Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Chapitre XV.

Contenant la jonction de Jayer et de Janavel Capitaines Vaudois et les merveilleux exploits qu'ils firent dans les Vallées.

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CES deux Capitaines ne furent pas plutôt joints, qu'ils entreprirent d'aller forcer le Bourg de Garsillane tenu par leurs ennemis, qu'ils trouvèrent extrêmement fortifié, l'alarme ayant été donnée, les ennemis qui étaient en grand nombre dans les lieux circonvoisins, tant Cavalerie qu'Infanterie, avertis par le son de la cloche, coururent au secours de ce Bourg, et environnèrent les Vaudois, qui en combattant vaillamment et courageusement se retirèrent du milieu de leurs ennemis, et en se retirant, ils enlevèrent d'un Village voisin de ce Bourg, six paires de boeufs et quantité d'autre bétail, et firent quelques prisonniers, sans faire perte que d'un seul homme.

Le 28 de Mai, ils se rendirent au point du jour près du Bourg de St. Segond pour le surprendre. Après avoir fait la prière selon leur coutume, et s'être encouragés les uns les autres, ils attaquèrent ce Bourg avec tant de vigueur et d'adresse, qu'ils s'en rendirent bientôt les Maîtres.

La garnison qui était, composée d'Irlandais et de Piémontais fut toute passée au fil de l'épée, le Bourg fût brûlé avec ses Églises, après que les Vaudois en eurent retiré sept cloches, et tout le bétail qui y était, ils firent aux maisons et Églises, ce que leurs ennemis avaient fait à leurs maisons et à leurs temples. En la prise de ce Bourg il y eût huit cents Irlandais tués, et 650 Piémontais. Les Vaudois n'y eurent que sept hommes tués et six légèrement blessés. Ils n'étaient qu'environ 600 hommes et leurs ennemis étaient pour le moins 1500 retranchés et fortifiés.

Le 2 de Juin les Vaudois allèrent brûler les Métairies et les Cassines de la plaine de Briqueiras, et après s'être retirés par le chemin de St. Jean et s'être rencontrés au rendez-vous, ils chargèrent si bien et si à propos leurs ennemis par trois côtés, qu'ils les mirent en fuite, laissant 150 morts sur la place, sans ceux qu'ils emportèrent et les blessés. En ce combat il n'y eût qu'un Vaudois tué et deux ou trois blessés.

Quelques jours après le combat de St. Jean, les ennemis envoyèrent Un convoi au fort de Mirebouc, - situé au haut de la Vallée de Lucerne escorté par trois cents hommes. Le Capitaine Janavel se rencontra par hasard à un détroit, qui était sur le chemin de ce convoi, suivi seulement de huit Soldats, à la faveur du lieu il les arrêta pendant cinq à six heures, en tua et blessa plusieurs sans perdre aucun des siens.

Après ces glorieux exploits, Janavel ayant renforcé sa troupe, se retira derechef sur la montagne appelée la Palea de Jaimet, et envoya de là à ceux de la Tour et de Bobbi, qui s'étaient révoltés pour éviter les cruautés et les barbaries de leurs ennemis, et qui s'étaient retirés au Bourg du Vilar, que si dans 24 heures ils ne se retiraient tous vers lui, il les traiterait comme des Apostats et des Traîtres à leur Patrie. Ils ne manquèrent pas de venir avec autant de joie, de voir quelque espérance à leur liberté, que de témoignage de tristesse, pour la lâcheté qu'ils avaient commise.

Les Capitaines Jayer et Janavel s'étant joints pour la deuxième fois, résolurent d'attaquer le Bourg de la Tour, où était la plus forte garnison des ennemis, qui ayant quelque vent qu'on venait les attaquer, se mirent de bonne heure en défense et tuèrent le premier Vaudois qui parût sur le Pont devant la porte du Bourg, et ensuite ils firent une grande sortie sur les assaillants, qui reçurent leurs ennemis avec tant de vigueur, qu'ils en couvrirent la terre de corps morts. Le combat dura jusques à la nuit, les Vaudois se battaient d'une petite éminence, et de quelques masures qu'ils avaient gagnées, d'où leurs ennemis ne purent jamais les chasser, bien qu'ils fussent en beaucoup plus grand nombre qu'eux, et qu'ils fussent renforcés par le secours qui leur venait de la Ville de Lucerne.
À l'entrée de la nuit les ennemis se retirèrent dans le Bourg, sans pouvoir enlever leurs morts qui étaient plus de trois cents. Cet heureux succès donna tant de courage aux Vaudois que le lendemain ils s'allèrent poster devant les portes de ce Bourg, sans que leurs ennemis eussent l'assurance de sortir.

Après l'attaque de la Tour, les Vaudois se retirèrent en un lieu d'Angrogne appelé le Verné, où étaient reliés deux ou trois couverts, qui avaient résisté aux flammes. Là ils résolurent dans le conseil de guerre, d'envoyer 450 hommes qui faisaient les trois quarts de leurs troupes, pour se jeter sur la Communauté de Crusol, dont les habitants leur avaient fait tant de mal au temps des Massacres. Au premier bruit de leur approche, ceux de Crusol se retirèrent dans une grande caverne, qui était en une montagne voisine. Les Vaudois ne pouvant les forcer-là, se contentèrent d'enlever quatre cents boeufs ou vaches, et six cents brebis ou chèvres, et tout l'autre butin qu'ils purent emporter, parmi lequel ils reconnurent beaucoup des choses, qu'on avait auparavant enlevé de leurs maisons.

Pendant que les 450 Vaudois étaient en chemin, pour l'expédition de Crusol les Papistes de St. Segond, de Lucerne, de la Tour, et de Briqueiras, brûlèrent quelques maisons, qui étaient demeurées de reste dans Rocheplate, et de là passèrent en Angrogne, pour y surprendre la petite troupe qu'on y avait laissée pour garder ce Poste, sous le commandement des Capitaines Laurens et Benet. Ils découvrirent leurs ennemis, qui venaient à eux pour les attaquer par divers endroits, cela les obligea à partager leur petite troupe en deux corps, dont l'un gagna promptement le sommet de la montagne, et l'autre se tint un peu plus bas sur une petite colline. Ils mirent en fuite 17 bons soldats en embuscade en un lieu avantageux, où les ennemis venaient se joindre.
Cette embuscade s'étant jetée sur eux à l'improviste, et mis par terre sept des leurs, cela leur fit tellement fondre le coeur, qu'ils se retirèrent sur leurs pas sans oser rien entreprendre.

Au retour de Crusol, le Capitaine Jayer alla à la Vallée de Pragelas pour y vendre une partie du butin. N'étant pas revenu au jour marqué, le Capitaine Janavel avec trois cents hommes avait entreprit de forcer la Ville de Lucerne ; il se rendit au point du jour auprès de cette Ville, c'était le 6 de Juin, dès qu'il y fût arrivé il détourna les canaux, qui conduisaient l'eau dans la Ville, et abattit le pont qui n'était qu'à la portée du mousquet, pour empêcher le secours d'y entrer, après quoi il fit son attaque, et défit deux corps de garde. Mais le soir précédent Maroles qui en était Gouverneur, y étant entré avec un nouveau Régiment, il ne lui fût pas possible de se rendre Maître de cette place avec si peu de monde. Il se contenta de ce qu'il avait fait, et se retira sans perte.

Le 15 de Juin, le Capitaine Janavel se trouvant dans Angrogne avec les trois cents hommes qu'il commandait, fût rudement attaqué par l'armée ennemie composée de trois mille hommes, et qui était partagée en quatre corps, dont l'un devait gagner le haut de la montagne, un autre devait l'attaquer à droite, l'autre à gauche, et le quatrième de front. Le Trompette qui devait donner le signal aux ennemis, pour fondre tous en même temps sur les Vaudois, ayant sonné un peu plutôt qu'il ne fallait, donna loisir à Janavel de se poster sur une Colline voisine et avantageuse, où avec l'assistance de Dieu qu'il implora, il résista depuis le matin jusques à deux heures après midi à toutes les attaques des ennemis, et après en avoir tué un grand nombre, ils lâchèrent le pied, et s'enfuirent en confusion et en désordre. Janavel les poursuivit jusqu'au bas d'Angrogne, et tua plusieurs de ces fuyards. Les ennemis suivant leur propre aveu, perdirent en cette occasion cinq cents hommes, et eurent beaucoup de blessés. Des Vaudois il n'y en eût qu'un de tué et deux blessés.

Incontinent après ce combat, le Capitaine Jayer arriva avec sa troupe, ce qui donna un tel courage à Janavel et aux siens, qui bien qu'ils fussent extrêmement fatigués pour avoir combattu tout le jour sans avoir pris aucune nourriture, ayant remarqué que les ennemis ne se doutaient de rien, et ne pensaient qu'à se partager, pour se retirer chacun à son quartier, ils résolurent de les aller attaquer, ils fondirent sur eux avec tant de vigueur et de courage, Jayer d'un côté et Janavel de l'autre, qu'ils les mirent en déroute, et en tuèrent plus de cent, entre lesquels il y avait trois Officiers de marque. Mais par malheur pour les Vaudois, le Capitaine Janavel à la fin du combat, fût percé d'une balle, qui entrant par la poitrine sortait entre les deux épaules, Ce qui le mit en tel état, qu'on croyait qu'il mourait sur l'heure. Il eût pourtant le jugement de prier le Capitaine Jayer, de ne plus rien entreprendre ce soir-là, à cause que ses Soldats n'en pouvaient plus, et lui donna même ses avis, touchant ce qu'il croyait qu'il devait entreprendre. Il se fit ensuite porter à Pinache, et sur la fin du mois de Juillet il fût guéri de sa blessure.

Les ennemis des Vaudois ne pouvant subsister devant eux dans les montagnes, se servirent d'un Traître, pour attirer le Capitaine Jayer dans la plaine. Ce perfide le vint trouver après le combat, dont nous venons de parler, il lui dit, qu'il n'y avait point de troupes du côté d'Osacq, où il pouvait faire un bon butin, et rendre la pareille à ses ennemis sans danger en brûlant leurs maisons et leurs cassines. Il prit 150 Soldats de cette petite armée, et mit le feu à quelques cassines assez proches d'Osacq, et fit quelque butin, mais pourtant en des lieux où la Cavalerie ne pouvait avoir aucun avantage. Le Traître qui le menait à la boucherie, lui fit entendre qu'il y avait un peu plus bas en des cassines qu'il lui enseignerait, quantité du bétail, qui ne lui coûterait que le prendre, le persuada d'y aller. Il ne fût pas plutôt arrivé au lieu où on le menait, qu'il se vit enveloppé de l'Escadron de Savoie, qui le défit avec quarante Soldats qui l'avaient suivi. Se voyant trahi, il tua le Traître de sa propre main, et trois Capitaines de cette Cavalerie, son fils, et ses Soldats vendirent chèrement leur vie : mais ayant à faire a tant d'ennemis, ils furent tous taillés en pièces, à la réserve d'un qui se sauva dans un marais.

La mort du Capitaine Jayer et la blessure du Capitaine Janavel, qu'on croyait mortelle, survenues en un même jour, causèrent une grande consternation dans l'esprit des Vaudois. Ils reprirent pourtant courage, et sous la conduite du Capitaine Laurens. et du, frère du Capitaine Jayer, qui lui succéda en sa charge, se rassemblèrent sur la montagne de la Vachère, où ils résolurent d'aller au devant de leurs ennemis, qui venaient pour les attaquer. Ils se jetèrent sur eux avec tant de résolution, de courage et d'adresse, qu'ils les mirent en fuite, et les obligèrent de se retirer en désordre, après avoir laissé plus de deux cents morts sur la place, entre lesquels était le Lieutenant Colonel du Régiment de Bavière, et plusieurs Officiers de marque, outre les blessés et les Prisonniers. Les Vaudois ne perdirent en ce combat ; que le Capitaine Bertin et un, Soldat, et ce qui est étonnant ils n'étaient que 550 hommes, et leurs ennemis étaient 6000, au rapport des prisonniers. Ceci Aussi est digne de remarque et d'admiration tout ensemble, C'est que tout aussitôt, que le Capitaine Bertin fût mis par terre ; son fils héritier de sa piété et de sa charge, ayant fait emporter promptement le corps de son père, se mit à la tête de sa Compagnie, et commerça sa fonction par ces paroles.
Prenez bon courage mes frères, bien que mon père soit mort, notre père céleste peut me donner le même courage et la même adresse pour vous conduire, comme par sa grâce il m'a rempli d'un même zèle.

Le jour suivant les Vaudois furent en de continuelles escarmouches avec leurs ennemis à la Tour et au Tailleret, où plusieurs de leurs ennemis furent tués ou blessés, et les Vaudois n'eurent qu'un Soldat légèrement blessé.

Les ennemis sachant que toutes les Puissances Protestantes s'intéressaient pour les Vaudois, ils renforcèrent leur armée de nouvelles troupes, pour faire un dernier effort pour les détruire, avant que les Ambassadeurs d'Hollande et d'Angleterre arrivassent à la Cour de Savoie.

Le onze du mois de Juillet toute l'armée les vint attaquer sur la montagne de la Vachère, où ils s'étaient postés auparavant. Le Colonel Andrion de Genève et Jean Léger Ministre étaient nouvellement arrivés dans les Vallées, ils virent que les Vaudois avaient leurs logements fort écartés, pour se servir des couverts de quelques étables, où les Paysans mettaient ordinairement leur bétail, il les exhortèrent pour éviter les surprises, de s'assembler tous en un même lieu de la montagne, où ils avaient fait quelques barricades pour se mieux défendre ; mais il fût impossible de les y obliger, Le lendemain qui fût le jour de l'attaque, ils envoyèrent quatre Soldats deux heures avant le jour, pour observer l'ennemi, dont deux sans y penser, s'allèrent jeter dans leur armée, qui faisait halte auprès du temple d'Angrogne. Ils parlaient Piémontais, ce qui fût cause qu'ils les prirent, pour être des leurs ; mais peu de temps après ils prenaient avec précipitation le chemin de la montagne, on leur lâcha deux coups de fusil, qui ne servirent qu'à donner, l'alarme aux Vaudois, qui en même temps s'assemblèrent pour se défendre. Les ennemis se partagèrent en quatre corps, pour les attaquer par quatre endroits différents, comme ils firent incontinent après.

Le combat fût rude et dura environ dix heures, les ennemis étant forts se rafraîchissaient et se soulageaient les uns les autres... Ils s'étaient déjà emparés des premières barricades et criaient victoire. Mais les Vaudois qui s'étaient retirés dans leur dernier retranchement, après une courte mais ardente prière qu'ils firent à Dieu, en sortirent et se jetèrent avec tant de vigueur sur leurs ennemis, qu'ils les obligèrent à se retirer, ce qu'ils firent pourtant sans désordre.

Le Colonel Andrion ne voulut, pas permettre de les poursuivre de peur de la Cavalerie qui les attendait en un lieu plus bas. En ce combat les ennemis y perdirent environ quatre cents hommes, entre lesquels il y avait plusieurs Officiers de marque, et 180 Soldats du Régiment de Bavière. Les Vaudois n'y eurent que quelques Soldats légèrement blessés.
Après ce combat, les ennemis ayant perdu l'espérance de pouvoir moissonner les blés d'Angrogne comme ils avaient fait ceux de la plaine, entreprirent de les brûler, mais les Vaudois y accoururent si promptement et si à propos, qu'ils les obligèrent de quitter leur entreprise. Car après avoir mis par terre douze de ces Incendiaires, ils se jetèrent sur les autres et les mirent en fuite, dont une partie en fuyant abandonna ses armes pour sauver sa vie.

Le Capitaine Bertin les poursuivit jusqu'à la Tour, et en tua et blessa plusieurs. Il tua aussi la sentinelle et quatre Soldats, qui paraissaient sur les remparts du Fort, et y jeta une si grande épouvante, que les ennemis ont avoué depuis, que s'il eut poursuivi sa pointe il s'en serait rendu Maître.

Dans tous ces combats dont nous venons de parler, il paraissait visiblement que Dieu y présidait, et qu'il s'était déclaré le Protecteur et le Défenseur des Vaudois, autrement comment est-ce qu'une poignée de gens, qui n'étaient point dressés au métier de la guerre, auraient je ne veux pas dire, remporté tant de victoires, mais seulement pu résister à tant de puissants et si forts ennemis, comme nous voyons qu'ils ont fait jusques au 15 de Juillet, qu'ils ont combattu seuls, sans l'aide ni l'assistance d'aucune puissance étrangère. Et ce qui est considérable, ils avaient à faire à leur Prince, que les Émissaires du Pape avaient armé contre eux, seulement en haine de leur Religion. Leur Prince était assisté du Roi de France et du Duc de Bavière, dont le dernier était son beau-frère, et l'autre son cousin germain.

Les Vaudois ne faisaient pas la centième partie des Sujets du Prince, ni de ses États. Le Prince et tous ses autres Sujets étaient armés contr'eux, et cependant ils ne purent remporter sur eux aucun avantage ; au contraire ils furent toujours battus, et mis honteusement en fuite en presque toute sorte d'occasions.
Les Protestants de France ayant appris le cruel Massacre, qu'on avait fait de leurs frères de Piémont y firent des Prières extraordinaires à Dieu pour eux, et des collectes pour assister les réchappés. Plusieurs Provinces même célébrèrent un jeune en leur faveur ; celle des Cévennes le célébra de l'ordre de son Synode, assemblé au lieu de la Sale au mois de Juin de la dite année 1655.

Sur la nouvelle qu'on eût, que les rechapés du Massacre, étaient rentrés dans les Vallées et s'y défendaient courageusement, plusieurs Officiers et Soldats des Cévennes et bas Languedoc allèrent au secours de leurs frères, qui par petites bandes et par divers chemins se rendirent dans les Vallées, et ainsi l'armée des Vaudois qui n'avait été jusques au 14 ou 15 de Juillet que de cinq à six cents hommes se trouva composée de dix-huit cents le 17 ou 18 du même mois. Le Sr. Descombies de la Ville d'Anduse en Cévennes, fût du nombre de ceux qui allèrent au secours de leurs frères ; et comme il avait eu des charges considérables dans les armées du Roi de France, il fût d'un commun consentement créé Général de l'armée. À l'exemple de ceux du bas Languedoc et des Cévennes, plusieurs Soldats du Dauphiné se jetèrent dans les Vallées.

L'armée étant fortifiée de deux tiers, on résolut dans le Conseil de guerre d'aller forcer le Bourg et le Fort de la Tour, on partit la nuit du 18 de Juillet pour cette expédition, et on arriva le lendemain avant le jour à un quart d'heure de la Tour, où on fit halte jusqu'au point du jour, que le Sr. Des Combes envoya reconnaître le Fort, ceux qui furent envoyés ayant fait le rapport, et jugé la place imprenable à une plus grande armée le
dit Sr. Commandant fit sonner la retraite appréhendant de réussir mal dans la première action.

Le Capitaine Bertin qui était d'avis contraire, ne voulut pas se retirer, mais avec sa Compagnie s'alla jeter à corps perdu contre le Bourg. Il fût bientôt suivi de tout le reste des Vaudois, et de deux ou trois Français. Ce Capitaine qui était de ce Bourg, et qui n'ignorait pas les endroits faibles du feu, perça incontinent la muraille du côté du Couvent des Capucins, avant que les ennemis s'en aperçussent, se rendit Maître du Bourg, et ensuite du Couvent et y mit le feu. Il n'y a point de doute que si toute l'armée des Vaudois eût suivi le Capitaine Bertin, qu'on aurait aussi pris le Fort, nonobstant le secours, que Maroles Gouverneur de Lucerne y amena, dès qu'ils eût avis de l'attaque. Le Sr. Descombies ayant vu ce que le Capitaine Bertin avait fait , fût fâché d'avoir fait sonner la Retraite.

C'est ici que finit la guerre de 1655 qui fût suivie du cruel massacre, qu'on fit des Vaudois le mois d'Avril de la même année. Avant que nous parlions de la paix, il est nécessaire, que nous fassions quelques réflexions sur cette guerre.

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