des colombes au bord des ruisseaux, se baignant dans le lait,
reposant au sein de l'abondance. Ses joues sont comme un parterre
d'aromates, une couche de plantes odorantes ; ses lèvres sont
des lis d'où découle la myrrhe. Ses mains sont des anneaux d'or,
garnies de chrysolithes ; son corps est de l'ivoire poli,
couvert de saphir ; ses jambes sont des colonnes de marbre
blanc posées sur des bases d'or pur. Son aspect est comme le Liban,
distingué comme les cèdres. Son palais n'est que
douceur, et toute sa personne est pleine de charme. Tel est mon
bien-aimé, tel est mon ami, filles de Jérusalem !" (Cant.
des cant. 5. 10-16)
Pour comprendre cette description enflammée du bien-aimé, il
faut se souvenir que l'Eglise apparaît dans son ensemble aux regards
de Dieu comme l'épouse future de Christ ; actuellement comme la
fiancée ainsi que le dit l'apôtre Paul : "... je vous ai
fiancés à un seul époux, pour vous présenter à Christ comme une
vierge pure" (2
Cor. 11. 2). Le thème de l'épouse et de l'époux est constant
dans le Nouveau Testament (il apparaissait déjà dans l'Ancien
Testament) et Jésus en a lui-même utilisé le langage (Mat.
9. 15 ; Marc
2. 20 ; Luc
5. 35). Les noces font l'objet d'une merveilleuse prophétie de
l'Apocalypse (19.
7 à 9). Cette grande figure de l'union de Christ et de l'Eglise
ne peut que nous montrer combien la puissante réalité de cette union
réside en l'amour éternel. "Les deux deviendront une seule chair.
Ce mystère est grand ; je dis cela par rapport à Christ et à
l'Eglise" (Eph.
5. 31-32). "Devenir une seule chair", tel est le principe du
mariage sur la terre ainsi que Jésus l'a affirmé (Mat.
19. 6). Or, élevé jusqu'à Christ et à son union avec l'Eglise,
ce principe proclame que les deux seront un et non plus deux, par la
force de l'amour de l'Esprit qui déjà les unit. Que le Cantique des
cantiques qui s'offre à notre réflexion comme une allégorie
prophétique ait célébré l'amour immense et indéfinissable entre lui et
elle en une évocation poétique enthousiaste, nous le comprenons.
Dans l'Évangile de Jean le verset
40 du chapitre 6 pourrait être avantageusement traduit comme
ceci : La volonté de mon Père, c'est que quiconque
"contemple" le Fils et croit en lui ait la vie éternelle, et je le
ressusciterai au dernier jour. En effet, le
verbe grec "theaomai" a plutôt le sens de "contempler". Ainsi traduit,
ce verset se trouve généralisé à toute l'étendue des temps de
l'Eglise ; le verbe "voir" le limite au temps de la présence du
Seigneur sur la terre. Or, quand quelqu'un reçoit l'annonce de la
parole du salut, son coeur se remplit d'admiration pour le Seigneur
qui lui est prêché ; et l'Esprit fait briller la lumière dans ce
coeur pour "faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu
sur la face de Christ" (2
Cor. 4. 6).
Quel est l'avantage, ou plutôt le fruit de la
contemplation ? En tout premier lieu, rappelons 2
Cor. 3. 18 et prenons-en la traduction dans la bible du
semeur :
"Et nous tous qui, le visage découvert, contemplons, comme
dans un miroir, la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en
son image dans une gloire dont l'éclat ne cesse de grandir. C'est là
l'oeuvre du Seigneur, c'est-à-dire de l'Esprit. "
Comme le note la TOB, on pourrait aussi traduire : "nous
contemplons et nous reflétons" ; ce que l'homme contemple,
il le reflète. Ainsi, en contemplant la gloire du Seigneur, il nous
sera donné, d'une part de la refléter pour le bien de nos frères ou
soeurs, d'autre part, d'en recevoir nous-mêmes un éclat pénétrant tel
qu'il formera en nous l'image de Christ. Se reportant au futur, Jean
nous certifie que, dans la présence du Seigneur, "nous serons
semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu'il est" (1
Jn. 3. 2). La contemplation est la vue de maintenant, et déjà
elle a le pouvoir de former en nous l'image si précieuse de Christ,
comme c'est la volonté de Dieu selon laquelle nous sommes prédestinés
à "être semblables à l'image de son Fils" (Ro.
8. 29).
Actuellement, il s'agit d'une transformation "de gloire
en gloire", c'est-à-dire progressive jusqu'à atteindre l'image
parfaite. Et l'on sait que cette transformation se poursuivra, lors de
la résurrection, par celle du corps qui sera lui-même rendu semblable
au corps glorieux de notre Maître. Quel aspect merveilleux de notre
parcours chrétien sur cette terre ! Pouvoir déjà recevoir la
glorieuse image de Celui qui est le parfait et le véritable !
Aussi importe-t-il que notre piété prenne part à cette contemplation
que permet une communion bien entretenue avec le Seigneur. La
communion ou la connaissance personnelle du Seigneur procure la
puissance divine d'une vie de piété régulière.
C'est en renouvelant notre être intérieur d'étape en étape, au
gré d'une piété contemplative régulière, que l'Esprit saint formera en
nous la précieuse image de Jésus. Il faut donc apprendre à faire de la
prière personnelle une voie d'approche de Dieu permettant de
s'épancher librement, tout en conservant la crainte filiale de Dieu.
Chose vraiment formidable, la transformation de gloire en gloire
chasse la nature première et y substitue la nature de l'homme nouveau
créé selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la
vérité. Et la vérité est le Christ vivant dont l'image devient notre
être nouveau. La contemplation occasionne une communication de la vie
de Christ. Elle ouvre donc, si elle est pratiquée régulièrement, une
transfiguration progressive, au point que la nature humaine et sainte
de Christ devient celle du fidèle que nous sommes l'un et l'autre sous
réserve d'une réelle consécration. C'est bien en vue de cette
acquisition de son image que le Seigneur a déclaré : "Vous me
verrez car je vis, et vous vivrez aussi" (Jean
14. 19).
En somme la contemplation du Seigneur nous met au contact de
l'Esprit de vie en Jésus-Christ dont la puissance nous affranchit de la
puissance du péché et de la mort et crée en nous l'homme nouveau
absolument semblable à Christ.
En second Lieu, celui qui contemple Jésus voit la sainteté de
Dieu. Il se trouve dans la situation du prophète Esaïe, mais sans
aucune peur. Il n'a plus à se dire : "malheur à moi ! je
suis perdu... " cependant que, comme le prophète, "ses yeux ont vu
le Roi, l'Éternel des armées" (Es.
6. 5). Homme de la nouvelle Alliance, c'est pour le plein
accomplissement de l'oeuvre de la Rédemption en lui qu'il peut voir et
en être transformé. Il contemple donc la sainteté de Dieu, et va la
connaître non plus au travers de mots ou de descriptions, mais par la
voie de l'Esprit, par une mise en présence du "Saint de Dieu". C'est
alors que la sainteté s'attachera à lui pour devenir une impérieuse
nécessité dans le déroulement de son existence. Quant à son
détachement du monde, c'est-à-dire de tout ce qui apparaît comme
oeuvre des ténèbres, il le réalisera sans effort en un comportement
devenu naturel.
LA
SOIF DE DIEU
"Jésus lui répondit : quiconque boit de cette eau aura
encore soif ; mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai
n'aura jamais soif, et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui
une source d'eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle. " (Jean
4. 13-14)
Reconnaissons la simplicité de ces paroles du Seigneur Jésus,
et pourtant la capacité qu'elles ont de faire passer la pensée de
l'eau du puits à l'image d'une certaine eau mystérieuse que lui, le
Seigneur, promet de dispenser. Il s'agit d'une "eau" qui va satisfaire
pleinement les besoins intérieurs, spirituels et
moraux de l'être humain ; cette satisfaction ayant une vertu
durable et dynamique. Ainsi, la soif de l'âme ne deviendra jamais un
tourment (comme toute soif insatisfaite), car cette eau donnée par le
Christ sera accompagnée de sa propre source. Et quelle source, une
source éternellement intarissable ! Pour comprendre le langage
imagé de Jésus, tout le contexte biblique vient à notre aide. D'abord
à quelle soif ce langage se rapporte-t-il ? Derrière les
apparences assurées qu'un homme ou une femme se donne, au cours de
l'existence, il ou elle ne peut manquer de ressentir intérieurement
une certaine angoisse ou une profonde insatisfaction, voire même un
tourment, et, en contrepartie, de fortes aspirations à un bonheur
indéfinissable qui chasserait les amertumes intérieures, et
embellirait la vie, jusqu'à la goûter dans son optimum. Ce drame
intime et universellement éprouvé, les littératures les plus diverses
se sont efforcées de le traduire ; et des auteurs contemporains
en ont fait l'aveu ; certains jusqu'à dire qu'ils en étaient
constamment préoccupés.
D'où cela vient-il ?
Tout simplement des conséquences de la chute de l'homme en
Eden. Vivre sans le lien de l'Esprit avec Dieu, dans l'affreuse
séparation d'avec Dieu, telle est la condition à laquelle nous avons
été réduits par la terrible option d'Adam et d'Eve dans le lieu de
parfait bonheur où ils avaient été placés. Ils ont choisi entre deux
paroles, deux conceptions, et ayant rejeté la parole de leur Créateur,
ils ont cédé à la séduction et opté pour la parole du mensonge et de
la mort éternelle. Depuis ce temps, la société humaine entière vit
sous l'empire que cette abominable option lui a ouvert, l'empire de la
mort éternelle et du corps en premier lieu. Voilà ce qui cause la
tribulation intérieure de l'homme qui ne peut plus vivre qu'une vie
coupée de sa source, de sa puissance normalement
infinie, de sa perfection, de sa beauté, de la paix et de la joie qui
sont associées à la vie authentique et impérissable. Tout cela, il l'a
perdu en ayant perdu sa relation avec Dieu, source de vie ; en
ayant perdu la parole de la vie que son coeur ne cesse de rejeter.
C'est bien une épouvantable situation. Elle serait restée
irrémédiable, si Dieu n'avait envoyé son Fils sur la terre pour
l'accomplissement de l'oeuvre de la rédemption.
Et maintenant, de quelle nature est cette source que Jésus
annonce et qu'il promet de donner à celui qui boira comme il le lui
conseille ? Boire l'eau qu'il apporte consistera à recevoir sa
parole qui communique la vie véritable, celle de Dieu, en le recevant
lui-même en tant qu'Esprit. Le Seigneur venait de dire à
Nicodème : "si un homme ne naît d'eau et d'Esprit, il ne peut
entrer dans le Royaume de Dieu" (Jean
3. 5). L'Esprit de Christ fera donc naître de nouveau celui "qui
boira", qui, animé par le désir de la foi, s'ouvrira à la parole pour
l'intérioriser avidement. Alors, l'Esprit viendra, et c'est lui qui
sera la source intarissable et éternelle de vie, de bonheur et de
paix. Pensons aussi à ce verset : (1
Jn. 5. 12) "celui qui a le Fils a la vie, celui qui n'a pas
le Fils de Dieu n'a pas la vie" ; ce qui signifie :
celui qui, étant né de Dieu, a en lui-même la présence de l'Esprit, a
la source de vie ; et personne ne peut participer à la vie
impérissable s'il n'a en lui cette présence.
Considérons maintenant l'image de la soif intérieure dans une
pensée sensiblement différente : le
Psaume 42 s'exprime ainsi : "Comme une biche soupire
après des courants d'eau, ainsi mon âme soupire après toi, ô
Dieu ! Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant ; quand
irai-je et paraîtrai-je devant la face de
Dieu ?" Nous trouvons le même soupir dans le Psaume
63 : "0 Dieu ! tu es mon Dieu, je te cherche au
point du jour ; mon âme a soif de toi, mon corps soupire après
toi, dans une terre aride, desséchée, sans eau. " Le psalmiste
se sent abandonné et privé de la présence toute proche du Dieu qu'il
aime tant, et son âme se trouve plongée dans un vide douloureux,
presque dans une détresse, presque réduite à la mort. Il veut toujours
pouvoir contempler son Dieu dans son sanctuaire, voir sa puissance et
sa gloire et le louer ardemment. Toute interruption du sentiment
profond de cette présence lui cause de l'effroi, et son âme, ainsi que
son corps, tout son être, soupire vers son Dieu dont la communion lui
est indispensable. N'est-ce pas là ce qui nous montre que la vie
véritable ne peut se vivre en dehors d'un lien intime et constant avec
Dieu. L'épître aux Hébreux ne nous recommande-t-elle pas de nous
approcher de Dieu avec un coeur sincère, dans la plénitude de la foi,
les coeurs purifiés d'une mauvaise conscience, et le corps lavé d'une
eau pure ? Quel est le chemin de cette approche ? La route
nouvelle et vivante que Jésus a inaugurée pour nous au travers du
voile, c'est-à-dire de sa chair (de son corps livré en sacrifice).
Ainsi, en toute personne née de nouveau, une puissante aspiration doit
se manifester dans le sens de l'invitation à s'approcher de Dieu.
C'est là cette soif de Dieu qu'a ressentie le psalmiste, et dont la
prompte satisfaction nous est offerte. Un chrétien fidèle se voit
conduit par l'Esprit en lui à la persévérance dans la prière, la
méditation et les actions de grâce, car il a soif de Dieu et veut
croître dans la connaissance de son Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.
Toute disparition de cette soif devrait alerter le chrétien et le
porter à se ressaisir sans tarder.
En conclusion de ce chapitre, chercher premièrement le Royaume
et la justice de Dieu, c'est le grand mot d'ordre de la vie nouvelle
en laquelle tout chrétien doit marcher ; c'est chercher Dieu
lui-même en son Fils Jésus ; c'est désirer conserver le
revêtement de la justice de Dieu qui s'obtient par la foi et, en
conséquence, mettre en pratique tous les enseignements de la parole de
Dieu, ce qui correspond à vivre dans le temps actuel (le siècle
présent) selon la sagesse, la justice et la piété (Tite
2. 12). Cherchez premièrement, nous dit le Seigneur, nous
invitant ainsi, de façon pressante, à établir une priorité en notre
existence, celle de ne pas le quitter du regard de l'Esprit et de
poursuivre notre marche en vue du Royaume éternel.
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