Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Chapitre VII.

Contenant la troisième guerre faite contre les Vaudois de Piémont, et la persécution que leur fit le Parlement de Turin.

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FRANÇOIS I. Roi de France s'étant rendu Maître du Piémont, et dépouillé le Duc de Savoie de cette Principauté en l'année 1536. Tant lui que le Pape incitèrent le Parlement de Turin, de procéder contre les Vaudois, comme contre des pernicieux Hérétiques ; ensuite de quoi ce Parlement leur suscita des grandes Vexations, imitant en cela les Parlements de France, qui persécutaient cruellement les Reformés. Ces pauvres gens eurent recours au Roi par une très humble requête, qu'ils lui présentèrent, espérant d'obtenir quelque grâce de ce nouveau Maître, et ce d'autant plus, que c'est la coutume des Princes, de répandre des grâces à de nouveaux Sujets ; pour les engager davantage à leur service. Mais cela ne fit qu'empirer leur condition : car le Roi leur commanda de vivre selon les Lois de l'Église Romaine, leur déclarant que s'ils n'obéissaient pas à cet ordre, il ne manquerait pas de les faire punir, comme des obstinés hérétiques : ajoutant pour raison, qu'il ne les faisait pas brûler en France, pour les supporter dans les Alpes.

Le Parlement de Turin encouragé par cette réponse, enjoignit incontinent aux Vaudois, de chasser tous leurs Ministres, et de recevoir en leur place, les Prêtres qui leur seraient envoyés, pour célébrer la Messe. Ils répondirent qu'il leur était impossible d'obéir à des ordres si contraires à la parole de Dieu. Qu'ils voulaient bien rendre à César ce qui appartenait à César, comme ils avaient toujours fait. Mais qu'ils voulaient aussi rendre à Dieu ce qui appartenait à Dieu, et qu'en ce cas ils étaient résolus à l'exemple des Apôtres, d'obéir plutôt à Dieu qu'aux hommes, et de se tenir plutôt à la parole de Dieu, qu'aux traditions des Papes.
Le Roi ayant alors plusieurs affaires sur les bras, le Parlement ne jugea pas à propos, d'entreprendre contre eux une guerre ouverte : mais se contenta de donner ordre aux Juges et Magistrats, d'assister vigoureusement les Moines et les Inquisiteurs, et de faire brûler tout autant de Vaudois, qu'ils feraient tomber entre leurs mains.

Plusieurs perdirent encore la vie par cette voie, mais avec une confiance admirable, surtout Barthélémi Hector, qui fut publiquement brûlé à Turin en l'année 1555 qui par une mort édifiante, tira un ruisseau de larmes, d'une multitude d'Assistants Papistes, qui non contents de verser des larmes murmurèrent encore grandement, et usèrent d'invectives poignantes contre la cruauté des Moines et des Inquisiteurs.

En 1557. Monsr. Varaille excellent Ministre d'Angrogne, étant malheureusement tombé entre leurs mains, fût brûlé publiquement à Turin dans la place du château, chantant hautement les louanges de Dieu dans les flammes jusqu'à son dernier soupir.
Cette même année Nicolas Sartoris étudiant en Théologie à Genève, voulant aller visiter sa Patrie, fût pris dans la Vallée d'Auste, et accusé d'hérésie, les ennemis de la vérité voyant, qu'il ne pouvait point être gagné par promesses, ni effrayé par les menaces, ni ébranlé par la guerre, le firent brûler vif dans la Villa d'Auste.

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