LES Vaudois ou les habitants des Vallées
de Piémont, reçurent la Doctrine de
l'Évangile dans le siècle des
Apôtres, ou par leur ministère, ou par
le ministère de ceux qui leur
succédèrent immédiatement.
St. Paul étant mené prisonnier
à Rome sous l'Empire de Néron y
séjourna deux ans, pendant lesquels il eut
la liberté d'aller par la Ville et de maison
en maison avec une chaîne qui était
une marque qu'il était prisonnier.
II sema dans cette grande Ville Capitale et
Maîtresse de l'Empire, l'Évangile de
Christ, et y forma une belle et florissante
Église à laquelle il écrivit,
de Corinthe après son départ, cette
belle et excellente Épître qui a pour
titre: Épître de St. Paul aux
Romains.
Pendant sa prison, il écrivit plusieurs
belles et doctes Épîtres aux Galates,
aux Éphésiens, aux Philippiens, et
aux Colossiens. Son nom et sa doctrine parvinrent
jusqu'à la Cour de l'Empereur, ainsi que
nous l'apprenons de l'Épître qu'il
écrivit alors de Rome aux Philippiens,
où il dit
(Phil.
1: 12-13): Que les choses qui
lui sont avenues, sont avenues, à un tant
plus grand avancement de l'Évangile, en
sorte que ses liens en Christ ont été
rendus célèbres par tout le
Prétoire, qui était comme chacun sait
la Cour de l'Empereur, et par tous les autres
lieux, à savoir de la Ville de Rome,
puisqu'il a eut la liberté d'y aller
partout.
Ce grand Apôtre ayant fait plusieurs
Disciples dans cette fameuse Ville, Dieu se servit
d'eux pour répandre et semer la Religion
Chrétienne dans l'Italie, et par même
moyen dans le Piémont qui est une partie de
l'Italie. Car l'histoire de l'Église nous
apprend, que ceux que Dieu avait au commencement
éclairés de sa connaissance par le
ministère des Saints Apôtres,
brûlaient d'un Saint désir de faire
part aux autres de la grâce salutaire, dont
le Seigneur les avait rendus participants.
S'il est vrai encore, que St. Paul ait fait le
Voyage d'Espagne, comme il dit
(Rom.
15: 24-28) qu'il en avait
formé le dessein, et qu'il passerait par
Rome, il n'y a point de doute s'il a fait le voyage
par terre, qu'il passa par le Piémont, qui
était sur son chemin de Rome en Espagne. Et
s'il l'a fait par mer, il n'était pas
nécessaire pour aller de Corinthe en Espagne
qu'il passât par l'Italie. Or il était
à Corinthe, lors qu'il écrivait qu'il
voulait aller en Espagne. S'il a passé par
le Piémont, comme il y a apparence, il est
sûr qu'il y a prêché, puis qu'il
prêchait partout où il se
rencontrait.
Depuis que les Vallées de Piémont ont
été éclairées de la
connaissance de l'Évangile, les habitants de
ce Pays ont conservé la pureté de la
Religion Chrétienne, sans aucun
mélange de Doctrines ni de Traditions
humaines.
On n'a jamais vu d'Images, ni d'autels dans leurs
temples. Ils n'ont jamais invoqué les Anges,
ni la Vierge, ni les Saints. Ils n'ont point cru au
Purgatoire, ni prié pour les morts, ils
n'ont jamais reconnu d'autre Médiateur ou
Intercesseur que JÉSUS-CHRIST, ni d'autre
mérite que celui de sa mort.
On n'a jamais ouï parler entr'eux de Messe, ni
de Confession auriculaire, ni de l'abstinence des
Viandes, ni du Célibat des Prêtres, ni
de la doctrine de la Transsubstantiation.
Ils ont toujours tenu l'Écriture Sainte pour
la Règle perpétuelle de la Foi, et
n'ont jamais voulu croire ni recevoir, que ce
qu'elle enseigne. De tout temps ils ont fait le
service en langue entendue, et leur Doctrine a
été de tout temps, telle qu'elle est
à présent. Cela se vérifie
clairement par les Actes qu'ils ont sauvés
de l'embrasement de leurs temples et de leurs
maisons, entre lesquels, il y a un écrit en
leur langue vulgaire, de l'an 1100 intitulé
Leçon, parce qu'il donne la Règle de
bien et Saintement vivre, et exhorte un chacun
à la Sanctification et à
l'étude des bonnes oeuvres.
Plus un Catéchisme de la même
année, où en demandes et
réponses sont enseignés tous les
principaux mystères de la Religion
Chrétienne, conformément à la
parole de Dieu, sans aucun mélange des
Traditions.
Plus une explication de l'Oraison Dominicale de
l'an 1120.
Plus une explication du Symbole des Apôtres,
avec des passages formels de l'Écriture
Sainte sur chaque article.
Plus une explication des Commandements de Dieu ou
du Décalogue.
Et enfin un livre qui a pour titre : le livre
ou Traité de l'Antéchrist. Ces trois
actes sont de l'an onze cent vingt.
Le dernier de ces Traités montre, que tous
ceux-là sont des Antéchrists, qui
enseignent des Doctrines, qui sont contraires
à la parole de Dieu, ou qui n'y sont point
contenues. Ils réfutent dans ce
Traité la Prière pour les morts, le
Purgatoire, la Messe, la Confession auriculaire,
l'abstinence des Viandes, et rejettent toutes les
Traditions qui ne sont point dans la parole de
Dieu, ou ne lui sont point conformes.
Lorsque ces Actes furent dressés, la
Religion Chrétienne n'était pas
partout corrompue, il y avait même alors
plusieurs personnes en France, en Allemagne et en
Angleterre, qui écrivaient contre les
erreurs, que Rome et ses Docteurs introduisaient en
l'Église.
Si la pureté de la Religion
Chrétienne, ne se fut conservée dans
les Vallées de Piémont, depuis le
temps des Apôtres, jusqu'au commencement du
onzième siècle, que ces Actes furent
faits, comment auraient-ils alors dressé
tant d'actes, où la pureté de la
Religion Chrétienne y est si clairement
enseignée?
S'ils avaient auparavant reçu les erreurs de
l'Église Romaine, comment est-ce qu'il y ont
renoncé, par qui, quand et comment ces
erreurs ont été retranchées
des Églises de Piémont, et qui est-ce
qui a parmi eux réformé la Religion,
où sont les actes qui parlent de cette
Réforme, ou de ce retranchement, qu'on les
produise? S'il n'y en a point, il n'y a dont point
eu dans ces Églises de Réforme, et
ainsi la Religion Chrétienne a
demeuré, depuis le temps que les Vaudois
l'ont reçue, telle qu'elle est contenue dans
ces Écrits, jusqu'à ce que ces
Écrits furent faits.
Dans le neuvième siècle, environ deux
cents ans avant ces Écrits, vivait Claude de
Turin Évêque de Turin et des
Vallées, qui écrivit fortement contre
l'Église Romaine, cet Évêque
condamnait l'invocation des Saints, le culte des
Images, des Reliques et de la Croix, Il soutenait
la Doctrine de St. Augustin sur la grâce, et
par conséquent il rejetait le mérite
des oeuvres, et faisait entièrement
dépendre le salut des hommes du
mérite de la mort de Jésus-Christ. Il
condamnait aussi les Pèlerinages qu'on
faisait à Rome que les Moines
autorisaient.
Son Diocèse suivait si exactement sa
Doctrine au rapport d'un Docteur, qu'on n'y faisait
aucune Commémoration des Saints dans le
service. La Doctrine de la Transsubstantiation
n'était point encore reçue en France,
que de quelques Évêques ; le plus
grand nombre des Docteurs s'y opposaient fortement.
On communiait sous les deux espèces, on
n'adorait point le Sacrement, on lisait
l'Écriture Sainte, on la faisait apprendre
aux Enfants. On ne faisait point de prières
directes aux Saints, comme on a fait depuis. On
donnait tout à la grâce, et à
la miséricorde de Dieu.
La Religion Chrétienne étant pure
dans le Piémont au neuvième
siècle, comme il paraît par les
Écrits de Claude de Turin, on ne peut pas
douter, qu'elle ne s'y soit conservée pure
jusques au onzième siècle, que les
Écrits dont nous avons parlé furent
composés.
Aussi nous n'apprenons pas, par aucune histoire,
qu'on l'y ait réformée avant le temps
de cet Évêque, ni depuis.
Et nous voyons deux cents ans après, par des
actes incontestables, que la même Religion
était dans les Vallées en sa
pureté sans aucun mélange des
Doctrines humaines, ni de Cérémonies
Païennes, mais telle qu'elle est puisée
dans les Écrits des Saints
Apôtres.
Et les Ennemis des Vaudois ne sauraient faire voir
le contraire. Mais surtout la pureté de leur
Religion paraît, par leur Confession de foi
dressée en l'année 1120, plus de 50
ans avant que parut Valdo de Lyon, et voici les
Articles:
I. Nous croyons et tenons fermement tout le
contenu, des douze Articles du Symbole
appelé des Apôtres ; tenons pour
hérésie tout ce qui discorde ou ne
convient pas avec les susdits douze articles.
II. Nous croyons en un Dieu Père,
Fils, et St-Esprit.
III. Nous tenons pour Saintes
Écritures et Canoniques, les Livres de la
Sainte Bible. Les cinq livres de Moïse, qui
sont : La Genèse. l'Exode, le
Lévitique, le Nombres, le
Deutéronome. Josué, Juges,Ruth, I
Samuel, II Samuel, I des Rois. II des Rois, I des
Chroniques, II des Chroniques, I Esdras,
Néhémie, Ester, Job, le livre des
Psaumes, les Proverbes de Salomon,
L'Ecclésiaste, Le Cantique de Salomon,
Esaïe, Jérémie, les Lamentations
de Jérémie, Ézéchiel,
Daniel, Osée, Joël, Amos, Abdias,
Jonas, Michée, Nahum, Abacuc, Sophonie,
Aggée, Zacharie, Malachie.
Maintenant suivent les Livres Apocryphes, qui ne
sont pas reçus des Hébreux, mais nous
les lisons comme dit JÉRÔME en sa
Préface sur les Proverbes, pour
l'instruction du Peuple, et non pas pour confirmer
l'autorité des Doctrines
Ecclésiastiques.
Ces Livres sont: Le 3 d'Esdras, le 4 d'Esdras,
Tobie, Judith, la Sapience, Ecclésiastique,
Baruc, avec l'Épître de
Jérémie, Ester, depuis le 10 chap.
jusqu'à la fin, l'Histoire de Suzanne,
l'histoire du Dragon. Le I des Maccabées, le
2 des Maccabées.
Les Livres du Nouveau Testament
L'Évangile de St. Matthieu,
l'Évangile de St. Marc, l'Évangile de
St. Luc, l'Évangile de St. Jean, les Actes
des Apôtres, l'Épître de St.
Paul aux Romains, la I. aux Corinthiens, la II aux
Corinthiens, aux Galates, aux
Éphésiens, aux Philippiens, aux
Colossiens, I aux Thessaloniciens, II aux
Thessaloniciens, I à Timothée. II
à Timothée, à Tite, à
Philémon, aux Hébreux, I.
Épître de St. Pierre, II
Épître de St. Pierre, la I.
Épître de St. Jean. La II
Épître de St. Jean, la III.
Épître de St. Jean.
l'Épître St. Jude. L'Apocalypse de St.
Jean.
IV. Les Livres susdits enseignent ceci:
Qu'il y a un Dieu tout-puissant, tout sage et tout
bon, qui par sa bonté a fait toutes choses.
Car il a formé Adam à son image et
ressemblance, mais par l'envie du Diable, et par la
désobéissance dudit Adam, le
péché est entré au monde, et
que nous sommes pécheurs en Adam et par
Adam.
V. Qu'il a été promis aux
Pères, qui ont reçu la Loi, à
ce que par la Loi connaissance leurs
péchés, leur défaut de
justice, et leur impuissance, ils
désirassent l'avènement de Christ,
pour satisfaire pour leurs péchés, et
pour accomplir la loi par lui-même.
VI. Que Christ est né au temps
ordonné par Dieu son Père, à
savoir au temps que toute iniquité abondait.
Et non pour les bonnes oeuvres seulement, car tous
étaient pécheurs: mais à ce
qu'il nous fit grâce et miséricorde,
comme étant le véritable.
Que Christ nous est vérité, vie,
justice et paix, - Pasteur et Avocat, Oblation et
Sacrificateur, qu'il est mort pour le salut de tous
les croyants, et ressuscité pour nôtre
justification.
VIII. Semblablement nous tenons fermement,
qu'il n'y a aucun autre Médiateur et Avocat
envers le Père que Jésus-Christ. Mais
que la Vierge Marie a été Sainte,
humble et pleine de grâce. Et de
même : croyons-nous de tous les autres
Saints, qu'ils attendent au ciel la
résurrection de leurs corps au jugement.
IX. Item nous croyons qu'après cette
vie, il n'y a que deux lieux, un pour les
sauvés, que nous appelons Paradis, et un
pour les damnés que nous nommons l'Enfer,
renonçons entièrement à ce
Purgatoire, inventé par l'Antéchrist
et feint contre la vérité.
X. Item nous avons toujours crû, que
c'était une abomination, dont il ne fallait
point parler devant Dieu, que de toutes les choses inventées
par les hommes,
comme sont les Fêtes, et les Vigiles des
Saints, et l'eau qu'on nomme bénite, et de
s'abstenir en certains jours de chair et autres
viandes, et choses semblables, et surtout les
Messes.
XI. Nous avons en abomination les Traditions
humaines, comme étant
Antichrétiennes, pour lesquelles on nous
trouble et qui sont préjudiciables à
la liberté de l'esprit.
XII. Nous croyons que les Sacrements sont
les signes ou la forme visible des choses
saintes : croyants qu'il faut, que les
fidèles usent de temps en temps de ces
signes ou formes visibles, s'il se peut faire. Mais
nous croyons pourtant, que le fidèle peut
être sauvé, quoi qu'il n'ait pas
reçu les signes susdits, quand il n'a pas
été en lieu, où ils fussent
administrés, ni eu le moyen de se servir
desdits signes.
XIII. Nous n'avons point connu d'autres
Sacrements, que le Baptême, et
l'Eucharistie.
XIV. Nous devons honneur à la
puissance Séculière, en
obéissance, en promptitude et en
contribution.
Il y a 570 ans, que cette confession de foi a
été faite par les Églises de
Piémont ; auquel temps toutes les
autres Églises Chrétiennes
s'étaient corrompues, par le mélange
des Doctrines et des Cérémonies des
Païens, et que le monde était
plongé dans une cruelle ignorance, Aussi
tous les savants Écrivains de nôtre
temps de l'une et de l'autre Religion, appellent ce
siècle auquel elle fut faite, un
siècle ténébreux.
Cette Confession de foi étant tirée
des écrits des Saints Apôtres, et
conforme en tous ses chefs à leur Doctrine,
il s'ensuit nécessairement, que la Religion
des Vaudois est la Vraie et la pure Religion des
Apôtres, et qu'ils l'ont conservée
pure, depuis le temps qu'ils l'ont reçue,
jusques au commencement de l'onzième
siècle qu'elle fut dressée, et depuis
l'onzième siècle jusques à
présent, puis qu'ils professent toujours une
même foi, et qu'ils enseignent une même
Doctrine, que celle qui est contenue dans cette
Confession.
Toutes les autres Églises d'Orient et
d'Occident ont été infectées
de diverses hérésies.
Satan pour empêcher l'avancement du
Règne de Jésus-Christ a
suscité de temps en temps des faux Docteurs,
qui ont jeté des maudites semences dans le
champ du Seigneur, et par leurs mauvaises
doctrines, couvertes de l'apparence de
piété, ont corrompu la saine Doctrine
de l'Évangile.
C'est aussi ce que le Sauveur du monde avait
prédit, disant à ses Disciples. Que
faux Christ et faux Prophètes
s'élèveraient, qui feraient des
signes et des miracles, pour séduire les
Élus s'il était possible. Pierre a
prédit la même chose.
Il y a eu de faux Prophètes entre le Peuple,
comme il y aura aussi entre vous des faux Docteurs,
qui introduiront couvertement des Sectes de
perdition, et renieront le Seigneur qui les a
rachetés, amenant sur eux une soudaine
perdition ; et plusieurs en suivront leur
perdition, par lesquels la voie de
vérité sera
blasphémée.
Mais ô merveille, Dieu par sa sage providence
a conservé la pureté de
l'Évangile dans les Vallées de
Piémont, depuis le temps des Apôtres
jusques à nous, et par un effet singulier de
sa bonté envers le Peuple de ces
Vallées, a empêché que Satan
par ses faux Docteurs, n'aient semé dans ce
champ mystique de son Église, les
méchantes semences des fausses doctrines,
quels soins qu'ils aient pris pour les y semer et
les y faire croître.
Dieu malgré tous les efforts et les ruses du
Diable, a conservé entre ces montagnes et
parmi ces Déserts, le flambeau de sa
vérité céleste, et n'a jamais
permis à Satan ni à ses Suppôts
de l'éteindre.
Et les grandes merveilles que Dieu a fait de temps
en temps, pour tenir ce flambeau allumé,
afin qu'il éclairât ces bien heureuses
contrées, nous sont voir à l'oeil que
c'était-là le lieu, que
(Apoc
12 et 13)
Dieu avait
préparé, pour y conserver son
Église contre la rage du Dragon infernal qui
donnerait son trône et sa puissance à
la Bête, pour faire la guerre aux Saints et
les vaincre.
Car c'est là le vrai désert,
où la femme
(Apoc
12: 6) revêtue du Soleil,
sous les pieds de laquelle était la Lune, et
qui avait sur son chef une couronne de douze
étoiles s'enfuit, où Dieu lui avait
préparé lieu, afin qu'on la nourrit
là 1260 jours prophétiques, qui sont
1260 ans pendant lesquels Dieu l'a en ce lieu
conservée et entretenue, sans que jamais
Satan ni le monde l'ait peu chasser de-là,
jusques en l'année 1686 que le terme de la
prophétie des deux Témoins du Chap.
11 de l'Apocalypse fut
accompli, aussi ce fut en ce temps-là, que
la Bête qui monté de l'abîme les
vainquit et les tua .
Nous parlerons ailleurs de ces deux Témoins,
quand nous ferons voir, lorsque les Protestants des
Vallées ont été chassés
de leur pays, et quand est-ce qu'ils ont
été en dernier lieu rétablis,
par ordonnance du Duc de Savoie leur Prince
Souverain.
Les Vaudois dans l'article 2 de leur Confession de
foi, tiennent l'écriture sainte pour la
règle de leur foi. Et ainsi ils enseignent,
qu'on ne doit recevoir en la Religion que ce que
l'écriture enseigne. Aussi dans les Articles
10 et 11 ils rejettent toutes les Traditions
humaines, comme des choses abominables. Et ils ne
reçoivent et ne reconnaissent que deux
Sacrements le Baptême et l'Eucharistie,
Article 13. Touchant les
Sacrements ils parlent ainsi au 9
Échantillon de leur Doctrine.
Le Sacrement selon le dire de St. Augustin au livre
de la Cité de Dieu, est une grâce
invisible représentée par une chose
visible ; et disent qu'il y a une grande
différence entre le signe et la chose
signifiée. Le premier Sacrement est
appelé Baptême, c'est-à-dire
lavement d'eau, et faut qu'il soit
administré au nom du Père, du Fils,
et du St. Esprit.
Voici encore ce qui se trouve au Livre de
l'Antéchrist touchant le Baptême, ce
livre fut fait en l'année 1120 ainsi que
nous l'avons dit.
Ce qui n'est point nécessaire en
l'administration du Baptême, sont les
exorcismes, le soufflement, le signe de la croix
sur l'enfant, à la poitrine et au front, le
sel qu'on lui met en la bouche, la salive mise aux
oreilles et sur nez, l'onction du chrême au
sommet de la tête, et toutes les choses
semblables consacrées par
l'Évêque, de ce qu'ils mettent le
cierge en mains de l'enfant, le vêtent d'un
vêtement blanc, qu'ils bénissent
l'eau, qu'ils plongent par trois fois, et ce qu'ils
requièrent des Parrains.
Toutes ces choses faîtes en l'administration
de ce Sacrement, ne sont nullement
nécessaires, n'étant tout cela ni de
la substance, ni requis au Sacrement du
Baptême.
Voici ce qu'ils disent touchant la Ste.
Cène, dans le même livre de
l'Antéchrist. Comme le Baptême qui se
prend visiblement et comme un enrôlement
entre les fidèles Chrétiens, lequel
porte en foi protestante et promesse de suivre
Jésus-Christ, et de garder ses saintes
ordonnances, et de vivre selon le St.
Évangile.
Semblablement la Ste. Cène et la Sainte
Communion de nôtre Seigneur, la fraction du
pain et l'action de grâces, est une visible
Communion faite avec les membres de
Jésus-Christ. Car ceux qui prennent et
rompent un même pain, sont un même
corps, c'est-à-dire le corps de
Jésus-Christ, et sont membres l'un de
l'autre, entés et plantés en lui,
auquel ils protestent et promettent de
persévérer en son service
jusqu'à la fin, sans se départir de
la foi de l'Évangile, ni de l'union qu'ils
ont tous promis à Dieu par
Jésus-Christ.
Et dans le livre de l'Antéchrist :
La manducation du pain Sacramentel, est la
manducation du corps de Christ en figure,
Jésus-Christ ayant dit. Toutes fois et
quantes que vous ferez ceci, faites-le en
mémoire de moi : car si ce
n'était point manger en figure, Christ se
serait obligé a être mangé
continuellement, car il est quasi toujours besoin,
que le manger Spirituel soit fait : ainsi que
dit St. Augustin. Celui mange Christ en
Vérité, qui croit en lui. Et Christ
dit que le manger, c'est demeurer en lui.
D'où s'ensuit que les
Vaudois, n'ont point crû la
Transsubstantiation, ni la manducation orale et
corporelle du corps de Christ, mais que les signes
en la Cène du Seigneur demeuraient tels en
leur Substance, qu'ils étaient avant
qu'être employés à ce St.
Usage, et qu'à mesure qu'ils recevaient ces
signes visibles, de la main et de la bouche, ils
recevaient par foi, la vertu et l'efficace du corps
de Jésus-Christ, rompu en la croix,
signifié par la fraction du pain, et de son
sang versé, signifié et
représenté par le versement du vin
dans la coupe, et que par cette action ils
célébraient la mémoire de la
mort de Christ, et obéissaient à son
commandement. Faites ceci en mémoire de moi,
paroles que S. Paul explique en cette
manière. Toutes fois et quantes que vous
mangerez de ce pain, et boirez de cette coupe, vous
annoncerez la mort du Seigneur jusqu'à ce
qu'il vienne.
Si les Vaudois ont conservé la pureté
de la Religion Chrétienne, depuis le temps
des Apôtres jusqu'au commencement de
l'onzième siècle, ainsi que nous
avons montré, par la Confession de foi,
qu'ils dressèrent au commencement de ce
siècle, et dont nous venons de parler. Ils
ne l'ont pas moins conservée pure, depuis
ce, temps-là jusques à nos jours,
comme nous allons voir par une autre Confession de
foi, qu'ils diffèrent en l'année 1655
après le massacre, dont toute la
Chrétienté a ouï parler avec
horreur, et dont nous parlerons ci-après.
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