Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE HUITIÈME

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RETOUR. - EN DANGER. - EXAUCEMENT. - UNE LETTRE DE TAMATOA. - VISITE DES DÉLÉGUÉS DE LA SOCIÉTÉ DES MISSIONS DE LONDRES. - NOUVELLE ÉPREUVE. - DÉPART ENVISAGÉ. - PRIÈRE ET GUÉRISON. - LA LÉGENDE DE RAROTONGA. - CROISIÈRE SUR « LA MATAMUA ». - LETTRE PASTORALE. AÏTUTAKI. - ROMATANE. - ATIU, MITIARO, MAUKE.



 LA santé de Mrs. Williams - qui laissait fort à désirer à l'arrivée en Australie semblait tout à fait rétablie. Son mari se portait beaucoup mieux, et achevait aussi rapidement que possible les préparatifs du retour à Raïatéa. La goélette qu'il avait achetée partirait après avoir terminé son chargement. Dès le 23 avril 1922, la famille Williams quittait Sydney sur un navire qui faisait escale en Nouvelle-Zélande. Là, John Williams descend à terre à plusieurs reprises. Il s'aperçoit qu'il peut se faire comprendre des indigènes et tient plusieurs conversations avec eux. Certain jour, en débarquant sur le rivage, il voit la tête coupée de Henakee, l'adversaire vaincu de Shungee. « La tête est en parfait état de conservation... Henakee reçut paraît-il quatre balles avant de tomber. Schungee (le chef qui est allé en Angleterre) et un autre surnommé Roi George se précipitèrent alors sur le blessé, lui coupèrent la tête, et se mirent à boire avidement son sang. Et comme si ce n'était pas suffisant, ces monstres découpèrent le corps, firent rôtir la chair et la mangèrent. Les pirogues qui reviennent de la guerre sont décorées de têtes à l'arrière et à l'avant. Il y a même des têtes à vendre ; on les échange à des chrétiens (1) pour des mousquets et des balles !... Ce pays est peuplé ; les indigènes sont groupés en villages. Oh ! que n'envoie-t-on un plus grand nombre de missionnaires ici ! ...

« Les Néo-Zélandais aimeraient nous voir rester. Notre petit garçon a près d'eux un grand succès. Je ne veux pas négliger de vous signaler que nous avons encore eu ici des marques de la bonté de Dieu. Le capitaine Henry craignant de ne pouvoir se ravitailler suffisamment dans la Baie des Îles, où des baleiniers venaient de passer, s'arrêta devant le cap Nord. Aussitôt, le pont fut envahi par les indigènes, et bien qu'ils fussent assez gênants, nous n'appréhendions aucun danger jusqu'au moment que Mr. Henry et Mrs. Williams désirèrent descendre dans le carré (2). Un chef qui s'était assis près de l'escalier se dressa et leur barra le passage. Ce que voyant, j'allai immédiatement vers eux ; mais un Tahitien m'avait devancé et jetait le Néo-Zélandais hors du chemin. Celui-ci se redressa blanc de rage et tira son couteau 'pour tuer le Tahitien qui se sauvait jusqu'à la batterie. Là il s'empara d'un sabre et fit front à l'ennemi. Tous deux gardaient leurs distances, mais le Néo-Zélandais hurlait : « Tue-moi ! Tue-moi ! » On réussit à les séparer avant qu'il n'y eût effusion de sang. Mais le pont restait, couvert d'indigènes : « Ils avaient envoyé leurs pirogues à terre, dirent-ils, pour rapporter des porcs et des pommes de terre. » Le vent était tout à fait tombé. C'était le calme plat. Quand les pirogues réapparurent, elles étaient uniquement chargées d'hommes : vingt à trente par pirogue. Point de femmes ni d'enfants ! Ce que voyant, le capitaine commanda d'amener tous les mousquets sur le pont et de charger les deux canons. Puis il ordonna à tous les Néo-Zélandais de quitter le navire (3). Enfin quand les pirogues furent à portée de voix - à quelque 90 mètres - il fit savoir que si on s'approchait davantage il ouvrirait le feu. Aussitôt les pirogues s'arrêtèrent, et un conseil de guerre fut tenu qui dura longtemps. D'après ce qu'ils firent ensuite, nous comprîmes qu'ils complotaient de s'emparer du navire ; ils restèrent à quelque distance. Certes, nous étions armés, et s'ils s'étaient approchés, il semble que nous les aurions facilement repoussés. Cependant nous étions dans une situation critique et nous redoutions que la nuit survînt avant que le vent fût levé. Très inquiet, et alors que nous craignions une attaque d'un moment à l'autre, je descendis dans ma cabine et là j'exposai toutes choses à « Celui qui secourt en temps de danger ». Lorsque je rentrai dans le carré, le capitaine Henry y arrivait et à ma grande joie il annonçait que la brise se levait. En moins d'une demi-heure, nos craintes se transformaient en un cantique de délivrance. Oh ! si seulement nous avions plus de sainte confiance en Dieu (4) ! ... »

Après avoir touché à Rurutu où John Williams encourage les évangélistes qu'il y a envoyés, les voyageurs arrivaient enfin à Raïatéa le 6 juin 1822, huit mois après l'avoir quitté. On les reçut avec toutes les démonstrations de la joie la plus vive. En leur absence, un complot avait été ourdi contre Tamatoa et son gouvernement, complot qui fut découvert avant d'avoir pu être exécuté. Dix de ceux qu'on avait surpris les armes à la main furent jugés et condamnés à mort ; peine qui fut rapportée sur l'intervention de Mr. Threlkeld et changée en celle de l'emprisonnement à vie, avec travail d'entretien des routes.

Lorsque la goélette achetée arriva à Raïatéa avec Mr. Scott, les indigènes - et surtout le roi - se montrèrent extrêmement reconnaissants. Tamatoa (5), à l'insu des missionnaires, rédigea et adressa une lettre aux directeurs de la Mission à Londres, lettre dont nous donnons la teneur ci-après :

Raïatéa, 9 juillet 1822.

« CHERS AMIS,

« Que la paix et la santé vous soient, frères, par Jésus-Christ notre véritable Seigneur.
« Mes frères, voici ma parole. N'imaginez pas de votre argent qu'il est perdu. Nous réunissons maintenant des marchandises pour acheter l'argent employé, et nous vous le renverrons. Ne supposez pas que la dette ne sera pas payée. Elle le sera, soyez-en certains. Ne dites pas : « Les fonds que nous recevons ne sont pas destinés à acheter des bateaux. » Un bateau est utile : par son moyen, nous recevrons ce qui nous est nécessaire et nos corps seront décemment vêtus. Mais voici un autre emploi du bateau : quand nous ferons savoir notre amour aux terres qui nous environnent et que nous leur enverrons des missionnaires pris parmi nous. Voici, deux d'entre nous sont déjà partis à Rurutu et deux autres à Aïtutaki. Ils enseignent la Parole de Dieu en ces deux pays qui ne connaissaient pas le nom de Jésus-Christ, et ils montrent aux païens le chemin du salut. Ils nous ont envoyé les dieux de néant de Rurutu, qui sont maintenant en notre possession ; et ils adorent Jésus-Christ le vrai Dieu.

« Mon coeur est plein de reconnaissance de ce que vous avez envoyé des missionnaires en notre pays de ténèbres et de ce que maintenant nous connaissons le vrai Dieu. Nous donnons de nos produits pour que la Parole de Dieu soit répandue. Et voici encore l'un des bienfaits du bateau. Quand nous voudrons revoir ceux d'entre nous qui sont partis évangéliser, ou si nous voulons leur, envoyer de nos produits, nous en avons maintenant la possibilité. Les lettres pourront aussi leur parvenir qui leur diront la bonne parole que nous entendons ; et par le moyen de ce bateau, ils seront tenus au courant des bonnes coutumes et comment il faut faire. Mon coeur se réjouit de ce que vous nous avez prêté de l'argent, de sorte que ce bateau a pu être acheté, ce dont nos corps bénéficieront.
« Puissiez-vous avoir santé et paix dans vos demeures en Angleterre par Jésus-Christ.

« TAMATOA, roi de Raïatéa. »

Au mois d'octobre, MM. Tyerman et Bennet, délégués de la Société des Missions de Londres, venus pour visiter les champs missionnaires en Polynésie, admirèrent sans réserve l'oeuvre accomplie par les missionnaires de Raïatéa. Une lettre qu'ils écrivirent aux directeurs à Londres, après quelque temps de séjour durant lequel ils visitèrent les écoles, assistèrent aux cultes, firent une tournée d'inspection dans l'île, etc..., se termine ainsi :
« ... Les résultats obtenus par l'oeuvre missionnaire ici, sont la preuve que la bénédiction de Dieu repose sur le travail de ses serviteurs ; ils prouvent aussi que la prédication de l'Évangile est le moyen le plus certain, le plus direct, le plus efficace, non seulement pour la transformation morale, mais encore pour la civilisation d'un peuple. Si vos efforts, Messieurs, n'avaient comme résultats que ce que nous voyons dans cette île, nous estimerions qu'ils ont été abondamment récompensés. »

Le 13 novembre 1822, John Williams avertit les directeurs de la Société des Missions que la goélette « l'Entreprise » a presque complété son chargement ; les indigènes préparent déjà une seconde cargaison, nous croyons que le produit des marchandises expédiées en ces deux voyages suffira pour achever de payer le navire.

« Tout prospère au delà de tout ce que nous espérions. Les indigènes ont déjà débroussé, préparé, planté, de cent vingt à cent cinquante vastes plantations, et je me perfectionne dans l'art de sécher le tabac et de bouillir le sucre. Nos Raïatéens ont aussi appris à bouillir l'eau de mer et ils ont préparé trois à quatre tonnes de sel. Vous jouiriez de les voir tous si occupés. Même les femmes cultivent de petits carrés de tabac qu'elles échangent pour des cotonnades et objets d'habillement. Nous désirons pouvoir importer ces articles sans qu'il en coûte rien à la Mission. »

Vers la fin de l'année, l'épreuve vint à nouveau visiter le foyer des Williams. « La maladie dont ils souffrent est telle - écrivent les envoyés de la Mission de Londres - que nous craignons qu'ils ne soient obligés de partir pour un pays plus froid. S'ils doivent en arriver là, LA PERTE POUR LA MISSION SERA TRÈS GRANDE (6). »

Effectivement, Mr. et Mrs. Williams étaient fort éprouvés dans leurs santés et le jeune missionnaire - alors que partout il voit des fruits de ses travaux - songe à nouveau au départ. Non pas tellement à cause de lui-même que pour sa chère femme. Pour la seconde fois elle venait de donner naissance à un bébé mort-né ; quelques jours après, une forte fièvre se déclarait et pendant cinq semaines elle fut entre la vie et la mort.

Les missionnaires, les délégués de la Mission de Londres, tous conseillent le départ pour un climat moins débilitant, en tout cas un changement immédiat de poste missionnaire. En principe, le départ est résolu. Mais John Williams désire voir l'achèvement des plantations en cours, et de semaine en semaine il recule le moment des adieux.

« Nous avons tout ce qui peut combler de joie un coeur missionnaire, écrit-il, excepté la santé. Si nous la possédions aussi, notre coupe déborderait. Peut-être le Seigneur a-t-il ailleurs une oeuvre encore plus grande à faire. Nous voulons dire : « Que ta volonté soit faite. » Mais la seule pensée de laisser un peuple qui nous est si attaché et auquel nous sommes tellement attachés nous-mêmes est une dure épreuve. Je rentre maintenant de notre « réunion pour questions ». Et là, un brave homme me dit : « Tu demandes que nous priions pour que Dieu aplanisse ton chemin et que tu discernes clairement sa volonté. Moi je ne lui demande pas d'aplanir ton chemin, mais d'y dresser des barrières de toutes parts. Ma prière n'est-elle pas bonne aussi ? » Oh ! que n'ai-je santé et force, non pour les consacrer aux choses vaines de ce monde, non pour amasser toutes les richesses de l'Orient, mais pour les dépenser au service des païens qui périssent et me dépenser aussi pour eux. » (7).

John Williams a maintenant le moyen de locomotion rêvé, il pourrait atteindre ces archipels païens auxquels il pense constamment. Quelle douleur de renoncer à l'oeuvre tant de fois caressée ! Mais si sa vie ne lui est point précieuse, l'état de sa femme l'oblige à Songer à des adieux définitifs. Cependant l'Eglise continuait de prier pour la famille missionnaire affligée, et à nouveau Dieu entendit et exauça. L'état de Mrs. Williams s'améliora si rapidement qu'il fut possible de songer à une sérieuse prolongation de séjour à Raïatéa. L'année 1822 touchait à son terme. Que d'actions de grâce montèrent vers Dieu ! Quel tribut de reconnaissance ; reconnaissance, d'un peuple tout entier, que la seule pensée du départ des Williams avait plongé dans le deuil.

La petite goélette achetée par J. Williams et rachetée par Tamatoa avait été nommée par lui : « Te Matamua » (8). En revenant de Sydney, où la cargaison du bateau avait été vendue, « Té Matamua » toucha à Aïtutaki, et en rapporta d'excellentes nouvelles. Papeiha envoyait à son missionnaire un rapport des plus encourageants et ce message de l'un des chefs : « Dis à Wiriamu que s'il vient nous visiter nous brûlerons nos idoles, nous détruirons nos maraës et recevrons la Parole de Dieu. »

Ce fut assez. Williams mûrit le projet longtemps caressé d'un voyage aux Îles Hervey, pour y répandre l'Évangile dans tout l'archipel. Il apprend qu'il y a à Aïtutaki des indigènes de Rarotonga, l'île que Cook a vainement cherchée. Il essayera de la découvrir.
Un Raïatéen (9) avait dit à John Williams la légende de Rarotonga, et Williams se sentait particulièrement attiré vers cette île.
« Autrefois, dit le vieillard, Rarotonga se trouvait tout près de Raïatéa, mais les dieux l'emportèrent au loin. Les gens de Rarotonga avaient fait un immense tambour nommé Tai-Moana, et ils voulurent l'offrir à Oro, le dieu de la guerre à Raïatéa. Ils l'envoyèrent donc avec des messagers : des prêtres, par pirogue à Raïatéa. Ceux de Raïatéa furent remplis de joie et se mirent à danser. Ensuite ils entrèrent en colère contre les gens de Rarotonga et ils les tuèrent. Alors les dieux furieux, pour punir Raïatéa, transportèrent l'île de Rarotonga et toits ceux qui l'habitaient bien loin dans les mers.
- Et où donc ? demanda John Williams.
- Je ne sais pas bien, dit le vieillard en fronçant les sourcils ; mais je crois que c'est par là » et il désignait le sud-ouest.

Le missionnaire raconta la légende à ses collègues : MM. Bourne et Threlkeld, et il fut décidé que MM. Bourne et Williams iraient d'abord à Aïtutaki pour prendre contact avec les évangélistes qu'on y avait laissés l'année précédente.

Tamatoa et les chefs mirent généreusement « Te Matamua » à la disposition de leurs missionnaires. Aïtutaki, et surtout Rarotonga se trouvent situées bien plus au sud que Raïatéa. Plus rapprochées du pôle, ces îles jouissent d'un climat tempéré, et les Raïatéens caressaient l'espoir que ce changement d'air suffirait pour le complet rétablissement de Mr. et Mrs. Williams.
Le départ était fixé au 4 juillet. La veille, au cours d'un solennel service d'adieux, six indigènes avaient été consacrés pour l'oeuvre missionnaire dans les îles qu'on espérait visiter (10).
L'enthousiasme fut tel parmi les indigènes qu'ils comblèrent de présents ceux qui allaient partir, leur donnant tout ce dont ils avaient besoin, non seulement pour le voyage, mais pour leur installation future

Quelle émotion le lendemain, quel concours de peuple au moment du départ ! La plage est couverte d'indigènes venus pour dire un dernier adieu aux partants : au premier rang les parents et les amis des missionnaires choisis.

Le voyage dura cinq jours. John Williams en profita pour rédiger une lettre pastorale destinée aux missionnaires raïatéens. Cette lettre nous révèle sa pensée, et nous la traduisons aussi fidèlement que possible, en y laissant les polynésianismes (11). Toutefois nous avons fait quelques coupures.

En mer, à bord de la goélette « Te Matamua », 6 juillet 1823.


Chers frères,

Soyez sauvés par Jésus-Christ, et dans l'accomplissement de l'oeuvre pour laquelle vous avez été choisis par l'Eglise de Raïatéa. Cette oeuvre est nouvelle pour vous ; il est donc bon que je vous donne quelques conseils pour le moment de l'arrivée au pays où Dieu vous conduira. Au commencement, vous aurez peut-être des difficultés par vingtaines ! Mais ne vous laissez pas abattre !

Souvenez-vous que ce que Jésus a dit à ses premiers disciples, Il vous le dit aussi : « Voici ! Je suis toujours avec vous jusqu'à la fin du monde. » Jamais Il ne vous oubliera ni ne vous rejettera. Sa Parole aussi doit croître nécessairement. Ceci ne peut être empêché, Vous, vous-même, vous connaissez la force de sa Parole qui a renversé le royaume de Satan à Raïatéa et dans les îles voisines. Il peut arriver que la croissance se fasse lentement dans le pays où vous irez ; mais ne vous découragez pas. S'il plaît à Dieu d'éprouver votre foi et votre patience, c'est son affaire. Il ne peut se tromper en tout ce qu'Il fait. Si vous êtes éprouvés, souvenez-vous des missionnaires dans vos îles. Que d'années ils ont travaillé avant de voir croître la semence.

Souvenez-vous de la mort de Jésus, et songez que les indigènes habitant les îles où vous allez sont rachetés par son sang. Souvenez-vous aussi de ce que la puissance de Jésus a déjà fait à Raïatéa, à Rurutu, et dans vos propres coeurs, et ne cédez pas au découragement.
Travaillez bien, priez beaucoup ; la prière c'est « la puissance avec Dieu ». Peut-être serez-vous les témoins de toutes les coutumes corrompues et dégradantes que vous avez rejetées. Vos coeurs seront remplis de reconnaissance envers Dieu de ce qu'Il a ouvert vos yeux...

Voici quelques conseils pour votre conduite:
I. En ce qui vous concerne : Veillez sur vos coeurs. Que votre foi ne devienne pas languissante. Soyez fervents dans la prière secrète, et ayez entre vous telle conversation qui maintiendra la vie dans vos coeurs. Même si les païens n'observent pas immédiatement le dimanche, vous, employez-le à rechercher auprès de Dieu la force. Il faut une grande force pour le travail excellent dans lequel vous vous engagez. Vous n'aurez pas de missionnaire près de vous pour vous vivifier et vous exhorter. Vous n'aurez pas de frères à vos côtés pour veiller sur vous et vous encourager. Satan en prendra avantage et il vous attaquera avec furie sachant que vous n'avez plus de tuteur pour vous soutenir. Nous-mêmes nous avons senti combien cela nous manquait. Que ferez-vous ? Ceci : les rivières étant taries, vous irez à la fontaine des eaux vives : Jésus. Tenez-vous constamment tout près de Lui, vous souvenant de ce qu'Il dit : hors de moi vous ne pouvez rien faire. Nous prierons Dieu sans cesse que vos coeurs soient gardés par le Saint-Esprit, que votre foi augmente, que vous soyez persévérants, et que le succès couronne vos travaux.

Il. Pour ce qui est de l'extérieur : Vous êtes maintenant comme la cité construite sur une montagne. Les yeux sont fixés sur vous ; ceux de l'Eglise à Raïatéa, ceux de vos frères des îles, ceux des missionnaires, ceux des directeurs de la Société de Londres, et surtout les yeux du Seigneur Jésus. Le ciel et l'enfer vous regardent et les païens parmi lesquels vous travaillerez. Ceux-ci vont vous surveiller avec « des yeux de rats » pour découvrir quelque recoin tortueux en votre conduite. Conduisiez-vous avec circonspection. Prenez garde de montrer le moindre désir de leurs biens. Prenez garde à l'orgueil du coeur ! Ne regardez pas les païens avec dédain mais ayez de l'amour pour eux, vous souvenant de Celui qui a fait de vous des hommes nouveaux.
Veillez aux petites difficultés. S'il s'en présente, ayez une explication affectueuse et arrangez-la. Que les païens ne soient pas les témoins de divisions entre vous.

III. Prenez garde à l'envie et aux mauvaises pensées : Nous recommandons cela de façon toute particulière à vous et à vos femmes. Voilà les choses les pires... Et Satan désire qu'elles existent... car il y trouve un grand avantage. Ne dites jamais de mal l'un de l'autre... Si sur quelque point vous n'êtes pas d'accord, laissez la chose et priez Dieu qu'Il vous dirige ; puis reparlez-en ensemble. Si vous êtes encore d'opinion différente, que l'un de vous cède, et quand nous vous visiterons, nous arrangerons l'affaire. Longtemps vous nous avez suivis, Mr. Threlkeld et moi, Imitez-nous dans la mesure que nous avons suivi Jésus.


VOTRE TRAVAIL

I. Souvenez-vous que vous travaillez pour le Seigneur Jésus-Christ. Ce n'est pas la force de l'homme qui vous fera prospérer. Le Saint-Esprit doit agir. Sans Lui, le travail est vain...

II. Vous enseignerez les adultes et les enfants. Vous prêcherez, baptiserez et donnerez la Sainte Cène. C'est pour cela que vous avez été mis à part. Voici les principales doctrines que vous enseignerez : la création de toutes choses par Dieu l'homme bon avant la chute ; les effets de la chute le grand amour de Dieu fournissant Lui-même le sacrifice pour nous ; la mort et la résurrection du Seigneur Jésus-Christ, source unique de pardon et de justification devant Dieu ; la méchanceté et la faiblesse du coeur humain ; la nécessité du Saint-Esprit pour changer le coeur et le rendre bon... Ces doctrines et plusieurs autres du catéchisme, vous les enseignerez et vous les prêcherez ; mais n'enseignez que ce que vous comprenez bien ; n'essayez pas d'expliquer ce qui est difficile ; que tous vos discours ne soient pas dirigés contre l'esprit mauvais (12), mais exaltez le Seigneur Jésus-Christ et son Évangile ; dites bien et complètement son grand amour envers nous et l'efficacité de son sang pour purifier l'âme et la sauver. Voici le sujet de vos discours : Jésus. Comme les apôtres et les prophètes, ne craignez pas d'annoncer Jésus. Il est notre Ami, notre Chemin, notre Refuge, notre Nourriture, notre Médiateur, notre Sauveur. Ne vous contentez pas de prêcher le dimanche. À toutes les grandes réunions des païens, à toutes leurs fêtes, allez au milieu d'eux et prêchez l'Évangile. Quand les prophètes auront commencé leurs déclamations et les prêtres leurs harangues, dites la bonne Parole. Proposez-leur quelque problème en présence de tous et ils seront vite confondus. Pensez constamment à l'oeuvre à faire. À cette oeuvre, donnez vos mains, vos bouches, vos corps, vos âmes, et Dieu bénira vos travaux.



LA PLAGE, TAHITI

Ill. Concernant le Baptême : Si Dieu fait selon nos désirs, vous aurez à baptiser. Mais n'agissez pas avec trop de hâte... Quand quelques personnes auront rejeté leurs idoles, ayez une réunion semblable à notre réunion du Vendredi et expliquez-leur l'origine, l'objet du baptême ; et ce que doit être la conduite de celui qui est baptisé.

IV. À propos de la Cène du Seigneur : Ne négligez pas de communier et de commémorer ensemble la mort du Seigneur. Si le moment vient que des croyants veulent se joindre à vous, acceptez-les. N'admettez personne parce qu'il est chef ou occupe une haute situation. Ne regardez pas seulement à l'extérieur. Que les personnes que vous accepterez aient une bonne conduite sans rien de tortueux, que leur repentance soit sincère et qu'elles croient vraiment au Seigneur Jésus-Christ. Seulement ceux pour qui il en est ainsi peuvent être admis dans l'Eglise.

Il est possible qu'on vous pose des questions sur des sujets difficiles. L'un d'eux sera peut-être celui-ci - quand un homme se convertit et qu'il a deux femmes, que doit-il faire ? - Qu'il en renvoie une si la femme est d'accord ; sinon qu'il garde les deux. Mais il vaut mieux qu'une des deux soit renvoyée. Employez-vous à atteindre ce but, mais uniquement par la persuasion. Mais si l'une des deux femmes meurt, ce serait pécher pour le converti que d'en prendre à nouveau une seconde. La femme qui a deux maris (13) doit en renvoyer un... Je vous écrirai plus en détail sur ce sujet. Mais aussitôt que vous le pourrez, introduisez la cérémonie du mariage.

Ne vous hâtez pas de proposer des lois. Vous pouvez dire aux chefs ce qui s'est passé dans nos îles, laissez-les désirer une même transformation et la proposer. Toute chose est bonne en sa saison. On ne nourrit pas les enfants avec de la nourriture solide.

Veillez à ne pas donner un caractère sacré aux choses d'importance secondaire ; les indigènes ne sont que trop portés à cela. Travaillez à faire disparaître les mauvaises habitudes, telles que se couper et taillader le corps en saison de tristesse, aller nu, se tatouer, manger le poisson cru, etc... Mais occupez-vous d'abord des plus grands maux ; vous songerez ensuite aux moindres.

Soyez diligents pour ce qui est des choses de cette vie. Un missionnaire paresseux est tout à la fois un être vilain et inutile. Faites-vous de bonnes maisons, qu'elles contiennent le nécessaire ; et que cela aussi soit bien fait. Que votre maison soit en exemple au peuple. Enseignez aux indigènes tout ce que vous savez : à faire des maisons, une charpente, du plâtre, des lits, des sièges, à fabriquer de l'huile et de la fécule d'arrow-root... Que vos femmes enseignent aussi aux femmes indigènes à coudre, à tresser des chapeaux, des nattes, à faire de l'étoffe, de telle sorte qu'elles puissent se couvrir décemment.

Ne vous hâtez pas de commencer les réunions du soir. Si vous en faites, qu'il n'y en ait pas plus d'une ; par semaine, de peur que cela ne devienne une occasion de faire le mal. -

Parlez et enseignez dans le langage de Raïatéa (14) pour que les indigènes puissent se servir de nos livres. C'est tout ce que j'avais à vous dire. Veillez chacun sur son propre coeur. Nous ne cesserons pas de prier pour vous, afin que tout aille bien et que le succès couronne votre travail. Écrivez-nous et dites-nous les petites choses dont vous pouvez avoir besoin. Nous ne vous négligerons pas. Nous ne pensons pas avoir plus de six ou huit missionnaires à la fois afin de pouvoir subvenir à leurs besoins. Vous aurez des moyens de communication par notre goélette, et s'il arrive que l'un de vous veuille retourner à son foyer pour voie ses amis et nous donner, de ses nouvelles, qu'il vienne, qu'il n'hésite pas ; nous serons heureux de le voir. Le bateau repassera bientôt pour vous remettre des livres. Aimez Jésus et l'Évangile d'un coeur sincère. Sondez sa Parole, et priez-le de ne pas vous laisser, de ne pas vous abandonner.
Puissiez-vous avoir santé et paix par notre Seigneur Jésus-Christ.

John Williams.

Le cinquième jour on arrivait à Aïtutaki. La goélette s'est à peine immobilisée sur ses ancres que des pirogues sillonnent la mer, entourent le bateau missionnaire ; les indigènes saluent les arrivants. Mais John Williams refuse de laisser monter personne tant qu'il n'a pas vu l'un des chefs ou l'un des missionnaires laissés dans l'île, bien que les indigènes en saluant les voyageurs assurent que la Parole de Dieu a pris racine à Aïtutaki.

Enfin Tapati, le chef (15), arriva, et à sa grande joie John Williams entendit confirmer les bonnes nouvelles : les maraës étaient détruits, les idoles brûlées, un grand temple avait été construit pour Jéhovah et on attendait que le missionnaire vînt pour y prêcher la Parole.
Puis Papeiha et Vahatapa arrivèrent à leur tour. Quelle joie pour eux de revoir leur missionnaire, leur ami Après les effusions du revoir, tous : le chef, les missionnaires raïatéens, MM. Bourne et Williams descendirent à terre.

« Toutes les espérances que nous avons fondées sur le ministère indigène sont dépassées, écrit John Williams dans son journal. Nous avons ici une démonstration de sa capacité, de son efficacité. J'ai félicité nos missionnaires pour l'excellent exemple qu'ils avaient donné à Aïtutaki. Leurs habitations sont bien construites, divisées en cinq chambres... Et maintenant les indigènes se mettent à construire. Des maisons sont même terminées et déjà meublées. Les lits y sont entourés de rideaux de percale blanche comme le sont ceux de leurs missionnaires. Quels changements où que nous portions nos regards ! Mon coeur se réjouit... Il y a dix-huit mois seulement que nos deux missionnaires s'établissaient ici au milieu des sauvages !... Mais il faut que Christ soit glorifié, que les païens soient sauvés et l'empire de Satan renversé... J'espère de grandes choses, je prie pour de grandes choses, et je les attends en réponse à ce labeur... »

Après deux jours passés à Aïtulaki, après avoir prêché dans le beau temple (16), tenu des réunions, et installé d'autres évangélistes dans l'île, les voyageurs reprirent le chemin du rivage pour s'embarquer. John Williams avait dit qu'il pensait aller à Rarotonga, et plusieurs indigènes de cette île, transportés malgré eux à Aïtutaki, demandèrent à prendre passage, ce qu'on leur accorda. Comme John Williams approchât du rivage, son attention fut attirée par des cris, des lamentations, et il se trouva en présence de femmes qui s'étaient fait des incisions à la tête, à la figure, à la poitrine, aux bras, aux jambes. Le sang coulait et leur apparence était des plus répugnantes. ' « Pourquoi ces horribles cris, et pourquoi se blessent-elles si cruellement, demandèrent les missionnaires ? - C'est à cause du départ de leurs amis. » Nous leur expliquâmes que cette coutume est incompatible avec la profession de christianisme. Mais elle est tellement répandue qu'il n'y a probablement pas une femme, dans l'île dont les membres et le torse ne soient couverts de cicatrices. Le vieux chef qui nous accompagnait se comporta dignement. Il dit un cordial adieu à tous ses amis en frictionnant vigoureusement son nez avec le leur, et sans avoir l'air d'entendre les cris hideux qu'on poussait de tous côtés. Les indigènes nous comblèrent, nous apportant des présents de tout ce que produisait leur île.

Papeiha s'était bravement offert comme pionnier pour planter l'Évangile à Rarotonga. Le petit navire leva l'ancre, hissa ses voiles, gagna rapidement la passe et l'Océan, et prit la direction du Sud à la recherche de l'île dont Williams avait tellement entendu parler, par le vieillard raïatéen et par Auura.

Plusieurs jours on navigua vers le Sud et Williams profita de cette traversée pour entendre tout au long le récit des expériences du fidèle évangéliste qui, laissant un champ d'activité donnant déjà des fruits, s'était proposé pour annoncer l'Évangile en un pays dont les indigènes étaient réputés pour leur grande férocité et leurs cruautés.

« Quand nous fûmes seuls à Aïtutaki, dit Papeiha, ils nous prirent et nous conduisirent au maraë, et nous consacrèrent aux dieux dont nous voulions détruire le culte. Ils ne nous firent pas de mal, nous vivions au milieu d'eux, et leur parlions de Jéhovah ; mais la guerre éclata entre deux tribus, et le parti adverse vint et prit tout ce que nous avions : habits et provisions. Trois fois la guerre recommença ; mais nous savions que nous étions entre les mains de Dieu et qu'Il pouvait se servir même de la guerre pour mettre fin à l'idolâtrie. La dernière guerre terminée, nous fîmes le tour de l'île en annonçant Jésus. Un jour qu'une grande foule nous écoutait, un prêtre très très vieux survint pour s'opposer à nous : « C'est Te-erui qui créa le monde, criait-il ; c'est lui qui fit Aïtutaki.
- Non ! Dieu seul a le pouvoir de créer, lui répondîmes-nous... Mais le vieillard continuait de crier : « Te-erui est grand ! Il est le, premier homme. » Alors je lui dis : « Et qui est son père ? - C'est Tetareva qui vint d'Avaïki, qui est au-dessous. Tetareva monta de la place en-dessous jusqu'à ce qu'il fut arrivé au sommet.
- Alors, lui demandai-je, cette terre existait avant que Tetareva vînt ?
- Très certainement.
- Alors Te-erui ne l'a pas créée puisqu'elle existait déjà quand son père est venu d'en-dessous ? »

« Le pauvre vieillard, perplexe, ne savait que répondre et il se ridait le front pour trouver quelque chose. Alors, moi et Vahapata nous commençâmes à annoncer le Dieu qui est de tout temps : l'Éternel. Les indigènes écoutaient dans le plus grand silence ; si le moindre bruit s'élevait, quelque voix criait :
« Mamu » (17), « Mamu », « Silence ! Écoutez ! » Et, quand je leur parlai de l'amour de Dieu envoyant son fils dans le monde pour sauver les hommes, ils s'écrièrent : « C'est ici la vérité ; notre religion n'est que mensonge. »

« Alors, quelques indigènes dirent qu'ils voulaient servir le même Dieu que nous ; mais d'autres se levèrent et firent les plus grandes menaces, parlant même de tuer ceux qui abandonneraient le paganisme : « Qui sont ces gens, criaient les païens en nous désignant, Vahapata et moi ? Deux épaves, deux morceaux de bois jetés par la mer sur nos rivages. Ils disent que leurs amis viendront les voir sur une grande pirogue avec des ailes blanches, mais ce n'est pas vrai. »

« Peu après, le peuple courait vers le rivage. Le vaisseau que vous nous aviez annoncé arrivait à Aïtutaki. Le capitaine descendit à terre et offrit aux chefs des présents : des haches, des porcs, des chèvres.
« Alors, le peuple dit : « Voilà ceux que vous nommez des épaves ! Ils ont cependant des amis qui leur envoient un grand bateau de Parétané (18), et ils envoient des choses extraordinaires que nous n'avons jamais vues. »
« Alors le peuple demanda que nous leur disions encore les paroles du vrai Dieu, et dirent qu'ils voulaient rejeter les idoles. Toutefois, un vieillard, le grand-père du chef d'Aïtutaki, refusait absolument d'abandonner le culte des idoles. Un jour qu'il faisait une grande fête en l'honneur de ses dieux, sa fille qu'il chérissait tomba malade. Tous ses prêtres vinrent alors pour supplier les dieux de lui rendre la santé, priant trois fois le jour : le matin, à midi, le soir et tous les jours ainsi, mais la jeune fille mourut.
« Alors, le vieillard courroucé dit à son fils le lendemain matin : « Va, brûle-les ! » Son fils partit et il mit le feu au maraë et aux idoles du maraë de son père. Le dimanche suivant, les indigènes vinrent nombreux, chargés de faux dieux qu'ils jetèrent à nos pieds... »



PAPÉJHA

Nous ne pouvons donner en cette biographie tous les détails des transformations qui suivirent l'introduction du christianisme à Aïtutaki. Le peuple s'est tourné vers Dieu. Il faut l'instruire, l'occuper. La construction d'un temple a été décidée. Les évangélistes aidés par les indigènes ont préparé du bois et entassé dessus du corail pour faire la chaux. « Quand le peuple vit les flammes monter au ciel, il se mit à danser de joie en chantant et criant :
« Oh ! Ces gens qui viennent d'un pays lointain, ils cuisent les pierres ! Venez cyclones, détruisez nos bananiers et nos arbres à pain, nous ne souffrirons plus de la faim ; les hommes du pays éloigné nous montrent à cuire les pierres ! » Le matin, lorsqu'ils virent une jolie poudre blanche, leur étonnement fut extrême ! Ils blanchirent leurs chapeaux et leurs habits et se mirent à se promener et à s'admirer mutuellement. Vahapata et moi nous avions déjà préparé une partie du mur avec des branches entrelacées. Alors, nous avons pris du sable humide que nous avons mêlé avec « les pierres rôties », puis nous ayons recouvert les branches de notre préparation et ensuite nous avons mis des nattes pour empêcher les indigènes de toucher avant que le ciment fût sec. Le lendemain, les chefs et toute l'île vinrent de bonne heure pour nous voir enlever les nattes. Quel étonnement lorsqu'ils virent le mur blanc ! Ils vinrent de près l'examiner, ils y frottèrent leurs nez, ils le sentirent, quelques-uns l'égratignèrent ; d'autres prirent des pierres et les jetèrent dessus pour en essayer la solidité... « Merveilleux ! Merveilleux ! répétaient-ils ! Les pierres mêmes de la mer et le sable du rivage deviennent utiles entre les mains de ceux qui adorent le vrai Dieu... »

Tandis qu'il écoutait son fidèle Papeiha, les yeux de John Williams sondaient l'horizon, essayant de découvrir l'île que Cook avait inutilement cherchée. Après huit jours de traversée, il dut renoncer à trouver Rarotonga, et on se dirigea vers Mangaia, où le capitaine Cook avait passé quarante-cinq ans auparavant. Après Cook, un baleinier s'était approché de l'île. Alors que les Mangaians trafiquaient avec les gens du bateau, Tairoa frappa un blanc de sa lance et le tua. Puis, sautant dans sa pirogue, il s'éloigna promptement. Lorsqu'il fut à une distance qui lui semblait raisonnable, Tairoa s'arrêta pour essayer de voir ce qu'on faisait à bord du navire. Un long bambou était pointé vers lui, semblait-il, puis un éclair, un coup de tonnerre, et Tairoa tombait mort au fond de sa pirogue.

Aussi quand les indigènes virent apparaître un grand bateau dans le genre de celui de « Tuté » (19), c'est-à-dire un bateau sans balancier qui avançait sans rames et tout seul, ils se souvinrent du « bambou qui donnait la mort » et ils attendirent avec des sentiments de frayeur et un désir de vengeance, tout en hissant un drapeau blanc. À bord du « Matamua » on fait de même. Mais les indigènes méfiants refusent de venir, malgré toutes les invitations et toutes les offres de John Williams. Alors, avec l'assentiment de son missionnaire, Papeiha descendit et se fit conduire dans l'embarcation du bord jusqu'aux récifs (20). Une fois là, il plongea dans la mer où il attendit que se formât une forte vague venant du large : lorsqu'il la vit courir, il se jeta sur son passage, avec elle traversa les récifs et atteignit le rivage. Ce trait de courage frappa les indigènes qui restèrent muets. Papeiha dit alors que le bateau missionnaire était un messager de paix, et qu'il amenait des missionnaires pour annoncer les paroles du vrai Dieu. On l'écouta avec plaisir et on lui dit que les missionnaires pouvaient venir, ils seraient bien accueillis. « Retourne à la grande pirogue et ramène-les ! »
Papeiha gagna le récif à la nage, puis monta dans l'embarcation qui le ramena au navire.

Après quelques hésitations, et Papeiha assurant qu'il n'y avait point de danger, les deux évangélistes et leurs femmes firent leurs préparatifs et leurs derniers adieux, et ils descendirent dans le canot avec Papeiha. Comme ils atteignaient le récif, ils virent que les indigènes étaient armés de frondes et de lances. Papeiha cria qu'on mît de côté les armes, ou bien les missionnaires n'iraient point jusqu'à terre. Les indigènes obéirent : le bateau fut alors lancé dans la mer intérieure et les apôtres polynésiens atterrirent.

À peine avaient-ils mis le pied sur le rivage qu'ils étaient entourés, saisis, pillés. Une scie fut brisée en trois morceaux que les chefs suspendirent à leurs oreilles comme ornements, une caisse de chapeaux destinés à faire des présents tomba à l'eau ; les paquets contenant les pièces des lits furent brisés : celui-là s'emparait d'un morceau, un autre prenait une colonne, etc... Les bambous contenant de l'huile furent ouverts et les Mangaians se firent d'abondantes onctions. Les deux porcs qu'on voulait offrir en présent furent saisis sur l'ordre du chef. Jamais, on n'avait rien vu de semblable ! Ce sont des dieux, dit le chef, qui place sur eux les insignes de sa dignité et fait conduire les porcs au maraë. Un cri perçant éclate dans tout ce bruit, celui de la femme d'un évangéliste ; il est suivi d'un autre cri. Les évangélistes veulent aller au secours de leurs femmes, on leur fait un croc-en-jambe, ils sont jetés à terre et on les y maintient tandis que les femmes sont emmenées. Papeiha veut bondir sur les ravisseurs. On lui jette sur la tête un tiputa, sorte de cape avec un trou et on va l'étrangler. Mais, prompt comme l'éclair, il passe ses deux mains dans l'orifice pour protéger sa gorge. Aurait-il réussi à échapper à ses bourreaux ? C'est peu probable.

Tout à coup, une formidable détonation retentit. Du navire, on suit ce qui se passe à terre et on vient de tirer « un coup de canon. Les sauvages sautent en l'air de frayeur, comme s'ils avaient été tous touchés, puis ils s'enfuient vers la forêt. Seul, le chef est resté. Et Papeiha indigné va vers lui : « Comment oses-tu nous inviter à descendre, lui demande-t-il, et tu permets qu'on nous mette en pièces ! Est-ce là la conduite d'un chef ? »
Le chef baissa la tête et se mit à pleurer, puis il dit : « Ici, toutes les têtes ont la même hauteur » (voulant dire par là que son autorité était inexistante).

Lorsque la goélette eut recueilli ceux qui s'étaient donnés avec tant de joie pour l'évangélisation de Mangaia, John Williams fit diriger le navire vers Atiu, où quelques semaines auparavant on avait laissé deux missionnaires envoyés par Bora bora. Il tardait à John Williams de savoir comment ils étaient traités. L'île apparut enfin : une terre basse, dominée au centre par un plateau assez élevé et couverte de verdure jusqu'à la mer, où les aïto géants (bois de fer, sorte de conifères) laissent retomber les fines aiguilles des branches basses. Pas de port. La goélette doit croiser au large. La côte de formation corallienne est percée de profondes cavernes où la mer s'engouffre avec fracas. Bientôt, on vit des pirogues se détacher du rivage et venir vers la goélette. Dans l'une d'elles on peut discerner deux hommes amaigris, à peine vêtus, l'air misérables. Les évangélistes envoyés par Mr. Orsmond sont méconnaissables. On leur a tout pris, on a refusé de les nourrir et on a refusé de les entendre.

Voici maintenant l'embarcation royale : embarcation formée par deux pirogues réunies par une haute plate-forme, où est assis le roi. La pirogue royale est habilement manoeuvrée par un double équipage et avance avec une grande rapidité. Le roi est grand, élancé, il a un maro (21) autour des reins, sur le torse une chemise, - ces vêtements ont très probablement été volés aux missionnaires, - ses longs cheveux d'un noir d'ébène flottent au vent, et son corps se balance en cadence avec le mouvement qu'impriment les pagayeurs à l'embarcation.

À peine est-il à bord que le chef d'Aïtutaki le prend par la main et le conduit à l'écart pour l'avertir des grands événements survenus a Aïtutaki... « Nous avons cessé d'offrir des hommes et des jeunes filles en sacrifices sur les maraës, dit-il. Ces sacrifices sont inutiles, puisque Dieu ne les accepte pas pour pardonner et puisque Jésus est mort à notre place... »

La figure du chef Atiu exprime un grand étonnement à l'ouïe de ces paroles. Le chef d'Aïtutaki parle encore et se fait pressant : « Fais comme moi, dit-il, accepte le vrai Dieu, brûle tes idoles. Viens voir celles que nous n'avons pas encore brûlées », et il le conduisit vers l'endroit où étaient entassés les dieux d'Aïtutaki comme le seraient des charges de bois ordinaire. C'était un samedi. Et l'on persuada à Romatane de passer la nuit à bord. Le dimanche matin, il se joignit aux autres pour le service divin. John Williams avait pris son texte au livre des Psaumes et dans celui du prophète Esaïe, et il commenta les passages concernant les idoles (22). La pensée de Romatane fut vivement impressionnée par les descriptions des écrivains sacrés, très particulièrement par les mots : « Il en fait aussi du feu pour cuire du pain, il cri fait aussi un dieu et se prosterne devant lui, il en fait une idole et il l'adore. Il en brûle au feu une moitié et avec cette moitié il prépare sa viande, il la fait rôtir, il se rassasie... Puis du reste de ce bois il fait un dieu, son idole ; il l'adore et se prosterne, il le prie et dit : délivre-moi car tu es mon dieu... »

Aucunes paroles ne sauraient faire plus d'impression sur la pensée d'un chef polynésien que ces versets inimitables de la Parole inspirée... Les indigènes ont deux mots qui ne sont pas très différents, mais qui s'appliquent à des choses opposées : ce sont mo'a et no'a. Mo'a désigne ce qui est sacré. No'a, le contraire. Tout ce qui se rapporte aux dieux, ce qui touche aux dieux, est le superlatif de mo'a, et tout ce qui touche à la nourriture, à la cuisson de la nourriture est no'a. Et, avec une force irrésistible, Romatane sentit la grande folie qu'il y avait à faire avec la même pièce de bois deux choses si opposées : un dieu et la cuisson d'aliments et d'unir ainsi deux choses extrêmes, le mo'a et le no'a qui ne peuvent s'unir : le sacré et le vil. D'abord, il sembla plongé profondément dans ses pensées et resta silencieux puis il reprit la conversation avec le chef d'Aïtutaki, conversation qui se prolongea fort avant dans la nuit. Au matin, Romatane s'était donné au vrai Dieu. Et il retournait à terre avec la résolution de détruire ses maraës, ses idoles, et d'élever un temple à Jéhovah.

Apprenant qu'il y avait encore deux autres îles dans les environs, îles dont Romatane était aussi le chef, nous lui demandâmes de bien vouloir nous y accompagner et de s'employer à ménager un accueil favorable aux évangélistes si durement traités à Mangaia. Il accepta aussitôt notre invitation. Nous désirions aussi le garder le plus longtemps possible auprès de nous pour continuer l'oeuvre commencée en son coeur. Le voyage à Mitiaro et à Mauke nous en fournissait l'occasion.

La première preuve de la sincérité de sa conversion fut l'ordre qu'il donna à son peuple avant de le quitter : « Je pars pour un temps, je reviendrai : que personne ne se déchire la figure avec des dents de requins et ne se lacère la poitrine avec des pierres. » Le peuple obéit, tout en se demandant pourquoi le roi interdisait les anciennes coutumes.

Mitiaro est une petite île, le point le plus élevé au-dessus de l'Océan, à vingt mètres à peine. Les pirogues se détachèrent du rivage pour accoster « à la grande pirogue avec des ailes blanches » [notre goélette]. Les indigènes qui se présentèrent à bord furent tout étonnés et effrayés d'y voir leur grand chef : Romatane. « Dites au chef de Mitiaro de venir me voir », commanda-t-il ! Aussitôt, ou s'empressa de porter le message du roi. En grande hâte, le chef de Mitiaro donna des ordres pour qu'on construisît rapidement une maison pour Romatane, et, tout tremblant, il se présenta à bord, devant le cruel despote qui, - quatre ans auparavant, - avait commis toutes les atrocités en ce pays. Des hommes et des femmes, pieds et poings liés, avaient été jetés vivants et hurlants d'horreur dans l'immense four des cannibales ; on avait brisé la tête des petits enfants sur les rochers, sous les yeux de leurs mères. D'autres, par deux et trois, furent embrochés ensemble par la tête transpercée au niveau des oreilles. Enfin pour lancer à la mer les grandes pirogues de guerre par-dessus le banc de corail, au lieu des troncs de bananiers, on avait employé comme rouleaux des corps vivants d'hommes et de femmes.
Le voilà bien le bonheur des peuples sans Dieu !

On comprend l'effroi du chef de Mitiaro lorsqu'il vint se présenter à Romatane. Mais lorsque celui-ci dit : « Tu vas détruire et brûler les maraës, et tu abandonneras le culte des faux dieux ; je veux te laisser un homme qui t'enseignera le culte du vrai Dieu... » Le chef se demanda si Romatane était dans son bon sens ; ou bien si le monstre préparait quelques nouvelles tueries ?
« Eh quoi ! s'écrièrent le chef et ses suivants :
- Détruire les maraës ? Les dieux seront furieux et ils nous étrangleront.
- Non ! répondit Romatane. Une pièce de bois que nous avons couverte d'ornements et nommée dieu, est incapable de tuer.
- Faut-il aussi se défaire de Taria-Nui ? [« Grandes oreilles. » Le roi lui-même était le prêtre de Taria-Nui].
- Oui ! répondit Romatane sans une seconde d'hésitation ; cessez de l'adorer ainsi que tous les autres mauvais esprits. Je vais vous laisser quelqu'un qui vous enseignera. Traitez-le bien ! Donnez-lui une maison, de la nourriture, et écoutez ce qu'il vous dira. Je ne me servirai pas de la maison que vous faites pour moi. Faites-en une maison où vous prierez Jéhovah, le grand Dieu. Tana (23) vous dira comment faire.
- Tu as ordonné que nous préparions une grande fête avec danses. Reviens-tu pour cette fête ?
- Je reviendrai, mais pas pour cela. Pour savoir si vous traitez bien Tana. »

Et le chef étonné retourna vers Mitiaro, pour exécuter les ordres qu'il venait de recevoir.

La goélette leva l'ancre et, sur les indications de Romatane, on mit le cap sur Mauke, petite île où aucun navire n'avait encore touché. Dès qu'on fut en face de l'île, des pirogues remplies d'indigènes se détachèrent de Mauke, s'avançant vers le petit navire. À leur grand étonnement, ils virent leur roi appuyé au bastingage qui surveillait leur arrivée. Une fois. à bord, ils furent encore plus étonnés de voir des blancs. MM. Williams et Bourne étaient les premiers hommes blancs qu'ils eussent jamais vus. Ils prirent leurs mains, les sentirent, relevèrent le poignet de la chemise pour découvrir le bras, et s'émerveillèrent de sa blancheur. « Ce sont de grands chefs » se dirent-ils l'un à l'autre.

John Williams leur apporta quelques hameçons, mais ils les regardèrent avec un grand mépris, ignorant encore la force du métal. Et montrant au missionnaire des hameçons taillés dans des noix de coco, et dans des nacres perlières, ils lui dirent : « Vois ! Si les poissons brisent parfois nos hameçons, de quoi les tiens pourraient-ils servir ? » On amena des chèvres pour les faire descendre dans l'embarcation, qui devait aussi mener à terre l'évangéliste, sa femme et le roi. Jamais les indigènes n'avaient encore vu de chèvres. Et ils s'écrièrent en appelant leurs compagnons : « Venez ! Venez voir ces oiseaux avec de grandes dents sur la tête [les cornes de l'animal]. »

Enfin le canot partit vers l'île. Le roi la quitta un peu avant les brisants et se jeta à la mer sur la crête de la septième grande vague qui vint déferler sur la rive. Dès que ses pieds touchèrent le sol, il dit aux indigènes et au chef qui s'empressaient autour de lui :
« Je suis venu vous dire de recevoir la Parole de Jéhovah, le vrai Dieu, et vous recommander un missionnaire et sa femme : ils vous instruiront. Détruisez les maraës, brûlez les mauvais esprits... Vous construirez une maison pour le service du vrai Dieu. »

Le peuple restait muet. Quoi ! détruire ces dieux devant lesquels même le roi avait toujours tremblé ! Enfin, surmontant leur étonnement et leur émotion, ils répondirent qu'ils feraient selon que le roi voulait. Puis ils ajoutèrent : « Viendras-tu au Takarua (24) ? »
- Toutes ces coutumes sont abolies, répondit Romatane. Quand je viendrai, ce sera pour me rendre compte de la manière dont vous acceptez la Bonne Parole. » Puis il dit adieu aux évangélistes et à ses sujets étonnés et sauta dans l'embarcation ; nos hommes ramèrent aussitôt vers la goélette qui mit le cap sur Atiu.

Durant le voyage de retour, la pensée de John Williams allait constamment vers Rarotonga, l'île restée invisible. Il en parla à Romatane. La connaissait-il ?
« Oui, dit-il, c'est à une distance d'un jour et une nuit d'Atiu. »

Cette réponse nous fit le plus grand plaisir, mais quand nous lui demandâmes la situation de l'île, il nous indiqua deux directions différentes, ce qui nous jeta dans l'indécision. Toutefois, peu après, nous étions au clair sur les indications du chef. Les indigènes n'entreprennent pas leurs voyages de n'importe quel point de l'île. Celui-ci est unique. D'après leurs destinations, ils partent de certains endroits. Là, ils ont des points de repère qui leur servent à prendre la bonne direction, et ils s'embarquent de façon à pouvoir se guider par les étoiles quand ils perdent de vue les points de repère terrestres. Nous décidâmes d'adopter le plan indigène et dirigeâmes notre goélette jusqu'au point de départ. Là, nous fîmes tourner lentement le navire tandis que le roi regardait les poteaux servant de signaux. Lorsque ceux-ci furent exactement l'un devant l'autre, il cria : « Voilà ! Voilà ! » Je regardai aussitôt la boussole et vis que la direction donnée était Sud-Ouest-Ouest (25).

La goélette retourna alors vers le village. Les missionnaires remirent au roi plusieurs haches qu'il avait demandées « pour abattre des arbres et faire les colonnes du temple de Jéhovah ». On lui donna encore plusieurs présents de choses utiles. La grande pirogue royale, avec sa plate-forme, revint alors se ranger auprès de notre petit navire et Romatane nous fit d'affectueux adieux. Ensuite, prenant place sur son siège élevé, il se mit à battre la cadence pour les

pagayeurs qui le ramenèrent dans l'île où il se hâta de mettre à exécution ce qu'il avait résolu.



LA PLAGE. PAPÉITÉ

La fougue, la décision que ce roi avait mises au service des faux dieux et des cruelles exigences du paganisme, il les mettait maintenant au service du vrai Dieu. En comparant sa conduite avec celle du chef de Mangaïa, homme sans énergie pour le bien comme pour le mal, les paroles sacrées se présentent à la mémoire : « Tu n'es ni froid ni bouillant !... Ainsi parce que tu es tiède et que tu n'es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche. »

Le roi cruel, le cannibale féroce pour qui la vie humaine ne compte pas, le païen tremblant devant ses idoles est devenu en quelques heures le fougueux apôtre du Dieu d'amour. Assurément, il ne sait que peu de chose encore sur le Dieu vivant, mais ce qu'il sait il l'applique sans délai. En une semaine, dans les îles sur lesquelles il règne, il ordonne l'abolition du paganisme, de ce paganisme qui à travers les siècles, avait maintenu les indigènes dans la misère et toutes les terreurs d'atrocités sans nom.



L'IDOLE PRINCIPALE DU ROI POMARÉ
À gauche : un démon
A droite : l'idole à laquelle on sacrifiait quand on voulait nuire au prochain


(1) C'est John Williams qui souligne. 

(2) Chambre au bas de l'escalier. Tout autour sont rangées les cabines.

(3) Tous les indigènes nagent comme des poissons. 

(4) Abrégé d'une lettre de John Williams écrite de Nouvelle-Zélande à sa famille. 

(5) Tamatoa avait appris que la Société désapprouvait cette acquisition. 

(6) Ces mots ne sont pas soulignés dans le texte anglais. 

(7) To spend and to be spent among the perishing heathen. 

(8) Le Commencement. 

(9) Un ancien prêtre païen, converti au christianisme. 

(10) Quatre faisaient partie de l'Eglise raïatéenne, deux étaient de Tahaa.

(11) Polynésianismes que retrouve aisément quiconque connaît le tahitien. Nous avons abrégé le texte pour la biographie française.

(12) Les indigènes désignent ainsi l'idole et l'idolâtrie. 

(13) La polyandrie comme la polygamie existaient en Polynésie.

(14) La langue parlée aux îles Cook est légèrement modifiée par l'adjonction des k. 

(15) L'un des premiers indigènes d'Aïtutaki qui embrassa l'Évangile.

(16) Pour ce service d'inauguration Williams prit pour texte Jean III : 16.

(17) Prononcer : Mamou.

(18) Le mot Bretagne tahitianisé (La Grande Bretagne).

(19) Prononcer Touté : Nom tahitianisé de Cook. 

(20) Il n'y a pas de passage pour les bateaux dans le récif qui encercle Mangaia. Pour que les pirogues rentrent de l'Océan dans la mer intérieure, on les lance sur la crête d'une forte vague venant du large. 

(21) Ceinture. 

(22) Esaïe XLIV. Psaume CXXXV

(23) Le nom de l'évangéliste.

(24) Grande fête où le festin était suivi de cérémonies abominables et de la plus odieuse obscénité.

(25) Si je mentionne ce fait, dit John Williams dans son livre « A NARRATIVE OF MISSIONARY ENTERPRISES », c'est parce que je crois que son importance est générale et peut servir aux membres des expéditions scientifiques, lesquels font appel aux indigènes pour certains renseignements. Il faut laisser les indigènes donner leurs indications à leur manière. En lisant l'autre jour le discours de R. King, le chirurgien de l'expédition au Pôle Nord, j'ai été frappé par la justesse de ses remarques : « L'expédition n'a pas su profiter des renseignements donnés par les indigènes : on les a accablé de questions, on a laissé voir des doutes au lieu de les laisser libres de dessiner une carte à leur manière avec du charbon sur une planche. » 
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