FRANÇOIS I. Roi de France s'étant
rendu Maître du Piémont, et
dépouillé le Duc de Savoie de cette
Principauté en l'année 1536. Tant lui
que le Pape incitèrent le Parlement de
Turin, de procéder contre les Vaudois, comme
contre des pernicieux
Hérétiques ; ensuite de quoi ce
Parlement leur suscita des grandes Vexations,
imitant en cela les Parlements de France, qui
persécutaient cruellement les
Reformés. Ces pauvres gens eurent recours au
Roi par une très humble requête,
qu'ils lui présentèrent,
espérant d'obtenir quelque grâce de ce
nouveau Maître, et ce d'autant plus, que
c'est la coutume des Princes, de répandre
des grâces à de nouveaux Sujets ;
pour les engager davantage à leur service.
Mais cela ne fit qu'empirer leur condition :
car le Roi leur commanda de vivre selon les Lois de
l'Église Romaine, leur déclarant que
s'ils n'obéissaient pas à cet ordre,
il ne manquerait pas de les faire punir, comme des
obstinés hérétiques :
ajoutant pour raison, qu'il ne les faisait pas
brûler en France, pour les supporter dans les
Alpes.
Le Parlement de Turin encouragé par cette
réponse, enjoignit incontinent aux Vaudois,
de chasser tous leurs Ministres, et de recevoir en
leur place, les Prêtres qui leur seraient
envoyés, pour célébrer la
Messe. Ils répondirent qu'il leur
était impossible d'obéir à des
ordres si contraires à la parole de Dieu.
Qu'ils voulaient bien rendre à César
ce qui appartenait à César, comme ils
avaient toujours fait. Mais qu'ils voulaient aussi
rendre à Dieu ce qui appartenait à
Dieu, et qu'en ce cas ils étaient
résolus à l'exemple des
Apôtres, d'obéir plutôt à
Dieu qu'aux hommes, et de se tenir plutôt
à la parole de Dieu, qu'aux traditions des
Papes.
Le Roi ayant alors plusieurs affaires sur les bras,
le Parlement ne jugea pas à propos,
d'entreprendre contre eux une guerre ouverte :
mais se contenta de donner ordre aux Juges et
Magistrats, d'assister vigoureusement les Moines et
les Inquisiteurs, et de faire brûler tout
autant de Vaudois, qu'ils feraient tomber entre
leurs mains.
Plusieurs perdirent encore la vie par cette voie,
mais avec une confiance admirable, surtout
Barthélémi Hector, qui fut
publiquement brûlé à Turin en
l'année 1555 qui par une mort
édifiante, tira un ruisseau de larmes, d'une
multitude d'Assistants Papistes, qui non contents
de verser des larmes murmurèrent encore
grandement, et usèrent d'invectives
poignantes contre la cruauté des Moines et
des Inquisiteurs.
En 1557. Monsr. Varaille excellent Ministre
d'Angrogne, étant malheureusement
tombé entre leurs mains, fût
brûlé publiquement à Turin dans
la place du château, chantant hautement les
louanges de Dieu dans les flammes jusqu'à
son dernier soupir.
Cette même année Nicolas Sartoris
étudiant en Théologie à
Genève, voulant aller visiter sa Patrie,
fût pris dans la Vallée d'Auste, et
accusé d'hérésie, les ennemis
de la vérité voyant, qu'il ne pouvait
point être gagné par promesses, ni
effrayé par les menaces, ni
ébranlé par la guerre, le firent
brûler vif dans la Villa d'Auste.
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