Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Chapitre XXIII.

Contenant le bon accueil que les Vaudois de Piémont, injustement châtiés dans leur pays, reçurent de la République de Genève, des Cantons Protestants et des Princes Protestants d'Allemagne.

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MAIS autant que les ennemis des Vaudois ont été cruels, inhumains et barbares envers eux, autant les Genevois leur ont été humains et charitables. Car dès Qu'ils surent qu'ils arrivaient, ils allèrent au-devant d'eux avec empressement pour les mener dans leurs maisons ; Chacun regardent à qui aurait les plus malades et les plus affligés, pour avoir plus de matière d'exercer sa charité. On les traitait non seulement comme de chers et des tendres enfants, mais encore comme des personnes qui portaient la paix et la bénédiction dans les familles.

Tous ceux qui avaient besoin d'être habillés, furent vêtus, ou par ceux qui les logeaient, ou par la bourse de l'Église Italienne, dont les Directeurs ont donné depuis le commencement jusques à la fin, des marques d'une tendre compassion et d'une ardente charité. Ce n'est pas seulement à Genève où les Vaudois ont trouvé de la consolation, ils en ont aussi reçu beaucoup dans la Suisse, où les Cantons Protestants leur ont ouvert leur pays et les entrailles de leurs compassions, de la manière du monde la plus généreuse, la plus Chrétienne, et la plus charitable.
L'Électeur de Brandebourg ayant appris leur arrivée en Suisse pria les Cantons Protestants de lui en envoyer une partie, qu'il ferait subsister dans ses États.
Et les Provinces Unies firent une grande et considérable collecte en leur faveur, qui leur fût envoyée de temps en temps, et distribués selon leur nécessité et leur besoin.

Voilà comment les Vallées de Piémont ont été dépeuplées de leurs anciens habitants, et comment le flambeau de l'Évangile qui y avait éclairé tant de siècles y fut éteint. Que la perfidie et la trahison triomphèrent de la bonne foi des Vaudois, que le Conseil de la Propagation et leurs autres ennemis exécutèrent le méchant dessein qu'ils avaient formé depuis longtemps de les exterminer, et que les Vaudois ont souffert injustement, et pour la seule cause de la Religion, cette horrible persécution et cette funeste dissipation.

Après que les Vaudois furent chassés de leur pays, le Duc de Savoie et le Conseil de la Propagation employèrent tout leur soin pour repeupler ce pays de Savoyards et de Piémontais, et afin que les Vaudois qui par appréhension de la mort, ou de la prison avaient eu la faiblesse d'abjurer leur Religion, ne puissent aider ceux qui avaient été exilés, à retourner dans les Vallées, on les transporta dans le terroir ou diocèse de Verceil pour y habiter, contre la promesse qu'on leur avait fait de les rétablir dans leurs maisons.

Les Vallées étant repeuplées de nouveaux habitants de la Religion Romaine, les Vaudois Protestants exilés, ou en prison, et ceux qui avaient abandonné leur Région transportés ailleurs, il n'y avait personne qui crut que ces gens là puissent jamais se rétablir, non pas même rentrer dans leur pays, il fallait traverser le lac de Genève et toute la Savoie, passer par plusieurs défilés, grimper des hautes montagnes, et forcer divers passages étroits, où dix hommes étaient capables d'arrêter une armée.

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