Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE DEUXIÈME

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VIE NOUVELLE. - SES FRUITS. - DON DE SOI. - SERVICES MISSIONNAIRES AU TABERNACLE. - L'APPEL. - « ME VOICI, ENVOIE-MOI ». - UNE DETTE D'AMOUR. ÉLÈVE MISSIONNAIRE. - CONSÉCRATION. - MISS CHAUNER. - MARIAGE. -- DÉPART.



« MES Yeux furent ouverts et je vis les merveilles de la loi de Dieu. » Ainsi s'exprimait le jeune homme lorsque - par la suite - il racontait sa conversion. Dès cet instant sa vie est changée : il assiste aux services, prend une part active aux réunions ; il fait ses délices de, la loi de Dieu et, selon l'expression de l'Apôtre « croît dans la grâce et la connaissance du Seigneur Jésus-Christ. » Il a faim et soif des choses divines, étudie la Bible, prend des notes pendant le sermon. Williams ne passe pas par cette période d'incertitude, d'indécision, que connaissent tant de chrétiens. Il a immédiatement saisi la Bonne Nouvelle de façon pratique ; d'emblée il connaît la joie du salut.

Cependant, ce ne fut qu'au mois de septembre de la même année, et après un sérieux examen de lui-même dans la prière et devant Dieu, qu'il demanda à devenir membre de l'Eglise du Tabernacle.

Ses anciens amis se moquent de lui ; il se sépare d'eux. John Williams ne faisait jamais les choses à moitié et il ne lui serait jamais venu à l'idée de louvoyer entre le monde et Dieu, de se donner beaucoup ou peu ici et là. Pour lui, la religion n'est pas affaire de sentiment ou de simple croyance, c'est l'affaire de la vie ; et toute sa vie en est pénétrée et transformée depuis l'instant qu'il s'est donné à Dieu. Il saisit toutes les occasions de communier. « Que de fois, - écrit-il quelques années après, - ma chère mère et moi nous avons communié ensemble. En ces moments bénis de rafraîchissement et de joie spirituels, je disais au Seigneur ce que je lui dis encore maintenant : « Seigneur, je remets mon corps, mon âme et tout ce que je suis, entre tes mains. Fais de moi ce qui te semblera bon. »

À cette époque, il y avait au Tabernacle une société de jeunes gens désignée sous le nom de « Groupe des Jeunes ». Elle avait une trentaine de membres qui se réunissaient le lundi soir. On commençait et terminait la réunion par le chant de cantiques et la prière. L'un des membres traitait un sujet choisi à la séance précédente, et soumis à l'approbation du président : Mr. Barrett. On évitait soigneusement toute controverse. La discussion close, Mr. Barrett résumait ce qui avait été dit, montrait les erreurs et approuvait ce qui était conforme à la Parole de Dieu. Certains lundis étaient mis à part pour la prière. Tous les trimestres, Mr. Barrett proposait à chacun des membres telle question propre à le mettre en garde, à l'amener à un sérieux examen de lui-même, et à lui faire constater s'il y avait eu ou non progrès dans sa vie spirituelle.

À sa demande, John Williams fut admis dans cette société. Ce fut, en un certain sens, sa faculté de théologie. C'est là surtout qu'il s'initia aux doctrines de l'Écriture et au christianisme pratique. « L'importance de ces sociétés au sein d'une Église ne saurait être exagérée, dit l'un des jeunes gens qui en faisaient partie à l'époque, et qui devint pasteur plus tard. Durant la semaine, nos pensées, étaient occupées du sujet du lundi suivant, et nos instants libres étaient employés par la préparation en vue de la prochaine réunion, dont nous voyions arriver le moment avec joie. » Williams était l'un des membres les plus assidus. Il avait toujours préparé quelque chose sur le sujet du jour et apportait le résumé de ses recherches ou de ses réflexions, ou encore une liste des points obscurs sur lesquels il désirait la lumière.

Non content de s'instruire, de recevoir, il éprouvait le besoin de donner, et il avait offert ses services comme moniteur d'école du Dimanche. Un groupe d'enfants lui fut confié et il s'acquitta de sa tâche avec exactitude et joie, préparant soigneusement ses explications. Ce fut alors qu'il commença de parler en public. Moniteurs et élèves l'aimaient ; et, dès cette époque, Dieu bénit son ministère pour la conversion d'une âme au moins. « Dans une lettre que nous avons sous les yeux, dit Mr. Prout, l'une de ses élèves lui attribue le grand changement survenu dans sa vie. » Il y avait aussi au Tabernacle des groupements pour la visite des malades, pour l'instruction des pensionnaires d'un orphelinat, ceux d'une maison de pauvres et pour la distribution de traités. « Williams, - écrit Mr. Browne, - se fait recevoir dans toutes et leur consacre avec joie tous ses instants libres. Sa piété est toujours joyeuse, aimable ; quand on a besoin de quelqu'un il est toujours là, et tous l'aiment. On était certain de le voir occuper sa place le dimanche, même lorsqu'on avait annoncé que de célèbres prédicateurs se feraient entendre ici ou là. »

Nous ne saurions négliger de mentionner que le pasteur du Tabernacle avait institué une réunion missionnaire trimestrielle pour intéresser à l'oeuvre commencée par la Société de Londres peu d'années auparavant. Par tous les moyens, Mr. Wilks essayait de conquérir de nouveaux amis aux Missions et d'augmenter l'intérêt et les dons pour cette oeuvre. Pour cela, il s'ingéniait à faire connaître à sa congrégation ce qui se passait dans les champs de Mission récemment fondés. Comment s'intéresserait-on à ce qu'on ignore, disait-il ? D'aucuns assuraient que Mr. Wilks fatiguerait son auditoire, etc... Il n'en fut rien. Bien au contraire : ces services spéciaux attiraient un public toujours plus nombreux, toujours plus désireux d'en savoir davantage, toujours plus généreux.

Qu'étaient ces discours sur les missions ? Aucun n'a été conservé. Mais il ne nous est pas difficile d'imaginer ce que devait dire le pasteur du Tabernacle. Presque certainement, faisant allusion aux voyages de Cook, il disait qu'il y avait quelque chose de plus grand que de découvrir de nouvelles terres, de nouvelles îles ; c'était de découvrir leurs habitants, de les sauver des horreurs du paganisme, de les gagner pour Christ. Il parlait des divinités informes, décorées de plumes, taillées dans le bois et la pierre, auxquelles on offrait des sacrifices humains.

« Laissez-les donc tranquilles, ces bons sauvages dit un éminent Docteur. Ils sont heureux sans vous. Qu'allez-vous les troubler ? » Heureux ? L'un de nos missionnaires à Tongatabu a vu de ses veux un guerrier découper une tranche de chair dans le bras de son prisonnier et la manger crue devant ses yeux ! Heureux ? Un autre de nos missionnaires a vu huit hommes saisis près de lui ; huit hommes qui n'avaient rien fait de répréhensible. Ils furent tués et débités - comme l'animal tué par le boucher - puis distribués ; et ces gens heureux furent cuits et mangés par ces heureux sauvages (1). »

C'est à l'occasion d'une de ces journées missionnaires, et en entendant l'ardent appel du cher pasteur, que Williams sentit la flamme missionnaire s'allumer en son coeur. « D'abord, dit Williams, je n'y pris pas autrement garde ; il me semblait naturel de songer aux païens et de désirer ardemment soulager leurs misères ; mais la pensée du paganisme et le désir de faire quelque chose me hantaient parfois des mois entiers. Alors, je me mis à prier particulièrement à ce sujet, demandant à Dieu qu'il bannît toute pensée missionnaire de mon coeur s'il n'était pas dans sa volonté que je partisse en mission. Dans le cas contraire, je demandai qu'il voulût bien augmenter mes connaissances et fortifier mon désir. Puis, j'examinai mes motifs et découvris que ce qui dominait en moi, c'était le sentiment de la valeur d'une âme et la pensée des milliers de personnes qui étaient précipitées chaque jour dans l'Éternité, sans connaissance de Christ, sans salut. Enfin, je trouvai en moi une profonde gratitude (2) pour Celui qui m'avait sauvé en me faisant connaître « les choses allant à ma paix » et le désir de lui prouver ma reconnaissance. »

Lorsque le jeune homme comprit enfin que Dieu l'appelait à le servir en terre païenne, il en parla à ses parents et au pasteur du Tabernacle qui fortifièrent sa vocation. Et ce fut encouragé par eux qu'il écrivit aux Directeurs de la Société des Missions de Londres, au mois de juillet de l'année 1816. Il expliquait dans cette lettre comment Dieu l'avait amené à souhaiter de se consacrer au salut de ceux qui n'ont jamais entendu parler de Lui, et demandait à être admis comme élève missionnaire.

Sans attendre la réponse, le pasteur Wilks avait invité Williams à se joindre aux jeunes gens de la classe qu'il faisait chez lui, pour ceux qui se destinaient au ministère. Les amis chez lesquels Williams travaillait étaient disposés à faire le possible pour faciliter ses études, et lui-même sentait tout ce qui lui manquait encore, il fut donc heureux d'accepter la proposition de son pasteur. Certain jour, la réponse « attendait le jeune homme arriva. Il était invité à se présenter et à subir un examen.

Williams le passa avec succès, et fut accepté comme élève-missionnaire. À toute autre époque, des années de préparation auraient suivi l'examen d'admission. Mais le Comité avait à répondre à de si pressantes demandes de la part des missionnaires déjà en activité dans les Îles du Pacifique et en Afrique qu'il fixa le départ de Williams pour la même année, malgré son extrême jeunesse et une préparation insuffisante. Cette façon de procéder eut souvent de lamentables résultats. Le cas de John Williams fut une brillante exception. Sa pensée toujours active, sa grande habileté, son esprit d'entreprise, sa persévérance, surtout son amour pour Dieu et sa consécration, compensaient amplement ce qui manquait à ses études et à sa préparation théologique.

À la demande des Directeurs de la Société des Missions, le jeune homme fut dispensé des mois d'apprentissage qui lui restaient à fournir. Il se mit alors à étudier avec plus d'ardeur que jamais, saisissant aussi les occasions qu'il pouvait avoir de visiter les manufactures et d'augmenter ses connaissances pratiques.

L'étude de la théologie, les classiques, la lecture absorbaient presque tout son temps. Mais sachant par les récits missionnaires à quel point les connaissances pratiques sont nécessaires en pays encore païens, il ne négligeait aucune occasion d'ajouter à ce qu'il possédait déjà.

Les mois qui le séparent du départ sont des mois d'une activité dévorante. Cependant Williams prend le temps d'assister aux séances des groupements du Tabernacle dont il est membre. Il est appelé à prêcher, non seulement au Tabernacle, mais dans plusieurs autres chaires de Londres. Son grand sujet c'est les Missions. Loin de parler à ceux qui l'écoutent comme s'ils étaient tous conquis à cette grande cause, il pense aux indifférents de l'auditoire, aux non-convertis, à ceux qui sont là parce qu'on les y a amenés, et il ne craint pas de leur dire : « Même si vous n'aimez pas le Seigneur, même si le sort de votre âme et celui des âmes païennes vous est indifférent, soutenez quand même de vos dons généreux l'oeuvre missionnaire. Elle ouvre au commerce, à l'industrie de nouveaux débouchés. Même à vous les indifférents, elle rend donc service, soutenez-la en lui donnant les fonds dont elle a besoin... »

Le Comité directeur avait décidé que le renfort qu'il envoyait à ses ouvriers en Afrique et en Océanie partirait en octobre ou en novembre. Le service de consécration et d'adieu fut fixé au 30 septembre et eut lieu à Surrey Chapel. Une grande foule remplissait l'immense édifice pour cette circonstance mémorable qui resta profondément gravée dans le souvenir des assistants. Depuis la capture du Duff (3), il semblait qu'il y eût chez beaucoup de chrétiens un certain fléchissement dans l'intérêt qu'ils portaient à l'oeuvre missionnaire. Cette solennité fut le moyen dont Dieu se servit pour réchauffer leur zèle. Cinq des missionnaires qu'on allait consacrer étaient désignés pour l'Afrique. Le plus jeune d'entre eux était Robert Moffatt, comme aussi Williams était le plus jeune du contingent qui partait pour le Pacifique. C'étaient pour l'Afrique : MM. John Taylor, James Kitchingman, Evan Evans, John Brownlee, Robert Moffatt. Pour Tahiti et îles adjacentes : MM. David Darling, George Platt, Robert Bourne, John Williams. Ce fut le Dr Leifchild qui, la prière terminée, prononça le discours d'usage et lit prendre les engagements aux jeunes gens en leur posant les questions habituelles. Puis le Rév. G. Burder et John Angel James se levèrent et remirent une Bible à chacun des candidats de la part de la Société des Missions. « Je n'oublierai jamais, écrit Williams, de quelle façon solennelle le cher Mr. James de Birmingham mit la Bible entre mes mains. » Avec la bonté qui le caractérise et cette note personnelle si spéciale, il me dit : « Va mon bien cher frère, et avec les talents que Dieu t'a confiés sois fidèle, proclamant en temps et hors de temps les précieuses vérités contenues en ce saint volume. » Puis ce fut le Dr Waugh, avec sa figure si bienveillante, une grosse larme perlant au coin des paupières qui, après m'avoir dit quelques mots sur mon extrême jeunesse, ajouta : « Va, mon cher frère, et si ta langue s'attache à ton palais, que ce soit en disant aux pauvres pécheurs l'amour de Jésus-Christ ; si ton bras tombe de ton épaule, que ce soit en frappant à la porte des coeurs pour que le Seigneur puisse y entrer. » Paroles prophétiques, en vérité ! Hélas ! ce ne fut pas seulement la langue de Williams qui s'attacha à son palais et son bras qui tomba de son épaule en frappant à la porte des coeurs pour que Jésus pût y entrer, ce fut John Williams tout entier qui mourut sous les coups de massue et les flèches de ceux qu'il voulait gagner à Christ. Ce fut sa vie qu'il donna.

Le chant des cantiques, la prière d'intercession et d'actions de grâce terminèrent ce très solennel service. Parmi les cantiques les magnificats non formulés que Dieu entendait cependant et qu'Il lisait au fond des coeurs, il est aisé de discerner celui que dut entonner la mère de John Williams ; avec quelle joie intense, profonde, avec quels sentiments de reconnaissance et d'adoration elle dut redire « Mon âme exalte le Seigneur. »

Il y avait au Tabernacle une jeune fille qui faisait partie des mêmes groupements que John Williams - sous son apparente placidité et sa timidité, le jeune homme avait discerné la force de caractère et un grand amour pour le Sauveur. Il suivit donc les impulsions de son coeur et demanda Miss Chauner en mariage. Simplement, héroïquement, la jeune fille agréa sa demande. Elle avait dix-neuf ans, lui vingt. Et quelques semaines après la cérémonie de consécration, on célébrait au Tabernacle le mariage de Miss Mary Chauner et de Williams. C'était le 29 octobre 1816.

À cette époque, partir au bout du monde, c'était souvent pour le missionnaire, dire un adieu définitif à sa famille et à sa patrie terrestre. Les voyages par voiliers duraient un an et plus. Pas de courriers réguliers entre les pays éloignés et la mère-patrie. Ceux qui s'en allaient pouvaient rester plus d'un an sans recevoir aucune nouvelle des leurs. C'est là une situation que nous imaginons difficilement en ce vingtième siècle, avec les services de paquebots, les courriers réguliers par vapeur, pour ne rien dire de la télégraphie, de la téléphonie et des services par avions.

Le départ des missionnaires avait été fixé au 17 novembre. Ce n'était plus que quelques jours pour les derniers préparatifs et les adieux. Il semblait dur à John Williams d'avoir à quitter l'Angleterre si rapidement ; il eût aimé les années réglementaires de préparation ; mais il comprenait aussi les raisons des Directeurs.

Après la nuit, l'aurore se levait enfin pour la Mission océanienne ; après les longues années de semailles, c'étaient les moissons qui mûrissaient. Les courriers qui parvenaient à Londres contenaient tous des demandes d'ouvriers. Les missionnaires déjà à l'oeuvre étaient débordés de toutes manières. C'étaient par centaines que les indigènes demandaient à être instruits. Le roi Pomaré avait fait profession de christianisme quelques années auparavant, les chefs avaient suivi son exemple, et maintenant c'était comme une traînée de poudre, comme un feu de montagne qui s'étend rapidement et gagne de proche en proche. Le peuple à son tour s'éveillait à la magnifique lumière de l'Évangile et secouait les horreurs du paganisme. Par centaines, par milliers, des îles environnantes, des villages entiers venaient demander à être instruits dans les vérités du christianisme. Les écoles à peine ouvertes étaient envahies, les maisons missionnaires ne désemplissaient pas du matin au soir et parfois du soir au matin d'une foule d'indigènes de tous âges et de toutes conditions. Quoi d'étonnant à ce que les demandes d'ouvriers fussent pressantes ? Quoi d'étonnant à ce que la Société des Missions fît tous ses efforts pour y répondre, et qu'elle ait laissé partir des hommes insuffisamment préparés et parfois insuffisamment qualifiés. Ceci surtout est regrettable. Si John Williams était insuffisamment préparé il, était éminemment qualifié, et il fut une très brillante exception à la règle.




Quatre missionnaires étaient partis au commencement de 1816: MM. Ellis, Threlkeld, Orsmond et Barff. Quatre autres allaient partir en novembre - MM. Darling, Platt, Bourne, et Williams.

L'heure du départ approchait, et la pensée de la séparation était extrêmement douloureuse pour le jeune Williams. Si douloureuse qu'elle fût pour lui, il l'appréhendait encore davantage pour sa mère. Il savait de quelle tendresse elle l'entourait, il savait qu'elle avait dû faire appel à toute sa piété pour accepter sa vocation missionnaire et n'y point faire d'opposition. La seule idée de séparation l'émotionnait au point qu'il ne pouvait réprimer ses larmes. Aussi faisait-il tous ses efforts pour n'y point penser. Il ne pouvait accepter la supposition que les adieux qu'il allait dire aux siens seraient peut-être des adieux définitifs, et il s'absorbait le plus possible dans, le labeur quotidien.

Courant de-ci de-là, achevant ses achats, ses caisses, ses préparatifs, il fit tant et si bien qu'il put se ménager quelques journées et les consacrer entièrement aux parents et aux amis. Parmi ceux-ci, il comptait le cher pasteur Wilks. C'est à lui qu'il recommanda sa mère pour le jour du départ fixé au 17 novembre. Mais il se trouva que le jour venu sa mère fut très brave et bien plus forte qu'il n'avait osé l'espérer. De sorte que le cher pasteur Wilks dit au jeune missionnaire : « Elle n'a vraiment pas besoin de moi. »

Comme aucun navire n'était en partance pour les îles du Pacifique, nos voyageurs avaient pris passage à bord de la Harriet, à destination de Sydney. Au jour fixé, John et Mary Williams, accompagnés de leurs amis gagnèrent les docks. Là, ils s'embarquèrent sur le vaisseau qui, l'appareillage terminé, se mit à descendre lentement la Tamise pour gagner la haute mer.

Bientôt le navire ne fut plus qu'un point, un petit point qui disparut à son tour. À bord aussi on ne distingue plus les amis restés sur le quai, on ne voit plus les mouchoirs s'agiter en signe de dernier adieu. Alors, résolument, les jeunes gens regardèrent en avant, vers le but : ce champ missionnaire auquel ils appartenaient déjà tout entiers.


(1) Extrait de « John Williams, The Shipbuilder », par B. Mathews. 

(2) John Williams écrit : A DEBT OF LOVE, littéralement : une dette d'amour ; expression pleine de fraîcheur et de force pour exprimer ses sentiments de reconnaissance envers son Sauveur.

(3) Le bateau de la Société des Missions de Londres saisi par les corsaires. La Mission perdit son navire ; les missionnaires qui étaient à bord furent libérés et rentrèrent en Angleterre. 
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