PENDANT que les Vaudois travaillaient par leurs
Requêtes et soumissions, à adoucir
l'esprit de leur Prince, et à l'incliner
à les maintenir dans leurs Droits et
Privilèges, n'ayant rien fait qui les en
rendit indignes, leurs ennemis travaillaient
auprès du Duc, de toute leur puissance pour
les détruire.
On dressa pour cela une armée de 15000
hommes, composée de toutes les troupes du
Duc, de quatre Régiments Français,
d'un Régiment d'Allemands, et de douze cents
Irlandais. C'était tout de vieilles troupes.
Le Prince Thomas qui commandent alors
l'année du Roi en Italie, envoya au Duc son
neveu les quatre meilleurs Régiments de
l'armée avec les Irlandais, et le Duc de
Bavière son beau-frère, lui envoya un
de ses meilleurs Régiments. L'armée
fut prête le 15 Avril 1655. et en état
d'exécuter le méchant dessein qu'on
avait forme contre les Vaudois., qui voyant que
l'armée ennemie s'approchait des
Vallées, commencèrent à se
mettre sur leurs gardes.
Cependant le Marquis de Pianesse, qui commandait
l'armée, amusait leurs Députés
à Turin, jusques à ce qu'elle fut
proche des Vallées, et en état d'y
entrer, le 16 il partit incognito, et avait
donné ordre avant son départ
d'arrêter les Députés,
dès qu'on aurait admis qu'il serait dans les
Vallées. Ce qui aurait été
exécuté, si une personne de
qualité, qui n'approuvait pas les perfidies
et les trahisons qu'on employait, pour
détruire ces pauvres gens, ne leur eût
dit à l'oreille retirez-vous. promptement,
le Marquis est dans les Vallées. En effet il
arriva dans la Vallée de Lucerne avec
l'armée le lendemain de son départ,
qui était le 17 du mois d'Avril.
Le 18 l'armée fourragea et saccagea toutes
les communautés et pays de St. Jean et de la
Tour sans aucune résistance.
Le 19 l'armée ayant voulu forcer les
Vaudois, dans les lieux où ils avaient
été maintenus par l'ordonnance de
Gaftaldo, après avoir imploré le
secours et l'assistance du Dieu des batailles, ils
se défendirent courageusement contre toute
cette grande armée , qui les avait
attaqués par quatre endroits
différents, la repoussèrent
vigoureusement, et après avoir tué un
grand nombre de leurs ennemis les mirent en
déroute bien qu'ils fussent cent contre un.
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