ON ne peut lire l'Histoire des Vaudois de
Piémont, sans admirer les merveilles, que
Dieu a fait de temps en temps, pour leur
conservation et pour leur délivrance.
Ces merveilles sont si grandes, que nous aurions de
la peine à les croire, si une partie ne
s'était faite en nos jours, et ne nous
était racontée par des Témoins
oculaires et dignes de foi.
Ils sont appelés Vaudois, non qu'ils soient
descendus de Pierre Valdo de Lyon, comme quelques
Historiens ont pensé mais parce qu'ils
étaient habitants ou originaires des
Vallées. Car le mot de Vaudois ou de
Valdenses vient du mot de Val, qui signifie
Vallée.
Ainsi nous voyons, que les Protestants de
Bohême, furent au commencement appelés
Picards, parce qu'ils étaient venus de
Picardie, où ils habitaient auparavant.
Les Taborites étaient ainsi appelés
de la Ville de Tabor, qui était leur demeure
ordinaire.
Et les Albigeois furent appelés de ce nom,
parce qu'ils étaient habitants de là
Ville d'Albi, et que toute cette Ville était
remplie de Protestants, contre lesquels le Pape fit
faire une puissante Croisade pour les
détruire.
C'est des Vaudois de Piémont, que sont
descendus les Vaudois de Provence, qui est voisine
du Piémont, où quelques-uns
s'habituèrent et y semèrent leur
doctrine, et de Provence se répandirent dans
le Languedoc et y firent de merveilleux
progrès.
Ce qui montre que les Vaudois de Piémont, ne
sont point sortis de Pierre Valdo, c'est
qu'après que Valdo fut chassé de Lyon
par l'Archevêque selon l'ordre qu'il en avait
reçu du Pape, il ne se retira pas en
Piémont, mais en Flandres, et y sema la
Doctrine de l'Évangile qui ensuite se
répandit dans la Picardie qui est voisine et
joignante à la Flandre.
Ces pauvres gens étant
persécutés par le Roi de France, se
retirèrent en Bohême, et c'est pour
cette raison qu'ils furent appelés Picards,
comme nous avons dit, parce qu'ils étaient
venus de Picardie.
C'est-ce que nous apprend d'Aubigni dans son
Histoire Universelle où il dit que ceux de
la dispersion de Valdo, qui se sauvèrent en
Picardie y plantèrent et
multiplièrent tellement leur doctrine, que
pour l'en déraciner ou du moins pour
l'affaiblir, Philippe Auguste Roi de France, y fit
abattre jusqu'à trois cents maisons de
Gentilshommes.
Qui plus est, on vérifie par des bons actes,
que les Vaudois de Piémont avaient
protesté contre les Abus et les Erreurs de
l'Église Romaine plus de 70 ans, avant que
Valdo commençât à
paraître. Car Valdo ne commença
à prêcher contre l'Église
Romaine qu'en 1175. Or les Vaudois de
Piémont produisent divers actes en langue
Vaudoise, qui ont été faits et
dressés, les uns en 1100, et les autres en
onze cent vingt. 70 ou 75 ans avant Valdo.
Ces actes furent sauvés de l'embrasement des
Vallées, lors du Massacre de mil six cents
cinquante-cinq, et furent mis en original entre les
mains du Seigneur Morland Ambassadeur d'Angleterre,
et depuis on les a mis en dépôt
à l'Académie de Cambridge. On en
trouve des copies dans l'histoire
générale des Églises Vaudoises
de Piémont, faite par Jean Léger
Ministre des Vallées, imprimée
à Leide en 1569. Et il faut pas douter, que
les Vaudois de Piémont n'eussent encore des
actes plus anciens de leur doctrine, qui furent
enlevés par leurs ennemis, ou qui furent
brûlés avec leurs temples. Dans ce
livre nous ne parlerons, que des Vaudois de
Piémont, et non des Descendants de Pierre
Valdo.
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