Au Manoir, on ne s'occupait en
général guère de politique.
Cependant des événements d'une telle
envergure se déroulaient depuis quelque
temps en France et en Europe que Mme des
Ponts-Marceaux, sa fille et sa nièce, en
firent bientôt le centre de leurs
préoccupations. Le duc d'Anjou, petit-fils
du roi, avait hérité de toutes les
couronnes d'Espagne. À la tête des
races germaniques et des nations protestantes,
Guillaume d'Orange s'était levé pour
faire valoir leurs droits. Il avait pour
auxiliaires les réfugiés huguenots
des divers pays et les Vaudois
persécutés. En même temps avait
éclaté l'insurrection des
Cévennes suivie bientôt de celles du
Languedoc et du Vivarais. Des prédicants
d'occasion qui se disaient inspirés
d'En-Haut, appelaient le peuple à la
révolte. M. des Ponts-Marceaux avait, pour
ces illuminés, comme il les appelait, le
plus profond mépris. « La roue et
le gibet, disait-il, voilà le remède
à cette explosion de folie. Et s'il est
insuffisant, il faudra se résoudre à
exterminer jusqu'au dernier tous ces
fanatiques ! »
Désireux d'avoir sa part de
gloire dans la soumission des rebelles, le
commandant, malgré son âge, s'en fut
offrir ses services au roi. Mais un retour de ses
accès de goutte l'empêcha de prendre
à la guerre une part active.
Il se tenait néanmoins au
courant de tout, et il était plus souvent en
conférence avec le gouverneur d'Alais ou le
colonel de Miral, chef des milices royales, que
dans son lit suivant l'ordre du docteur.
Elisabeth ne sortait plus que
rarement. Cependant, à la moisson, elle vit
une fois ses amis de la Butte. Là, elle
apprit que l'insurrection grandissait, se
renforçait de jour en jour. On lui parla
d'Abraham Mazel dont la parole puissante soulevait
le peuple des campagnes, de Daniel Raoul qui
ramenait les nouveaux convertis à abjurer
leur apostasie et à se ranger sous les
bannières de la
vérité.
- Vous ne vous figurez pas, lui
dit
Jeanne Paysac, ce que sont maintenant nos
assemblées. Des milliers et des milliers s'y
pressent pour écouter la parole de Dieu.
Malgré les milices du roi qui courent nuit
et jour pour nous surprendre, les foules affluent
de partout. Au Bougès, sous les trois
hêtres, j'ai vu Étienne, haranguer une
foule innombrable. Il sortait de prison.
« L'ange du Seigneur m'a
délivré, nous disait-il, il m'a fait
sortir comme Saint-Pierre, à travers les
gardes et les portes de fer ! » Si
vous aviez entendu les acclamations, l'enthousiasme
de ces multitudes et nos psaumes de bataille,
enlevés tout d'une voix !... Il nous a
parlé, sans le nommer, d'un puissant
monarque qui, bientôt, se mettrait à
la tête de l'insurrection et conduirait nos
troupes à la victoire.
Elisabeth comprit que ce
libérateur était Guillaume
d'Orange.
Quelques jours plus tard, la
nouvelle du meurtre de Chayla, comme une
traînée de poudre, parcourut les
Cévennes. L'archiprêtre, qui avait
transformé en prison son presbytère
du Pont-du-Monvert, y tenait enfermés des
fugitifs huguenots. On parlait dans la
contrée des supplices infligés
à ces malheureux : ils étaient
couchés, les pieds dans les ceps et pour les
forcer à l'abjuration, on
les torturait par le fer et par le feu. Une
cinquantaine d'hommes déterminés,
Abraham Mazel à leur tête, avaient
forcé l'entrée des cachots,
délivré les prisonniers dont
plusieurs avaient des plaies profondes, des doigts,
des mains carbonisés jusqu'à l'os.
Plaçant, réquisitoire terrible, ces
victimes sous les yeux de l'archiprêtre
épouvanté, ils le condamnèrent
à mort et, séance tenante, le
percèrent de leurs épées. Cet
acte de représailles fut le signal des
guerres camisardes.
Ce fut dans cette atmosphère
orageuse que se célébra le mariage de
Laure. Mme des Ponts-Marceaux était d'avis
d'attendre encore, mais le vicomte insista pour la
date, dès longtemps fixée. Pendant
plusieurs mois, couturiers et brodeuses avaient
travaillé de l'aube au soir. Il s'agissait
de préparer à la future vicomtesse
d'Ormancy un trousseau digne de son rang. Le
mariage qu'auraient, en d'autre temps,
accompagné des fêtes somptueuses, fut
célébré sans éclat.
D'ailleurs le deuil d'Augustin planait encore sur
la famille. Peu de temps après, Mme des
Ponts-Marceaux s'alita, atteinte d'une phtisie
galopante. Quand le docteur déclara le mal
sans espoir, elle n'en fut ni surprise, ni
troublée. Depuis longtemps, elle se
préparait à la mort. À mesure
que le but se rapprochait, elle devenait plus
sereine, plus conciliante, plus large dans ses
idées. Un jour, l'oncle étant absent,
Elisabeth lui proposa de lui lire un chapitre de
l'Évangile. Elle alla chercher la Bible de
Claude qu'elle tenait sous clef dans la crainte de
la voir confisquée ou
brûlée.
- Ce livre, d'où te
vient-il ? lui demanda Mme des
Ponts-Marceaux.
- Il appartient à l'ami
d'Augustin, celui qui fut arrêté ici
même l'automne dernier. Il l'avait
laissé dans la tourelle.
La vieille dame remarqua
l'émotion de sa nièce, le tremblement
de sa voix. Elle lui prit le livre des mains et le
feuilleta quelques
instants. Elle lut le nom, sur la première
page.
- Ce jeune homme, qu'est-il
devenu ? questionna-t-elle.
Elisabeth essaya de répondre,
mais en fut incapable. À la fin, cachant son
visage sur l'épaule de sa tante, elle
éclata en sanglots.
- Mon enfant, ma petite fille,
dis-moi ton secret, ouvre-moi ton coeur !
murmura la malade en caressant la tête blonde
qui s'appuyait sur elle.
Elisabeth sentit que l'heure
était venue. D'une voix d'abord
entrecoupée puis s'apaisant par
degré, elle fit sa confession
entière. Mme des Ponts-Marceaux en fut
remuée jusqu'au fond.
- Pauvre enfant !
pauvre
enfant ! répétait-elle, tu es
victime de ton imagination trop vive et de ton
coeur trop sensible : je comprends le respect
et la sympathie que t'inspire cet homme. On ne peut
refuser son admiration à qui brave la prison
et le bagne pour rester fidèle à ses
convictions. Mais, pauvre petite, tu t'en vas
au-devant de bien des douleurs ! Chasse ces
pensées, efforce-toi
d'oublier !
À partir de ce moment,
Elisabeth eut la permission de lui lire
l'Évangile. Les paraboles de Jésus,
ses discours captivaient Mme des Ponts-Marceaux.
Mais elle recevait aussi volontiers les visites du
père Charmes. Au milieu de ses grandes
souffrances, sa présence l'apaisait.
« Il m'a aidée à vivre,
disait-elle, il m'aidera à
mourir ! » Sentant venir la fin,
elle voulut se confesser et communier. Elle serra
la main de son mari, sourit à sa fille qui
sanglotait au chevet du lit. Son dernier regard fut
pour Elisabeth. « Je vous confie ma
brebis, dit-elle au dominicain, veillez sur
elle... »
On creusa la tombe de Mme des
Ponts-Marceaux près de celle de l'enfant
qu'elle avait tant aimé. Aux funérailles, tous les
témoignages de sympathie allèrent
à Laure. La vicomtesse, mise dans son deuil
avec la dernière élégance,
pleurait éperdument, se tamponnant les yeux
de son petit mouchoir de batiste, brodé et
parfumé. On s'étonnait du silence de
sa cousine, de son apparente insensibilité.
Laure partit le lendemain. Les visites
s'espacèrent. Cette fois, dans la grande
maison vide, Elisabeth sentit toute l'horreur d'une
solitude absolue, d'un complet isolement
moral.
M. des Ponts-Marceaux confia
bientôt la direction de la maison à
une veuve d'un certain âge, parente
éloignée du chevalier de Gartel, Mme
Des Coudrets. Avisée et diplomate, celle-ci
s'acquitta de ses fonctions à
l'entière satisfaction de son maître
sur lequel elle ne tarda pas à exercer un
véritable prestige. Avec Elisabeth elle se
montrait prévenante, caressante, parfois
même obséquieuse et la jeune fille,
d'abord confiante, finit par ressentir pour cette
femme une insurmontable aversion. Elle se confina
de plus en plus dans sa chambre où elle
brodait, lisait, étudiait surtout, afin
d'occuper son esprit et de le soustraire aux
rêveries. Elle n'en sortait qu'un moment le
soir pour rencontrer au salon son oncle et la
gouvernante. On parlait littérature ou
politique. À neuf heures, Elisabeth se
retirait chez elle et parfois demeurait longtemps
affalée sur une chaise, n'ayant ni le
courage de se remettre au travail, ni l'envie de
dormir. Elle demeurait écrasée par la
souffrance présente, les regrets du
passé, et surtout la peur de cet avenir
qu'elle voyait s'ouvrir devant elle, non seulement
mystérieux, mais sombre et sans issue.
Devant le vieux port de Marseille, quelques
galères avaient jeté l'ancre, au
brûlant soleil de juin. Trois
galériens, sous la garde du comité en
chef de « La Favorite »,
débarquèrent d'un canot et furent
conduits à leurs places respectives. Tous
trois avaient la tête rasée et
portaient les longues chausses, la jupe
grossière et la casaque rouge des
forçats. Ils avaient à
l'épaule leur capote, l'ample vêtement
qui leur servirait tout à la fois de
couverture et de manteau. L'un, déjà
vieux, avait les joues balafrées de
cicatrices, une mine de brigand. Il paraissait
indifférent à ce qui l'entourait.
L'autre, sans souci des quolibets qui pleuvaient
à son adresse, se lamentait. C'était
un déserteur. Leur compagnon regardait avec
attention autour de lui. À sa
démarche correcte, à son visage
intelligent, éclairé par de grands
yeux noirs, nous reconnaissons facilement notre
ami, le Cévenol Claude Noguier.
Sur l'ordre du comité un
argousin prit une chaîne de fer, la fixa au
banc et en riva l'anneau à la cheville de
Claude. Le voyant jeune, robuste et solidement
musclé, le comité l'avait choisi pour
le poste d'honneur et de fatigue, celui de premier
rameur ou vogue-avant.
S'étant
débarrassé de sa capote, il fit d'un
coup d'oeil le rapide examen de ses camarades de
banc. À ses côtés se tenait un
forçat au visage étrange, dont les
petits yeux gris, curieux et
fureteurs, eux aussi, le dévisageaient. Se
tournant vers les autres rameurs, celui-là
fit à mi-voix :
- Je parierais bien ma tête
que le nouveau est un
« parpaille » !
Chicot, le numéro trois,
figure brutale et repoussante, ne tarda pas
à réclamer la bienvenue.
- Il est d'usage, expliqua le
voisin
de Claude, que tout nouveau paye la bienvenue,
c'est-à-dire quelques pots de vin. Cela pour
boire à votre santé, à votre
libération prochaine, ajouta-t-il d'un ton
de courtoisie qui contrastait avec son bizarre
extérieur.
Claude sortit quelques
pièces, soustraites à la
rapacité des archers. Il avait eu la
précaution de confier sa bourse au capitaine
d'armes qui, piqué d'honneur, à
Marseille la lui avait rendue. Un grand Turc
basane, un prisonnier de guerre, se chargea de la
commission. Les Turcs, au nombre d'une cinquantaine
sur les galères de Marseille, portaient un
anneau, mais pas de chaîne. Ils pouvaient
donc circuler librement, et même aller en
ville où les particuliers les occupaient,
l'hiver, à divers travaux.
Tout en trinquant, les langues
se
délièrent. En quelques mots, le
second rameur narra son histoire. Sans père
ni mère, il avait été tour
à tour valet, cocher, ramoneur, voleur de
grands chemins. Il avait parcouru le pays sous
divers costumes et divers noms, celui de Capucin
lui était resté. Enfermé vingt
fois, il s'évadait des prisons avec une
facilité merveilleuse. Du moins, il
l'affirmait. Il commençait le récit
d'une évasion quand Chicot lui coupa la
parole.
- Raconte plutôt ton aventure
de la baraque, l'autre hiver ! Le
comité, hein ? y s'est pas
laissé prendre ! Et la corde a
été pour toi, non pour
nous !
On expliqua au Cévenol que
lorsqu'une évasion se produit, fait
extrêmement rare, tous les camarades du fugitif et
ceux des deux
bancs
voisins reçoivent la bastonnade.
L'histoire de Capucin fut mise
sur
le tapis avec un malin plaisir. À l'aide
d'une vieille lime, il avait entaillé son
anneau, puis, prétextant que le fer le
blessait, s'était enveloppé le pied
de chiffons. Mais la supercherie avait
été découverte et le pauvre
hère impitoyablement bastonné.
Celui-ci, sans nier l'aventure, essaya
néanmoins d'en rire.
- Eh bien, oui ! trente
coups
de corde, une salade assaisonnée de sel et
de vinaigre... On sera plus avisé la
prochaine fois !
Chicot, sans la moindre gêne,
même avec une sorte de gloriole cynique,
avoua qu'il était aux galères pour
brigandage. Des deux suivants, l'un était un
parricide, l'autre un faussaire. Le dernier,
condamné pour affaire de moeurs,
entremêla son récit d'ignobles
plaisanteries. Les rires grossiers de ses
compagnons l'avaient mis en verve. Claude
écoutait, les sourcils froncés.
D'instinct, le fils du docteur Noguier
éprouvait pour tout ce qui est vil, ou
simplement équivoque, une
irréductible aversion. Cet étalage
éhonté de souillure et de vice
l'écoeura. Il se tourna
brusquement.
- Merci, j'en sais
assez !
dit-il, et d'un tel accent que le narrateur demeura
court tandis que les rires se changeaient en
simples ricanements. Pendant une minute, on
n'entendit que le brouhaha confus des autres bancs
et le sourd clapotis des vagues. Claude
réfléchissait. Trois assassins, un
faussaire, un voleur de grands chemins... Et
c'était ces êtres-là qui,
pendant des années, seraient son entourage
de chaque jour, son unique
société ! Pourtant il se rappela
que, malgré leur dégradation, ses
compagnons de chaîne étaient des
hommes. Le Maître qu'il servait ne les avait
point méprisés. Il résolut de
les traiter avec égards et de leur rendre,
à l'occasion, tous les services qui seraient
en son pouvoir.
Bientôt il se mit à
examiner la galère elle-même.
Grâce aux explications que Capucin s'empressa
de lui donner, il put s'en faire une idée
assez exacte. Ce qui d'abord attira son attention,
ce fut le coursier, un chemin
surélevé qui parcourait la
galère de la poupe à la proue. Il
était fait de deux épais bordages en
bois de chêne, posés sur le tillac.
Ces bordages, distancés l'un de l'autre de
trois pieds environ, formaient des cases où
l'on serrait les tentes, câbles, cordes,
ainsi que les hardes des forçats. Le
coursier était couvert de planches en
travers.
Au moment de la
« bourrasque », grand nettoyage
- chaque banc avait les siennes à nettoyer.
On pouvait donc ouvrir et fermer le
coursier.
Claude, de chaque côté,
compta vingt-cinq bancs occupés chacun par
six rameurs. Ces bancs, longs de dix pieds environ,
étaient de grosses poutres recouvertes de
coussinets et de cuir de boeuf. Les pieds des
forçats reposaient sur la banquette.
Au-dessous circulaient librement les eaux de la mer
dont les vagues, sur le tillac en pente,
déferlaient jusqu'au coursier. Des deux
côtés de la galère était
une poutre massive, l'aposti, sur laquelle
étaient fixées en équilibre
les rames dont le gros bout aboutissait au
coursier. Ces rames énormes avaient à
peu près cinquante pieds de long. Elles
avaient des anses de bois ou manilles, pour les
empoigner. Sur la galerie courant au long de
l'aposti se tenaient les soldats et les officiers,
ceux-là pour la plupart cadets de famille et
chevaliers de Malte. La chambre de poupe
était réservée au capitaine,
à l'aumônier, aux officiers-majors,
comme le château-derrière aux
mariniers et matelots de rambade.
Au cours de cet examen sommaire,
l'heure du souper était venue. Le
comité, un homme grand, à la
physionomie brutale, prit le sifflet d'argent qui
pendait à son cou et en tira deux notes
stridentes. Capucin, qui semblait prendre en
amitié son nouveau camarade, lui dit que
pendant les vogues, à
cause du bruit assourdissant des rames, tous les
ordres se donnaient au sifflet. C'était
également le son du sifflet, modulé
de cent façons différentes, qui
marquait le signal du lever, du coucher et des
diverses occupations des forçats.
Le service des repas incombait
aux
argousins. Ils arrivèrent avec des seaux
pleins d'un bouillon puant. Claude, comme les
autres, tendit sa gamelle, en prit une
gorgée mais fut incapable de
l'avaler.
- Hein ? ça ne vaut pas
les soupes à la maman ? fit Capucin qui
l'observait, moitié amusé,
moitié sympathique. Eh bien, oui, c'est
cette saleté qu'on nous sert trois fois par
jour. Les mariniers et les soldats ont du lard, du
boeuf, de la morue, du fromage, le tout
arrosé de bon vin. Le capitaine
fricote : il le peut avec ses douze mille
livres de rente. Nous, vingt-six once de biscuits,
quatre onces de pois immangeables et ce bouillon de
tripes dont les chiens ne voudraient pas !...
Tout est bon pour la chiourme !
Claude se contenta de tremper
dans
l'eau du gobelet son dur biscuit de mer. Il
était accoutumé à vivre
sobrement. Quand tomba la nuit, nouveau coup de
sifflet. Mariniers, sous-officiers et soldats
s'étendirent sur la galerie, les
forçats n'en purent faire autant.
Rivés à leur chaîne, ils
demeurèrent les uns assis, les autres
accroupis sur la banquette, la tête sur le
banc. Claude s'adossa au coursier. Avant de
s'endormir, il demeura longtemps les yeux
fixés sur l'immensité des cieux. Il
sentait le besoin d'élever sa pensée
au-dessus de toutes ces misères, de toutes
ces laideurs, de toutes ces abjections. Son regard
cherchait la constellation de la Lyre où
rayonnait la splendide étoile Véga.
Il se souvint que sa mère l'aimait. Une
autre image, un pur et gracieux visage de jeune
fille passa devant ses yeux. Mais, craignant de
s'attendrir, il écarta la trop douce vision.
Il rappela dans son souvenir toutes les souffrances
qu'avaient
endurées ses ancêtres, pour rester
fidèles à leur foi, le long martyre
de sa race. Tous, ils avaient, au milieu des
opprobres et des supplices, tenu ferme leur
étendard. Voulant rester digne de son
héroïque lignée huguenote, il
éleva son coeur à Dieu dans une
ardente prière. Et ce fut apaisé,
fortifié, qu'en cette première nuit
aux galères de Marseille, il s'endormit
enfin d'un profond sommeil.
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