Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Chapitre II.

De la Religion des Vaudois de Piémont.

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LES Vaudois ou les habitants des Vallées de Piémont, reçurent la Doctrine de l'Évangile dans le siècle des Apôtres, ou par leur ministère, ou par le ministère de ceux qui leur succédèrent immédiatement.

St. Paul étant mené prisonnier à Rome sous l'Empire de Néron y séjourna deux ans, pendant lesquels il eut la liberté d'aller par la Ville et de maison en maison avec une chaîne qui était une marque qu'il était prisonnier.
II sema dans cette grande Ville Capitale et Maîtresse de l'Empire, l'Évangile de Christ, et y forma une belle et florissante Église à laquelle il écrivit, de Corinthe après son départ, cette belle et excellente Épître qui a pour titre: Épître de St. Paul aux Romains.

Pendant sa prison, il écrivit plusieurs belles et doctes Épîtres aux Galates, aux Éphésiens, aux Philippiens, et aux Colossiens. Son nom et sa doctrine parvinrent jusqu'à la Cour de l'Empereur, ainsi que nous l'apprenons de l'Épître qu'il écrivit alors de Rome aux Philippiens, où il dit (Phil. 1: 12-13): Que les choses qui lui sont avenues, sont avenues, à un tant plus grand avancement de l'Évangile, en sorte que ses liens en Christ ont été rendus célèbres par tout le Prétoire, qui était comme chacun sait la Cour de l'Empereur, et par tous les autres lieux, à savoir de la Ville de Rome, puisqu'il a eut la liberté d'y aller partout.

Ce grand Apôtre ayant fait plusieurs Disciples dans cette fameuse Ville, Dieu se servit d'eux pour répandre et semer la Religion Chrétienne dans l'Italie, et par même moyen dans le Piémont qui est une partie de l'Italie. Car l'histoire de l'Église nous apprend, que ceux que Dieu avait au commencement éclairés de sa connaissance par le ministère des Saints Apôtres, brûlaient d'un Saint désir de faire part aux autres de la grâce salutaire, dont le Seigneur les avait rendus participants.

S'il est vrai encore, que St. Paul ait fait le Voyage d'Espagne, comme il dit (Rom. 15: 24-28) qu'il en avait formé le dessein, et qu'il passerait par Rome, il n'y a point de doute s'il a fait le voyage par terre, qu'il passa par le Piémont, qui était sur son chemin de Rome en Espagne. Et s'il l'a fait par mer, il n'était pas nécessaire pour aller de Corinthe en Espagne qu'il passât par l'Italie. Or il était à Corinthe, lors qu'il écrivait qu'il voulait aller en Espagne. S'il a passé par le Piémont, comme il y a apparence, il est sûr qu'il y a prêché, puis qu'il prêchait partout où il se rencontrait.

Depuis que les Vallées de Piémont ont été éclairées de la connaissance de l'Évangile, les habitants de ce Pays ont conservé la pureté de la Religion Chrétienne, sans aucun mélange de Doctrines ni de Traditions humaines.
On n'a jamais vu d'Images, ni d'autels dans leurs temples. Ils n'ont jamais invoqué les Anges, ni la Vierge, ni les Saints. Ils n'ont point cru au Purgatoire, ni prié pour les morts, ils n'ont jamais reconnu d'autre Médiateur ou Intercesseur que JÉSUS-CHRIST, ni d'autre mérite que celui de sa mort.
On n'a jamais ouï parler entr'eux de Messe, ni de Confession auriculaire, ni de l'abstinence des Viandes, ni du Célibat des Prêtres, ni de la doctrine de la Transsubstantiation.

Ils ont toujours tenu l'Écriture Sainte pour la Règle perpétuelle de la Foi, et n'ont jamais voulu croire ni recevoir, que ce qu'elle enseigne. De tout temps ils ont fait le service en langue entendue, et leur Doctrine a été de tout temps, telle qu'elle est à présent. Cela se vérifie clairement par les Actes qu'ils ont sauvés de l'embrasement de leurs temples et de leurs maisons, entre lesquels, il y a un écrit en leur langue vulgaire, de l'an 1100 intitulé Leçon, parce qu'il donne la Règle de bien et Saintement vivre, et exhorte un chacun à la Sanctification et à l'étude des bonnes oeuvres.

Plus un Catéchisme de la même année, où en demandes et réponses sont enseignés tous les principaux mystères de la Religion Chrétienne, conformément à la parole de Dieu, sans aucun mélange des Traditions.

Plus une explication de l'Oraison Dominicale de l'an 1120.

Plus une explication du Symbole des Apôtres, avec des passages formels de l'Écriture Sainte sur chaque article.

Plus une explication des Commandements de Dieu ou du Décalogue.

Et enfin un livre qui a pour titre : le livre ou Traité de l'Antéchrist. Ces trois actes sont de l'an onze cent vingt.

Le dernier de ces Traités montre, que tous ceux-là sont des Antéchrists, qui enseignent des Doctrines, qui sont contraires à la parole de Dieu, ou qui n'y sont point contenues. Ils réfutent dans ce Traité la Prière pour les morts, le Purgatoire, la Messe, la Confession auriculaire, l'abstinence des Viandes, et rejettent toutes les Traditions qui ne sont point dans la parole de Dieu, ou ne lui sont point conformes.

Lorsque ces Actes furent dressés, la Religion Chrétienne n'était pas partout corrompue, il y avait même alors plusieurs personnes en France, en Allemagne et en Angleterre, qui écrivaient contre les erreurs, que Rome et ses Docteurs introduisaient en l'Église.

Si la pureté de la Religion Chrétienne, ne se fut conservée dans les Vallées de Piémont, depuis le temps des Apôtres, jusqu'au commencement du onzième siècle, que ces Actes furent faits, comment auraient-ils alors dressé tant d'actes, où la pureté de la Religion Chrétienne y est si clairement enseignée?

S'ils avaient auparavant reçu les erreurs de l'Église Romaine, comment est-ce qu'il y ont renoncé, par qui, quand et comment ces erreurs ont été retranchées des Églises de Piémont, et qui est-ce qui a parmi eux réformé la Religion, où sont les actes qui parlent de cette Réforme, ou de ce retranchement, qu'on les produise? S'il n'y en a point, il n'y a dont point eu dans ces Églises de Réforme, et ainsi la Religion Chrétienne a demeuré, depuis le temps que les Vaudois l'ont reçue, telle qu'elle est contenue dans ces Écrits, jusqu'à ce que ces Écrits furent faits.

Dans le neuvième siècle, environ deux cents ans avant ces Écrits, vivait Claude de Turin Évêque de Turin et des Vallées, qui écrivit fortement contre l'Église Romaine, cet Évêque condamnait l'invocation des Saints, le culte des Images, des Reliques et de la Croix, Il soutenait la Doctrine de St. Augustin sur la grâce, et par conséquent il rejetait le mérite des oeuvres, et faisait entièrement dépendre le salut des hommes du mérite de la mort de Jésus-Christ. Il condamnait aussi les Pèlerinages qu'on faisait à Rome que les Moines autorisaient.
Son Diocèse suivait si exactement sa Doctrine au rapport d'un Docteur, qu'on n'y faisait aucune Commémoration des Saints dans le service. La Doctrine de la Transsubstantiation n'était point encore reçue en France, que de quelques Évêques ; le plus grand nombre des Docteurs s'y opposaient fortement. On communiait sous les deux espèces, on n'adorait point le Sacrement, on lisait l'Écriture Sainte, on la faisait apprendre aux Enfants. On ne faisait point de prières directes aux Saints, comme on a fait depuis. On donnait tout à la grâce, et à la miséricorde de Dieu.

La Religion Chrétienne étant pure dans le Piémont au neuvième siècle, comme il paraît par les Écrits de Claude de Turin, on ne peut pas douter, qu'elle ne s'y soit conservée pure jusques au onzième siècle, que les Écrits dont nous avons parlé furent composés.
Aussi nous n'apprenons pas, par aucune histoire, qu'on l'y ait réformée avant le temps de cet Évêque, ni depuis.
Et nous voyons deux cents ans après, par des actes incontestables, que la même Religion était dans les Vallées en sa pureté sans aucun mélange des Doctrines humaines, ni de Cérémonies Païennes, mais telle qu'elle est puisée dans les Écrits des Saints Apôtres.
Et les Ennemis des Vaudois ne sauraient faire voir le contraire. Mais surtout la pureté de leur Religion paraît, par leur Confession de foi dressée en l'année 1120, plus de 50 ans avant que parut Valdo de Lyon, et voici les Articles:

I. Nous croyons et tenons fermement tout le contenu, des douze Articles du Symbole appelé des Apôtres ; tenons pour hérésie tout ce qui discorde ou ne convient pas avec les susdits douze articles.

II. Nous croyons en un Dieu Père, Fils, et St-Esprit.

III. Nous tenons pour Saintes Écritures et Canoniques, les Livres de la Sainte Bible. Les cinq livres de Moïse, qui sont : La Genèse. l'Exode, le Lévitique, le Nombres, le Deutéronome. Josué, Juges,Ruth, I Samuel, II Samuel, I des Rois. II des Rois, I des Chroniques, II des Chroniques, I Esdras, Néhémie, Ester, Job, le livre des Psaumes, les Proverbes de Salomon, L'Ecclésiaste, Le Cantique de Salomon, Esaïe, Jérémie, les Lamentations de Jérémie, Ézéchiel, Daniel, Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Abacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie.

Maintenant suivent les Livres Apocryphes, qui ne sont pas reçus des Hébreux, mais nous les lisons comme dit JÉRÔME en sa Préface sur les Proverbes, pour l'instruction du Peuple, et non pas pour confirmer l'autorité des Doctrines Ecclésiastiques.
Ces Livres sont: Le 3 d'Esdras, le 4 d'Esdras, Tobie, Judith, la Sapience, Ecclésiastique, Baruc, avec l'Épître de Jérémie, Ester, depuis le 10 chap. jusqu'à la fin, l'Histoire de Suzanne, l'histoire du Dragon. Le I des Maccabées, le 2 des Maccabées.

Les Livres du Nouveau Testament
L'Évangile de St. Matthieu, l'Évangile de St. Marc, l'Évangile de St. Luc, l'Évangile de St. Jean, les Actes des Apôtres, l'Épître de St. Paul aux Romains, la I. aux Corinthiens, la II aux Corinthiens, aux Galates, aux Éphésiens, aux Philippiens, aux Colossiens, I aux Thessaloniciens, II aux Thessaloniciens, I à Timothée. II à Timothée, à Tite, à Philémon, aux Hébreux, I. Épître de St. Pierre, II Épître de St. Pierre, la I. Épître de St. Jean. La II Épître de St. Jean, la III. Épître de St. Jean. l'Épître St. Jude. L'Apocalypse de St. Jean.

IV. Les Livres susdits enseignent ceci:
Qu'il y a un Dieu tout-puissant, tout sage et tout bon, qui par sa bonté a fait toutes choses. Car il a formé Adam à son image et ressemblance, mais par l'envie du Diable, et par la désobéissance dudit Adam, le péché est entré au monde, et que nous sommes pécheurs en Adam et par Adam.

V. Qu'il a été promis aux Pères, qui ont reçu la Loi, à ce que par la Loi connaissance leurs péchés, leur défaut de justice, et leur impuissance, ils désirassent l'avènement de Christ, pour satisfaire pour leurs péchés, et pour accomplir la loi par lui-même.

VI. Que Christ est né au temps ordonné par Dieu son Père, à savoir au temps que toute iniquité abondait. Et non pour les bonnes oeuvres seulement, car tous étaient pécheurs: mais à ce qu'il nous fit grâce et miséricorde, comme étant le véritable.
Que Christ nous est vérité, vie, justice et paix, - Pasteur et Avocat, Oblation et Sacrificateur, qu'il est mort pour le salut de tous les croyants, et ressuscité pour nôtre justification.

VIII. Semblablement nous tenons fermement, qu'il n'y a aucun autre Médiateur et Avocat envers le Père que Jésus-Christ. Mais que la Vierge Marie a été Sainte, humble et pleine de grâce. Et de même : croyons-nous de tous les autres Saints, qu'ils attendent au ciel la résurrection de leurs corps au jugement.

IX. Item nous croyons qu'après cette vie, il n'y a que deux lieux, un pour les sauvés, que nous appelons Paradis, et un pour les damnés que nous nommons l'Enfer, renonçons entièrement à ce Purgatoire, inventé par l'Antéchrist et feint contre la vérité.

X. Item nous avons toujours crû, que c'était une abomination, dont il ne fallait point parler devant Dieu, que de toutes les choses inventées par les hommes, comme sont les Fêtes, et les Vigiles des Saints, et l'eau qu'on nomme bénite, et de s'abstenir en certains jours de chair et autres viandes, et choses semblables, et surtout les Messes.

XI. Nous avons en abomination les Traditions humaines, comme étant Antichrétiennes, pour lesquelles on nous trouble et qui sont préjudiciables à la liberté de l'esprit.

XII. Nous croyons que les Sacrements sont les signes ou la forme visible des choses saintes : croyants qu'il faut, que les fidèles usent de temps en temps de ces signes ou formes visibles, s'il se peut faire. Mais nous croyons pourtant, que le fidèle peut être sauvé, quoi qu'il n'ait pas reçu les signes susdits, quand il n'a pas été en lieu, où ils fussent administrés, ni eu le moyen de se servir desdits signes.

XIII. Nous n'avons point connu d'autres Sacrements, que le Baptême, et l'Eucharistie.

XIV. Nous devons honneur à la puissance Séculière, en obéissance, en promptitude et en contribution.



Il y a 570 ans, que cette confession de foi a été faite par les Églises de Piémont ; auquel temps toutes les autres Églises Chrétiennes s'étaient corrompues, par le mélange des Doctrines et des Cérémonies des Païens, et que le monde était plongé dans une cruelle ignorance, Aussi tous les savants Écrivains de nôtre temps de l'une et de l'autre Religion, appellent ce siècle auquel elle fut faite, un siècle ténébreux.

Cette Confession de foi étant tirée des écrits des Saints Apôtres, et conforme en tous ses chefs à leur Doctrine, il s'ensuit nécessairement, que la Religion des Vaudois est la Vraie et la pure Religion des Apôtres, et qu'ils l'ont conservée pure, depuis le temps qu'ils l'ont reçue, jusques au commencement de l'onzième siècle qu'elle fut dressée, et depuis l'onzième siècle jusques à présent, puis qu'ils professent toujours une même foi, et qu'ils enseignent une même Doctrine, que celle qui est contenue dans cette Confession.

Toutes les autres Églises d'Orient et d'Occident ont été infectées de diverses hérésies.
Satan pour empêcher l'avancement du Règne de Jésus-Christ a suscité de temps en temps des faux Docteurs, qui ont jeté des maudites semences dans le champ du Seigneur, et par leurs mauvaises doctrines, couvertes de l'apparence de piété, ont corrompu la saine Doctrine de l'Évangile.
C'est aussi ce que le Sauveur du monde avait prédit, disant à ses Disciples. Que faux Christ et faux Prophètes s'élèveraient, qui feraient des signes et des miracles, pour séduire les Élus s'il était possible. Pierre a prédit la même chose.

Il y a eu de faux Prophètes entre le Peuple, comme il y aura aussi entre vous des faux Docteurs, qui introduiront couvertement des Sectes de perdition, et renieront le Seigneur qui les a rachetés, amenant sur eux une soudaine perdition ; et plusieurs en suivront leur perdition, par lesquels la voie de vérité sera blasphémée.

Mais ô merveille, Dieu par sa sage providence a conservé la pureté de l'Évangile dans les Vallées de Piémont, depuis le temps des Apôtres jusques à nous, et par un effet singulier de sa bonté envers le Peuple de ces Vallées, a empêché que Satan par ses faux Docteurs, n'aient semé dans ce champ mystique de son Église, les méchantes semences des fausses doctrines, quels soins qu'ils aient pris pour les y semer et les y faire croître.

Dieu malgré tous les efforts et les ruses du Diable, a conservé entre ces montagnes et parmi ces Déserts, le flambeau de sa vérité céleste, et n'a jamais permis à Satan ni à ses Suppôts de l'éteindre.
Et les grandes merveilles que Dieu a fait de temps en temps, pour tenir ce flambeau allumé, afin qu'il éclairât ces bien heureuses contrées, nous sont voir à l'oeil que c'était-là le lieu, que (Apoc 12 et 13) Dieu avait préparé, pour y conserver son Église contre la rage du Dragon infernal qui donnerait son trône et sa puissance à la Bête, pour faire la guerre aux Saints et les vaincre.
Car c'est là le vrai désert, où la femme (Apoc 12: 6) revêtue du Soleil, sous les pieds de laquelle était la Lune, et qui avait sur son chef une couronne de douze étoiles s'enfuit, où Dieu lui avait préparé lieu, afin qu'on la nourrit là 1260 jours prophétiques, qui sont 1260 ans pendant lesquels Dieu l'a en ce lieu conservée et entretenue, sans que jamais Satan ni le monde l'ait peu chasser de-là, jusques en l'année 1686 que le terme de la prophétie des deux Témoins du Chap. 11 de l'Apocalypse fut accompli, aussi ce fut en ce temps-là, que la Bête qui monté de l'abîme les vainquit et les tua .
Nous parlerons ailleurs de ces deux Témoins, quand nous ferons voir, lorsque les Protestants des Vallées ont été chassés de leur pays, et quand est-ce qu'ils ont été en dernier lieu rétablis, par ordonnance du Duc de Savoie leur Prince Souverain.

Les Vaudois dans l'article 2 de leur Confession de foi, tiennent l'écriture sainte pour la règle de leur foi. Et ainsi ils enseignent, qu'on ne doit recevoir en la Religion que ce que l'écriture enseigne. Aussi dans les Articles 10 et 11 ils rejettent toutes les Traditions humaines, comme des choses abominables. Et ils ne reçoivent et ne reconnaissent que deux Sacrements le Baptême et l'Eucharistie, Article 13. Touchant les Sacrements ils parlent ainsi au 9 Échantillon de leur Doctrine.
Le Sacrement selon le dire de St. Augustin au livre de la Cité de Dieu, est une grâce invisible représentée par une chose visible ; et disent qu'il y a une grande différence entre le signe et la chose signifiée. Le premier Sacrement est appelé Baptême, c'est-à-dire lavement d'eau, et faut qu'il soit administré au nom du Père, du Fils, et du St. Esprit.
Voici encore ce qui se trouve au Livre de l'Antéchrist touchant le Baptême, ce livre fut fait en l'année 1120 ainsi que nous l'avons dit.

Ce qui n'est point nécessaire en l'administration du Baptême, sont les exorcismes, le soufflement, le signe de la croix sur l'enfant, à la poitrine et au front, le sel qu'on lui met en la bouche, la salive mise aux oreilles et sur nez, l'onction du chrême au sommet de la tête, et toutes les choses semblables consacrées par l'Évêque, de ce qu'ils mettent le cierge en mains de l'enfant, le vêtent d'un vêtement blanc, qu'ils bénissent l'eau, qu'ils plongent par trois fois, et ce qu'ils requièrent des Parrains.
Toutes ces choses faîtes en l'administration de ce Sacrement, ne sont nullement nécessaires, n'étant tout cela ni de la substance, ni requis au Sacrement du Baptême.

Voici ce qu'ils disent touchant la Ste. Cène, dans le même livre de l'Antéchrist. Comme le Baptême qui se prend visiblement et comme un enrôlement entre les fidèles Chrétiens, lequel porte en foi protestante et promesse de suivre Jésus-Christ, et de garder ses saintes ordonnances, et de vivre selon le St. Évangile.
Semblablement la Ste. Cène et la Sainte Communion de nôtre Seigneur, la fraction du pain et l'action de grâces, est une visible Communion faite avec les membres de Jésus-Christ. Car ceux qui prennent et rompent un même pain, sont un même corps, c'est-à-dire le corps de Jésus-Christ, et sont membres l'un de l'autre, entés et plantés en lui, auquel ils protestent et promettent de persévérer en son service jusqu'à la fin, sans se départir de la foi de l'Évangile, ni de l'union qu'ils ont tous promis à Dieu par Jésus-Christ.
Et dans le livre de l'Antéchrist :

La manducation du pain Sacramentel, est la manducation du corps de Christ en figure, Jésus-Christ ayant dit. Toutes fois et quantes que vous ferez ceci, faites-le en mémoire de moi : car si ce n'était point manger en figure, Christ se serait obligé a être mangé continuellement, car il est quasi toujours besoin, que le manger Spirituel soit fait : ainsi que dit St. Augustin. Celui mange Christ en Vérité, qui croit en lui. Et Christ dit que le manger, c'est demeurer en lui.

D'où s'ensuit que les Vaudois, n'ont point crû la Transsubstantiation, ni la manducation orale et corporelle du corps de Christ, mais que les signes en la Cène du Seigneur demeuraient tels en leur Substance, qu'ils étaient avant qu'être employés à ce St. Usage, et qu'à mesure qu'ils recevaient ces signes visibles, de la main et de la bouche, ils recevaient par foi, la vertu et l'efficace du corps de Jésus-Christ, rompu en la croix, signifié par la fraction du pain, et de son sang versé, signifié et représenté par le versement du vin dans la coupe, et que par cette action ils célébraient la mémoire de la mort de Christ, et obéissaient à son commandement. Faites ceci en mémoire de moi, paroles que S. Paul explique en cette manière. Toutes fois et quantes que vous mangerez de ce pain, et boirez de cette coupe, vous annoncerez la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne.

Si les Vaudois ont conservé la pureté de la Religion Chrétienne, depuis le temps des Apôtres jusqu'au commencement de l'onzième siècle, ainsi que nous avons montré, par la Confession de foi, qu'ils dressèrent au commencement de ce siècle, et dont nous venons de parler. Ils ne l'ont pas moins conservée pure, depuis ce, temps-là jusques à nos jours, comme nous allons voir par une autre Confession de foi, qu'ils diffèrent en l'année 1655 après le massacre, dont toute la Chrétienté a ouï parler avec horreur, et dont nous parlerons ci-après.

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