Dans le sermon sur la montagne que l'on
considère avec raison comme la charte du
Royaume ou comme la charte de l'Eglise, parmi
toutes les richesses qui réjouissent le
lecteur de foi, en voici une qui occupe une place
prépondérante :
"Cherchez premièrement le Royaume
et la justice de Dieu ; et toutes ces choses
vous seront données par dessus."
(Mat.
6. 33 "ces choses" = le manger,
le boire et le vêtement)
En tenant compte littéralement du
texte original, et pour bien préciser la
pensée du Seigneur, citons deux autres
traductions :
"Faites donc du règne de Dieu et
de ce qui est juste à ses yeux votre
préoccupation première... "
(Bible du semeur) "Préoccupez-vous
d'abord du Royaume de Dieu et de la vie juste qu'il
demande..." (B.F.C.)
Assurément, tout lecteur
chrétien qui prend plaisir à la
méditation de la parole de Dieu se verra
interpellé par cette douce invitation
à se donner ces deux objectifs infiniment
précieux : le Royaume de Dieu dont il
est si bon d'avoir le coeur rempli, et la mise en
pratique de la justice de Dieu, puisqu'au
départ de la marche chrétienne, la
justification a été
reçue en grâce. À chaque
nouvelle lecture, le croyant se sentira envahi par
un acquiescement heureux et par la profonde
conviction que cette parole du Seigneur l'atteint
comme le meilleur des bienfaits, tant elle rayonne
d'une éclatante vérité. Puis,
il sondera son coeur, examinera le tracé de
ses jours passés, et se demandera comment
aller plus loin dans l'accomplissement de la
justice dont la parole lui donne la connaissance,
selon le mot d'ordre de l'Apocalypse
(22.
11) :
"que le juste pratique encore la justice,
et que celui qui est saint se sanctifie
encore".
Il reconnaîtra qu'il se trouve
carrément en face du principe fondamental de
la vie nouvelle en laquelle il a fait son
entrée lorsqu'il est né de Dieu. Le
Seigneur a aussi déclaré
(Mat
6. 25) "La vie ne vaut-elle pas
bien plus que la nourriture ?" si bien que
"chercher le Royaume et la justice de Dieu" se
rapporte non pas uniquement à la vie
actuelle, mais à la vie véritable,
tout comme cette autre parole :
"L'homme ne vivra pas de pain seulement,
mais de toute parole qui sort de la bouche de
Dieu. "
(Mat.
4. 4)
Si l'on compte sur Dieu pour la satisfaction
des besoins de la vie terrestre, ce qu'il faut
considérer comme le surplus de sa
sollicitude, l'essentiel sera de compter sur lui
pour la vie future et parfaite en son
éternelle présence. L'une et l'autre
confiance sont liées et entrent dans une
seule et même attitude de foi. L'on peut donc
dire que toute personne engagée dans la
persévérance à orienter sa vie
selon l'enseignement du Royaume et de la justice de
Dieu plaît au Seigneur et ne mourra
jamais ; le terme de son existence terrestre
correspondant aussitôt à son admission
dans l'éternité
(Jean
5. 24 ; 8.
51 ; 11.
25-26).
LES
INQUIÉTUDES
Le Royaume de Dieu et La justice
vécue que comporte le Royaume, Jésus
nous les propose comme les ressources fondamentales
de notre vie actuelle et future. Nous y trouvons
"tout ce qui contribue à la vie et
à la piété"
(2
Pi. 1.3), pourquoi donc
serions-nous inquiets et rechercherions-nous des
directives d'expression nouvelle et moderne en
prétendant découvrir ainsi le secret
d'une marche chrétienne plus aisée ou
plus régulière, alors que nous
n'aurions pas suffisamment puisé dans les
enseignements qui s'ouvrent à nous pour nous
guider dans cette marche ? En effet, les
oeuvres et les instructions du Seigneur sont
là pour nous montrer quel est le chemin
à suivre et comment la puissance de Dieu
nous permettra de nous y tenir comme d'y
progresser. Dans l'ensemble du discours de Matthieu
6
(24 à
34) le Seigneur
Jésus vise objectivement l'inquiétude
et il veut nous apprendre à nous en
délivrer, car elle est un mal qui, pour le
moins, égare nos pensées et les
détourne des véritables et sages
préoccupations. Ce sont pourtant ces
dernières qui importent pour la
réalité et la fermeté de la
vie avec Dieu. L'inquiétude nous cause un
redoutable tort car elle nous rive aux embarras et
aux craintes de l'existence, entravant la
liberté de notre coeur de s'affectionner aux
choses d'en haut. Or Jésus venait de
dire : "Nul ne peut servir deux
maîtres. Car ou il haïra l'un, et aimera
l'autre ; ou il s'attachera à l'un, et
méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir
Dieu et Mammon." Ainsi, dans ce partage, Dieu
et son conseil seront perdants, et les soucis de la
vie matérielle l'emporteront. Voilà
comment l'inquiétude entravera la
disponibilité des coeurs eu égard au
salut éternel. À l'encontre de tout
ce qui peut nous éloigner de la vigilance,
l'apôtre Pierre nous exhorte à déployer
tous nos efforts pour réunir l'une à
l'autre les qualités qu'il
énumère, afin d'en former un bloc
cohérent : la foi, la vertu (ou bonne
conduite) la connaissance, la maîtrise de
soi, la patience (ou la ténacité) la
piété, l'affection fraternelle et
l'amour
(2
Pi. 1. 5-7). Tel est l'objet
précis d'une vigilance active conduisant
tout droit au Royaume éternel de Notre
Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.
Aux inquiétudes, le Seigneur oppose
la confiance, et il montre comment Dieu accorde ses
soins à la nature, et, à titre
d'exemples, aux oiseaux du ciel ainsi qu'aux lis
des champs. Dieu nourrit les uns et habille
somptueusement les autres. Et vous, enfants de Dieu
nous dit-il, vous qui valez beaucoup plus que les
oiseaux ou les lis, comment pouvez-vous craindre
que votre Père céleste puisse omettre
de vous nourrir ou de vous vêtir ? En
donnant prise à l'inquiétude, vous
vous privez gravement de la paisible et sage
confiance due à votre Dieu ; et ainsi,
c'est toute votre existence que vous soustrayez
à l'ordre miséricordieux et puissant
que Dieu ne cesse de faire régner sur sa
création, et en tout premier sur ses
enfants. Être dépendants, confiants et
fidèles à l'égard de notre
Dieu, voilà ce qui s'appelle vivre. Il en
résultera un merveilleux repos, car la
pensée se sentira affranchie de tout
tourment et de tout souci quant aux
nécessités de l'existence courante.
Le Psalmiste l'affirmait d'après son
expérience, et son témoignage se
trouve consigné dans la parole de Dieu comme
vérité :
"J'ai été jeune et j'ai
vieilli, et je n'ai point vu le juste
abandonné ni sa postérité
mendiant son pain"
(Ps.
37.25).
En vivant en tant que justes et dans la
confiance, nous serons toujours paisibles,
détendus, heureux, possédant
l'assurance de notre salut qui est elle-même
génératrice d'un puissant réconfort. Bien
entendu, Jésus ne nous dirige pas vers une
insouciance inactive ; ses recommandations
s'adressent à des disciples accomplissant
leurs tâches journalières avec
courage.
CHERCHEZ !
Chercher, ce n'est précisément
pas l'insouciance, mais une sage et tranquille
préoccupation de l'esprit dans le champ de
nos relations avec Dieu. Il n'y a rien de
fébrile dans cette recherche embaumée
d'espérance. Les deux objectifs que nous
propose le Seigneur : le Royaume de Dieu d'une
part, la mise en pratique de la justice d'autre
part, sont absolument inséparables. Tout
pécheur repenti, pardonné et
justifié, n'est plus esclave du
péché et "marche en
nouveauté de vie". Il vit
désormais pour Dieu en Jésus-Christ
(Ro.
6. 3-11) ; ainsi
accomplit-il pour sa part la justice de Dieu.
L'invitation "cherchez Dieu" revient
plusieurs fois dans l'Ancien Testament. L'on
pourrait penser a priori qu'elle ne concerne pas le
croyant de la Nouvelle alliance, puisqu'il a
trouvé le Sauveur et vit dans la communion
avec lui. Il vaut pourtant mieux retenir cette
invitation et lui reconnaître la même
nécessité bienfaisante qu'autrefois.
D'ailleurs le Nouveau Testament la reprend sous
d'autres formes ; en voici des
exemples :
"Approchez-vous de Dieu, et il
s'approchera de vous."
(Jac.
4. 8, Bible du semeur)
"Approchons-nous donc de Dieu avec un
coeur droit…"
(Héb.
10. 22, Bible du semeur)
"Étant unis à lui
(Christ), par la foi en lui, nous avons la
liberté de nous approcher de Dieu avec
assurance."
(Eph.
3. 12, Bible du semeur)
"… si vous avez goûté que le
Seigneur est bon. Approchez-vous de lui, pierre
vivante, rejetée par les hommes…"
(1
Pi. 2. 3-4)
"Mais vous êtes aussi
ressuscités avec le Christ ; recherchez
donc les réalités d'en haut,
là où se trouve le Christ qui
siège à la droite de Dieu. "
(Col.
3. 1, Bible du semeur)
"Mais croissez dans la grâce et
dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur
Jésus-Christ. "
(2
Pi. 3. 18)
D'une manière générale,
les directions spirituelles de l'Ancien testament
qui expriment le désir immuable de Dieu en
faveur de son peuple conservent leur valeur
d'affermissement.
"Vous qui cherchez Dieu, que votre coeur
vive !"
(Ps.
69. 33)
Ne disons pas : j'ai trouvé,
donc je ne cherche plus. Ce serait
méconnaître la portée du terme
"Cherchez", lequel nous sollicite dans le sens de
"la soif de Dieu" (expression du Ps.
42. 3) afin que nos
pensées remplies d'amour se tendent vers
notre Père céleste et vers
Jésus-Christ et que nous ne nous laissions
pas distancer de Dieu. Cesser de chercher Dieu,
c'est ouvrir la porte à la négligence
et affaiblir notre communion avec lui. Dans cette
merveilleuse relation du chrétien avec son
Seigneur, tout arrêt, toute position statique
seraient dommageables. L'ardent témoignage
de l'apôtre Paul (en Ph.
3. 8-14) doit nous
entraîner dans une marche en avant constante
à l'effet de "gagner Christ" et
d'être trouvés en lui - à tout
moment - revêtus de la justice qui vient de Dieu et
s'obtient par la
foi, et
encore, de resserrer notre communion avec Christ au
point d'avoir part à ses souffrances,
à sa mort et à sa
résurrection.
Tout cela importe au premier chef ;
c'est la réalité objective de la
marche chrétienne. L'oublier serait se
laisser dériver vers un recul. Paul nous
propose son exemple : il veut cesser de
regarder en arrière, vers le passé,
et il tend toute l'énergie de sa foi vers ce
qui le sollicite au devant de Lui, le but,
c'est-à-dire le prix de la vocation
céleste à remporter. Et il
ajoute : Nous qui sommes des hommes faits,
"ayons cette même pensée". Il
n'y a, en effet, aucune autre ligne de conduite que
celle qu'il vient de tracer si clairement pour
vivre la vie nouvelle. Nous voyons bien que la vie
chrétienne positivement conçue garde
le caractère d'un combat incessant.
Il faut savoir ce qu'est cette vie, il faut
vouloir s'y tenir, il faut lutter contre tout
affaiblissement de la foi, il faut vaincre les
tendances de l'homme naturel au sommeil et à
la négligence, il faut glorifier le Seigneur
et porter le fruit qu'il attend de tous ses
enfants.
Ne reconnaissons-nous pas ce même
appel à se porter vers l'avant dans cette
parole centrale du Seigneur
Jésus :
"Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout
ton coeur, de toute ton âme, de toute ta
pensée et de toute ta force. "
(Marc
12. 30)
Il s'agit vraiment d'une mobilisation
incessante du coeur et des pensées vers tout
ce en quoi l'amour envers Dieu peut se manifester,
et en quoi nous serons amenés à faire
"ce qui lui est agréable". Il
convient, en somme, de chercher Dieu dans toutes
les voies de l'amour. Elles se découvriront
aisément d'heure en heure, car l'Esprit saint
élargit le chemin
devant ceux qui aiment Dieu et sont poussés
à marcher par l'ardeur d'une foi
victorieuse.
Quelle grâce d'entendre en soi le doux
chant du Psaume
105 qui nous appelle à
louer l'Éternel et à invoquer son
Nom :
"Chantez, chantez en son honneur !
Parlez de toutes ses merveilles !
Glorifiez-vous de son saint nom !
Que le coeur de ceux qui cherchent
l'Éternel se
réjouisse !
Ayez recours à l'Éternel et
à son appui,
CHERCHEZ CONTINUELLEMENT SA
FACE !"
Il nous est également
réconfortant d'entendre le roi David nous
dire :
"Oui, je loue l'Éternel qui me
conseille,
qui, la nuit même, éclaire
ma pensée.
Je garde constamment
les yeux fixés sur
l'Éternel. Puisque il est près de
moi, rien ne peut m'ébranler.
Mon coeur est dans la joie,
mon âme exulte
d'allégresse,
mon corps repose dans la paix. "
Ps.
16.
7-9, Bible du semeur)
L'Écriture emploie quelquefois
l'expression "appliquez-vous à..."
qui appartient au langage du maître à
ses élèves. C'est ainsi
également que le Dieu vivant poursuit
l'éducation de ses enfants, leur demandant
d'apporter les soins les plus attentifs à la
recherche
de l'Éternel
(2
Chr. 19-3), comme à
affermir leur vocation et leur élection
(2
Pi. 1. 10), puis à
pratiquer de bonnes oeuvres (notamment une bonne
conduite). Elle nous assure également que
Dieu se laisse trouver
(2
Chr. 15. 2 et 4), ce qui souligne
que l'initiative d'une communion constante avec le
Seigneur revient à l'homme armé de
foi et rempli d'amour. Le Nouveau Testament
confirme cette initiative : tout d'abord
l'Évangile de Jean
(15.
4) "demeurez en moi, et je
demeurerai en vous", puis,
l'épître de Jacques
(4.
8) "Approchez-vous de Dieu et
il s'approchera de vous". Dieu attend toujours
de ses fidèles qu'un désir fort,
humble et profond, les porte vers lui. Les
dilettantes, les tièdes, les indécis
lui déplaisent, et il résiste aux
orgueilleux. Cependant, lorsqu'un élan de
foi et d'amour motive le chrétien, de riches
bénédictions lui viennent d'en haut
jusqu'à surpasser tout ce qu'on peut
attendre. Ces bénédictions sont,
notamment et surtout, "la paix de Dieu" qui
sera ressentie avec délices, ensuite
"l'affermissement du coeur et de la marche"
(2
Thes. 3. 3), "la
prospérité spirituelle"
(3
Jn. 2 à 4), "Ceux qui
cherchent l'Éternel ne sont privés
d'aucun bien"
(Ps.
34. 11). Leur coeur
connaît la joie parfaite dans une vie
abondante. Que font-ils pour chercher
l'Éternel ? Leurs pensées
s'élèvent constamment vers Dieu, et
leurs regards se portent sur Jésus, le Chef
et le consommateur de la foi ; leurs
prières fréquentes constituent la
base de leur piété comprenant aussi
pour une large part l'action intérieure de
la méditation et de la contemplation
(2
Cor. 3. 18).
LA
MÉDITATION
Il est nécessaire que nous nous
arrêtions sur la méditation, tant elle
revêt d'importance dans la vie
chrétienne. Malheureusement, elle n'entre
pas souvent, ou pas assez dans la
piété journalière et dans les
moments de repos. Les chrétiens
fidèles lisent régulièrement
les Écritures ; mais savent-ils tous
que cette lecture ne suffit pas si elle se borne
à parcourir les textes en ne recueillant
d'eux que le sens apparent. Elle ne sera même
d'aucun profit si elle se fait comme
l'accomplissement d'une tâche
recommandée, dans l'esprit du devoir. C'est
pourquoi toute obligation qui impose pour chaque
jour la lecture d'un nombre prescrit de chapitres
ou de versets conduit le chrétien à
s'acquitter d'un acte considéré comme
pieux, mais qui, étant arbitraire, n'a pas
de valeur spirituelle. L'essentiel n'est pas de
lire beaucoup à la fois, mais de lire
régulièrement, avec un plan de
lecture si l'on veut, et surtout de méditer.
La parole de Dieu s'offre aux croyants comme une
nourriture qu'il faut absorber, car elle est
destinée à notre coeur, ce coeur qui
a été
régénéré, et la
méditation elle seule permet d'introduire la
science de Dieu tout au fond de nous-mêmes,
grâce au Saint-Esprit. Avant de pouvoir
apporter les paroles de l'Éternel au peuple
d'Israël, le prophète Ezékiel
dut manger un livre en forme de rouleau. Il lui fut
prescrit de "nourrir son ventre et de remplir
ses entrailles de ce rouleau". Cela fait, le
prophète sentit en lui une douceur qu'il
compara à celle du miel
(Ez.
3. 1-4). Jérémie,
de son côté, dit à Dieu :
"J'ai recueilli tes paroles, et je les ai
dévorées. Tes paroles ont fait la
joie et l'allégresse de mon coeur ; car
ton nom est invoqué sur moi, Éternel,
Dieu des Armées !" Pensons aussi
à la prophétie si importante dont l'apôtre Jean se
voit
chargé au chapitre 10 de l'Apocalypse par un
ange très puissant qui lui remet un petit
livre ouvert pour qu'il l'avale. Tout comme
Ezékiel il éprouve d'abord une
sensation de douceur comme celle du miel, et, peu
après, c'est d'amertume qu'il se sent
intérieurement rempli. Ce dernier trait
correspond au caractère bouleversant et
effroyable des événements de la
période finale des temps. L'image d'un livre
mangé parle d'elle-même. Elle nous
signifie qu'il faut absolument que les
enseignements de l'Écriture sainte soient
absorbés et comme mangés à
l'effet d'être assimilés pour qu'ils
puissent nourrir l'être intérieur de
chacun. Cet être intérieur est
lui-même présenté sous l'image
des "entrailles" comme dans l'expression
qu'emploie l'apôtre Paul
(Col.
3. 12) :
"revêtez-vous d'entrailles de
miséricorde, de bonté,
d'humilité, de douceur, de
patience".
À lui seul, ce terme imagé
apporte une leçon apparente, à savoir
que ce revêtement constatable
extérieurement ne sera effectif que par une
réelle présence au fond de
l'être des qualités en cause.
Celles-ci seraient bien fragiles, et de peu de
valeur si elles n'avaient qu'une présence de
surface sans être enracinées
profondément. Jésus a montré
que l'extérieur ne saurait être propre
que si l'intérieur l'était
aussi :
"Pharisien aveugle ! nettoie
premièrement l'intérieur de la coupe
et du plat, afin que l'extérieur aussi
devienne net."
(Mat.
23. 26)
La méditation
régulièrement pratiquée a donc
pour action bienfaisante de nourrir le coeur en ses
profondeurs, d'intérioriser les
connaissances fondamentales qui sont l'objet de la
foi, et d'en assurer tant le solide maintien que la
justesse. C'est tout à fait ce que Dieu
recommandait à Josué
(1.
8). Pour agir fidèlement,
sans rien omettre de la loi, pour parvenir au
succès de sa
mission, il ne pouvait que suivre le conseil divin
qui était : "Répète
sans cesse les enseignements du livre de la loi et
médite-les jour et nuit de façon
à observer tout ce qui y est écrit.
Alors tu mèneras à bien tes projets
et ils réussiront. " (BFC) Les
chrétiens ont souvent le tort de se fier
à leur mémoire, se disant
même : ça, je le sais ! Or
la mémoire peut trahir le sens exact et
réel d'un texte. Et puis, ce sens, il faut
le redécouvrir dans le coeur, à
chaque usage, et il convient donc de relire et de
peser la valeur profonde du texte.
En Israël, pour méditer, l'on
commençait par lire le texte biblique
à voix basse, pour soi-même, puis,
à haute voix, de manière qu'il soit
bien et correctement présent à la
pensée en son sens littéral, le sens
premier qui doit être le point de
départ de la réflexion. Mais toute
l'intention du texte ne reste pas contenue dans la
signification littérale. Au-delà de
celle-ci, le texte considéré dans son
contexte détient des valeurs spirituelles
dues à son inspiration, et ce sont ces
valeurs que la méditation permettra de
découvrir. Elles apparaîtront comme de
riches pensées qui réjouiront le
coeur. C'est alors que le passage
médité aura livré son fruit de
justice et de paix.
Le Psaume 1er met sous nos yeux l'exemple et
les leçons d'un homme dont le bonheur et la
fermeté tiennent à ce qu'il
médite "jour et nuit" la loi de
l'Éternel, non pas en se contraignant, mais
en goûtant un plaisir intérieur qui ne
le quitte pas. Tout ce que fait cet homme lui
réussit (même s'il rencontre des
entraves qu'il surmonte aisément). L'on peut
affirmer que le succès des oeuvres justes du
chrétien lui est assuré parce qu'il
se comporte comme l'homme heureux de ce psaume.
L'expérience de
plusieurs personnes consacrées et actives
l'a montré. Il s'agit, bien entendu, d'un
succès qui glorifie Dieu, et qui même,
s'inscrit comme tel dans la vie courante.
"Ceux qui cherchent l'Éternel
comprennent tout"
(Pro.
28. 5). Pour eux, la parole de
Dieu s'ouvre, car l'Esprit les instruit en
réponse à l'ardent désir de
leur coeur de pénétrer toute la
pensée de Dieu. Ils vérifient ainsi
l'assertion de l'apôtre Paul en 1
Cor. 2. 15 et 16) ;
"L'homme qui a l'Esprit de Dieu peut juger de
tout... " "mais nous, nous avons la
pensée du Christ." Ils entrent alors
dans une pleine compréhension des
leçons profondes de l'Écriture et
obtiennent la sagesse qui ne se trouve pas sur la
terre des vivants, ne s'achète pas, mais
vaut plus que les perles.
(Job
28. 12 à 28). Jacques la
nomme "la sagesse d'en haut". Le livre des
Proverbes y revient pour amplifier encore son prix
et porter au plus haut le gain spirituel qu'elle
procure : "Acquiers la sagesse, acquiers
l'intelligence... ne l'abandonne pas, et elle te
gardera ; aime-la, et elle te
protégera... exalte-la, et elle
t'élèvera ; elle fera ta gloire
si tu l'embrasses ; elle mettra sur ta
tête une couronne de grâce, elle
t'ornera d'un magnifique diadème. "
(Pro.
4. 5-9) Tout le livre des
Proverbes concède à la sagesse
l'intelligence et la réflexion et suscite le
vif désir de les acquérir. Ces
puissantes facultés spirituelles forment un
sommet que les chrétiens auront à
coeur de vouloir atteindre. Dans ses prières
incessantes, l'apôtre Paul demandait à
Dieu que les saints et fidèles frères
en Christ soient remplis de la connaissance de la
volonté divine "en toute sagesse et
intelligence spirituelle"
(Col.
1. 9). Les dons spirituels sont
des voies que l'Esprit de Dieu utilise comme et
quand il le veut (Il accorde
à chacun des dons personnels et il les met
en oeuvre. 1
Cor. 12. 11). En outre, le
fidèle de Dieu est appelé à
recevoir la sagesse et l'intelligence spirituelles
pour en user couramment, ainsi qu'à
manifester le "fruit de l'Esprit" sous la
totalité de ses aspects. Les qualifications
d'un chrétien consacré sont plus
étendues qu'on ne le pense
généralement.
"Heureux ceux qui cherchent
l'Éternel de tout leur coeur. "
(Ps.
119. 2) Par la prière et
la méditation, ils sont conduits dans une
réflexion profonde en laquelle leurs
pensées se nourrissent pour fortifier leur
marche de chaque jour. "La sagesse est une source
de vie pour celui qui la possède. "
(Pro.
16. 22)
LA
CONTEMPLATION
Le terme "contempler" n'est employé
qu'une vingtaine de fois dans la Bible Segond,
cependant l'attitude qu'il signifie participe
grandement à la piété
chrétienne. Voyons quelques textes :
"Je voudrais habiter toute ma vie dans la maison
de l'Éternel pour contempler la magnificence
de l'Éternel et pour admirer son temple"
(Ps.
27. 4) "Et la parole a
été faite chair, et elle a
habité parmi nous, pleine de grâce et
de vérité ; et nous avons
contemplé sa gloire, une gloire comme la
gloire du Fils unique venu du Père"
(Jean
1. 14) "... ce que nous
avons vu de nos yeux, ce que nous avons
contemplé et que nos mains ont
touché, concernant la parole de vie"
(1
Jn. 1. 1) "Nous tous qui, le
visage découvert, contemplons comme dans un
miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés
en la
même image, de gloire en gloire, comme par le
Seigneur, l'Esprit. "
(2
Cor. 3. 18).
Qu'entend-on par "contemplation" ?
Contempler c'est considérer attentivement le
Seigneur avec amour et admiration, souvent
même avec émotion ; c'est
attacher sa pensée et son coeur au Seigneur
dans le climat intérieur de paix et de joie
que fait naître le Saint-Esprit ; c'est
aussi l'adorer. La contemplation de Jésus
nous est proposée en Hébreux
12. 1 à
3 : "ayant les regards sur
Jésus, le chef et le consommateur de la
foi... considérez en effet celui qui a
supporté contre sa personne une telle
opposition de la part des pécheurs, afin que
vous ne vous lassiez point l'âme
découragée. "
L'Écriture nous apprend qu'Abraham a
vu le jour de Christ et s'en est réjoui
(Jean 8. 56), et que Moïse se montra ferme,
comme voyant celui qui est invisible
(Héb.
11. 27). La
contemplation a toujours eu sa place dans le culte
intérieur des âmes ferventes. La
Sulamithe est émerveillée de son
bien-aimé : "Mon bien-aimé
est blanc et vermeil ; il se distingue entre
dix mille. Sa tête est de l'or pur ; ses
boucles sont flottantes, noires comme le corbeau.
Ses yeux sont comme des colombes au bord des
ruisseaux, se baignant dans le lait, reposant au
sein de l'abondance. Ses joues sont comme un
parterre d'aromates, une couche de plantes
odorantes ; ses lèvres sont des lis
d'où découle la myrrhe. Ses mains
sont des anneaux d'or, garnies de
chrysolithes ; son corps est de l'ivoire poli,
couvert de saphir ; ses jambes sont des
colonnes de marbre blanc posées sur des
bases d'or pur. Son aspect est comme le Liban,
distingué comme les cèdres. Son palais n'est que
douceur, et
toute sa personne est pleine de charme. Tel est mon
bien-aimé, tel est mon ami, filles de
Jérusalem !"
(Cant.
des cant. 5. 10-16)
Pour comprendre cette description
enflammée du bien-aimé, il faut se
souvenir que l'Eglise apparaît dans son
ensemble aux regards de Dieu comme l'épouse
future de Christ ; actuellement comme la
fiancée ainsi que le dit l'apôtre
Paul : "... je vous ai fiancés
à un seul époux, pour vous
présenter à Christ comme une vierge
pure"
(2
Cor. 11. 2). Le thème de
l'épouse et de l'époux est constant
dans le Nouveau Testament (il apparaissait
déjà dans l'Ancien Testament) et
Jésus en a lui-même utilisé le
langage
(Mat.
9. 15 ; Marc
2. 20 ; Luc
5. 35). Les noces font l'objet
d'une merveilleuse prophétie de l'Apocalypse
(19.
7 à 9). Cette grande
figure de l'union de Christ et de l'Eglise ne peut
que nous montrer combien la puissante
réalité de cette union réside
en l'amour éternel. "Les deux deviendront
une seule chair. Ce mystère est grand ;
je dis cela par rapport à Christ et à
l'Eglise"
(Eph.
5. 31-32). "Devenir une seule
chair", tel est le principe du mariage sur la terre
ainsi que Jésus l'a affirmé
(Mat.
19. 6). Or, élevé
jusqu'à Christ et à son union avec
l'Eglise, ce principe proclame que les deux seront
un et non plus deux, par la force de l'amour de
l'Esprit qui déjà les unit. Que le
Cantique des cantiques qui s'offre à notre
réflexion comme une allégorie
prophétique ait célébré
l'amour immense et indéfinissable entre lui
et elle en une évocation poétique
enthousiaste, nous le comprenons.
Dans l'Évangile de Jean le verset
40 du chapitre 6 pourrait
être avantageusement traduit comme
ceci : La volonté de mon
Père, c'est que quiconque "contemple" le
Fils et croit en lui ait la vie éternelle,
et je le ressusciterai au dernier
jour. En effet, le verbe grec "theaomai" a
plutôt le sens de "contempler". Ainsi
traduit, ce verset se trouve
généralisé à toute
l'étendue des temps de l'Eglise ; le
verbe "voir" le limite au temps de la
présence du Seigneur sur la terre. Or, quand
quelqu'un reçoit l'annonce de la parole du
salut, son coeur se remplit d'admiration pour le
Seigneur qui lui est prêché ; et
l'Esprit fait briller la lumière dans ce
coeur pour "faire resplendir la connaissance de
la gloire de Dieu sur la face de Christ"
(2
Cor. 4. 6).
Quel est l'avantage, ou plutôt le
fruit de la contemplation ? En tout premier
lieu, rappelons 2
Cor. 3. 18 et prenons-en la
traduction dans la bible du semeur :
"Et nous tous qui, le visage
découvert, contemplons, comme dans un
miroir, la gloire du Seigneur, nous sommes
transformés en son image dans une gloire
dont l'éclat ne cesse de grandir. C'est
là l'oeuvre du Seigneur, c'est-à-dire
de l'Esprit. "
Comme le note la TOB, on pourrait aussi
traduire : "nous contemplons et nous
reflétons" ; ce que l'homme
contemple, il le reflète. Ainsi, en
contemplant la gloire du Seigneur, il nous sera
donné, d'une part de la refléter pour
le bien de nos frères ou soeurs, d'autre
part, d'en recevoir nous-mêmes un
éclat pénétrant tel qu'il
formera en nous l'image de Christ. Se reportant au
futur, Jean nous certifie que, dans la
présence du Seigneur, "nous serons
semblables à lui, parce que nous le verrons
tel qu'il est"
(1
Jn. 3. 2). La contemplation est la
vue de maintenant, et déjà elle a le
pouvoir de former en nous l'image si
précieuse de Christ, comme c'est la
volonté de Dieu selon laquelle nous sommes
prédestinés à "être
semblables à l'image de son Fils"
(Ro. 8.
29).
Actuellement, il s'agit d'une transformation
"de gloire en gloire",
c'est-à-dire progressive jusqu'à
atteindre l'image parfaite. Et l'on sait que cette
transformation se poursuivra, lors de la
résurrection, par celle du corps qui sera
lui-même rendu semblable au corps glorieux de
notre Maître. Quel aspect merveilleux de
notre parcours chrétien sur cette
terre ! Pouvoir déjà recevoir la
glorieuse image de Celui qui est le parfait et le
véritable ! Aussi importe-t-il que
notre piété prenne part à
cette contemplation que permet une communion bien
entretenue avec le Seigneur. La communion ou la
connaissance personnelle du Seigneur procure la
puissance divine d'une vie de piété
régulière.
C'est en renouvelant notre être
intérieur d'étape en étape, au
gré d'une piété contemplative
régulière, que l'Esprit saint formera
en nous la précieuse image de Jésus.
Il faut donc apprendre à faire de la
prière personnelle une voie d'approche de
Dieu permettant de s'épancher librement,
tout en conservant la crainte filiale de Dieu.
Chose vraiment formidable, la transformation de
gloire en gloire chasse la nature première
et y substitue la nature de l'homme nouveau
créé selon Dieu dans une justice et
une sainteté que produit la
vérité. Et la vérité
est le Christ vivant dont l'image devient notre
être nouveau. La contemplation occasionne une
communication de la vie de Christ. Elle ouvre donc,
si elle est pratiquée
régulièrement, une transfiguration
progressive, au point que la nature humaine et
sainte de Christ devient celle du fidèle que
nous sommes l'un et l'autre sous réserve
d'une réelle consécration. C'est bien
en vue de cette acquisition de son image que le
Seigneur a déclaré : "Vous me
verrez car je vis, et vous vivrez aussi"
(Jean
14. 19).
En somme la contemplation du Seigneur nous
met au contact de l'Esprit de vie en
Jésus-Christ dont la puissance nous
affranchit de la puissance du
péché et de la mort et crée en
nous l'homme nouveau absolument semblable à
Christ.
En second Lieu, celui qui contemple
Jésus voit la sainteté de Dieu. Il se
trouve dans la situation du prophète
Esaïe, mais sans aucune peur. Il n'a plus
à se dire : "malheur à
moi ! je suis perdu... " cependant que, comme
le prophète, "ses yeux ont vu le Roi,
l'Éternel des armées"
(Es.
6. 5). Homme de la nouvelle
Alliance, c'est pour le plein accomplissement de
l'oeuvre de la Rédemption en lui qu'il peut
voir et en être transformé. Il
contemple donc la sainteté de Dieu, et va la
connaître non plus au travers de mots ou de
descriptions, mais par la voie de l'Esprit, par une
mise en présence du "Saint de Dieu". C'est
alors que la sainteté s'attachera à
lui pour devenir une impérieuse
nécessité dans le déroulement
de son existence. Quant à son
détachement du monde, c'est-à-dire de
tout ce qui apparaît comme oeuvre des
ténèbres, il le réalisera sans
effort en un comportement devenu naturel.
LA
SOIF DE DIEU
"Jésus lui répondit :
quiconque boit de cette eau aura encore soif ;
mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai
n'aura jamais soif, et l'eau que je lui donnerai
deviendra en lui une source d'eau qui jaillira
jusque dans la vie éternelle. "
(Jean
4. 13-14)
Reconnaissons la simplicité de ces
paroles du Seigneur Jésus, et pourtant la
capacité qu'elles ont de faire passer la
pensée de l'eau du puits à l'image
d'une certaine eau mystérieuse que lui, le
Seigneur, promet de dispenser. Il s'agit d'une
"eau" qui va satisfaire pleinement les besoins intérieurs,
spirituels et
moraux de l'être humain ; cette
satisfaction ayant une vertu durable et dynamique.
Ainsi, la soif de l'âme ne deviendra jamais
un tourment (comme toute soif insatisfaite), car
cette eau donnée par le Christ sera
accompagnée de sa propre source. Et quelle
source, une source éternellement
intarissable ! Pour comprendre le langage
imagé de Jésus, tout le contexte
biblique vient à notre aide. D'abord
à quelle soif ce langage se
rapporte-t-il ? Derrière les apparences
assurées qu'un homme ou une femme se donne,
au cours de l'existence, il ou elle ne peut manquer
de ressentir intérieurement une certaine
angoisse ou une profonde insatisfaction, voire
même un tourment, et, en contrepartie, de
fortes aspirations à un bonheur
indéfinissable qui chasserait les amertumes
intérieures, et embellirait la vie,
jusqu'à la goûter dans son optimum. Ce
drame intime et universellement
éprouvé, les littératures les
plus diverses se sont efforcées de le
traduire ; et des auteurs contemporains en ont
fait l'aveu ; certains jusqu'à dire
qu'ils en étaient constamment
préoccupés.
D'où cela vient-il ?
Tout simplement des conséquences de
la chute de l'homme en Eden. Vivre sans le lien de
l'Esprit avec Dieu, dans l'affreuse
séparation d'avec Dieu, telle est la
condition à laquelle nous avons
été réduits par la terrible
option d'Adam et d'Eve dans le lieu de parfait
bonheur où ils avaient été
placés. Ils ont choisi entre deux paroles,
deux conceptions, et ayant rejeté la parole
de leur Créateur, ils ont cédé
à la séduction et opté pour la
parole du mensonge et de la mort éternelle.
Depuis ce temps, la société humaine
entière vit sous l'empire que cette
abominable option lui a ouvert, l'empire de la mort
éternelle et du corps en premier lieu.
Voilà ce qui cause la tribulation
intérieure de l'homme qui ne peut plus vivre
qu'une vie coupée de sa source, de sa
puissance normalement infinie, de
sa perfection, de sa beauté, de la paix et
de la joie qui sont associées à la
vie authentique et impérissable. Tout cela,
il l'a perdu en ayant perdu sa relation avec Dieu,
source de vie ; en ayant perdu la parole de la
vie que son coeur ne cesse de rejeter. C'est bien
une épouvantable situation. Elle serait
restée irrémédiable, si Dieu
n'avait envoyé son Fils sur la terre pour
l'accomplissement de l'oeuvre de la
rédemption.
Et maintenant, de quelle nature est cette
source que Jésus annonce et qu'il promet de
donner à celui qui boira comme il le lui
conseille ? Boire l'eau qu'il apporte
consistera à recevoir sa parole qui
communique la vie véritable, celle de Dieu,
en le recevant lui-même en tant qu'Esprit. Le
Seigneur venait de dire à
Nicodème : "si un homme ne
naît d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer
dans le Royaume de Dieu"
(Jean
3. 5). L'Esprit de Christ fera
donc naître de nouveau celui "qui boira",
qui, animé par le désir de la foi,
s'ouvrira à la parole pour
l'intérioriser avidement. Alors, l'Esprit
viendra, et c'est lui qui sera la source
intarissable et éternelle de vie, de bonheur
et de paix. Pensons aussi à ce verset :
(1
Jn. 5. 12) "celui qui a le Fils
a la vie, celui qui n'a pas le Fils de Dieu n'a pas
la vie" ; ce qui signifie : celui
qui, étant né de Dieu, a en
lui-même la présence de l'Esprit, a la
source de vie ; et personne ne peut participer
à la vie impérissable s'il n'a en lui
cette présence.
Considérons maintenant l'image de la
soif intérieure dans une pensée
sensiblement différente :
le
Psaume 42 s'exprime ainsi :
"Comme une biche soupire après des
courants d'eau, ainsi mon âme soupire
après toi, ô Dieu ! Mon âme
a soif de Dieu, du Dieu vivant ; quand irai-je et
paraîtrai-je devant la
face de Dieu ?" Nous trouvons le
même soupir dans le Psaume
63 : "0
Dieu !
tu es mon Dieu, je te cherche au point du
jour ; mon âme a soif de toi, mon corps
soupire après toi, dans une terre aride,
desséchée, sans eau. " Le
psalmiste se sent abandonné et privé
de la présence toute proche du Dieu qu'il
aime tant, et son âme se trouve
plongée dans un vide douloureux, presque
dans une détresse, presque réduite
à la mort. Il veut toujours pouvoir
contempler son Dieu dans son sanctuaire, voir sa
puissance et sa gloire et le louer ardemment. Toute
interruption du sentiment profond de cette
présence lui cause de l'effroi, et son
âme, ainsi que son corps, tout son
être, soupire vers son Dieu dont la communion
lui est indispensable. N'est-ce pas là ce
qui nous montre que la vie véritable ne peut
se vivre en dehors d'un lien intime et constant
avec Dieu. L'épître aux Hébreux
ne nous recommande-t-elle pas de nous approcher de
Dieu avec un coeur sincère, dans la
plénitude de la foi, les coeurs
purifiés d'une mauvaise conscience, et le
corps lavé d'une eau pure ? Quel est le
chemin de cette approche ? La route nouvelle
et vivante que Jésus a inaugurée pour
nous au travers du voile, c'est-à-dire de sa
chair (de son corps livré en sacrifice).
Ainsi, en toute personne née de nouveau, une
puissante aspiration doit se manifester dans le
sens de l'invitation à s'approcher de Dieu.
C'est là cette soif de Dieu qu'a ressentie
le psalmiste, et dont la prompte satisfaction nous
est offerte. Un chrétien fidèle se
voit conduit par l'Esprit en lui à la
persévérance dans la prière,
la méditation et les actions de grâce,
car il a soif de Dieu et veut croître dans la
connaissance de son Seigneur et Sauveur
Jésus-Christ. Toute disparition de cette
soif devrait alerter le chrétien et le
porter à se ressaisir sans tarder.
En conclusion de ce chapitre, chercher
premièrement le Royaume et la justice de
Dieu, c'est le grand mot d'ordre de la vie nouvelle
en laquelle tout chrétien doit
marcher ; c'est chercher Dieu lui-même
en son Fils Jésus ; c'est
désirer conserver le revêtement de la
justice de Dieu qui s'obtient par la foi et, en
conséquence, mettre en pratique tous les
enseignements de la parole de Dieu, ce qui
correspond à vivre dans le temps actuel (le
siècle présent) selon la sagesse, la
justice et la piété
(Tite
2. 12). Cherchez
premièrement, nous dit le Seigneur, nous
invitant ainsi, de façon pressante, à
établir une priorité en notre
existence, celle de ne pas le quitter du regard de
l'Esprit et de poursuivre notre marche en vue du
Royaume éternel.
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