Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

APPENDICE I

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Origine de la Société des Missions de Londres
Débuts de l'Oeuvre Missionnaire à Tahiti

Lorsque le capitaine Cook revint en Angleterre après avoir fait le tour du monde et qu'il débarqua à Plymouth, ce fut une longue ovation dans tout le pays.
Ses récits de voyage furent lus par tous. Que de jeunes garçons rêvèrent alors de faire comme lui : de se lever certain jour de grand matin, avant le soleil, de mettre dans un mouchoir quelques objets indispensables et de quitter doucement la maison pour gagner un port et la mer. Et les hommes d'âge, les pieds sur les chenets, le suivaient aussi d'aventure en aventure avec un intérêt jamais lassé.

Certain jour, le révérend Dr Haweiss lisant les Récits du célèbre navigateur, se sentit tout particulièrement intéressé par les indigènes des pays visités, plus que par ces pays eux-mêmes. Il invita sept de ses amis ; ensemble ils devisèrent sur la possibilité d'envoyer dans les Mers du Sud un autre bateau, non pour découvrir des îles, mais pour y transporter des hommes prêts à faire connaître aux païens Dieu le Père, le Roi des rois.

La Société des Missions était fondée. Ces hommes cherchèrent des amis, des administrateurs, qui réunirent les fonds et achetèrent un bateau : « Le Duff ». Missionnaires et artisans-missionnaires s'embarquèrent sur le petit bâtiment, qui leva l'ancre le 10 août 1796. Un peu auparavant, un service d'adieu très solennel avait eu lieu à la chapelle de Sion le 28 juillet 1796 ; il avait été suivi par un service de sainte Cène.

Le 4 mars 1797, Le Duff jetait enfin l'ancre devant Tahiti. Par centaines, les Tahitiens se présentèrent. Les uns montaient sur le pont et dansaient. D'autres offraient des porcs, du poisson, des bananes. Mais c'était un Dimanche ; personne ne voulait rien acheter, ce qui étonna les indigènes. Ils le furent plus encore quand le moment du service venu, les passagers et l'équipage s'agenouillèrent devant un dieu invisible. Le chant des cantiques fit sur les Tahitiens la plus agréable impression.

Bientôt la pirogue du chef Haamanemane accostait et Haamanemane allant droit au chef du bateau (capitaine Wilson) lui dit : « Taio ! » Lorsque le capitaine comprit le sens du mot, il dit à son tour : « Taio. » Ainsi le capitaine et le prêtre des faux dieux, car Haamanemane était chef et prêtre, venaient de sceller une alliance.
Le jour suivant, le roi et la reine donnèrent une terre aux voyageurs qui adoraient le Dieu qu'on ne pouvait voir.
Tels furent les débuts de l'oeuvre missionnaire à Tahiti.



APPENDICE II

Le Discours de Tamatoa

Ce discours était adressé aux rois aux jours d'inauguration, et avec quelques variantes, on l'adressait au chef tyrannique et sanguinaire qu'on déposait.

Un sous-chef de Tautu parla de son roi Tautu opri (1). La légende de Natoofa (2) assure que durant le règne de Tautu opiri, les racines des maïoré étaient rabotées, nivelées, elles ne barraient plus les chemins (3), on les polissait même avec une peau de requin ; alors on s'asseyait sur le grand siège Reuea (4), la flûte de bambous aux tons suaves, Taneua (5) se faisait entendre ; le grand âge mettait des rides sur les fronts, et les gens très vieux s'appuyaient sur des bâtons en marchant. Lorsque ce roi mourut, le peuple se lamenta, car il l'avait recouvert du manteau de la paix. Durant son règne, on n'avait pas coupé des têtes d'hommes avec les couteaux de bambous, mais les têtes de porcs et on avait mangé la nourriture de la paix. Les fronts des belles femmes étaient rougis avec les baies du mati, et leurs superbes cheveux noirs étaient oints d'une huile douce et parfumée (6). Voici, le règne de ce roi fut long. - Veillons à ce que le règne de Jésus, le règne bien meilleur encore du meilleur de tous les rois, ne soit pas un règne de peu de durée au milieu de nous.

Tautu opiri eut un fils : Tehauroa (long règne). Alors Tahaa-la-Grande et Raïatéa jouirent d'une grande paix. Les racines des maïoré étaient nivelées et les chemins polis avec la peau de requin ; on s'asseyait sur le grand siège Reuea et on jouait de la flûte Taneua, les hommes étaient devenus vieux, et le roi mourut regretté de son peuple sur qui il avait étendu le manteau de la paix, etc... Le règne paisible de Te hauroa fut très long. Le règne de Jésus, celui qui aura certainement la durée, pourrait-il être court parmi nous ?

Te hauroa eut un fils qu'on nomma Te peti peti (le Magnifique) et il y eut alors une agréable paix entre Tahaa-la-Grande et Raïatéa. Les racines des arbres étaient nivelées, etc... Le paisible règne du Magnifique fut long, et celui de Jésus, le seul Magnifique, serait-il court parmi nous ? Non ! Jamais ! Ne permettons pas qu'il prenne fin ; il excelle tous les autres en beauté.

Te petipeti eut un fils qu'il nomma : Coeur léger ; alors les coeurs étaient joyeux et légers pendant que la paix régnait entre Tahaa-la-Grande et Raïatéa. Les racines des arbres... etc... On se lamenta sur le roi qui avait étendu le manteau de la paix sur son peuple. Le règne de Jésus dont l'Évangile donne la vraie joie du coeur ne durerait-il pas au milieu de nous ? Veillons à ce que rien ne l'entrave.

À la fin, deux frères jumeaux naquirent : Tautu et Taumata (Lèvres hargneuses et Regard menaçant). La jalousie commença ; une guerre désespérée s'ensuivit. Les chemins unis devinrent raboteux, on ne s'asseyait plus sur le siège élevé Reuea ; la conque de guerre retentissait au lieu de la flûte Taneua ; les hommes étaient tués et ne connaissaient plus les rides du grand âge, les femmes ne s'embellissaient plus avec les baies de mati et les têtes des hommes étaient tranchées au lieu de celles des porcs. Ainsi fut détruit le règne paisible de Tautu ; ainsi le long bonheur du règne de Te hauroa eut un terme, et le règne délicieux de Magnifique fut terni. Ainsi les Coeurs joyeux devinrent tristes, et le peuple fut malheureux ; car le sang était répandu, la misère régnait, et le monde invisible était peuplé des hommes de la terre. - Emparons-nous fermement des biens dont nous jouissons présentement de peur que le règne paisible de Jésus ne prenne fin au milieu de nous, et que ne reviennent les jours de ténèbres, de meurtres et de sang.

FIN DU TOME PREMIER


(1) Le nom du chef. 

(2) Nom d'un district.

(3) Les sentiers de l'île sont très étroits, les racines s'y étendent et les rendent raboteux. L'allusion du texte est employée pour indiquer une époque paisible durant laquelle tout marche à souhait.

(4) Grand siège sculpté dans un seul tronc d'arbre ; les grands chefs s'en servaient à l'occasion des fêtes.

(5) Taneua, flûte célèbre dans laquelle on souffle avec le nez.

(6) Figure qui implique un temps de joie sans interruption.
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