Chapitre IV.

Du calme dont les Églises Vaudoises de Piémont, ont joui pendant plusieurs siècles.

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ON ne trouve point dans l'Histoire Ecclésiastique, que les Vaudois ou Chrétiens des Vallées de Piémont, aient été persécutés sous les Règnes de Néron, de Domitien et des autres Empereurs Païens, qui ont cruellement persécuté l'Église Chrétienne. Il est pourtant croyable, que lors de ces cruelles persécutions, plusieurs fidèles Chrétiens se retirèrent dans ces Vallées, pour éviter la persécution, et se garantir des mains sanguinaires, de leurs cruels Bourreaux, comme on a vu en France dans la dernière persécution, que plusieurs Réformés s'enfuyaient dans des bois, dans des montagnes se cachaient dans des cavernes, et parmi des rochers, pour se garantir des mains cruelles et impitoyables des Dragons, et éviter par leur fuite, de renoncer à leur Sainte Religion. Aussi l'Église figurée par une femme nous est représentée au ; ch. 12. de l'Apoc. s'enfuyant dans un désert, et y a-t-il un désert plus affreux, que les montagnes des Alpes, qui sont couvertes de neige pendant 8 à 9 mois de l'année, parmi lesquelles ces Vallées sont enfermées. Il est dit qu'en ce désert, la femme y avait un lieu préparé de Dieu, afin qu'on la nourrisse là 1260 jours. Les Vallées n'ont-elles pas été le lieu, que Dieu avait préparé pour y conserver son Église.

Puis que la vraie Église s'est maintenue dans ces lieux depuis le temps des Apôtres jusques à nos jours, sans aucune interruption ni intervalle. Et que pendant que toute la terre courrait après la Bête, les seuls habitants de ces Vallées suivaient Jésus-Christ, et cheminaient selon la vérité de son St. Évangile.
C'était la nouvelle Gosen qui seule était éclairée de la lumière céleste, pendant que la nouvelle Égypte, était toute couverte de ténèbres épaisses d'ignorance et d'erreurs. Aussi ils avaient pour armes, un flambeau allumé environné de ténèbres avec cette inscription.
Lux lucet in tenebris.

Ce qui nous persuade encore, que les Vallées de Piémont étaient le lieu, que Dieu avait préparé, pour y conserver son Église. C'est premièrement, que les Églises de ces Vallées par une grâce spéciale de Dieu, ont joui de paix et de repos, depuis le commencement du cinquième siècle, que l'Empire Papal commença à s'élever, jusques vers la fin du quinzième, à savoir jusques à l'année 1487 que le Pape Innocent VIII fit faire une Croisade pour les détruire.

Secondement, c'est que lors que leurs ennemis les ont voulu détruire par la force des armes, ce qu'ils ont entrepris par plusieurs fois ; Dieu leur a donné des grandes et si miraculeuses victoires, qu'il paraissait visiblement, que l'Éternel des armées et le Dieu des batailles était à leur tête, et combattait avec eux et pour eux. Et enfin quand sous des prétextes de Traités de paix, ou de paroles solennelles, qu'on leur donnait de ne rien attenter, on les endormait et surprenait, on faisait de cruels massacres de ces pauvres innocents, trompés par les perfidies et trahisons de leurs ennemis. Nonobstant tous les massacres, cruautés et barbaries, qu'on a exercé contre leurs personnes, et les ravages faits contre leurs maisons qu'on a brûlées et contre leurs biens qu'on a pillés ou gâtés, on n'a jamais pu les perdre ni les détruire.
Ils ont toujours persisté en leur sainte Religion, et sont demeurés fermes en la foi de Jésus, de Père en Fils et de génération en génération, et comme ils ont été fidèles à Dieu, Dieu les a toujours soutenus et relevés glorieusement de toutes leurs pertes. Dieu par sa puissance infinie a confondu leurs ennemis, et rendu tous leurs efforts inutiles.

Nous avons dit que les Vaudois de Piémont, avaient vécu en paix et en repos dans leurs Vallées, jusques à l'année 1487. Ce qui est très véritable, nonobstant l'inquisition du Pape contre eux. Car encore que les Archevêques de Turin et d'Ambrun, auxquels le Pape avait donné commission, d'informer contre les Vaudois, et de procéder par toute forte de voies à leur extirpation, se fussent transportés dans ces Vallées, et cité devant eux en divers temps, les Pasteurs et les principaux habitants, et dressé de grosses informations, et procédé contre eux jusques à l'excommunication, ces procédures ne leur firent pas grand mal, ni ne troublèrent pas leur repos, parce qu'ils ne comparurent point devant les Inquisiteurs, ils se soucièrent peu de leurs citations et de leurs informations, et reçurent leur excommunication, pour une marque de la bénédiction de Dieu, qui les avait distingués des autres Peuples de la Chrétienté, qui suivaient la Bête et adoraient son image, au lieu qu'eux seuls suivaient et adoraient Jésus-Christ.

Ceci est aussi digne de remarque, c'est qu'ils jouissaient de paix et de repos, tandis que leurs Confrères les Vaudois de France, d'Allemagne, d'Angleterre, d'Espagne et d'Italie, étaient grandement persécutés, par les ennemis de la Vérité de l'Évangile ; mais au lieu que les autres Vaudois ont été dissipés et dispersés par les guerres et les persécutions, que leurs ennemis leur ont suscité. Les Vaudois de Piémont par un effet singulier et particulier, de la bonté de Dieu, se sont toujours conservés et maintenus dans les Vallées, quelques guerres et persécutions qu'on leur ait fait, jusques à l'année 1686, que les deux Témoins du chap. 11. de l'Apoc. ont été entièrement vaincus et tués.